10.30.2018

La plus ancienne épave intacte au monde découverte dans la Mer Noire

A l'aide des dernières technologies, auparavant uniquement mises à la disposition des sociétés pétrolières, gazières et des énergies renouvelables, le projet archéologique Black Sea Maritime (Black Sea MAP) a étudié plus de 2000 km2 de fonds marins.

Tout au long de ce projet, plus de 60 épaves d’âge variés ont été trouvées, depuis une flotte de raids cosaques du XVIIe siècle à des navires de commerce romains munis d’amphores, mais aussi un navire complet de la période classique.

C'est au cours de la dernière phase, fin 2017, que l'équipe a découvert ce qui a été confirmé comme étant la plus ancienne épave intacte au monde:  une forme de navire marchand grec que l’on n'a vu auparavant que sur d'anciennes poteries grecques comme le "Vase Siren" du British Museum.

La plus ancienne épave intacte au monde découverte dans la Mer Noire
Le Vase Siren représentant le bateau retrouvé par l'équipe du Black Sea MAP. Photo: British Museum

Le bateau repose à 2000 mètres au fond de l'eau dans le Mer Noire où l'eau est anoxique (sans oxygène); cela a permis de préserver les matières organiques pendant des milliers d'années.

Un petit morceau du navire a été daté au carbone, et a ainsi confirmé qu'il s'agit de la plus ancienne épave de navire intacte connue de l’humanité. "Un navire intact du monde classique, baignant sous plus de 2 km d’eau, je n'aurai jamais cru cela possible" rapporte Jon Adams, professeur à l'université de Southampton et chercheur principal du projet Black Sea MAP,  "cela va changer notre compréhension de la construction navale et de la navigation dans le monde antique".

L'équipe du projet Black Sea MAP est sous la direction de l'Université de Southampton et des professeurs Jon Adams, Lyudmil Vagalinsky de l'Institut National d'Archéologie avec le Musée des Sciences Académiques Bulgares, et le Dr Kalin Dimitrov du Centre d'Archéologie Sous-marine de Sozopol en Bulgarie.

La plus ancienne épave intacte au monde découverte dans la Mer Noire
Le navire a été étudié et cartographié numériquement par deux véhicules sous-marins à distance. Image:BLACK SEA MAP/EEF EXPEDITIONS

En 2015, le projet Black Sea MAP a entrepris d’examiner les changements survenus dans l’ancien environnement de la région au large des côtes bulgares, dont l'impact du changement du niveau de la mer après le dernier cycle glaciaire.

Les études de terrain ont été menées sur trois saisons, dont la dernière en septembre 2017, avec une équipe de scientifiques maritimes de renommée mondiale revenant de son dernier voyage et qui a fait des découvertes étonnantes, dont une collection d'amphores et d'autres objets fascinants.

En plus de la découverte des épaves, les scientifiques ont mis au jour les vestiges d'un village de l'âge du bronze à Ropotamo en Bulgarie, près de l'ancien rivage lorsque le niveau de la mer était beaucoup plus bas qu'aujourd'hui. Au fur et à mesure de la montée des eaux, le village fut abandonné et les restes de bois de construction, de foyers et de céramiques gisent maintenant à 2,5 mètres sous le fond marin.

La vallée dans laquelle se trouvait le village était devenue une baie abritée visitée par les colons grecs de la période archaïque, puis un port pour les anciens marins byzantins et enfin un mouillage utilisé par les Ottomans.

Des étudiants spécialement sélectionnés dans des écoles défavorisées, se trouvaient également à bord des navires. Le projet Black Sea MAP a été conçu par Hans K Rausing qui a créé la fondation Expedition and Education pour commander le projet.


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10.25.2018

Teotihuacan s'appelait peut-être Teohuacan

Des chroniqueurs espagnols auraient altéré le nom de la cité pré-hispanique Teotihuacan pour minimiser son importance en tant que lieu de gouvernance.

Les aztèques auraient appelé leur cité "Teohuacan", littéralement, la cité du soleil. Cela contraste avec "la cité des dieux" ou "le lieu où les hommes sont devenus des dieux"comme est traduit Teotihuacan.

Teotihuacan.

Veronica Ortega, archéologue au National Institute of Anthropology and History, rapporte qu'un document aztèque peu connu contient un pictogramme se référent à la cité, qui est une combinaison du soleil, d'un temple et de signes de dirigeants. Dans le Codex Xolotol, qui est en France, le mot "Teohuacan" est écrit en-dessous.

Mais les codices, documents pictographiques aztèques établis pour informer les espagnols de la terre qu'ils avaient conquis, ont continué de l'épeler "Toetihuacan".

Ortega pense que les espagnols étaient mal à l'aise avec "Teohuacan" car le soleil était un symbole de puissance et ils voulaient concentrer tout le pouvoir dans la cité de Mexico toute proche, la capitale qu'ils ont conquis en 1521.

D'après elle, "Ils voulaient que les gens perçoivent Teotihuacan comme un lieu de culte, non pas comme un lieu où les dirigeants ont été oints, car ils voulaient garder le centre politique à Tenochtitlan", le nom aztèque de la cité de Mexico.

