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12.12.2016

Un important tertre de l'âge du fer découvert en Angleterre

Les archéologues de l'Université de Reading rapportent que le Château de Skipsea, dans le Yorkshire, est en fait plus semblable à Silbury Hill dans le Wiltshire qu'à un château à motte de la période la Conquête Normande, comme on le pensait jusque-là.

La découverte du "Silbury Hill du nord" fait du Château de Skipsea un monument de l'âge du fer unique en Grande-Bretagne. Auparavant, on ne connaissait que de plus petits tertres funéraires de cette période. Le tertre le plus proche en taille se trouve en Allemagne.

Un important tertre de l'âge du fer découvert en Angleterre
Les archéologues ont découvert qu'un tertre du Yorkshire, qu'on pensait être un château à motte normand, était en fait un monument de l'âge du fer construit il y a 2500 ans.

Selon le Dr Jim Leary, de l'Université de Reading et archéologue en chef des fouilles: "Dire que la découverte d'un monument de l'âge du fer caché en pleine vue est une surprise est un euphémisme. Le savoir conventionnel suggérait que les châteaux à motte avaient été apportés en Angleterre par les Normands, à la suite de la conquête commencée en Octobre 1066, il y a exactement 950 ans. Les châteaux à motte existent dans tout le pays, mais leur immense taille implique qu'ils ont rarement été fouillés; et en conséquence, beaucoup de ce que nous avons pensé savoir auparavant sur leur datation était basée sur de rares preuves documentaires et des conjectures. J'ai fouillé Silbury dans le Wiltshire en 2008, et maintenant découvrir la Silbury Hill du Nord est extraordinaire. Cela ajoute tant de choses à notre compréhension sur la façon dont les gens vivaient en Grande-Bretagne 500 ans avant que les romains arrivent."


Une nouvelle technique d'analyse


La découverte a été faite en utilisant une nouvelle technique pour examiner, pour la première fois, l'une des mottes les plus connues en Angleterre, afin d'en apprendre d'avantage sur la date de sa construction ou réutilisation.

Travaillant avec des collègues du Scottish Environmental Research Centre at East Kilbride, l'équipe de Reading a montré que bien que la majorité des tertres étudiés jusqu'ici ont été construits dans la période qui a suivi la conquête normande en 1066, il y a quelques notables exceptions.

La datation au radiocarbone a montré que certains tertres ont été construits des siècles plus tard qu'on ne le pensait. Par contre, le monticule du Château de Skipsea dans le Yorkshire avait déjà 1500 ans à l'époque de la conquête normande.

Un important tertre de l'âge du fer découvert en Angleterre

Les nouveaux résultats montrent que cet immense monticule, qui fait 85m de diamètre et 13m de haut, date du milieu de l'âge du fer et était donc unique en Grande-Bretagne à cette période, avec seulement une poignée de parallèles sur le continent.

Le Dr Jim Leary a ajouté: "nous sommes capables, pour la première fois, de révéler la date de construction, la séquence de développement et le contexte environnemental de ces merveilleux monuments, apportant des connaissances qui n'avaient jamais été jugées possibles. Notre travail continue pour encore un an et nous continuerons à améliorer nos connaissances des châteaux à monticule. Avec de la chance, nous pourrions même trouver d'autres tertres préhistoriques en Grande-Bretagne, masqués à notre vue".


Des fouilles à l'image d'un vide-pomme


Pour récupérer du matériel datable enfouit dans ces monuments, les archéologues ont foré des petits trous au sommet de chaque monticule jusqu'à leur base. Le Dr Leary dit ainsi: "ces trous de forage agissent comme un vide-pomme géant nous fournissant une séquence complète à travers la structure des monticules avec une perturbation minimale. A partir de là, nous avons pu récupérer du matériel à analyser en laboratoire, tout en préservant l'intégrité des monuments pour les générations à venir".

A partir de petits éléments de preuve, tels que des graines carbonisées ou du pollen, les archéologues ont pu reconstruire l'environnement dans lequel les buttes ont été bâties, tandis que les matériels organiques ont été datés au radiocarbone pour révéler l'âge des monticules.

Les mottes sont des monticules de terre et ont souvent une tour en bois ou en pierre construite dessus, parfois complétée par une enceinte défensive appelée bailey. Les châteaux de type motte et bailey ont été développés dans le nord de l'Europe au 10ème siècle, et on pense que leur conception a été apportée d'Angleterre par les normands après la conquête de 1066.

Relecture par Digitarium.fr
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11.04.2016

Une ancienne structure découverte sur le site de Durrington Walls près de Stonehenge

De nouvelles découvertes archéologiques remarquables sont en train de suggérer que Stonehenge fut construit à une époque de rivalité religieuse et politique particulièrement intense.

A trois kilomètres à peine du célèbre monument, sur un important complexe archéologique, Durrington Walls, les archéologues ont découvert ce qui semble avoir été un vaste cercle de 500m de diamètre d'immenses poteaux en bois.

Les fouilles sur le site de Durrington Walls

Une découverte d'importance internationale.


A l'origine, les archéologues, utilisant la géophysique plus que les fouilles, ont pensé qu'ils avaient trouvé des pierres levées enfouies. Mais cette récente découverte a totalement changé leur compréhension du site qui est le plus grand monument ancien de ce type en Grande-Bretagne.

La révélation la plus significative a été la découverte que le complexe de cercle en bois récemment identifié n'a probablement jamais été terminé, et que, juste après quelques mois ou années que la construction eut commencé, il y a eu un important changement dans l'orientation religieuse, et donc presque tout aussi certainement politique.

Les travaux sur le cercle ont stoppé brutalement vers 2460 avant JC, alors qu'il était en voie d'achèvement. Les 200 à 300 immenses poteaux en bois, longs de 6 à 7 mètres et large de 60 à 70 cm, ont été positionnés verticalement dans des trous de 1,5 mètre de profondeur; ils devaient certainement être utilisés pour construire ou agrandir d'autres parties du complexe.

De plus, en quelques mois ou années, les trous de poteaux furent délibérément comblés avec des blocs de craie et recouverts, sur la majeure partie du cercle, par un talus de décombres de craie.

A ce jour, deux des trous de poteaux ont été entièrement fouillés. Au fond de l'un d'eux, les hommes préhistoriques qui ont enterré le site, auparavant occupé par le cercle de bois géant, y ont placé un de leurs outils (une pelle faite en omoplate de vache).

Fouille d'un des trous de poteaux à Durrington Walls

C'est comme si des "révolutionnaires" religieux essayaient, quasi littéralement, d'enterrer le passé.


