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5.23.2023

Plus de 1 000 artéfacts découverts dans le parc archéologique d'Angkor

S'étendant sur quelque 400 kilomètres carrés, le parc archéologique d'Angkor contient les vestiges de plusieurs capitales de l'empire khmer du 9ème au 15ème siècle après JC, dont le temple d'Angkor Wat, Angkor Thom et le temple Bayon avec ses décorations sculpturales.  

Plus de 1 000 artéfacts découverts dans le parc archéologique d'Angkor 
Image Credit : Apsara National Authority (ANA)

On pense que l'empire khmer, également connu sous le nom d'empire angkorien, a émergé en 802 après JC lorsque le roi Jayavarman II s'est déclaré chakravartin ("souverain universel", titre équivalent à "empereur") dans les montagnes de Phnom Kulen.  

À son apogée, l'Empire khmer régnait et/ou vassalisait parfois la majeure partie de l'Asie du Sud-Est continentale et certaines parties du sud de la Chine, s'étendant de la pointe de la péninsule indochinoise vers le nord jusqu'à la province chinoise moderne du Yunnan, et du Vietnam vers l'ouest jusqu'au Myanmar. .

Les archéologues effectuaient des fouilles dans un ancien temple près de Srah Srang. Un baray ou réservoir, construit au milieu du Xe siècle, a conduit à la découverte de 1 055 artéfacts, dont 103 œuvres d'art contemporaines en métal et des statues de Bouddha.

 
Image Credit : Apsara National Authority (ANA)
 

Long Kosal, un porte-parole de l'ANA (Apsara National Authority), a déclaré que : "Les statues antiques étaient métalliques vers le 12ème siècle, mais nous devons étudier davantage pour une meilleure compréhension des objets. Même si les fouilles sur le site sont terminées, les artéfacts sont en mauvais état et doivent être soigneusement préservés. Par conséquent, l'équipe d'ANA continue de les nettoyer et de les réparer."

Source:

Dernier article sur Angkor:

7.10.2013

Le lidar révèle qu'Angkor était quatre fois plus grand qu'on ne le pensait précédemment


Plus d'un million de personnes visitent les célèbres temples autour de Siem Reap chaque année.
Mais il a fallu une enquête utilisant la télédétection au laser pour découvrir les traces d'un vaste réseau urbain environnant les ensembles de temples d'Angkor et de Koh Ker.

Une ville antique jusque-là inconnue a également été découverte aux environs de Phnom Kulen.

En utilisant un scanner laser fixé à un hélicoptère, les chercheurs ont pu pénétrer la végétation qui masquait le terrain.
Les résultats de cette étude aérienne, menée en avril 2012, et le travail de terrain qui a suivi,  pourraient bien changer l'histoire que nous connaissons.

 «Nous étions bouche-bée», a déclaré Damian Evans de l'Université de Sydney. Il dirige le partenariat de huit organisations qui ont mené l'étude, dont l'APSARA (Autorité pour la Protection du Site et l'Aménagement de la Région d’Angkor / Siem Reap) du gouvernement cambodgien.

"Elle révèle très clairement que le centre formalisé, urbain de la ville d'Angkor s'étend sur au moins 35 kilomètres carrés, plutôt que les quelques 9 km² conventionnellement reconnus dans les murs d'Angkor Thom," explique-t-il.

Vue oblique d'Angkor Wat et de ses environs immédiats. Au-dessus: une mosaïque d'orthophotos numérique, avec les élévations dérivées du lidar qui a modélisé la surface avec 1m de résolution. Au-dessous: modélisation du terrain selon les données du lidar, avec une résolution de 0.5m et une exagération verticale x2. Les lignes rouges indiquent les voies modernes: routes et canaux.

L'enquête, la première du genre en Asie, a montré que les monticules et les dépressions qui apparaissent en motif par rapport au sol forment en fait les restes de réseaux très structurés de la ville, des routes, des barrages et des canaux.

Selon le document, les données ont montré que l'intensité de l'utilisation des terres et l'étendue de l'espace urbain et agricole ont tous deux été considérablement sous-estimés dans la région d'Angkor jusqu'à aujourd'hui.

