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3.12.2024

Des archéologues découvrent d'anciens sites d'art rupestre dans la région brésilienne de Jalapão

D'après un communiqué de presse du ministère brésilien de la Culture, les sites datent d'il y a environ 2 000 ans et montrent des images d'empreintes humaines et animales gravées sur des panneaux rocheux.

Des archéologues découvrent d'anciens sites d'art rupestre dans la région brésilienne de Jalapão 
Photo: Rômulo Macedo/Iphan

Depuis 2022, une équipe dirigée par l'archéologue Rômulo Macedo parcourt la zone à la recherche de sites encore inconnus. Les 16 sites ne constituent que les découvertes les plus récentes. L'archéologue Rômulo Macedo de l'IPHAN a déclaré que "Parmi les symboles figurent des empreintes humaines et celles d'animaux tels que les cerfs et les cochons sauvages, ainsi que des figures qui ressemblent à des corps célestes."

La découverte a été ajoutée à un complexe archéologique de sites dans la région de Jalapão, où l'occupation humaine a été documentée jusqu'à il y a 12 000 ans.

Malgré cette histoire riche, peu de preuves matérielles ont été trouvées pour donner un aperçu de ces peuples autochtones.

On suppose qu’ils ont été attirés par le biome unique de la région, caractérisé par sa végétation de cerrado, ses vastes dunes de sable et ses plateaux distincts au sommet plat.

Macedo a noté que, malheureusement, les sites nouvellement découverts sont menacés par les éléments (érosion éolienne, incendies de forêt) ainsi que par l'activité humaine comme la déforestation et le vandalisme. l'IPHAN entreprend des projets de conservation et d'éducation dans la région dans le but de protéger les sites.

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2.07.2021

Découverte de la plus ancienne peinture rupestre de 45500 ans en Indonésie

Dans une vallée reculée d'une île indonésienne, se trouve une grotte décorée de ce qui pourrait être l'art figuratif le plus ancien jamais vu jusqu'ici.

La représentation d'un cochon sauvage, surlignée et remplie de pigment aux teintes de mûrier, remonte à au moins 45 500 ans, selon une étude publiée dans Science Advances

                                                                                Photo: Maxime Aubert

La découverte a été faite au fond d'une grotte appelée Leang Tedongnge en décembre 2017, lors d'une étude archéologique menée par Basran Burhan, un étudiant diplômé de l'Université Griffith et co-auteur de la nouvelle recherche. 

L'animal peint ressemble au cochon verruqueux, une espèce vivant encore aujourd'hui sur l'île de Célèbes (Sulawesi) où se trouve la grotte. 

 

Célèbes était déjà considéré par certains experts comme le site du plus ancien art rupestre figuratif connu au monde.

Une scène captivante ailleurs sur l'île, qui présente des hybrides homme-animal, a été datée d'au moins 43900 ans, et trouvée par la même équipe dans une étude de 2019.

Ces exemples d'art rupestre, ainsi qu'une autre représentation de cochon repérée dans une grotte plus au sud par Adhi Agus Oktavhiana, étudiant diplômé de l'Université Griffith et co-auteur de l'étude, font allusion aux riches cultures vivant sur les îles indonésiennes.

Ces découvertes ouvrent également un débat sur la question de savoir si les artistes auraient pu être des homo sapiens ou des membres d'une autre espèce humaine éteinte. 

Le site de Leang Tedongnge n'est qu'à environ 65 km de Makassar, une ville animée d'environ 1,5 million d'habitants. Mais la grotte est restée pratiquement intacte car elle est difficile d'accès.  

                            L'entrée de la grotte Leang Tedongnge sur l'île de Sulawesi en Indonésie. Photo: AA Oktaviana


«Pour y arriver, il faut faire une randonnée difficile le long d'un sentier forestier accidenté qui serpente à travers un terrain montagneux et se termine par un passage étroit dans une grotte, qui est la seule entrée de la vallée», a rapporté Adam Brumm, également archéologue à l'Université Griffith et co- auteur de l'étude, «La vallée n'est accessible que pendant la saison sèche; pendant la saison des pluies, le fond de celle-ci est complètement inondé et les habitants doivent se déplacer en pirogue. » 

Le Dr Brumm a remercié les scientifiques locaux et d'autres d'avoir rendu possible la découverte sur le site de la grotte. Après avoir découvert la peinture de porc, l'équipe a utilisé la datation par les séries de l'uranium pour déterminer son âge minimum, arrivant à 45 500 ans. Mais il est possible que la peinture elle-même ait des milliers d'années de plus car la technique évalue uniquement l'âge d'un gisement minéral, le spéléothème, qui s'est formé sur les parois de la grotte. 

 

La question de savoir qui a réalisé les peintures est encore entourée de mystère. 

Des restes de squelettes humains vieux de 45 500 ans n'ont jamais été retrouvés à Sulawesi, il n'est donc pas évident que les artistes furent des humains anatomiquement modernes. 

Les îles qui s'appellent aujourd'hui l'Indonésie ont été habitées par différents hominidés, la famille élargie à laquelle appartiennent les humains, pendant de longues périodes. Certains de ces restes d'hominidés datent de «plus d'un million d'années», a déclaré Rasmi Shoocongdej, archéologue à l'Université de Silpakorn en Thaïlande qui n'a pas participé à l'étude. 

Le Dr Brumm et ses collègues supposent que les peintres étaient des humains modernes, «étant donné la sophistication de ces premières œuvres de représentation». En outre, les peintures anciennes partagent des caractéristiques avec l'art préhistorique réalisé par des humains ailleurs dans le monde, y compris la présence d'empreintes de mains et l'utilisation de la «perspective tordue», dans laquelle les animaux sont peints à la fois de profil et de face. 

Le Dr Brumm pense que ce n'est qu'une question de temps avant que des restes humains de cet âge ne soient découverts dans les fouilles archéologiques de la région. 

 

João Zilhão, archéologue à l’université de Barcelone qui n’a pas participé à l’étude, conteste l’hypothèse de l’équipe selon laquelle les humains modernes ont créé les peintures. 

En tant que co-auteur d'une étude de 2018 suggérant que les néandertaliens ont laissé de l'art non figuratif sur les murs des grottes espagnoles, il pense qu'une autre espèce humaine éteinte a pu créer les images. «Un humain anatomiquement moderne est une définition anatomique», dit-il. «Cela n'a rien à voir avec la cognition, l'intelligence ou le comportement. Il n'y a aucune preuve de l'anatomie des personnes qui ont fait ce genre de choses.» 

S'il est facile de se concentrer sur l'affirmation selon laquelle il s'agit des images préhistoriques les plus anciennes faites par des personnes, Margaret Conkey, professeure émérite à l'Université de Californie à Berkeley, a déclaré que cela éclipsait les «implications beaucoup plus larges» de la découverte. 

Ce qui ressortait de l'étude de son point de vue était sa «contribution importante à la compréhension de la façon dont les humains peuvent rester en relation les uns avec les autres» dans la préhistoire de Sulawesi, et «comment ils créent des mondes sociaux à travers des manifestations matérielles et visuelles».

