5.17.2019

Découverte des squelettes d'une reine et d'un roi maya vieux de 1500 ans

Un groupe de chercheurs a découvert les squelettes d'un homme et d'une femme qui ont été roi et reine de la civilisation maya.

Les restes auraient approximativement 1500 ans et ont été retrouvés dans la chambre funéraire de l'une des trois pyramides de la cité d'Holmul, dans la jungle du Guatemala.

Découvertes de deux squelettes mayas de la royauté vieux de 1500 ans
Le squelette complet d'une reine maya datant d'il y a 1500 ans et découvert dans une pyramide de la jungle guatémaltèque.

"Nous sommes quasiment sûr qu'il était roi, car nous avons trouvé ce grand vase avec le nom d'un roi très important d'une cité environnante qui contrôlait celle-ci" explique l'archéologue Francisco Estrada-Belli. Il a ajouté que seuls les monarques pouvaient avoir de tels objets en leur possession.

Les ossement ont été trouvés près du crâne d'un enfant, apparemment sacrifié, et d'autres objets de valeurs suggérant l'importance du statut de ces personnes.

La découverte a été faite grâce au Lidar, un appareil à faisceau laser qui a détecté jusqu'ici près de 60000 structures, depuis des pyramides jusqu'à des cités entières, situées au fin fond de l'épaisse jungle guatémaltèque (voir à ce sujet l'article: Des milliers de structures mayas découvertes sous la jungle du Guatemala). Le Lidar permet de déterminer les distances d'un émetteur laser à un objet ou une surface et de créer des cartes en trois dimensions.

De plus, il a été déterminé que cette ancienne civilisation "était beaucoup plus complexe et interconnectée que ne le supposaient la plupart des spécialistes mayas" d'après un récent rapport du National Geographic qui présentera les découvertes à travers une série intitulée "Les Trésors Mayas Perdus".
Un pot décoré portant le visage du dieu soleil découvert lors des fouilles.

Les spécialistes ont aussi visité des pyramides jusqu'ici inconnues situées près de la ville Witzna, au nord du pays. Dans les environs ils ont trouvé des signes d'attaques sur le site, avec des bâtiments détruits, brûlés, et des monuments avec des images de rois défigurés. Cela suggère des conflits importants qui se sont étalés sur des siècles. "La peur est presque palpable dans ce paysage", a déclaré Stephen Houston, archéologue à l'Université Brown.

 Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)
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5.02.2019

Pêcher, cultiver ou se battre: comment les vikings s'adaptaient aux variations climatiques

Dans les îles Lofoten en Norvège, des archéologues ont mis au jour, dans les années 1980, l'une des plus grandes constructions viking découvertes à ce jour.

La longère longue de 83 mètres, découverte dans ce qui est aujourd'hui la ville de Borg, était une vitrine ostentatoire des puissants chefs qui régnaient sur ce qui à première vue semble être une zone marginale: un groupement d'îles situé tout près du cercle polaire arctique.

Pêcher, cultiver ou se battre: comment les vikings s'adaptaient aux variations climatiques
Musée viking de Lofotr dans le plus grand bâtiment viking découvert à ce jour.

Pendant plus de 2500 ans, le peuple des îles Lofoten a fait pousser de l’orge et du blé et pêché la morue dans l’océan glacial de l’Atlantique Nord.

Ces îles étaient au centre de la politique viking, et pourtant à la limite de l'endroit où le climat nordique rendait possible l'agriculture.


Cela fait des îles Lofoten un endroit idéal pour explorer l'impact du changement climatique sur la vie des vikings.


Chaque année, les propriétaires des terres prenaient des décisions cruciales: quelles cultures planter, combien de bétail élever, combien de cabillaud pêcher, s’il fallait ou non envoyer des navires pour attaquer les riches villages européens du sud.

Au vu de toutes ces options à prendre en compte, des changements climatiques mineurs pouvaient être un facteur majeur, rapporte William D'Andrea, paléoclimatologue de l'Observatoire de la Terre Lamont-Doherty de l'Université de Columbia  à New-York.

Au cours des trois prochaine années, D'Andrea et Nicholas Balascio, paléoclimatologue au College of William and Mary en Virginie, travailleront pour reconstituer les effets à court terme des variabilités climatiques dans ces îles.