Ces résultats suggèrent qu'au 12ème siècle, la région contenait une "très grande population" soutenue par des importations agricoles régulières de la campagne.

D'ailleurs, d'après les chercheurs, la dépendance à l'égard des excédents agricoles et des grands systèmes de gestion de l'eau montrent que les sécheresses ont pu contribuer à l'effondrement éventuel de cette civilisation.

Attirant l'attention sur un monticule près des murs croulants du temple Beng Mealea, Evans a expliqué que "ce fut la fondation d'un bloc de structures en bois".
Ces structures ont depuis longtemps disparu dans la jungle, ne laissant que de légères buttes ou creux qui échappent facilement au regard au milieu des arbres et des broussailles, et elles sont éclipsées par les ruines moussues du temple.

Chaque monticule a un diamètre de quelques mètres et ne ressemble, aux yeux des profanes, à rien de plus que des ondulations naturelles du paysage.

Les archéologues, cependant, savent depuis longtemps que cela voulait en dire plus.


Un autre type d'archéologie 

Siem Reap est une plaine inondable naturellement plate, de sorte que même ces petites bigarrures sont la preuve d'une occupation humaine, pour Evans.
Bien que n'ayant aucun moyen de voir à travers le feuillage des arbres, les chercheurs avaient déjà pu se renseigner sur la forme et l'étendue de ce lieu d'occupation en se frayant laborieusement un chemin à la main à travers la végétation.

Le choix de l'équipe d'utiliser la télédétection par laser, ou «lidar», est beaucoup plus efficace, bien que beaucoup plus chère. Le lidar, aéroporté, envoie des millions de faisceaux laser au sol, puis il mesure le temps qu'ils prennent pour rebondir et revenir à la source. Ces infimes différences de temps permettent de calculer les variations d'altitude.

Le Projet Angkor, qui est la plus vaste étude archéologique jamais réalisée au lidar, a utilisé une concentration particulièrement élevée de rayons pour s'assurer qu'ils traversent les arbres jusqu'au sol, puis qu'ils reviennent vers la machine.
Ensuite, après qu'un ordinateur ait analysé les résultats réfléchis par la végétation, les données ont révélé ( avec une résolution de quelques centimètres) les images de "chaque petite digue, chaque ancienne route", a déclaré Jean-Baptiste Chevance, directeur du Archaeological and Development Foundation, un autre groupe impliqué dans le projet.


Des réseaux urbains particulièrement denses

Les résultats, pour l'archéologue Michael Coe, sont "absolument ahurissant. C'est le plus grand progrès dans notre connaissance d'Angkor telle qu'elle était il y a quelques siècles".
Coe, il y a 60 ans, avait déjà suggéré d'utiliser le laser pour cartographier les anciennes civilisations des forêts.

Jusqu'à présent, la plupart des spécialistes pensaient qu'Angkor était urbanisée selon un "shéma urbain dispersé", avec des petites populations dispersées autour de pôles tels que des canaux, des routes et des étangs familiaux entretenus.

"Ce que les images du lidar révèlent est quelque chose que nous n'avions pas imaginé: une ville densément occupée avec des rues et des avenues disposées en une grille alignée sur les directions cardinales", explique Evans, et Autour d'Angkor, "l'imagerie au lidar montre que l'ensemble est très précisément organisé en îlots urbains de tailles très spécifiques. Chacun des blocs de la ville dispose de quatre monticules élevés et d'un étang, et il devait y avoir des structures en bois sur chacun de ces monticules. Cela devait être grouillant de vie."

David Chandler, historien du Cambodge, a qualifié ces découvertes de "passionnants développements. Le lidar a montré des rues et des canaux qui nécessitaient évidemment une planification et coordination centralisée".

En outre, Evans a ajouté que les données du lidar ont montré que les réseaux de routes et d'implantations continuaient hors des douves et des murs des complexes de temples, dont on pensait qu'ils étaient les limites extérieures des implantations humaines. "Il n'y a pas de porte où les routes se croisent", dit-t-il, "donc ce qui s'est passé, c'est qu'il devait y avait une sorte de réseau urbain préexistant dans cette zone, et ce temple et son enceinte se sont retrouvés coincés au milieu de tout cela."

