9.14.2015

Des tombes en forme de pyramide datées grâce au corail en Micronésie

Le Dr Zoe Richards, du Western Australian Museum, a utilisé le corail, utilisé dans trois tombes sacrées pyramidales, sur un île micronésienne, pour dater leur construction. Elles remontent ainsi au 14ème siècle, soit 300 plus tôt que ce que l'on pensait auparavant.

Le Dr Zoe Richards examine des coraux utilisés pour construire une tombe royale à Leluh. Image: John-Paul Hobbs

Le Dr Richards et une équipe internationale de scientifiques ont étudié l'âge des coraux utilisés dans la construction de tombes sacrées, pour des personnes de la royauté, dans l'ile du Pacifique Kosrae.

"La plupart des anciennes tombes sont faites de composants durs et non-vivants comme le granite, le calcaire ou l'argile; mais les ruines de l'ancienne cité de Leluh à Kosrae contiennent plusieurs tombes royales qui, elles seules, contiennent des coraux dans leur construction" rapporte le Dr Richards, "comme le corail est un organisme vivant, nous avons pu utiliser des techniques de datation thermique de haute précision afin de déterminer l'âge des coraux et de montrer que les tombes ont été construites dans les années 1300, la première étant de 1310 environ".

Contrairement aux autres célèbres structures mortuaires pyramidales qui ont un sommet et sont scellées de façon permanente, les tombes de Leluh sont tronquées. Elles ont une base rectangulaire qui s’élève en forme de pyramide sans avoir de sommet pointu. Cela signifie que la crypte centrale est accessible depuis le haut.

Photos: Jean-Paul Hobbs.

Une étape transitoire

D'après le Dr Richards, les tombes de Leluh étaient utilisées comme des lieux de traitement temporaires pour les rois décédés et les personnes de haut rang. C'était un endroit où le corps, oint avec de l'huile de noix de coco, roulé dans un tapis et lié avec des cordes colorées, était inhumé jusqu'à trois mois. 

Une maison devait être érigée au sommet où les hauts fonctionnaires devaient faire des offrandes. Après cette période de deuil, les ossements royaux étaient exhumés, nettoyés, reliés et enfin enterrés dans un trou profond sur un récif à proximité.

"La détermination de l'âge du corail, en plus de dater les tombes avec plus de précision, a permis d'obtenir des informations sur ce qui était autrefois une capitale en plein essor," ajoute Richards.


Une société hiérarchique complexe.

"A son apogée, Leluh était une société hiérarchique complexe abritant 1500 personnes. L'utilisation extensive du corail dans les tombes (plus de 12.000 colonies de coraux), ainsi que l'ensemble de la cité devaient exiger un ordre social très structuré afin d'organiser un soutien logistique important de la part de la population locale."

D'après la légende, le corail était pris sur le récif peu profond des environs et les gens formaient "une longue chaîne à travers le récif et se passaient le corail de main en main". L'ancienne ville de Leluh est tombée en ruines au 19ème siècle suite à un typhon dévastateur, mais aussi en raison de l'augmentation des bateaux étrangers, pirates et commerçants, et d'un rapide déclin de la population du aux maladies introduites par les étrangers.

Article scientifique ce cette étude: New precise dates for the ancient and sacred coral pyramidal tombs of Leluh (Kosrae, Micronesia)


Source:

9.10.2015

La photogrammétrie, nouvel outil archéologique

MAJ 27/09/17

La cartographie des sites archéologiques en cours de fouille prend beaucoup de temps et demande beaucoup de mesures, de photographies, de dessins et de prises de notes.

Aujourd'hui, tout ce travail peut être réalisé grâce à la photogrammétrie. Il s'agit d'une méthode qui utilise des images en deux dimensions d'une découverte archéologique pour construire un modèle 3D.

La photogrammétrie, nouvel outil archéologique
Modèle 3D d'un umbo d'un bouclier trouvé dans une tombe Viking à Skaun. Credit: NTNU University Museum

Il n'y a pas besoin de lunettes spéciales ou d'équipement avancé pour utiliser cette technique. Avec les mesures précises du site, la photogrammétrie permet de créer une carte complète et détaillée d'un site archéologique en cours de fouille.

"C'est encore une toute nouvelle technique" rapportent les archéologues Raymond Sauvage et Fredrik Skoglund du NTNU University Museum. La photogrammétrie est en de nombreux points plus précise que les anciennes méthodes qui de plus prennent beaucoup de temps.