L'étude commence tout juste, mais D'Andrea et Balascio pensent qu'en examinant tout, depuis le  pollen des plantes jusqu'aux déchets animaux, tels qu'ils apparaissent dans les sédiments des fonds lacustres, ils pourront comprendre comment les habitants et leurs activités ont pu évoluer pour s'adapter au climat changeant.

Ils chercheront des biomarqueurs (des molécules uniques spécifiques à des animaux ou des plantes) afin de voir combien et quel type de bétail et de céréale étaient élevés d'année en année.

"Ces communautés marginales pouvaient être très sensibles à ces changements environnementaux naturels" dit Balascio. Par exemple, le climat changeant à pu pousser les vikings à déplacer leurs fermes vers de nouveaux lieux pour tirer avantage des meilleures conditions pour leurs champs.


La baisse du niveau de la mer a été un autre défi pour les vikings des îles Lofoten.


Les îles Lofoten, comme une grande partie de la Scandinavie, sont en train de remonter après la perte des énormes calottes glaciaires qui recouvraient la terre pendant la dernière période glaciaire. Ce phénomène, appelé rebond isostatique, provoque l’élévation des îles et fait chuter le niveau de la mer.

Cela signifie que les hangars à bateaux construits au bord de l’eau pouvaient se retrouver dans les terres quelques décennies plus tard. Les emplacements des ports suffisamment profonds pour accueillir les célèbres voiliers des vikings ont également changé au fil du temps.

La baisse du niveau de la mer a peut-être rendu le port près de Borg inaccessible aux gros navires et a joué un rôle dans la raison de l'abandon de la longère.

Bien que ces changements soient géologiques plutôt que climatologiques, le projet de D’Andrea et Balascio a également mis en exergue l’adaptation des Vikings à la baisse du niveau des mers.
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Mais sur le front climatique, une variable particulièrement importante a influencé le destin saisonnier des vikings des îles Lofoten: il s'agit d'un schéma récurrent connu sous le nom d’oscillation nord-atlantique (ONA). C'est un ensemble de rythmes qui se joue sur des mois et même des décennies, entraînés par les changements de pression atmosphérique dans les tropiques et dans l'Arctique, entrainant une modification de la structure des vents dans l'hémisphère nord.

Pour l’Europe du Nord et les îles Lofotens, l'ONA signifie qu’il y a une oscillation entre un temps humide et doux, puis froid et sec.

Les chercheurs espèrent comprendre comment les agriculteurs et les pêcheurs se sont ajustés face au climat instable qui a rendu l'agriculture et l'élevage difficiles, parfois pendant plusieurs années.

Certains experts pensent que pendant les périodes de difficultés dues au climat, les vikings ont réagi en multipliant les raids. Mais prouver ce lien sera difficile, dit D’Andrea, et sortira probablement du cadre de leurs recherches. Les archives historiques des raids vikings ne sont pas assez détaillées pour pouvoir les comparer correctement avec les données climatiques, dit-il.

Mais il espère que le projet fournira des informations sur la manière dont les peuples de l’histoire se sont adaptés au changement climatique; ces informations sont susceptibles d’éclairer la réflexion moderne sur l’adaptation au changement climatique.

"Lorsque l'on regarde une société sur une période de 1 000 ans, on se rend compte que les changements sont en réalité quelque chose qui se passe", dit D’Andrea. "Nous pouvons les traiter de manière réfléchie et proactive, ou nous pouvons les ignorer."

 Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)
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4.24.2019

Grâce aux restes de porcs, les scientifiques découvrent une mobilité humaine importante autour des sites proches de Stonehenge

Des analyses multi-isotopiques de restes de cochons, trouvés autour de plusieurs  henges près de Stonehenge, ont révélé l'étendue des mouvements des communautés humaines en Grande-Bretagne au Néolithique supérieur.

Grâce aux restes de porcins, les scientifiques découvrent une mobilité humaine importante autour des sites proches de Stonehenge
Pesée du collagène de porcs du néolithique pour l'analyse isotopique. Photo: Cardiff University

Les découvertes "montrent un niveau d’interaction et de complexité sociale mal apprécié jusqu'ici" disent les auteurs, et elles apportent des éléments sur plus d'un siècle de débat autour des origines des personnes et des animaux dans le paysage de Stonehenge.

Les complexes de henge néolithiques, situés dans le sud de la Grande-Bretagne, sont étudiés depuis longtemps pour leur rôle en tant que centre cérémoniel.