Cela fait certainement allusion au caractère rituel sur la façon dont le changement de direction religieuse a été mis en œuvre. C'est comme si des "révolutionnaires" religieux essayaient, quasi littéralement, d'enterrer le passé.

La question que se posent maintenant les archéologues est de savoir si ces révolutionnaires cherchaient à enterrer leur propre passé, où bien s'il s'agissait d'un autre groupe ou ancienne tradition culturelle qui était mis aux oubliettes de la préhistoire.

Cette découverte est particulièrement importante car le changement d'orientation religieuse est arrivé presque au même moment où Stonehenge lui-même était transformé d'un large cercle de pierres de taille moyennes en un cercle beaucoup plus resserré avec des pierres massives (celles que nous voyons aujourd'hui).

C'est aussi à peu près à la même période qu'un autre très grand complexe religieux préhistorique, Avebury, a été élargi avec la construction d'une avenue de pierres levées longue de 2500m.

Non loin, Silbury Hill, le plus grand tertre artificiel d'Europe avec ses 39m de hauteur, fut aussi construite à peu près à cette même époque

Silbury Hill. Photo Wikimédia

Ces changements peuvent aussi être reliés, de façon directe ou indirecte, à l'arrivée en Grande Bretagne, à cette même époque où juste après, d'une nouvelle tradition culturelle (et probablement de nouveaux gens ou nouvelles élites), que les préhistoriens appellent la culture des vases à entonnoir.

Les changements à Durrington Walls et ailleurs représentent donc un élément clé dans l'histoire de la Grande-Bretagne, une partie de la transition de l'ère néolithique à l'âge du bronze.

Généralement, il est impossible d'entrevoir les rivalités internes religieuses et politiques et les conflits de notre passé préhistorique, mais ces découvertes faites à Durrington Walls nous apportent une opportunité sans précédent pour commencer à comprendre les aspects d'un passé habituellement masqué à notre vue.

Les fouilles à Durrington Walls ont été faites par une équipe d'archéologues menée par le professeur Vince Gaffney de l'Université de Bradford et le professeur Mike Parker Pearson de l'Université College de Londres.

Relecture par Digitarium.fr
Source:
The Independent: "Remarkable ancient structure found just two miles from Stonehenge"

10.03.2016

D'anciens squelettes chinois découverts à Londres pourraient réécrire l'histoire romaine

Des scientifiques examinant des squelettes mis au jour dans un ancien cimetière romain de Londres suggèrent qu'il y a 2000 ans la capitale britannique attirait déjà des visiteurs provenant de Chine.

L'équipe de recherche a découvert que cinq des corps enfouis provenaient de Méditerranée et quatre d'Afrique, dont une adolescente trouvée avec un couteau pliant en ivoire en forme de léopard, semblable à ceux de Carthage. L'émail dentaire de la jeune fille suggère qu'elle a grandi en Afrique du Nord et qu'elle fut amenée à Londinium après son enfance, peut-être comme esclave capturée au cours de l'une des guerres entre l'Empire Romain et Carthage.

Mais, le plus étonnant fut la découverte de deux corps inhumés dans le cimetière romain semblant avoir des origines asiatiques, très probablement chinoises.

Parties d'un squelette découvert dans le même cimetière à Southwark. (Credit: Museum of London)

Une seule fois auparavant, sur le site de Vagnari en Italie, une personne de probable ascendance chinoise a été mise au jour sur un ancien site romain. "C'est absolument phénoménal" s'enthousiasme Rebecca Redfern, conservatrice d'ostéologie humaine au Museum of London et co-auteure de l'article paru dans le Journal of Archaeological Science, "C'est la première fois en Grande-Bretagne romaine que nous identifions des individus d'ascendance asiatique".

Si cela est confirmé, cette découverte suggère que la communauté immigrante de Londinium fut plus importante qu'on ne le pensait auparavant.

 "L'expansion de l'Empire Romain à travers l'Europe de l'Ouest et la Méditerranée a conduit à l'assimilation et le déplacement de nombreuses communautés, géographiquement et ethniquement variées." écrit l'équipe de recherche dans l'article, "De nombreux individus ont voyagé, souvent sur de grandes distances, pour commercer ou en raison de leur profession, comme militaire, ou de leur statut social, comme ceux réduits en esclavage par exemple."


Des liens commerciaux entre Empire Romain et Chine Impériale plus profonds qu'on ne le pensait

Ces découvertes signifient aussi que les liens commerciaux entre l'Empire Romain et la Chine Impériale ont été plus profonds qu'on ne le pensait. A l'époque de ces sépultures, l'Empire Romain était à son apogée et la Dynastie Han vivait une période culturelle et technologique prolifique.

On sait déjà que ces deux anciennes puissances faisaient beaucoup de commerce le long de la Route de la Soie, après que les romains aient conquis l’Égypte en 30 avant JC, ainsi que la région autour de la mer Méditerranée. Cependant, la présence de personnes chinoises à Londinium suggère que les voies commerciales se sont étendues jusqu'aux limites de l'Empire Romain.

Un autre squelette découvert dans le même cimetière à Southwark. (Credit: Museum of London)

Comment et pourquoi ces hommes venus de Chine ont fini à Londinium ? Cela reste un mystère. Comme le fait remarquer Redfern "à cette époque, la Grande-Bretagne est sur les limites de l'Empire Romain. Ce n'était pas un endroit très passionnant que les gens voulaient visiter, aussi essayer de comprendre pourquoi ils sont venus n'est pas facile."

L'équipe de recherche a proposé des théories sur ce qui a pu mener ces hommes chinois à finir en Grande-Bretagne romaine. "Ils ont pu avoir été des membres de l'armée. Ils ont pu être des marchands. Ils ont pu aussi être des migrants économiques ou encore avoir été réduits en l'esclavage." propose Redfern.

On espère que des tests ADN plus poussés sur les squelettes apporteront plus d'informations afin de permettre aux scientifiques de répondre à quelques-unes des questions en suspens.

Relecture par Digitarium.fr
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8.13.2016

Des vestiges royaux découverts à Tintagel, lieu de naissance du Roi Arthur selon la légende

Les archéologues sont en train d'investir une mystérieuse implantation côtière, dont ils pensent qu'elle aurait pu être la maison de la royauté britannique post-romaine, à Tintagel dans les Cornouailles, lieu de naissance, selon la légende, du Roi Arthur.

