Affichage des articles dont le libellé est LiDAR. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est LiDAR. Afficher tous les articles

6.16.2020

Aguada Fénix: des chercheurs découvrent une structure maya vieille de 3000 ans et plus grande que leurs pyramides

Une plateforme géante de près de 1400 mètres de long, faite de pierre, d'argile et de terre, est à la fois la plus ancienne et la plus grande structure construite par les anciens mayas. Elle éclipse leurs plus grandes pyramides en ordre de grandeur.

Le peuple maya a vécu dans le sud du Mexique et le nord de l'Amérique Centrale, comprenant les pays actuels du Guatemala, Bélize, El Salavador et le Honduras.

Aguada Fénix des chercheurs découvrent une structure maya vieille de 3000 ans plus grande que leurs pyramides
Image 3D du site Maya récemment découvert d'Aguada Fenix, basée sur lidar. Photo: Takeshi Inomata

A son apogée, appelée Période Classique, qui s'est étendue à peu près entre 250 et 900 de notre ère, les mayas possédaient sans doute la civilisation la plus avancée des Amériques, élevant des cités connues pour leurs pyramides en pierre.

Les archéologues ont longtemps pensé que les mayas sont progressivement passés d'un mode de vie itinérant à des implantations permanentes au cours de la période préclassique qui a duré environ de 1800 avant JC. à 250 après J.-C., émergeant avec des villages au cours du Préclassique Moyen de 1000 à 400 avant JC.

Cependant, la découverte de grandes cités construites lors du préclassique remet en cause ce modèle. Par exemple, le complexe pyramidal de La Danta dans la ville préclassique d'El Mirador s'élève à 72 mètres de haut avec une base de 500 mètres de long sur 300 mètres de large, éclipsant toutes les pyramides mayas des périodes ultérieures.


Aujourd'hui, les scientifiques ont ainsi découvert la plus ancienne structure cérémonielle maya connue, une plate-forme d'environ 1,4 km de long, 400 mètres de large et 10 à 15 mètres de haut.


La datation au radiocarbone d'échantillons de charbon de bois de la plate-forme a révélé qu'elle a été construite entre 1000 et 800 avant J.C..

Le site se trouve en partie sur Rancho Fénix dans l'état de Tabasco, au Mexique. Étant donné que les réservoirs artificiels, appelés aguadas, sont des caractéristiques importantes de la région, les chercheurs ont nommé le site Aguada Fénix.

Les scientifiques ont découvert le site en utilisant une technique de balayage laser aéroporté connue sous le nom de lidar pour créer une carte 3D de la surface en dessous.

Les ruines mayas sont souvent cachées par la jungle, mais ce site était largement déboisé. "Il est surprenant que ce site n'était pas connu auparavant, mais il est si grand horizontalement que si vous marchez dessus, vous ne réalisez pas qu'il s'agit d'une construction humaine et ne reconnaissez pas sa forme rectangulaire", a déclaré l'auteur principal de l'étude, Takeshi Inomata, archéologue à l'Université de l'Arizona à Tucson, "sa forme est devenue claire grâce au lidar."

Dans l'ensemble, les chercheurs ont estimé que cette plate-forme a nécessité 3,2 millions à 4,3 millions de mètres cubes de matériaux pour sa création. La pyramide de La Danta, quant à elle, n'a nécessité que 2,8 millions de mètres cubes de matériaux; et en comparaison, la Grande Pyramide de Gizeh en Egypte, n'a un volume que de 2.3 millions de mètres cube.

Aguada Fénix devient plus impressionnante une fois ses environs pris en compte, avec les neufs chaussées rayonnant à partir de la plate-forme et construites à peu près au même moment, la plus longue d'entre elles s'étendant sur 6,3 kilomètres.

Ces chaussées suggèrent que la plate-forme géante "n'est que l'enceinte centrale d'un endroit très, très, très grand", a déclaré Thomas Guderjan, président du Maya Research Program, qui n'a pas participé à cette recherche, "Son ampleur est énorme."

La plate-forme "a probablement été utilisée pour des rituels impliquant de nombreuses personnes", a expliqué Inomata. Elle a pu impliquer des processions de nombreuses personnes qui se sont rassemblées dans les zones environnantes, ainsi que des artéfacts tels que des haches de jade que les chercheurs ont trouvés sur le site.