D'après Coe, les résultats de l'étude à Angkor signifient que les chercheurs vont devoir réviser leurs estimations de la population de la ville à son apogée. D'après les relevés radar et ceux faits au sol, les chercheurs, ces dernières années, avaient avancé un chiffre de 750.000 habitants. "En 1979," ajoute-t-il, "le regretté Bernard-Philippe Groslier, avait basé sa thèse selon laquelle Angkor était une «ville hydraulique» qui utilisait les grands barays ou réservoirs, pour irriguer les champs de riz, et il proposait un chiffre de 1,9 million de personnes. Il semble maintenant que Groslier avait raison".

Evans s'est montré plus prudent sur les implications de l'étude pour les chiffres de la population, soulignant que le sujet nécessitait beaucoup plus d'analyse.
Les chercheurs espèrent pouvoir faire correspondre les données du lidar avec celles du terrain et des comptes rendus écrits afin de pouvoir faire une estimation des chiffres de la population.
Mais les fréquentes reconstructions et relocalisations des centres angkoriens sur une période de 1000 ans, avec de nombreux sites construits les uns au-dessus des autres, rend la détermination d'une population à un moment donné plus difficile, explique Evans.

En fin de compte, l'équipe espère qu'ils arriveront à mieux comprendre une question essentielle:  


Qu'est-il arrivé à cette civilisation ?

Sceptique à propos des explications qui attribuent le déclin du grand empire khmer à l'invasion par les Thaïlandais, l'équipe soupçonne une source plus progressive du déclin: la dépendance insoutenable de la civilisation à l'égard des systèmes de gestion de l'eau à grande échelle.

Les données du lidar  ont apporté la preuve de grands barrages et de canaux, ce qui démontre l'importance de la gestion de l'eau, non seulement pour Angkor, mais pour toutes les villes Khmer de l'époque. Le lidar montre, par exemple, qu'une bande surélevée longue de cinq kilomètres près de Koh Ker, que l'on pensait être une route, avait une élévation constante malgré les reliefs du paysage. Cela montre que c'était en fait un barrage.

Ces résultats apportent un soutien à la théorie que les habitants d'Angkor s'en sont sortis avec d'importants système de gestion de l'eau, mais que l'empire a fini par disparaître en raison de grandes sécheresses. Des preuves environnementales, comme les anneaux des arbres, en apportent la confirmation.

"Les nouvelles données donnent davantage de poids à un consensus selon lequel le développement artificiel du vaste paysage d'Angkor sur plusieurs siècles était fondamentalement insoutenable", écrivent les chercheurs, "les technologies de plus en plus sophistiquées de gestion de l'eau ont peut-être bénéficié d'une certaine résilience à l'échelle annuelle en assurant la sécurité alimentaire et en eau pour une population toujours plus grande et de plus en plus urbanisée, paradoxalement, cependant, ces mêmes systèmes auraient également créé une vulnérabilité systémique pour des variations climatiques à long terme".

La carte ci-dessus permet de situer Phnom Kulen par rapport à Angkor... (Source: Phnom Penh Post)

Un coût élevé mais une grande précision...

L'étude au lidar menée par l'équipe a duré 20 heures et couvert 370 kilomètres carrés, pour un coût d'environ un quart de million de dollars.
Généralement les archéologues, trouvant ces coûts prohibitifs, utilisent seulement les données pertinentes qu'ils peuvent glaner à partir d'études menées au lidar à des fins non archéologiques, comme des relevés topographiques nationaux moins détaillées.

L'étude d'Angkor était seulement la deuxième jamais réalisée sur une aussi grande surface spécifique pour la recherche archéologique.

En 2009, la première étude de ce type avait réussi à pénétrer la végétation pour cartographier l'ancienne cité maya de Caracol au Belize.

Trouver des ressources adéquates pour le Projet Angkor a nécessité la collaboration et le financement de huit organismes différents, y compris l'Autorité APSARA du gouvernement cambodgien et l'Ecole Française d'Extrême-Orient.