Les chercheurs espèrent découvrir si Tintagel était le site d'une implantation marchande ou d'un centre en plein essor politique entre le 5ème et 7ème siècle, à la fin du règne Romain en Angleterre. Credit: Emily Whitfield-Wicks/English Heritage

Des centaines de morceaux de poterie, que n'utilisaient que des personnes de statut élevé, et du verre ont été trouvés sur le site, situé sur la côte sud-ouest de l'Angleterre. Les chercheurs rapportent que le promontoire aurait été occupé du 5ème au 7ème siècle, probablement par les rois de Domnonée, un royaume britannique natif de l'ouest de l'Angleterre au cours du Haut Moyen Âge après la fin du règne romain.

"C'est la période que nous avons coutumes d'appeler l'Âge des Ténèbres, mais nous évitons désormais ce terme" rapporte le directeur du projet Win Scutt, "mais si nous devions l'appeler l'Âge des Ténèbres, alors ce serait la partie la plus sombre".

Scutt, conservateur régional pour l'English Heritage, rapporte que plus de 200 pièces de poterie importées de Méditerranée et de verre raffiné ont été trouvées au cours des dernières fouilles sur le site qui ont duré plus de trois semaines en juillet et août.

Ces récentes découvertes suggèrent que le site fut à un moment donné une implantation de haut rang liée au commerce avec la région de l'est de la Méditerranée, à cette époque, siège de l'Empire Byzantin ou  Empire Romain d'Orient.

Les trouvailles comprennent aussi des tessons de poterie au vernis rouge grésé dans un style identifiée comme "Phocaean red-slip ware" (céramique sigillée phocéenne) provenant de ce qui est aujourd'hui l'ouest de la Turquie.

 Morceau de verre trouvé sur le site. Photo Credit: Emily Whitfield-Wicks / Courtesy English Heritage

Morceau de céramique sigillée phocéenne provenant de l'ouest de la Turquie. Photo Credit: Emily Whitfield-Wicks / Courtesy English Heritage

Les archéologues ont aussi découvert de grandes jarres de stockage provenant de la région Méditerranéenne, des amphores, qui ont contenu de l'huile d'olive ou du vin.

Bien que quelques tessons d'amphore méditerranéenne et de verre aient été trouvés sur d'autres sites du Haut Moyen Âge dans le Royaume-Uni, ces artéfacts n'ont rien de comparable avec l'abondance de trouvailles faite à Tintagel lors des dernières fouilles, ainsi qu'au cours des précédentes dans les années 1990 et 1930.

Ceci suggère que les habitants du site n'étaient pas de simples importateurs de biens étrangers onéreux, mais ils en étaient aussi des consommateurs. A une époque où le règne romain s'est effondré dans presque toute l'Europe de l'Ouest, "curieusement, cet endroit unique en Angleterre semble avoir eu des contacts étroits avec le monde byzantin et l'est de la Méditerranée" ajoute Scutt.


"Le lieu de naissance d'Arthur"

Dans les légendes anglaises, Tintagel est le lieu où naquit Arthur, le légendaire roi britannique qui aurait combattu l'invasion des saxons dans les siècles qui ont suivi la fin du règne romain.

Selon l'histoire écrite au 12ème siècle par l'évêque et historien anglo-normand Geoffrey de Monmouth, le père d'Arthur, Uther Pendragon, séduisit la mère d'Arthur, Igraine; il s'était alors magiquement déguisé en son mari, le duc de Tintagel.

Plus tard, une autre tradition explique que le futur Roi Arthur aurait vécu à Tintagel lorsqu'il était enfant. Geoffrey de Monmouth mentionna aussi Tintagel comme étant plus tard la maison du cousin d'Arthur, de la famille d'Igraine, le Roi Marc'h de Cornouailles. Il fut le mari de la princesse irlandaise Iseult, et l'oncle vengeur de son amoureux, Tristan, chevalier cornouaillais de la Table Ronde du Roi Arthur.

Bien qu'aucun élément historique n'a été trouvé pour prouver l'existence du Roi Arthur, certains historiens supposent que le tempérament du Roi Marc'h de Cornouailles pourrait dériver de Conomor, l'un des rois de Domnonée au 6ème siècle, ou bien d'un roi cornouaillais plus tardif nommé dans les écrits gallois roi de Castellmarch (March ap Meirchion)

En 1998, une pierre gravée du nom britannique post-romain "Artognou" fut découverte par les archéologues à Tintagel; cela déclencha une vague de spéculation se référant à la légende arthurienne.

Mais Scutt rappelle que le consensus qui prévaut parmi les archéologues est que cette inscription, sur la Pierre d'Artognou, fait référence à une autre personne, malgré la similarité entre les deux noms.

Les croyances populaires qui ont fait de l'actuel château de Tintagel le lieu de naissance du légendaire Roi Arthur, se sont renforcées après la découverte de la Pierre gravée d'Artognou en 1998.


Creuser pour remonter le temps.

Les récentes fouilles à Tintagel  sont la première étape d'une étude étalée sur 5 ans, menée par l'English Heritage et le Cornwall Archaeological Unit.

Scutt explique que le but principal du projet est d'établir une datation définitive du site et de déterminer la fonction de certaines des cent structures enterrées un peu partout sur le promontoire de Tintagel.

Les scientifiques s'accordent sur le fait que les structures enfouies à Tintagel sont certainement les restes d'un centre royal ayant un lien avec le Royaume de Domnonée, ajoute Scutt, mais jusqu'à présent, il n'y a pas eu de datation précise effectuée sur le site.

Il reste encore une "possibilité extérieure" que certaines des constructions enterrées soient les restes d'un monastère médiéval tardif, voire même des cabanes pour les constructeurs du château du 13ème siècle qui se tient aujourd'hui sur le promontoire de Tintagel.

Et bien que les chercheurs soient convaincus que la plupart des bâtiments du site datent du 5ème au 7ème siècle, un lien direct avec la royauté britannique de l'époque reste à prouver. "Il y a plein d'autres possibilités, ce pourrait être un site marchand basé peut-être sur l'export de minéraux cornouaillais, comme l'étain, le plomb et l'argent" continue Scutt, "nous pouvons dire que c'est de haut rang et que des gens riches vivaient ici, mais cela ne correspond pas nécessairement à un pouvoir politique, cela pourrait être un site purement mercantile."

Merci à @VirginieTour et @yanou9c pour l'info !
Relecture par Marion Juglin
Sources:

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7.14.2016

Des femmes de haut rang inhumées à Stonehenge

Les restes de 14 femmes qui semblent avoir eu un statut élevé ou important ont été trouvés à Stonehenge.

La découverte, accompagnée d'autres trouvailles, supporte la théorie selon laquelle Stonehenge fonctionnait, au moins au cours d'une partie de sa longue histoire, comme un cimetière de crémation pour les dirigeants et autres personnes importantes. C'est ce que rapporte une étude publiée dans British Archaeology.