Une autre possibilité est que la plate-forme ait pu servir de marché. Après environ 800 av.J.-C., Aguada Fénix et la plupart des autres sites voisins ont été abandonnés. Alors que le maïs est devenu de plus en plus important, les gens peuvent s'être déplacés vers des terrains plus élevés et mieux drainés, en évitant les zones plus humides et infestées de moustiques. Aguada Fénix se trouve à l'extrémité ouest des basses terres mayas. 


Les chercheurs ont initialement étudié le site pour rechercher des indices concernant la relation entre les mayas et les olmèques, la plus ancienne civilisation d'Amérique centrale connue.


Les archéologues ont souvent débattu de la question de savoir si les olmèques étaient une "culture mère" dont les mayas seraient originaires. Cependant, l'âge et la complexité d'Aguada Fénix suggèrent que les olmèques n'ont pas donné naissance aux mayas, a déclaré Guderjan.

Il a noté que le nombre de bâtiments classiques l'emportait toujours largement sur ceux préclassiques. Bien que les mayas préclassiques aient probablement des centres de population plus grands que ce que l'on pensait auparavant, les mayas classiques peuvent avoir atteint une densité de population rivalisant avec celle de l'Europe médiévale, a ajouté Guderjan.

La seule sculpture trouvée jusqu'à présent à Aguada Fénix représente apparemment un pécari aux lèvres blanches.

Aguada Fénix des chercheurs découvrent une structure maya vieille de 3000 ans plus grande que leurs pyramides
Une sculpture en pierre d'un pécari daté du préclassique moyen (1000 à 700 avant JC.), trouvé sur le site d'Agua Fenix. Photo: Takeshi Inomata

Contrairement à certains autres sites archéologiques de la même période, Aguada Fénix manque de sculptures de rois ou d'autres élites sociales, ont déclaré les chercheurs. Cela peut suggérer que le site présentait moins d'inégalités sociales que les sites olmèques de la même époque ou les sites mayas ultérieurs.

Cependant, Guderjan fait remarquer  "Je ne suis pas sûr que l'absence de monuments célébrant les rois signifie nécessairement qu'il y avait moins d'inégalités sociales ici. Il y a beaucoup d'endroits qui ont beaucoup d'inégalités sociales qui n'ont pas de statues de dirigeants assis."

À l'avenir, Inomata et ses collègues veulent en savoir plus sur la façon dont les gens de ce site sont passés d'un mode de vie mobile reposant principalement sur la chasse et la pêche à une vie plus sédentaire dépendante de l'agriculture du maïs. "Mais trouver des zones résidentielles pour les personnes itinérantes est un défi, en particulier dans la zone tropicale", a-t-il déclaré.

D'autres plateformes géantes des anciens mayas attendent probablement d'être découvertes, a ajouté Inomat: "Les archéologues se sont concentrés sur les pyramides et autres grands bâtiments, et n'ont pas réalisé l'énormité de ces plates-formes.

Les scientifiques ont détaillé leurs conclusions dans le numéro du 4 juin de la revue Nature.


Source:

Derniers articles sur les mayas:

8.07.2019

Des relevés aériens au laser ont permis d'identifier des vestiges archéologiques à Cordoue, en Espagne.

Antonio Monterroso Checa, de l'Université de Cordoue, a utilisé les données d'une étude menée avec un LiDAR affrété par l'Instituto Geográfico Nacional en 2016 pour révéler les caractéristiques d'une ville ibérique et romaine.

L'ancienne géomorphologie de Cordoue. Image: Antonio Monterroso-Checa

Le LiDAR est une méthode de mesure qui calcule la distance d'une cible en l'illuminant avec une lumière laser pulsée puis en mesurant les impulsions réfléchies avec un capteur. Les différences de temps de retour du laser et les longueurs d'onde peuvent ensuite être utilisées pour créer des représentations numériques en 3D de la cible.

Antonio Monterroso Checa a pu recréer numériquement la géomorphologie de la zone où Cordoue se situait avant d'être recouverte de bâtiments.