Elle est déjà mise à profit par les archéologues, comme on a pu le voir dans un article que j'ai publié récemment:  Une nouvelle méthode pour documenter les épaves.


Lorsqu'une tombe supposée Viking a été trouvée en 2014 à Skaun dans le comté de Sør-Trøndelag, en Norvège, le site en cours de fouille a été cartographié à l'aide de la photogrammétrie.

La façon dont les artéfacts sont trouvés, à la profondeur à laquelle ils sont enterrés et où ils ont été placés les uns par rapport aux autres peut apporter de nombreuses informations aux archéologues étudiant le site.

La photogrammétrie rend aussi plus facile le partage des découvertes avec d'autres spécialistes:  les modèles 3D qui sont produits peuvent être enregistrés en format PDF, et donc peuvent être facilement envoyés aux collègues.

Si vous avez un ordinateur suffisamment puissant, vous pouvez télécharger ce document PDF concernant le site archéologique Viking pour vous avoir un aperçu: https://ntnu.box.com/shared/static/51nxbf6fi269suwklzi574za62j3eric.pdf
C'est une version en basse résolution, mais vous pouvez déjà vous faire une bonne idée de ce que cela peut donner. Il est possible de zoomer, changer d'angle de vue, etc...


Du temps gagné grâce à cette technique

Une société russe a développé le programme qu'utilisent ces deux archéologues au musée. Il est facile à utiliser et donne de bons résultats.

Le développement et l'utilisation de la photogrammétrie ont explosé ces dernières années. Cela apporte le genre de détail et de qualité dont on pouvait seulement rêver il y a quelques années.

Même si la méthode demande du travail, elle fait gagner beaucoup de temps. "En un jour, on peut obtenir 3 millions de points de mesure. Avant, on était satisfait avec 3000" précise Skoglund ... et ces 3000 points pouvaient demander beaucoup de temps.

Du coup, cela libère beaucoup de temps, et l'on peut passer plus de temps sur la recherche par exemple..


Des résultats similaires ont été obtenus par le passé avec des équipements laser et une ancienne version du programme de photogrammétrie. Mais cela revenait très cher et prenait beaucoup de temps et de ressources.
Le nouveau logiciel ne coûte que quelques milliers de couronnes (quelques centaines d'Euros) ce qui signifie qu'il est beaucoup plus accessible.

Avec un logiciel de photogrammétrie, et un simple appareil photo, trois ou quatre images de différents angles de vue sont suffisants pour faire un simple modèle 3D.  "Plus il y a d'images, plus la qualité est meilleure" ajoute Sauvage.


Il est aussi possible d'utiliser des images d'anciennes découvertes et de construire un modèle 3D. Par exemple, on peut faire un modèle à partir des photos de précédentes fouilles de tombes Viking, et de l'utiliser pour voir comment le site de fouille a évolué avec le temps.

Skoglund, archéologue marin, a essayé cette méthode avec le bateau hollandais "De Grawe Adler" (l'Aigle Gris) qui a coulé en 1696 à Hustadvika. Il a été découvert en 1982 lorsque le dragage de sable commençait à détruire des parties du navire.
"J'ai nagé tout le long de l'épave il y a quelques années tout en prenant des photos" explique Skoglund. C'était sans penser à la possibilité de faire un modèle 3D du bateau. Le fait que les photos avaient été prises sous l'eau a un peu compliqué la tâche lorsqu'il a fallu les rassembler, mais sans être impossible.

Et voici ce que cela a donné:
Modélisatin de l'épave "De Grawe Adler".  Photo: Credit: University Museum

 Lorsque les résultats son suffisamment précis, ils peuvent être utilisés pour contrôler la décomposition du navire. Les découvertes faites sous l'eau ont tendance à être particulièrement fragiles, et la décomposition peut être difficile à voir. On plonge toutes les quelques années pour vérifier que tout va bien.

Avec cette nouvelle méthode, la décomposition peut être mesurée de manière plus précise, et du coup, des mesures appropriées de protection peuvent être mises en place.


Les développements futurs de la photogrammétrie

La prochaine étape serait de pouvoir mettre une paire de lunettes 3D et de marcher virtuellement dans un site de fouille; mais cela ne se fera pas avant quelques années.