Le Dr Brumm et ses collègues s'attendent à trouver des images à Sulawesi avec des âges encore plus avancés: «Nous pensons qu'il existe un art rupestre beaucoup plus ancien et d'autres preuves de l'habitat humain à Sulawesi et sur d'autres îles de la partie de l'est de l'Indonésie connue sous le nom d'archipel wallacé, porte d'entrée du continent australien».

Malheureusement, le temps presse: l’art rupestre de l’Indonésie se détériore rapidement, ce qui donne à penser que nombre des plus anciennes peintures de la planète risquent de s’évanouir avant d’être redécouvertes. «Nous avons documenté ce phénomène dans presque tous les sites d'art rupestre de la région, et le suivi par nos collègues de l'agence locale du patrimoine culturel suggère que l'exfoliation de l'art se produit à un rythme alarmant», a déclaré le Dr Brumm. "C'est très inquiétant, et étant donné la situation actuelle, le résultat final sera probablement la destruction éventuelle de cet art indonésien de la période glaciaire, peut-être même de notre vivant." 

 

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2.18.2020

Une ancienne grotte remplie de peintures rupestres vieilles de 10000 ans découverte en Egypte

Une nouvelle découverte dans une grotte du Sinaï, en Egypte, s'avère être la première de la sorte dans la région. Elle est en effet décorée du sol au plafond avec des peintures anciennes colorées.

Une ancienne grotte remplie de peintures rupestres vieilles de 10000 ans découverte en Egypte

Des égyptologues du ministère du Tourisme et des Antiquités de la République arabe d'Égypte ont découvert la grotte dans une région située à 30 kilomètres au nord de la ville de Sainte-Catherine et à 60 kilomètres au sud-est de Sarabit el-Khadem, une ancienne cité égyptienne célèbre pour ses mines de turquoise.

La grotte de grès est située dans une zone difficile d'accès; elle mesure environ 3 mètres de profondeur par 3,5 mètres de large, a déclaré le ministre Dr Mustafa, secrétaire général du Conseil supérieur des antiquités.


Des peintures remontant jusqu'à 10000 avant notre ère.


Les peintures rouges foncées d'animaux, dont des ânes et des mulets sur le plafond, sont considérées comme les plus anciennes, remontant entre 5500 et 10000 avant notre ère.

Les corps des animaux de cette époque sont cohérents dans toute la grotte. Cinq des mêmes animaux sont vus sur le plafond à l'entrée de l'abri, ainsi qu'un ensemble d'empreintes humaines au plafond et sur un rocher au centre de la grotte.

Un deuxième groupe de dessins se caractérise par des peintures qui semblent être des femmes et des animaux pendant la période chalcolithique, ou l'âge du cuivre, l'ère entre le néolithique et l'âge du bronze, qui est une transition entre l'utilisation de l'outil en pierre et le travail du métal.

 Photo: Ministry of Tourism and Antiquities, Arab Republic of Egypt
  Photo: Ministry of Tourism and Antiquities, Arab Republic of Egypt
  Photo: Ministry of Tourism and Antiquities, Arab Republic of Egypt
 Photo: Ministry of Tourism and Antiquities, Arab Republic of Egypt

La péninsule du Sinaï est une grande masse désertique terrestre entre le golfe de Suez et le Canal de Suez.

La région a été habitée depuis l'époque préhistorique avec les plus anciens documents écrits datant de 3000 avant l'ère commune, lorsque les anciens égyptiens enregistraient leurs explorations pour la recherche de minerai de cuivre.

L'art rupestre égyptien est répandu dans tout le pays et largement divisé entre les peintures anciennes découvertes dans les collines de la mer Rouge à l'est et dans la vallée centrale du Nil et à l'ouest vers le désert occidental, selon le Trust for Africa Rock Art.

L'art rupestre le plus ancien remonte à environ 17 000 ans et a été découvert récemment. Parmi les nombreuses grottes d'art rupestre du continent se trouve la fameuse «grotte des nageurs» du plateau montagneux du Sahara égyptien, Gilf Kebir.


Merci à Audric pour l'info !

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3.20.2017

Une exceptionnelle découverte d'art rupestre vieux de 14000 ans en Bretagne

Vous avez été plusieurs à me signaler cette découverte exceptionnelle d'art rupestre faite près de Plougastel-Daoulas en Bretagne et qui a fait l'objet d'un article dans la revue scientifique Plos One: "Divergence in the evolution of Paleolithic symbolic and technological systems: The shining bull and engraved tablets of Rocher de l'Impératrice")

En 1987, suite à une tempête, des vestiges archéologiques sont découverts au Rocher de l'Impératrice. Les fouilles vont révéler un abri-sous-roche, puis, en 2013, une équipe d'archéologues exhume des silex travaillés en pointes de flèches, des couteaux et des outils. Ils trouveront aussi des plaquettes de schiste de 15 à 30cm de long portant des gravures de chevaux et d'aurochs. Le tout datant de 14000 ans !

Une exceptionnelle découverte d'art rupestre vieux de 14000 ans en Bretagne
Fragment 317 avec une décoration bifaciale: côté A) tête d'auroch entouré de lignes rayonnantes; côté B) Tête d'auroch (photos N. Naudinot; sketch C. Bourdier).

Le développement de l'Azilien en Europe de l'Ouest il y a 14000 ans est considéré comme une "révolution" en archéologie du paléolithique supérieur. L'un des éléments de cette rapide restructuration sociale est l'abandon de l'art figuratif naturaliste sur des pièces portables ou les murs des grottes au cours du Magdalénien en faveur du expression abstraite sur de petits cailloux.

De récents travaux montrent que la transformation des sociétés humaines entre le Magdalénien et l'Azilien a été plus graduel. La découverte de ce nouveau site de l'Azilien ancien avec des pierres décorées accrédite cette hypothèse.

Alors que de grands changement dans la technologie de la pierre taillée, entre le Magdalénien et l'Azilien, marquent clairement d'importants changement adaptatifs, la découverte des 45 tablettes de schiste gravées, provenant de couches archéologiques du Rocher de l’Impératrice, atteste de la continuité iconographique avec une valorisation particulière des aurochs, comme le montre celle représentant un auroch "rayonnant".

Cet élément suggère que certaines caractéristiques culturelles, comme l'iconographie, ont pu survenir bien après les changements technologiques.

Les auteurs soutiennent également que le changement éventuel de l'expression symbolique, qui comprend la disparition ultérieure de l'art figuratif, donne une nouvelle idée de la restructuration probable des sociétés.
Une exceptionnelle découverte d'art rupestre vieux de 14000 ans en Bretagne
Tablet 741 avec une décoration bifaciale: côtée A) cheval complet; côté B) composition spéciale avec deux chevaux en symétrie axiale, l'un complet et l'autre que la tête; il y a aussi un cheval tout petit entre les pattes d'un grand (photos N. Naudinot; sketch C. Bourdier).

