7.17.2015

Un détectoriste amateur découvre 22000 pièces romaines en Angleterre

Comprenant environ 22000 pièces datant de plus de 1700 ans, c'est la cinquième plus grande découverte de pièces Romaines en Grande-Bretagne.

Laurence Egerton, semi-retraité, a découvert deux anciennes pièces "de la taille du pouce", enterrées juste sous la surface d'un champ, avec son détecteur de métaux en novembre dernier.

Un des groupes de pièces qui ont été découverts (The Trustees of the British Museum)

Après avoir creusé plus profondément,  il a remontée une pelletée de pièces en alliage de cuivre: "Il y en avait sur tout le terrain" raconte-t-il, "j'avais déjà trouvé une ou deux pièces Romaines auparavant, mais jamais autant en une fois". Le détectoriste a donc appelé des experts et a assisté médusé à la découverte par les archéologues de milliers d'autres pièces enterrées à environ 30cm de profondeur.
Il a découvert les pièces près  du site de Honeyditches dans le Devon où une villa Romaine a déjà été découverte et fouillée.

D'après Bill Horner, archéologue du Comté, "nous avons réalisé l'importance (de cette découverte) et avons mobilisé une équipe aussi vite que possible. Les pièces étaient dans un bon état. Sortant de terre, vous pouvez voir les portraits sur les faces; un arbre généalogique de la Maison de Constantine".

Ces derniers mois, les pièces ont été délicatement nettoyées et cataloguées au British Museum, bien qu'il reste encore du travail à faire. Les pièces datent de 260 à 350 après JC.

Le British Museum a qualifié l'ampleur de la découverte de "remarquable", ajoutant que c'était "l'un des plus grands magots jamais découvert au sein de l'ensemble de ce qui était l'Empire Romain".

La plus grande découverte en Grande Bretagne a été le Trésor de Cunetio, près de 55000 pièces trouvées près de Mildenhall, Wiltshire en 1978.

Les pièces après un léger travail de conservation ( The Trustees of the British Museum)

Le Royal Albert Memorial Museum & Art Gallery à Exeter espère rassembler l'argent pour acheter la collection et a appelé au don public.
Le trésor est en cours d'évaluation mais un expert estime qu'il ne vaudrait pas moins de 100000 livres. Paradoxalement, ces pièces n'avaient pas particulièrement de valeur à l'époque; les experts estiment qu'il y en avait pour environ 4 pièces d'or, soit l'équivalent d'un salaire de deux ans.

L'une des pièces est particulière: appelée "nummus", elle a été frappé par Constantin le Grand pour célébrer l'inauguration de la nouvelle ville de Constantinople, aujourd'hui Istanbul.

Cela marque la millionième découverte du Portable Antiquities Sheme, mis en place en 1997; cet organisme avait pour but d'enregistrer toutes les découvertes faites par le public. Il avait été mis en place pour garder une trace des toutes les découvertes faites par les détectoristes et les amateurs et servir de ressource pour les chercheurs étudiants les objets historiques.

 (The Trustees of the British Museum)

Depuis 1997, un total de 500 trésors de pièces Romaines ont été découverts à travers le pays.

Le British Museum rapporte que ces découvertes ont aidé à révolutionner la compréhension de batailles comme celle de Naseby en 1645 et la Bataille de Bosworth en 1485. La découverte d'un badge vermeil en forme de sanglier avait aidé à localiser l'endroit où mourut Richard III.


Des détectoristes à succès.

Voici quelques unes des découvertes les plus marquants faites par les détectoristes en Angleterre ces dernières années:

Le Trésor de Staffordshire: Terry Herbet découvre le plus grand magot d'or et d'argent Anglo-Saxon, datant du 7ème siècle, avec son détecteur de métaux en 2009. Il s'agissait de plus de 3500 objets, presque exclusivement pour l'équipement de guerre.

Le Trésor de Frome: une collection de 52500 pièces en argent et alliage de cuivre découverte dans un pot en argile par Dave Crisp en 2010. Ces pièces dataient du règne de Carausius.

Le Trésor de Vale of York: David Whelan et son fils Andrew découvrent ce trésor Viking dans un champ. Ce sont 617 pièces en argent du 10ème siècle ainsi que d'autres objets.

