12.15.2016

Un art rupestre vieux de 5000 ans reste un mystère en Ecosse

A Glasgow, en Ecosse, des archéologues ont étudié brièvement et ré-enfoui une dalle en pierre vieille de 5000 ans; elle portait des gravures en forme de tourbillon.

Un art rupestre vieux de 5000 ans reste un mystère en Ecosse
La Pierre de Cochno, qui date de 3000 ans avant JC, contient des marques de cupules et des tracés curvilignes. Credit: University of Glasgow

La Pierre de Cochno, qui mesure 13m sur 8m, contient des décorations en forme de cupules et de tracés curvilignes. La pierre et ses décorations étaient connues des habitants de la région depuis au moins le 19ème siècle.

Des décorations similaires à ces tourbillons ont été trouvées dans d'autres sites préhistoriques tout autour du monde; cependant, celles gravées dans la Pierre de Cochno sont considérées comme faisant partie des meilleurs exemples d'un tel art en Europe, selon une déclaration de l'Université de Glasgow qui a dirigé la nouvelle étude.


Une pierre mise au jour en 1887.


La dalle de pierre avait été complètement déterrée, dans le West Dunbartonshire, par le révérend James Harvey en 1887. Plus tard en 1965, alors que la pierre a été vandalisée par des graffitis et endommagée par les éléments, une équipe d'archéologues décide alors de la recouvrir de terre afin de la protéger.

Cet été, deux semaines de nouvelles fouilles ont permis aux archéologues d'utiliser les techniques de relevés et photographies modernes pour mieux enregistrer cet art rupestre. Ainsi, des experts en cartographie et en numérisation du Factum Foundation ont utilisé la technologie 3D pour faire un enregistrement numérique détaillé du site.

Ces nouvelles fouilles ont aussi révélé des graffitis du 19ème et 20ème siècle gravés aux côtés des marques préhistoriques, ainsi que des lignes peintes intentionnellement par un archéologue du nom de Ludovic Maclellan Mann, qui travailla sur le site en 1937.

Un art rupestre vieux de 5000 ans reste un mystère en Ecosse
L'immense pierre a été mise au jour récemment afin que les archéologues puissent utiliser des technologies modernes pour l'étudier. Credit: University of Glasgow

Une théorie sur les éclipses réfutée


Mann avait peint les lignes sur la Pierre de Cochno afin de faciliter les prises de mesures des gravures et pour voir s'il y avait un lien avec des phénomènes astronomiques, comme les éclipses. Mann "essayait de prouver que ces symboles pouvaient prédire les éclipses et marquaient les mouvements du soleil et de la lune dans la préhistoire" explique Kenny Brophy, archéologue et maitre de conférence à l'Université de Glasgow. Au final, les propres données recueillies par Mann finirent par réfuter sa théorie.

La signification de cet art rupestre reste inconnue, selon Brophy, mais la grande quantité de données rassemblées cet été devrait permettre aux chercheurs de mieux comprendre cet artéfact.

En outre, les graffitis sont aussi intéressants et devraient aider les archéologues à mieux comprendre les habitants qui vivaient dans la région au cours du 19ème siècle et 20ème siècle, et comment ils ont incorporé cette œuvre dans leur vie.

Alors que les archéologues ont dû ré-enfouir l’œuvre d'art préhistorique pour la protéger, Brophy espère qu'un jour il sera possible de créer une zone ou cet art rupestre pourra être révélé de façon permanente aux touristes et aux habitants: "C'est émouvant lorsque vous avez travaillé sur un projet tel que celui-là, que vous l'avez touché, étudié de près, pour ensuite le ré-enterrer. Mais pour le moment, nous devons le protéger des éléments" dit -il "peut-être qu'à l'avenir, ce site deviendra une attraction touristique majeure en Ecosse, qui sait ?"

Relecture par Digitarium.fr
Source:

Derniers articles sur l'Ecosse:

12.12.2016

Un important tertre de l'âge du fer découvert en Angleterre

Les archéologues de l'Université de Reading rapportent que le Château de Skipsea, dans le Yorkshire, est en fait plus semblable à Silbury Hill dans le Wiltshire qu'à un château à motte de la période la Conquête Normande, comme on le pensait jusque-là.

La découverte du "Silbury Hill du nord" fait du Château de Skipsea un monument de l'âge du fer unique en Grande-Bretagne. Auparavant, on ne connaissait que de plus petits tertres funéraires de cette période. Le tertre le plus proche en taille se trouve en Allemagne.

Un important tertre de l'âge du fer découvert en Angleterre
Les archéologues ont découvert qu'un tertre du Yorkshire, qu'on pensait être un château à motte normand, était en fait un monument de l'âge du fer construit il y a 2500 ans.