Les fouilles sur le terrain


Le Rocher de l’Impératrice est fouillé depuis 2013, tous les étés, et les investigations sont toujours en cours. C'est un petit abri-sous-roche d'environ 10m de long, 3m de profondeur et 2m de haut situé près de Plougastel-Daoulas à l'extrémité ouest de la Bretagne.

En raison de la position du site au pied d'une falaise de quartzite au milieu d'une forêt, aucun équipement mécanique n'est utilisé pour l'excavation du site.

Jusqu'à présent ce sont 45 morceaux de pierres décorées qui ont été trouvés sur le site. A une exception près, ils semblent tous être de petits fragments minces provenant d'anciennes plaques plus grandes. 43 morceaux font moins de 10cm, 29 moins de 5cm.

Compte tenu de l'état de fragmentation, les ébauches sélectionnées semblent provenir de grandes pierres, comme le montre la seule pièce complète de près de 30 cm de long

Une grande tablette représente quatre des cinq chevaux reportés. Trois sujets sont regroupés d'un côté: deux sont visibles en miroir dans une composition inhabituelle. Ils remplissent l'espace et semblent utiliser les bords comme lignes de fond. Ils sont représentés en pleine longueur comme l'animal isolé de l'autre côté. Entre les jambes d'un des grands chevaux apparait la tête d'un quatrième cheval. Cette position et la dissemblance de taille donnent l'impression d'un jeune poulain entre les jambes d'un adulte, son aspect juvénile est renforcé par son design simplifié. Les trois autres animaux présentent un rendu très semblable caractérisé par une forte tendance naturaliste. Les corps sont complets, bien proportionnés et bien faits.


L' «auroch rayonnant»: une valorisation symbolique particulière des aurochs ?


Même s'ils sont dépassés en nombre par les gravures de chevaux dans l'assemblage, la représentation des aurochs semble avoir un accent particulier. Deux aurochs restreints aux têtes sont en opposition sur les côtés opposés du fragment 317. Les gravures sont larges et profondes avec la recherche d'un effet de champlevé. Un côté porte une composition spéciale avec la tête d'un taureau dont le profil gauche est entouré par des rayons profonds créant un effet visuel en surbrillance. Aucun «animal rayonnant» équivalent n'a été trouvé dans l'iconographie paléolithique européenne à ce jour.
L'étude technologique de cette pièce montre une organisation intentionnelle des gestes afin de souligner la place centrale des aurochs.

Une exceptionnelle découverte d'art rupestre vieux de 14000 ans en Bretagne
Sélection de pierres gravées du Rocher de l'Impératrice (photos N. Naudinot; sketch C. Bourdier).

Un modèle très semblable de rayons grands et profonds se retrouve sur un autre petit fragment, suggérant que d'autres figures rayonnantes ont pu être représentées. L' «auroch rayonnant» pourrait ne pas être le seul.

Les 45 fragments de pierre gravée du Rocher de l'Impératrice sont les plus anciens restes graphiques en Bretagne et se révèlent exceptionnels pour l'Azilien Ancien. En France, moins d'une douzaine de sites ont livré des objets décorés liés à ce techno-complexe, la plupart provenant de contextes incertains. Parmi elles, seules trois collections d'art mobile peuvent être clairement attribuées à cette culture: les 82 artefacts lithiques gravés du Murat, les cinq éclats gravés de Le Closeau, un caillou gravé de Bois-Ragot.

Merci à Steven Plet, Patrice Le Monnier et Quentin pour l'info !

Sources et plus d'informations:

1.09.2017

Découverte d'une nouvelle espèce de bison confirmée par l'art rupestre

Voici la traduction de l'article d'Alan Cooper, directeur au Centre Australien pour l'ADN Ancien, Université d'Adelaïde, et Julien Soubrier, chercheur en paléogénomique à l'Université de d'Adelaïde.

*** *** ***
Il y a plus de 30000 ans, les premiers artistes, dans ce qui est aujourd'hui le sud-ouest de la France, se sont aventurés profondément dans les grottes en calcaire où ils ont peint des fresques élaborées et détaillées des immenses animaux qui dominaient leur vie.

Découverte d'une nouvelle espèce de bison confirmée par l'art rupestre
Bison européen moderne dans la Forêt de Białowieża, Pologne. Photo: Rafał Kowalczyk 

L'exactitude des représentations est remarquable (bien mieux que ce que la plupart d'entre nous pourrait réaliser), sachant qu'ils étaient accroupis sous un mur humide incliné avec pour seule lumière celle d'amas flamboyants de végétaux et de graisse.

Leurs peintures listent un monde fait de lions des cavernes, de bisons et de chevaux, que nous ne commençons seulement à découvrir grâce aux technologies combinées de l'ADN ancien et de la datation au radiocarbone.

Les résultats montrent que malgré l'étude de l'art pariétal depuis des centaines d'années, nous avons été aveugles à certaines des histoires les plus importantes que nous racontaient les artistes.

Notre recherche en est un exemple (voir l'article paru à ce sujet dans Nature Communications: "Early cave art and ancient DNA record the origin of European bison"): nous avons étudié l'ADN ancien d'ossements fossilisés pour déduire l'existence d'une nouvelle espèce de bison... et pour nous rendre compte qu'elle avait déjà été dépeinte sur les murs des grottes à travers l'Europe, comme dans la grotte de Niaux dans le sud-ouest de la France il y a 17000 ans.


L'ADN lance l'hypothèse d'une nouvelle espèce


En 1999, nous avons commencé à étudier l'ADN d'anciens ossements de Bison trouvés à travers l'hémisphère nord, où le bison des steppes s'étendait de la Grande-Bretagne moderne jusqu'au Mexique à la fin de l'ère glaciaire

Notre but était d'étudier l'impact du changement climatique sur les populations animales, et assez vite nous avons remarqué qu'en Amérique du Nord, les populations de bison se sont effondrées aux alentours du dernier maximum glaciaire (entre 18000 et 21000 ans). C'était bien avant l'arrivée des hommes dans cette région du monde, et c'était la première démonstration claire du rôle clé joué par le changement climatique dans l'extinction des bisons, avec une variété d'autres grandes espèces que l'on appelle la "mégafaune".

Nous avons depuis étendu cette étude à l'Amérique du Sud, pour découvrir que des événements de réchauffement rapide ont été un facteur critique dans la disparition de nombreuses espèces de la mégafaune, souvent avec une touche finale importante apportée par les chasseurs humains.

En Europe, cependant, nos premières études d'ADN ancien de bison nous ont rendus perplexes. En étudiant l'ADN mitochondrial, qui est hérité exclusivement par la lignée maternelle, nous avons réalisé que de nombreux ossements ne provenaient clairement pas du bison des steppes, bien que l'on pensait qu'il s'agissait de la seule espèce à avoir vécu en Europe il y a plus de 10000 ans.