Le Trésor de Boughton Malherbe: un des plus grands magots de l'Âge du Bronze découvert dans le Kent en 2011. Les 346 artéfacts, datant de 800 avant JC, ont été découverts par deux amis, Wayne Coomber et Nick Hales.

Merci à Hugo pour l'info !
Source:

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7.15.2015

Un ancien moule à miroir découvert au Japon

Un fragment d'un ancien moule servant à faire des miroirs, trouvé à Kasuga, est antérieur de près de 200 ans à tous les artéfacts liés à la production de miroir au Japon.

Le fragment d'un moule pour couler les miroirs Tachukyo, découvert à Kasuga dans la préfecture de Fukuoka. Credit: Shunsuke Nakamura

Le fragment de moule daterait de 200 avant JC et a été découvert lors d'une fouille archéologique des ruines de Sugu Takauta à Kasuga.

Le moule était apparemment utilisé pour produite des miroirs en bronze, appelés Tachukyo, au cours de la période Yayoi entre 300 avant JC et 300 après JC.

La découvert renverse la vision largement acceptée que ces types de miroirs étaient importés de la péninsule Coréenne et suggère que la production des miroirs a eu lieu plus tôt au Japon, lorsque la culture des outils en métaux est arrivée.

On supposait que les premiers miroirs produits au Japon étaient les Kogata Boseikyo qui imitaient les miroirs chinois. Mais le moule est antérieur de 150 à 200 ans...

Ce fragment de moule est fait en talc et mesure 5,1cm de longueur et fait 2,5cm de largeur et 2,3cm d'épaisseur. Il pèse 39 grammes et à des échancrures pour créer des boutons, à l'arrière du miroir, ainsi que des lignes droites et courbes.

S'il était intact, le moule aurait été circulaire avec un diamètre de 15cm.

La partie grisée correspond au fragment du moule découvert. Credit Kasuga Board of Education

Les miroirs Tachukyo, caractérisés par deux boutons ou plus à l'arrière, étaient couramment produits dans la péninsule coréenne et le nord-est de la Chine.

Douze exemple de miroirs de type Tachu Saimonkyo, datant du 4ème au 2ème siècle avant JC, ont été trouvés dans les régions de Kyushu et de Kansai ainsi que dans la préfecture de Yamaguchi.

Ils ont principalement été découverts dans des tombes de personnages puissant au cours de cette période.

Il a été noté que les motifs sur le fragment de moule sont plus rugueux que ceux des miroirs Tachu Saimonkyo et ressemblent aux marques d'une autre variante, le Tachu Somonkyo. Pourtant, le moule est d'une période plus tardive que le Tachu Somonkyo, qui était fabriqué entre le 8éme et 4ème siècle avant JC. De plus, certains de ses motifs sont différents des dessins trouvés sur les miroirs en bronze jusqu'ici.

Le conseil d'éducation en a conclu que le moule était une tentative de produire un Tachu Saimonkyo au Japon. Ils ont utilisé d'autres moules en bronze et des poteries de ces mêmes ruines pour en arriver à cette conclusion.

"Cela ajoute un nouveau chapitre dans la découverte de la situation des anciens outils en bronze au Japon" ajoute Junichi Takesue, professeur d'archéologie à l'Université Fukuoka.

Les ruines de Sugu Takauta sont localisées dans la zone centrale de Nakoku, un royaume du Japon qui avait reçu un sceau en or de l'empereur de Chine, comme mentionné dans le "Gishiwajinden" (biographie du peuple Wa) de la chronique de "Wei Zhi", livre officiel de la Dynastie Wei.

Nakoku est connu pour avoir prospéré grâce à la production de bronze.

Source:

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7.13.2015

Un message caché dans une tombe vieille de 18700 ans

Des archéologues ont découvert un indice important sur le site funéraire de la mystérieuse "Dame Rouge d'El Miron". La tombe, située dans le nord de l'Espagne, remonte à environ 18700 ans et déconcerte les historiens depuis l'annonce de sa découverte.

Les restes de la Dame Rouge ont été trouvés dans la grotte El Miron en Espagne. La datation au radiocarbone suggère qu'elle a été enterrée il y a 18700 ans. Lorsque ses restes ont été mis au jour, ils se trouvaient près d'une matière rouge, en fait de l'ocre provenant de cristaux d'hématite.