Le débat peut sembler quelque peu académique, car personne ne sait comment s'appelaient les habitants de la ville lors de son apogée, entre 100 avant JC et 750 après JC;  il y avait alors 100000 personnes.

La cité a été abandonnée bien avant l'arrivée des aztèques au 14ème siècle. Teotihuacan et Teohuacan sont des mots de la langue aztèque, le nahuatl, et personne ne sait quelle langue parlaient ceux qui habitaient Teotihuacan.

Bien qu'elle ne veuille pas changer les panneaux de signalisation, ni le nom officiel des ruines, Ortega estime que les implications du nom sont importantes car les dirigeants aztèques continuaient d'aller dans cette cité légendaire pour légitimer leur pouvoir.

Elle rapporte que Montezuma, le dernier dirigeant aztèque, "a mené des processions à Teotihuacan tous les 20 jours", soit la durée d'un mois civil aztèque.


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10.18.2018

Des habitats utilisés sur plus de 1000 ans au cours de l'âge de pierre en Norvège

De simples petites cabanes en terre de l'âge de pierre semblent avoir été utilisées pendant près de 1000 ans. Elles sont peut-être restées vides pendant 40 à 50 ans, en tout, avant d'être entretenues et réutilisées.

L'archéologue Silje Fretheim, du département d'archéologie et d'histoire culturelle de l'Université norvégienne de sciences et de technologie (NTNU), a trouvé cela incroyable: "Peu de constructions de nos jours ont duré pendant 1000 ans. Leur utilisation sur une aussi longue durée nous montre l'importance pour eux d'entretenir les maisons"

Fouille du site d'une tente réutilisée à Mohalsen dans la municipalité de Vega. Le site remonterait environ à 8300 avant notre ère.  (Photo: Hein B. Bjerck)

Elle a récemment discuté de sa thèse de doctorat sur le logement et les traditions d'implantation en Norvège au cours de la période mésolithique. Ses recherches révèlent une image différente des peuples de l'âge de pierre de celle enseignée à l'école de nos jours. "J'ai moi-même des enfants en âge d'aller à l'école et j'ai découvert que la plupart des écoles enseignent encore que les habitants de l'âge de pierre vivaient principalement dans des grottes. Mais ce n'était absolument pas le cas" dit-elle.

La période mésolithique en Norvège couvre environ 5500 ans, commençant vers 9500 avant l'ère commune, lorsque les peuples étaient nomades et chasseurs-cueilleurs. Au début de cette période, les gens vivaient dans des tentes dont on pense qu'elles étaient faites en peaux d'animaux, bien qu'aucune couverture de tente de cette époque n'ait été trouvé. Puis, finalement, les habitats sont devenus plus permanents.


Unique pour la Norvège


Fretheim a analysé les informations de 150 habitats de l'âge de pierre, s'étendant du comté le plus au nord du Finnmark jusqu'au sud de la Norvège.

Plus de la moitié d'entre eux ont été fouillés au cours de ces 15 dernières années, et c'est la première fois que quelqu'un compare les informations basées sur ces fouilles.

Le nombre d'habitations mésolithiques relativement bien préservées en Norvège est unique en Europe du Nord, et la thèse de Fretheim donne ainsi une nouvelle image de la population de l’âge de pierre qui dépasse également les frontières de la Norvège.

Dans d'autres parties du monde, les restes d'habitats et les traces des individus de l'âge de pierre sont enfouis sous les terres agricoles actuelles, ou bien sont sous l'eau parce que les terres le long des côtes ont été englouties après la dernière période glaciaire.

"En Norvège, cependant, les restes de l'âge de pierre ont été préservés car les endroits le long des côtes se sont élevés avec la diminution du poids des glaces de la dernière période glaciaire. Une autre raison, est que l'agriculture en Norvège a été moins extensive, et n'a donc pas recouvert les traces de l'âge de pierre. Dans le Finnmark, où les terres cultivées sont le moins répandues, il est possible de voir de nombreuses traces des anciens habitats" rapporte Fretheim.


Des tentes aux maisons semi-enfouies


Il n’est pas surprenant de constater que les traces d'habitats datant de 10000 à 11500 ans pendant la période mésolithique restent limitées

Fretheim dit que les archéologues ont trouvé des cercles de tente, qui sont des pierres placées sur les rabats de la tente. Ils ont aussi trouvé des surfaces nettoyées, avec des concentrations clairement définies de restes d'outils. Produire des outils en pierre à laissé de nombreux débris.

Les habitats les plus anciens étaient petits. La surface de ces anciennes maisons "est presque toujours entre 5 et 10 mètres carrés" ajoute Fretheim, "ce qui indique que des familles nucléaires se déplaçaient dans les alentours avec des tentes démontables. Je pense que les tentes faisaient probablement partie du style de vie mobile de ces gens qui voyageaient avec."