Au contraire, nous avons réalisé que nous observions quelque chose de nouveau: une espèce éloignée des bovins actuels et du bison européen moderne, qui survit dans quelques forêts protégées d'Europe, en particulier la Forêt de Białowieża entre la Pologne et la Biélorussie.

Découverte d'une nouvelle espèce de bison confirmée par l'art rupestre
La génétique et l'art pariétal ont révélé l'hybridation asymétrique entre un aurochs femelle et un bison des steppes mâle. La descendance hybride masculine est stérile, et la descendance femelle a frayé avec le bison des steppes pendant plusieurs générations, peut-être avec le même mâle.

Le bison d'Europe peu connu est remarquable: c'est la plus grande espèce d'Europe, mais avec des données fossiles qui remontent seulement jusqu’à 10000 ans. Il a frôlé l’extinction après la Première Guerre Mondiale après l'effondrement des zones de chasse imposées par les royautés polonaise et russe. En effet, les troupeaux modernes sont issus de seulement 12 individus, dont un mâle du Caucase, où le dernier bison sauvage a été abattu en 1927.

Etant donné que l'ADN de nos anciens ossements ne provenaient ni du bison des steppes ni du bison d'Europe, il semblait que nous ayons trouvé une nouvelle espèce. Nous avons commencé à l'appeler le "Bison de Higgs", car, comme le boson de Higgs insaisissable que les physiciens ont traqué pendant des décennies, nous avions supposé l'existence de quelque chose sans savoir à quoi cela ressemblait.


Sur la piste du Bison de Higgs


La première chose que nous avions besoin de faire était de confirmer que notre ADN mitochondrial corresponde à l'ADN nucléaire, qui est plus difficile à récupérer dans les anciens ossements mais qui contient tous les aspects de l'ascendance, pas seulement l'héritage maternel.

L'ADN nucléaire a montré que notre bison de Higgs était hybride, un croisement entre un auroch femelle, l'ancêtre sauvage éteint du bétail moderne, et d'un bison des steppes mâle. Nous avons daté cette hybridation à plus de 120000 ans. Fait intéressant, cette ascendance était la même pour le bison européen moderne, et, même si l'ADN mitochondrial avait l'air différent (probablement en raison du goulot d'étranglement génétique récent de la population), le bison de Higgs s'est révélé être l'ancêtre du bison d'Europe.

Nous ne savons pas où ni pourquoi s'est produit l'hybridation originelle, mais la reproduction récente entre ours polaires et ours bruns en réponse aux contractions de l'aire de répartition induites par le climat nous donne un indice et laisse supposer que le changement climatique a pu jouer un rôle.

Les progénitures mâles nées de l'union de l'auroch et du bison des steppes étaient stériles, comme cela est commun pour les mammifères hybrides. En conséquence, plusieurs générations de femelles ont frayé avec les bisons des steppes mâles, ce qui a donné une ascendance génétique avec 10% d'aurochs et 90% de bison des steppes.

Après cet échange initial entre les espèces parentales, le bison de Higgs a continué seul le chemin, survivant aux 120000 années à venir, à l'arrivée de l'homme moderne, aux extinctions de la mégafaune, à la Première Guerre Mondiale et à la révolution communiste...

Mais, bien que nous sachions maintenant que le bison de Higgs est devenu le bison d'Europe, nous n'avions pas réellement trouvé d'autres données sur le bison de Higgs lui-même.


Nous avons donc demandé à nos collègues européens si quelqu'un avait remarqué un bison étrange dans leurs données.


Deux groupes ont répondu positivement.

Les collègues hollandais ont rapporté que parmi les nombreux ossements de bison des steppes et d'aurochs dragués dans la Mer du Nord, ils ont noté un autre animal plus petit, moins commun.

Entre-temps, les chercheurs français dans l'art pariétal ont répondu qu'ils avaient remarqué que parmi les dessins des grottes il y avait deux formes distinctes de bison: un en forme de coin avec de grandes cornes, ressemblant au bison américain moderne, et un animal plus uniforme avec de petites cornes, comme le bison européen.

La datation au radiocarbone de l'art rupestre a montré que la figure en forme de coin a été dessinée lorsque le bison des steppes était présent dans le paysage (il y a environ 18000 ans), alors que la version avec des petites cornes a été dessinée lorsque notre nouvelle espèce dominait l'Europe (à partir de 17000 ans)

Chaque espèce semble avoir régné en Europe pendant de longues périodes de temps, en alternance selon les grands changements climatiques. Dans l'ensemble, cette étude a suscité de nombreuses surprises. Apparemment, les mammifères peuvent former de nouvelles espèces par hybridation, même si ce n'est que rarement. Cela montre aussi que malgré les immenses données fossiles sur le bison, et les dessins utiles des deux espèces sur les murs des grottes, il nous a fallu jusqu'à maintenant pour avoir l'histoire complète.

On peut se demander combien d'autres espèces se cachent encore à pleine vue, utilement catalogués par les artistes des grottes préhistoriques...



Relecture par Digitarium.fr

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12.15.2016

Un art rupestre vieux de 5000 ans reste un mystère en Ecosse

A Glasgow, en Ecosse, des archéologues ont étudié brièvement et ré-enfoui une dalle en pierre vieille de 5000 ans; elle portait des gravures en forme de tourbillon.

Un art rupestre vieux de 5000 ans reste un mystère en Ecosse
La Pierre de Cochno, qui date de 3000 ans avant JC, contient des marques de cupules et des tracés curvilignes. Credit: University of Glasgow

La Pierre de Cochno, qui mesure 13m sur 8m, contient des décorations en forme de cupules et de tracés curvilignes. La pierre et ses décorations étaient connues des habitants de la région depuis au moins le 19ème siècle.

Des décorations similaires à ces tourbillons ont été trouvées dans d'autres sites préhistoriques tout autour du monde; cependant, celles gravées dans la Pierre de Cochno sont considérées comme faisant partie des meilleurs exemples d'un tel art en Europe, selon une déclaration de l'Université de Glasgow qui a dirigé la nouvelle étude.


Une pierre mise au jour en 1887.


La dalle de pierre avait été complètement déterrée, dans le West Dunbartonshire, par le révérend James Harvey en 1887. Plus tard en 1965, alors que la pierre a été vandalisée par des graffitis et endommagée par les éléments, une équipe d'archéologues décide alors de la recouvrir de terre afin de la protéger.

Cet été, deux semaines de nouvelles fouilles ont permis aux archéologues d'utiliser les techniques de relevés et photographies modernes pour mieux enregistrer cet art rupestre. Ainsi, des experts en cartographie et en numérisation du Factum Foundation ont utilisé la technologie 3D pour faire un enregistrement numérique détaillé du site.

Ces nouvelles fouilles ont aussi révélé des graffitis du 19ème et 20ème siècle gravés aux côtés des marques préhistoriques, ainsi que des lignes peintes intentionnellement par un archéologue du nom de Ludovic Maclellan Mann, qui travailla sur le site en 1937.

