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3.30.2023

L'histoire du cheval des plaines américaines revisitée à travers une recherche interdisciplinaire et interculturelle

Une équipe internationale réunissant 87 scientifiques de 66 institutions à travers le monde et dirigée par des scientifiques du Centre d'anthropobiologie et de génomique de Toulouse (CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier) commence à affiner l'histoire du cheval américain. 

Ce travail, qui intègre une recherche interdisciplinaire et interculturelle entre la science occidentale et la science indigène traditionnelle, est publié ce 30 mars 2023 dans la revue Science

"Les chevaux font partie de nous depuis bien avant que d'autres cultures ne viennent sur nos terres, et nous faisons partie d'eux", estime le chef Joe American Horse, chef de l'Oglala Lakota Oyate, gardien des savoirs traditionnels, et coauteur de l'étude. 

L'histoire du cheval des plaines américaines à travers une recherche interdisciplinaire et interculturelle 
Ludovic Orlando et Yvette Running Horse discutent de l’image de la fracture ressoudée du cheval de Blacks Fork. Photo: © Northern Vision Productions
 

En 2018, sur les conseils de ses aînés gardiens du savoir et chefs traditionnels, Yvette Running Horse Collin a pris contact avec Ludovic Orlando, scientifique du CNRS. Elle venait de terminer son doctorat, qui portait sur la déconstruction de l'histoire des chevaux dans les Amériques. Jusqu'alors, le domaine était dominé par des universitaires occidentaux et les voix des peuples indigènes avaient été largement ignorées. Son but était de développer un programme de recherche dans lequel les sciences indigènes traditionnelles pourraient être mises en avant et seraient considérées sur un pied d'égalité avec la science occidentale. 

Pour les Lakota, l'étude scientifique de l'histoire du cheval dans les Amériques fournissait le point de départ idéal, car elle mettrait en évidence les points d’accord et de désaccord entre approches occidentales et indigènes. 

Les anciens étaient clairs : travailler sur le cheval permettrait d'apprendre à combiner la puissance de tous les systèmes scientifiques, traditionnels et occidentaux. Dans l’espoir de trouver à terme, de nouvelles solutions aux nombreux défis qui affectent les populations, les communautés et la biodiversité dans le monde entier. 

Pour l’heure, comme ses ancêtres avant elle, Yvette Running Horse Collin allait donc suivre la voie tracée par la nation des chevaux. Une partie du programme consistait à tester un récit qui figure dans presque tous les manuels sur l'histoire des Amériques : il s'agissait de déterminer si les documents historiques européens rendaient fidèlement compte de l'histoire des peuples indigènes et des chevaux dans les Grandes Plaines et les Rocheuses. Ce récit reflète les chroniques les plus connues établis par les Européens lors de leurs premiers contacts avec les groupes indigènes. Elles prétendent que les chevaux ont été adoptés récemment, à la suite de la révolte des Pueblos de 1680. 

La science archéologique est un outil puissant pour comprendre le passé qui, si elle est pratiquée en collaboration, offre un cadre technique robuste pour contrer les préjugés intégrés dans les récits historiques. 

Au cours de la dernière décennie, Ludovic Orlando et son équipe de généticiens ont extrait les molécules d'ADN ancien encore préservées dans les vestiges archéologiques afin de réécrire l'histoire du cheval domestique. Ils ont séquencé les génomes de plusieurs centaines de chevaux ayant vécu sur la planète il y a des milliers d'années, et même jusqu’à 700 000 ans. Ils pouvaient donc raisonnablement s'attendre à ce que cette technologie révèle le patrimoine génétique des chevaux qui vivaient dans les Grandes Plaines et les Rocheuses après le contact avec les Européens. 

Pour répondre à cette question, William Taylor, professeur adjoint à l'université du Colorado, et une vaste équipe de partenaires comprenant des archéologues de l'université du Nouveau-Mexique et de l'université de l'Oklahoma, ont entrepris, avec leurs collaborateurs Lakota, Comanche, Pawnee et Pueblo, de retrouver des ossements archéologiques de chevaux dans tout l'Ouest américain. 

En combinant des méthodologies éprouvées et innovantes dans le domaine des sciences archéologiques, l'équipe a identifié les vestiges de chevaux qui étaient élevés, nourris, soignés et montés par les peuples indigènes. 

La datation précoce obtenue pour un spécimen de cheval provenant de Paa'ko Pueblo, au Nouveau-Mexique, prouve que les indigènes contrôlaient les chevaux au début du XVIIe siècle, et peut-être même avant. 