Les restes d'une maison semi-enfouie en Norvège (projet Ormen-Lange) à Nyhamna. Cet habitat a été utilisé pendant 1100 ans, entre 5200 et 4100 avant notre ère. La phot montre. La photo montre la surface arrondie du plancher enfoncé, avec une cheminée centrale en pierre et des trous pour les poteaux le long des murs. Credit: NTNU University Museum

Plusieurs choses se sont passées il y a 9500 ans et ont impacté les schémas d'implantation et d'habitat en Norvège: la forêt s'est étendue vers de nouvelles zones, le niveau de la mer le long de la côte s'est stabilisé et les dernières couches de glace de la dernière période glaciaire se sont retirées de l'intérieur.

Les habitations sont devenues plus grandes. Au lieu de planter une tente sur le sol, le sol a été partiellement creusé dans ce qu’on appelle des maisons semi-enfouies. Le reste de la maison était construit avec un ouvrage en bois et gazon. Les plus grandes de ces maisons pouvaient atteindre ainsi les 40 mètres carrés. "Plusieurs familles devaient vivre ensemble, ou peut-être des équipes de chasse qui partageaient la maison" ajoute Fretheim.


Des points de repère attractifs


Alors que le niveau de la mer s'est stabilisé, Fretheim pense qu'il est devenu possible pour ces peuples de construire leur propre connaissance des ressources naturelles de la région, comme les bons endroits où pêcher. Cela a diminué le besoin de suivre un animal, comme les rennes ou les phoques, sur son trajet migratoire.

Les gens ont commencé à préférer vivre dans des endroits avec des conditions de pêche et de chasses plus stables et variées.

Les maisons semi-enfouies étaient conservées et réutilisées à grande échelle, dont les plus utilisées ont été maintenues plus de 1000 ans.

"Les objets physiques fabriqués par des individus continuent à affecter les habitants et les paysages longtemps après. J'imagine que les fosses visibles dans le paysage à l'époque ont contribué à créer le premier paysage culturel. C'étaient les premières traces visibles laissées derrière, aussi les gens ont reconnu ces endroits et ont choisi de les reconstruire plutôt que de choisir de nouveaux emplacements. Les gens sont devenus plus sédentaires et liés à certains sites car ils les considéraient comme de bons endroits" explique Fretheim.

Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)
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10.08.2018

Des textes égyptiens non publiés révèlent de nouvelles connaissances sur la médecine ancienne

L’université de Copenhague au Danemark abrite une collection unique de manuscrits en papyrus de l'Egypte ancienne.

Une grande partie de la collection n'a pas encore été traduite, laissant les chercheurs dans le noir quant à leur contenu. "Une grande partie de ces textes ne sont toujours pas publiés. Des textes sur la médecine, la botanique, l'astronomie, l'astrologie, et d'autres sciences pratiquées dans l'Egypte ancienne", rapporte l'égyptologue Kim Ryholt, directeur du Carlsberg Papyrus Collection à l'Université de Copenhague.

Des textes égyptiens non publiés révèlent de nouvelles connaissances sur la médecine ancienne
Instructions pour un test de grossesse, il y a 3500 ans. (Photo: Carlsberg Papyrus Collection / University of Copenhagen) 

Aussi, une équipe internationale de chercheurs s'est mise à traduire ces textes inexplorés, qui d'après l'un des chercheurs, contiennent de nouvelles connaissances sur l'ancienne Egypte. "C'est totalement nouveau pour moi de pouvoir travailler sur du matériel non publié. Cela n'arrive pas dans beaucoup d'endroits dans le monde." ajoute la doctorante Amber Jacob de l'Institut pour l'Etude de l'Ancien Monde à l'Université de New-York. Elle est l'une des 4 doctorants travaillant sur ces manuscrits conservés à Copenhague.


Les égyptiens connaissaient les reins.


Les recherches de Jacob portent sur les textes médicaux de la bibliothèque du temple de Tebtunis, qui existait bien avant la célèbre bibliothèque d'Alexandrie, jusqu'à 200 avant notre ère.

Dans un des textes, elle a découvert des preuves montrant que les anciens égyptiens connaissaient l'existence des reins.  "C'est le plus ancien texte connu parlant des reins. Jusqu'à présent, certains chercheurs pensaient que les égyptiens ne connaissaient pas les reins, mais ce texte montre clairement que si." dit Jacob.

Les papyri ont aussi révélé des connaissances sur la vision égyptienne de l'astrologie. "Aujourd'hui, l'astrologie est perçue comme une pseudo-science, mais dans l'antiquité c'était différent. C'était un outil important pour prédire l'avenir et elle était considérée comme une science centrale" dit Ryholt, "par exemple, un roi devait vérifier quel jour était bon pour aller à la guerre". L'astrologie leur permettait d'éviter de partir en guerre un mauvais jour, lorsque les corps célestes étaient alignés dans une configuration particulière.


La contribution des égyptiens à la science


Les manuscrits non publiés fournissent un apport unique à l’histoire de la science, dit Ryholt: "Lorsque l'on parle d'histoire de la science, on se concentre souvent sur des documents grecs et romains. Mais nous avons des documents égyptiens qui remontent beaucoup plus loin. L'un de nos textes médicaux a été écrit il y a 3500 ans, lorsqu'il n'y avait pas encore de documents écrits sur le continent européen."

