6.12.2016

Une pièce de jeu d'échecs rarissime découverte dans l'arrière cour d'un musée en Angleterre


Il s'agit de la plus petite pièce d'un jeu d'échecs arabe à être découverte dans le pays;  elle a été mise au jour lors de fouilles archéologiques dans le Musée de Wallingford.

Au premier abord, les conservateurs du musée ont pensé que l'artéfact était une minuscule sculpture de chat. Mais un examen rapproché a révélé qu'il s'agissait d'une pièce de jeu d'échecs faite en bois de cerf. D'autres pièces pourraient bien être retrouvées lors de prochaines fouilles qui auront lieu cet été.

La pièce de jeu d'échecs trouvée lors des fouilles. Photo: Wallingford Museum

D'après la conservatrice Judy Dewey: "nous avons plaisanté en disant que nous allions retrouver les 31 autres pièces et le plateau de jeu, mais bien sûr cela est très peu probable".

La minuscule pièce a été découverte lors des fouilles de l'arrière cour du musée. Une fois nettoyée, elle a été identifiée comme étant une pièce de jeu, très décorée avec des anneaux et des pointes.

"L'identification a montré que la pièce était une pièce d'échecs arabe du moyen âge. C'est l'une des 50 pièces médiévales de jeu d'échecs en Angleterre, et, avec ses 21.7mm de haut, elle est unique en étant la plus petite connue à ce jour dans le pays." rapporte la conservatrice.

La pièce de jeu d'échecs a été sculptée dans du bois de cerf au 12ème ou 13ème siècle et est décorée de cercles typiques. La plupart des autres pièces de ce genre sont au moins deux fois plus grandes. Il s'agit d'un évêque (ou fou); aussi, les autres pièces du plateau devaient être réellement petites. Cela pouvait être un ensemble de voyage.

Photo: Wallingford Museum

Madame Dewey a ajouté que le design de la pièce était à l'origine, en Orient, un éléphant, dont les pointes représentaient les défenses.

Lorsque les jeux d'échecs se sont répandus en Europe, la pièce est devenue alors l’évêque ou le fou que l'on connait:  les deux protubérances pointues, évoquant les défenses de l'animal dans le jeu arabe, ont été comprises par les Occidentaux comme la mitre cornue d'un évêque, ou bien comme le bonnet d'un bouffon.

Dewey précise que la pièce a été trouvée près du Prieuré de Wallingford, auquel le bâtiment du musée avait appartenu: donc elle a pu être perdue par un homme riche résident ici: "Wallingford a un important château royal tout proche, et, occasionnellement, les visiteurs étaient logés au prieuré; et même les moines jouaient aux échecs".

Les visiteurs peuvent voir la pièce de jeu d'échecs, avec d'autres objets médiévaux, exposés au musée.

Le site du musée: wallingfordmuseum.org.uk

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6.07.2016

Des ruines âgées jusqu'à plus de 2000 ans découvertes sous l'eau au large des côtes indiennes

Une décennie après que des temples en ruines furent aperçus lors du tsunami de 2004, des plongeurs viennent de confirmer l'existence d'un ancien temple et probablement bien plus, au large des côtes indiennes.

Les ruines sont situées près de la destination touristique, et site du Patrimoine Mondial de l'UNESCO, Mamallapuram ou Mahabalipuram, dans le sud de l'état indien du Tamil Nadu. Juste avant que le tsunami destructeur ne frappe, l'océan s'était retiré de plusieurs centaines de mètres et les touristes avaient rapporté avoir vu de grosses pierres et rochers.

Bloc de pierre taillée (à gauche) et escaliers menant à la plateforme découverte sous l'eau (droite), à Mahabalipuram en Inde. Photo: National Institute of Oceanography.

Une équipe de 10 personnes de l'Institut National Géographique (NIO) ont étudié la zone entre le 10 et 18 mars 2016; ils ont découvert les ruines de l'un des six temples que l'on suppose avoir été engloutis par l'océan, suite à la montée des eaux.

L'équipe, comprenant des plongeurs, géologistes et archéologues, a découvert un mur long de dix mètres, un escalier et des blocs de pierre taillée à huit mètres sous la surface de l'eau.

Les ruines étaient à plus de 800m des côtes. De nombreuses ruines n'étaient pas encore identifiables en raison des nombreuses plantes aquatiques.