La datation directe au carbone 14 de découvertes allant du sud de l'Idaho au sud-ouest du Wyoming et au nord du Kansas a aussi fourni la preuve que les chevaux étaient présents dans une grande partie des Grandes Plaines et des Rocheuses dès le début du XVIIe siècle, et sans aucun doute, avant la révolte des Pueblos de 1680. 

 

Le récit le plus courant sur l'origine du cheval américain doit donc désormais être corrigé. 

Les données génomiques ont démontré que les chevaux historiques les plus vieux analysés dans cette étude étaient principalement d’ascendance ibérique, mais n’étaient pas directement reliés aux chevaux qui ont habité les Amériques au pléistocène supérieur il y a plus de 12 000 ans. Ils n'étaient pas non plus les descendants des chevaux vikings, bien que ces derniers aient établi des colonies sur le continent américain en 1021. 

Les données archéologiques montrent que ces chevaux domestiques n'étaient plus sous le contrôle exclusif des Espagnols au moins au début des années 1600 mais qu'ils étaient déjà bel et bien intégrés dans les modes de vie indigènes. Ceci valide de nombreux récits traditionnels, relatant l'origine du cheval, comme ceux des Comanches et des Pawnees, tous deux parties prenantes de l’étude. 

Ainsi, Jimmy Arterberry, historien comanche et coauteur de l'étude, rapporte que: "Ces découvertes confirment la tradition orale comanche. Les traces archéologiques décrites sont des témoins inestimables qui revisitent la chronologie de l'histoire de l'Amérique du Nord, et sont tout autant importantes pour la survie des cultures indigènes. Elles constituent un patrimoine qui mérite d'être honoré et protégé. Ce patrimoine est sacré pour les Comanches."

D'autres travaux impliquant de nouvelles fouilles archéologiques sur des sites datant du XVIe siècle ou même antérieurs, ainsi qu'un séquençage supplémentaire, permettront à l’avenir d'éclairer d'autres chapitres de l'histoire de l'homme et du cheval dans les Amériques. 

Carlton Shield Chief Gover, archéologue Pawnee et coauteur de l'étude, estime que : "La science archéologique présentée dans notre recherche illustre tous les bienfaits qu’il y a à développer des partenariats de collaboration sincères et équitables avec les communautés indigènes."

Les analyses du génome n’ont pas seulement porté sur le développement de la relation homme-cheval au sein des Premières nations au cours des premières étapes de la colonisation américaine. Elles ont démontré que l’ascendance Ibérique, jadis dominante, s'est diluée au fil du temps pour s'enrichir d’une ascendance britannique. 

 

C’est toute l'évolution du paysage de l'Amérique coloniale qui a été enregistrée dans le génome du cheval 

D'abord principalement à partir de sources espagnoles, puis principalement à partir de colons britanniques. 

À l'avenir, l’équipe constituée pour cette étude s'est engagée à poursuivre son travail sur l'histoire de la nation du cheval dans les Amériques en continuant de faire place aux méthodologies scientifiques inhérentes aux systèmes scientifiques indigènes, pour par exemple retracer l’histoire des migrations et les effets des changements climatiques anciens. 

L’étude parue ce jour a ouvert la porte à ce programme ambitieux puisqu’elle a engagé un dialogue et des échanges authentiques entre scientifiques du monde occidental et des nations indigènes. Les défis auxquels notre monde moderne est confronté sont immenses. En ces temps de crise de la biodiversité et de réchauffement climatique, l'avenir de la planète est menacé. Les peuples autochtones ont survécu au chaos et à la destruction engendrés par la colonisation, les politiques d'assimilation et le génocide, et sont porteurs de connaissances et d'approches scientifiques importantes axées sur la durabilité. Plus que jamais, il est temps de réparer l'histoire et de créer des conditions plus inclusives pour la co-conception de stratégies pour un avenir plus durable. Il est important de noter que cette étude a donné lieu à une collaboration entre des scientifiques occidentaux et de nombreuses nations autochtones des États-Unis, des Pueblo aux Pawnee, Wichita, Comanche et Lakota.

Nous espérons que de nombreuses autres nations nous rejoindront bientôt. "Les chevaux font partie de notre famille et nous ont toujours rassemblés. Ils continueront à le faire. Nos sociétés sont organisées et prêtes pour cela. Notre collaboration scientifique est vouée à se développer encore plus : nous invitons tous les peuples cavaliers à se joindre à nous. Nous les appelons à nous." (Antonia Loretta Afraid of Bear-Cook, gardienne du savoir traditionnel des Oglala Lakota, coauteure de l'étude). 