L'analyse de ce texte vieux de 3500 ans fait partie du travail de l'étudiante en doctorat, Sofie Schiødt, de l'Université de Copenhague.
Un côté du manuscrit décrit des traitements inhabituels pour des maladies des yeux, rapporte-t-elle. L'autre côté, décrit  l'équivalent chez les anciens égyptiens du test de grossesse: "le texte dit que la femme enceinte doit uriner dans un sac d'orge et un sac de blé. Selon le sac qui germe en premier,cela révèle le sexe de son enfant. Et si aucun des sacs ne germe, alors elle n'est pas enceinte."

Sofie Schiødt devant un payrus médical vieux de 3500 ans. (Photo: Mikkel Andreas Beck)

Son étude révèle que les idées enregistrées dans les textes médicaux des anciens égyptiens ont été diffusées bien au-delà du continent africain. "De nombreuses idées dans les textes médicaux de l'ancienne Egypte apparaissent aussi plus tard dans des textes grecs et romains. A partir de là, elles se sont répandues plus loin dans les textes médiévaux du Moyen Orient, et on peut trouver des traces jusque dans la médecine prémoderne"dit-elle.

Le même test de grossesse utilisé par les égyptiens est mentionné dans une collection du folklore allemand de 1699. "Cela met réellement les choses en perspective, car cela montre que les idées égyptiennes ont laissé des traces sur des milliers d'années" explique Schiødt.


"Chaque contribution est importante"


La traduction de ces textes non publiés est un travail important, d'après l'égyptologue Hans-Werner Fisher-Elfert du Département d'Egyptologie de l'Université de Leipzig en Allemagne: "nous n'avons encore qu'une connaissance fragmentée des sciences naturelles de l'ancienne Egypte. Par conséquent, chaque contribution est importante. Aujourd'hui, il existe encore un certain nombre de sources théoriquement connues des scientifiques mais toujours en sommeil dans diverses collections du monde entier sans que personne ne les voie en détail. Le moment est venu de les reconnaître".

Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)

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10.01.2018

Histoire du peuplement de l'Inde: ce qu'impliquent des découvertes au niveau du génome


Un nouveau document rédigé par 92 scientifiques du monde entier pourrait résoudre certaines questions majeures sur l'histoire du sous-continent et aurait des implications sur diverses théories de la civilisation indienne.

L'article intitulé "The Genomic Formation of South and Central Asia" (La formation génomique de l'Asie du Sud et Centrale), qui doit encore être examiné par les pairs, utilise la génétique pour examiner l'ascendance d'anciens habitants du sous-continent

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Histoire du peuplement de l'Inde: ce qu'implique des découvertes au niveau du génome


Voici un résumé de cette découverte et de ses implications:

Quels sont les auteurs de l'étude ?


Il y a 92 scientifiques nommés dans l'étude, avec des chercheurs de Harvard, du MIT, de l'académie des Sciences Russe, de l'Institut Birbal Sahni de Paléosciences à Lucknow, du Deccan College, de l'Institut Max Planck, de l'Institut pour la Recherche Archéologique en Ouzbékistan, et le Centre de Biologie Cellulaire et Moléculaire à Hyderabad.

Parmi les co-directeurs de l'étude, on retrouve le généticien David Reich, dont le nouveau livre a inspiré beaucoup de discussions sur l'histoire humaine ancienne et la théorie raciale (Who We Are and How We Got Here: Ancient DNA and the New Science of the Human Past).


Comment a été menée l'étude ?


Les chercheurs ont examiné des données à l'échelle du génome de 612 anciens individus, ce qui implique des échantillons d'ADN de personnes qui ont vécu il y a des millénaires. Ceux-ci comprenaient des échantillons provenant de l’est de l'Iran, une région appelée Turan qui couvre maintenant l’Ouzbékistan, le Turkménistan, le Tadjikistan, le Kazakhstan et l’Asie du Sud.

Sur les 612, l'ADN de 362 anciens individus a été examiné pour la première fois.

Ils ont ensuite comparé ces données avec celles prises à partir d'individus actuels, comprenant 46 groupes distincts en Asie du Sud. "


Qu'ont-ils cherché ?


Le manque d’ADN ancien et le fait qu'il n'y ait eu aucune étude appropriée sur le sujet font que nous ne comprenons toujours pas comment les populations d'Asie centrale et du sud se sont formées.

Il y a bien diverses théories à ce sujet, dont certaines très liées à la politique en Asie du sud et ailleurs. Ainsi, les nazis, par exemple, avaient aidé à propager la théorie de l'invasion aryenne, dans laquelle des gens aux yeux bleus ont envahi le sous-continent indien à cheval.

Les partisans de Hindutva ont fait valoir le contraire, connu sous le nom de théorie Out-of-India, ils affirment que les langues indo-européennes provenaient probablement de l'Inde et se sont répandues vers l'ouest.

Par le passé, l'ADN et d'autres recherches scientifiques basées sur les sciences humaines ont créé des signaux déroutants, avec l'ADN mitochondrial qui ne se transmet que de mère à fille, ce qui est surtout unique au sous-continent. Cela a suggéré que les habitants de l'Inde étaient indigènes depuis des milliers d'années.