D'après le chef de l'archéologie marine du NIO, Rajiv Nigam, "certaines d'entre elles sont très endommagées en raison des forts courant sous-marins et de la houle. Cependant, nous arrivons à distinguer qu'elles faisaient parti d'un ensemble de constructions".

Les recherches ont été menées suite à des indices recueillis au cours d'une étude de la zone avec un sonar en 2005. T. Sathyamurthy, ancien super-intendant archéologue, de l'Archaeological Survey of India Chennai Circle, rapporte au sujet de la première étude que "nous avons découvert que la rangée de grosses pierres que les gens ont vu juste avant le tsunami faisait partie d'un mur haut de 2m et long de 70m. Nous avons aussi trouvé les restes de deux autres temples submergés et un temple dans une grotte à 500 mètres des côtes."

Suite au tsunami du 26 décembre 2004, une statue de lion s'était retrouvée sur la plage à Mahabalipuram, en Inde.

La plupart des ruines seraient âgées de 1100 à 1500 ans. Des structures en briques ont aussi été identifiées sur le fond marin et elles remonteraient à 300 à 200 avant JC, une période historique du Tamil Nadu appelée Période Sangam.

On suppose que la zone a été submergée suite à u tsunami qui a touché les côtes en 952 après JC.

Les temples restants sont dédiés à de nombreuses déités différentes, ce qui est inhabituel pour des temples de cette période, généralement dédiés au dieu Shiva.

De nombreux temples trouvés aux alentours de Mamallapuram ont été construits aux alentours du 9ème et 10ème siècle après JC. Mais c'était un canton prospère et un important port commercial dès le premier siècle après JC. Il est mentionné dans plusieurs documents de la Rome ancienne.

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6.04.2016

Une étude révèle qu'une dague de Toutankhamon est en fer provenant d'une météorite

MAJ 23/02/17
Une dague enterrée avec le Roi Toutankhamon a été fabriquée avec du fer de météorite d'après une nouvelle analyse sur la composition du métal.

En 1925, l'archéologue Howard Carter avait trouvé deux dagues, l'une en fer et l'autre avec la lame en or, au sein de la momie du jeune roi, momifié il y a plus de 3300 ans.

Une étude révèle qu'une dague de Toutankhamon est en fer provenant d'une météorite
Photo: Daniela Comelli

La lame en fer, qui a une poignée en or, un pommeau en cristal de roche et une gaine décorée de lys, a déconcerté les chercheurs au cours des décennies qui ont suivi la découverte de Carter: en effet, le travail du fer était rare en ancienne Egypte, et le métal de la dague n'était pas rouillé.

Des chercheurs italiens et égyptiens ont donc analysé le métal avec un spectromètre de fluorescence des rayons X afin de déterminer sa composition chimique. Ils ont découvert une forte teneur en nickel et en cobalt ce qui suggère très probablement une origine extraterrestre.

Ils ont comparé la composition avec des météorites connues dans les 2000 km aux alentours des côtes égyptiennes bordant la Mer Rouge, et ils ont découvert des niveaux similaires dans l'une d'elles.

Cette météorite, surnommée Kharga, a été découverte à 240 km à l'ouest d'Alexandrie, dans la ville portuaire de Marsa Matruh, connue à l'époque d’Alexandre le Grand, au 4ème siècle avant JC, sous le nom d'Amounia.

Bien que les anciens égyptiens travaillaient le cuivre, le bronze et l'or depuis 4000 avant JC, le travail du fer est arrivé bien plu tard, et était rare en ancienne Egypte.

En 2013, 9 perles en fer noirci, trouvées dans un cimetière près du Nil dans le nord de l'Egypte, avaient été façonnées à partir de fragments de météorites. Ces perles sont plus anciennes que le jeune pharaon, en effet elles datent de 3200 avant JC. "Comme, jusqu'à présent, les deux seuls objets en fer de l'Egypte ancienne qui ont été analysés avec précision sont d'origine météoritique, cela suggère que les anciens égyptiens attribuaient une grande valeur au fer météoritique qui servait à produire des ornements délicats ou des objets cérémoniels" écrit l'équipe qui a étudié la dague.