Il y a un défi cependant: il faut pouvoir stocker les mesures numériquement d'une manière qui sera utile pour les générations à venir.
Les archéologues d'aujourd'hui travaillent avec des notes et des prises de mesures sur les fouilles qui peuvent être utilisées pendant des centaines d'années... Une photo prise il y a 100 ans et toujours valable aujourd'hui. Alors que personne ne sait si un fichier PDF sera toujours utilisé en 2115.

Cela est un défi pour toutes les informations stockées numériquement.

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9.08.2015

Un immense et mystérieux monument préhistorique découvert près de Stonehenge

MAJ 03/01/16
Les scientifiques ont découvert une rangée d'au moins 90 immenses pierres sous l'immense enceinte néolithique Durrington Walls. Je publiais l'année dernière un article sur Stonehenge où une nouvelle cartographie numérique révélait de nouveaux monuments jusque-là inconnus. On s'attendait à une telle découverte, mais pas aussi impressionnante...

La carte publiée l'année dernière concernant les nouveaux monuments (points rouges) découverts sous le sol. En haut à droite, Durrington Walls. Image: University of Birmingham/The Stonehenge Hidden Landscape Project

Ce nouveau monument en pierre pourrait être une sorte de site rituel néolithique.

Cet ancien site est enterré à seulement 3km de Stonehenge et se composait d'au moins 90 grandes pierres. Il faisait partie de l'encadrement de Durrington Walls aussi appelé "Superhenge" outre-manche.

Les pierres, dont certaines mesurent jusqu'à 4.5 mètres, sont les plus grandes jamais découvertes. "Ce que nous commençons à voir, c'est le plus grand monument en pierre existant, préservé sous un talus, jamais découvert en Grande-Bretagne et peut-être en Europe" estime Vince Gaffner, archéologue de l'Université de Bradford et chef du Stonehenge Hidden Landscapes Project"

La rangée de pierres souterraines a été découverte dans le cadre du Stonehenge Hidden Landscapes Project, un projet de cinq ans qui cherche à créer une carte souterraine des environs.

Reconstitution 3D du monument:


Les chercheurs, grâce au radar à pénétration de sol et à l'imagerie géophysique, ont révélé la présence de ces pierres sans avoir à faire de fouilles. "Les données de notre radar à pénétration de sol haute résolution ont révélé une impressionnante rangée d'au moins 90 pierres levées, dont un certain nombre ont survécu après avoir été couchée et enterrée sous un talus" rapporte Wolfgang Neubauer, directeur du Ludwig Boltzmann Institute for Archaeological Prospection and Virtual Archaeology.

Ces pierres auraient été installées il y a 4500 ans ou plus. D'après Neubauer, 30 pierres sont restées intactes, tandis que d'autres sont fragmentaires. La découverte du monument en pierre souterrain apporte de nouvelles questions sur Stonehenge et sur ceux qui l'on construit.

"L'ampleur extraordinaire, le détail et la nouveauté des éléments produits par le Stonehenge Hidden Landscapes Project, dont les nouvelles découvertes à Durrington Walls ne sont qu'un exemple, change fondamentalement notre compréhension de Stonehenge et du monde qui gravite autour" rapporte Paul Garwood, archéologue à l'Université de Birmingham, "tout ce qui a été écrit avant sur le paysage de Stonehenge et ses anciens monuments doit être revu"...

Relecture par Marion Juglin
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Mise à jour 03/01/16:

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9.07.2015

La mystérieuse pierre gravée de Leicester

Une lourde pierre gravée avec un mystérieux motif qui pourrait être une écriture a été découverte dans un jardin de Leicester, en Angleterre.

James Balme a découvert cette pierre sculptée dans un jardin de Leicester. Credit: James Balme

La sculpture pesante était à vendre comme ornement de jardin lorsque l'archéologue et présentateur TV, James Balme, l'a découvert. L'objet, qui était très sale, pourrait avoir été mis au jour par le labour il y a quelques années.

Malgré le mauvais état des gravures, il a pensé que ce n'était pas une décoration ordinaire; aussi, il l'a acheté et nettoyé soigneusement. Quand il eut terminé sa conservation, Balme vit une pierre gravée d'un motif très complexe, difficile à décrire.