Les données ont montré que la cité ibérique, et plus tard les romains, ont profité des caractéristiques du paysage pour construire leurs colonies.


Les premiers étaient situés sur une colline, qui s'appelle aujourd'hui la colline de Los Quemados, alors que les romains ont construit sur le côté de la colline moins raide.

Les images ont aussi révélé comment ces deux implantations se trouvaient près de l'ancien lit du fleuve Guadalquivir qui a depuis changé d'emplacement.

Cette étude n'est que la première partie d’un éventail beaucoup plus vaste de recherches menées par Antonio Monterroso sur la province de Cordoue.

Il étudie actuellement les données LiDAR de l'IGN autour du site historique de Medina Azahara et de ses environs. Le but de ce travail est de continuer à découvrir de nouvelles informations sur le patrimoine mondial de la ville historique de Cordoue.


Source:
  • Heritage Daily: "Aerial laser surveys have identified the archaeological remains of ancient cities in Cordoba, Spain."

Derniers articles sur l'Espagne:

2.08.2018

Des milliers de structures mayas découvertes sous la jungle du Guatemala

Dans ce qui est salué comme une "percée majeure" dans l'archéologie maya, des chercheurs ont identifié les ruines de plus de 60000 maisons, pyramides, routes surélevées et autres structures artificielles masquées depuis des siècles sous les jungles du nord du Guatemala.

Des milliers de structures mayas découvertes sous la jungle du Guatemala
Le LiDAR enlève numériquement la canopée pour révéler les anciennes ruines, montrant des cités mayas bien plus grandes que ne le suggèrent les recherches au sol. Photo: Wild Blue Media/National Geographic

A l'aide de la technologie LiDAR (Light Detection And Ranging) ou télédétection laser, les spécialistes ont enlevé numériquement la canopée des images aériennes de ce paysage aujourd'hui non peuplé. Cela a permis de révéler les ruines de cette civilisation précolombienne tentaculaire qui était beaucoup plus complexe et interconnectée que la plupart des spécialistes mayas ne l'avaient supposé.


Plus de 2100 km² cartographiés


"Les images LiDAR montrent clairement que toute cette région était un système d'implantation dont l'échelle et la densité de population avaient été grossièrement sous-estimées" rapporte Thomas Garrison, archéologue de l'Ithaca College spécialisé dans l'utilisation des technologies digitales pour les recherches archéologiques.

Garrison fait partie d'un groupement de chercheurs qui participent au projet, mené par la Fondation Pacunam, une organisation à but non lucratif guatémaltèque qui favorise la recherche scientifique, le développement durable et la préservation de l'héritage culturel maya.

Le projet a permis de cartographier plus de 2100 kilomètres carrés de la réserve de biosphère maya dans la région du Petén au Guatemala, produisant le plus grand ensemble de données LiDAR jamais obtenues pour la recherche archéologique.

Les résultats suggèrent que l'Amérique Centrale supportait une civilisation avancée qui était à son apogée il y a quelque 1200 ans, comparable aux cultures sophistiquées comme l'ancienne Grèce ou la Chine, et non pas quelques villes dispersées et peu peuplées qu'ont longtemps suggéré les recherches menées au sol.

L'œil nu ne voit que la jungle et un monticule envahi, mais le LiDAR et le logiciel de réalité augmentée (ci-dessous) révèlent une ancienne pyramide maya. Photos: Wild Blue Media/National Geographic

En plus ces centaines de structures jusque là inconnues, les images LiDAR montrent des routes surélevées reliant les centres urbains et les carrières. Des systèmes d'irrigation et de terrassement supportaient une agriculture intensive capable de nourrir des masses de travailleurs qui ont radicalement remodelé le paysage.

Les anciens mayas n'ont jamais utilisé la roue ou de bêtes de somme, pourtant "c'était une civilisation qui avait littéralement déplacé des montagnes" dit Marcello Canuto, archéologue à l'université Tulane et participant au projet, "Nous avons cette conjecture occidentale supposant que les civilisations complexes ne peuvent pas prospérer dans les tropiques, que les tropiques sont le lieu où les civilisations vont mourir. Mais avec les nouvelles évidences fournies par les données LiDAR, que ce soit en Amérique Centrale ou à Angkor Vat au Cambodge (voir à ce sujet l'article: Le lidar révèle qu'Angkor était quatre fois plus grand qu'on ne le pensait précédemment), nous devons maintenant considérer que des sociétés complexes se sont peut-être formées dans les tropiques puis se sont dirigées vers l'extérieur."


