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10.18.2018

Des habitats utilisés sur plus de 1000 ans au cours de l'âge de pierre en Norvège

De simples petites cabanes en terre de l'âge de pierre semblent avoir été utilisées pendant près de 1000 ans. Elles sont peut-être restées vides pendant 40 à 50 ans, en tout, avant d'être entretenues et réutilisées.

L'archéologue Silje Fretheim, du département d'archéologie et d'histoire culturelle de l'Université norvégienne de sciences et de technologie (NTNU), a trouvé cela incroyable: "Peu de constructions de nos jours ont duré pendant 1000 ans. Leur utilisation sur une aussi longue durée nous montre l'importance pour eux d'entretenir les maisons"

Fouille du site d'une tente réutilisée à Mohalsen dans la municipalité de Vega. Le site remonterait environ à 8300 avant notre ère.  (Photo: Hein B. Bjerck)

Elle a récemment discuté de sa thèse de doctorat sur le logement et les traditions d'implantation en Norvège au cours de la période mésolithique. Ses recherches révèlent une image différente des peuples de l'âge de pierre de celle enseignée à l'école de nos jours. "J'ai moi-même des enfants en âge d'aller à l'école et j'ai découvert que la plupart des écoles enseignent encore que les habitants de l'âge de pierre vivaient principalement dans des grottes. Mais ce n'était absolument pas le cas" dit-elle.

La période mésolithique en Norvège couvre environ 5500 ans, commençant vers 9500 avant l'ère commune, lorsque les peuples étaient nomades et chasseurs-cueilleurs. Au début de cette période, les gens vivaient dans des tentes dont on pense qu'elles étaient faites en peaux d'animaux, bien qu'aucune couverture de tente de cette époque n'ait été trouvé. Puis, finalement, les habitats sont devenus plus permanents.


Unique pour la Norvège


Fretheim a analysé les informations de 150 habitats de l'âge de pierre, s'étendant du comté le plus au nord du Finnmark jusqu'au sud de la Norvège.

Plus de la moitié d'entre eux ont été fouillés au cours de ces 15 dernières années, et c'est la première fois que quelqu'un compare les informations basées sur ces fouilles.

Le nombre d'habitations mésolithiques relativement bien préservées en Norvège est unique en Europe du Nord, et la thèse de Fretheim donne ainsi une nouvelle image de la population de l’âge de pierre qui dépasse également les frontières de la Norvège.

Dans d'autres parties du monde, les restes d'habitats et les traces des individus de l'âge de pierre sont enfouis sous les terres agricoles actuelles, ou bien sont sous l'eau parce que les terres le long des côtes ont été englouties après la dernière période glaciaire.

"En Norvège, cependant, les restes de l'âge de pierre ont été préservés car les endroits le long des côtes se sont élevés avec la diminution du poids des glaces de la dernière période glaciaire. Une autre raison, est que l'agriculture en Norvège a été moins extensive, et n'a donc pas recouvert les traces de l'âge de pierre. Dans le Finnmark, où les terres cultivées sont le moins répandues, il est possible de voir de nombreuses traces des anciens habitats" rapporte Fretheim.


Des tentes aux maisons semi-enfouies


Il n’est pas surprenant de constater que les traces d'habitats datant de 10000 à 11500 ans pendant la période mésolithique restent limitées

Fretheim dit que les archéologues ont trouvé des cercles de tente, qui sont des pierres placées sur les rabats de la tente. Ils ont aussi trouvé des surfaces nettoyées, avec des concentrations clairement définies de restes d'outils. Produire des outils en pierre à laissé de nombreux débris.

Les habitats les plus anciens étaient petits. La surface de ces anciennes maisons "est presque toujours entre 5 et 10 mètres carrés" ajoute Fretheim, "ce qui indique que des familles nucléaires se déplaçaient dans les alentours avec des tentes démontables. Je pense que les tentes faisaient probablement partie du style de vie mobile de ces gens qui voyageaient avec."

Les restes d'une maison semi-enfouie en Norvège (projet Ormen-Lange) à Nyhamna. Cet habitat a été utilisé pendant 1100 ans, entre 5200 et 4100 avant notre ère. La phot montre. La photo montre la surface arrondie du plancher enfoncé, avec une cheminée centrale en pierre et des trous pour les poteaux le long des murs. Credit: NTNU University Museum

Plusieurs choses se sont passées il y a 9500 ans et ont impacté les schémas d'implantation et d'habitat en Norvège: la forêt s'est étendue vers de nouvelles zones, le niveau de la mer le long de la côte s'est stabilisé et les dernières couches de glace de la dernière période glaciaire se sont retirées de l'intérieur.

Les habitations sont devenues plus grandes. Au lieu de planter une tente sur le sol, le sol a été partiellement creusé dans ce qu’on appelle des maisons semi-enfouies. Le reste de la maison était construit avec un ouvrage en bois et gazon. Les plus grandes de ces maisons pouvaient atteindre ainsi les 40 mètres carrés. "Plusieurs familles devaient vivre ensemble, ou peut-être des équipes de chasse qui partageaient la maison" ajoute Fretheim.


Des points de repère attractifs


Alors que le niveau de la mer s'est stabilisé, Fretheim pense qu'il est devenu possible pour ces peuples de construire leur propre connaissance des ressources naturelles de la région, comme les bons endroits où pêcher. Cela a diminué le besoin de suivre un animal, comme les rennes ou les phoques, sur son trajet migratoire.

Les gens ont commencé à préférer vivre dans des endroits avec des conditions de pêche et de chasses plus stables et variées.

Les maisons semi-enfouies étaient conservées et réutilisées à grande échelle, dont les plus utilisées ont été maintenues plus de 1000 ans.

"Les objets physiques fabriqués par des individus continuent à affecter les habitants et les paysages longtemps après. J'imagine que les fosses visibles dans le paysage à l'époque ont contribué à créer le premier paysage culturel. C'étaient les premières traces visibles laissées derrière, aussi les gens ont reconnu ces endroits et ont choisi de les reconstruire plutôt que de choisir de nouveaux emplacements. Les gens sont devenus plus sédentaires et liés à certains sites car ils les considéraient comme de bons endroits" explique Fretheim.

Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)
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