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4.09.2019

Corse: découverte d'une tombe étrusque dans un hypogée à Aléria

A quelques centaines de mètres de la cité antique, les fouilles de la nécropole, entourée de voies de circulation, s'étendent sur tout un hectare.

L'état de préservation de ces anciennes inhumations est remarquable malgré l'acidité du sol corse, qui d'ordinaire détruit les ossements.

Corse: découverte d'une tombe étrusque dans un hypogée à Aléria
Les archéologues fouillent divers types de sépulture. Photo: Pascal Druelle

Plusieurs pratiques funéraires sont ici représentées: des inhumation dans des fosses, des cercueils en maçonnerie, des cercueils de bois cloutés, des bûchers funéraires, etc.
Des artéfacts prestigieux sont associés à ces tombes (ornements, vases, etc): plus de deux cent objets ont été enregistrés, dont une centaine de vases complets datés du 3ème siècle avant JC au 3ème siècle de notre ère.


Un hypogée


Au sein de ce groupe funéraire, parmi l'enchevêtrement de sépultures, les archéologues de l'INRAP ont mis au jour une tombe étrusque dans un hypogée. Ce type de tombe est une chambre funéraire souterraine réservée habituellement pour les individus de haut rang.

Au centre de la nécropole d'Aléria, une tombe à fosse recoupe le couloir de l’hypogée visible grâce à la couleur plus orangée du sédiment. Photo:  Roland Haurillon

Un escalier mène à un corridor long de six mètres jusqu'à une chambre funéraire. A plus de deux mètres de profondeur, cette pièce, qui avait été scellée avec une masse d'argile, de tessons, de roches et de charbon de bois, est toujours intacte,

Les archéologues pensent que cet endroit scellé a été ouvert et rempli à plusieurs reprises pour déposer de nouveaux objets funéraires, et peut-être de nouveaux individus décédés, dans la chambre.

En raison de la position de l'hypogée dans la nécropole, il a été nécessaire de commencer à fouiller les sépultures contiguës.L'effondrement naturel du plafond et le remplissage de la chambre au fil du temps ont obligé les archéologues à procéder à son excavation par le haut. Les fouilles de ce tombeau rectangulaire de 1m² ont révélé plusieurs artéfacts, dont trois gobelets vernis noirs et le manche d’un probable oenochoé (pichet à vin).
Deux skyphoi, un type de gobelet à grandes poignées, ont été découverts près du crâne d’un individu.

Tous ces vestiges se trouvaient au-dessus du sol de l'escalier. D'après ces objets, cette tombe pourrait remonter au 4ème siècle avant JC, mais l'avancée des fouilles et les analyses devraient apporter de la lumière sur des questions encore sans réponse.

Il s'agit de la première découverte en France, en plus de quarante ans, de ce type de structure funéraire inhabituel


Un centre historique.


Aléria est un site de référence pour l'histoire de la Corse ancienne et de l'ouest méditerranéen.

La recherche menée par Jean et Laurence Jehasse dans les années  1960 sur la butte de Masselone à Aléria avait permis la découverte de la cité romaine entourant un forum et un amphithéâtre.

Plus au sud, l'exceptionnelle nécropole étrusque Casabianda (entre 500 et 259 avant JC) a été listée comme monument historique. C'est l'un des sites funéraires étrusques les plus riches connus hors d'Italie. Certains des artéfacts remarquables récoltés sur le site (4510 objets, dont 345 vases Attica, de l'équipement militaire étrusque, etc.) sont exposés au musée du site d'Aléria.

Après plusieurs années d'interruption, de nouveaux programmes de recherche sont entrepris sous l’égide de la DRAC et de la Collectivité de Corse, tels que le développement d'un nouveau projet de recherche collaboratif sur Aleria et sa région, comprenant plus de 70 chercheurs (universités, CNRS, Ministère de la Culture, Inrap, etc.)


La présence étrusque en Corse.