Les restes de la femme se trouvent près d'un bloc teinté d'ocre rouge, et elle a été enterrée avec des fleurs.
L'ocre rouge teinte aussi certains de ses restes. De plus, la grotte où elle a été inhumée contient des milliers d'artéfacts en pierre et des ossements d'animaux.

Les historiens savaient que le site était important car il s'agit du premier site funéraire du Magdalénien découvert dans la Péninsule Ibérique, mais ils ne savaient pas comment interpréter le site.

La période Magdalénienne commence il y a 19000 ans jusqu'à 11000 avant notre ère, et les chercheurs estiment que la femme était âgée entre 35 et 40 ans lorsqu'elle est morte.

Source: Wikipédia

Les archéologues fouillant la grotte ont découvert un bloc de calcaire qui pourrait être la pierre tombale de cette femme. Le bloc comporte une gravure triangulaire, qui pourrait représenter l'os pubien féminin.

Ces découvertes ont été décrites en mars dernier dans le Journal of Archaeological Science. "Les lignes semblent être faites au hasard, mai il y a un motif en forme de triangle (des lignes répétées formant un V)" explique Lawrence Guy Straus, archéologue à l'Université de New Mexico et directeur des fouilles, "ce qui est représenté, au moins par quelques unes de ces lignes, pourrait être une femme. En théorie, ce bloc est une sorte de marqueur".

L'équipe espère que la pierre tombale apportera plus d'explications sur ce site funéraire élaboré. Cela pourrait aider les historiens à mieux comprendre les rites funéraires des cultures du Paléolithique.

Vous trouverez un article plus complet sur le site Hominidés: La Dame Rouge (Red Lady) livre des secrets magdaléniens. Deux études sur la sépulture de la grotte d’El Mirón (Espagne) nous en apprennent un peu plus sur la vie et la mort des Magdaléniens


La grotte El Miron, Espagne

Source:

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7.11.2015

Concours Européen: "Votre archéologie – Votre regard"



"Votre archéologie – Votre regard" est un concours individuel d’expression libre à travers la photographie, le dessin, la vidéo, du regard que vous portez sur l’archéologie et le patrimoine archéologique.

Ce concours est ouvert à tous les citoyens européens, adultes et enfants, et est organisé par l’Institut des biens artistiques, culturels et naturels de la région Emilie-Romagne (Italie), dans le cadre du projet NEARCH, coordonné par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (www.inrap.fr).

Un voyage à Rome ou Athènes récompensera les lauréats.


Pour participer, il vous suffit d’envoyer vos œuvres avant le 23 août 2015 à l’adresse callNEARCH@regione.emilia-romagna.it, accompagnées du formulaire d’inscription et suivant ces conditions.

Si vous avez une question, utilisez cette adresse: nearch@inrap.fr

Le projet NEARCH:
Au cours des vingt-cinq dernières années, l’archéologie et les métiers de la gestion du patrimoine culturel ont connu des développements scientifiques et professionnels majeurs. Piloté par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), le projet NEARCH, financé pour moitié par la Commission européenne pour une durée de 5 ans (2013-2018) dans le cadre du programme Culture, est un réseau européen de coopération regroupant 14 partenaires de 10 pays désireux d’explorer ces changements et leurs conséquences.
NEARCH vise plus particulièrement à examiner les différentes dimensions de la relation des publics à l’archéologie. Il s’agit de proposer de nouvelles façons de travailler et de collaborer à une profession fortement soumise aux aléas économiques et socio-politiques contemporains.

Une momie recouverte de cuivre mise au jour dans la péninsule de Yamal


Des restes humains, non encore étudiés, ont été découverts enveloppés dans de l’écorce de bouleau; et il est probable que ce "cocon" contenait du cuivre qui, combiné avec le pergélisol, a entrainé une momification accidentelle.

Les archéologues travaillant sur le site, près de Salekhard, ont dit que les restes sont ceux d'un enfant ou adolescent du 12ème ou 13ème siècle après JC.

