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3.14.2024

L'activité humaine à Curaçao a commencé des siècles plus tôt qu'on ne le pensait, selon une étude

De nouvelles recherches codirigées par l’Université Simon Fraser et la National Archaeological Anthropological Memory Management (NAAM Foundation) à Curaçao prolongent de plusieurs siècles le premier établissement humain connu de Curaçao, ajoutant des pièces au puzzle de l’histoire précolombienne des Caraïbes.

Une équipe de partenaires internationaux collabore au projet de paysage culturel de Curaçao depuis 2018 pour comprendre l'évolution à long terme de la biodiversité de l'île et sa relation avec l'activité humaine.

L'activité humaine à Curaçao a commencé des siècles plus tôt qu'on ne le pensait, selon une étude 
De nouvelles recherches situent l'occupation humaine de Curaçao jusqu'à 850 ans plus tôt qu'on ne le pensait auparavant. Photo: Christina Giovas

Les résultats, publiés dans le Journal of Coastal and Island Archaeology, situent l’occupation humaine de Curaçao, une île du sud des Caraïbes, dès 5 735 – 5 600 cal BP (avant aujourd'hui), soit jusqu’à 850 ans plus tôt qu’on ne le pensait auparavant.

Cette chronologie mise à jour a été déterminée par datation au radiocarbone avec du charbon de bois collecté sur un site de la période archaïque à Saliña Sint Marie, qui est aujourd'hui le plus ancien site archéologique connu de l'île, en utilisant la spectrométrie de masse accélérée.

Christina Giovas, professeure agrégée au Département d’archéologie de SFU et co-responsable de l’étude, explique que le peuplement des Caraïbes et l’origine de ses peuples font encore l’objet de nombreux débats: "Ces nouvelles informations repoussent l'exploration initiale dans cette région à une époque où d'autres îles au nord de Curaçao étaient également en train d'être colonisées. Cela suggère que le mouvement des personnes du continent vers ces îles plus au nord pourrait avoir été mêlé à une partie du mouvement des personnes vers Curaçao".

Bien que des travaux supplémentaires soient nécessaires pour déterminer si tel est le cas, Giovas note que cela indique que l'exploration des îles au large de la côte ouest du Venezuela a commencé plus tôt que prévu et fournit une base de référence pour l'étude des interactions homme-environnement dans la région. 


Selon Claudia Kraan, directrice adjointe du NAAM, qui a également dirigé l'étude, les résultats démontrent au public local que des recherches plus approfondies peuvent dévoiler de nouvelles informations sur les personnes qui habitaient autrefois l'île. Elle note que "les informations archéologiques sont dynamiques et évoluent continuellement avec l’exploration et l’analyse continues".

L’équipe s’est rendue à Curaçao à l’été 2022 pour sa première saison sur le terrain, emmenant avec elle une cohorte d’étudiants de premier cycle en archéologie de la SFU dans le cadre d’une école internationale sur le terrain de cinq semaines. Les étudiants ont aidé à étudier, cartographier et fouiller les sites du projet dans toute l'île, puis ont présenté leurs découvertes à la communauté locale. Tout au long de ces activités, ils ont travaillé en étroite collaboration avec des bénévoles locaux et le partenaire du projet à Curaçao, la Fondation NAAM, une ONG qui gère le patrimoine archéologique de l'île en collaboration avec le gouvernement et les parties prenantes.

"Pour l'archéologie, l'apprentissage pratique est vraiment le meilleur moyen de comprendre le domaine", explique Giovas, "Je voulais vraiment que les étudiants acquièrent des compétences dans ce qu’on appelle « l’archéologie environnementale » – des techniques et des méthodes utilisées pour poser des questions sur les relations humaines avec l’environnement, dans le passé et à travers le temps. Il s’agit également de plus en plus de ce que nous pouvons tirer des données que nous recueillons lors de ce type d’enquêtes et de les appliquer à la conservation et à la sensibilisation environnementale modernes."

Le projet vise également à accroître la capacité locale en matière d'archéologie sur l'île, à créer des opportunités de mobilisation des connaissances et à sensibiliser à la profondeur de l'histoire de la région.

"Je pense que le fait d'impliquer les étudiants dans ces initiatives est à l'origine de ces changements générationnels dans la culture de la discipline", explique Giovas.