Des fêtes sans précédent à l’époque avaient lieu dans ces endroits. Les experts ont émis l’hypothèse selon laquelle ces événements ont amené de nombreuses personnes au-delà de la zone environnante des sites du henge, mais on ignorait tout de l’ampleur des déplacements entourant ces fêtes.

Les porcs étaient le met le plus apprécié lors de ces événements. Afin de tirer parti de la manière dont les analyses isotopiques peuvent fournir des informations sur les origines des porcs et ainsi servir de bon indicateur des déplacements humains, Richard Madgwick et ses collègues ont entrepris une approche multi-isotopique sur 131 restes de porc provenant de quatre sites de henge du néolithique tardif dans le centre-sud de l'Angleterre.

Les auteurs ont introduit des données concernant la géologie (strontium), le climat (oxygène) et la proximité des côtes (sulfure), tout en tenant compte de l'impact du régime alimentaire sur ces valeurs.

Les valeurs isotopiques étaient très variées, en particulier dans les trois isotopes les plus applicables à la mobilité. Certaines valeurs couvraient toutes les biosphères de Grande-Bretagne.

Les 45 échantillons de porc étudiés ont montré des traces d'influence marine, ce qui est remarquable d'après les auteurs étant donné que ces sites sont situés à plus de 50 kilomètres de la côte la plus proche.

D'autres données ont également montré un large éventail, indiquant que les animaux ont été élevés dans divers paysages. Madgwick et al. disent que leurs résultats sont fortement révélateurs d'un mouvement important de personnes et de leurs porcs au cours de cette période



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4.17.2019

La découverte d'une épave égyptienne prouve que l'historien grec Hérodote avait raison il y a près de 2500 ans

Des archéologues ont récemment découvert une ancienne épave prouvant que l'historien grec Hérodote avait entièrement raison concernant des observations qu'il avait faites il y a près de 25 siècles.

La découverte d'une épave égyptienne prouve que l'historien grec Hérodote avait raison il y a près de 2500 ans
Un archéologue inspecte la quille d'une épave découverte près de la ville portuaire submergée de Thonis-Héracléion. Photo: Christoph Gerigk/Franck Goddio/Hilti Foundation

L'épave, trouvée au large des côtes méditerranéennes d'Egypte, près de l'ancienne cité de Thonis-Héracléion, aujourd'hui sous les eaux, était un bateau appelé "baris" (un bateau à fond plat dont on se servait sur le Nil pour le transport des marchandises).

C'est exactement le type de navire décrit en grand détail par Hérodote dans son livre "Histoires" (ἹΣΤΟΡΙΑΙ) après une visite qu'il avait faite dans le port de la cité de Thonis-Héracléion en Egypte.


Hérodote était intrigué par la façon dont les gens construisaient le bateau, qui était utilisé pour naviguer sur le Nil


Pendant des siècles, les spécialistes et archéologues pensaient que ce type de bateau décrit par l'historien n'avait jamais réellement existé, car il n'en avait jamais été découvert.

Cette théorie a récemment été mise à mal lorsqu'un groupe d'archéologues a trouvé une épave bien préservée au large des côtes égyptiennes dans le delta du Nil.

Ce que les scientifiques ont vu lorsqu'ils ont plongé était exactement le type de navire qu'Hérodote avait parfaitement décrit dans son livre il y a près de 2500 ans.

La bateau long de 28 mètres était l'un des premiers navires utilisés par les égyptiens pour le commerce dans l'antiquité. Les navires décrits par Hérodote dans son livre devaient être exactement le même type de bateau, mais ils étaient juste légèrement plus petits.

Le Dr Damian Robinson, directeur du Centre pour l'Archéologie Marine de l'Université d'Oxford, explique que "là où les planches sont jointes pour former la coque, elles sont généralement reliées par des joints à mortaise et à tenon qui fixent une planche à la suivante. Or, nous avons ici une forme de construction tout à fait unique, qui ne se voit nulle part ailleurs"


Une description qui correspond à l'épave au mot près


Très probablement, cette construction unique a dû être la raison pour laquelle Hérodote a été si étonné lorsqu'il a vu ce type de navire. L’historien de renom s’étonnait également des essences de bois particulières qu’ils utilisaient pour construire ces bateaux, ce qui lui était totalement inconnu.