Les chercheurs ont aussi supposé que les anciens égyptiens accordaient une grande importance aux pierres tombant du ciel. Ils suggèrent que la découverte d'une dague d'origine météoritique ajoute du sens à l'utilisation du terme "fer" dans les anciens textes, et notent qu'aux alentours du 13ème siècle avant JC, un terme "traduit littéralement par «fer du ciel» était couramment utilisé pour décrire tous les types de fer. L'introduction de ce nouveau terme composite suggère que les anciens égyptiens savaient que ces morceaux de fer été tombés du ciel dès le 13ème siècle avant l'Ere Commune, soit deux millénaires avant la culture occidentale".

"Finalement, quelqu'un a réussi à confirmer ce que nous avons toujours raisonnablement supposé" a dit Thilo Rehren, archéologue à la University College London. Rehren, qui a étudié les neufs perles météoritiques, ajoute qu' "il n'y a jamais eu de raison de douter de ce résultat mais nous n'étions jamais vraiment en mesure de pouvoir le confirmer". Il pense que d'autres objets de la tombe de Toutankhamon, dont des dagues miniatures et des bijoux, pourraient être aussi être en fer de météorite. "Oui, les égyptiens  considéraient ce genre de chose en tant que métal venant du ciel. Ce que j'ai trouvé impressionnant est le fait qu'ils ont été capables de créer de tels objets délicats avec un métal avec lequel ils étaient peu expérimentés".

Le sarcophage du Roi Toutankhamon dans sa chambre funéraire, après que la momie ait été placée dans une urne en verre afin de protéger les restes de l'humidité et autres contaminations. Photo: Cris Bouroncle/AFP/Getty Images

L'égyptologue Joyce Tyldesley, de l'Université de Manchester, a rapporté aussi que les anciens Egyptiens vénéraient des objets célestes tombant sur la terre: "Le ciel était très important pour les anciens égyptiens, quelque chose qui tombait du ciel était considéré comme un cadeau des dieux".

La grande qualité de la lame suggère que Toutankhamon, qui vécut au cours de la dernière période de l'âge du bronze, fut soutenu par des ferronniers qualifiés en dépit de la rareté relative du matériau.

La dague ne serait pas le seul artéfact, sur le roi Toutankhamon, provenant d'objets tombés du ciel. En 2006, un astrochimiste autrichien estimait qu'une gemme jaunâtre inhabituelle, taillée en forme de scarabée sur le collier funéraire du roi, était du verre formé par la chaleur d'une météorite qui se serait écrasé sur du sable.

Le scarabée, du collier 267d, qui serait le produit de l'impact d'une météorite ou d'une comète sur le sable. collier 267d @ RR

"Ce serait très intéressant d'analyser d'autres artéfacts datant d'avant l'âge du fer, tels que les autres objets en fer trouvés dans la tombe du roi Toutankhamon" ajoute Daniela Comelli, du département de physique de l'Ecole Polytechnique de Milan, "nous pourrions obtenir de précieuses informations sur les technologie de travail du métal en ancienne Egypte et en Méditerranée."

Merci à Audric pour l'info !

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6.02.2016

Grottes d'Atxurra: de superbes peintures rupestres découvertes à une profondeur de 300m

Une série de peintures rupestres préhistoriques a été découverte dans le Pays Basque, au nord de l'Espagne. Elle a été qualifiée de "découverte que l'on ne fait qu'une fois par génération".

Les peintures, qui comprennent des bisons, des chevaux et des boucs, ont été trouvées par l'archéologue Diego Garate à une profondeur de 300m dans les grottes d'Atxurra, à environ 50km de Bilbao.

Peintures rupestres dans les grottes d'Atxurra. Photo: bizkaia.eus

Les peintures sont âgées entre 12000 et 14000 ans et dépeignent des scènes de chasse traditionnelles, dont un bison transpercé "avec plus de 20 lances".

"C'est une trouvaille exceptionnelle, l'équivalent de la découverte d'un Picasso perdu" rapporte Garate, "cela est important en raison des quantités d'images dépeintes, de leur excellent état de conservation et de la présence de matériels archéologiques associés comme des charbons de bois et des outils de silex."

La grotte rejoint celle d'Altamira qui est une des plus belle d'Espagne avec un ensemble de peintures rupestres très bien conservées. "C'est sans nul doute la plus importante découverte de ma carrière" ajoute Garate, "je cherche des grottes dans le Pays Basque depuis 10 ans et j'en ai découvert beaucoup de nouvelles, mais aucune aussi importante qu'Atxurra. Cela pourrait très bien être la grotte avec le plus de représentations animales dans le Pays Basque".