Les archéologues travaillant sur le site près de Salekhard supposent que les restes sont ceux d'un enfant ou d'un adolescent du 12ème ou 13ème siècle après JC. Image: Vesti.Yamal

Cette nouvelle découverte correspond à d'autres qui ont été faites à Zeleny Yar. Le corps appartient à une mystérieuse société médiévale, dont des liens ont été constatés avec la Perse malgré sa situation sur les bords de l'Arctique Sibérien.

Si cela est confirmé, ce sera la première momie trouvée sur ce site depuis 2002.

Chercheur du Centre de Recherche pour l'Etude de l'Arctique, Alexander Gusey, explique: "Nous avons décidé, après avoir consulté les collègues, d'extraire la découverte en une seule pièce, c'est-à-dire sans l'ouvrir sur le site afin d'approfondir les recherches en ville".

 Avec un détecteur de métaux, ils ont vu qu'il y avait bien du métal sous l'écorce de bouleau.  Le "cocon" d'écorce de bouleau fait 1,30m de long et environ 30cm dans sa partie la plus large.

"Cela suit les contours du corps humain. Si c'est vraiment une momie, la tête et le squelette devraient être en bonne condition. Nous pensons que c'est un enfant, peut-être un adolescent. La découverte est maintenant à Salekhard dans le musée Shemanovsky dans un frigo spécial. Nous retournerons à Salekhard en juillet afin d'ouvrir le "cocon" ".

L'anthropologue Evgeniya Syatova fera partie de ceux qui examinerons cette découverte. Les experts espèrent que cela apportera des informations sur cette société et ses origines.

"La momification a été naturelle" dit Mr Gusev, "cela a été une combinaison de plusieurs facteurs:  le corps tait recouvert de feuilles de cuivres, des morceaux de récipient en cuivre et, avec le pergélisol, cela a créé cet effet de préservation".

Auparavant, les archéologues ont découvert 34 tombes peu profondes sur ce site médiéval, comprenant 11 corps avec des crânes manquants ou brisés et des squelettes écrasés.

Cinq momies avaient été trouvées recouvertes de cuivre, mais aussi de fourrure de renne, de castor, de carcajou ou d'ours.

Parmi les tombes trouvées jusqu'ici il n'y avait qu'une seule femme, une enfant, son visage était fait de plaques de cuivre.


Un homme aux cheveux rouges avait déjà été découvert, protégé par des plaques en cuivre de la poitrine aux pieds. Un autre avait un masque de cuivre. Photos: Kate Baklitskaya

Aucune femme adulte.

Non loin, ont été trouvées trois momies d'enfants avec un masque en cuivre, tous des garçons. Ils étaient maintenus par quatre ou cinq cercles en cuivre de plusieurs centimètres d'épaisseur.

Un homme aux cheveux rouges a aussi été trouvé, il était couvert de plaques de cuivre des pieds jusqu'à la poitrine. Dans son lieu de repos, il y avait une hachette en fer, une boucle de ceinture en bronze en forme d'ours.

Les artéfacts découverts comprennent des bols en bronze originaires de Perse, à 6000 km au sud-ouest, datant du 10ème ou 11ème siècle.

Une des tombes date de 1282, d'après l'analyse des anneaux de croissance des arbres. D'autres pourraient être plus anciennes.

Les chercheurs ont découvert près de l'une des momies adultes un couteau de combat en fer, un médaillon en fer et une figurine en forme d'oiseau en bronze. Ils remonteraient entre le 7ème et 9ème siècle.
 Contrairement à d'autres sites funéraires en Sibérie, par exemple dans le pergélisol des montagnes de l'Altaï, ou ceux des pharaons Egyptiens, le but ne semblait pas de momifier les restes, et leur bon état de conservation serait donc accidentel.

Le sol dans cet endroit est sablonneux et n'est pas gelé en permanence. Une combinaison de l'utilisation du cuivre, qui empêche l'oxydation, et une chute des températures au 14ème siècle, explique le bon état des restes aujourd'hui.

Natalia Fyodorova, de la section Oural de l'Académie des Sciences Russes, explique que "dans un aucun autre endroit au monde il n'y a autant de restes momifiés provenant de pergélisols ou de marais. C'est un site archéologique unique. Nous sommes pionniers dans tout les objets provenant des sols sablonneux et espérons approfondir nos recherches".