Les archéologues estiment que ce que l'historien a vu aurait pu être construit dans le même chantier naval que le navire qu’ils ont découvert, puisqu’une analyse mot à mot du texte d’Hérodote correspond exactement à l’aspect du navire.

Hérodote est un historien grec qui fut le premier écrivain à avoir traité des sujets historiques à l'aide d'une méthode d'investigation systématique, ce qui l'a conduit à être universellement considéré comme le «père de l'histoire».

 Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)
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4.09.2019

Corse: découverte d'une tombe étrusque dans un hypogée à Aléria

A quelques centaines de mètres de la cité antique, les fouilles de la nécropole, entourée de voies de circulation, s'étendent sur tout un hectare.

L'état de préservation de ces anciennes inhumations est remarquable malgré l'acidité du sol corse, qui d'ordinaire détruit les ossements.

Corse: découverte d'une tombe étrusque dans un hypogée à Aléria
Les archéologues fouillent divers types de sépulture. Photo: Pascal Druelle

Plusieurs pratiques funéraires sont ici représentées: des inhumation dans des fosses, des cercueils en maçonnerie, des cercueils de bois cloutés, des bûchers funéraires, etc.
Des artéfacts prestigieux sont associés à ces tombes (ornements, vases, etc): plus de deux cent objets ont été enregistrés, dont une centaine de vases complets datés du 3ème siècle avant JC au 3ème siècle de notre ère.


Un hypogée


Au sein de ce groupe funéraire, parmi l'enchevêtrement de sépultures, les archéologues de l'INRAP ont mis au jour une tombe étrusque dans un hypogée. Ce type de tombe est une chambre funéraire souterraine réservée habituellement pour les individus de haut rang.

Au centre de la nécropole d'Aléria, une tombe à fosse recoupe le couloir de l’hypogée visible grâce à la couleur plus orangée du sédiment. Photo:  Roland Haurillon

Un escalier mène à un corridor long de six mètres jusqu'à une chambre funéraire. A plus de deux mètres de profondeur, cette pièce, qui avait été scellée avec une masse d'argile, de tessons, de roches et de charbon de bois, est toujours intacte,

Les archéologues pensent que cet endroit scellé a été ouvert et rempli à plusieurs reprises pour déposer de nouveaux objets funéraires, et peut-être de nouveaux individus décédés, dans la chambre.

En raison de la position de l'hypogée dans la nécropole, il a été nécessaire de commencer à fouiller les sépultures contiguës.L'effondrement naturel du plafond et le remplissage de la chambre au fil du temps ont obligé les archéologues à procéder à son excavation par le haut. Les fouilles de ce tombeau rectangulaire de 1m² ont révélé plusieurs artéfacts, dont trois gobelets vernis noirs et le manche d’un probable oenochoé (pichet à vin).
Deux skyphoi, un type de gobelet à grandes poignées, ont été découverts près du crâne d’un individu.

Tous ces vestiges se trouvaient au-dessus du sol de l'escalier. D'après ces objets, cette tombe pourrait remonter au 4ème siècle avant JC, mais l'avancée des fouilles et les analyses devraient apporter de la lumière sur des questions encore sans réponse.

Il s'agit de la première découverte en France, en plus de quarante ans, de ce type de structure funéraire inhabituel


Un centre historique.


Aléria est un site de référence pour l'histoire de la Corse ancienne et de l'ouest méditerranéen.

La recherche menée par Jean et Laurence Jehasse dans les années  1960 sur la butte de Masselone à Aléria avait permis la découverte de la cité romaine entourant un forum et un amphithéâtre.

Plus au sud, l'exceptionnelle nécropole étrusque Casabianda (entre 500 et 259 avant JC) a été listée comme monument historique. C'est l'un des sites funéraires étrusques les plus riches connus hors d'Italie. Certains des artéfacts remarquables récoltés sur le site (4510 objets, dont 345 vases Attica, de l'équipement militaire étrusque, etc.) sont exposés au musée du site d'Aléria.

Après plusieurs années d'interruption, de nouveaux programmes de recherche sont entrepris sous l’égide de la DRAC et de la Collectivité de Corse, tels que le développement d'un nouveau projet de recherche collaboratif sur Aleria et sa région, comprenant plus de 70 chercheurs (universités, CNRS, Ministère de la Culture, Inrap, etc.)


La présence étrusque en Corse.