Ce travail a été soutenu par la National Science Foundation Collaborative Research Award, les actions Marie Sklodowska Curie (programmes HOPE et MethylRIDE), le CNRS et l'Université Toulouse III - Paul Sabatier (Programme international de recherche AnimalFarm), l'Investissement d'avenir France Génomique (ANR-10-INBS-09), et le Conseil européen de la recherche (PEGASUS). 

Tous les protocoles de transmission des connaissances sacrées et traditionnelles ont été respectés, et les activités et résultats de la recherche ont été approuvés par un comité d'examen interne composé de dix gardiens des connaissances Lakota, qui font désormais partie du conseil d'administration de Taku Škaŋ Škaŋ Wasakliyapi : Global Institute for Traditional Sciences (GIFTS).

Source:

  • CNRS: "L'histoire inofficielle du cheval des plaines américaines, un nouvel avenir pour le monde"

7.13.2018

D'anciens génomes de chèvres révèlent plusieurs sources de population au cours de la domestication


Une analyse génomique incluant des dizaines d'échantillons de chèvres remontant jusqu'à 8000 ans a apporté une meilleure compréhension du processus de domestication et de la diversité génétique derrière les relations des chèvres avec les hommes sur plus de 10 000 ans.

D'anciens génomes de chèvres révèlent plusieurs sources de population au cours de la domestication

En utilisant le génome mitochondrial et/ou des données de séquence à l'échelle du génome sur 83 restes de chèvres sauvages et domestiques du croissant fertile, des chercheurs de Grande-Bretagne, d'Allemagne, du Danemark, de France et d'ailleurs ont trouvé plusieurs sources de chèvres sauvages pour les populations de chèvres qui ont été domestiquées dans différents endroits dans et autour de la région.

"La domestication des chèvres repose sur une mosaïque plutôt que sur un processus singulier avec un recrutement continu de populations sauvages locales," rapporte le co-auteur principal Pierpaolo Maisano Delser, chercheur en génétique et zoologie affilié au Trinity College Dublin et à l’Université de Cambridge, "Ce processus a généré un pool génétique distinctif qui a évolué au fil du temps et qui caractérise encore aujourd'hui les différentes populations de chèvres d'Asie, d'Europe et d'Afrique."

Des recherches précédentes ont situé la domestication des chèvres, moutons, bovins, cochons et autres animaux dans et autour du croissant fertile. Mais dans le cas des chèvres, qui ont été domestiquées il y a environ 10000 ans, il n'était pas clair si leur domestication était survenue en une seule fois ou à partir de plusieurs populations.

Les chercheurs ont donc fait un séquençage mitochondrial sur 83 chèvres d'avant l'âge de pierre à la période médiévale à partir de sites de l'est, de l'ouest et du sud du croissant fertile. Ces sites comprennent des lieux situés en Iran, Turkménistan, Anatolie, Balkans, Jordanie et Israël.

"Nos découvertes démontrent que plusieurs origines divergentes de chèvres sauvages anciennes ont été domestiquées au cours d'un processus dispersé ce qui a abouti à des populations néolithiques de chèvres génétiquement et géographiquement distinctes, faisant écho à la divergence humaine contemporaine dans ces régions" écrivent les auteurs, "les anciennes populations de chèvres ont contribué différemment aux chèvres modernes en Asie, en Afrique et en Europe"

Les chercheurs ont aussi comparé les séquences d'une demi-douzaine de génomes de chèvres néolithiques des parties orientales de la région et quatre génomes de chèvres néolithiques occidentales, avec des séquences de 16 génomes de chèvres bézoards provenant de populations de chèvres actuelles, pour trouver des signes de sélection liés à la domestication.

"Nous avons trouvés des preuves montrant qu'il y a au moins 8000 ans, les éleveurs s'intéressaient ou appréciaient la couleur de la robe de leurs animaux, basée sur les signaux de sélection des gènes de la pigmentation" rapporte l'auteur principal Kevin Daly, chercheur en génétique des populations moléculaires à l'Institut de Génétique Smurfit du Trinity College Dublin.

Cette collaboration internationale de paléogénéticiens et d’archéozoologues a impliqué des chercheurs du CNRS, du MNHN et de l’UGA1


Les laboratoires français ayant participé sont :

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2.22.2018

Une étude génomique remet en question les origines des chevaux domestiques

En séquençant le génome des chevaux Botai, une équipe de chercheurs du CNRS et de l'Université de Toulouse III Paul Sabatier a découvert qu'ils n'étaient pas les ancêtres des chevaux domestiques d'aujourd'hui.

D'après l'étude, publiée dans la revue Science, ces équidés sont les ancêtres des chevaux de Przewalski que l'on pensait sauvages.