L’équipe prévoit de retourner à Curaçao en 2025 dans le cadre d’une autre école internationale de terrain de la SFU pour approfondir la façon dont les humains ont transformé l’île au fil du temps et les leçons que nous pouvons tirer pour les futurs efforts de conservation.

Aux côtés de SFU et de la Fondation NAAM, l'équipe comprend des partenaires de l'Institut Max Planck de géoanthropologie, de l'Université du Queensland et d'InTerris Registries.

Lien vers l'étude:

Source:

9.21.2017

A-t-on découvert la tombe du premier historien des Amériques ?

Alors qu'un groupe d'hommes travaillait sur le site d'un d'une construction religieuse vieille de plusieurs centaines d'années, par hasard, en retirant une couche de terre, ils ont découvert une crypte, enfouie sous les décombres.

L'histoire remonte à l'année 1992, lorsque des travaux étaient en cours pour transférer le panthéon où Christophe Colomb était inhumé depuis la cathédrale de Saint-Domingue, la capitale de la République Dominicaine. Le projet faisait partie des nombreux évènements organisés cette année là pour commémorer l'arrivée du marin dans les Amériques cinq siècles plus tôt.

A-t-on découvert la tombe du premier historien des Amériques ?
 Le site de ce que l'on pense être le tombeau de Gonzalo Fernández de Oviedo, dans la cathédrale de Santo Domingo. Photo: Victor Siladi

Mais, de manière tout à fait inattendue, une autre tombe fut découverte.

A quelques mètres sous le mausolée du marin italien, il y avait une crypte avec une voûte en brique endommagée mesurant 8.46m sur 3.80m.


Qui était donc la personne, incontestablement illustre, enterrée dans un endroit aussi précieux ?


Esteban Prieto Vicioso, conservateur à la cathédrale Notre-Dame de l'Incarnation, rapporte que les éléments font poindre vers Gonzalo Fernández de Oviedo, un nom négligé et pourtant important.

On lui attribut l'écrit du premier rapport sur les Amériques, à la demande de Charles V. Jusqu'à sa mort, à 80 ans, Fernández de Oviedo a écrit sur le premier voyage vers les Amériques de Christophe Colomb en 1492, et jusqu'à la rébellion de Pizzaro en 1549. Il a aussi détaillé la géographie, les plantes, les animaux et habitants du continent.

"Nous savons que jusqu'au milieu du 16ème siècle il y avait un autel dédié à Sainte Lucie construit sur les instructions d'Oviedo, et, juste en dessous, il a ordonné la construction d'une voûte, où il fut enterré" rapporte Prieto Vicioso, "il n'y a pas de preuve documentaire que son corps a été déplacé d'ici".

Gonzalo Fernández de Oviedo
Portrait de Gonzalo Fernández de Oviedo

L'équipe de restauration de la cathédrale, la première à être bâtie dans les Amériques, essaye d'amasser des fonds pour fouiller la crypte, ce qui devrait permettre, espèrent-ils, d'identifier Oviedo. Ils pensent qu'ils trouveront une clé en fer dans la tombeau qui serait celle de la forteresse de Saint Domingue, dont Oviedo fut le gouverneur au cours des 25 dernières années de sa vie.

Enfin, un détail particulier devrait définitivement établir si la tombe est celle d'Oviedo; ce serait une marque sur le crâne: il reçu lors d'une bagarre avec un autre espagnol, un coup de couteau à Darién Gap, dans ce qui est aujourd'hui Panama.


Un rôle important dans la conquête du Nouveau Monde.


Bien qu'il ait été largement oublié par les historiens, Gonzalo Fernández Oviedo a joué un rôle clé dans la conquête des Amériques, ainsi que dans la reconquête de l'Espagne: il accompagna les monarques catholiques quand ils sont entrés à Grenade le 6 janvier 1492 après la défaite du dernier royaume maure en Espagne.

Il fut aussi présent les années suivantes lorsque Christophe Colomb rencontra les dirigeants Isabelle et Ferdinand au retour de son premier voyages aux Amériques.

Il partit en Italie, où il rencontra Léonard de Vinci et des membres influents de la famille Borgia. Plus tard, il devient secrétaire de Gonzalo Fernández de Córdoba, un important navigateur.