En raison de sa position centrale dans la Mer tyrrhénienne, le long des routes maritimes entre la Ligurie et le sud de la France, la Corse a fait l'objet d'intérêts commerciaux pour les grecs, les étrusques et les carthaginois. Vers 540 avant JC, la bataille d'Alalia (le nom grec pour Aleria), a radicalement changé les relations politiques dans la Méditerranée occidentale. Le commerce maritime partagé entre les étrusques, les phocéens et les carthaginois s'est cantonnait à l'intérieur de zones exclusives, alors réglementées.

D'après des sources historiques, la façade orientale de la Corse serait tombée sous l'influence étrusque. Entre 500 avant JC et la conquête romaine de l'île (259 avant JC), Aleria atteste non seulement de ses relations privilégiées avec l'Étrurie, mais également de la présence stable d'une population étrusque.

Le site d'Aleria contient des traces archéologiques exceptionnelles de ces évènements dans sa nécropole.


L'archéologie préventive en Corse.


Le patrimoine représenté dans les archives archéologiques de Corse sont très emblématiques et vulnérables. Leur étude et leur préservation justifient les mesures de conservation adaptées mises en œuvre depuis de nombreuses années.

Les ressources financières et humaines actuellement consacrées à ce travail sont sans précédent. Elles contribuent aussi à renouveler notre connaissance de l'île depuis son passé lointain jusqu’à l'ère moderne.

Sous la responsabilité de la DRAC, l'archéologie préventive en Corse, en association avec le développement régional, est comparable à celle de certaines régions métropolitaines.

Cela apporte de nouveaux éléments à notre connaissance de l'histoire de l'île et à leur transmission au public via ses quatre musées d'archéologie répertoriés parmi les Musées de France.


 Merci à Audric pour l'info !





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3.20.2019

Modification crânienne et formation de l'identité dans le Pérou précolombien

Avant l’expansion de l'empire inca, l'époque intermédiaire tardive a été marquée par un bouleversement politique et l'émergence de nouvelles pratiques culturelles.

Modification crânienne et formation de l'identité dans le Pérou précolombien
Crâne modifié du Pérou. Photo: Didier Descouens, Wikimedia Commons 

Dans l'article: "Ethnogenesis and Social Difference in the Andean Late Intermediate Period (AD 1100-1450): A Bioarchaeological Study of Cranial Modification in the Colca Valley, Peru" (Ethnogenèse et différence sociale dans la période intermédiaire andine tardive (1100-1450 après J.-C.): étude bioarchéologique de la modification crânienne dans la vallée de Colca, au Pérou), paru dans Current Anthropology, Matthew C. Velasco examine comment la prévalence et l’évolution des pratiques de modification crânienne à la fin de la période intermédiaire ont influencé la formation de l’identité ethnique dans la vallée de Colca au Pérou.


Dans l'étude, Velasco explore la façon dont les pratiques de modelage de la tête peuvent avoir permis la solidarité politique et aggravé les inégalités sociales dans la région.


Des recherches ethnogénétiques ont été faites pour déterminer les processus historiques responsables de la formation et de l'incarnation de nouvelles identités de groupe au cours de cette période.

La modification crânienne est un marqueur d'identité délibéré, permanent et très visible qui est mis en œuvre lors de la petite enfance. La forme de la tête a pu servir d'indicateur d'affiliation ethnique, de catégorisation dans la parenté, où d'origine géographique.

Les données archéologiques et ethnohistoriques donnent un aperçu des pratiques de façonnage de la tête de deux groupes ethniques majeurs dans la vallée de Colca, les Collaguas et les Cavanas.

Les Collaguas ont utilisé des méthodes pour que leurs têtes prennent une forme plus longue et plus étroite, tandis que les Cavanas cherchaient à élargir leur tête.

Afin d'analyser l'évolution de la fréquence et de l'importance de la modification crânienne au fil du temps, des échantillons de squelette ont été prélevés dans deux sites de la morgue de la région de Collagua et soumis à une datation au radiocarbone. Les crânes ont été classés en cinq catégories en fonction du type de modification. 

En utilisant des datations au radiocarbone récemment recalibrées, les échantillons ont été divisés en deux groupes représentant le début de la période intermédiaire tardive (1150-1300 de notre ère) et la fin de la période intermédiaire tardive (1300-1450 de notre ère).

Les données bioarchéologiques et radiométriques présentent une augmentation signifiante dans la prévalence des pratiques de modification crânienne.