Les archéologues sont en train d'explorer sur le terrain les caractéristiques détectées par voie aérienne, en téléchargeant les données du lidar dans des unités GPS.
Evans a expliqué le processus au Phnom Penh Post à Beng Mealea le mois dernier, en montrant comment les monticules apparemment aléatoires autour du temple pouvaient correspondre, sur la carte lidar, avec une grille topographique régulière.

En ramassant un morceau de céramique de couleur rouille se trouvant sur un monticule, il l'a identifié comme faisant partie d'une toiture ancienne d'une des structures en bois qui se trouvait autrefois à cet endroit.
Les briques et céramiques éparses ont tendance à être les principales traces de ces habitats structurés qui restent pour les chercheurs de terrain, a déclaré Evans.

Mais il y a eu des découvertes plus importantes. Une équipe dirigée par Stéphane De Greef de l'Archaeology and Development Foundation, à la montagne sacrée de Phnom Kulen au nord-ouest d'Angkor a confirmé, à travers le travail de terrain, 28 nouveaux temples détectés par le lidar et a trouvé des dizaines de sculptures dans un lit de rivière.


Un candidat au patrimoine mondial.

Ces découvertes ont donné l'espoir à des experts du patrimoine que l'étude permettra d'élargir la reconnaissance internationale et la protection accordée jusqu'ici au site d'Angkor, patrimoine mondial de l'UNESCO, à Phnom Kulen, qui a longtemps été criblé de mines, relativement difficile d'accès, et manquant de temples aussi emblématique qu'Angkor Wat .

Avec les résultats de l'étude et la découvert de ces nouveaux temples et d'une ville entière, les services du patrimoine estiment que Kulen a "un patrimoine culturel et naturel d'une valeur universelle exceptionnelle".

"Ce paysage urbain nouvellement découvert", rapporte l'étude, "correspond  à la ville de Mahendraparvata du 8ème-9ème siècle, l'une des premières capitales de l'Empire khmer, qui n'était connue, jusque là, que par des inscriptions écrites; mais il était communément admis qu'elle se situait dans la région de Kulen ".

La cité perdue de Mahendraparvata révélée sur une carte en relief sous la végétation dans la zone de Phnom Kulen. En vert, les caractéristiques archéologiques documentés précédemment, les zones en rouge révèlent les nouvelles découvertes.

Chandler a qualifié les restes de la ville d' "hallucinant, ce qui suggère que, dans les premières années d'Angkor, du début à la moitié du 9ème siècle, peut-être plus tôt, les populations devaient déjà être relativement denses et avoir un niveau de planification urbaine assez sophistiqué."

Anne LeMaistre, directrice nationale de l'UNESCO au Cambodge a déclaré que "Phnom Kulen est vraiment la source symbolique d'Angkor. A Phnom Kulen, le roi Jayavarman en 802 s'est autoproclamé roi des rois. Il a unifié tous les petits royaumes et les a intégré dans l'Empire angkorien. Il est donc logique d'inclure Kulen dans le périmètre d'Angkor."

Mais, lorsqu'Angkor avait été inscrit comme site du patrimoine mondial en 1992, les Khmers rouges occupait encore Phnom Kulen, aussi, l'inclure dans le site du patrimoine mondial n'était pas possible, a précisé LeMaistre. Depuis, l'intégration de Phnom Kulen "a longtemps été dans l'esprit de l'APSARA et de l'UNESCO", a-t-elle ajouté.

Chevance espére que l'extension du site du patrimoine mondial encourage la protection à la fois archéologique et environnementale. Mais il a noté, qu'en dépit de l'aide internationale, le gouvernement cambodgien, en tant que gestionnaire souverain du site du patrimoine actuel autour d'Angkor, a toujours lutté pour assurer une protection adéquate et surveiller le site contre les bûcherons et les touristes imprudents. Cependant, "la certification et l'enregistrement de Phnom Kulen comme un site du patrimoine mondial devraient apporter un meilleur niveau de protection. Parce que vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez dans un site du patrimoine mondial. "


Un seconde étude en préparation.