Le trou d'Aubrey N°7 a été fouillé dans les années 1920 par l'archéologue William Hawley qui le reboucha pour le préserver. Il décrivit alors une "masse indifférenciée". En conséquence, les fragments se sont amalgamés ou mélangés. Au total, l'équipe a trouvé 45kg d'ossements incinérés dans ce trou.

Lors de récentes fouilles, plus de femmes que d'hommes ont été trouvés inhumés à Stonehenge, un fait qui pourrait changer son image actuelle.

"Dans presque toutes les représentations de Stonehenge par les artistes, et reconstituteurs TV, nous voyons beaucoup d'hommes et peu ou pas de femmes" dit l'archéologue Mike Pitts, auteur du livre "Hengeworld", "l'archéologie nous montre maintenant (...) que les femmes étaient ici aussi importantes que les hommes. Cela contraste avec les anciens tertres funéraires où les hommes semblent avoir plus d'importance. Par définition, les cimetières étant rares, Stonehenge est ainsi exceptionnel; toute personne enterrée à Stonehenge est susceptible d'avoir été spéciale: familles de haut rang, détenteurs de compétences ou connaissances particulières, chefs politiques ou rituels".

Les récentes fouilles se sont concentrées sur ce que l'on appelle aujourd'hui le trou d'Aubrey 7, l'une des 56 fosses en craie creusées juste à l'extérieur du cercle de pierre et remontant aux premières phases de Stonehenge à la fin du 4ème et début du 3ème millénaire avant JC.

Christie Willis de l'Institut d'Archéologie de l'UCL (University College de Londres) a travaillé sur le projet et confirmé que les restes d'au moins quatorze femmes et neuf hommes, tous de jeunes adultes ou plus vieux, ont été trouvés sur le site.

Un ensemble d'analyses techniques high-tech, comme la tomodensitométrie, ont été nécessaires pour étudier les restes, étant donné que les personnes avaient été incinérées.
La datation au radiocarbone et d'autres analyses de toutes les sépultures connues à Stonehenge ont révélé des dates réparties entre 3100 et 2140 avant JC.

De longues broches en os, probablement des broches à cheveux, ainsi que des têtes de masse en gneiss (une pierre rayée associée à la transformation) ont aussi été mises au jour sur le site.

Une tête de masse en pierre (gneiss) et des broches en os ont été trouvées avec les restes humains incinérés dans le trou d'Aubrey. Photo: © English Heritage, with permission from Salisbury Museum

Cependant aucun reste d'enfant n'a été trouvé lors des fouilles: d'après Willis et Pitts de tels corps devaient être traités différemment. Pitts suppose que les bébés et enfants étaient aussi incinérés, mais que leurs cendres étaient dispersées aux alentours de la rivière Avon.

"Il y a une association courante entre les centres religieux du néolithique tardif et les sources ou parties supérieures des rivières importantes" explique-t-il. La situation de Stonehenge est aussi importante car les lieux de sépultures antérieurs de Grande-Bretagne, qui étaient souvent de grands tertres contenant des chambres en pierres et en bois, étaient plutôt installés au sommet des collines ou autres hauteurs, loin des endroits où vivaient les gens. Ce qui n'est pas le cas de Stonehenge dont le site a aussi servi d'habitat. Le lieu et d'autres cimetières crématoires plus tardifs ont plutôt tendance à être sur des terrains plus bas et près des rivières fréquentées par les locaux.

Willis rappelle que le monument a été construit environ 1000 ans après que l'agriculture soit arrivée du Moyen Orient. Les gens avaient du blé, de l'orge; des bovins, des cochons, des moutons et des chèvres, mais pas encore de chevaux.

Ils n'utilisaient pas encore la roue, mais avaient des outils en pierre bien conçus. Le travail du métal s'est propagé en Grande-Bretagne aux alentours de 2400 avant JC, ce qui était bien après les premières étapes de construction de Stonehenge.

Il semblerait que le statut des femmes à Stonehenge ait été éphémère. Selon Willis, le rôle des femmes dans la société "a probablement décliné à nouveau vers le 3ème millénaire avant JC... les preuves archéologiques et historiques ont montré que le statut des femmes a augmenté et diminué assez sensiblement à différents moments dans le passé".

Relecture par Marion Juglin
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6.27.2016

La télédétection par laser révèle des routes romaines oubliées en Angleterre

Depuis 1988, l'Agence Environnementale d'Angleterre (Environment Agency) utilise des lasers pour scanner et cartographier les paysages anglais; cela permet d'aider à des travaux comme la modélisation des inondations ou le suivi de l'évolution des côtes.

Mais les données LIDAR (Light Detection and Ranging) sont aussi disponibles au public et elles ont été utilisées dans de nombreux cas: depuis la construction de mondes virtuels jusqu'à la gestion des forêts.

Le fort romain de Vindolanda mis en image avec l'utilisation des données LIDAR. Source: Gov.uk

Ces mines de données fournies par le LIDAR se sont avérées particulièrement utiles pour les archéologues cherchant à cartographier les routes romaines "perdues", depuis des milliers d'années pour certaines d'entre elles.

Leurs découvertes donnent des indices à l'un des chapitres négligés de l'histoire de la Grande-Bretagne Romaine: les routes construites pour aider les légions de Rome à conquérir et contrôler le nord de l'Angleterre.

Pendant des décennies après l'invasion de 43 après JC, une grande partie de la région du Nord (comprenant le Lancashire, Yorkshire et Cumbria) était contrôlée par une tribu Celte appelée Brigantes.

L'historien et sénateur romain Tacite écrivit que l'échec du mariage entre la Reine Cartimandua des Brigantes, alliée romaine, et son mari Venutios, a conduit à une épreuve de force avec Rome. En effet, à la suite de leur divorce, Venutios organisa une révolte en 69 après JC alors que Cartimandua prit la fuite.

L'empereur Vespasien envoya alors des forces sous l'autorité du nouveau gouverneur de Grande-Bretagne, Quintus Petilius Cerialis, pour écraser la rébellion et conquérir le nord de l'Angleterre.

Les constructions des routes pour relier les forts et les implantations à travers le paysage accidenté étaient une partie vitale de cette conquête du Nord qui dura plusieurs décennies.