Peintures rupestres dans les grottes d'Atxurra avec l'archéologue Diego Garate. Photo: bizkaia.eus

Les grottes d'Atxurra furent découvertes à l'origine en 1929, mais les peintures, à une profondeur de 300 mètres, n'avaient pas été découvertes jusqu'à ce jour.

En mars 2015, des peintures rupestres vieilles de 20000 avaient été trouvées en Cantabrie, au nord de l'Espagne, faisant de la région la "capitale européenne de l'art rupestre".


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5.30.2016

Les assyriens enterraient leurs morts avec des tortues

Les anciens assyriens envoyaient leurs morts dans l'au-delà avec des compagnons particuliers: des tortues...

Les fouilles d'une fosse funéraire dans le sud-est de la Turquie ont mis au jour les squelettes d'une femme et d'un enfant, ainsi que 21 tortues. C'est ce que rapporte l'équipe dirigée par Rémi Berthon, du Muséum National d'Histoire Naturelle.

Les anciens assyriens ont converti un silo, pour stocker la nourriture, en une fosse funéraire. Une femme et un enfant y ont été enterrés avec des ossements de tortues.

La tombe fait partie d'un site assyrien appelé Kavuşan Höyük et daté de 700 à 300 avant JC.


Les carapaces des tortues proviennent d'une tortue grecque (Testudo graeca) et trois Mauremys caspica, plus les ossements de 17 tortues de l'Euphrate (Rafetus euphraticus).

Des marques d'abattage montrent que les tortues semblent avoir été mangées au cours d'un festin funéraire.

A l'époque cependant, les tortues n'étaient pas un repas habituel en Mésopotamie. Mais on pensait que les ossements de tortue conjuraient le mal.

L'abondance de tortues de l'Euphrate, une espèce connue pour être agressive, dans cette fosse funéraire, suggère que les personnes décédées avaient un statut social élevé.

Pour les ancien assyriens, les féroces reptiles représentaient probablement la vie éternelle et servaient de psychopompe; ils guidaient les âmes des morts vers l'au-delà.


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5.26.2016

Une ancienne église chrétienne souterraine découverte en Turquie



Il y a un peu plus d'un an je publiais un article sur une immense cité souterraine découverte en Turquie dont la taille pouvait rivaliser avec le site plus connu de Derinkuyu.

Cette année, une équipe d'archéologues turcs y a découvert une ancienne église chrétienne. Les murs de celle-ci, taillés dans la roche, sont recouverts de fresques représentant des scènes religieuses.

Fresques sur le mur taillé dans la roches d'une ancienne église chrétienne. Nevsehir, Cappadoce, Turquie. Image credit: Nevsehir Castle Urban Transformation Project / Nevsehir Municipality / Turkey’s Housing Development Administration.

"Les fresques dans l'église montrent la montée de Jésus dans le ciel et la mise à mort des mauvaises âmes" rapporte Mr Hasan Ünver, maire de Nevsehir, la ville la plus proche.

"Nous savons que de telles fresques n'ont jamais été observées dans d'autres églises. Seules quelques peintures ont été mises au jour. Les autres émergeront lorsque la terre sera enlevée" ont précisé le Dr Semih İstanbulluoğlu, archéologue à l'Université d'Ankara et son collègue Ali Aydin, "il y a d'importantes peintures dans la partie avant de l'église montrant la crucifixion de Jésus et son ascension au ciel. Il y aussi des fresques montrant les apôtres, les saints et les prophètes de l'Ancien Testament, Moïse et Elisée".

 Fresques sur le mur taillé dans la roches d'une ancienne église chrétienne. Nevsehir, Cappadoce, Turquie. Image credit: Nevsehir Castle Urban Transformation Project / Nevsehir Municipality / Turkey’s Housing Development Administration.

Le maire a ajouté que "lorsque l'église sera complètement révélée, le Cappadoce pourrait devenir un centre de pèlerinage de l'Orthodoxie encore plus important".

Le Dr İstanbulluoğlu, Aydin et leurs collègues ont daté l'église au 5ème siècle de l'Ere Commune.

