Des archéologues ont récemment terminé plusieurs mois de fouilles dans la ville d'Entrains-sur-Nohain en Bourgogne dans le cadre d'un aménagement privé.
Au cours de cette fouille de routine d'un site gallo-romain, ils ne s'attendaient pas à trouver les restes d'un charnier; témoignage du massacre de la population civile il y a plus de 1000 ans.
Cette zone était au nord-ouest du territoire des Eduens (peuple gaulois qui occupait l'actuelle Bourgogne), au carrefour d'un important réseau routier romain, et était connue comme étant une partie de l'ancienne ville romaine d'Intaranum (Entrains-sur-Nohain) qui s'est développée pendant les quatre premiers siècles de notre ère. À son apogée, la ville s'étendra sur 120 hectares.
Le travail archéologique a révélé des forges, un tronçon de voie romaine et une série de maisons en pierre.
Les citoyens aisés possédaient de véritables petits thermes privés à l'arrière de leurs propriétés, équipés de piscines chaudes et froides, de chambres et de puits pour fournir de l'eau.
Lors de l'achèvement des fouilles, les archéologues ont exploré deux de ces puits qui ont nécessité une équipe de fouille spéciale (d'Archéo Puits) pour noter le remplissage dans les moindres détails et dans les conditions les plus sécurisées.
Une découverte macabre.
Dans le petit espace de 1.30 mètres de diamètre, les archéologues ont exhumé des squelettes humains à une profondeur de plus de 4 mètres.
Les ossements mis au jour et enregistrés étaient dans une couche de boue et de restes humains de plus de 3 mètres d'épaisseur. Ce sont vingt à trente corps qui ont été jetés dans le puits en même temps et qui ont été mis au jour dans tous les sens.
La présence d'hommes, de femmes et d'enfants, montre qu'il s'agit des restes d'une population civile.
La datation au carbone 14 a montré que, même si le puits est gallo-romain, les ossements ont été datés entre le 8e et 10e siècle de notre ère. D'autres datations devraient bientôt clarifier la chronologie de ce terrible événement qui s'est produit à Entrains-sur-Nohain.
Des temps troublés.
Au cours de la période de l'Empire carolingien (800-888 après JC), la Bourgogne avait cessé d'être un royaume indépendant. Elle avait été démantelée et annexée à l'Austrasie (la partie nord-est du Royaume des Francs mérovingiens), par Charles Martel.
L'Empire carolingien connut une terrible guerre de succession entre les trois fils, Louis le Pieux ou Lothaire, le successeur légitime, Charles le Chauve et Louis le Germanique. Le 25 Juin 841 la bataille de Fontenoy-en-Puisaye (à seulement 25 km au nord d'Entrains) a vu des dizaines de milliers de combattants tomber sur le champ de bataille selon des témoignages contemporains, et Charles le Chauve établit un campement à seulement 16 km du site d'Entrains.
Il est possible que ce village ait été victime d'abus par l'une des armées présente, ou d'un groupe de combattants en fuite.
De plus, dans les dernières décennies du 9e siècle, la région a fait l'objet d'invasions vikings répétées qu'attestent les chroniques. Ils arrivèrent à Paris en 845, Chartres et Beauvais en 858-859 et vers le bas du Rhône pour assiéger Valence entre 859 et 862. Dans la région de la Loire, les raids vikings sont connus en 856 (pillage d'Orléans et l'abbaye de Saint-Benoit-sur-Loire).
Bien qu'ils préfèrent piller rapidement et revenir à leurs drakkars, les Vikings choisirent de traverser le Massif Central et d'assiéger Clermont-Ferrand et Goes-sur-Nohain qui est à 30 km des rives de la Loire.
Cette époque troublée peut également avoir généré des petits groupes de brigands qui, bien armés et déterminés, pouvaient facilement venir à bout d'un village comme celui-ci, tuant les habitants et jetant leur corps dans le puits.
Une épidémie ?
Les archéologues envisagent également l'hypothèse qu'il y ait eu une épidémie. Une étude paléo-pathologique permettra de révéler soit des traces de maladie, soit de traumatisme perimortem (des blessures défensives).
La complexité de cette tombe, la rend difficile à fouiller in situ, aussi, les couches et les squelettes ont été modélisés en 3D par la Société Captair en faisant une étude photogrammétrique de haute précision qui permettra une reconstruction complète du puits et qui devrait aider à résoudre le mystère du probable massacre d'Entrains-sur-Nohain.
La modélisation 3D d'une couche d'ossements.
Cliquez sur la boîte bleue pour commencer: maintenez le bouton gauche de la souris pour faire pivoter; bouton droit de la souris pour se déplacer et molette de la souris pour zoomer et dézoomer.
(Dans mon cas, cela ne fonctionne pas, j'ai juste une "tâche tache noire" en 3D; mais cela peut fonctionner pour d'autres)
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Au cours de cette fouille de routine d'un site gallo-romain, ils ne s'attendaient pas à trouver les restes d'un charnier; témoignage du massacre de la population civile il y a plus de 1000 ans.