Un art rupestre vieux de 5000 ans reste un mystère en Ecosse
L'immense pierre a été mise au jour récemment afin que les archéologues puissent utiliser des technologies modernes pour l'étudier. Credit: University of Glasgow

Une théorie sur les éclipses réfutée


Mann avait peint les lignes sur la Pierre de Cochno afin de faciliter les prises de mesures des gravures et pour voir s'il y avait un lien avec des phénomènes astronomiques, comme les éclipses. Mann "essayait de prouver que ces symboles pouvaient prédire les éclipses et marquaient les mouvements du soleil et de la lune dans la préhistoire" explique Kenny Brophy, archéologue et maitre de conférence à l'Université de Glasgow. Au final, les propres données recueillies par Mann finirent par réfuter sa théorie.

La signification de cet art rupestre reste inconnue, selon Brophy, mais la grande quantité de données rassemblées cet été devrait permettre aux chercheurs de mieux comprendre cet artéfact.

En outre, les graffitis sont aussi intéressants et devraient aider les archéologues à mieux comprendre les habitants qui vivaient dans la région au cours du 19ème siècle et 20ème siècle, et comment ils ont incorporé cette œuvre dans leur vie.

Alors que les archéologues ont dû ré-enfouir l’œuvre d'art préhistorique pour la protéger, Brophy espère qu'un jour il sera possible de créer une zone ou cet art rupestre pourra être révélé de façon permanente aux touristes et aux habitants: "C'est émouvant lorsque vous avez travaillé sur un projet tel que celui-là, que vous l'avez touché, étudié de près, pour ensuite le ré-enterrer. Mais pour le moment, nous devons le protéger des éléments" dit -il "peut-être qu'à l'avenir, ce site deviendra une attraction touristique majeure en Ecosse, qui sait ?"

Relecture par Digitarium.fr
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11.23.2016

De magnifiques gravures rupestres découvertes sous une ville espagnole

L'archéologue Juan Carlos López Quintana avait prévu de passer tranquillement son premier Mai dans la ville balnéaire de Lekeitio au nord de l'Espagne. Lorsqu'il s'est abaissé à travers une étroite ouverture à 8 mètres de profondeur semblant mener à une grotte inexplorée, il ne s'attendait pas à ce qu'il vit.

Il pensait que la grotte, dont un groupe de spéléologues venaient de s'y frayer un chemin, pouvait contenir des sédiment (des traces d'activités humaines comme des ossements et outils), mais ses attentes ont été largement dépassées: à 50m à peine de l'entrée se trouvait un impressionnant tableau d'art paléolithique, parfaitement préservé. cette trouvaille survient à peine quelques mois après les superbes peintures rupestres découvertes non loin dans les grottes d'Atxurra au Pays-Basque.


"Les dessins étaient clairement visibles (à l’œil nu), ils étaient spectaculaires" rapporte López Quintana. La conservation de cet art rupestre, composé de plus de cinquante gravures paléolithiques, est "exceptionnelle" confirme Marcos García Díez, professeur de préhistoire à l'Université du Pays-Basque.

On peut voir différents dessins d'herbivores, certains font jusqu'à 1.5mètres, et deux très rares images de félins.

La grotte, située sous un ensemble de bâtiments, était connue de la population locale depuis longtemps. Son entrée est restée ouverte pendant des décennies et les enfants allaient y jours jusque dans les années 1970, avant que les déchets de construction n'en bloquent l'accès.

"Les grottes sous les zones urbaines sont en général mal préservées, ou s'effondrent entièrement" ajoute Garcia Diez, ce qui explique la surprise de López Quintana lorsqu'il a découvert les dessins, probablement vieux de 14500 ans, intacts. "La partie de cette grotte n'est pas difficile à explorer depuis l'entrée originale"  continue-t-il, mais, fort heureusement, elle est intacte. "Toute cela aurait pu finir recouvert de graffitis".


Cet art rupestre apporte une image remarquable de la vie au 125 siècle avant l'Ere Commune.


Des symboles abstraits trouvés dans la grotte ( les premiers que l'on connait pour avoir été réalisés en utilisant une technique de gravure particulière) indiquent que les personnes qui les ont faits partageaient une sensibilité artistique et voyageaient dans ce qui est aujourd'hui la France et l'Espagne. Cette grotte seule représente des déplacements qui vont jusqu'à 800km, estime Garcia Diez. Bisons, chèvres et chevaux parcouraient la péninsule ibérique, ainsi qu'une sous-espèce éteinte de lion.


Le tableau, avec les contours pour mieux voir ce que cela représente. Notez les symboles abstraits (lignes et demi-cercles) marqués en pointillés. 
 
Cette immense panneau artistique combine de nombreuses images d'herbivores, certaines font jusqu'à 1.5m, ainsi que deux "très rares" images de félins exceptionnellement préservées. Les carnivores, et plus spécialement les lions, n'ont presque jamais été rencontrés dans l'art rupestre paléolithique, rapporte le professeur de préhistoire, César Gonzalez Sainz, de l'Université de Cantabrie, qui est celui qui a daté ces gravures, et qui reste étroitement impliqué dans l'exploration de la grotte.


Cet art rupestre est un témoignage rarissime des compétences artistiques de nos ancêtres, une partie d'une histoire vieille de 14500 ans dont tout n'est pas encore découvert.


Garcia Diez fait remarquer que les deux représentations de félin, avec une troisième figure encore indéterminée, sont une "singularité". "Certains disent que cela pourrait être une hyène, d'autres un lion, mais dans tous les cas c'est un carnivore" ajoute López Quintana.

Les animaux prédateurs, et plus particulièrement les lions, sont inhabituels dans l'art paléolithique. "Ces gens ont plutôt tendance à peindre ce qu'ils consomment, et les lions sont plutôt liés au danger" explique Garcia Diez. L'une des figures de lion est, sans aucun doute, la mieux préservée en Cantabrie, "on peut le voir clairement, ses petites oreilles, ses deux puissants membres antérieurs,sa queue relevée". 
Les lions lèvent la queue lorsqu'ils courent, pour la stabilité, explique Marián Cueto Rapado, archéologue qui s'est récemment penché sur les lions préhistoriques. "Les hommes préhistoriques ne connaissaient pas seulement la forme de l'animal, mais aussi ce que signifiait leur posture; ils pouvaient dire si un animal était calme ou tendu, et ils étaient capable de capturer cela de manière magnifique dans leur art". Elle ajoute que ces dessins de félins concernent plus probablement des lions des cavernes, une sous-espèce qui vivait en Eurasie au cours de la fin du Pléistocène. Ces lions étaient plus grands en taille que les lions africains avec lesquels nous sommes familiers, et les mâles n'avaient pas de crinière.

L'image de ce félin est certainement un lion des cavernes, une sous-espèce qui vivait en Eurasie à la fin du pléistocène.