Des aperçus surprenants


"Le LidAR est en train de révolutionner l'archéologie comme le télescope Hubble a révolutionné l'astronomie" rapporte Francisco Estrada-Belli, archéologue à l'Université Tulane, "Il nous faudra cent ans pour parcourir toutes les données et vraiment comprendre ce que nous voyons".

Déjà, cependant, l'étude a fourni des aperçus surprenant sur les schémas de peuplement, la connectivité inter-urbaine et la militarisation dans les basses terres mayas.

Les télédétections laser ont révélé plus de 60 000 structures mayas auparavant inconnues qui faisaient partie d'un vaste réseau de villes, de fortifications, de fermes et d'autoroutes. Image: Wild Blue Media/National Geographic

A son apogée au cours de la période classique maya (environ 250-900 après JC), la civilisation recouvrait une région grande comme environ deux fois l'Angleterre médiévale, et était bien plus densément peuplée. "La plupart des gens étaient d'accord avec les estimations d'une population d'environ 5 millions de personnes" ajoute Estrada-Belli qui dirige un projet archéologique multi-disciplinaire à Holmul au Guatemala, "avec ces nouvelles données, il n'est plus déraisonnable de penser qu'il y avait 10 à 15 millions de personnes là-bas, y compris beaucoup vivant dans des zones basses marécageuses que beaucoup d'entre nous pensions inhabitables"

Virtuellement, toutes les cités mayas étaient reliées par des chaussées suffisamment grande pour suggérer qu'elles étaient très fréquentées et utilisées pour le commerce et autres interactions régionales. Ces grandes routes étaient surélevées pour permettre un passage plus facile pendant les saisons des pluies.

Dans cette partie du monde où il y a généralement trop ou pas assez de précipitations, l'écoulement de l'eau a été méticuleusement planifié et contrôlé par des canaux, des digues et des réservoirs.

Parmi les découvertes les plus surprenantes, il y a l'omniprésence des murs défensifs, des remparts, des terrasses et des forteresses. "La guerre ne se passait pas seulement vers la fin de la civilisation" dit Garrison, "elle était à grande échelle et systématique, et elle a duré pendant de nombreuses années".


Des sites riches d'informations mais menacés.


L'étude a aussi révélé des milliers de fosses creusées par les pilleurs modernes. "Beaucoup de ces nouveaux sites, ne sont nouveaux que pour nous, mais ce n'est pas le cas pour les pilleurs" ajoute Marianne Hernandez, présidente de la fondation Pacunam.


La dégradation de l'environnement est une autre préoccupation. Le Guatemala perd 10% de ses forêts annuellement, et la perte d'habitat s'est accélérée le long de sa frontière avec le Mexique alors que des gens brûlent et défrichent les terres pour l'agriculture et la construction. "En identifiant ces sites et en aidant à comprendre qui était ce peuple, nous espérons sensibiliser sur la valeur de la protection de ces lieux" ajoute Hernandez.

L'étude est la première phase de l'initiative Pacunam LiDAR, un projet de trois ans qui finira par cartographier plus de 14 000 kilomètres carrés des basses terres du Guatemala, qui font partie d'un système d'implantation précolombien qui s'étendait au nord du golfe du Mexique.

"L'ambition et l'impact de ce projet est tout simplement incroyable" estime Kathryn Reese-Taylor, archéologue de l'université de Calgary et spécialiste maya associé au projet de Pacunam, "Malgré des décennies passées à traverser les forêts, aucun archéologue n'était tombé sur ces sites. Plus important encore, nous n'avons jamais eu la vue d'ensemble que nous apportent ces données. Elles retirent réellement le voile et nous aident à voir cette civilisation comme les anciens mayas la voyaient".

Merci à André pour l'info !


Source:

Liens:

Derniers articles sur les Mayas:

A lire: