11.24.2018

Un site de chasseurs-cueilleurs sous la ville d'Angoulême


Dans la partie enfouie de la ville d'Angoulême, entre la gare et la Charente, les archéologues de l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) ont découvert sur une surface de 4000m², différents niveaux d'occupation préhistoriques, d'Homo Sapiens.

Un site de chasseurs-cueilleurs sous la ville d'Angoulême
 Vue de deux couches archéologiques. / Denis Glicksman / Inrap

Une séquence géologique exceptionnelle


Ces couches sont associées à une série de tuf blanc (dépôt de carbonate) et de tourbe brune (plantes mortes) sur une épaisseur d'au moins trois mètres. Ce millefeuille sédimentaire couvre une période  depuis la fin du dernier âge de glace (Tardiglaciaire ) jusqu'au commencement de l'actuelle période modérée (Holocène). "Cette séquence géologique très complète, inédite dans le sud de la France, nous apporte des informations sur les climats et environnements du passé" rapporte Miguel Biard, archéologue responsable des fouilles, " désormais, selon le code du patrimoine, elle est considérée comme une ‘‘découverte exceptionnelle’’, et devrait servir de référence pour tous les archéologues spécialistes de cette époque."

"C'est un évènement rarissime qui arrive trois ou quatre fois par an en France" ajoute Nathalie Fourment de la DRAC Nouvelle-Aquitaine.

Un site de chasseurs-cueilleurs sous la ville d'Angoulême


Trois périodes d'occupation


Plus spécifiquement, les archéologues ont distingué trois occupations préhistoriques: la première remonte à l'azilien (12000 avant JC), une culture qui doit son nom au Mas-d'Azil en Ariège, la seconde correspond au laborien (9900 avant JC), une culture qui couvre le sud de la France, et enfin une occupation mésolithique (8000 avant JC).

Le dépôt situé dans la vallée, autrefois traversée par la Charente et dont le lit s'est déplacé, est dans un état de conservation remarquable, malgré le phénomène d'érosion qui a dispersé les artéfacts.


Une zone de chasse et de traitement des carcasses pendant la période azilienne


"L'azilien est généralement associé au réchauffement climatique du dernier âge glaciaire. Il est caractérisé par une transformation de la faune (passage du renne au cerf) et de la flore (disparition du bouleau, de l'épinette et du genévrier au profit du chêne, du hêtre et du saule), ce qui a entrainé un changement du comportement humain. On est passé à l'utilisation de la technologie de taille de silex qui demandait plus de savoir-faire" ajoute Miguel Biard, lui-même tailleur de silex.
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Un site de chasseurs-cueilleurs sous la ville d'Angoulême
 400 pointes de flèches et 200 000 silex préhistoriques ont été retrouvés. | AFP

 Sur une épaisseur de 40 à 80cm, ils ont trouvé quatre foyers, une boule de couleur ocre, des cailloux brûlés, des restes osseux (pieds et bois de chevreuils) et un endroit où était taillé le silex."À partir de silex du plateau d'Angoulême ou de la Charente, les tailleurs fabriquaient des lames pour faire des pointes de projectiles; ce lieu serait un terrain de chasse, de traitement et de consommation de carcasses, comme en témoigne la découverte de grattoirs" estime Miguel Biard.


Des pointes de flèche composites


Deux mille ans plus tard, avec le laborien, une période cruciale, nous constatons un dernier coup de froid. "C’est l’époque où des sources venaient du plateau karstique sur lequel se trouve la ville haute formant, en pied de versant, un barrage de tuf, de 3 mètres d’épaisseur, qui a littéralement piégé le niveau laborien" explique Grégory Dandurand, géomorphologiste à l'INRAP.

Dans cette couche archéologique, les chercheurs ont trouvé des foyers, des postes de taille de silex, de grands couteaux de silex éparpillés avec des ossements de cheval, correspondant probablement à une activité de boucherie.

Ils ont aussi trouvé des "pointes de flèche composites" faites de petites lames régulières et étroites, caractéristiques de cette culture: les gisements des Blanchères et les pointes de Malaurie.

Un site de chasseurs-cueilleurs sous la ville d'Angoulême
  Parmi les objet découverts / Denis Glicksman / Inrap

Pendant sept mois, l'équipe composée d'une dizaine d'archéologues a analysée 1500m3 de sédiments.
Près de 200000 pièces, comprenant plus de 400 pointes de flèches de différentes formes, ainsi que des escargots et pollens ont été récoltés.

 Merci à Fabien pour l'Info !
 Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)
 

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