David Ratledge recherche les routes romaines dans le Lancashire depuis plus de 45 ans; récemment, il a utilisé les données LIDAR de l'Agence Environnementale et a découvert 17km d'une route romaine "perdue" entre Ribchester et Lancaster: "C'étaient les sites romains les plus importants du comté, aussi de bonnes communications entre eux devaient être essentielles (...). Auparavant, dans le Lancashire, nous n'avions que des photos aériennes datant des années 1940 aux années 1960; mais les caractéristiques du paysage sur ces photographies n'étaient visibles qu'après une période de sécheresse et nous n'en avons pas eu beaucoup ! Avec le LIDAR, une fois que l'on sait ce que l'on cherche, c'est parfaitement évident: on sait que l'on a trouvé une route... C'est révolutionnaire.

Les données LIDAR ont joué un rôle clé dans la recherche des routes romaines dans le Lancashire: cette parcelle a aidé à révéler la partie d'une route entre Ribchester et Catterall (entre les pointillés rouges). Source: Gov.uk

Les routes romaines étaient de grandes structures, mesurant généralement 5 à 7 mètres de large et pouvant s'élever de 50cm au centre. Cependant, près de deux mille ans d'érosion font qu'il est souvent très difficile de les localiser au niveau du sol.

David Ratledge ajoute que: "La préservation des restes varie de manière importante. Des parties de la route peuvent encore avoir 50cm de haut et être facilement repérables, et d'autres parties sont si subtiles qu'on ne peut que les manquer."

Les spécialistes Hugh Toller et Bryn Gethin ont trouvé au moins 4 routes romaines "perdues" dans le pays grâce au LIDAR, et beaucoup d'autres découvertes potentielles attendent d'être confirmées par des fouilles sur le terrain.

Dans le Comté de Cumbria, Hugh a utilisé les données LIDAR pour vérifier le trajet d'une route entre le fort Romain de Low Borrowbridge, près de Penrith, jusqu'à Kirkby Thore, le site d'un camp romain de cavalerie.

C'est une partie manquante d'une route connue, appelée Voie Maiden, et qui continue vers le Château Whitley et le Fort romain de Carvoran, en Northumbrie (près du Mur d'Hadrien).


Selon Hugh Toller: "Souvent, il y a de vagues indications d'une route mais pas assez d'éléments pour être sûr. Avec le LIDAR, nous pouvons localiser chaque agger (levée de terre ou fortification autour d'un camp romain); et si l'on trouve 2 ou 3 km de ces lignes à travers le paysage, cela ne peut être rien d'autre qu'une route romaine."

Souvent les routes romaines sont très difficiles à localiser au niveau du sol, comme on peut le voir sur ces photos. Source: Gov.uk

Hugh travaille actuellement sur quatre autres routes romaines dans le nord de l'Angleterre découvertes grâce au LIDAR. Cela devrait permettre d'en savoir plus sur l'histoire de la Grande-Bretagne romaine.

Ces routes vont de Whitley Castle à Corbridge, de Bainbridge vers le nord de Wensleydale, d'Ambleside vers Papcastle et d'Ambleside vers Carlisle. Il y a plusieurs autres routes "perdues" qu'il prévoit de remettre sur la carte.

Prochainement, il pourrait y avoir de nombreuses autres découvertes sachant que l'Agence Environnementale est en train de rendre en libre accès les 11 terabytes de données LIDAR dans le cadre de l'initiative #OpenDefra.

Ces données sont disponibles pour tout le monde sur le site Geostore.

Pour Martin Whitworth, directeur adjoint à l'Agence Environnementale: "Les archéologues ont été pionniers en nous montrant ce que l'on pouvait faire avec les données LIDAR. En laissant ces données en libre accès nous espérons non seulement obtenir de nouvelles informations sur le passé mais aussi aider les entrepreneurs, les porteurs de projet et les communautés à se tourner vers l'avenir et trouver une façon dont ces données pourraient être utilisées pour bénéficier à l'environnement et l'économie rurale."

Depuis la gestion des forêts aux applications pour les randonnées, des jeux de construction aux choix pour planter des cultures, les utilisations des données LIDAR sont sans fin.

Relecture par Marion Juglin
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6.12.2016

Une pièce de jeu d'échecs rarissime découverte dans l'arrière cour d'un musée en Angleterre


Il s'agit de la plus petite pièce d'un jeu d'échecs arabe à être découverte dans le pays;  elle a été mise au jour lors de fouilles archéologiques dans le Musée de Wallingford.

Au premier abord, les conservateurs du musée ont pensé que l'artéfact était une minuscule sculpture de chat. Mais un examen rapproché a révélé qu'il s'agissait d'une pièce de jeu d'échecs faite en bois de cerf. D'autres pièces pourraient bien être retrouvées lors de prochaines fouilles qui auront lieu cet été.

La pièce de jeu d'échecs trouvée lors des fouilles. Photo: Wallingford Museum

D'après la conservatrice Judy Dewey: "nous avons plaisanté en disant que nous allions retrouver les 31 autres pièces et le plateau de jeu, mais bien sûr cela est très peu probable".

La minuscule pièce a été découverte lors des fouilles de l'arrière cour du musée. Une fois nettoyée, elle a été identifiée comme étant une pièce de jeu, très décorée avec des anneaux et des pointes.

"L'identification a montré que la pièce était une pièce d'échecs arabe du moyen âge. C'est l'une des 50 pièces médiévales de jeu d'échecs en Angleterre, et, avec ses 21.7mm de haut, elle est unique en étant la plus petite connue à ce jour dans le pays." rapporte la conservatrice.

La pièce de jeu d'échecs a été sculptée dans du bois de cerf au 12ème ou 13ème siècle et est décorée de cercles typiques. La plupart des autres pièces de ce genre sont au moins deux fois plus grandes. Il s'agit d'un évêque (ou fou); aussi, les autres pièces du plateau devaient être réellement petites. Cela pouvait être un ensemble de voyage.

Photo: Wallingford Museum

Madame Dewey a ajouté que le design de la pièce était à l'origine, en Orient, un éléphant, dont les pointes représentaient les défenses.

Lorsque les jeux d'échecs se sont répandus en Europe, la pièce est devenue alors l’évêque ou le fou que l'on connait:  les deux protubérances pointues, évoquant les défenses de l'animal dans le jeu arabe, ont été comprises par les Occidentaux comme la mitre cornue d'un évêque, ou bien comme le bonnet d'un bouffon.

Dewey précise que la pièce a été trouvée près du Prieuré de Wallingford, auquel le bâtiment du musée avait appartenu: donc elle a pu être perdue par un homme riche résident ici: "Wallingford a un important château royal tout proche, et, occasionnellement, les visiteurs étaient logés au prieuré; et même les moines jouaient aux échecs".

Les visiteurs peuvent voir la pièce de jeu d'échecs, avec d'autres objets médiévaux, exposés au musée.

Le site du musée: wallingfordmuseum.org.uk

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4.02.2016

Ce que mangeaient les constructeurs de Stonehenge...