Cependant, les chromosomes Y, qui passent de père en fils, montraient bien plus de connexions avec les eurasiens de l'ouest, voire européens, les peuples du plateau d'Iran, ou les asiatiques centraux.

Au milieu de tout ça, il y a la question de savoir qui était le peuple de la Vallée de l'Indus. Etaient-ils plus reliés à ceux que l'on nomme les dravidiens, poussés vers le sud par les aryens en migration ?
Ou bien étaient-ils eux-mêmes des aryens, qui se seraient déplacés vers le sud ?

A bien des égards, l'étude vise à résoudre cette contradiction et cherche à répondre à une partie de la question: quels sont les peuples du sous-continent et comment sont -ils arrivés ici ?


Qu'ont-ils trouvé ?


L’article repose sur la compréhension génétique qu'il y a eu deux groupes séparés dans l'Inde ancienne.

Les indiens ancestraux du nord et les indiens ancestraux du sud, ou ANI et ASI. Ces deux groupes étaient, comme l'explique Reich dans son nouveau livre  "aussi différents l'un de l'autre que les européens le sont des asiatiques aujourd'hui".

Mais d'où venaient donc ces deux populations qui se sont amalgamées aux alentours de 2000 avant l'ère commune ?

Il y a trois groupes potentiels qui, lorsqu'ils sont mélangés dans diverses combinaisons, peuvent être responsable de la création des populations des indiens ancestraux du nord et des indiens ancestraux du sud.

Le premier sont des chasseurs-cueilleurs de l'Asie du Sud, décrit dans l'étude comme les anciens indiens ancestraux du sud (AASI), le plus ancien peuple du sous-continent, liés aux habitants modernes des îles Andaman.

Il y a ensuite les agriculteurs iraniens, dont on sait qu'ils sont venus dans le sous-continent, apportant avec eux certaines formes de culture de blé et d'orge.

Et, finalement, il y a les éleveurs des steppes, les habitants des vastes prairies d'Asie centrale jusqu'au nord de l'Afghanistan, auparavant connues sous le nom de "aryens".

Il reste aussi une autre population importante avec des connexions sud-asiatiques qui se trouve quelque part au milieu de tout cela: la population de la vallée de l'Indus.

Dans le Touran, région nord de l'actuel Iran aussi connu sous le nom de complexe archéologique bactro-margien (civilisation de l'Oxus), il y avait une immense communauté qui semblent avoir peu de lien génétique avec les habitants du sous-continent.

Pourtant, les auteurs ont trouvé trois individus de cet ancien complexe ayant des liens avec l’Inde, spécifiquement une ascendance faite d'un mélange d'agriculteurs iraniens et de chasseurs-cueilleurs sud asiatiques ou anciens indiens ancestraux du sud. Cela correspond a des individus de la vallée de Swat au Pakistan, un autre site de la Vallée de l'Indus.

Comme les chercheurs n'avaient pas un accès direct à l'ancien ADN des sites de la Vallée de l'Indus en Inde, l'article préfère les appeler "individus périphériques de la Vallée de l'Indus".

Ces trois individus sont la clé de ces découvertes.


Où se situe la Vallée de l'Indus ?


La raison pour laquelle les chercheurs les nomment individus périphériques de la Vallée de l'Indus est qu'ils ne peuvent être sûrs que leur composition génétique est la même que la plupart de ceux qui vivaient dans la vallée de l'Indus, car ils n'ont pas accès à un ADN ancien provenant de sites indiens.

La composition des individus de la périphérie de la vallée de l'Indus est simple: c'est un mélange d'agriculteurs iraniens et de chasseurs-cueilleurs sud asiatiques ou anciens indiens ancestraux du sud.

L'étude a découvert que ces deux ascendances sont également présentes dans les deux populations suivantes: les indiens ancestraux du nord et les indiens ancestraux du sud. Mais il y a quelques différences clés.

Tout d'abord les indiens ancestraux du sud ont ce mélange de base: des chasseurs-cueilleurs sud asiatiques et des agriculteurs iranien. Ensuite, et surtout, les indiens ancestraux du nord ont une autre ascendance mélangée qui ne se retrouve pas chez les indiens ancestraux du sud: les éleveurs des steppes ou aryens.


Qu'en conclu l'article ?


En termes simples, le mélange d'agriculteurs iraniens et de chasseurs-cueilleurs sud asiatiques ont créé la population de la vallée de l'Indus.

Ensuite, vers le second millénaire avant l'ère commune, les éleveurs des steppes se sont déplacés vers le sud à travers le sous-continent rencontrant la population de la Vallée de l’Indus d’une manière qui a pu provoquer des bouleversements.

Ce qui semble se passer par la suite, c'est que certaines populations de la Vallée de l'Indus se sont déplacées plus au sud, se mélangeant encore plus avec les chasseurs-cueilleurs sud asiatiques, et créant la population des indiens ancestraux du sud.

Pendant ce temps, au nord, les éleveurs des steppes se sont mélangés avec la population de la Vallée de l'Indus, créant le groupe des indiens ancestraux du nord.

La plupart des populations subséquentes d'Asie du Sud sont ainsi le résultat d'un mélange supplémentaire entre les indiens ancestraux du nord et les indiens ancestraux du sud.

