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10.25.2016

Des textes hiéroglyphiques révèlent une innovation Maya en mathématiques et astronomie

Pendant plus de 120 ans le Tableau de Vénus du Codex de Dresde, un ancien livre Maya contenant des données astronomiques, a suscité le plus grand intérêt parmi les érudits du monde entier.

Préface du Tableau de Vénus du Codex de Dresde; le premier panneau à gauche et les trois premières pages du tableau.
Préface du Tableau de Vénus du Codex de Dresde; le premier panneau à gauche et les trois premières pages du tableau.

La précision de ses observations, plus spécialement le calcul d'une sorte d'année bissextile dans le Calendrier Maya, est considéré comme une curiosité intéressante utilisée principalement en astrologie.

Mais Gerardo Aldana, de l'Univesrité de Santa Barbara et professeur d'anthropologie du Département Chicana and Chicano studies, estime que le Tableau de Vénus a été mal compris et largement sous-estimé.

Dans un article, Aldana écrit que le tableau représente une remarquable innovation en mathématiques et astronomie réalisée par les mayas. "C'est pourquoi je l'appelle "découvrir une découverte"" rapporte-t-il, "car ce n'est pas juste leur découverte, ce sont aussi toutes nos œillères que nous avons construites et mises en place nous empêchant de voir que c'était leur propre découverte scientifique, faite par des mayas dans une cité maya".


Une approche multidisciplinaire


L'article d'Aldana, "Découvrir une découverte: Chich’en Itza, le Tableau de Vénus du Codex de Dresde et l'innovation astronomique Maya du 10ème siècle" paru dans The Journal of Astronomy in Culture, mêle l'étude des hiéroglyphes mayas (épigraphie), l'archéologie et l'astronomie pour présenter une nouvelle interprétation du Tableau de Vénus, qui suit les phases observables de la deuxième planète autour du Soleil.

Grâce à cette approche multidisciplinaire, une nouvelle lecture du tableau a permis de démontrer que la correction mathématique de leur "calendrier de Vénus", une innovation sophistiquée, avait probablement été développée dans la cité de Chich'en Itza au cours de la période Classique Terminale (800-1000 après JC).

“L'observatoire” à Chich’en Itza, construction où un astronome maya aurait travaillé. Image: Gerardo Aldana

De plus, les calculs auraient été faits sous le patronage de K’ak’ U Pakal K’awiil, l'un des personnages historiques les plus importants de la cité. "C'est la partie que j'ai trouvé la plus gratifiante: lorsque nous arrivons ici, nous cherchons le travail d'un individu et nous pouvons le qualifier de scientifique, d'astronome" dit Aldana, "cette personne, qui a été témoin d'un événement dans cette ville lors de cette période de temps très spécifique, a créé, à partir de sa propre créativité, cette innovation mathématique."


Le Tableau de Vénus et sa "subtilité mathématique"


Les scientifiques savaient depuis longtemps que la préface au Tableau de Vénus, page 24 du Codex de Dresde, contenait ce qu'Aldana appelle une "subtilité mathématique" dans le texte hiéroglyphique.

Ils savaient aussi à quoi elle servait: elle devait corriger le cycle irrégulier de Vénus qui est de 583.92 jours. "Cela veut donc dire que quoique vous fassiez sur un calendrier qui est basé sur des jours comme unité de base, il y aura une erreur qui s'amplifiera" explique Aldana. C'est le même principe utilisé pour les années bissextiles du calendrier Grégorien.

Les chercheurs ont compris le principe mathématique pour le saut du Tableau de Vénus dans les années 1930, mais, ajoute Aldana: "la question est, qu'est-ce que cela signifie ? Ont-ils découvert cela au 1er siècle avant JC ? Au 16ème siècle ? Quand l'ont-ils découvert et qu'est-ce que cela signifiait pour eux ? Et c'est là que je suis arrivé".

Résoudre le mystère a demandé à Aldana d'utiliser tout un ensemble de compétences. La première impliquée a été l'épigraphie, et cela a conduit à un important développement: en se penchant sur les hiéroglyphes du tableau, il en est venu à réaliser qu'un verbe clé, k'al, avait une signification différente de son interprétation traditionnelle. Utilisé dans le tableau, k'al signifie "entourer/encercler" et, selon la lecture d'Aldana, cela a un objectif historique et cosmologique.


Repenser les hypothèses


Cette percée l'a conduit à remettre en question les hypothèses sur ce que le scribe maya qui a écrit le texte a cherché à faire dans le tableau. Les archéologues et d'autres scientifiques ont vu que ses observations sur Vénus étaient exactes, mais ils estimaient que c'était basé sur la numérologie.

"Les mayas savaient que c'était faux, mais la numérologie était plus importante. Et c'est ce que disent les scientifiques depuis 70 ans" ajoute Aldana. "Aussi, ce que je dis, c'est de revenir en arrière et de faire une hypothèse différente. Supposons qu'ils avaient des données historiques et qu'ils gardaient une trace de ces données historiques et des évènements astronomiques afin de les consulter dans le futur; C'est ce qu'ont fait d'ailleurs précisément les grecs et les égyptiens entre autre. C'est ce que les mayas ont fait. Ils ont conservé ces données sur une longue période de temps et ont ainsi découvert des "cycles". L'histoire de l'astronomie occidentale est basée entièrement sur cette prémisse".

Pour tester cette nouvelle hypothèse, Aldana est retourné sur un autre site archéologique, Copán au Honduras. L'ancienne cité-état a ses propres données sur Vénus qui correspondent, en tant que données historiques, aux observations faites dans le Codex de Dresde. "Maintenant, prenons-les comme des données historiques plutôt que numérologiques" ajoute-t-il, "et lorsque l'on fait cela, qu'on le perçoit en tant que données historiques, cela change l'interprétation".