Les résultats du Lidar ont apporté des informations importantes pour des recherches plus poussées et la gestion de ces sites, non seulement sur Phnom Kulen, mais aussi sur l'ensemble de l'ancien empire khmer, explique Im Sokrithy, l'un des chercheurs et porte-parole de l'APSARA.  "L'APSARA va utiliser les données pour, avant tout, la gestion de l'utilisation des terres dans la région. Il sera utile de faire une carte précise de l'utilisation des terres ", a-t-il dit.

Les données aideront également le gouvernement à mettre une priorité aux zones à préserver et à "développer les infrastructures publiques et touristiques dans le parc sans impact sur les sites historiques", a-t-il ajouté.

L'équipe d'Evans espère, en 2014, mener une deuxième enquête lidar, qui couvrirait un plus grand éventail de sites qu'Avril 2013.
Le projet concernerait une plus grande étendue de Phnom Kulen mais aussi l'ancienne «ville industrielle» de Preah Khan (à ne pas confondre avec le temple d'Angkor du même nom). «Dans la région de Phnom Kulen, tout ce que nous avons fait, c'est juste couvrir un petit secteur. C'est tout aussi vrai pour Angkor », a dit Evans, "mais nous savons maintenant où trouver les endroits intéressants."

Dans certaines zones, des traces de réseaux urbains s'étendent jusqu'à la fin des cartes du lidar, et les chercheurs souhaitent savoir jusqu'où cela continu.

Evans est actuellement à la recherche de fonds pour cette deuxième étude. Avec 500.000 $, elle coûterait deux fois plus que la première, mais il a expliqué que le travail de terrain pour la première étude, et son succès, a contribué à ouvrir la voie.

Pendant ce temps, certaines caractéristiques récoltées par le lidar restent encore mystérieuses. C'est la cas d' "une série de digues rectilignes en forme de bobine dont la fonction est indéterminée", juste au sud de la douve d'Angkor Wat. "Cela ne colle pas aux idées conventionnelles de ce à quoi ressemble le paysage angkorien", a déclaré Evans, "Elles ne correspondent à aucun art angkorien, et il n'y a pas de parallèle que l'on puisse faire à des choses dans d'autres parties du monde. Cela ne fait pas vraiment sens en termes d'agriculture ou de gestion de l'eau".

Mais de nouvelles recherches pourraient finalement révéler leur fonction, "il y a toujours une explication rationnelle," conclu Evans.

Un article est paru dans le PNAS au sujet de cette éude: "Uncovering archaeological landscapes at Angkor using lidar".

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Merci à Christophe Pottier, de l'EFEO, qui m'a suggéré la source de cet article !


Source:

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6.20.2013

Mahendraparvata: une cité perdue découverte au Cambodge grâce au Lidar

Christophe Pottier, de l'EFEO (Ecole Français d'Extrème-Orient), m'a contacté au sujet de l'article ci-dessous, m'expliquant que ma source ne donnait qu'un faible aperçu de l'étendue de la découverte de cette étude archéologique beaucoup plus riche et complexe. J'ai donc refait un post à partir d'un article du Phnom Penh Post, bien plus complet et donnant une bien meilleure idée de l'intérêt de ces découvertes:
 

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Les archéologues pensent avoir découvert, dans les jungles du Cambodge, une ancienne ville vieille de 1200 ans.
L'équipe a minutieusement épluché le terrain miné de la jungle recouvrant l'ancienne ville de Mahendraparvata.

Le Lidar révèle la cité, ses rues et ses canaux...

"C'est là que tout a commencé, donnant naissance à la civilisation angkorienne que tout le monde associe avec Angkor Wat,'' explique Damian Evans, directeur du Centre de Recherche Archéologique au Cambodge de l'Université de Sydney.
Ce complexe de temples hindou construit au 12ème siècle devient ainsi le plus grand monument religieux au monde.