Une étude génomique remet en question les origines des chevaux domestiques
 Chevaux de Przewalski, réserve de réintroduction de Seer, Mongolie.  Photo: Ludovic Orlando / Natural History Museum of Denmark / CNRS


On sait que la première preuve de la domestication du cheval remonte à 5500 ans environ (voir à ce sujet l'article publié en 2009: Découvertes des plus anciennes traces de domestication du cheval), dans les steppes d'Asie centrale.


Et, jusqu'à présent, les modèles montraient que les chevaux domestiques modernes descendaient des chevaux domestiqués pour la première fois à Botai, dans ce qui est aujourd'hui le nord du Kazakhstan.

Ludovic Orlando, chercheur CNRS au laboratoire Anthropologie moléculaire et imagerie de synthèse (UMR-5288), et son équipe, ont séquencé les génomes de 20 chevaux Botai afin de tracer leur évolution biologique dans le cadre de la domestication; en effet, il est quasi impossible d'accéder aux premières étapes de la domestication en analysant les génomes de chevaux modernes, considérablement transformés par la sélection des éleveurs.


Des résultats inattendus.


Cette analyse génomique a donc révélé que les chevaux de Botai étaient les ancêtres directs des chevaux de Przewalski que l'on supposait être les derniers chevaux sauvages sur Terre; ils sont en fait les descendants sauvages des premiers chevaux à être domestiqués.


 Site de fouille de Botai dans le nord du Kazakhstan, 2017.  Photo: Alan Outram / University of Exeter

 L'étude a découvert certains changements apparus lors de ce retour à l'état sauvage, entre autre un allèle impliqué dans l'apparition d'une robe léopard, qui était présent chez le cheval de Botai mais qui a été perdu par la suite.

Reconstitution de chevaux de Botai basée sur l'étude génétique. Certains des chevaux se sont révélés porteurs de variants génétiques causant des robes aux motifs blancs ou léopard.  Photographie de Ludovic Orlando, retravaillée par Sean Goddard et Alan Outram.

En ce qui concerne les chevaux domestiques modernes, leur origine doit donc être recherchée ailleurs, car aucun des 22 chevaux eurasiatiques analysés par l'équipe (couvrant les 4100 dernières années) n'est apparenté à ceux de Botai.

Les chercheurs se concentrent actuellement sur d'autres sites candidats, en Asie centrale mais aussi dans les steppes pontiques du sud de la Russie, en Anatolie et dans différent secteurs au cœur de l'Europe.

Ce travail a impliqué 47 chercheurs représentant 28 institutions, dont, pour la France:
  • Le laboratoire Anthropologie moléculaire et imagerie de synthèse (CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier/Université Paris Descartes): UMR-5288
  • Les laboratoires Archéologies et sciences de l'Antiquité (CNRS/Université Paris Ouest Nanterre La Défense/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/Ministère de la Culture): ArScAn
  • Le laboratoire Archéozoologie,archéobotanique : sociétés, pratiques et environnements (CNRS/MNHN). 

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11.21.2015

Les hommes et les abeilles, une histoire qui a plus de 9000 ans !

On a longtemps soupçonné que les hommes avaient commencé à travailler avec les abeilles il y a des milliers d'années. Cependant, mise à part quelques dessins égyptiens et un peu d'art rupestre dépeignant une apiculture ancienne, il n'y avait aucune preuve tangible sur notre longue et étroite relation avec les abeilles.... jusqu'à ce jour...

(Image credit: Eric Tourneret - www.lesroutesdumiel.com)

Des chercheurs de l'université de Bristol en Angleterre ont analysé les poteries de plus de 6400 récipients préhistoriques; ils ont trouvé des preuves d'anciens agriculteurs, dans ce qui est aujourd'hui la Turquie, qui avaient utilisé de la cire d'abeille en 7000 avant l'Ere Commune.


Il se pourrait que l'agriculture ait ouvert la voie à l'expansion des colonies d'abeilles.

Avec l'effondrement de nombreuses colonies d'abeilles tout autour du monde, comprendre la relation entre les hommes, l'agriculture et les abeilles, est plus important que jamais. "Maintenant, nous savons  que la cire d'abeille a été utilisée continuellement depuis le septième millénaire avant l'Ere Commune, probablement comme partie intégrante de différents outils, dans des rituels, des cosmétiques, en médecine, comme combustible ou encore pour réaliser des récipients étanches", rapporte l'un des chercheurs, Alfonso Alday.

De précédentes recherches avaient identifié des restes de cire dans de grands récipients qui auraient été d'anciennes ruches.