Il est possible que "ce motif soit une forme d'écriture" a supposé Balme. L'utilisation de la pierre est inconnue, bien qu'elle pouvait être "une clé de voûte d'une arche ou même d'un plafond voûté".

La sculpture, qui pèse entre 25 et 30kg, est faite en une variété de grès dur. Elle est large à sa base et se rétrécie vers le haut. Elle mesure 46cm de haut et 14cm d'épaisseur.

Ses décorations se trouvent uniquement sur la face avant "bien qu'il y ait des marques de burin sur les côtés et l'arrière."




 Credit: James Balme 

La date de la sculpture est incertaine. Balme suppose qu'elle remonte à la période Anglo-Saxonne, qui commença en 410, lorsque l'Empire Romain abandonna la Grande-Bretagne, et finit en 1066, quand un groupe de Normands, menés par Guillaume le Conquérant (William the Conqueror), envahit l'Angleterre.

Au cours de la période Anglo-Saxonne, plusieurs groupes différents ont migré en Angleterre. Ces peuples ont créé de belles œuvres d'art comme des pierres sculptées aux formes complexe. Certaines ont survécu jusqu'à aujourd'hui.

La littérature a aussi était florissante à cette époque; le poème "Beowulf" étant l'une des plus célèbres œuvres de cette époque.

Bien que cette pierre sculptée puisse remonter à la période Anglo-Saxonne, Balme n'en est cependant pas certain.

De plus, des questions persistent: quel était le but de cette sculpture ? Le motif représente-t-il ou pas une sorte d'écriture ?


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9.04.2015

L'étude des céramiques révèle l'importance des réseaux sociaux en temps de crise

Les chercheurs de l'Ecole d’Anthropologie de l'Université d'Arizona ont étudié les réseaux sociaux à la fin de la période pré-hispanique dans le sud-ouest des Etats-Unis. Ils se sont rendus compte que les communautés qui avaient le plus de liens avec leurs voisins avaient de meilleurs chances de gérer les crises avec succès.

"Dans de nombreuses recherches modernes en gestion de crise, on regarde comment les communautés mobilisent les réseaux sociaux pour surmonter des crises environnementales traumatiques, comme se fut le cas avec l'ouragan Katrina" explique Lewis Borck, auteur principal de l'étude et doctorant à l'UA School of Anthropology du College of Social and Behavioural Sciences, "nous savions depuis longtemps que les gens comptent sur les réseaux sociaux en tant de crise. Ce que nous ne savions pas, ou du moins ce que nous n'avions pas été en mesure de démontrer, c'est ce qui se passait exactement dans les réseaux sociaux à une échelle régionale lorsque les gens commençaient à s'appuyer dessus, ou comment les gens modifiaient et changeaient leurs réseaux en réaction aux crises sociales et environnementales. Cette étude a pu nous en donner un aperçu".

Bol polychrome Pinedale des ruines de Bailey, 1275-1325 après JC. Ce type de récipient était fabriqué pendant la méga-sécheresse qui sévit dans le sud-ouest entre 1276 et 1299 après JC. La distribution de cette variété hors de la région de production était une façon pour les gens de rester en contact pendant et après la sécheresse.Image: Barbara Mills/University of Arizona

Etude de la période 1200-1400 après JC

Borck et les co-auteurs de l'étude se sont focalisés spécifiquement sur la période 1200 à 1400 après JC, qui inclue la méga-sécheresse de 1276-1299 dans la région qui est aujourd'hui le sud-ouest des Etats-Unis.

Pour comprendre comment les différentes communautés interagissaient entre elles au cours de cette période, les chercheurs ont examiné les données rassemblées par le National Science Foundation qui a financé le projet Southwest Social Networks.

Le projet repose sur une base de données de millions d'artéfacts en céramique et obsidienne, compilée par Mills et des collaborateurs de l'Archaeology Southwest.

Lorsque des mêmes types de céramiques sont trouvées en proportions identiques dans les différentes communautés, cela indique que des relations existaient entre ces communautés. Borck et ses collaborateurs ont étudié les relations de 22 différentes sous-zones dans le sud-ouest, en se basant sur l'analyse de 800,000 céramiques peintes provenant de plus de 700 sites archéologiques.