En 2002, les archéologues avaient dû arrêter leur travail sur le site en raisons des objections des habitants locaux de la péninsule Yamal, un pays de rennes, riche en énergies et appelé "le bout du monde".
Merci à Quentin pour l'info !

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7.03.2015

Etat-Unis: Cahokia était une cité étonnamment diversifiée

Qu'ils soient morts de causes naturelles ou pour des offrandes sacrificielles, les habitants de la plus grande ville préhistorique d'Amérique, Cahokia, étaient très diversifiés.

Il y avait au moins un tiers de la population qui venait de communautés situées à des centaines de kilomètres, selon une nouvelle étude des anciennes tombes de la ville.

L'analyse des restes des fosses communes, comme le Monticule 72, a révélé à peu près le même rapport de Cahokiens et d'immigrants (Photo: St. Louis Community College)

Surnommée par les archéologues, Cahokia, la cité se situait près de la ville actuelle de St Louis, dans la bande de plaine inondable du fleuve Mississippi appelée "American Bottom".

A son apogée, il y a 900 ans, c'était la métropole d'une civilisation tentaculaire, dont l'influence sociale, économique et religieuse allait de la région des Grands Lac au Golfe du Mexique.

Au milieu du 12ème siècle, les archéologues estiment que Cahokia et ses villages périphériques n'abritaient pas moins de 50000 personnes, vivant dans des habitats faits de chaume et de poteaux et regroupés autour de places. Des monticules de terre, sur lesquels étaient construits des bâtiments cérémoniels, parsemaient le paysage.

La dynamique culturelle d'une société aussi grande et complexe pose de nombreuses questions aux archéologues, comme les relations qu'il pouvait y avoir entre le noyau urbain de Cahokia et ses communautés éloignées.

Et puis il y a les fosses communes de la ville: des dizaines de tombes ont été découvertes dans et autour de Cahokia. Certaines contenaient des corps soigneusement disposés en lignes, d'autres ne recelaient que quelques riches ornements.

Au moins une inhumation a été trouvée avec les restes de plus de 5 personnes, la plupart étant des jeunes femmes, victimes semble-t-il d'un sacrifice rituel.

Pour mieux comprendre cette culture, Philip Slater, doctorant à l'Université de l'Illinois, et ses collègues ont entrepris d'étudier les morts de Cahokia sous l'angle de la chimie, dans l'idée de déterminer d'où ils provenaient: "Notre premier objectif de recherche était d'examiner la répartition des habitants de Cahokia provenant des régions extérieures à l' "American Bottom" " explique Slater, "les chercheurs ont longuement débattu sur l'origine de l'importante population estimée de Cahokia, certains plaidant pour une fusion des communautés locales déjà présentes, et d'autres pour un afflux de nouvelles personnes provenant de régions éloignées comme la Côte du Golfe ou la régions des Grands Lacs."

"Alors que certains spécialistes estiment que Cahokia n'a pu avoir une population aussi massive qu'avec un afflux constant d'immigrants, ajoute Slater, des preuves empiriques directes pour supporter cette théorie n'avaient pas été trouvées jusqu'à présent".

C'est dans les dents humaines, provenant de différentes tombes de Cahokia, que l'équipe de Slater a trouvé les preuves. Les dents provenaient aussi bien d'individus morts de cause naturelle que des fosses communes inhabituelles du monticule 72.

A travers l'analyse, les chercheurs ont pu découvrir où les gens enterrés dans la cité étaient nés, où ils avaient grandi et où ils avaient passé leur vie adulte.

Pour ce faire, l'équipe de Slater a utilisé la méthode d'analyse des isotopes du strontium. Le strontium est un élément que l'on retrouve aussi bien dans le sol que dans les plantes et les tissus animaux, avec différentes variations, ou isotopes, dont les ratios sont uniques à chaque région.

Lorsque les hommes mangent des plantes, ou que des animaux mangent des plantes, la signature du niveau de strontium de la région est stockée dans leurs dents et leurs os. De plus, les dents se formant avec l'âge, les scientifiques peuvent les utiliser pour cartographier efficacement les allées et venues d'une personne tout au long de sa vie.