Le produit, récupéré sur des nids d'abeilles, a été ciblé par l'étude pas uniquement pour ses variétés d’utilisation, mais parce que ses lipides sont très résistants à la dégradation. En effet, des traces de cire d'abeille peuvent être trouvées sur des sites archéologiques après des milliers d'années.

En cherchant des traces de cire d'abeille dans une série de poteries de différentes régions et de différentes époques, l'équipe a pu recréer une chronologie approximative de l'utilisation de la cire d'abeille à travers l'Europe, l'est de l'Asie et le nord de l'Afrique.

Après sa première utilisation en Turquie, en Anatolie, l'utilisation de la cire d'abeille semble s'être répandue vers le nord-ouest, comme on le voit dans des poteries Méditerranéennes, environ 1500 ans plus tard vers 5000 avant l'Ere Commune. On la retrouve souvent mélangée avec de la graisse de ruminants.

Ce n'est qu'un peu plus tard que les abeilles seront utilisées en Europe; les chercheurs ont trouvé des traces de cire d'abeille en Grèce datant de 4900 à 4500 avant l'Ere Commune, en Roumanie entre 5500 et 5200 avant l'Ere Commune et en Serbie entre 5300 et 4600 avant l'Ere Commune.

Il y a aussi des traces d'utilisation de ce produit au nord de l'Afrique, en Angleterre, Danemark, Allemagne et Autriche, à peu près à la même époque. Mais l'utilisation la plus prolifique a été faite par les fermiers de la Péninsule Balkanique, avec la plupart des poteries contenant des traces de cire d'abeille et datées entre 5800 et 3000 avant l'Ere Commune.

Ce qui est intéressant, c'est que cette chronologie suggèrerait que l'expansion de l'agriculture moderne, qui comprend le défrichement des forêts pour le pâturage, a ouvert la voie à l'extension de l'habitat des colonies d'abeille. Comme l'explique l'équipe: "L'ouverture des forêts pour gagner des terres et des pâturages a favorisé le développement des paysages dans lesquels les fleurs et buissons apportaient un environnement adapté pour les abeilles. En un certain sens, les abeilles poursuivaient l'agriculture, étendant leur habitat au fur et à mesure de l'extension des terres agricoles."

L'équipe recherche encore des traces de résidu de cire au nord de l'Ecosse et en Scandinavie au nord du Danemark, mais ils supposent que ces régions se situent au-dessus de la limite où les ruches peuvent survivre...

Merci à Audric pour l'info !

Relecture par Marion Juglin
Source:

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12.03.2011

Les loups ont été domestiqués dans le Sud-Est Asiatique


Une nouvelle étude confirme qu'une région d'Asie, au sud du fleuve Yangtze en Chine, était le principal endroit, et probablement le seul, où les loups ont été domestiqués par les hommes.


Les données sur la génétique, la morphologie et le comportement des chiens montrent clairement qu'ils sont les descendants des loups. Mais il n'y a jamais eu de consensus scientifique sur l'endroit, dans le monde, où  le processus de domestication avait commencé.

"Notre analyse de l'ADN du chromosome Y confirme maintenant que les loups ont d'abord été domestiqué en Asie au sud du fleuve Yangtsé - nous l'appelons la région ASY (Asia South Yangtze) - dans le sud de la Chine ou l'Asie du Sud", explique le Dr Peter Savolainen, chercheur en génétique évolutive au KTH Royal Institute of Technology.

Les données Y confirment de précédents éléments fournis par l'ADN mitochondrial. "Pris ensemble, les deux études fournissent des preuves très fortes que les chiens sont originaires de la région ASY", ajoute Savolainen.

Les données archéologiques et une étude génétique publiée récemment dans la revue Nature suggéraient que les chiens provenaient du Moyen-Orient. Mais Savolainen rejette ce point de vue: "aucune de ces études n'incluaient des échantillons provenant de la région ASY. Les données de l'ASY ont été négligées".
Peter Savolainen et Mattias Oskarsson, étudiant en doctorat, ont travaillé avec des collègues chinois pour analyser l'ADN de chiens mâles à travers le monde. Leur étude a été publiée dans la revue scientifique Heredity.

Environ la moitié du patrimoine génétique a été universellement partagé dans le monde, tandis que la région ASY possède toute l'étendue de cette diversité génétique. "Cela montre que les patrimoines génétiques dans toutes les autres régions du monde proviennent très probablement de la région ASY", explique Savolainen,"nos résultats confirment que l'Asie au sud du fleuve Yangtsé a été la plus importante - et probablement la seule - région pour la domestication du loup; et un grand nombre de loups y ont été domestiqués".

Source:
  • Past Horizons: "Wolves were domesticated in Southeast Asia"