Quand les relations se renforcent

Ils ont découvert qu'au cours des 23 ans de sécheresse, les relations entre de nombreux groupes s'étaient renforcées, les gens se tournant vers leurs voisins pour du soutien et des ressources, comme la nourriture et l'information. Les gens mobilisaient leurs ressources et renforçaient leur variété, en augmentant les interactions avec d'avantages de personnes éloignées.

Le peuple Hopi, toujours présent dans ce qui est aujourd'hui l'Arizona, est un exemple de population qui a employé ce type de gestion de crise.
En général, les communautés ayant de grands réseaux sociaux avaient de meilleures chances de résister à la sécheresse sans avoir à migrer, et sur une période plus longue, contrairement aux groupes plus isolés.

"La plupart des groupes qui interagissaient uniquement avec d'autres communautés de leur groupe ne restaient pas longtemps sur place. Ils partaient tous ailleurs." ajoute Borck.


Une exception cependant...

Il y a eu une exception: le peuple Zuni, qui, sans avoir de réseau social extérieur développé, est resté dans l'ouest du Nouveau Mexique jusqu'à ce jour. Leur succès est probablement dû la taille importante de leur population et à la diversité des ressources disponibles dans la région qu'ils occupaient.


Le stock social

Mills rapporte que l'étude fournit un soutien empirique pour l'importance des réseaux sociaux en temps de crise et sur leurs bénéfices à long terme: "Beaucoup de gens ont supposé que le fait d'avoir des réseaux sociaux plus étendus est une sorte de stratégie de sauvegarde pour les communautés. Mais c'est l'une des premières fois que nous sommes capables de le démontrer sur une grande échelle. Cela renforces les hypothèses concernant le "stockage social" qui se révèle aussi important que le véritable stockage d'éléments réels. Le revers de la médaille est le fait que, si vous êtes très isolés, protectionniste et n’interagissaient pas avec de nombreux voisins, vous devenez fragiles".

Social Networks and Population Density in the Late Precontact Southwest (Vidéo):

Source:
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9.01.2015

Une nouvelle méthode pour documenter les épaves

Une méthode innovante permet aux archéologues sous-marins de travailler efficacement même en cas de visibilité minimale. Le travail, effectué par le National Maritime Museum (NMM) de Gdańsk, implique des plongeurs qui prennent un grand nombre de photos de tous les éléments de l'épave et de ses environs, sous différents angles.

Ensuite, avec l'aide d'un logiciel spécialisé, ces photographies sont combinées pour créer de la photogrammétrie, plus précisément, une image tridimensionnelle du bateau.

 Image photogrammétrique d'un bateau vieux de 200 ans, le "Głazik". Image: National Maritime Museum in Gdańsk


Une documentation non-invasive

Cette méthode permet, de façon non-invasive, de documenter les bateaux sur le lieu de leur découverte. C'est une alternative au traditionnel dessin archéologique sous-marin, qui est beaucoup plus long et généralement moins précis.

 "La construction de la  modélisation spatiale en 3D de l'épave, se basant sur des photogrammes, donne l'opportunité de montrer l'état de préservation et l'organisation spatiale de ses éléments individuels" explique Tomasz Bednarz, archéologue sous-marin et développeur 3D en chef  de l'Undersea Research Department du NMM.

La méthode a d'abord été utilisée en 2013 pour documenter l'épave du 19è siècle appelée "Porcelanowiec" (bateau porcelaine) en raison de sa cargaison de céramique, principalement de la porcelaine et des poteries anglaises du Staffordshire.

La photogrammétrie du bateau était le premier essai en Pologne et l'un des premiers au monde à préparer une documentation 3D d'un site archéologie sous-marin.


Une méthode améliorée

Cette année, les archéologues sous-marins ont utilisé cette nouvelle méthode pour documenter le "Głazik" (petit rocher), qui a plus de 200 ans qui et transportait des pierres comme marchandise.



Tomasz Bednarz a expliqué que la méthode de documentation a été améliorée après l'expérience de l'année précédente avec le "Porcelanowiec".
"Le modèle 3D de l'épave a été fait d'après 6000 photogrammes. C'est une bien meilleure qualité que le modèle 3D du Porcelanowiec l'année dernière" ajoute Tomasz Bednarz, "Nous sommes contents de pouvoir créer ces modélisations. Même lorsque l'eau est peu claire, il n'y a pas de perte de qualité. Seuls quelques pieds de visibilité suffisent pour créer un tel modèle".