Rendu 3D d'une couche d'ossements trouvés dans le fond du puit. Image: © Captair
Cette zone était au nord-ouest du territoire des Eduens (peuple gaulois qui occupait l'actuelle Bourgogne), au carrefour d'un important réseau routier romain, et était connue comme étant une partie de l'ancienne ville romaine d'Intaranum (Entrains-sur-Nohain) qui s'est développée pendant les quatre premiers siècles de notre ère. À son apogée, la ville s'étendra sur 120 hectares.
Le travail archéologique a révélé des forges, un tronçon de voie romaine et une série de maisons en pierre.
Les citoyens aisés possédaient de véritables petits thermes privés à l'arrière de leurs propriétés, équipés de piscines chaudes et froides, de chambres et de puits pour fournir de l'eau.
Lors de l'achèvement des fouilles, les archéologues ont exploré deux de ces puits qui ont nécessité une équipe de fouille spéciale (d'Archéo Puits) pour noter le remplissage dans les moindres détails et dans les conditions les plus sécurisées.
Vues de l'intérieur du puits, avec un archéologue à peine visible, mettant au jour une couche de restes humains (visible à droite de la photo). Images: © Stephanie Hollocou/©
Captair – Inrap
Une découverte macabre.
Dans le petit espace de 1.30 mètres de diamètre, les archéologues ont exhumé des squelettes humains à une profondeur de plus de 4 mètres.
Les ossements mis au jour et enregistrés étaient dans une couche de boue et de restes humains de plus de 3 mètres d'épaisseur. Ce sont vingt à trente corps qui ont été jetés dans le puits en même temps et qui ont été mis au jour dans tous les sens.
La présence d'hommes, de femmes et d'enfants, montre qu'il s'agit des restes d'une population civile.
La datation au carbone 14 a montré que, même si le puits est gallo-romain, les ossements ont été datés entre le 8e et 10e siècle de notre ère. D'autres datations devraient bientôt clarifier la chronologie de ce terrible événement qui s'est produit à Entrains-sur-Nohain.
Des temps troublés.
Au cours de la période de l'Empire carolingien (800-888 après JC), la Bourgogne avait cessé d'être un royaume indépendant. Elle avait été démantelée et annexée à l'Austrasie (la partie nord-est du Royaume des Francs mérovingiens), par Charles Martel.
L'Empire carolingien connut une terrible guerre de succession entre les trois fils, Louis le Pieux ou Lothaire, le successeur légitime, Charles le Chauve et Louis le Germanique. Le 25 Juin 841 la bataille de Fontenoy-en-Puisaye (à seulement 25 km au nord d'Entrains) a vu des dizaines de milliers de combattants tomber sur le champ de bataille selon des témoignages contemporains, et Charles le Chauve établit un campement à seulement 16 km du site d'Entrains.
Il est possible que ce village ait été victime d'abus par l'une des armées présente, ou d'un groupe de combattants en fuite.
De plus, dans les dernières décennies du 9e siècle, la région a fait l'objet d'invasions vikings répétées qu'attestent les chroniques. Ils arrivèrent à Paris en 845, Chartres et Beauvais en 858-859 et vers le bas du Rhône pour assiéger Valence entre 859 et 862. Dans la région de la Loire, les raids vikings sont connus en 856 (pillage d'Orléans et l'abbaye de Saint-Benoit-sur-Loire).
Bien qu'ils préfèrent piller rapidement et revenir à leurs drakkars, les Vikings choisirent de traverser le Massif Central et d'assiéger Clermont-Ferrand et Goes-sur-Nohain qui est à 30 km des rives de la Loire.
Cette époque troublée peut également avoir généré des petits groupes de brigands qui, bien armés et déterminés, pouvaient facilement venir à bout d'un village comme celui-ci, tuant les habitants et jetant leur corps dans le puits.
Une épidémie ?
Les archéologues envisagent également l'hypothèse qu'il y ait eu une épidémie. Une étude paléo-pathologique permettra de révéler soit des traces de maladie, soit de traumatisme perimortem (des blessures défensives).
La complexité de cette tombe, la rend difficile à fouiller in situ, aussi, les couches et les squelettes ont été modélisés en 3D par la Société Captair en faisant une étude photogrammétrique de haute précision qui permettra une reconstruction complète du puits et qui devrait aider à résoudre le mystère du probable massacre d'Entrains-sur-Nohain.
La modélisation 3D d'une couche d'ossements.
Cliquez sur la boîte bleue pour commencer: maintenez le bouton gauche de la souris pour faire pivoter; bouton droit de la souris pour se déplacer et molette de la souris pour zoomer et dézoomer.
(Dans mon cas, cela ne fonctionne pas, j'ai juste une "
Relecture par Marion Juglin
Sources:- Past Horizons: "Massacre in the well – a 1200 year old murder mystery"
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Pour la modélisation en 3D, passer en plein écran a résolu dans mon cas le problème de "tâche noire"
RépondreSupprimertâche ou tache?
RépondreSupprimera propos de l'article, vraiment passionnant
Bonjour,
RépondreSupprimerEffectivement, "tache" est plus appropriée ici: je corrige...