Selon le Dr Jim Leary, de l'Université de Reading et archéologue en chef des fouilles: "Dire que la découverte d'un monument de l'âge du fer caché en pleine vue est une surprise est un euphémisme. Le savoir conventionnel suggérait que les châteaux à motte avaient été apportés en Angleterre par les Normands, à la suite de la conquête commencée en Octobre 1066, il y a exactement 950 ans. Les châteaux à motte existent dans tout le pays, mais leur immense taille implique qu'ils ont rarement été fouillés; et en conséquence, beaucoup de ce que nous avons pensé savoir auparavant sur leur datation était basée sur de rares preuves documentaires et des conjectures. J'ai fouillé Silbury dans le Wiltshire en 2008, et maintenant découvrir la Silbury Hill du Nord est extraordinaire. Cela ajoute tant de choses à notre compréhension sur la façon dont les gens vivaient en Grande-Bretagne 500 ans avant que les romains arrivent."


Une nouvelle technique d'analyse


La découverte a été faite en utilisant une nouvelle technique pour examiner, pour la première fois, l'une des mottes les plus connues en Angleterre, afin d'en apprendre d'avantage sur la date de sa construction ou réutilisation.

Travaillant avec des collègues du Scottish Environmental Research Centre at East Kilbride, l'équipe de Reading a montré que bien que la majorité des tertres étudiés jusqu'ici ont été construits dans la période qui a suivi la conquête normande en 1066, il y a quelques notables exceptions.

La datation au radiocarbone a montré que certains tertres ont été construits des siècles plus tard qu'on ne le pensait. Par contre, le monticule du Château de Skipsea dans le Yorkshire avait déjà 1500 ans à l'époque de la conquête normande.

Un important tertre de l'âge du fer découvert en Angleterre

Les nouveaux résultats montrent que cet immense monticule, qui fait 85m de diamètre et 13m de haut, date du milieu de l'âge du fer et était donc unique en Grande-Bretagne à cette période, avec seulement une poignée de parallèles sur le continent.

Le Dr Jim Leary a ajouté: "nous sommes capables, pour la première fois, de révéler la date de construction, la séquence de développement et le contexte environnemental de ces merveilleux monuments, apportant des connaissances qui n'avaient jamais été jugées possibles. Notre travail continue pour encore un an et nous continuerons à améliorer nos connaissances des châteaux à monticule. Avec de la chance, nous pourrions même trouver d'autres tertres préhistoriques en Grande-Bretagne, masqués à notre vue".


Des fouilles à l'image d'un vide-pomme


Pour récupérer du matériel datable enfouit dans ces monuments, les archéologues ont foré des petits trous au sommet de chaque monticule jusqu'à leur base. Le Dr Leary dit ainsi: "ces trous de forage agissent comme un vide-pomme géant nous fournissant une séquence complète à travers la structure des monticules avec une perturbation minimale. A partir de là, nous avons pu récupérer du matériel à analyser en laboratoire, tout en préservant l'intégrité des monuments pour les générations à venir".

A partir de petits éléments de preuve, tels que des graines carbonisées ou du pollen, les archéologues ont pu reconstruire l'environnement dans lequel les buttes ont été bâties, tandis que les matériels organiques ont été datés au radiocarbone pour révéler l'âge des monticules.

Les mottes sont des monticules de terre et ont souvent une tour en bois ou en pierre construite dessus, parfois complétée par une enceinte défensive appelée bailey. Les châteaux de type motte et bailey ont été développés dans le nord de l'Europe au 10ème siècle, et on pense que leur conception a été apportée d'Angleterre par les normands après la conquête de 1066.

Relecture par Digitarium.fr
Souce:

Derniers articles sur l'Angleterre:

12.08.2016

D'anciens monuments en pierre découverts près de la Mer Caspienne

Un complexe massif en pierre vieux de 1500 ans, probablement construit par des tribus nomades, a été découvert près de la côte est de la Mer Caspienne au Kazakhstan.

Le complexe comprend de nombreuses structures en pierre éparpillées sur 120 hectares. ont rapporté les archéologues dans la revue Ancient Civilizations from Scythia to Siberia.

D'anciens monuments en pierre découverts près de la Mer Caspienne
Une structure en pierre massive, remontant à 1500 ans, a été découverte le long de la Mer Caspienne.  Credit: Photo courtesy Evgeniï Bogdanov

"Lorsque la zone a été examinée en détails, plusieurs types de structures en pierre ont été identifiés" écrivent les archéologues Andrey Astafiev, du Mangistaus State Historical and Cultural Reserve, et Evgeniï Bogdanov, de l'Institut d'Archéologie et d'Ethnographie de la branche Sibérienne de l'Académie des Sciences de Russie.