Cela signifie donc que les peuples de la civilisation de la Vallée de l'Indus sont le pont vers la plupart des populations indiennes existantes. "En co-analysant les données génomiques et celles des anciens ADN provenant de divers sud asiatiques actuels, nous avons montré que les individus liés à la périphérie de l'Indus sont la source d'ascendance la plus importante en Asie du Sud."


Qu'est-ce que tout cela signifie ?


Pas mal de choses assez difficiles à résumer. Voici ce que l'on peut retenir: une certaine forme de migration «aryenne» a eu lieu, même si ce terme n’est pas utilisé. L'introduction des éleveurs des steppes dans le sous-continent pourrait être la manière dont se sont répandues la langue et la culture indo-européennes, puisque ce sont les mêmes peuples des steppes qui se sont également déplacés vers l'Europe.

De plus, il peut y avoir un lien entre la migration des steppes et la caste et la culture des prêtres. Les chercheurs disent avoir trouvé 10 des 140 groupes indiens avec une plus grande quantité d'ascendance de steppe par rapport à l'ascendance de la vallée de l'Indus.

Plus généralement, les groupes de statut sacerdotal semblent avoir une ascendance steppique plus élevée, ce qui suggère que ceux qui ont ce mélange peuvent avoir joué un rôle central dans la diffusion de la culture védique.

La théorie Out-of-India est maintenant encore plus improbable, du moins au niveau génétique.

Les chercheurs disent que les anciens agriculteurs iraniens n’avaient aucun mélange significatif d’ascendance sud-asiatique de chasseurs-cueilleurs, "et donc les modèles que nous observons sont entraînés par le flux de gènes vers l'Asie du Sud et non l'inverse".

Cela dit, et pour ne pas simplifier les choses, il y a des preuves de mouvement des habitants de la Vallée de l'Indus vers la région de Turan, d'après des données du complexe archéologique Bactria-Margiana. Les ancêtres des habitants de la région révèlent une très petite quantité de mélange de chasseurs-cueilleurs sud-asiatiques, et la présence des trois individus, qui sont des cas uniques; pourrait être la preuve que des habitants de la vallée de l'Indus ont migré vers Turan.

Les données attendues de l'ancien ADN de la civilisation de la Vallée de l'Indus à partir du site d'Haryana à Rakhigarhi, devraient apporter leur contribution à cette image de l'ascendance des populations sud-asiatiques.

Lien vers l'article scientifique (PDF): The  Genomic Formation of South and Central Asia

Merci à Audric pour l'info !

Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)
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9.18.2018

Irlande: le mot EIRE découvert suite à un incendie a été restauré

Le panneau "Eire" récemment découvert sur Bray Head (un sommet des montagnes de Wicklow culminant à 241 mètres d'altitude, en Irlande), et remontant à la seconde Guerre Mondiale, a été nettoyé et protégé par un groupe de volontaires locaux.

Les lettres du mot "Eire" telles qu'on pouvait les voir juste après l'incendie à Bray Head.

Le mot "Eire" qui signifie Irlande est épelé avec des blocs de granit et placé dans une position orientée vers l’est sur Bray Head. Il avait été financé par le ministre américain de l'époque en Irlande, David Gray.
Gray avait veillé à ce que des cartes indiquant des points de cheminement numérotés autour de la côte irlandaise soient fournies à l’armée de l’air américaine comme aide à la navigation.

Le signe de Bray Head était accompagné du chiffre 8, qui identifiait le point de passage et un poste de guet à proximité.

Il a peut-être aussi servi à avertir les bombardiers aériens sur le fait qu'ils se trouvaient au-dessus d'un pays neutre et ainsi éviter que la zone ne soit bombardée par erreur.

Le nord de Dublin n’y avait pas échappé et, dans la nuit du 31 mai 1941, quatre bombes explosives avaient été larguées par des avions allemands sur le quartier de North Strand à Dublin. Quelques 28 personnes périrent et 90 autres furent blessées, avec 300 maisons endommagées ou détruites.

Après la guerre, le signe de Bray Head fut oublié pendant des décennies et n'est réapparu qu'après des incendies sur le promontoire pendant la sécheresse de cet été.

Le mot Eire après sa restauration

Dernièrement, ces immenses lettres de pierre de granit formant le mot «Eire» ont été nettoyées par des volontaires locaux, révélant leur blancheur contrastant avec la terre encore noircie.

Une société de la région a fourni des peintures résistantes aux intempéries, qui ont été utilisées pour enduire les roches une fois qu'elles ont été nettoyées.

L'équipe de volontaires va continuer à travailler dessus au cours des prochains week-ends pour que le cadre rectangulaire et le numéro huit au-dessus soient complètement restaurés.

Merci à Audric pour l'info !

Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)

 

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9.13.2018

Un ancien tombeau octogonal révèle des contes de la Chine sous l'ère mongole

Des archéologues ont découvert à Yangquan, en Chine, un tombeau en forme d'octogone avec les murs recouverts de peintures. Il serait vieux de 700 ans, lorsque les descendants de Genghis Kan dirigeaient la Chine.

