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8.12.2020

Au Proche-Orient, la crémation est apparue dès le 7e millénaire avant notre ère

Le défunt retrouvé dans une tombe-bûcher à Beisamoun en Israël, était celui d'un jeune adulte, mais on ignore s'il s'agit d'une femme ou d'un homme.

Au Proche-Orient, la crémation est apparue dès le 7e millénaire avant notre ère
Une partie du site de fouilles de Beisamoun (Israël). La fosse visible est le bûcher-tombe. Photo: mission Beisamoun

Il avait été blessé par une flèche à l'épaule quelques mois avant sa mort survenue au printemps il y a près de 9000 ans.


Cette tombe offre la plus ancienne preuve de crémation directe au Proche-Orient.


Il s'agit d'une crémation directe dans le sens où  la dépouille a directement été brûlée, contrairement à certaines pratiques impliquant un traitement par le feu d’ossements secs exhumés.
 
Le bûcher, préservé car enterré, ainsi que les restes osseux qui s’y trouvaient, ont été mis au jour et étudiés par une équipe internationale dirigée par Fanny Bocquentin, archéo-anthropologue du CNRS,  entourée de la doctorante Marie Anton et de plusieurs spécialistes des restes animaux, végétaux et minéraux.

Les 355 fragments d’os humain, certains calcinés, témoignent de températures atteignant 700°C, ce qui a été confirmé par l’analyse de l’enduit argileux recouvrant les parois de la fosse.

 Le bûcher-tombe en cours de fouille. Photo: mission Beisamoun

La disposition des os et la persistance de certaines articulations semblent indiquer que la dépouille a été placée assise sur le bûcher, et que celle-ci n’a pas été remuée au cours de la crémation ou par la suite.

Des restes siliceux de plantes révèlent notamment la présence d’herbes en fleurs: bien que l'on ne connaisse par leur rôle (combustible, ornemental, odorant), elles témoignent de la saison du décès.

 Pointe de silex fichée dans une omoplate carbonisée. Photo: mission Beisamoun

Outre cette exceptionnelle tombe-bûcher, les restes incinérés de cinq autres adultes ont été découverts sur le site, contemporains d’inhumations dans des ruines de maisons abandonnées.

L’émergence de la crémation révèle l’évolution du rapport aux morts dans la région : alors que prévalaient le culte des ancêtres et des pratiques funéraires au long cours, le temps funéraire semble se contracter. Une période de transition ?
Deux à trois siècles plus tard, les morts ne sont plus inhumés dans ou à proximité des villages et les archéologues ont bien du mal à en trouver la trace. Cette étude résulte d’une fouille archéologique conjointe du CNRS, du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français, ainsi que de l’Office des Antiquités israéliennes, menée de 2007 à 2016.

L'étude est publiée dans PLOS ONE:

Source:
  • CNRS: "Au Proche-Orient, la crémation est apparue dès le 7e millénaire avant notre ère"

7.24.2018

Le commerce par les nomades était-il crucial à la naissance des villes ?

Il y a environ 4000 ans, dans le palais royal de la cité mésopotamienne de Mari, le roi Zimri-Lim se réveillait d'un cauchemar dans lequel des nomades du désert environnant avaient capturé sa femme. Les archéologues ont longtemps pensé que cette peur de Zimri-Lim, décrite dans un texte cunéiforme, reflétait le rôle clé que jouaient les nomades dans les débuts de la vie urbaine.

Voyageant sur des centaines de kilomètres pour chercher des pâturages, les éleveurs ont longtemps été perçus comme les architectes des réseaux de commerce longue distance qui aurait aidé à stimuler la montée de la première civilisation du monde, vers 3000 avant l'ère commune, dans ce qui est aujourd'hui l'Irak.

Le commerce par les nomades était-il crucial à la naissance des villes ?
Des bergers comme ci-dessus  surveillant des moutons et des chèvres en Azerbaïdjan ont longtemps été considérés comme ayant joué un rôle crucial dans le commerce qui a stimulé les villes les plus anciennes du monde. Emily Hammer

Comme les traces physiques de ces anciens éleveurs sont souvent presque invisibles, les chercheurs se sont jusqu'ici largement appuyés sur des études comparatives des nomades du Moyen-Orient du 20ème siècle pour construire cette image.


Mais aujourd'hui les archéologues utilisent de plus en plus de nouvelles méthodes pour lire les faibles indices laissés par les anciens nomades.


