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5.19.2011

Australie: la population aborigène aurait augmenté de façon exponentielle

Un nouveau modèle mathématiques va alimenter un débat de longue date sur la nature de la croissance démographique des Aborigènes en Australie, avant la colonisation européenne.


D'après le professeur d'écologie Christopher Johnson de l' Université de Tasmanie, le modèle soutient l'idée qu'il y a eu une augmentation marquée de la croissance de la population Aborigène sur le continent vers la fin de l'Holocène.

Il explique que la datation au radiocarbone indique une augmentation du nombre de sites occupés par des Aborigènes dans les 10.000 dernières années, en particulier dans les 4000 dernières années: "Le nombre s'accumule de façon exponentielle vers le présent".

Cependant, certains archéologues affirment que même s'il y a eu une poussée initiale de croissance de la population après que les peuples aborigènes aient colonisé l'Australie il y a environ 45.000 ans, elle s'est ensuite maintenu à un niveau stable jusqu'à l'arrivée des Européens. Ces archéologues soutiennent que l'augmentation apparente dans les données archéologiques est en réalité dû au fait que bon nombre de sites ont été détruits ou ont disparu avec le temps.

Johnson, avec l'aide du professeur Barry Brook de l'Université d'Adélaïde , a donc développé un modèle mathématique dans le but d'aider à régler cette question. Le modèle simule ce qui arrive quand une population stable occupe des sites et s'y déplace. Lorsqu'un site est abandonné les preuves d'occupation disparaissent progressivement.

Johnson et Brook ont utilisé les données archéologiques provenant de près de 300 sites dans toute l'Australie, des abris sous roche, afin d'estimer la vitesse à laquelle ils ont été abandonné, et le taux de désintégration des preuves d'occupation.

Johnson affirme ainsi que le modèle montre que la désintégration des éléments d’occupations provenant de sites abandonnés ne peut rendre compte d'une population stable et confirme une augmentation exponentielle.
La population autochtone aurait ainsi augmenté d'environ 40 pour cent tous les 1000 ans au cours des derniers 5000 ans, et environ 10 à 15 pour cent dans les 5000 ans auparavant.

"Ce n'est pas un taux de croissance particulièrement rapide en soi, dit-il, mais sur une échelle de temps de 10.000 ans, cela est très spectaculaire."

Johnson pense que cette accélération de la croissance de la population Aborigène s'est produite en un court laps de temps, et a été probablement due à des innovations qui ont rendu l'environnement plus productif. L'augmentation de la population, entrainant une chasse intensive, aurait même été responsable de l'extinction de la thylacine sur le continent australien il y a 3000 à 4000 ans.


L'archéologue Dr Sean Ulm de l'université James Cook remet en question la conclusion d'une accélération de la croissance démographique à la fin de l'Holocène. D'après lui, les preuves archéologiques démontrent une occupation autochtone qui a augmenté dans certaines régions mais qui a aussi diminué dans d'autres, en réponse à des défis différents dans des environnements différents.
"Le modèle ne tient pas compte de la variabilité régionale", affirme Ulm. Il critique aussi l'accent des chercheurs mis sur les abris sous roche et leur exclusion des données provenant de sites ouverts dans le développement de leur modèle: "ce faisant, ils ont enlevé la moitié des données archéologiques mis à leur disposition, explique-t-il, lorsque nous examinons les données détaillées disponibles sur les sites ouverts et les abris sous roche, on peut voir une grande variabilité dans les modes d'occupation des Aborigènes tout au long de l'Holocène tardif."

Ulm salue néanmoins ce modèle qui est une "contribution bienvenue" à l'archéologie australienne: "Le modèle est très intéressant et je pense que ça va stimuler le débat"...

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