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9.07.2012

Danemark: on en sait plus sur l'armée sacrifiée retrouvée dans une tourbière...

En juillet dernier je faisais part de la découverte d'une armée sacrifiée dans une tourbière... Les archéologues avaient trouvé les restes squelettiques d'une armée entière dans une ancienne fosse commune au Danemark.


Aujourd'hui, l'étude des os a apporté de nouveaux éléments tout en confirmant les informations, provenant de sources écrites, de massacres teutoniques.

Les archéologues ont passé tout l'été à étudier un petit échantillon de ce qui s'est avéré être un charnier contenant les restes de squelettes de plus de 1.000 guerriers tués au cours d'une bataille il y a 2000 ans.

«Nous avons trouvé beaucoup plus d'ossements humains que nous ne l'avions prévu», explique Ejvind Hertz, conservateur au Musée Skanderborg.

La découverte des nombreux os de l'âge du fer a attiré l'attention internationale, en partie pour le côté macabre, mais aussi parce que les os sont étonnamment bien conservés.
En outre, la découverte confirme la description d'une source romaine des pratiques guerrières atroces des Teutons.

Le site est situé dans les zones humides Alken Enge près du lac Mosso sur la péninsule du Jutland.


Les os révèlent des blessures par armes.

On pense, qu'il y a 2000 ans, les guerriers d'Alken ont été sacrifiés à certains dieux, qui ne nous sont pas très familiers aujourd'hui.

La tourbière, où ont été trouvés les os, n'en était pas une à l'époque: c'était plutôt un petit bassin du lac Mosso, créé par une langue de terre s'avançant dans le lac.
Les archéologues ont fouillé jusqu'ici une zone de 80-90 mètres carrés seulement, alors que le site s'étend sur une superficie de 3.600 mètres carrés...

Les fouilles dans les zones humides sont très coûteuses, car l'eau doit être pompée en permanence. En outre, les découvertes sont si densément concentrées qu'il faut beaucoup de temps pour passer à travers toutes les couches.
La zone qui a jusqu'ici été fouillée contient les fragments d'os de près de 240 hommes âgés de 13 à 45 ans.
Les os des hommes sont marqués par des armes de mêlée comme des épées et des haches.

La partie du bassin non encore fouillé dans le marais s'étend sur une vaste zone couvrant près de 40 hectares et est censé contenir les restes de plus de 1.000 guerriers.
Cette supposition est expliquée par Hertz: "Nous savons que les gens qui coupaient la tourbe ici au 19e et 20e siècle ont trouvé des fragments d'os. Nous avons également fait des fouilles exploratoires dans le bassin."

Les archéologues n'ont pas trouvé de squelettes complets, seulement des éléments squelettiques. Ils ont pu voir que la tourbière contenait de nombreuses personnes différentes, puisque les hommes n'ont, par exemple, qu'un seul fémur gauche.


Les guerriers morts ont été délaissés sur le champ de bataille.

L'armée dans la tourbière pourrait avoir été vaincue et tuée sur un champ de bataille situé loin des zones humides d'Alken.
D'après Hertz, si tel était le cas, il y a du avoir une énorme logistique pour transporter les os vers le lac.

Les chercheurs ne peuvent pas encore dire comment cela a pu se produire et où la bataille a eu lieu.

Nombre d'ossements proviennent d'armées qui sont venues de loin. Mais, le champ de bataille a très pu se trouver juste à côté du site sacrificiel.

Le sacrifice a cependant eu lieu longtemps après la bataille. "Les os ont été sacrifiés des mois ou même des années après que les guerriers aient été tués. Nous ne le saurons pas jusqu'à ce que les os soient soigneusement analysées", explique le conservateur.

Les fouilles ont mis au jour un objet très spécial: une hache avec un manche, ce qui est très rare. (Photo: Moesgård Museum and Aarhus University)

À ce stade préliminaire, nous pouvons voir que des os portent des traces de morsures, et des articulations ont été rongées. Donc, il ne fait aucun doute que des prédateurs ont été en contact avec les parties du corps.


Cette découverte confirme des histoires guerrières violentes.

Les marques de morsure des prédateurs indiquent que les guerriers, une fois morts, ont été laissés sur le champ de bataille, sans que personne ne les enterre ou même n'enlève les corps.

Cela confirme en partie une source romaine écrite parlant des pratiques de guerre des Européens du Nord au début de notre ère.
L'un des plus grands historiens de l'Empire romain, Tacite (56-120 après JC) décrit la suite de la célèbre défaite romaine qu'a été la bataille de la forêt de Teutoburg en l'an 9 après JC, dans ses Annales: "Au milieu de la plaine, les os reposaient soit étalés ou entassés, selon qu'ils avaient fui ou avaient résisté. Près des os reposaient des morceaux de lances et des membres de chevaux, et il y avait aussi des têtes humaines clouées aux arbres. Dans les bosquets des environs se tenaient des autels barbares où ils avaient sacrifié tribuns et centurions des premiers rangs".

D'autres sources confirment la victoire des Germains et le fait qu'ils ont tué tous les ennemis survivants, à l'exception de quelques-uns qui ont réussi à retourner chez eux et parler de leur défaite.

Les archéologues ne peut pas déterminer la nationalité des guerriers morts parce qu'ils n'ont retrouvé que très peu de morceaux d'armes dans la tombe. Parmi les nombreux fragments d'os, ils ont seulement trouvé quelques pointes de flèches, les restes d'un bouclier et une hache très bien conservée (photo ci-dessus).


Une source d'informations inestimable à propos de l'homme de l'âge du fer

Les os sont néanmoins précieux: «C'est la première fois que quelque chose comme cela a été découvert dans le nord de l'Europe», déclare Hertz.

Les conditions de conservation dans les zones humides d'Alken ont été optimales, c'est à dire que l'atmosphère a été exempte d'oxygène: "Les os sont entièrement frais. Certains ont l'ADN qui a été préservé, ce qui nous permettra d'obtenir un bon profil de ce à quoi ressemblait l'homme à l'âge du fer. Une analyse anthropologique des os va nous fournir une image de leur alimentation et de leur apparence physique."

Les chercheurs arrivent à la fin du projet de fouille. Dans les prochains mois, ils vont analyser les nombreux os avec des experts internationaux.

Le projet, intitulé "L'armée et les rituels d'après-guerre dans l'Age du Fer - guerriers sacrifiés dans la tourbière d'Alken Enge à Illerup Ådal" est une collaboration entre archéologues et géologues du Musée Skanderborg, du Musée Moesgård et de l'Université d'Aarhus.

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