Les dents qui se forment pendant l'enfance, par exemple, comme les premières molaires permanentes, révèleront le lieu de naissance d'une personne, alors que celles qui se forment au début de l'adolescence, comme les troisièmes molaires, porteront les traces chimiques de leur habitat pendant leur adolescence.

A l'aide de cette technique, l'équipe de Slater a analysé 133 dents de 87 personnes, trouvées dans 13 contextes funéraires différents sur le site. Les résultats ont montré que 38 dents, soit 29% environ, avaient des ratios de strontium provenant de l'extérieur du rayonnement local; ces personnes étaient donc nées et avant grandies ailleurs avant de migrer vers Cahokia une fois adultes.

"Le plus significatifs, dans nos découvertes, est le fait que la population de Cahokia provienne de différents endroits, aussi bien de la plaine du Mississippi que de plus loin" rapporte Slater. De plus, cette diversité se retrouvait aussi dans les fosses communes de la ville, avec des variations cependant.

Parmi les échantillons de la fosse commune du Monticule 72, par exemple, environ 21%, soit 7 sur 33 individus analysés se sont révélés être des immigrants, un peu moins que dans le reste de la population analysée.
Les résultats ont été plus surprenants sur la fosse commune la plus connue, avec plus de 50 victimes apparemment sacrifiées. Seulement 2 des 17 échantillons proviennent de Cahokiens de souche. D'après Slater, "les interprétations initiales de cette fosse suggéraient que ces individus représentaient un tribu de localités voisines. Étaient-ils venus ou "offert" volontairement ? Dans quels buts ces gens étaient sacrifiés ? Ce sont des questions qui se posent au fur et à mesure que nous avançons dans ce projet de recherche."

Vue d'artiste du centre de Cahokia aux alentours de 1150  (Cahokia Mounds Museum Society/Art Grossman)

La signification de la découverte d'une majorité de Cahokiens dans les fosses communes de la ville était "une question que nous nous sommes toujours posée. Le fait que des individus locaux et non locaux, hommes et femmes dans les mêmes proportions, se retrouvent dans plusieurs contextes signifie qu'ils faisaient partie intégrante de la communauté" ajoute Slater, "en se basant sur les différents contextes funéraires que nous avons échantillonnés, il ne semble pas que des individus non locaux aient été traités comme des étrangers lorsqu'ils sont morts"

Un autre résultat surprenant dans l'étude du monticule funéraire, vient d'une femme trouvée sous un homme dont les restes étaient ornés d'une somptueuse couverture fabriquée à partir de perles de coquillage. Dans ce cas, les plus anciennes dents de la femme, celles qui se sont formées au cours de son enfance, avaient des niveaux de strontium correspondant à l'environnement de Cahokia. Mais ses dents adultes montrent qu'elle a passé ses dernières années ailleurs, avant d'être enterrée sur sa terre native.

"Peut-être que cette personne est née à Cahokia mais elle a été emmenée ailleurs avant de revenir à la fin de son adolescence ou au cours de sa vie adulte" suppose Slater, "cela confirme des liens entre des communautés éloignées, peut-être à travers le mariage".

Cependant, Slater et son équipe soulignent que l'objectif de l'étude n'était pas de spéculer sur la démographie des fosses communes de Cahokia, même si elles contenaient des victimes sacrificielles ou des élites locales. Au contraire, c'était pour mieux comprendre les dynamiques de la population de l'une des cités les plus curieuses de l'Amérique du Nord.

Cahokia était composée d'un mélange homogène de personnes différentes qui se sont côtoyées. Cela a dû entrainer la gestion de différents systèmes culturels, sociaux, politique et familiaux; et cela a dû contribuer à l'énorme diversité sociale et matérielle du site dans son ensemble.

Relecture par Marion Juglin
Source:

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6.30.2015

Les archéologues découvrent une mystérieuse citadelle Maya

Cela fait trente ans que l'archéologue Anabel Ford explore et étudie l'ancien site Maya d'El Pilar.

Et c'est la première fois qu'elle trouve quelque chose ressemblant à une "citadelle": "nous avons découvert un composant complètement nouveau dans ce grand site qui ne correspond pas aux attentes habituelles" dit-elle, "cela n'a rien en commun avec les centres Mayas de la période Classique: pas de place ouverte, pas d'orientation de la structure sur les points cardinaux, et, curieusement, pas de lien évident avec le grand site de la période Classique d'El Pilar, à un peu plus de 600 mètres de là."