Mais la connaissance anatomique des lions par les hommes préhistoriques ne provenait pas seulement de l'observation: ils les chassaient aussi pour leur peau et, d'après Cuerto Rapado, ont contribué à leur extinction. "Les hommes préhistoriques étaient d'habiles chasseurs; de plus, la population humaine augmentait à cette période, et les lions rivalisaient avec les hommes au sujet de la nourriture et de l'espace de vie (les deux vivaient dans des grottes). Aussi, l'activité humaine a exercé une pression sur les lions des cavernes jusqu'à ce que finalement ils disparaissent, il y a environ 14000 ans" ajoute-telle.


Une technique de gravure inhabituelle a été utilisée


Cet art est d'autant plus significatif, ajoute Garcia Diez, que c'est un "exemplaire" d'une technique de gravure inhabituelle, facilement dommageable, et qui survit rarement de manière "si visible". Alors que la plupart des dessins de la grotte sont faits par grattement avec les ongles sur le mur, cette technique consiste à faire glisser un objet sur le mur pour créer des lignes plutôt que des rainures, ce qui donne un "camée" sophistiqué ou un effet trompe l’œil, qui semble peint plutôt que gravé, décrit González Sainz.

On ne sait pas encore quel était le but de l'art préhistorique, mais cette découverte apporte de la lumière sur l'intensité surprenante des échanges culturels entre des populations éloignées. Selon, Garcia Diez, les gravures dans la grotte de Lekeitio sont de l'art rupestre naturaliste, que l'on trouve en de nombreux endroits à cette période, de la Cantabrie jusqu'au centre de ce qui est aujourd'hui la France.

Un gros plan du tableau rupestre. La chèvre est visible en haut à droite, le lion en bas à droite.

Les symboles abstraits gravés sur les murs consistent en des lignes de 30 à 40cm, d'adjacentes à des demi-cercles. Cela relie aussi ces différentes populations. Les gravures de ces symboles n'ont jamais été trouvées en Cantabrie auparavant, mais on en a vue dans les Pyrénées. "Les murs de cette grotte représentent des déplacements de 700 à 800 km" explique Garcia Diez, ce qui est une distance impressionnante lorsque l'on sait que ces hommes ne voyageaient qu'à pieds.

Pour Cueto Rapado, "ces populations étaient nomades: elles chassaient des groupes d'animaux et se déplaçaient chaque fois qu'une nourriture devenait rare dans une zone."

Gonzalez Sainz explique que l'art rupestre découvert combine différentes images, qui sont souvent enchevêtrées ou partiellement superposées, aussi une étude détaillée est nécessaire pour démêler toutes les informations.

La grotte elle-même recèle encore de nombreux secrets attendant d'être découverts: la plus grande partie du niveau supérieure, où a été découvert l'art rupestre, reste inexploré, et López Quintana est certain que d'autres découvertes vont suivre. Mais cela va être un long processus. L'accès à la grotte est difficile, c'est très humide, dans un environnement malsain, et une rivière circule aux niveaux inférieurs.

Jusqu'ici, seulement neuf personnes (officiellement) ont été à l'intérieur (sans compter les spéléologues qui ont explorer les autres niveaux), dont une équipe d'imagerie 3D.

Aussi, alors qu'il est certain que la grotte ne sera pas accessible au public, une exposition qui a ouvert récemment dans les environs de la ville de Bilbao permet de visiter virtuellement la grotte et d'explorer chaque détail de l'art rupestre avec l'aide de lunettes spéciales.

Pour l'archéologue López Quintana, il s'agit de rester patient: les travaux archéologiques ne reprendront pas avant l'année prochaine.


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6.02.2016

Grottes d'Atxurra: de superbes peintures rupestres découvertes à une profondeur de 300m

Une série de peintures rupestres préhistoriques a été découverte dans le Pays Basque, au nord de l'Espagne. Elle a été qualifiée de "découverte que l'on ne fait qu'une fois par génération".

Les peintures, qui comprennent des bisons, des chevaux et des boucs, ont été trouvées par l'archéologue Diego Garate à une profondeur de 300m dans les grottes d'Atxurra, à environ 50km de Bilbao.

Peintures rupestres dans les grottes d'Atxurra. Photo: bizkaia.eus

Les peintures sont âgées entre 12000 et 14000 ans et dépeignent des scènes de chasse traditionnelles, dont un bison transpercé "avec plus de 20 lances".

"C'est une trouvaille exceptionnelle, l'équivalent de la découverte d'un Picasso perdu" rapporte Garate, "cela est important en raison des quantités d'images dépeintes, de leur excellent état de conservation et de la présence de matériels archéologiques associés comme des charbons de bois et des outils de silex."

La grotte rejoint celle d'Altamira qui est une des plus belle d'Espagne avec un ensemble de peintures rupestres très bien conservées. "C'est sans nul doute la plus importante découverte de ma carrière" ajoute Garate, "je cherche des grottes dans le Pays Basque depuis 10 ans et j'en ai découvert beaucoup de nouvelles, mais aucune aussi importante qu'Atxurra. Cela pourrait très bien être la grotte avec le plus de représentations animales dans le Pays Basque".

Peintures rupestres dans les grottes d'Atxurra avec l'archéologue Diego Garate. Photo: bizkaia.eus

Les grottes d'Atxurra furent découvertes à l'origine en 1929, mais les peintures, à une profondeur de 300 mètres, n'avaient pas été découvertes jusqu'à ce jour.

En mars 2015, des peintures rupestres vieilles de 20000 avaient été trouvées en Cantabrie, au nord de l'Espagne, faisant de la région la "capitale européenne de l'art rupestre".


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10.29.2015

Des gravures rupestres découvertes sur le site d'un terminal pétrolier en projet en Norvège

Pour Anja Roth Niemi, c'est une découverte que l'on ne fait qu'une fois dans sa vie... L'art rupestre côtier juste à l'extérieur de Kirkenes (une petite localité norvégienne) est bel et bien un scoop.

Anja Roth Niemi est chef de projet pour le Département des Sciences Culturelles à l'Université Arctique de Norvège (UiT).
C'est son collègue, Erik Kjellman, qui a trouvé les gravures de l'Age de Pierre partiellement masquées sous de la mousse. "Il y a à la fois des gravures de rennes et d'élans. Leurs tailles vont de 10 à 40cm. Ils semblent avoir été faits sur une certaine période de temps, car l'on peut voir certaines gravures faites au-dessus d'autres", explique Anja avec enthousiasme.

Ce vieux renne de 7000 ans est unique et est le premier à être découvert dans la région du fjord de Varanger. Photo: Thomas Nilsen

Il s'agit du premier art rupestre préhistorique découvert dans cette région, où les gens ont commencé à migrer après le dernier Age de Glace.

"Les découvertes de gravures de l'Âge de Pierre les plus proches se situent à Porsanger à l'ouest et Kanozero sur la péninsule Russe de Kola au sud-est." ajoute-t-elle, soit 200km environ de chaque côté.

L'équipe faisait des travaux de fouille à Gamneset, un petit promontoire sur une péninsule à l'ouest de Kirkenes dans le Comté de Finnmark, lieu où la société Norterminal prévoit un immense terminal pétrolier.