Le toit en forme de pyramide du tombeau est décoré avec des images du soleil, de la lune et des étoiles.

Un ancien tombeau octogonal révèle des contes de la Chine sous l'ère mongole
Credit: Chinese Cultural Relics

Des scènes de vie dans la Chine dirigée par les mongols


Sept murs son recouverts de peintures, alors que le huitième sert d'entrée. Aucun reste de squelette n'a été trouvé à l'intérieur, bien qu'une illustration sur le mur nord montre les occupants du tombeau:une femme et son mari.

Certaines des peintures montrent des scènes de vie dans la Chine dirigée par les mongols. Cela comprend un groupe de musiciens jouant des chansons, du thé en préparation, et des chevaux et chameaux transportant des gens et des marchandises.

Certains des personnages sont représentés portant des styles vestimentaires mongols plutôt que chinois. Ainsi, dans une peinture, un chameau est mené par un homme "qui porte un chapeau mou à quatre bords, ce qui était le chapeau traditionnel des tribus nomades du nord dans les temps anciens", écrivent les archéologues dans un article, "les dirigeants mongols ont publié un code vestimentaire en 1314 pour une ségrégation raciale: les fonctionnaires chinois Han portaient des chemises à col rond et des chapeaux pliés, et les fonctionnaires mongols portaient des vêtements comme des vestes longues et des chapeaux souples à quatre bords".


D'anciennes histoires chinoises


Deux des peintures murales dépeignent des récits populaires dans l'histoire chinoise. L'une d'elle raconte l'histoire de Guo Ju et sa femme qui avaient un jeune fils et qui prenaient soin de la mère malade de Ju. La famille est à court d'argent et de nourriture et doit choisir entre s'occuper de la mère ou de l'enfant. Ils décident d'enterrer l'enfant vivant afin de pouvoir se permettre de nourrir la mère de Ju et d'acheter ses médicaments. Dans cette peinture, ils n’ont plus besoin de sacrifier leur fils et la famille vit heureuse pour toujours.

Une autre peinture relate l'histoire de Yuan Jue, un enfant qui insistait pour que son grand-père soit soigné correctement. La famille de Jue traverse une période de famine, et son père décide d'amener son grand-père dans le désert afin qu'il meure et que les autres membres de la famille aient de meilleures chances de survie.
Jue proteste, suivant son père (qui transporte son grand-père), disant que s'il persiste dans ses actions, Jue transportera son père dans le désert quand il sera plus âgé. Le père revient sur sa décision, et la famille (avec le grand-père) passe à travers la famine.

Credit: Chinese Cultural Relics

Bien que ces deux histoires puissent paraître sinistres, elles montrent la "piété filiale", l'importance du respect des parents et grands-parents et de s'occuper d'eux lorsqu'ils sont plus vieux.

De telles histoires étaient populaires tout au long de l'histoire de la Chine, écrivent Alan K. L. Chan et Sor-hoon dans l'introduction du livre "La piété filiale dans la pensée et l'histoire chinoises" (Routledge, 2004). "Les anciens penseurs chinois sont presque unanimes sur l’importance du xiao [mot qui signifie «piété filiale»] dans l’ethos chinois", écrivent Chan, qui est professeur à l'Université Technologique Nanyang à Singapour, et Tan, professeur à l'université Nationale de Singapour, "Parmi les diverses formes de conduite vertueuse, le xiao arrive en premier, déclare un proverbe chinois bien connu".


Le règne mongol


Une force mongole dirigée par Kublai Kha, petit-fils de Genghis Khan, a conquit la Chine en 1271. A cette époque, les mongols contrôlaient aussi la Mongolie et des parties de l'actuelle Russie, de Corée et du Vietnam.
Les descendants de Genghis Khan ont régné sur la Chine jusqu'en 1368, lorsque des soldats rebelles ont forcé les mongols à se retirer en Mongolie. Au cours de leur règne, les mongols ont bâti Shangdu (Xanadu) que les dirigeants utilisaient comme capitale pendant la période estivale.

La période du règne mongol correspond avec le petit âge glaciaire, un évènement climatique mondial au cours duquel le climat en Europe et en Asie était plus froid.

Timothy Brook, professeur d'histoire à l'Université de Colombie Britannique, écrit dans le livre "l'Empire troublé: la Chine au cours des dynasties Yuang et Ming" (The Belknap Press of Harvard University Press, 2010), que parfois, les personnes ont souffert des inondations et de la famine en Chine lors du règne mongol, bien que de temps en temps l'économie prospérait.

D'après des données historiques, il y avait une augmentation des observations de "dragon" dans les décennies avant que les Mongols ne quittent la Chine, note Brook, dont un dragon censé avoir détruit 3 300 acres (1 300 hectares) de champs en 1339. Aujourd'hui, les dragons sont considérés comme mythiques et ce que les gens on vu réellement n'est pas clair.

Malgré les affirmations historiques des attaques de dragons à l'époque de la domination mongole, aucune représentation de dragons n'a été trouvée dans cette tombe.

Le tombeau a été découvert en avril 2012 et a été fouillé par une équipe d'archéologues de Yangquan.