Armés de données provenant de déjections animales, d'ossements, de tartres dentaires et de restes végétaux, ces chercheurs suggèrent que les éleveurs sont restés principalement près des zones urbaines spécifiques et répondaient à leurs besoins, plutôt que de se déplacer entre des villes éloignées.

"Ils ne voyageaient pas sur de longues distances, donc ils ne sont pas le conduit naturel du commerce" rapporte Emily Hammer, archéologue à l'Université de Pennsylvanie. Ce propos, qu'elle a exposé, avec Ben Arbuckle, de l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, sont exposés dans un article paru dans le Journal of Archaeological Research.

Cette conclusion a déclenché un intense débat sur les débuts de la vie urbaine.

Pour Abbas Alizadeh, de l'Université de Chicago en Illinois, qui a aussi passé des décennies à étudier les éleveurs comme les Bakhtiari dans le sud-ouest de l'Iran, Hammer et Arbuckle "ont tout faux. Je parie qu'ils n'ont jamais vu un nomade au cours de leur vie".

Les archéologues s'accordent généralement à dire que peu de temps après que les hommes aient commencé à cultiver au Proche-Orient il y a environ 10 000 ans, les éleveurs ont commencé à prendre soin des moutons, chèvres et bovins nouvellement domestiqués.

Cependant, les chercheurs ne débattent que sur le moment où ces groupes ont commencé à parcourir de longues distances dans un cycle saisonnier pour chercher des pâturages plus verts.

Alizadeh et d'autres archéologues estiment que les éleveurs sur les franges de la Mésopotamie ont migré sur des centaines de kilomètres il y a 7000 ans avant l'ère commune. Leur hypothèse repose sur les déplacements des éleveurs modernes qui mènent des troupeaux de moutons et de chèvres dans les vallées escarpées des monts Zagros en Irak et en Iran.

Les chercheurs  soulignent également les fouilles des villages saisonniers et des tombes qui suggèrent une vie itinérante préhistorique.

Lorsque les premières zones urbaines sont apparues, les pierres précieuses, les métaux et le bois d'Afghanistan, d'Iran et d'Anatolie ont afflué dans le sud de la Mésopotamie. En 2000 avant notre ère, un système de commerce organisé fournissait des matériaux d'aussi loin que la civilisation de l'Indus à l'est et aussi loin vers l'ouest que le Levant, avec la richissime cité-état d'Ur.
 
L'archéologue Emily ​Hammer examine des fondations en pierre, un marqueur de l'ancienne vie d'éleveur, sur un site turc où les éleveurs modernes continuent de dresser leurs tentes.

Bien que les archéologues aient longtemps pensé que les éleveurs nomades étaient un conduit clé, peu d'anciens textes mentionnent ceux qui transportaient ces marchandises. "Le commerce est textuellement presque invisible" dit Piotr Michalowski, spécialiste cunéiforme à l'Université de Michigan à Ann Arbor, "Nous ne savons pas comment ils géraient leurs affaires."


Les animaux se nourrissaient dans le voisinage plutôt que dans des prairies éloignées.


Les nouvelles techniques suggèrent qu'avant 1000 avant notre ère, les éleveurs de Jordanie, Syrie, Turquie et Iran restaient trop près de leur foyer pour avoir servi d'intermédiaires internationaux.

Sur un site à Amman, par exemple, Cheryl Makarewicz, archéologue à l'Université allemande de Kiel, a analysé l'émail des dents de mouton et de chèvre daté d'environ 7000 avant l’ère commune pour les rapports des isotopes de carbone et d'oxygène. Comme ces isotopes peuvent refléter le sol et l'eau locale, ils peuvent fournir une empreinte géographique de l'endroit où un animal a pâturé.
Elle a ainsi découvert que les animaux se nourrissaient dans le voisinage plutôt que dans des prairies éloignées.

Dans la ville de Çatalhöyük en Turquie, datant de 7000 avant l'ère commune, une autre équipe a analysé des isotopes de carbone et d'azote à partir de l'émail des dents de moutons et de chèvres; elle a vu, là aussi, que les animaux pâturaient dans les environs. Leur bouse a également révélé qu'ils mangeaient plus de fourrage que de l'herbe sauvage, signe que les animaux vivaient principalement dans des enclos plutôt que d'errer sur de longues distances.

Plus tard, lorsque les villes ont commencé à émerger, Hammer et Arbuckle, ainsi que l'archéologue Dan Potts de l'Université de New-York, soutiennent que les éleveurs sont restés en grande partie dans la périphérie pour répondre à la demande urbaine de viande et de lait, ainsi que pour la laine qui a contribué à l'industrie textile mésopotamienne.

"Ce sont des centres de traitement du bétail", note Hammer, "vous ne pouvez donc amener les animaux trop loin".


Les marchandises circulaient par le biais des réseaux sociaux


Si les nomades n'étaient pas les commerçants à longue distance du monde antique, la plupart des marchandises ont dû être déplacées par d'autres moyens, et des découvertes au cours de la dernière décennie suggèrent une possibilité.

Les archéologues ont en effet remarqué que les cités et villes étaient bien plus courantes dans le moyen orient de l'âge du bronze qu'on ne le pensait. Cela aurait permis au commerce d'être soutenu par les réseaux sociaux, tels que les mariages royaux et des marchands voyageurs plutôt que des nomades, explique Potts.

Des textes datant de 1900 avant l'ère commune, trouvés dans la ville anatolienne de Kanesh, décrivent comment des familles marchandes ont organisé des caravanes d'ânes qui ont traversé 1000 kilomètres pour atteindre Assur, une ville au sud de Mossoul en Irak. "Ce sont des citadins, et il n'y a pas de raison de penser que cela ne se passait pas en 3000 avant notre ère ou même 3500 avant notre ère", ajoute-t-il.

Michalowski est d'accord: "Il y avait beaucoup d'entrepreneurs, et le commerce semble avoir été principalement entre des mains privées. On n'a pas besoin d'invoquer des éleveurs mobiles.". Ce n'est que lorsque les dromadaires ont été domestiqués au premier millénaire avant notre ère que les nomades ont commencé de longues randonnées saisonnières, disent Hammer, Arbuckle et Potts.

"Nous ne nions pas l'existence des éleveurs" explique Hammer, "mais seulement le fait qu'ils voyageaient sur de longues distances et vivaient dans des tentes. Nous avons les ossements, les campements et la paléobotanique qui le montrent".

Beaucoup de leurs collègues n'en sont pas persuadés. "Si cela est vrai, alors c'est révolutionnaire" ajoute Guillermo Algaze, un archéologue de l'Université de Californie San Diego. Mais il pense toujours que les éleveurs nomades étaient le ciment qui entretenaient des réseaux commerciaux étendus dans les sociétés urbaines anciennes.

Steve Rosen, archéologue à l'Université Ben Gourion du Néguev à Beersheba, en Israël, loue l'approche de Hammer et Arbuckle. Mais il a trouvé une série de sites archéologiques dans le désert du Néguev indiquant, qu'au moins ici, les éleveurs utilisaient des ânes pour traverser plus de 100 kilomètres de terrain accidenté dès 3000 av. J.-C.

De nouvelles données de Mésopotamie, telles que les analyses d'ossements et de bouses d'animaux provenant des fouilles renouvelées à Ur, où Hammer a récemment travaillé, pourraient aider à clore le débat.

Relecture par Digitarium.fr
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7.13.2018

D'anciens génomes de chèvres révèlent plusieurs sources de population au cours de la domestication


Une analyse génomique incluant des dizaines d'échantillons de chèvres remontant jusqu'à 8000 ans a apporté une meilleure compréhension du processus de domestication et de la diversité génétique derrière les relations des chèvres avec les hommes sur plus de 10 000 ans.

D'anciens génomes de chèvres révèlent plusieurs sources de population au cours de la domestication

En utilisant le génome mitochondrial et/ou des données de séquence à l'échelle du génome sur 83 restes de chèvres sauvages et domestiques du croissant fertile, des chercheurs de Grande-Bretagne, d'Allemagne, du Danemark, de France et d'ailleurs ont trouvé plusieurs sources de chèvres sauvages pour les populations de chèvres qui ont été domestiquées dans différents endroits dans et autour de la région.

"La domestication des chèvres repose sur une mosaïque plutôt que sur un processus singulier avec un recrutement continu de populations sauvages locales," rapporte le co-auteur principal Pierpaolo Maisano Delser, chercheur en génétique et zoologie affilié au Trinity College Dublin et à l’Université de Cambridge, "Ce processus a généré un pool génétique distinctif qui a évolué au fil du temps et qui caractérise encore aujourd'hui les différentes populations de chèvres d'Asie, d'Europe et d'Afrique."

Des recherches précédentes ont situé la domestication des chèvres, moutons, bovins, cochons et autres animaux dans et autour du croissant fertile. Mais dans le cas des chèvres, qui ont été domestiquées il y a environ 10000 ans, il n'était pas clair si leur domestication était survenue en une seule fois ou à partir de plusieurs populations.

Les chercheurs ont donc fait un séquençage mitochondrial sur 83 chèvres d'avant l'âge de pierre à la période médiévale à partir de sites de l'est, de l'ouest et du sud du croissant fertile. Ces sites comprennent des lieux situés en Iran, Turkménistan, Anatolie, Balkans, Jordanie et Israël.

"Nos découvertes démontrent que plusieurs origines divergentes de chèvres sauvages anciennes ont été domestiquées au cours d'un processus dispersé ce qui a abouti à des populations néolithiques de chèvres génétiquement et géographiquement distinctes, faisant écho à la divergence humaine contemporaine dans ces régions" écrivent les auteurs, "les anciennes populations de chèvres ont contribué différemment aux chèvres modernes en Asie, en Afrique et en Europe"

Les chercheurs ont aussi comparé les séquences d'une demi-douzaine de génomes de chèvres néolithiques des parties orientales de la région et quatre génomes de chèvres néolithiques occidentales, avec des séquences de 16 génomes de chèvres bézoards provenant de populations de chèvres actuelles, pour trouver des signes de sélection liés à la domestication.

"Nous avons trouvés des preuves montrant qu'il y a au moins 8000 ans, les éleveurs s'intéressaient ou appréciaient la couleur de la robe de leurs animaux, basée sur les signaux de sélection des gènes de la pigmentation" rapporte l'auteur principal Kevin Daly, chercheur en génétique des populations moléculaires à l'Institut de Génétique Smurfit du Trinity College Dublin.

Cette collaboration internationale de paléogénéticiens et d’archéozoologues a impliqué des chercheurs du CNRS, du MNHN et de l’UGA1


Les laboratoires français ayant participé sont :

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4.27.2016

Les anciens babyloniens utilisaient la géométrie pour suivre Jupiter

L'analyse d'anciennes tablettes babyloniennes a révélé que, pour calculer la position de Jupiter, les créateurs des tablettes utilisaient la géométrie.

Jusqu'à présent, les scientifiques estimaient que cette technique n'avait été développée que 1400 ans plus tard, au 14ème siècle en Europe.

Une tablette babylonienne où est notée la comète de Halley lors de son apparition en 164 avant JC, au British Museum à Londres

Ces tablettes sont les plus anciens exemples connus  d'utilisation de la géométrie pour calculer des positions dans le temps et l'espace.
De plus, cela suggère que les anciens astronomes babyloniens ont pu favoriser l'émergence de ces techniques dans les sciences occidentales.

Dans un rapport, Mathieu Ossendrijver discute de la traduction de quatre tablettes presque intactes qui ont probablement été "écrites" à Babylone entre 350 et 50 avant l'Ere Commune.

Elles représentent deux intervalles à partir desquels Jupiter apparaît à l'horizon, permettant de calculer la position de la planète à 60 et 120 jours.
Les textes contiennent des calculs géométriques basés sur un espace trapézoïdal, et ses côtés "courts" et "longs".

Auparavant, on pensait que les astronomes babyloniens utilisaient exclusivement des concepts arithmétiques.

Les anciens astronomes ont aussi calculé le temps que mettait Jupiter à couvrir la moitié de ces 60 jours de distance en partitionnant le trapézoïde en de plus petits espaces égaux.

Pendant que les anciens grecs utilisaient des formes géométriques pour décrire des configurations dans l'espace physique, ces tablettes babyloniennes utilisaient la géométrie dans un concept abstrait pour déterminer le temps et la vitesse, précise Ossendrijver.

Ces tablettes modifient nos livres d'histoire, en montrant que les érudits européens à Oxford et Paris au 14ème siècle, que l'on pensait être les premiers à développer de tels calculs, arrivaient en fait des siècles derrière leurs anciens homologues babyloniens.

Historiquement, l'origine de l'astronomie occidentale a été attribuée à la Mésopotamie, et les travaux, plus tard, dans les sciences exactes, furent inspirés des astronomes babyloniens.

En outre, l'astronomie ancienne aurait été développée par les sumériens ce qui nous fait remonter jusqu'à l'âge du bronze, que l'on retrouvera dans les anciens catalogues d'étoiles babyloniens, autour de 1200 avant l'Ere Commune.

Seuls des fragments de l'astronomie babylonienne ont survécu, documentés sur des tablettes d'argile avec des éphémérides et des textes de procédures.

Mais ces fragments survivants montrent que, selon l'historien A. Aaboe, l'astronomie babylonienne était "la première tentative très réussie pour donner une description mathématique précise de phénomènes astronomiques" et  "toutes les déclinaisons suivantes de l'astronomie scientifique, dans le monde hellénique, en Inde, dans l'Islam et en Occident (...) dépendent de l'astronomie babylonienne de façon décisive et fondamentale".

Relecture par Marion Juglin
Source:

2.18.2016

Les géoglyphes du Moyen Orient seraient préhistoriques

Depuis l'article publié en 2011 (Moyen Orient: comme à Nazca, des centaines de géoglyphes visibles du ciel), les milliers de structures en pierre représentant des formes géométriques, au Moyen Orient, commencent à être mieux comprises. Des archéologues ont en effet trouvé deux motifs en forme de roue remontant à 8500 ans.


Ces "roues" sont ainsi plus anciennes que les célèbres géoglyphes de Nazca au Pérou.

De plus certaines de ces formes géantes, situées dans l'oasis d'Azraq en Jordanie, semblent avoir une signification astronomique car elles ont été construites dans l'alignement du lever du soleil lors du solstice d'hiver.

Ce ne sont que quelques-unes des découvertes d'une nouvelle étude sur ces lignes du Moyen Orient qui avaient été trouvées par des pilotes au cours de la Première Guerre Mondiale
Le lieutenant Percy Maitland de la RAF avait publié un rapport à ce sujet en 1927 dans la revue Antiquity, précisant que les bédouins appelaient ces structures "ouvrages des vieux hommes", un nom encore utilisé par certains chercheurs modernes.

Ces ouvrages comprennent des roues, qui ont souvent des rayons partant du centre, des kites (structures en pierre qui étaient utilisées pour canaliser et tuer les animaux), des lustres (lignes ou cairns en pierre) et des murs sinueux..

Ce sont des "formes géométriques spécifiques qui font de quelques dizaines de mètres jusqu'à plusieurs kilomètres, évoquant les formes géométriques bien connues des lignes de Nazca au Pérou" écrit l'un des archéologues de l'équipe.

On les retrouve dans toute la région d'Arabie, depuis la Syrie, en Jordanie et Arabie Saoudite jusqu'au Yémen. "Le plus surprenant à propos de ces 'ouvrages' est qu'ils sont difficiles à identifier au niveau du sol. Cela contraste avec leur apparente visibilité depuis les airs" écrivent les chercheurs.


Une datation préhistorique

Les tests ont indiqué que certaines des roues ont aux alentours de 8500 ans, une période préhistorique où le climat était plus humide dans certaines parties du Moyen Orient.
A l'aide d'une technique appelée datation par luminescence (optically stimulated luminescence (OSL)), les archéologues ont pu dater deux roues à Wadi Wisad dans le Désert Noir de Jordanie. L'une des roues  remonte à 8500 ans, alors que l'autre est un mélange de dates suggérant sa construction il y a environ 8500 ans et un remodelage ou réparation il y a environ 5500 ans.

A l'époque où ces roues ont été construites, le climat dans le Désert Noir était plus hospitalier, et Wadi Wisad était habité. " Des charbons de bois de chêne à feuilles caduques et de tamarinier (un arbuste) ont été trouvés dans deux foyers dans une construction remontant à environ 6500 avant JC" écrivent les chercheurs.


Des alignements solaires ?

L'analyse spatiale des roues a révélé qu'un ensemble de roues, situé dans l'Oasis d'Azraq, a des rayons orientés sud-est/nord-ouest ce qui pourrait être un alignement avec le lever du soleil lors du solstice d'hiver. "La majorité des rayons des roues dans cet ensemble sont orientés pour une raison quelconque sur l’alignement sud-est/nord-ouest". On ne sait pas si cet alignement était intentionnel. "Quant aux autres roues, elles ne semblent pas contenir d'informations archéoastronomiques".


Quelle était leur utilité ?