Pendant le début de la période intermédiaire tardive, 39.2% des individus présentaient des modifications. Ce pourcentage monte  jusqu'à 73.7% à la fin de la période intermédiaire tardive.


L'étude montre aussi un changement significatif das la distribution des types de modification au cours du temps.

Au départ, il existe une répartition égale des individus entre quatre types de modifications: tabulaire, dressé, oblique et léger. Cependant, les résultats indiquent que, vers la fin de la période intermédiaire tardive, la modification oblique - semblable à la forme allongée de la tête du Collaguas - est devenue le style prédominant de la modification crânienne.

L’homogénéité accrue des formes crâniennes à la fin de la période intermédiaire tardive suggère que les pratiques de modification ont contribué à la création d’une nouvelle identité collective.

Alors que la modification crânienne consolide les frontières sociales antérieures, l’auteur affirme que la normalisation de ces pratiques a peut-être exacerbé les nouvelles différences sociales.

En tant que signifiant de l'affiliation, la forme de la tête peut avoir encouragé l'unité parmi les élites et favorisé une coopération accrue en politique. La participation à des questions politiques et sociales peut, à son tour, avoir élevé le statut d’individus modifiés et leur a conféré des privilèges distincts qui n’étaient pas accessibles aux individus non modifiés.

Les preuves bioarchaologiques suggèrent également que les pratiques de modification renforçaient les structures d'inégalité privilégiant les femmes modifiées. Comparées aux femmes non modifiées, les femmes modifiées avaient davantage accès à diverses options alimentaires et étaient moins susceptibles de faire face à la violence.

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3.11.2019

Une imposante pyramide, une cité perdue et d'anciens sacrifices humains découverts en Chine

Une cité vieille de 4300 ans, ainsi qu'une imposante pyramide à degrés haute de 70 mètres et recouvrant 24 hectares, ont été mises au jour en Chine.

Une imposante pyramide, une cité perdue et d'anciens sacrifices humains découverts en Chine
Cette photo montre des images de la pyramide à degrés. a) une partie des contreforts en pierre des deuxième et troisième marches de la pyramide; b) symboles des yeux qui décorent la pyramide c) une vue des contreforts en cours de fouille; d) une vue générale de la pyramide avant les fouilles. Photo: Zhouyong Sun et Jing Shao

La pyramide était décorée avec des symboles oculaires et des visages anthropomorphes. Ces représentations "pourraient avoir doté la pyramide à degrés d'un pouvoir religieux spécial et renforcé l'impression visuelle générale sur son vaste auditoire", ont écrit les archéologues.


Pendant cinq siècles, une cité a prospéré autour de la pyramide.


À une époque, la ville couvrait une superficie de 400 hectares, ce qui en faisait l’une des plus vastes du monde. Aujourd'hui, les ruines de la cité sont appelées "Shimao", mais le nom originel est inconnu.

La pyramide a 11 degrés, dont chacun est bordé de pierres. Sur le dernier étage, il y avait de vastes palais construits en pisé, avec des piliers en bois et des tuiles, un gigantesque réservoir d’eau et des vestiges domestiques liés à la vie quotidienne.

Les dirigeants de la cité vivaient dans ces palais, et la production d'art et d'artisanat était effectuée à proximité. "Jusqu'à présent, les preuves suggèrent que le complexe pyramidal fonctionnait non seulement comme un espace résidentiel pour les élites dirigeantes de Shimao, mais également comme un espace pour la production artisanale ou industrielle." ont écrit les archéologues.

 Des murs en pierre, des remparts et des portes ont été construits autour de la pyramide et de la cité. "A l'entrée de la pyramide à degrés, il y avait des fortifications sophistiquées dont la conception suggère qu'elles étaient destinés à fournir à la fois une défense et un accès très restreint," ont rapporté les archéologues.


Les restes de nombreux sacrifices humains ont été découverts à Shimao.


 À la porte extérieure de l'entrée orientale, rien que sur le rempart extérieur, six fosses contenant des têtes humaines décapitées ont été trouvées. Certaines des victimes provenaient probablement d'un autre site archéologique appelé Zhukaigou, situé au nord de Shimao. Il se peut que les habitants de Shimao aient conquis les environs.

"Des analyses morphologiques des restes humains suggèrent que les victimes étaient liées aux habitants de Zhukaigou, ce qui pourrait en outre suggérer qu'ils ont été emmenés à Shimao en tant que captifs pendant  la politique d'expansion de Shimao" ont ajouté les scientifiques.