En raison de sa position centrale dans la Mer tyrrhénienne, le long des routes maritimes entre la Ligurie et le sud de la France, la Corse a fait l'objet d'intérêts commerciaux pour les grecs, les étrusques et les carthaginois. Vers 540 avant JC, la bataille d'Alalia (le nom grec pour Aleria), a radicalement changé les relations politiques dans la Méditerranée occidentale. Le commerce maritime partagé entre les étrusques, les phocéens et les carthaginois s'est cantonnait à l'intérieur de zones exclusives, alors réglementées.

D'après des sources historiques, la façade orientale de la Corse serait tombée sous l'influence étrusque. Entre 500 avant JC et la conquête romaine de l'île (259 avant JC), Aleria atteste non seulement de ses relations privilégiées avec l'Étrurie, mais également de la présence stable d'une population étrusque.

Le site d'Aleria contient des traces archéologiques exceptionnelles de ces évènements dans sa nécropole.


L'archéologie préventive en Corse.


Le patrimoine représenté dans les archives archéologiques de Corse sont très emblématiques et vulnérables. Leur étude et leur préservation justifient les mesures de conservation adaptées mises en œuvre depuis de nombreuses années.

Les ressources financières et humaines actuellement consacrées à ce travail sont sans précédent. Elles contribuent aussi à renouveler notre connaissance de l'île depuis son passé lointain jusqu’à l'ère moderne.

Sous la responsabilité de la DRAC, l'archéologie préventive en Corse, en association avec le développement régional, est comparable à celle de certaines régions métropolitaines.

Cela apporte de nouveaux éléments à notre connaissance de l'histoire de l'île et à leur transmission au public via ses quatre musées d'archéologie répertoriés parmi les Musées de France.


 Merci à Audric pour l'info !





Source:

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2.26.2017

Le culte de Mithra était présent en Corse

Maj 22/07/17
Un sanctuaire dédié au dieu d'un ancien culte mystérieux, le culte de Mithra ou mithraïsme, a été découvert pour la première fois en Corse.

Ce mithraeum, situé dans la cité romaine de Mariana, fut construit aux alentours de 100 avant l'ère commune.

Le culte de Mithra était présent en Corse
 Vue du mithraeum  et de ses annexes. Photo: Inrap

Les autorités locales planifiaient des travaux routiers à proximité de ce site majeur, c'est pourquoi elles ont fait appel à l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) pour mener des fouilles et vérifier qu'il n'y avait aucun vestige archéologique significatif.

Une équipe menée par l'archéologue Philippe Chapon, a commencé à travailler à Mariana en Novembre 2016. On suppose que cette petite ville romaine était à son apogée au 3ème et 4ème siècle et qu'elle puisait sa force de son port commercial, qui devait être un point de contact pour les échanges maritimes avec l'ensemble de la Méditerranée.

Après des mois de travail sur le site, les archéologues viennent de révéler qu'ils ont identifié une salle de culte et son antichambre. Ils feraient parti d'un sanctuaire religieux dédié au dieu Indo-iranien Mithra. "C'est une découverte rarissime et passionnante. C'est la première fois que nous trouvons des preuves que le mithraïsme était pratiqué en Corse. Il n'y a qu'une dizaine de sites similaires connus dans toute la France, dont le dernier a été découvert près de la ville d'Angers en 2010" rapporte Chapon.

Le culte de Mithra était présent en Corse
 Un morceau de la structure en marbre dépeignant la scène mythologique. Photo:   © Denis Gliksman, Inrap

Lui et ses collègues ont mis au jour un certain nombre de reliques comprenant trois lampes à huile, et trois pièces brisées d'une structure en marbre dépeignant une scène mythologique de la religion: le sacrifice d'un taureau par Mithra. Sur l'une de ces pièces, les archéologues ont pu distinguer un chien et un serpent buvant le sang du taureau, tandis qu'un scorpion pince ses testicules.

D'autres artéfacts comprennent une tête de femme en marbre, des cloches en bronze et des poteries.


Des tensions avec le christianisme


Le mithraïsme fut probablement introduit en occident à peu près au même moment que le christianisme, et a fini par rivaliser avec elle concernant les adeptes. On sait que le mithraïsme fut apporté dans l'Empire Romain par les marchands venant de l'Orient et les soldats romains.