Fresques sur le mur taillé dans la roches d'une ancienne église chrétienne. Nevsehir, Cappadoce, Turquie. Image credit: Nevsehir Castle Urban Transformation Project / Nevsehir Municipality / Turkey’s Housing Development Administration.


Merci à Audric pour l'info !

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5.25.2016

La grotte de Bruniquel était habitée il y a plus de 175000 ans par Néandertal !

La grotte de Bruniquel, qui surplombe la vallée de l'Aveyron, a été découverte en 1990. Depuis, le site a été impeccablement conservé: il comprend de nombreuses formations naturelles (lac souterrain, calcite flottante, draperies translucides, concrétions en tous genres), mais aussi des sols intacts recelant de nombreux ossements et des dizaines de bauges d'ours avec d'impressionnantes griffades.

 Vallée de l’Aveyron à hauteur de la grotte de Bruniquel © Michel SOULIER  – SSAC .

Une des particularités de la grotte réside dans ses structures originales composées d'environ 400 stalagmites, ou tronçons de stalagmites, accumulées et agencées en des formes plus ou moins circulaires. Mais surtout, elle révèlent des traces d'utilisation du feu: de la calcite rougie, noircie par la suie et éclatée par l'action de la chaleur, mais aussi des vestiges brûlés, notamment des os calcinés.

Dès 1995, une première équipe de chercheurs et de spéléologues avait déterminé, à partir de la datation au carbone 14, un âge minimum d'au moins 47 600 ans (alors la limite de la technique) d'un os brûlé ...


Une nouvelle séries d'études et d'analyses.

En 2013, une équipe de chercheurs lance une nouvelle série d'études et d'analyses. Outre le relevé 3D des structures de stalagmites et l'inventaire des éléments constituant les structures, l'étude magnétique, qui permet de révéler les anomalies occasionnées par la chaleur, a permis d'établir une carte des vestiges brûlés retrouvés dans cette partie de la grotte.  Ces feux représentent, a priori, de simples points d'éclairage.

Restitution 3D des structures de la grotte de Bruniquel © Xavier MUTH  - Get in Situ,  Archéotransf ert, Archéovision  – SHS - 3D, base  photographique Pascal Mora .

Aucune autre structure de stalagmites de cette ampleur n'étant connue à ce jour, l'équipe a développé un nouveau concept, celui de "spéléofacts", pour nommer ces stalagmites brisées et agencées.

L'inventaire de ces 400 spéléofacts a révélé des stalagmites agencées et bien calibrées qui totalisent 112 mètres cumulés et un poids estimé à 2,2 tonnes de matériaux déplacés. Ces structures sont composées d'éléments alignés, juxtaposés et superposés, avec des étais extérieurs, comme pour les consolider, et des éléments de calage. Des traces d'arrachement des stalagmites empruntées pour la construction sont observables à proximité.

Aucun vestige datable n'a été trouvé aux alentours, en effet, une croûte épaisse de calcite a figé les structures et dissimule le sol d'origine.

Les chercheurs ont donc utilisé, avec le concours de collègues des universités de Xi'an (Chine) et du Minnesota (Etats-Unis), une méthode de datation appelée uranium-thorium (U-Th) basée sur les propriétés radioactives de l'uranium, omniprésent en faible quantité dans l'environnement. 

 Détail d’un foyer avec des « spéléofacts » dans la  grotte de Bruniquel © Michel SOULIER  – SSAC


Au moment de la formation des stalagmites, l'uranium est incorporé dans la calcite. Au fil du temps, l'uranium se désintègre en d'autres éléments, dont le thorium (Th). Il suffit donc de doser, dans la calcite de la stalagmite, le thorium produit et l'uranium restant pour en connaître l'âge.

Pour construire ces structures, il a été nécessaire de fragmenter les stalagmites et de les transporter. Une fois abandonnées, de nouvelles couches de calcite, comprenant aussi des repousses de stalagmites, se sont développées sur celles déplacées et édifiées par l'Homme.

En datant la fin de croissance des stalagmites utilisées dans les constructions et le début des repousses scellant ces mêmes constructions, les chercheurs sont parvenus à estimer l'âge de ces agencements, soit 176 500 ans, à ± 2000 ans.

Un second échantillonnage de calcite, notamment sur un os brûlé, a permis de confirmer cet âge, étonnamment ancien.