"Avec cet instrument, nous avons vu immédiatement l'image de toute une ville dont personne ne connaissait l'existence, ce qui est tout simplement remarquable'', a ajouté Evans.
Cet «instrument» désigne une nouvelle technologie de balayage laser, aéroportée, appelé LIDAR. Sans cet appareil, la découverte de Mahendraparvata n'aurait pas eu lieu.

Cette technologie a également été largement utilisée à Stonehenge, ainsi que sur les sites mayas d'Amérique centrale.

Dans le cas de la Mahendraparvata, un hélicoptère a balayé une bande de terre dans les montagnes reculées de Phnom Kulen  qui étaient recouvertes de jungle depuis des siècles jusqu'à ce que des bûcherons se soient installés dans la région dans les années 1990.

Les fouilles des ruines sont en cours, et les archéologues ont découvert à ce jour près de 30 temples non comptabilisés antérieurement, ainsi que des restes d'anciens canaux, des digues et des routes vers la cité perdue.

Selon Evans, le site de Mahendraparvata serait antérieur aux célèbres ruines d'Angkor Wat, situées à environ 30 kilomètres, d'environ 350 ans.

Source:

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Quelques découvertes avec le Lidar:

3.18.2013

Un temple du VIIe siècle mise au jour au Cambodge par un archéologue français


Les archéologues ont mis au jour l'un des plus importants temples pré-angkoriens de ces dernières décennies.
Ce qui ressemble à un temple du VIIe siècle a été retrouvé enterré dans la digue du Baray occidental (un immense réservoir d'eau à Angkor), une découverte qui devrait apporter une plus grande connaissance sur la période pré-angkorienne.

Christophe Pottier dans les tranchées initiales qui ont été élargies lorsque l'importance du temple est devenue évidente. Photo: Alistair Walsh

 Depuis 2000, Christophe Pottier, un archéologue français, s'efforce d'en savoir plus sur les débuts de l'empire angkorien: "Le début d'Angkor est très peu connu, pour diverses raisons, notamment parce que de nombreux établissements anciens ont été effectivement détruits par les habitations postérieures au cours de la période d'Angkor. Le principal objectif de cette mission archéologique est d'étudier les premières grandes villes angkoriennes" explique-t-il.

La zone du Baray était une capitale ancienne et importante, mais la plupart des vestiges y ont été détruits lors de la construction du Baray aux alentours du XIe siècle.
Pottier et son équipe ont fouillé les sites de la zone du Baray pendant quatre à cinq ans avant de passer à un autre site: une ancienne capitale près de Bakong.
Sur ce second site, ils ont appris ce qu'il fallait chercher et comment mieux comprendre le tracé urbain des sites pré-angkorienne.

"Nous avons décidé l'année dernière, avec toutes les conclusions que nous avons obtenus sur cette zone proche de Bakong et d'après sa disposition, que nous étions maintenant dans une meilleure position pour comprendre le peuplement urbain", a déclaré Pottier, "cette année, nous avons voulu en savoir un peu plus sur le développement et les caractéristiques de cette période, notamment en termes chronologiques. Nous n'avons que peu de connaissance sur le peuplement dans cette région entre le VIIe siècle et la construction du Baray. "

Dans cette optique, Pottier a commencé à chercher des sites où il pourrait trouver un temple pré-angkorien près du Baray qui pourrait montrer des signes d'une occupation continue sur plusieurs siècles mais n'aurait pas été touché depuis le XIe siècle. 
Il savait qu'il devait regarder dans les digues du Baray pour trouver un tel temple.
Après avoir trouvé quelques briques éparses et un linteau brisé dans la forêt, Pottier a eu l'intuition que cela pourrait être son site...


Mais ce qui a été révélé était un temple beaucoup plus important que prévu. 

La taille du temple est difficile à évaluer, mais de vastes fouilles ont révélé des socles et des structures qui indiquent qu'il devait être l'un des plus importants de son temps.
Le temple est impressionnant, mais ce qui rend Pottier encore plus heureux, ce sont les traces d'occupation continue du site jusqu'au XIe siècle, lorsqu'il a été délibérément détruit et enfoui sous la digue du Baray: "C'était probablement un sanctuaire très riche. Compte tenu de la taille énorme du piédestal, il devait être un temple important. Et puis ils ont commencé à l'enfouir sous la digue. Nous sommes en train d'analyser les choses, mais il semble clair qu'à un moment, ils ont décidé de se débarrasser du temple, de raser le tout".