Une équipe d'archéologues de l'Université d'York a révélé de nouvelles connaissances sur les choix culinaires et les habitudes alimentaires à Durrington Walls, un monument du néolithique et site d'implantation, dont on pense qu'il abritait les constructeurs de Stonehenge tout près de là au cours du 25ème siècle avant JC.

Durrington Walls vu depuis le sud. Image: Midnightblueowl 

Avec des chercheurs de l'Université de Sheffield, ils ont découvert, suite à l'analyse de poteries et d'ossements d'animaux, des traces de festins mettant en avant des cuissons de style barbecue et un schéma inattendu dans la façon dont les aliments étaient distribués et partagés sur le site.


Les pots avaient différentes utilisations

L'analyse chimique des résidus de nourriture prélevés sur plusieurs centaines de fragments de poterie a révélé des différences dans l'utilisation des pots.

Ceux trouvés dans les zones habitées étaient utilisés pour cuire des produits d'origine animale comme le porc et le bœuf, et les produits laitiers; tandis que les poteries dans les espaces cérémoniels étaient utilisées essentiellement pour les produits laitiers.

Une telle structuration spatiale pourrait signifier que le lait, les yaourts et les fromages étaient perçus comme des aliments assez exclusifs, consommés uniquement par quelques privilégiés, ou bien, que les produit laitiers étaient utilisés dans des cérémonies publiques.

Curieusement, il y avait peu de traces de préparation de nourriture végétale dans tous les secteurs du site.

Les principaux éléments recueillis mettent en avant une importante consommation de viande animale, et en particulier des cochons. Des analyses d'ossements d'animaux menées à l'Université de Scheffield ont montré que de nombreux porcs avaient été tués avant d'atteindre leur poids maximum. Ce sont de fortes preuves d'abattages planifiés pendant les automnes et hivers, et de consommations lors de festins.

Les principales méthodes de cuisson de la viande semblaient être de façon bouillie et rôtie dans des pots, probablement autour de foyers intérieurs (on a pu voir des traces de brûlures distinctives sur les ossements).

Durrington Walls, vu depuis Woodhenge. Image: Psychostevouk (CC BY-SA 3.0)

Du bétail se promenait sur le site

Des os provenant de toutes les parties du squelette de l'animal ont été trouvés, ce qui indique que le bétail vivait sur le site et non pas qu'il arrivait en morceaux de viande.

L'analyse isotopique a indiqué que le bétail provenait de différents lieux dont certains assez éloignés du site. Ceci est important car cela devait demander l'organisation d'un grand nombre de volontaires susceptibles de se rendre loin.

Les schémas observés de ces festins ne correspondent pas avec une société basée sur l'esclavage où le travail est forcé et coercitif, comme cela a pu être suggéré.

D'après le Dr Oliver Craig, directeur de thèse en science archéologique à l'Université d'York et auteur principal de l'article de cette étude: "des preuves de partage des aliments et d'activités par zone à Durrington Walls montrent un plus grand degré d'organisation culinaire que ce que l'on attendait pour cette période de la préhistoire britannique. Les habitants et de nombreux visiteurs de ce site possédaient une compréhension commune sur la façon dont les aliments devaient être préparés, consommés et disposés. Ceci, mis avec les preuves de festins, suggère que Durrington Walls était une communauté de travail bien organisée."  

Pour le professeur Mike Parker Pearson, professeur à l'UCL (University College London) et directeur du Feedings Stonehenge Project: "Cette nouvelle recherche nous a donné un aperçu fantastique de l'organisation de festins à grande échelle parmi les gens qui ont construit Stonehenge. Les animaux étaient apportés de toute la Grande-Bretagne pour être cuits au barbecue et cuisinés lors de rassemblements de masse en plein air et pour être mangés lors de repas privés plus organisés à l'intérieur des nombreuses maisons à Durrington Walls. Le placement spécifique des pots à lait sur les grandes constructions cérémonielles révèle que certains produits avaient une signification rituelle au-delà de l'aspect nutritif. Le partage de la nourriture avait des connotations aussi bien sociales que religieuses pour promouvoir l'unité parmi ces communautés agricoles préhistoriques dispersées en Grande-Bretagne".

Le Dr Lisa-Marie Shillito, qui a analysé les échantillons de poterie et qui a récemment rejoint l'Université de Newcastle, a ajouté que: "la combinaison de l'analyse des poteries et de l'étude des ossements d'animaux est très efficace, et montre comment ces différents types d'évidences peuvent être rassemblés pour donner une image détaillée de la nourriture et de la cuisine dans le passé."
Relecture par Marion Juglin

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3.09.2016

Polémique: qui a transporté les pierres bleues de Stonehenge ? L'homme où les glaciers ?

Voici une énigme archéologique qu'une équipe d'experts estime avoir résolu: si et comment les "pierres bleues" de Stonehenge ont été excavées et transportées du Pembrokeshire par les ancêtres préhistoriques.

L'équipe d'archéologues et de géologues, ont dirigé des universitaires du University College, London, et confirmé avec certitude deux sites dans les collines de Preseli, Carn Goedog et Craig Rhos-y-felin, d'où ont été extraits deux types de pierre.

Fouilles sur le site de de Carn Goedog. Photo: Wales Online

Il avait été suggéré que les pierres avaient d'abord été utilisées dans un monument local, quelque part près des carrières, avant d'être démantelées et traînées vers le Wiltshire.

Mais les affirmations sur la façon dont les pierres ont été enlevées et transportées, avec apparemment des soi-disant traces d'ingénierie, ont été qualifiées de "toutes fausses" par une autre équipe de géo-scientifiques, dans un rapport conflictuel.

Dans un document examiné par des pairs et publié dans le journal Archaeology in Wales, le Dr Brian John, le Dr Dyfed Elis-Gruffyd et John Downes, estiment qu'il "n'y a pas de traces d'intervention humaine dans aucune des caractéristiques qui rendent les archéologues aussi excités."

Le groupe n'accepte pas l'idée d'une carrière néolithique dans les collines de Preseli et disent que les signes supposés "d'exploitation" par les hommes à Craig Rhos-y-Felin sont en fait entièrement naturels.

Ils pensent aussi que les archéologues qui ont fait le rapport ont pu par inadvertance avoir créé certaines de ces fonctionnalités au cours des cinq années "d'enlèvement très sélectifs des sédiments".

