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3.22.2012

Quand la déforestation dévoile des géoglyphes en Amazonie...

Merci à Pierre qui m'a fait passé l'info...

Après des découvertes archéologiques stupéfiantes dans la région ces dernières années, des travaux de terrassement sur le terrain de M. Araújo, éleveur de 62 ans, ainsi que sur des centaines d'autres dans les environs, dévoilent des structures très anciennes; elles pourraient bouleverser la compréhension conventionnelle de la plus grande forêt tropicale humide au monde.

Des géoglyphes, dessins géométriques gravés dans le sol, sont devenus particulièrement bien visibles avec la déforestation de l' Amazonie.


La déforestation qui a dépouillé l'Amazone depuis les années 1970 a ainsi exposé un secret longtemps caché sous l'épaisse forêt: des formes géométriques parfaitement conçues couvrant des centaines de mètres de diamètre.


Un Nasca brésilien ?

Alceu Ranzi, un savant brésilien qui a aidé à découvrir ces carrés, octogones, cercles, rectangles et autres ovales qui composent ces sculptures terrestres, a déclaré que ces géoglyphes, révélés par le déboisement, sont aussi importants que les célèbres lignes de Nazca dans le sud du Pérou: "Ce qui m'a impressionné le plus au sujet de ces géoglyphes était leur précision géométrique, et la façon dont on les a fait émerger de la forêt".
M. Ranzi, paléontologue, avait découvert les géoglyphes dans les années 1970 et, des années plus tard, a fait des relevés par avion.

Pour certains spécialistes de l'histoire humaine en Amazonie, les géoglyphes de l'Etat brésilien d'Acre, ainsi que d'autres sites archéologiques, suggèrent que les forêts de l'Amazonie occidentale, auparavant considérées comme inhabitables pour des sociétés sophistiquées, en partie à cause de la qualité de leurs sols, n'étaient pas aussi "vierges" que le prétendraient certains écologistes.

Il se pourrait bien, en effet, que ces parties de l'Amazonie aient été l'habitat, pendant des siècles, de grandes populations vivant dans des dizaines de villes reliées par des réseaux routiers, explique l'écrivain américain Charles C. Mann (auteur de "1491," un livre révolutionnaire sur le continent américain avant l'arrivée de Christophe Colomb). D'après lui, des parties de l'Amazonie étant "beaucoup plus peuplée qu'on ne le pensait,"et "ces gens ont volontairement modifié leur environnement de façon durable."


Quand il y avait de vastes plaines en Amazonie...

Avec de longues étendues d'habitations humaines, les forêts colossales d'Amérique du Sud ont pu avoir une superficie beaucoup plus restreinte à certains moments, avec de grandes zones vides ressemblant à la savane. Ces révélations sont délicates dans un contexte politique chargé de débattre du déboisement de certaines parties des forêts.

Les scientifiques eux-mêmes s'opposent à un brûlage en masse des forêts, même si les recherches donnent à penser que l'Amazonie fut l'objet d'agriculture intensive par le passé.

D'après William Woods, géographe à l'Université du Kansas, qui fait partie d'une équipe étudiant les géoglyphes d'Acre, "Si l'on veut recréer l'Amazonie précolombienne, la plupart des forêts doivent être enlevées et remplacées par des habitats et des cultures intensives. Je sais que cela passera mal auprès des fervents écologistes...mais que peut-on dire d'autre ?".

Bien que les chercheurs reconstituent l'histoire écologique de l'Amazonie, le mystère entoure encore aujourd'hui les origines des géoglyphes et des personnes qui les ont faites. Jusqu'à présent, 290 de ces formes ont été trouvées dans l'état d'Acre. Il y en aussi environ 70 en Bolivie et 30 dans les Etats brésiliens d'Amazonas et de Rondônia.

Artéfact précolombien découvert près d'un géoglyphe dans l'état d'Acre.