Les néandertaliens étaient-ils des explorateurs et bâtisseurs ? 

L'existence même de ces structures est déjà en soi étonnante, quasi unique dans le registre archéologique, toutes périodes confondues. Pour la Préhistoire, il faut en effet attendre le début du Paléolithique récent en Europe, et ponctuellement en Asie du Sud-Est ou en Australie pour noter les premières incursions pérennes de l'Homme dans le milieu souterrain, au-delà de la lumière du jour...

Ce sont presque toujours des dessins, des gravures, des peintures, comme dans les grottes de Chauvet (- 36 000 ans), de Lascaux (- 22 000 à - 20 000 ans), d'Altamira en Espagne ou encore de Niaux (- 18 000 à -15 000 ans pour les deux sites) et, exceptionnellement, des sépultures (grotte de Cussac, Dordogne : - 28 500 ans).

Or, à Bruniquel, l'âge des structures de stalagmites est bien antérieur à l'arrivée de l'Homme moderne en Europe (- 40 000 ans).

Les auteurs de ces structures seraient donc les premiers hommes de Néandertal, pour lesquels la communauté scientifique ne supposait aucune appropriation de l'espace souterrain, ni une maîtrise aussi perfectionnée de l'éclairage et du feu, et guère plus des constructions aussi élaborées.

 Prise de mesures pour l’étude archéo-magnétique dans la  grotte de Bruniquel © Etienne FABRE  – SSAC .

Près de 140 millénaires avant l'Homme moderne, les premiers représentants européens de Néandertal se seraient donc approprié les grottes profondes, y construisant des structures complexes, y apportant et entretenant des feux.

Ces structures intriguent beaucoup les chercheurs à cause de leur distance par rapport à l'entrée actuelle et supposée de la grotte à l'époque. Ils s'interrogent quant à la fonction de tels aménagements, si loin de la lumière du jour.

Si l'on écarte l'hypothèse peu viable d'un refuge, les structures étant trop loin de l'entrée, était-ce pour trouver des matériaux dont l'usage ou la fonction nous échappe ? S'agissait-il de raisons «techniques» comme le stockage de l'eau par exemple ? Ou de lieux de célébration d'un rite ou d'un culte ?

D'une manière plus générale, les chercheurs constatent le haut degré d'organisation sociale des Néandertaliens nécessaire à une telle construction.

Les recherches à venir tenteront d'apporter des explications sur la fonction de ces structures, qui reste une question non résolue à ce jour.

Ces travaux ont associé les laboratoires suivants :

Les opérations de recherche archéologiques ont été financées par la Drac Midi-Pyrénées et les différentes institutions. La Société spéléo-archéologique de Caussade, présidée par Michel Soulier, a assuré la gestion du site, la couverture photographique et le soutien technique et logistique durant les opérations programmées.

Une demande de protection au titre des monuments historiques est en cours auprès du ministère de la Culture et de la Communication, de même qu'un suivi climatique et des mesures d'équipement et de protection adaptées.

Les opérations de recherche devraient se poursuivre en 2016. La grotte de Bruniquel est située sur une propriété privée et toute visite est impossible.

Source:

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La science apporte des éléments sur la mort du roi Erik de Suède


Erik le Saint fut roi de Suède de 1155 à 1160. Aucune information historique ne nous est parvenue et toutes les données sur le roi Erik proviennent de légendes ultérieures qui avaient pour but de le sanctifier. Il serait ainsi  mort dans des conditions dramatiques au cours d'une bataille hors de l'église à Uppsala, en Suède, où il venait juste de célébrer la messe.

Mais que peut nous dire de plus la science moderne concernant ses restes ?

Les reliques d'Erik le Saint. Photo: Anders Tukler

Une équipe de recherche conduite par l'Université d'Uppsala révèle des informations sur l'état de santé d'Erik le Saint, de ce à quoi il ressemblait, où il a vécu et dans quelles circonstances il est décédé.

Le seul récit sur sa vie est la légende du saint, écrite sous sa forme préservée dans les années 1290. Mais de telles légendes sont souvent peu fiables. La légende d'Erik est, cependant, basée sur un un récit plus ancien qui s'est perdu et qui devait être plus long.

La légende préservée raconte qu'Erik fut choisi comme roi, qu'il régna avec justice, et qu'il fut un fervent chrétien. Il conduisit une croisade contre la Finlande, et soutint l'église. Il fut tué en 1160 par un danois réclamant le trône. Depuis 1257, ses restes sont conservés dans un reliquaire.