On sait très peu de choses sur cette religion monothéiste primitive, car il n'y a pas de sources écrites qui la décrivent. La plus grande partie des connaissances que les archéologues ont rassemblé avec les années provient de l'examen des sanctuaires dédiés à Mithra, des représentations des rituels sur les murs et des reliques laissées par les adorateurs.

 Clochette en bronze utilisée pour le culte de Mithra. Photo: © Denis Gliksman, Inrap

   Lampe à huiler destinée à l’éclairage du mithraeum, découverte dans les niches voûtés. Photo  © Denis Gliksman, Inrap

Cette religion n'était probablement accessible que pour les hommes, et elle a commencé à se répandre parmi les élites avant de toucher toutes les couches sociales.

L'empereur romain Théodose 1er, qui proclama le christianisme comme religion officielle de l'Empire en 392, combattit le mithraïsme et en interdit sa pratique.

Certains des artéfacts découverts dans le sanctuaire corse portent des traces de dommage faites dans l'Antiquité. L'autel, par exemple, a été brisé. Bien que l'on ne sache pas exactement ce qui a causé la destruction, les archéologues font remarquer qu'une grande structure chrétienne a été construite à Mariana aux alentours de 400. C'est l'une des plus anciennes traces de christianisme sur l'île et cela suggère qu'il a pu y avoir des tensions entre les deux religions.

Vous découvrirez davantage de photos sur le site de l'INRAP.

Merci à Mr Morellet et Audric pour l'Info !


Sources:

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11.15.2015

Corse: découverte exceptionnelle de deux cercueils en bois de l'Âge du Bronze

Il y a quelques semaines, des archéologues ont extrait les restes de deux cercueils en bois datant de l'Âge du Bronze final, environ 1200 avant JC,  à Lano dans la microrégion de Vallerustie.

C'est grâce au matériel et aux compétences des spéléologues d'I Topi Pinnuti, que les archéologues ont pu accéder au site. Photo: corsematin.com

Ces vestiges, extrêmement rares l'échelle de la Méditerranée occidentale, étaient situés dans une cavité à flanc de falaise. "La seule référence connue jusque-là se trouve aux Baléares", a rapporté Franck Leandri,  conservateur régional de l'archéologie à la direction des affaires culturelles.

La découverte a été faite par les spéléologues Jean-Claude La Milza et Jean-Yves Courtois du GCC (Groupe Chiroptères Corse) en début d'année. Les archéologues pensaient alors que ce devaient être des vestiges qui ne remontaient pas plus loin que le Moyen Âge...

Une première datation des ossements a été faite dans un laboratoire en Pologne et a donné une estimation à 1200 avant JC, ce qui était surprenant. Pourtant, un laboratoire américain confirmera cette datation lors d'analyse d'échantillons de bois.

 Photo: corsematin.com

Cette découverte appartient à la même période que Cucuruzzu et Filitosa: Cucuruzzu est un site préhistorique en Corse-du-Sud découvert en 1963 et Filitosa est un site préhistorique occupé à partir du néolithique et jusqu'au début de l'âge du bronze. Cependant, on ne sait quasiment rien des pratiques funéraires.
Aussi, la découverte de ces cercueils est l'occasion d'obtenir ces informations manquantes.

Leur état de préservation serait lié à plusieurs facteurs: l'environnement calcaire de la cavité et son altitude (1000 mètres), et le type de bois utilisé; en effet, l'if, qui était courant en Corse, est imputrescible...

Les vestiges des sépultures ont été envoyés à Grenoble, dans un laboratoire spécialisé en matière de conservation. Pour assurer leur transport en toute sécurité, des caisses sur-mesure avaient été prévues. Photo: corsematin.com

Ce chantier archéologique, qui a demandé beaucoup de délicatesse pour récupérer ces cercueils à flanc de falaise, a été mené en collaboration avec les spéléologues.

Merci à Daniel Polacci pour l'info !

Relecture par Marion Juglin
Source:

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Photo: corsematin.com