Christophe Pottier inspectant un ouvrage de briques dans le temple dont certaines parties sont identifiées comme pré-angkoriennes. Photo: Alistair Walsh

La découverte donne un aperçu extraordinaire des mouvements des populations angkoriennes lors des transferts des capitales et cela révèle en partie la façon dont le Baray a été construit.

"Maintenant, nous devons traiter les données, nous devons obtenir les datations radiométriques, nous devons analyser les céramiques que nous avons trouvées. Ensuite, nous aurons les réponses aux questions que nous nous posions" ajoute Pottier, "des questions telles que, par exemple, s'il était encore en usage tout au long du VIIe siècle jusqu'à ses derniers jours lorsqu'il a été enterré par le Baray. Et apparemment, la réponse est oui. Et c'est quelque chose de nouveau. Personne n'a vraiment considéré que les temples pré-angkoriens remontant jusqu'au septième siècle puissent avoir été utilisés au dixième ou onzième siècle. Il est très difficile de savoir si les établissements sont restés occupés en permanence à Angkor, ou si c'était un mouvement de capitales avec abandon successif des isntallations antérieures. Apparemment, ici, nous allons avoir une preuve concluante montrant que ce site était encore activement utilisé."

Pour le moment, il faut d'abord confirmer la présence d'un sanctuaire pré-angkorien, vérifier son importance, et s'assurer qu'il était toujours actif au XIe siècle.

Il y a aussi suffisamment d'éléments pour analyser précisément la construction du Baray et ses différentes phases successives: les couches dans le sol enterrant le temple semblent confirmer que le Baray a été construit en plusieurs étapes. Le Baray aurait vu ses digues surélevées à un moment donné. C'est une théorie que confirment ici les fouilles de Pottier.

Il concède que sa découverte peut ne pas sembler si importante pour l'observateur extérieur, car après tout, c'est juste un autre temple dans une région qui en a des milliers.
Mais les informations fournies par cette découverte apportent une pièce importante dans le puzzle de l'histoire pré-angkorienne.


A propos de Christophe Pottier:

Diplômé de l'École d'architecture de Nantes en 1990, Christophe Pottier complète sa formation en soutenant, en 1999, un doctorat de Langues, civilisations et sociétés orientales à l'université Paris-III, sous la direction de B. Dagens (Carte archéologique de la région d'Angkor - Zone Sud).
Il est recruté comme membre de l'EFEO (Ecole Français d'Extrème-Orient) en 1999. Parallèlement à ses activités de restauration, il mène depuis son affectation à Siem Reap des travaux de recherche dans trois domaines liés à l'architecture et à l'archéologie d'Angkor.
Par ailleurs, il dirige depuis 1999 la Mission archéologique franco-khmère sur l'aménagement du territoire angkorien, dont les premières campagnes de fouilles se sont attachées à l'étude des phases initiales d'occupations historiques de la région d'Angkor.

Source:

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5.15.2012

Cambodge: sur la piste d'un peuple inconnu

Des chercheurs de l'Université d'Otago (en Nouvelle-Zélande), travaillant dans des régions éloignées des montagnes cambodgiens, sont entrain d'apporter un nouvel éclairage sur l'histoire perdue d'un peuple non identifié. En étudiant leurs rites funéraires énigmatiques, les chercheurs ont pu fournir les premières datations au radiocarbone d'urnes et cercueils en rondins inhabituels. Ils se trouvent sur des hauts rebords exposés dans les montagnes de Cardamome au sud du Cambodge.

(Plus de photos sur les Découvertes Archéologiques en Images:  
 Urnes funéraires à Phnom Pen

Depuis 2003, ils ont travaillé à géolocaliser et étudier 10 sites d'inhumation. Ils les ont dater grâce à des échantillons de bois de cercueil, d'émail des dents et d'os.