Les plus petites structures en pierre ne font que 4x4m et les plus grandes 34x24m. Elles sont "faites de dalles de pierre insérées verticalement dans le sol", ajoutent les archéologues. Certaines des pierres, qui ressemblent un peu à celles de Stonehenge, ont des gravures représentant des armes et des créatures.

L'une des plus spectaculaires découvertes sont les restes d'une selle faite en partie avec de l'argent et recouverte d'images de verrats, de cerfs et de "bêtes de proies" qui pourraient être des lions. Les images ont été gravées en relief, ressortant sur le fond en argent. "Les décorations en relief ont été imprimées sur la face avant" écrivent Astafiev et Bogdanov.

Les deux chercheurs pensent que d'anciens artisans ont conçu les images en cuir avant de les coller sur des planches de bois. "Au final, des plaques d'argent auraient été posées sur les formes avant d'être fixées" disent-ils.


Une découverte qui remonte à 2010


En 2010, F. Akhmadulin de la ville d'Aktau, utilisait un détecteur de métaux à Altÿnkazgan, située près de la péninsule de Mangÿshlak, près de la côte est de la Mer Caspienne, lorsqu'il trouva des morceaux d'une selle en argent et d'autres artéfacts. Akhmadulin les rapporta à Astafiev qui travaillait à Aktau. "L'immense majorité du territoire est un désert d'armoise" écrivent Astafiev et Bogdanov.
Cependant, Astafiev a découvert que le lieu dans le désert où l'a emmené Akhmadulin contenait les restes d'un complexe en pierre inconnu sur 120 hectares.

D'anciens monuments en pierre découverts près de la Mer Caspienne

Akhmadulin avait localisé les artéfacts dans l'une de ces structures en pierre. "Malheureusement, la situation socioéconomique de la région n'est pas celle où il est facile d'engager des recherches archéologiques, et ce n'est pas avant 2014 que les auteurs de l'article ont pu fouiller certains éléments à l'intérieur du site" écrivent-ils.

Lorsque les fouilles ont été engagées en 2014, les archéologues ont étudié la structure en pierre où Akhmadulin avait trouvé la selle. Ils ont trouvé d'autres parties de l'objet, ainsi que d'autres artéfacts comprenant deux objets en bronze qui se sont avérés être les restes d'un fouet.


A qui appartenait la selle ?


Beaucoup de travail reste à faire pour fouiller et étudier les restes du complexe en pierre. "Certains éléments de la construction et certains détails formels des encadrements de pierre à Altÿnkazgan nous permettent de supposer que le complexe a été abandonné par des tribus nomades" écrivent Astafiev et Bogdanov.

La conception et les décorations sur la selle en argent indiquent qu'elle date d'une époque où l'Empire Romain était en train de s'effondrer, et où un groupe appelé "Huns" se déplaçait à travers l'Asie et l'Europe. "L'avancée des Huns a mené divers groupes ethniques des steppes eurasiennes à quitter leurs terres".

Le propriétaire de la selle devait être une personne d'une richesse et d'une puissance considérables sachant que les archéologues ont trouvé des symboles appelés "tamgas" gravés sur la selle en argent au-dessus des têtes des prédateurs, quelque chose qui peut être une indication sur le statut privilégié du propriétaire de la selle.




Vues des détails des restes de la selle

Ces signes pourraient aussi être liés au clan auquel appartenait le propriétaire du tamga. On ne sait pas exactement pourquoi la selle en argent a été placée dans la structure en pierre, bien qu'elle ait pu avoir été conçue pour une fonction rituelle ou comme un objet funéraire. 
Ils ont trouvé les restes d'un squelette enterré sous la structure en pierre; cependant la selle était sur le site bien des siècles avant.

Les recherches sont toujours en cours et l'équipe prévoit de publier un autre article sur les recherches concernant la selle en argent en 2017. Elle espère informer le public du site récemment trouvé. "J'espère qu'un jour il y aura un film concernant ces fouilles archéologiques dans le Mangÿshlak, concernant les anciennes civilisations et les habitants modernes" a ajouté Bogdanov.

Relecture par Digitarium.fr

Source:


Derniers articles sur le Kazakhstan:

12.01.2016

Comment les cultures à tradition orale peuvent-elles mémoriser autant d'informations ?

Les anciens bardes celtes étaient connus pour la quantité d'informations qu'ils étaient capables de mémoriser. Cela comprenait des milliers de chansons, d'histoires, de chants et poèmes qui pouvaient prendre des heures à être récités en entier.