Une analyse approfondie du squelette du reliquaire avait été faite en 1946, mais la disponibilité de nouvelles technologies a motivé un nouvel examen en 2014.

 Le chef de projet Sabine Sten lors de la la tomographie à l'hôpital universitaire. Photo: Adel Shalabi
 
Le 23 avril 2014, le reliquaire a été ouvert au cours d'une cérémonie dans la cathédrale d'Uppsala. Suite à quoi, les chercheurs de plusieurs disciplines scientifiques se sont rassemblés pour mener des tests sur les restes afin de tenter d'en apprendre plus sur ce roi médiéval.

"La recherche collaborative interdisciplinaire sur l'analyse des restes du squelette de Saint Erik a fourni des informations supplémentaires sur son état de santé (orthopédistes et radiologistes), sa généalogie (analyses ADN), son régime alimentaire (analyse isotopique), et sa mort (médecin légiste)" rapporte la directrice du projet, Sabine Sten, professeur d'ostéo-archéologie à l'Université d'Uppsala.

Le reliquaire contient 23 os, apparemment du même individu. Ils sont aussi accompagnés d'un tibia sans rapport avec eux.

Les valeurs radiocarbones mesurées dans les ossements correspondent avec un décès en 1160. Les analyses ostéologiques ont montré que les os appartenaient à un homme, âgé de 35 à 40 ans et mesurant 1.71m.

Les examens des os avec un tomodensitomètre, à l'Hôpital Universitaire d'Uppsala, n'ont révélé aucune condition médicale particulière.

Les mesures  DXA et pQCT faites dans le même hôpital ont révélé qu'Erik ne souffrait pas d'ostéoporose ou de friabilité des os. C'est plutôt l'inverse, car il avait une densité de 25% au-dessus de la moyenne des jeunes adultes de nos jours. Le roi Erik était bien nourri, puissamment bâti et avait une vie active.

L'analyse des isotopes indiquent un régime alimentaire riche en poisson d'eau douce, ce qui indique que le roi obéissait aux règles de l'église sur les jeûnes, à savoir les jours ou périodes où la consommation de viande était interdite.

Les isotopes stables impliquent aussi qu'il n'a pas passé sa dernière décennie dans la région d'Uppsala mais plutôt dans la province de Västergötland plus au sud.

 Ces conclusions doivent être considérées comme très préliminaires, car il y a pour l'instant très peu d'autres études pour comparer les valeurs des isotopes.

Tibia avec deux blessures par arme blanche. Photo: Anna Kjellström

L'ouverture du reliquaire a aussi permis de récolter des échantillons d'ADN. On espère que les résultats apporteront plus de lumière concernant les questions de généalogie. Cette analyse n'a pas encore été terminée et devrait prendre une année supplémentaire.

Le crâne dans le reliquaire est marqué par une ou deux plaies cicatrisées probablement dues à des armes. La légende rapporte qu'Erik mena une croisade contre la Finlande, ce qui pourrait expliquer ces blessures.


La légende du saint explique qu'au cours de la dernière bataille du roi, les ennemis grouillaient autour de lui, et lorsqu'il tomba, lui infligèrent blessure sur blessure jusqu'à ce qu'il soit à moitié mort. Ils se moquèrent ensuite de lui, puis enfin lui coupèrent la tête.

Les ossements restants ont au moins neuf coupures infligées en lien avec sa mort; sept d'entre elles sont sur les jambes.
Aucune blessure n'a été trouvée sur les côtes ou l'os de bras restant, ce qui signifie probablement que le roi portait un haubert mais que ses jambes étaient moins protégées. Les deux tibias ont des coupures infligées en direction des pieds, indiquant que la victime gisait face contre sol.

Une vertèbre du cou était coupée en biais, ce qui n'a pu être fait sans enlever le haubert, donc pas au cours de la bataille mais plus tard. Cela confirme qu'il y a eu un interlude, décrit par la légende comme la moquerie, entre la bataille et la décapitation.

A aucun moment les blessures documentées ne contredisent le récit de la lutte donnée par la légende parvenue jusqu'à nous.

Les recherches seront publiées dans le journal Fornvannen.
 

Sources:

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