Une imposante pyramide, une cité perdue et d'anciens sacrifices humains découverts en Chine
Une fosse sacrificielle de crânes humains découverte à Shimao. Les personnes sacrifiées ont peut-être été capturées au cours d'une guerre. Photo: Zhouyong Sun et Jing Shao

En outre, des artéfacts en jade ont été insérés dans les espaces entre les blocs dans toutes les structures de Shimao.

Bien que les archéologues connaissent Shimao depuis de nombreuses années, on pensait autrefois qu'elle faisait partie de la Grande Muraille de Chine, dont une section est située non loin. Ce n’est que lorsque les fouilles ont été effectuées ces dernières années que les archéologues ont compris que Shimao était bien plus ancienne que la Grande Muraille qui fut bâti entre 2700 ans et 400 ans.

L'équipe d'archéologues ayant écrit l'article comprend li Jaang, professeur à l'Ecole d'Histoire de l'Université de Zhengzhou, Zhouyong Sun et Jing Shao, tous deux archéologues l'Institut d'Archéologie de la Province de Shaanxi, et Min Li, professeur d'anthropologie à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA).

 Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)
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3.07.2019

Un incroyable trésor archéologique découvert dans une grotte sous Chichen Itza au Mexique

Alors qu'ils exploraient une grotte située sous la cité Maya de Chichén Itzá, des archéologues sont tombés sur une chambre sacrificielle, probablement visitée la dernière fois il y a des milliers d'années.

Selon la mythologie maya, les grottes et les cénotes étaient des portes vers le monde souterrain Xibalba. Ce lieu dont le nom se traduit par "lieu effrayant", était aussi une source importante d'eau douce pour les mayas qui ont dominé le plateau calcaire de la péninsule du Yucatán de 2000 avant notre ère à 1600 de notre ère.

Un incroyable trésor archéologique découvert dans une grotte sous Chichen Itza au Mexique
Temple de Kukulcán à Chichén Itzá

La région du nord du Yucatan est un désert saisonnier, avec une saison sèche hivernale prononcée. Les fortes pluies d'été tendent à dissoudre le substrat rocheux calcaire, formant ainsi des grottes karstiques.

En 1966, des locaux ont montré l'entrée d'une grotte située sous la cité maya de Chichén Itzá à l'archéologue Víctor Segovia Pinto. Cependant, à l'époque, il n'a pas exploré le passage étroit et l'a simplement scellé.

Cinquante ans plus tard, une équipe de recherche associée au Grand Projet Maya Aquifère (projet qui a permis aussi la découverte de la plus longue grotte au monde dans la péninsule du Yucatan l'année dernière) est entré dans la grotte de Balamkú, explorant le réseau souterrain de passages et de chambres.

Dans une chambre située au bout d'un long passage de près de 400 mètres, les archéologues ont découvert plus de 155 artéfacts. Ces objets, pour la plupart des récipients cérémoniels décorés de déités associées à la pluie, de figurines de jaguar sacré ou simplement d'outils d'usage quotidien, ont apparemment été brisés lors de rituels sacrificiels.

Vase cérémonial avec le visage du dieu de la pluie toltèque, Tláloc, recouvert de dépôts. Photo: Ortega, K.

La plupart sont recouvert d'une fine couche de carbonate, déposée par les eaux souterraines aux cours des siècles.

D'après le style artistique des récipients sacrificiels et des figurines, les archéologues ont daté ces artéfacts entre le 7ème et 10ème siècle de notre ère.

Au milieu des années 1990, les chercheurs ont commencé à supposer qu'un climat particulièrement sec, entre 800 et 1000 de notre ère, causant une sécheresse aggravée et un manque d'eau dans la péninsule du Yucatan, a été la principale cause de l'effondrement des principaux centres mayas.

Les découvertes archéologiques dans la grotte de Balamkú pourraient confirmer ce scénario. Apparemment, aux alentours de 700 à 1000 de notre ère, les habitants de Chichén Itzá ont à plusieurs reprises rampé dans le passage étroit pour atteindre la chambre sacrificielle et y déposer des artéfacts dédiés au dieu de la pluie Tláloc. Cela faisait peut-être partie d'un rituel pour apaiser les divinités et demander le retour de la pluie.
Merci à Fannie et Frédéric pour l'info !

 Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)


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