Mais peu d'attention scientifique avait été accordée à ses structures jusqu'à ce que M. Ranzi les étudie dans les années 1990, puis que les chercheurs brésiliens, finlandais et américains n'aient commencé à trouver de plus en plus de géoglyphes à l'aide de l'imagerie satellitaire à haute résolution et de petits avions survolant l'Amazonie.


Des structures qui auraient une importance religieuse.

Denise Schaan, archéologue à l'Université fédérale du Pará au Brésil et qui dirige actuellement la recherche sur les géoglyphes, a procédé à des tests au radiocarbone; ainsi, leurs constructions remontent de 1000 à 2000 ans, et certains pourraient avoir été reconstruits à plusieurs reprises au cours de cette période.

Les chercheurs, en s'interrogeant sur la profondeur de 6 mètres de quelques-unes des tranchées, ont d'abord pensé que ce structures étaient utilisées pour se défendre contre des attaques. Mais la théorie a été abandonnée face au manque de signes de peuplement humain à l'intérieur et autour des géoglyphes: pas de vestiges de pieux d'habitations ou de déchets, pas de modification des sols pour l'agriculture...
Les chercheurs pensent aujourd'hui que ces géoglyphes avaient une importance cérémonielle, semblable, peut-être, aux cathédrales médiévales en Europe. Ce rôle spirituel, a déclaré William Balée, anthropologue à l'Université Tulane, pouvait impliquer "la géométrie et le gigantisme."

En attendant, ces géoglyphes, situés à la croisée des chemins entre les cultures andines et amazoniennes, restent encore une énigme.
 Ils ont peu à voir avec les autres colonies pré-colombiennes découvertes ailleurs en Amazonie. De grandes lacunes persistent également en ce qui concerne les peuples autochtones de cette partie de l'Amazonie, après que des milliers d'entre eux aient été réduits en esclavage, tués ou forcés à quitter leurs terres pendant le boom du caoutchouc qui a commencé à la fin du 19e siècle.
 
Pour les scientifiques et les chercheurs du Brésil, rapporte Mme Schaan, ces structures sont "l'une des découvertes les plus importantes de notre temps."
Malheureusement, le repeuplement de cette partie de l'Amazonie menace la survie des géoglyphes, après avoir été cachés pendant des siècles. Les forêts recouvrent encore une grande partie de l'état d'Acre, mais dans les zones défrichées où les géoglyphes sont trouvés, des chemins de terre en traversent déjà quelques-uns. Des gens vivent dans des cabanes en bois à l'intérieur des géoglyphes, et des poteaux électriques en parsèment d'autres.

Tiago Juruá, auteur d'un livre sur la protection des sites archéologiques, explique que "le défi consiste maintenant à faire de nouvelles découvertes dans les forêts qui sont encore en place, avec l'espoir qu'elles ne risquent pas la destruction."

Source:

Dernier article sur le Brésil:


Dernier article sur les géoglyphes:


3 commentaires:

  1. Anonyme2:02 PM

    A rapprocher de l'existence des zones à "terra preta" et de ces autres, dans lequelles la forêt "primaire" est composée à 30% par des arbres fruitiers.!. ce qui ne s'explique que par l'existence de populations agricoles très denses avant l'arrivée des européens.

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  2. Anonyme3:26 PM

    Très intéressant. Je ne connaissais pas. Espérons que les archéologues parviendront à étudier les sites tout en aidant quand même à préserver la forêt.

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  3. Anonyme10:53 AM

    D'après William Woods, géographe à l'Université du Kansas, qui fait partie d'une équipe étudiant les géoglyphes d'Acre, "Si l'on veut recréer l'Amazonie précolombienne, la plupart des forêts doivent être enlevées et remplacées par des habitats et des cultures intensives. Je sais que cela passera mal auprès des fervents écologistes...mais que peut-on dire d'autre ?".
    On peut dire, par exemple, que "si l'on veut recréer l'Amazonie précolombienne, il faut supprimer toutes les voitures du continent"
    Quand on est un scientifique comme ce monsieur, on n'impose pas une vision volontairement partielle de la réalité.

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