Image LiDAR montrant la "Citadelle" récemment découverte à l'Est des principaux temples d'El Pilar. Image: BRASS/El PilarEl Pilar.

Ce que Ford décrit est une construction invisible, ou ensemble de constructions d'un complexe, qui a récemment été trouvé à l'aide de la télédétection par laser, le LiDAR; dans ce cas le laser était utilisé depuis un hélicoptère pour pénétrer l'épaisse végétation. C'est une façon de voir "à  travers" la forêt  les choses invisibles à l’œil nu.

Le LiDAR a permis de produire une remarquable carte d'El Pilar, révélant une architecture Maya non visible ainsi que d'autres éléments de constructions.

Ce nouvel ensemble de structures, cependant, est quelque chose de nouveau. Il a été qualifié de "Citadelle", en raison de sa localisation, au sommet d'une crête, et de ce qui ressemble à des fortifications. Il contient des terrasses concentriques ainsi que quatre "temples", chacun haut de trois à quatre mètres.

Image LiDAR montrant la zone centrale d'El Pilar (tout à droite la "Citadelle). Image: BRASS/El Pilar

Contrairement aux autres ensembles de structures, cela semble, par son emplacement, avoir été isolé du reste d'El Pilar. "Le complexe s'étire du sud vers le nord sur presque un kilomètre de terrain (...)" ajoute Ford, "cet énorme complexe est un mystère. Quelle est son origine ? Quand a-t-il été construit ? Comment était-il utilisé ? Pourquoi était-il isolé ?"


Un retour sur le terrain pour trouver des réponses.

Dans sa quête de réponses, Ford retournera sur le site cette année, cette fois pour faire des fouilles et vérifications sur le terrain. Cela comprendra des fouilles préliminaires pour rassembler des informations sur la nature et l'utilisation des constructions et des terrasses.
"Beaucoup de questionnements peuvent être résolu dans le contexte en identifiant les dates de construction" dit Ford, "mais cela requiert l'identification  des étapes de la construction, le rassemblement d'artéfacts en céramique pour diagnostic contextuel, et des datations d'échantillons au carbone 14".

Ford suppose que la Citadelle, si c'est un site de la période Classique, a pu être construite et utilisée pour des objectifs séparés du site El Pilar non loin de là. Mais elle suggère deux autres possibilités: cela peut être un site plus ancien, Préclassique (antérieur à 250 avant l'Ere Commune), avant que l'organisation des constructions sur des places ne devienne un standard au cours de la période Classique.
Ou bien, il peut s'agir d'une construction plus tardive, de la période Postclassique (après 1200 de l'Ere Commune) lorsque les positions défensives étaient habituelles.

Cela pourrait expliquer l'importance des terrasses et la hauteur, sur une crête. "Ces hypothèses peuvent être testées en une seule saison de fouilles et nous pourrons avoir l'essentiel des datations. La fonction du site et de ses terrasses et temples associés ne pourra pas être clarifiée en une seule saison; cependant, il ne fait aucun doute que nous aurons une meilleur compréhension du site après ces investigations," estime Ford.

Réparti sur une ligne imaginaire entre l'ouest du Belize et le nord-est du Guatemala, El Pilar est considéré comme étant le plus grand site dans la région de la rivière Belize, avec plus de 25 places et des centaines d'autres structures, le tout couvrant environ 48 hectares.

Les constructions monumentales à El Pilar ont commencé au Préclassique Moyen, aux alentours de 800 avant l'Ere Commune, et à son apogée, des siècles plus tard, la cité comptait plus de 20,000 habitants.

Comme ci-dessus, la plupart des structures d'El Pilar sont restées en l'état; c'est une stratégie pour conserver ses restes. Photo: BRASS/El Pilar Program 

Ford, qui est directrice du programme Brass/El Pilar au Centre de Recherche Mésoaméricain de l'Université de Californie, Santa Barbara, a choisi une approche non invasive pour étudier le site. La plupart des structures d'El Pilar sont ainsi restées en l'état.

Relecture par Marion Juglin
Source:

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