"Ce site a été décrit par l'archéologue en chef, le Professeur Mike Parker Pearson, comme "la Pompéi des carrières de pierre de la préhistoire" et a engendré un grand enthousiasme dans les cercles archéologiques" explique le rapport, "la sélection de cette paroi rocheuse près du village de Brynberian pour des fouilles entre 2011 et 2015 a été déclenchée par la découverte des géologues Ricgard Bevis et Rob Ixer, car certains fragments de pierre dans le sol de Stonehenge correspondaient exactement à un type inhabituel de rhyolite feuilletée présente dans la paroi rocheuse. Cela a conduit les archéologues à conclure qu'il devait s'agir d'une carrière néolithique utilisée dans le but spécifique de découper des monolithes correspondant aux pierres bleues de Stonehenge."

Mais le Dr John est de plus en plus convaincu que les débris de rhyolite de Stonehenge proviennent de blocs erratiques provenant de la paroi rocheuse Rhosyfelin. Cela serait arrivé il y a près d'un demi-million d'années avec l'énorme glacier de la mer d'Irlande qui les a transporté vers la plaine de Salisbury.

Fouilles sur le site de Craig Rhos-y-felin. Photo: UCL - University College London

 Dans son article écrit avec le Dr Dyfed Elis-Gruffyd et John Downes, il dit qu': "il est suggéré, sur la base d'examens minutieux du site, que certaines des "caractéristiques faites par l'homme" ont été créées en fait par les archéologues eux-mêmes à travers un processus d'enlèvement sélectif des sédiments et des clastes (fragments de cristaux, fossiles ou roches). Une attente ou une conviction que des "traces d’ingénierie" allaient être trouvées a peut-être conduit au façonnage inconscient d'artifices archéologiques.
Bien qu'il semble n'y avoir aucune preuve dans la forme du relief, la mécanique des roches ou les sédiments que c'était une carrière néolithique dévouée à l'extraction des pierres bleues orthostates destinées à Stonehenge, ou tout autre but, nous acceptons la possibilité qu'il y a pu avoir ici des campements temporaires au mésolithique, néolithique ou plus tard sur une très longue période de temps, comme dans beaucoup d'autres lieux boisés et abrités dans le nord du Pembrokeshire."

Le Dr Brian John, a ajouté que:"Le nouveau travail géologique à Rhosyfelin et Stonehenge est une recherche intéressante sur la provenance d'une roche, mais cela ne nous dit rien du tout sur la façon dont les monolithes ou les fragments de roches sont arrivés à Stonehenge depuis l'ouest du Pays de Galle. Nous sommes sûrs que les archéologues se sont convaincus que le transport glaciaire des erratiques était impossible. Nous ne savons pas d'où ils tiennent cette idée. Au contraire, il existe des preuves substantielles en faveur du transport glaciaire et aucune supportant la théorie du transport par l'homme. Nous acceptons qu'il y ait pu avoir un campement à Rhosyfelin, utilisé de façon intermittente par les chasseurs sur plusieurs millénaires. Mais il n'y a pas de carrière. Nous pensons que les archéologues avaient tellement envie de raconter une belle histoire ici qu'ils ont ignoré ou mal interprété les éléments de preuve devant eux. Cela est très négligent. Ils doivent maintenant procéder à une réévaluation complète du matériel qu'ils ont recueilli."

De nouvelles fouilles sont prévues cette année.

Relecture par Marion Juglin

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1.29.2016

Le trésor du Staffordshire révèle de nouveaux secrets

Des chercheurs et conservateurs ont révélé deux rares objets qui promettent d'apporter de la lumière sur la connaissance du 7ème siècle anglo-saxon en Angleterre, une période connue comme "l'âge sombre" dans les Îles Britanniques.

L'un d'eux est un casque du 7ème siècle, l'autre un pommeau d'épée inhabituel.

Une pièce du casque (source: Wikipédia)

Après des années de nettoyage et de traitement les chercheurs et conservateurs du Barbican Research Associates ont minutieusement rassemblé les milliers de fragments d'objets qui constituent ce que l'on considère comme l'un des plus grands trésors archéologique au monde, le Trésor du Staffordshire. Il a été découvert par un détectoriste en Angleterre en 2009.

Alors que le casque et le pommeau d'épée ne sont que deux des centaines d'objets en or et argent identifiés parmi les fragments du Trésor du Staffordshire, leur rareté les distingue dans cette collection remarquable. Ces objets devaient appartenir appartenir à un guerrier d'élite ou bien une personne importante probablement en lien avec les royaumes anglo-saxons du 7ème siècle.

Les objets du trésor sont essentiellement des raccords d'armement, ce qui reflète une période turbulente de l'histoire anglaise, lorsque de petits royaumes se battaient pour le pouvoir. Cependant, on en sait peu sur cette période "sombre" de l'histoire, qui est apparue après la migration des peuples germaniques dans les régions du sud et de l'est du Royaume Uni (ce qui donnera les différents royaumes anglo-saxons).
Cela s'est produit des siècles après que les romains aient abandonné l'occupation des îles britanniques au cours du long déclin de la Période Impériale où ils régnaient sur une grande partie du monde antique.

Les archéologues et un conservateur ont travaillé pendant trois jours entiers pour commencer à rassembler quelques 1500 minces feuilles et bandes d'argent composant le casque. Les casques anglo-saxons sont extrêmement rares, et celui du trésor n'est que le 5ème à être découvert.
Ce travail de fourmi a permis de rassembler ces fragments, dont beaucoup font moins de 10mm de diamètre et constituent le tiers de la taille du trésor. La reconstitution a révélé des motifs complexes et estampés.

Les motifs dépeignent des guerriers et des hommes moustachus, ainsi que des oiseaux, animaux et bêtes mythiques, comme cela a été constaté sur d'autres objets du trésor.

Certains guerriers représentés portent eux-même un casque. Les chercheurs pensent qu'il est possible que ce soient des guerriers ancestraux ou idéalisés, ce qui était censé apporter un soutien au porteur du casque.

L'équipe a aussi rassemblé les fragments d'un "bandeau de casque", qui devait probablement faire la circonférence et qui représente des frises de guerriers. La plupart des morceaux de frises avaient été dorés à l'or. En comparaison, le casque trouvé à Sutton Hoo en 1939, dans un bateau funéraire royal, était en argent.

Détail du bandeau montrant une frise de guerriers. Photo: Courtesy Birmingham Museums Trust

"Le casque, s'il est recouvert de toutes les feuilles dorées de la collection, devait avoir l'air spectaculaire" estime Pieta Greaves, coordinatrice du Staffordshire Hoard Conservation avec le Birmingham Museums Trust, "pas seulement parce qu'il devait apparaitre en or mais en raison de son unicité, ce n'est que le 5ème de son genre à être découvert en Grande-Bretagne. Il devait probablement être porté par un roi ou quelqu'un d'une grande importance".

