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11.14.2010

Les Mayas convertissaient les zones humides en terres cultivables

MAJ 07/08/16
La civilisation Maya est connue pour ses pyramides impressionnantes, ses mathématiques sophistiquées et son langage écrit particulièrement avancé; Cependant, de récentes recherches révèlent la complexité du système agraire Maya...

 Canal d'irrigation à Palenque


C'est en utilisant de nouvelles techniques et des fouilles approfondies que les chercheurs ont constaté que les Mayas, faisant fait face à des conditions environnementales difficiles, ont développé des méthodes ingénieuses pour cultiver des plantes dans des zones humides.

"Ces travaux montrent que leur agriculture intensive est plus compliquée et se retrouve sur un pied d'égalité avec d'autres domaines de leur développement intellectuel", rapporte Timothy Beach, géographe à l'Université de Georgetown à Washington DC.


La civilisation maya, considérée comme l'une des sociétés anciennes les plus avancées, vivait dans une vaste poche, densément peuplée, de la péninsule du Yucatán, du sud du Mexique jusqu'au Honduras en Amérique centrale. La civilisation née avant 1000 avant JC, a atteint son apogée à partir de 400 avant J.-C. à 900 après JC.


L'habitat Maya était un environnement difficile fait de sécheresses récurrentes et de montées des eaux; aussi, les terres qu'ils cultivaient n'en étaient pas moins rudes, avec des terrains rocheux succédant à de vastes marécages ou des zones humides. C'est d'ailleurs l'une des plus grandes questions des historiens: comment cette civilisation a pu réussir à nourrir une population aussi importante ?

On a longtemps soupçonné que les Mayas s'étaient fortement appuyés sur l'agriculture. Dans les années 1970, les chercheurs ont commencé à étudier les vestiges des canaux d'irrigation retrouvés dans les zones humides.
Mais il n'a pas été clairement compris l'importance que ces canaux ont pu avoir et si leur utilisation était un élément important de leur système agricole.

Beach, sa femme, Sheryl Luzzadder-Beach, géographe spécialisée dans la qualité des eaux de l'Université George Mason à Fairfax, en Virginie, et leurs collègues, ont effectué plus de 60 fouilles afin d'étudier et de cartographier les différents couches de terre, ou strates, sur des sites du nord du Belize.

Travaillant dans des zones humides à faible altitude, difficiles d'accès et peu navigables, l'équipe a creusé des tranchées de près de 3 mètres de profondeur et 10 à 20 mètres de long pour étudier la chimie du sol et de l'eau. Ils ont effectué des analyses d'isotopes de carbone du sol et ont étudié des matières végétales fossilisées afin de travailler sur la façon dont les terres ont été utilisées.

Les couches du sol ont révélé des signes de remontée des nappes phréatiques et des restes de dépôts de crues.
Les restes de plantes fossilisées sur ces sites montrent que les Mayas cultivaient les avocats, du maïs, des graminées...
Leur recherche suggère que les Mayas ont construit des canaux entre les zones humides pour détourner l'eau et créer de nouvelles terres agricoles.

Alors que les Mayas creusaient les fossés, ils rejetaient la terre sur les côtés adjacents, créant des champs surélevés; ils gardaient ainsi le système racinaire de leurs récoltes au-dessus du sol gorgé d'eau, tout en permettant l'accès à l'eau d'irrigation.

D'après Beach, les enquêtes effectuées en utilisant Google Earth et des techniques de télédétection donnent à penser que ce système d'irrigation a pu atteindre une centaine de kilomètres de diamètre.

Même si environ 40% de la péninsule du Yucatán sont aujourd'hui des marécages, l'idée que ces zones humides étaient cultivées par les Mayas était largement controversée parmi les archéologues.

Mais cette nouvelle étude montre que les Mayas ont modifié ces marais intensivement pour subvenir à leurs besoins.


Stephen Houston, expert sur la civilisation maya à l'Université Brown in Providence, Rhode Island, qui a récemment commencé à collaborer avec Beach, explique que c'est parce que beaucoup de travaux archéologiques sur la civilisation maya se sont focalisés sur son architecture et ses écrits, que relativement peu d'attention a été accordée à la compréhension de son agriculture.

Les fouilles pénibles de Beach ont rempli "une lacune importante", ajoute-t-il. "Elles ont confirmé que plusieurs de ces marécages dans cette zone ont été utilisés pour un type d'agriculture intensif et ont subit des manipulations paysagères à grande échelle."


L'une des raisons pour lesquelles certains chercheurs ont écarté l'idée que les zones humides avaient une importance fondamentale pour les Mayas, c'est qu'elles sont souvent loin des sites célèbres tels que Tikal et Chichen Itza.
Mais, explique Beach, il y a du y avoir des populations denses qui vivaient dans des zones rurales à proximité de ces zones humides, loin des centres urbains fastueux.

«C'est une façon très réfléchie et très intelligente d'utiliser l'environnement», explique Vernon Scarborough, archéologue anthropologue à l'Université de Cincinnati dans l'Ohio. "Quand un Occidental va dans une zone humide de nos jours, c'est pour n'y voir que des ennuis. C'est difficile à apprivoiser, à capturer et à modifier. Mais dans le passé, ces zones étaient considérées comme des greniers dans de nombreuses régions du monde."


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