Selon la loi norvégienne, des plans de développement et des travaux de construction ne peuvent commencer avant qu'il y ait eu des vérifications sur d’hypothétiques traces du passé sur le site. Si quelque chose est trouvé, c'est automatiquement protégé jusqu'à ce des recherches plus approfondies soient menées.

La direction du Patrimoine Culturel est responsable de tous les monuments archéologiques de Norvège. Isa Trøim dirige la section archéologique. Elle a expliqué que toutes les parties doivent se rencontrer pour discuter sur la façon dont les découvertes devaient être gérées. "Nous avons une bonne coopération du développeur (du terminal) et de la municipalité de Sør-Varanger, et nous espérons trouver une bonne solution".

Les gravures rupestres sont situées à l'intérieur de la zone où doit se construire un terminal pétrolier arctique sur la côte norvégienne de la mer de Barents. Toutes les gravures sont sur le rocher à gauche. Photo: Thomas Nilsen

Anja Roth Niemi explique que le rocher en question est situé au milieu de la zone qui doit se développer. "Maintenant, il est important de connaitre l'étendue de cet art rupestre. Nous ne savons pas combien de temps cela va prendre" ajoute-t-elle.

L'art rupestre avec des troupeaux de rennes et quelques élans couvre une surface de 15 mètres de large sur 3 mètres de haut. "Peut-être que les gens se rencontraient ici et transféraient leurs connaissances, ou peut-être que les gravures étaient des symboles de certaines croyances ou rituels ? Nous ne savons pas, il y a de nombreuses théories" souligne Roth Niemi.

Les archéologues ont daté les gravures: elles ont entre 6200 et 7500 ans.

La majorité des arts rupestres découverts dans d'autres endroits sont au niveau de la mer de l'époque. A Gammesbukt, la découverte a été faite sur un rocher à 27m au-dessus du niveau de la mer. Des modèles géologiques de la zone du fjord de Varanger montrent une élévation de la terre au fil du temps, au fur et à mesure que la glace épaisse a fondu plaçant ce rocher au niveau de la mer il y a quelques 7000 ans.

Peut-être que Gamneset était un lieu de rencontre pour les gens de l'Âge de Pierre venant de différents endroits. La région du fjord Varanger est de loin la zone avec le plus de découvertes d'implantations de l'Âge de Pierre. "L'art rupestre nous donne des perspectives uniques pour comprendre comment vivaient ces gens" rapporte Roth Niemi. Elle pense qu'il est important de mettre les découvertes dans une perspective historique.

Les plans de Norterminal. Les gravures rupestres sont sur la colline à gauche (entouré en rouge). Dessin: Nordterminal

 "Les gravures sont là depuis 7000 ans, alors qu'un terminal pétrolier ne sera là que pendant quelques années"

Jacob B. Stolt-Nielsen est président de Norterminal, la société qui prévoit la construction de dépôts et d'installations de chargement pour le pétrole arctique à Gamneset.

Comment la découverte de l'art rupestre influencera les plans et leur progression ? "Cela est trop tôt pour le dire. Mais je suis sûr que cela ne sera pas un problème pour le terminal de Gamnset" a répondu Stolt-Nielsen.

Les archéologues estiment qu'il pourrait y avoir d'autres gravures de rennes, d'élans, ou même d'hommes, de saumon ou de flétan, comme on peut le voir sur d'autres sites. "Nous sommes certains qu'il y a d'autres gravures sur le site" estime Anja Roth Niemi.

Bien que la découverte ne remonte qu'à quelques semaines, des sociétés de tourisme locales ont déjà commencé faire profit de cet art rupestre exceptionnel: pour 400 couronnes norvégiennes (environ 40€), on peut avoir une place sur un bateau pour une visite guidée vers le rocher.

Les opérateurs touristiques espèrent copier le succès de l'art rupestre d'Alta, plus loin à l'ouest dans le Comté de Finnmark. Figurant sur la liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO, Alta a les plus célèbres et importantes concentrations d'art rupestre au nord de l'Europe, et compte des milliers de visiteurs chaque année.

La question pour Kirkenes pourrait être celle-ci: sera-t-il possible de vendre des visites guidées sur un site d'art rupestre de l'Âge de Pierre situé à l'intérieur d'une zone sécurisée d'un terminal pétrolier ?

Merci à Sébastien Thomine pour l'info ! 

Relecture par Marion Juglin
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3.27.2014

Des pétroglyphes découverts par un drone dans l'Utah

Une vidéo réalisée par Bill Clary, vendeurs de drones d'affaires, révèle des pétroglyphes filmés en haut d'un mur de canyon dans le sud de l'Utah (vidéo sur Youtube).

 Image courtesy Jonathan Bailey

Jerry Spangler qui dirige l'Alliance Archéologique du Plateau du Colorado (Colorado Plateau Archeological Alliance - cparch.org) a examiné cette vidéo: "Ce que vous m'avez montré est ce que nous appelons le Style vannier de San Juan. De larges épaules et de fines jambes. C'est un style très classique faite par le peuple vannier (basketmaker) entre 500 et 8600 avant JC ".

Spangler pense qu'il est fort possible que les pétroglyphes vus dans la vidéo soient passés inaperçus pendant des siècles, voire plus. Il a ajouté qu'il y a encore probablement des milliers de sites archéologiques à découvrir dans l'Utah. Et il y a des centaines de sites connus, qui n'ont pas encore été entièrement documentés.

"Certains de ces sites sont si difficiles d'accès, que, pour des raisons de sécurité, nous ne pouvons pas les étudier", ajoute-t-il.

Spangler estime que les drones pourraient devenir un outil de recherche précieux, mais il pense aussi qu'il pourrait être difficile pour des organisations comme le Bureau of Land Management, le National Park Service, et des organisations comme la sienne de suivre les découvertes, comme celle que Clary aurait faite.

Spangler ajoute que le pillage et le vandalisme des sites archéologiques a longtemps été un problème, et craint que le partage d'informations en ligne n'amplifie de tels comportements.

Il espère que Clary, et d'autres, restent discrets au sujet des informations concernant les lieux et les accès; car chaque découverte est unique, et les découvertes futures pourraient apporter des indices sur l'histoire humaine.

Pour Spangler "plus on le garde éloigné de la vue, plus il est susceptible de rester intact".

Relecture par Marion Juglin

Source:
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1.30.2014

Le seul exemple connu d'araignées en art rupestre reste un mystère archéologique

Les archéologues ont découvert un panneau contenant le seul exemple connu d'araignées dans l'art rupestre en Egypte et, probablement, dans tout l'Ancien Monde.

Le panneau de roche, aujourd'hui en deux morceaux, a été retrouvé sur le mur de grès ouest d'un oued, dans l'oasis de Kharga, situé dans le désert occidental d'Egypte à environ 175 kilomètres à l'ouest de Louxor.

Les archéologues ont découvert un panneau brisé représentant le seul exemple connu d'araignées en art rupestre en Egypte et, paraît-il, tout le Vieux Monde. Crédit: Photo par Salima Ikram, Etude Oasis Kharga Nord.