Les scientifiques disent qu'il y a encore beaucoup à découvrir concernant ce casque, et le travail est toujours en cours..


Le pommeau.

Il y a plus de 70 pommeaux d'épée dans le trésor, mais celui qui vient d'être reconstitué est unique en son genre.

L'avant du pommeau d'épée. Photo: Courtesy Birmingham Museums Trust

Les équipes de recherche et de conservation l'ont identifié et réassemblé à partir de 26 fragments. Bien qu'il soit de style anglo-saxon, il y a aussi des influences britanniques ou irlandaises. Le grenat central et le disque de verre incrusté semblent former une ancienne croix chrétienne, alors que du côté opposé un motif est composé de trois serpent. Ainsi, les croyances païennes et chrétiennes étaient représentées...

Le pommeau est aussi décoré de filigranes en or et incrusté de niellures. La bosse arrondie du pommeau est plutôt inhabituelle: appelée anneau d'épée, il y en avait deux de chaque côté à l'origine. De nombreuses épées de cette période en Angleterre et en Europe ont de tels anneaux, mais le pommeau du trésor est le premier à en avoir deux.

Tout cela, avec les ornements somptueux, suggère que le trésor devait probablement appartenir à une personne de statut important. D'après Chris Fern, archéologue du projet, "le nouveau pommeau identifié est passionnant. Il combine de multiples styles d'ornements différents, dont beaucoup dans le même genre que les manuscrits enluminés du 7ème siècle, comme le Livre de Durrow. Cela suggère l'arrivée des cultures anglo-saxonnes et britanniques ou irlandaises".

Les archéologues considèrent le trésor du Staffordshire comme l'une des découvertes anglo-saxonne les plus spectaculaires depuis les fouilles du bateau funéraire de Sutton Hoo en 1939.
Il comprend un mélange d'objets en or, argent et grenat pour plus de 6kg. La plupart des objets proviennent du dépouillement d'épées et de couteaux de combat à simple tranchant; il y avait aussi au moins un casque et d'autres objets. Tout cela devait représenter l'équipement d'une armée défaite au cours de batailles inconnues dans la première moitié du 7ème siècle.

Le casque de Sutton Hoo tel qu'il devait apparaitre en son temps. Le casque du trésor du Staffordshire doit beaucoup lui ressembler, avec  en plus des matériaux en or.  Il devait avoir une apparence dorée contrairement à celui de Sutton Hoo qui est argenté. Photo: Gernot Keller, Wikimedia Commons

Et, bien que fragmentés, endommagés et déformés, les objets du trésor représentent les possessions d'une élite de la classe guerrière, comme le reflètent le savoir-faire et les ornements.

Said Greaves rapporte ainsi que "nous avions tous ces grands poèmes anglo-saxons qui parlaient de de guerriers d'élite, mais cela est la première preuve de leur existence réelle".

La raison pour laquelle tout cela a été enterré, probablement vers 675 après JC, reste une question non résolue. Mais il est à noter qu'il fut découvert près d'une grande route (la voie romaine Watling Street longue de 322km), dans ce qui allait devenir le Royaume de Mercie.

La guerre entre les nombreux royaumes régionaux d'Angleterre était fréquente. Selon Fern , "Le trésor de Staffordshire nous ramène à un âge de splendeur guerrière. L'équipement de guerre en or et argent était probablement fabriqué dans des ateliers contrôlés par d'anciens rois d'Angleterre, pour récompenser les guerriers qui les servaient, quand de multiples royaumes se battaient pour la suprématie. L'habileté des artisans est toute aussi passionnante à étudier, avec de nombreux objets décorés d'art païen et chrétien, afin d'apporter une protection spirituelle lors des batailles".


La conservation et l'étude détaillée de ces 4000 fragments environ n'est pas encore terminée, et la seconde phase de recherche et de conservation vise à réassembler les fragments comme un puzzle géant, révélant les artéfacts dans leur forme originale.
Pour parvenir à cette fin, les propriétaires (les conseils municipaux des villes de Birmingham et de Stoke-on-Trent) ont besoin de 120000 livres supplémentaires pour ce travail et continuer la recherche nécessaire afin d'éclairer notre compréhension de cette fenêtre unique sur l'histoire anglo-saxonne.

Le site officiel du Trésor du Staffordshire: http://www.staffordshirehoard.org.uk/

Relecture par Marion Juglin
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1.03.2016

Durrington Walls et le Superhenge (photos)


Voici d'autres images faisant suite à l'article "Un immense et mystérieux monument préhistorique découvert près de Stonehenge"

Une rangée de grosses pierres se tenait il y a quelque 4000 ans à seulement trois kilomètres de Stonehenge, éclipsant le célèbre cercle de pierre. Surnommé "Superhenge," le site est cinq fois plus grand que le cercle de pierre emblématique et est enterré à 90cm sous l'enceinte de l'âge de pierre Durrington Walls. Image: vue d'artiste des pierres levées à Durrington Walls. LBI ArchPro, Juan Torrejón Valdelomar, Joachim Brandtner


Moins connu que Stonehenge, Durrington Walls était le lieu d'une importante implantation du néolithique et plus tard l'enceinte d'un henge mesurant 480m de diamètre. Il était entouré d'un fossé et d'un talus à l'extérieur.
Le henge, dont on pense qu'il aurait été construit il y a environ 4500 ans, entoure plusieurs petites enceintes et cercles de bois, mais personne n'avait imaginé qu'il puisse cacher une structure en pierre massive, comme le montrent les cercles jaune sur l'image. University of Birmingham 
La structure massive préhistorique a été identifiée par l'équipe du Stonehenge Hidden Landscapes international, dont le projet, sur 5 ans, est la plus grande étude géophysique menée jusqu'ici en utilisant entre autre le radar à pénétration de sol qui peut détecter des structures enterrées jusqu'à 4 mètres de profondeur. Image: Le passage du radar près de Stonehenge.


Les technologies de télédétection ont révélé une rangée composée de 90 pierres dressées, dont certaines devaient faire jusqu'à 5m de haut. Image: les cercles verts montrent la position de la rangée de pierres. University of Birmingham 



A un certain moment, les pierres ont été délibérément  renversées et recouvertes d'un immense talus de terre et de craie. A l'est, près de 30 pierres ont survécu sous le talus, alors qu'ailleurs ce ne sont que des fragments ou des trous de fondation. Image: rendu du superhenge après que les pierres aient été renversées et enterrées. Image: LBI ArchPro, Juan Torrejon Valdelomar, Joachim Brandtner


Image: les pierres enterrées.

Relecture par Marion Juglin
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