Bien avant les anciens celtes, les aborigènes d'Australie ont mémorisé de vastes connaissances et les ont transmises de génération en génération. Le peuple aborigène a démontré que ses traditions orales n'étaient pas seulement très complexes et détaillées, mais elles ont survécu, fidèlement, pendant des milliers d'années, si ce n'est des dizaines de milliers d'années (voir à ce sujet l'article du 12/07/15: La mémoire collective des Aborigènes remonte à plus de 7000 ans !)

Comment les cultures à tradition orale peuvent mémoriser autant d'informations ?
Les peintures rupestres de Bradshaw aident les aborigènes à mémoriser les connaissances. Credit: Wikipedia, CC BY-SA

Comment ont-ils fait ? La chercheuse Lynne Kelly s'est posée cette question lorsqu'elle était en train d'étudier les connaissances aborigènes sur les animaux pour son doctorat. Il était évident pour Kelly que le peuple aborigène avait répertorié de très nombreuses informations sur les animaux, comprenant les types d'espèces, les caractéristiques physiques, le comportement, ainsi que les rapports à la nourriture et aux plantes. Elle s'est demandée comment ils faisaient.


Une chose mémorable


Les ainés aborigènes lui ont expliqué comment ils encodent leurs connaissances en chansons, danses, histoires et lieux. Cela mène à une théorie qui pourrait révolutionner l'archéologie.

On sait depuis longtemps que le cerveau humain a évolué en associant mémoire et lieu, ce que l'on appelle la méthode des Loci. Cela signifie que nous associons la mémoire avec un lieu physique. Loci (Latin pour "endroit") peut désigner les caractéristiques d'un paysage, des sites cérémoniels, des dessins abstraits, tout ce qui a des caractéristiques distinctes où l'information peut être reliée à la mémoire.

Kelly a donc développé ce concept en une hypothèse qui pourrait expliquer le but de sites célèbres comme Stonehenge, les lignes de Nasca et les statues de l'île de Pâques. Les significations de ces sites font l'objet de controverses depuis des décennies.

Ce que propose Kelly dans son livre The Memory Code est que des sites comme Stonehenge et les lignes de Nasca sont en fait des espaces de mémoire...


Dans les cultures orales, la connaissance c'est le pouvoir.


Il est impératif que la connaissance la plus importante soit maintenue et préservée par quelques dépositaires choisis qui ont prouvé leur valeur. Dans les cultures indigènes, les ainés qui ont passé les plus hauts niveaux d'initiation détiennent les niveaux les plus profonds de connaissance.  

Cela se reflète dans les sites cérémoniels où la connaissance est transmise. Les sites d'initiation aborigènes ont une zone secrète où la connaissance la plus sacrée est abordée.

On peut aussi le voir à Stonehenge, où le périmètre des pierres levées protège l'anneau central, où les aspects de la connaissance les plus importants étaient transmis à travers des cérémonies.

Ces sites ont des caractéristiques qui sont uniques dans leur forme. A Uluru, les ainés Anangu ont associés chaque fente, bosse et entaille autour du périmètre de la montagne à des connaissances stockées en mémoire.

Comment les cultures à tradition orale peuvent mémoriser autant d'informations ?Vue rapprochée d'Uluru révélant un environnement très texturé. Credit: Shutterstock/Peter Zurek

Carte des étoiles et mémoire.


Mais les Loci ne sont pas uniquement des lieux que l'on peut visiter ou toucher. Des peuples indigènes ont aussi utilisé les étoiles comme espace de mémoire. Par exemple, des groupements d'étoiles peuvent représenter les caractéristiques d'un paysage.

L'activiste aborigène Ghillar Michaell Anderson explique comment le peuple Euahlayia été capable de voyager sur de longues distances pour le commerce et les cérémonies. Les Euahlayi auraient mémorisé les cartes d'étoiles la nuit et apprit les chansons parlant de leur relation à la terre. Chaque étoile était associée à une caractéristique du paysage, tel qu'un trou d'eau. Plus tard dans l'année, ils devaient chanter la chanson lorsqu'ils voyageaient à travers le pays le jour. Ces "chants de piste" (songline) sont devenus les fondations de certains des réseaux routiers qui traversent l'Australie.

Plutôt que de se diriger à l'aide des étoiles, les étoiles elles-mêmes servaient d'espace de mémoire.

Dans The Memory Code, Kelly fournit de nouvelles approches sur la façon dont les sociétés orales sont capables de stocker de grandes quantités de connaissances en mémoire sans qu'elles se dégradent avec le temps.