Bednarz estime que ces modèles sont une excellente manière de documenter les sites et peuvent être utilisés pour déterminer l'état de conservation d'objets sous-marins, et leur évolution.

Un important aspect de la technologie réside dans la possibilité de créer des animations et des photos virtuelles de sites sous-marins et de leurs composants, aussi bien pour des expositions que pour des objectifs éducatifs.

Depuis 2013, la méthode a été simultanément développée et utilisée par deux centres de recherches: le National Maritime Museum de Gdańsk et la Texas A&M University.

Relecture par Marion Juglin
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8.27.2015

Les anciens Européens sont restés intolérants au lactose pendant 5000 ans après l'adoption de l'agriculture

En analysant de l'ADN extrait de l'os pétreux de crânes d'anciens Européens, les scientifiques ont identifié que ces gens étaient restés intolérants au lactose (sucre naturel dans le lait des mammifères) pendant 5000 ans après avoir adopté des pratiques agricoles et 4000 ans après le début de la fabrication du fromage chez les fermiers néolithiques d'Europe Centrale.

Ces découvertes publiées dans le journal en ligne Nature Communications suggèrent aussi que des transitions technologiques majeures en Europe Centrale entre le Néolithique, l'Âge du Bronze et l'Âge du Fer ont été associées à d'importants changements dans les gènes de ces populations.

Pour l'étude, l'équipe internationale de scientifiques a examiné de l'ancien ADN nucléaire extrait de 13 individus provenant de tombes de sites archéologies situés dans la grande plaine de Hongrie (L'Alföld). Cette région est connue pour avoir été au carrefour de grandes transformations culturelles qui ont donné forme à la préhistoire européenne.

Tombe de l'Âge du Bronze sur le site de Varjú-dulo, en Hongrie, datant de 1200 avant JC. Cet individu a révélé l'apparition de la tolérance au lactose. Source: University College Dublin

Les squelettes échantillonnés datent de 5700 avant JC (Ancien Néolithique) à 800 avant JC (Âge du Fer). Cela a pris plusieurs années d'expérimentation, avec différents ossements de densités variables, et de préservation ADN, avant que les scientifiques ne découvrent que la zone de l'os pétreux de l'oreille interne, qui est le plus dur et donc mieux protégé des dommages, était idéale pour l'analyse de l'ancien ADN de l'homme et de tous les autres mammifères.

D'après le Professeur Ron Pinhasi de l'Institut de la Terre et de l'Ecole d'Archéologie de l'Université College Dublin (UCD), et co-auteur de l'article, "le haut pourcentage d'ADN récupéré sur les os pétreux dépasse celui des autres os jusqu'à 183 fois. Cela nous a donné partout entre 12% et presque 90% d'ADN humain dans nos échantillons comparé à d'autres endroits où l'on a obtenu entre 0% et 20% comme dans les dents, les doigts et les côtes".

Les échantillons ont été prélevés à partir de l'os pétreux, l'os le plus dur dans le corps humain localisé sur le crâne et protégeant l'oreille interne. Source: University College Dublin

Pour la première fois, ces pourcentages exceptionnellement hauts de rendements ADN sur d'anciens restes permet aux scientifiques d'analyser systématiquement une série de squelettes de la même région et de vérifier les marqueurs génétiques connus dont l'intolérance au lactose.

"Nos découvertes montrent une progression vers une pigmentation de la peau plus claire lorsque les chasseurs-cueilleurs et fermiers d'une autre région se mélangeaient; par contre, il n'y a aucune présence de persistance accrue au lactose ou tolérance au lactose", ajoute le professeur Pinhasi, "cela signifie que ces anciens Européens ont domestiqué des animaux comme des vaches, chèvres et moutons, mais qu'ils n'ont pas développé génétiquement de tolérance pour boire de grandes quantités de lait provenant des mammifères."

D'après le professeur Dan Bradley, du Smurfit Institute of Genetics, Trinity College Dublin, co-auteur de l'article, les "résultats montrent de grands changements dans la technologie préhistorique comme l'adoption de l'agriculture, suivi de la première utilisation des métaux lourds, le bronze puis le fer. Chaque changement a apporté un afflux de nouvelles populations. Nous ne pouvons plus affirmer que ces innovations fondamentales ont été simplement assimilées par une population existante, comme une sorte d'osmose culturelle".

Relecture par Marion Juglin
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