Avec des collègues en provenance du Cambodge, d'Australie, des Etats-Unis et d'Ecosse, les Drs Nancy Beavan et Sian Halcrow, du Département d'Anatomie de l'Université d'Otago,  viennent de publier la datation de quatre sites dans la revue Radiocarbon.

L'étude révèle que les mystérieux rituels funéraires, qui ne ressemblent à aucun autre connu au Cambodge, ont été pratiqués à partir de 1395 après JC à 1650 après JC.
Le Dr Beavan rapporte que cette période coïncide avec le déclin et la chute du puissant royaume d'Angkor, qui se trouvait dans les basses terres: "Les pratiques funéraires dans le Royaume d'Angkor et chez ses successeurs impliquaient la crémation et n'avaient rien à voir avec ce que l'on trouve sur les sites que nous étudions. Cette différence marquée suggère que, en termes culturels, ces montagnards non identifiés étaient un «monde à part» de leurs contemporains des plaines."
À ce jour, la majeure partie des recherches concernent l'histoire culturelle de la région Khmer; elle ont mis l'accent sur les basses terres, et Beavan ajoute: "Grâce à notre travail, nous espérons élargir la compréhension de cette histoire au-delà des héritages du seul grand royaume Khmer, aux autres cultures qui ont vécu sur son territoire".

Le Dr Sian Halcrow affirme que les découvertes archéologiques de l'un des 10 sites, dont elle et le Dr Beavan sont en train de préparer la publication, offrira de nouveaux indices importants au sujet de ce peuple: qui étaient ces gens mystérieux, leur culture, les relations commerciales et l'adaptation biologique à l'environnement.
Compte tenu des endroits accidentés et éloignés des sites, le travail de terrain n'a pas été sans difficultés, rapporte le Dr Beavan: "En 2010, l'un de nos campings a été envahi par un éléphant sauvage au milieu de la nuit et il a dû être repoussé par notre équipe en frappant sur des casseroles. Il s'est avéré que nous avions dressé le camp entre deux bananiers sauvages alléchants. Nous avons donc remballé et nous nous sommes installés un peu plus loin peu de temps après."

Source:

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4.13.2007

Cambodge: recherche d'un palais royal sur le site de Prei Monti

MAJ 09/12/15

Christophe Pottier, membre de l'Ecole française d'Extrême-orient travaillant au Cambodge, et son équipe ont mis au jour sur un site archéologique de la zone d'Angkor, à Siem Reap, des éléments qui suggèrent la présence par le passé d'un palais royal.

Christophe Pottier, membre de l’Ecole française d’Extrême-Orient, et son équipe composée notamment d’archéologues de l’Autorité Apsara, ont engagé des fouilles depuis 4 ans dans la zone des temples de Roluos, zone qui renferme les vestiges de la première capitale du royaume angkorien.

Actuellement l’équipe cherche à localiser l’emplacement du palais royal, qui, d’après une vieille hypothèse jamais vérifiée, se trouverait sur le site de Prei Monti.

Une multitude de fragments de céramiques ont été découvert. D'après Christophe Pottier: “En sept ans de fouilles dans des sites d’époque comparable, je n’ai trouvé que deux tessons de ces céramiques, mais encore aucun à Roluos. Rarissimes donc, mais ici, il y en a des dizaines. De même pour les nombreux tessons de porcelaines importées de Chine d’un type inédit à Angkor. Ces céramiques étrangères étaient vraisemblablement réservées à l’élite. Les retrouver ici constitue donc un élément majeur qui suggère la présence d’un palais."



Cette découverte montre qu’au-delà de ses relations privilégiées avec la Chine et l’Inde, Angkor, dès ses débuts, avait accès à un réseau d’échanges qui s’étendait jusqu’au Moyen-Orient. Le Cambodge était donc connecté, tout comme ses voisins, l’Indonésie et la Malaisie, à un vaste réseau maritime d’échanges commerciaux.


Sources:
  • Cambodge soir: "Temples de Roluos : à la recherche du palais royal"

Liens:
  • Ecole française d'Extrême Orient (EFEO)