Cela pourrait expliquer comment les souvenirs aborigènes des terres qui ont existé avant d'être inondées par la hausse du niveau des océans au cours de la dernière période glaciaire ont pu survivre dans les traditions orales pendant plus de 7000 ans.

Pour le tester elle-même, Kelly a utilisé la technique pour mémoriser tous les pays du monde par ordre de population en les reliant à des caractéristiques de son voisinage, comprenant des bâtiments et des jardins, et en inventant ses propres histoires pour chacun d'eux. Du coup, elle peut les réciter maintenant sans erreur. "Vous pourriez être surpris de voir à quel point c'est facile à faire soi-même" a-t-elle dit.

Relecture par Digitarium.fr
Lynne Kelly:
Source:

Derniers articles sur les aborigènes: 

11.26.2016

L'autisme, la moralité collaborative et le succès de l'évolution humaine

Un changement subtil se serait opéré dans notre histoire évolutionnaire il y a 100,000 ans; cela aurait permis aux individus qui pensaient et se comportaient différemment, comme les personnes atteintes d'autisme, à s'intégrer à la société. C'est que rapportent les universitaires de l'Université de York.

Le changement est apparu avec l'émergence de la moralité collaborative, un investissement dans le bien-être de tous les membres du groupe. Cela signifie que les personnes qui avaient des traits autistiques n'étaient pas seulement acceptées mais peut-être respectées pour leurs compétences particulières.

Des indices de traits autistiques peuvent être observés dans l'art rupestre

La diversité des individus


Plutôt que d'être délaissées, ou au mieux tolérées, l'équipe de recherche conclue que nombreux d''entre elles ont pu jouer un rôle important dans leur groupe social en raison de leurs talents et compétences uniques.

"Nous soutenons que la diversité, les variations entre les gens, a été probablement plus importante dans le succès de l'évolution humaine que les caractéristiques d'une personne" explique Penny Spikins, maitre de conférence en archéologie des origines humaines à l'Université de York, "c'était la diversité entre les gens qui a conduit au succès humain et c'est particulièrement important car cela vous donne différents rôles spécifiques. Nous estimons que c'est l'apparition de la moralité collaborative qui a conduit à la possibilité d'élargir la diversité de la personnalité humaine."


Une mémoire exceptionnelle


De nombreuses personnes autistes ont des compétences mémorielles exceptionnelles, des perceptions accrues dans le domaine de la vision, du goût, de l'odorat et une meilleure compréhension des systèmes naturels comme le comportement des animaux.

L'incorporation de certaines de ces capacités dans une communauté a pu jouer un rôle vital dans le développement des spécialistes, suggèrent les auteurs de l'étude.

Une précédente étude ethnographique, en 2005, d'un vieil éleveur de rennes en Sibérie, avait révélé sa mémoire détaillée de la parenté, de l'histoire médicale et du caractère de chacune de ses 2600 bêtes. Sa connaissance vitale a du apporter une contribution importante à leur gestion et survie. Le grand-père était plus à l'aise en compagnie des rennes que des hommes, mais il était très respecté, avait une femme, un fils et des petits-enfants.


Des indices dans l'art rupestre


Trouver des traces tangibles d'autisme dans les données archéologiques a toujours été un défi pour les universitaires. Le Dr Spikins ajoute que "les données archéologiques ne nous donnent pas suffisamment de données pour l'autisme, cependant, elles nous apportent des informations sur des personnes qui ont diverses différences et sur la façon dont elles ont été intégrées"

D'autres indices peut être trouvés dans les grottes et d'autres artéfacts. "Il y a eu un débat de longue date concernant l'identification des traits autistiques dans l'art rupestre du paléolithique supérieur. Nous ne pouvons pas dire que cela a été dessiné par une personne autiste, mais il y a des traits qui sont identifiables comme étant de personne autiste. C'est aussi à peu près à cette époque que nous voyons l'émergence de la moralité collaborative"


Voici le lien vers l'étude:


Source:


11.23.2016

De magnifiques gravures rupestres découvertes sous une ville espagnole

L'archéologue Juan Carlos López Quintana avait prévu de passer tranquillement son premier Mai dans la ville balnéaire de Lekeitio au nord de l'Espagne. Lorsqu'il s'est abaissé à travers une étroite ouverture à 8 mètres de profondeur semblant mener à une grotte inexplorée, il ne s'attendait pas à ce qu'il vit.

Il pensait que la grotte, dont un groupe de spéléologues venaient de s'y frayer un chemin, pouvait contenir des sédiment (des traces d'activités humaines comme des ossements et outils), mais ses attentes ont été largement dépassées: à 50m à peine de l'entrée se trouvait un impressionnant tableau d'art paléolithique, parfaitement préservé. cette trouvaille survient à peine quelques mois après les superbes peintures rupestres découvertes non loin dans les grottes d'Atxurra au Pays-Basque.


"Les dessins étaient clairement visibles (à l’œil nu), ils étaient spectaculaires" rapporte López Quintana. La conservation de cet art rupestre, composé de plus de cinquante gravures paléolithiques, est "exceptionnelle" confirme Marcos García Díez, professeur de préhistoire à l'Université du Pays-Basque.

On peut voir différents dessins d'herbivores, certains font jusqu'à 1.5mètres, et deux très rares images de félins.

La grotte, située sous un ensemble de bâtiments, était connue de la population locale depuis longtemps. Son entrée est restée ouverte pendant des décennies et les enfants allaient y jours jusque dans les années 1970, avant que les déchets de construction n'en bloquent l'accès.

"Les grottes sous les zones urbaines sont en général mal préservées, ou s'effondrent entièrement" ajoute Garcia Diez, ce qui explique la surprise de López Quintana lorsqu'il a découvert les dessins, probablement vieux de 14500 ans, intacts. "La partie de cette grotte n'est pas difficile à explorer depuis l'entrée originale"  continue-t-il, mais, fort heureusement, elle est intacte. "Toute cela aurait pu finir recouvert de graffitis".


Cet art rupestre apporte une image remarquable de la vie au 125 siècle avant l'Ere Commune.


Des symboles abstraits trouvés dans la grotte ( les premiers que l'on connait pour avoir été réalisés en utilisant une technique de gravure particulière) indiquent que les personnes qui les ont faits partageaient une sensibilité artistique et voyageaient dans ce qui est aujourd'hui la France et l'Espagne. Cette grotte seule représente des déplacements qui vont jusqu'à 800km, estime Garcia Diez. Bisons, chèvres et chevaux parcouraient la péninsule ibérique, ainsi qu'une sous-espèce éteinte de lion.


Le tableau, avec les contours pour mieux voir ce que cela représente. Notez les symboles abstraits (lignes et demi-cercles) marqués en pointillés. 
 
Cette immense panneau artistique combine de nombreuses images d'herbivores, certaines font jusqu'à 1.5m, ainsi que deux "très rares" images de félins exceptionnellement préservées. Les carnivores, et plus spécialement les lions, n'ont presque jamais été rencontrés dans l'art rupestre paléolithique, rapporte le professeur de préhistoire, César Gonzalez Sainz, de l'Université de Cantabrie, qui est celui qui a daté ces gravures, et qui reste étroitement impliqué dans l'exploration de la grotte.


Cet art rupestre est un témoignage rarissime des compétences artistiques de nos ancêtres, une partie d'une histoire vieille de 14500 ans dont tout n'est pas encore découvert.


Garcia Diez fait remarquer que les deux représentations de félin, avec une troisième figure encore indéterminée, sont une "singularité". "Certains disent que cela pourrait être une hyène, d'autres un lion, mais dans tous les cas c'est un carnivore" ajoute López Quintana.

Les animaux prédateurs, et plus particulièrement les lions, sont inhabituels dans l'art paléolithique. "Ces gens ont plutôt tendance à peindre ce qu'ils consomment, et les lions sont plutôt liés au danger" explique Garcia Diez. L'une des figures de lion est, sans aucun doute, la mieux préservée en Cantabrie, "on peut le voir clairement, ses petites oreilles, ses deux puissants membres antérieurs,sa queue relevée". 
Les lions lèvent la queue lorsqu'ils courent, pour la stabilité, explique Marián Cueto Rapado, archéologue qui s'est récemment penché sur les lions préhistoriques. "Les hommes préhistoriques ne connaissaient pas seulement la forme de l'animal, mais aussi ce que signifiait leur posture; ils pouvaient dire si un animal était calme ou tendu, et ils étaient capable de capturer cela de manière magnifique dans leur art". Elle ajoute que ces dessins de félins concernent plus probablement des lions des cavernes, une sous-espèce qui vivait en Eurasie au cours de la fin du Pléistocène. Ces lions étaient plus grands en taille que les lions africains avec lesquels nous sommes familiers, et les mâles n'avaient pas de crinière.

L'image de ce félin est certainement un lion des cavernes, une sous-espèce qui vivait en Eurasie à la fin du pléistocène.

Mais la connaissance anatomique des lions par les hommes préhistoriques ne provenait pas seulement de l'observation: ils les chassaient aussi pour leur peau et, d'après Cuerto Rapado, ont contribué à leur extinction. "Les hommes préhistoriques étaient d'habiles chasseurs; de plus, la population humaine augmentait à cette période, et les lions rivalisaient avec les hommes au sujet de la nourriture et de l'espace de vie (les deux vivaient dans des grottes). Aussi, l'activité humaine a exercé une pression sur les lions des cavernes jusqu'à ce que finalement ils disparaissent, il y a environ 14000 ans" ajoute-telle.


Une technique de gravure inhabituelle a été utilisée


Cet art est d'autant plus significatif, ajoute Garcia Diez, que c'est un "exemplaire" d'une technique de gravure inhabituelle, facilement dommageable, et qui survit rarement de manière "si visible". Alors que la plupart des dessins de la grotte sont faits par grattement avec les ongles sur le mur, cette technique consiste à faire glisser un objet sur le mur pour créer des lignes plutôt que des rainures, ce qui donne un "camée" sophistiqué ou un effet trompe l’œil, qui semble peint plutôt que gravé, décrit González Sainz.

On ne sait pas encore quel était le but de l'art préhistorique, mais cette découverte apporte de la lumière sur l'intensité surprenante des échanges culturels entre des populations éloignées. Selon, Garcia Diez, les gravures dans la grotte de Lekeitio sont de l'art rupestre naturaliste, que l'on trouve en de nombreux endroits à cette période, de la Cantabrie jusqu'au centre de ce qui est aujourd'hui la France.

Un gros plan du tableau rupestre. La chèvre est visible en haut à droite, le lion en bas à droite.

Les symboles abstraits gravés sur les murs consistent en des lignes de 30 à 40cm, d'adjacentes à des demi-cercles. Cela relie aussi ces différentes populations. Les gravures de ces symboles n'ont jamais été trouvées en Cantabrie auparavant, mais on en a vue dans les Pyrénées. "Les murs de cette grotte représentent des déplacements de 700 à 800 km" explique Garcia Diez, ce qui est une distance impressionnante lorsque l'on sait que ces hommes ne voyageaient qu'à pieds.

Pour Cueto Rapado, "ces populations étaient nomades: elles chassaient des groupes d'animaux et se déplaçaient chaque fois qu'une nourriture devenait rare dans une zone."

Gonzalez Sainz explique que l'art rupestre découvert combine différentes images, qui sont souvent enchevêtrées ou partiellement superposées, aussi une étude détaillée est nécessaire pour démêler toutes les informations.

La grotte elle-même recèle encore de nombreux secrets attendant d'être découverts: la plus grande partie du niveau supérieure, où a été découvert l'art rupestre, reste inexploré, et López Quintana est certain que d'autres découvertes vont suivre. Mais cela va être un long processus. L'accès à la grotte est difficile, c'est très humide, dans un environnement malsain, et une rivière circule aux niveaux inférieurs.

Jusqu'ici, seulement neuf personnes (officiellement) ont été à l'intérieur (sans compter les spéléologues qui ont explorer les autres niveaux), dont une équipe d'imagerie 3D.

Aussi, alors qu'il est certain que la grotte ne sera pas accessible au public, une exposition qui a ouvert récemment dans les environs de la ville de Bilbao permet de visiter virtuellement la grotte et d'explorer chaque détail de l'art rupestre avec l'aide de lunettes spéciales.

Pour l'archéologue López Quintana, il s'agit de rester patient: les travaux archéologiques ne reprendront pas avant l'année prochaine.


Source:

Derniers articles sur l'art rupestre:


11.17.2016

Un ancien sarcophage appartenant à un homme de haut rang découvert près de Louxor

Des archéologues espagnols ont découvert une momie vieille de plusieurs milliers d'années et en "très bonne condition" près de la ville de Louxor, dans le sud-est de l'Egypte.

Un ancien sarcophage appartenant à un homme de haut rang découvert près de Louxor
Le sarcophage contenant la momie, découvert près de Louxor. Photo: AFP/Getty Images

La découverte a été faite dans une tombe remontant probablement entre 1075 à 664 avant JC, sur la rive ouest du Nil à 700km au sud du Caire.

La momie a été découverte emballée avec du lin tenu avec du plâtre. Elle était dans un sarcophage en bois brillamment coloré et enterrée près d'un temple dans la zone du roi guerrier, du quatrième millénaire, Thoutmôsis III.

Le tombeau semble avoir appartenu à un membre de la noblesse, Amenrenef, qui fut "servant de la maison royale".
On peut bien voir l'état de conservation exceptionnel du sarcophage.. Photo: AFP/Getty Images

La directrice de l'équipe archéologique, Myriam Seco Alvarez, a rapporté que la momie portait "beaucoup de décorations colorées rappelant des symboles religieux de l'ancienne Egypte, telles que les reines Isis et Nephtys avec leurs ailes et les quatre fils d'Horus."

Image de l'entrée de la tombe récemment découverte. Photo: European Photopress Agency

La plus ancienne trace de momification en Egypte suggère que la pratique d'emballement des corps pour les préserver après la mort remonte au moins à 4500 avant JC.
Merci à Audric pour l'info !
Source:

Derniers articles sur l'Egypte:

11.15.2016

Fin du mystère de l'amulette de Mehrgarh, plus ancien témoignage de fonte à la cire perdue

L'amulette de Mehrgarh est le plus ancien objet fabriqué à la cire perdue, il y a environ 6000 ans. Le secret de fabrication de cette amulette en cuivre a été résolu, grâce l'imagerie spectrale de photoluminescence UV/visible.

Mehrgarh, aujourd’hui au Pakistan
Vue du site archéologique MR2 à Mehrgarh occupé de 4 500 à 3 600 ans avant J.-C. où a été retrouvée l'amulette. Photo: C. Jarrige, Mission archéologique de l'Indus.

Grâce à cette technologie, on connait maintenant la pureté du cuivre, la températures de fusion et de solidification, et tous les paramètres de conception de cet objet.


Cette étude a permis aux scientifiques de percer le mystère de l'invention de la fonte à la cire perdue, une technique à l'origine de la fonderie d'art.



L'amulette de Mehrgarh, en cuivre, a été découverte dans les années 1980 sur une zone occupée il y a 6000 ans, à Mehrgarh, aujourd’hui au Pakistan. Sa forme indique qu'elle a été conçue avec la première technique de fonderie de précision : la fonte à la cire perdue (encore utilisée de nos jours). Cette technique part d'un modèle sculpté dans un matériau à bas point de fusion comme la cire d'abeille. Ensuite, le modèle est enrobé de terre argileuse, l'ensemble chauffé pour évacuer la cire, puis cuit. Le moule est alors rempli de métal en fusion puis brisé pour libérer l'objet métallique.

Photographie de l'amulette de Mehrgarh, plus ancien témoignage de fonte à la cire perdue. Photo: D. Bagault, C2RMF.


On n'en savait pas plus sur la fabrication de cette amulette en cuivre, jusqu'à cette nouvelle approche par photoluminescence, qui vient de révéler une structure interne… étonnante !

Aujourd'hui majoritairement composée d'oxyde de cuivre (cuprite), l'amulette émet pourtant une réponse non uniforme sous illumination UV/visible. En effet, entre les dendrites formées au début de la solidification du métal en fusion, les chercheurs ont découvert des bâtonnets, invisibles avec toutes les autres approches testées. La forme et la disposition de ces bâtonnets ont permis à l'équipe de reconstruire la chaîne de fabrication de l'amulette avec un niveau de détail sans précédent pour un objet aussi corrodé.

Il y a 6000 ans, après solidification à haute température du cuivre la constituant, l'amulette était composée d'une matrice de cuivre pur constellée de bâtonnets de cuprite, une conséquence des conditions oxydantes de la fonte. Avec le temps, le cuivre de la matrice s'est également corrodé en cuprite. Le contraste observé par photoluminescence résulte d'une différence de défauts cristallins entre les deux cuprites présentes : des atomes d'oxygène sont manquants dans la cuprite des bâtonnets, défaut qui n'existe pas dans celle formée par corrosion.

Images comparées de photoluminescence à haute dynamique spatiale (PL, haut) et de microscopie optique (bas), d'une portion d'un des rayons de l'amulette. L'image PL révèle une structure eutectique en bâtonnets invisible par toute autre technique testée. Grâce à cette image, le procédé de fabrication de l'amulette peut enfin être expliqué. Photo T. Séverin-Fabiani, M. Thoury, L. Bertrand, B. Mille, IPANEMA, CNRS / MCC / UVSQ, Synchrotron SOLEIL, C2RMF.

Cette nouvelle technique d'imagerie, à haute résolution et très grand champ de vue, a permis d'identifier le minerai, du cuivre particulièrement pur, la teneur en oxygène absorbée par le métal en fusion, et même les températures de fonte et de solidification (proche de 1072°C).

Cette découverte illustre le potentiel de cette nouvelle approche d'analyse qui pourra être appliquée à l'étude d'une très large gamme de systèmes complexes : matériaux semi-conducteurs, composites… et bien sûr objets archéologiques.


Source:
  • CNRS: "Fin du mystère de l'amulette : son altération cachait le secret de sa fabrication"