Les deux roues datées "sont simples dans leur forme et plutôt grossières d'après les standards géométriques" rapporte Gary Rollefson, professeur au Whitman College à Walla Walla, Washington, "elles contrastent fortement avec d'autres roues qui semblent avoir été conçues avec une plus grande attention aux détails comme on le retrouve dans les lignes de Nazca. Il est possible que des roues différentes aient eu une utilisation différente."

Dans le cas des deux roues datées, "la présence de cairns suggère un lien avec des inhumations, étant donné que c'était souvent la façon de faire lorsque quelqu'un décédait" ajoute Rollefson qui souligne "qu'il y a d'autres roues où les cairns sont totalement absents, ce qui suggère une utilisation différente".

Rollefson est co-directeur de l'Eastern Badia Archaeological Project. Son équipe espère fouiller quelques-uns des cairns, qui sont situés à l'intérieur des roues, dans les prochaines années.


Visibles depuis le ciel.

La raison pour laquelle les hommes de la préhistoire ont construit ces structures en forme de roue que l'on ne peut voir du sol reste un mystère. Il n'y avait ni ballon, ni planeur à cette époque. De plus, les chercheurs ajoutent que le fait de grimper sur une hauteur pour les voir n'était pas possible, du moins dans la majorité des cas.

Bien que les roues sont souvent difficiles à faire ressortir sur le terrain, elles ne sont pas non plus invisibles. "Certes, on ne peut pas voir le produit fini debout au niveau du sol, mais on peut encore percevoir une configuration géométrique générale" précise Rollefson. Pour créer la forme d'une roue avec le plus de précision, les constructeurs avaient dû utiliser un pieu et une longue corde.


 Les roues d'Arabie Saoudite

Les roues situées en Arabie Saoudite et au Yémen sont différentes de celles trouvées plus au nord. Elles ont été découvertes par une équipe avec l'Aerial Photographic Archive for Archaeology in the Middle East (APAAME). Ils ont étudié les roues et autres "ouvrages des vieux hommes" en utilisant l'imagerie satellite fournie par Google Earth et Bing. Ils ont aussi utilisé des photographies aériennes d'archive prises en Arabie Saoudite et au Yémen au cours du 20ème siècle.

Les cercles tendent à être plus petits et ont seulement une ou deux barres au lieu des rayons, dit David Kennedy, de la University of Western Australia, qui co-dirige le projet. Certaines des "roues" ont en fait la forme de carrés, rectangles ou triangles... Un type de structure ressemble même à un œil de bœuf...

Trois triangles pointent vers la roue œil de bœuf, et il y a de petites piles de pierres qui mènent des trois triangles vers la roue. Kennedy l'a appelé "une tombe à œil de bœuf avec, dans ce cas, trois triangles avec une partie de ligne les reliant au cercle". Pour le moment, les archéologues ne peuvent pas mener des fouilles ou faire de l'imagerie aérienne (avec planeur ou hélicoptère) en Arabie Saoudite ou au Yémen.



Les portails du désert

Une autre forme d' "ouvrage des vieux hommes" que Kennedy et son équipe ont trouvé en Arabie Saoudite est composée de structures qu'il appelle "portails". Jusqu'ici, 332 portes ont été trouvées en Arabie Saoudite (aucune n'est connue plus au nord). Les portails "consistent en deux cours murs épais ou  tas de pierre, entre lesquels s'étirent un ou plusieurs murs de liaison" écrivent les chercheurs

Ils ont noté que "d'en haut, ces structures ressemblent à un ancien portail barré posé à plat." La plus longue porte fait plus de 500m, mais la plupart sont bien plus petites. Les scientifiques ne savent pas à quand remontent ces portails, ni quel était leur but. "J'ai inventé le terme de 'portails' pour la simple raison que j'avais besoin d'une étiquette pratique pour les décrire et je me suis souvenu de sortes de portes de champs que je voyais partout autour de moi au cours de mon enfance à la campagne en Ecosse" explique Kennedy.

Les chercheurs ont remarqué que ces portes ne se situent pas en général près des kites (utilisés pour la chasse). En effet, certains des portails ont été construits dans des endroits, comme des pentes volcaniques arides, où il ne pouvait y avoir de grands troupeaux d'animaux. Les archéologues ont trouvé cinq portails sur les pentes extérieures de la cuvette du volcan Jabal al-Abyad en Arabie Saoudite

Kennedy précise que son équipe est en train de terminer ses recherches sur ces portails et qu'ils vont publier un nouvel article décrivant leurs découvertes en détail.
Relecture par Marion Juglin
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