Il fait son premier voyage aux Amériques en 1514, avec une expédition menée par Pedrarias Dávila. Il fut le témoin de l'ancienne rivalité avec Vasco Núñez de Balboa, le premier européen a atteindre le Pacifique via les Amériques, et qui aurait été exécuté par Dávila en 1519.

Oviedo est retourné en Espagne en 1526, où il publie La Natural historia de las Indias qui connut un succès immédiat et fut traduit en anglais, français et italien, et il est encore lu par les étudiants de nos jours.

En 1532, Charles V le nomma chroniqueur officiel des Indes et gouverneur de la forteresse de Saint Domingue. Il passa le reste de sa vie à Saint Domingue dans une petite maison remplie de livres sur les rives de la rivières Ozama, qui traverse la capitale. Il écrivit aux gouverneurs et serviteurs de la couronne sur le vaste empire américain d'Espagne et les rencontra lorsqu'ils étaient de passage sur l'île.

Ses recherches ont été répertoriées dans La General y natural historia de las Indias, dont la première partie fut publiée en 1535, alors que les deux volumes restants ne sont sortis qu'au milieu du 19ème siècle..

Source:

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6.05.2014

Une hypothèse archéologique confirmée par l'étude de coprolithes

En analysant les bactéries et champignons d'excréments fossilisés, les microbiologistes ont apporté la preuve confirmant l'hypothèse des archéologues au sujet des cultures vivant dans les Caraïbes il y a 1500 ans.

Credit: Center of Archaeological Research of the University of Puerto Rico, Rio Piedras

"Bien que les excréments fossilisés (coprolithes) ont été fréquemment étudiés, ils n'ont jamais été utilisés comme outils pour déterminer l'ethnicité et faire la distinction entre deux cultures. En étudiant l'ADN préservé dans les coprolithes de deux anciennes cultures indigènes, notre équipe a été capable de déterminer les populations bactériales et fongiques présentes dans chacune des cultures ainsi que leur régime alimentaire probable" explique Jessica Rivera-Perez, de l'université de Puerto Rico, qui a présenté l'étude.

Plusieurs peuples indigènes ont habité les Grandes Antilles il y a des milliers d'années. La République Dominicaine et Puerto Rico ont des milliers de sites précolombiens appartenant à des cultures disparues qui ont migré vers les Caraïbes à un certain moment dans l'histoire.


Deux cultures distinctes.

Les fouilles archéologiques à Vieques (Porto Rico) ont mis au jour des outils faits à la main, de l'artisanat et des excréments fossilisés datant de 200 à 400 après JC.

La présence de deux styles distincts d'artisanat, ainsi que d'autres indices provenant des fouilles, laissaient suggérer que ces artéfacts appartenaient à deux cultures différentes.

D'après Rivera-Perez "Une de ces cultures excellait dans l'art de la poterie; elle était reconnaissable à son utilisation de peinture rouge et noire; cela a permis de l'identifier comme la descendante des Saladoïdes (du site vénézuélien de Saladero). En contraste, la seconde culture excellait dans l'artisanat d'ornements en pierres semi-précieuses, dont certaines représentent le condor des Andes. Cela a aidé les archéologues à identifier les Andes boliviennes comme origine possible de cette culture Huecoïde".


La comparaison des coprolithes.

Afin de confirmer ces hypothèses archéologiques, Rivera-Perez et ses collègues ont étudié l'ADN conservé dans les excréments provenant des sites des deux cultures, Saladoïde et Huecoïde.
Ils ont comparé les populations bactériennes et fongiques trouvées dans chaque coprolithe.

Des différences significatives ont été trouvées entre les excréments des communautés de ces cultures, confirmant un peu plus leurs différentes origines.

De plus, ils ont trouvé de l'ADN de champignon et de maïs dans le coprolithe Huecoïde, ce qui suggère la consommation d'une boisson andine de maïs fermenté, confirmant la théorie selon laquelle les Huecoïdes étaient originaires des Andes Boliviennes.

"L'étude du paléomicrobiome des coprolithes confirme l'hypothèse d'ancêtres multiples et peut fournir des éléments importants concernant la migration des anciennes cultures et populations des Caraïbes" estime Rivera-Perez.

Relecture par Marion Juglin
Source:
  • Past Horizons: "DNA preserved in ancient faeces supports archaeological theories"