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9.07.2018

Des fouilles archéologiques dans une station de métro australienne mettent au jour près de 1 000 dents humaines

Le dentiste australien J.J. Forster, qui pratiquait à Melbourne entre 1898 et les années 1930, attirait des patients avec sa promesse d'élimination des dents «vraiment sans douleur». Mais les quelque 1 000 molaires en décomposition mises au jour lors de la construction d'une ligne de métro près de la rue Swanston, qui fut l'ancienne maison du praticien Forster, nous racontent une histoire différente.

Des fouilles archéologiques dans une station de métro australienne mettent au jour près de 1 000 dents humaines
Des archéologues ont trouvé les dents en décomposition lors de la construction d'une nouvelle ligne de métro à Melbourne, en Australie (Metro Tunnel Project)

Ils ont probablement extrait les dents plutôt que d'essayer de les soigner.


Des échantillons trouvés sur les sites de deux nouvelles stations de métro, Town Hall et State Library, révèlent des signes clairs de dégradation de la cavité et d'exposition des racines, ce qui suggère que les patients arrivaient au cabinet dentaire dans l'espoir de soulager leur douleur chronique.
Malheureusement pour ces malades, les remèdes se révélaient souvent aussi douloureux que les maux initiaux, rapporte Mark Evans, endodontiste à l'université de Melbourne.

Bien que ceux qui cherchaient un traitement du canal dentaire ou l'enlèvement d'une dent aient reçu des anesthésiques contenant de la cocaïne, de la novocaïne ou de l'oxyde nitreux (également connu sous le nom de gaz hilarant), ces médicaments étaient beaucoup moins efficaces que les médicaments modernes.

Alors que les dentistes tournaient autour de la bouche des patients avec des leviers et des pinces,
les deux parties espéraient avec ferveur que l'anesthésie n’était pas sur le point de disparaître.

Ceux qui venaient au cabinet pour une simple obturation finissaient dans un état encore pire, car les dentistes échouaient souvent à fournir une anesthésie pour ces procédures simples.

"Cela devait être horrible" dit Evans, précisant que les dentistes utilisaient une fraise vibrante à pédale pour percer la dent malade. En plus d'extraire les dents avec brutalité, Forster et ses collègues ont négligé le sort de ces dents retirées qui ont été retrouvées éparpillées dans la propriété du dentiste et empilées dans un tuyau de plomberie en fer.

"Nous pensons qu'il n'était pas très bon pour se débarrasser des dents de manière hygiénique," rapporte la directrice des fouilles Megan Goulding, "il les a probablement vidés dans les toilettes ou le bassin du cabinet."

D'après un communiqué de presse, les fouilles qui ont mis au jour la collection de molaires de Forster font partie d'un projet de construction de métro. Cinq nouvelles stations de métro devraient ouvrir en 2025, mais entre-temps, les archéologues mènent deux fouilles de six mois dans le quartier central des affaires de Melbourne, qui a connu une croissance rapide depuis sa fondation en 1837.

Le cabinet du praticien Forster, situé au 11 rue Swanston, se tenait aux côtés de bâtiments historiques tels qu'une école pour filles, un hôtel et une quincaillerie.


L'ensemble des artéfacts déniché par les fouilles révèle un portrait intime de la vie domestique du XIXe siècle.


Des objets liée au jeu, comprenant 20 dés en os de bétail et d'ivoire, ont été trouvés sur le site de l'ancien hôtel. Les découvertes comprennent aussi une paire de boucles d'oreilles inspirées des vêtements de deuil de la reine Victoria.

Des fouilles archéologiques dans une station de métro australienne mettent au jour près de 1 000 dents humaines
Figurine en pierre d'un lion chinois, découvert sur le site archéologique de la Bibliothèque d'Etat. Il daterait de la fin des années 1860-1890. La figurine faisait probablement partie d'une théière de Chine lors du pic de la ruée vers l'or. (Metro Tunnel Project)

De nouvelles découvertes sont régulièrement postées sur le site du Metro Tunnel Project, permettant aux locaux et aux personnes intéressées de s'immerger dans l’histoire de la ville.

Une figurine de lion en pierre, censé s'être assis sur le couvercle d'une théière rapportée de Chine au plus fort de la ruée vers l'or, témoigne des liens internationaux de Melbourne, tandis qu'une bouteille de soda au gingembre James Dickson and Co. représente des entreprises lancées plus près de chez eux.
Des fouilles archéologiques dans une station de métro australienne mettent au jour près de 1 000 dents humaines
Au moins vingt dés faits d'os de bétail et d'ivoire ont été récupérés sur le site archéologique de la rue Swanston.  Ils dés proviennent de bars qui ont occupé le site pendant la seconde moitié du 19ème siècle. (Metro Tunnel Project)

Les habitants qui passent par les sites archéologiques sont libres d’observer les chercheurs en action grâce à des fenêtres de visualisation spéciales.

En septembre, une sélection d'objets provenant des fouilles sera exposée au centre d'accueil local. «C’est très évocateur», explique Goulding,"Tous les aspects de notre passé européen sont ici sur le site et vous pouvez toujours le voir."


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