Face à l'est, et éclairé par le soleil du matin, le panneau est une découverte  «très inhabituelle» rapporte l'égyptologue Salima Ikram, professeur à l'Université américaine du Caire et qui a co-dirigé le projet d'étude Oasis Kharga Nord.

L'identification des créatures en tant qu'araignées est provisoire et la date est incertaine, selon Ikram. Même si, sur la base d'autres activités dans la région, l'art rupestre peut dater d'environ 4000 avant JC ou plus. Cela serait en pleine période préhistorique, avant l'unification de l'Egypte.

Le panneau principal montre ce qui semble être quelques araignées, avec une "étoile" qui représente peut-être une toile à côté de l'araignée. Il y a aussi des dessins en forme de peigne qui sont plus énigmatiques.
Ikram pense qu'ils pourraient s'agir d'insectes piégés par les araignées, des plantes ou même des fils de soie tissés par les araignées.

Un morceau de roche qui semble avoir été rompu du panneau principal représente des créatures dessinées dans un style différent, leurs membres ne sont pas flexibles, ils ont plutôt un aspect plat. Cela pourrait être une tentative pour dépeindre un moissonneur, un insecte qui ressemble à une araignée.

La découverte est un mystère pour les archéologues: pourquoi les anciens habitants de l'oasis de Kharga ont-ils créé un art rupestre représentant des araignées ? Surtout en l'absence d'autres exemples connus ailleurs en Egypte ou dans l'ensemble de l'Ancien Monde...



Pourquoi des araignées ?

Il y a peu d'éléments qui montrent que les anciens Egyptiens portaient un intérêt à la représentation des araignées. Les seuls hiéroglyphes d'araignées qu'Ikram connaît sont de rares exemples de "textes religieux relatifs au rituel d' « ouverture de la bouche », un rite qui était effectué sur la momie ou une statue afin qu'elle conserve ses fonctions vitales dans l'au-delà."

Le secret qui permettrait de résoudre le mystère réside peut-être dans le désert occidental lui-même. Ikram a consulté Hisham El-Hennawy, un arachnologiste qui a mentionné que les araignées Argiope lobata vivaient dans les déserts de l'Ouest et de l'Est et peuvent avoir suscité l'intérêt des peuples anciens.

Ces araignées peuvent être trouvées "au milieu de leur toile sous le soleil brûlant de midi", écrit Ikram.
L'idée d'araignées se baignant dans le soleil peut avoir une signification religieuse pour les peuples anciens dans la région. "Ce serait combiner la force du soleil et la capacité de cette créature à survivre sous sa chaleur, et donc digne de respect ou d'allégeance totémique", écrit-elle.

En outre, certaines araignées, en Egypte, sont connues pour mordre les gens et être dangereuses; cela a pu aussi susciter l'intérêt des anciens, et donc, cet art rupestre.

Une autre possibilité est que celui qui a gravé ces représentations n'avait pas de raison particulière en tête, mais juste une envie, pour une raison quelconque, de dessiner des araignées.

Ikram a fait remarquer que les araignées suscitent l'intérêt de plusieurs cultures à travers le monde.

Ces "images sont remarquables si elles sont effectivement des araignées, car ce seraient des représentations uniques de ces créatures dans l'art rupestre de l'ancien monde", conclu Ikram.

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11.20.2013

Des peintures rupestres trouvées au Brésil

Alors qu'ils suivaient des pécaris à lèvres blanches et collectaient des données environnementales dans les forêts reliant les biomes du Pantanal au Cerrado au Brésil, une équipe de chercheurs de la Société de conservation de la faune (WCS) et une ONG partenaire locale, Instituto Quinta do Sol, ont découvert des dessins rupestres faits par des sociétés de chasseurs-cueilleurs il y a des milliers d'années.

Un grand chat et sa proie. Image: Wildlife Conservation Society (WCS)

Les dessins font l'objet d'une étude publiée récemment par les archéologues Rodrigo Luis Simas de Aguiar et Keny Marques Lima dans la revue Revista Clio Arqueológica.

La diversité des interprétations, selon les auteurs, contribue de manière significative à notre connaissance de l'art rupestre de la région du plateau de Cerrado qui borde le Pantanal.

"Notre travail avec la Société de conservation de la faune met l'accent sur ​​la promotion des pratiques durables d'utilisation des terres qui aident à protéger les espèces fauniques importantes et les lieux sauvages où ils vivent", a déclaré le Dr Alexine Keuroghlian, chercheur au WCS, "depuis que nous travaillons souvent dans des endroits éloignées, nous faisons parfois des découvertes surprenantes, dans ce cas, cela semble être important pour notre compréhension de l'histoire culturelle de l'homme dans la région."

Personnages humaines. Image: Wildlife Conservation Society

Tout commence avec les pécaris à lèvres blanches.

La découverte a été faite sur le plateau du Cerrado au Brésil en 2009, lorsque Keuroghlian et son équipe effectuaient des études sur les pécaris à lèvres blanches, des animaux ressemblant au porc et vivant en troupeau; ils parcourent de longues distances et sont des indicateurs environnementaux sur la santé des forêts.

Les pécaris sont vulnérables aux activités humaines telles que la déforestation et la chasse, et ils disparaissent de larges pans de leurs anciennes aires de répartition du sud du Mexique au nord de l'Argentine.

C'est en suivant les signaux des colliers émetteurs des pécaris à lèvres blanches que l'équipe est tombée sur une série d'importantes formations de grès avec des grottes contenant des dessins d'animaux et de figures géométriques.

Le pécari à lèvres blanches dont on parle depuis le début de l'article...

Différents styles de dessins

Keuroghlian a contacté Aguiar, un spécialiste régional sur les dessins rupestres. Il a pu déterminer que les dessins avaient entre 4000 et 10000 ans, et qu'ils provenaient de sociétés de chasseurs-cueilleurs qui occupaient ces grottes, ou bien les utilisaient spécifiquement pour leurs activités artistiques.

Aguiar a noté que le style de certains dessins, ressemblaient à ce que les archéologues appellent la tradition Planalto (plateau central brésilien), tandis que d'autres, de façon surprenante, ressemblaient davantage au Nordeste (nord du Brésil) ou Agreste (forêt de transition des terres arides dans le nord du Brésil).

Les dessins représentent un assemblage d'animaux, dont des tatous, des cerfs, des grands chats, des oiseaux et reptiles, ainsi que des personnages humains et des symboles géométriques.

Curieusement, l'objet d'étude de WCS dans la région, les pécaris, est absent des illustrations. Aguiar espère mener des fouilles dans le sol de la grotte et faire des datations géologiques sur les sites afin de bien interpréter ces dessins.

"Ces découvertes de dessins rupestres mettent l'accent sur ​​l'importance de protéger les écosystèmes du Cerrado et du Pantanal, tant pour leur patrimoine culturel que naturel", a déclaré le Dr Julie Kunen, directrice du Programme Caraïbes et Amérique latine de WCS et experte en archéologie Maya.


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