Rassembler les morceaux


La pièce final du puzzle était ce qu'Aldana, qui a été diplômé en génie mécanique, appelle "le mécanisme" ou comment les pièces s'assemblent.

Les scientifiques savaient que les mayas avaient fait des observations précises de Vénus, et Aldana a pu voir que c'étaient des données historiques et non numérologiques. La question était, pourquoi ?

On peut trouver un indice 500 ans plus tard, avec Nicolas Copernic. Le grand astronome polonais était tombé sur l'univers héliocentrique en essayant de calculer les prédictions pour les dates futures de Pâques, un exploit difficile qui exigeait de bons modèles mathématiques.

C'est ce qu'a vu Aldana dans le Tableau de Vénus. "Ils ont utilisé Vénus non pas juste pour savoir quand elle allait apparaitre, mais ils l'ont utilisé pour leur cycles rituels. Ils avaient des activités rituelles lorsque toute la cité se rassemblait lors de certains événements basés sur l'observation de Vénus. Et cela devait avoir un certain degré de précision. Lorsque l'on change cette perspective en "pourquoi mettre ces cycles ensemble ?" on obtient la troisième composante".


En rassemblant ces morceaux, Aldana s'est aperçu qu'il y avait une période unique de temps, lors de l'occupation de Chichen'Itza, où un ancien astronome du temple utilisé pour les observations de Vénus a vu les progressions de la planète et découvert un moyen viable pour corriger le calendrier et dater leurs événements rituels.


Une réalisation maya.



En interprétant ces travaux, Aladana explique que cela met le Tableau de Vénus dans un contexte culturel. C'était une réalisation de la science maya, et non une bizarrerie numérologique. "Nous pourrions ne jamais savoir exactement qui a fait cette découverte", note-t-il, "mais il faut redéfinir ceci comme un travail scientifique historique et cela revient aux mayas. Je n'ai pas de nom pour cette personne, mais j'ai un nom pour la personne qui fut probablement l'une des figures d'autorité de l'époque. C'est un peu comme si on savait qui était le pape, mais que l'on ne connaissait pas le nom de Copernic."  

Relecture par Digitarium.fr
Source:

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8.11.2016

Un tunnel pour l'eau découvert sous le tombeau de Pakal à Palenque

MAJ 14/09/17
Il y a tout juste un an, une rivière souterraine était découverte sous la pyramide de Kukulkan à Chichen Itza, cette année, les archéologues ont découvert un tunnel souterrain pour l'eau sous le Temple des Inscriptions sur le site Maya de Palenque. Le temple contient le tombeau d'un ancien dirigeant appelé Pakal.

Un tunnel pour l'eau découvert sous le tombeau de Pakal à Palenque
Le Temple des Inscriptions. Zone archéologique de Palenque. Photo: INAH.

L'archéologue Arnoldo Gonzalez estime que la tombe et la pyramide ont été construites volontairement au-dessus d'une source entre 683 et 702 après JC. Le tunnel amène l'eau depuis le dessous de la chambre funéraire jusqu'à l'extérieur sur une vaste esplanade en face du temple, traçant ainsi un chemin vers l'inframonde pour l'esprit de Pakal.

Le tunnel, qui fait partie d'un ensemble de canaux, est ainsi relié à un autre; il est en pierre et fait environ 60cm de largeur et de hauteur.

Selon le directeur de l'archéologie de l'INAH (Institut National d'Anthropologie et d'Histoire), Pedro Sanchez Nava, la théorie est logique à la lumière des autres peuples pré-hispaniques, comme ceux qui vivaient à Teotihuacán, près de Mexico, et où un autre tunnel d'eau a été trouvé:  "Dans les deux cas, il y avait un courant d'eau présent. L'eau a un sens allégorique, où le cycle de la vie commence et se termine".

Les fouilles avaient commencé en 2012, lorsque les chercheurs constatèrent des anomalies souterraines révélées par le géo-radar, sous la zone en face de la pyramide à degrés.

Un tunnel pour l'eau découvert sous le tombeau de Pakal à Palenque
Aperçu du canal au pied de la pyramide. Photo: INAH

Craignant un trou ou une faille géologique qui pourrait déstabiliser la pyramide ou causer son effondrement, ils ont creusé l'endroit et découvert trois couches de pierres soigneusement aménagées couvrant le haut du tunnel.

Selon Gonzalez, le même type de pierres sur trois couches a été trouvé dans le sol du tombeau de Pakal, à l'intérieur de la pyramide. Il n'y a pas de puits ni de connexion entre la tombe et le tunnel, mais le conduit n'a pas encore été complètement exploré car il est trop petit pour pouvoir y ramper.

L'intérieur du canal. Photo: INAH

Francisco Estrada-Belli, professeur adjoint d'archéologie à l'Université de Boston, non impliqué dans les fouilles, écrit ainsi: "Je pense que construire une tombe au-dessus d'un canal à certainement un rapport avec la croyance que l'eau et les masses d'eau étaient des portes vers l'inframonde. Plusieurs exemples de temples (et de tombes associées) sont connus pour être bâtis au-dessus de grottes naturelles qui ont pu contenir de l'eau".

Schéma montrant l'agencement du canal. INAH

Relecture par Marion Juglin

Voici d'autres articles proposant plus de détails sur cette découverte:

Source:
  • The Tribune: "Mexico finds water tunnel under Pakal tomb in Palenque"

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8.01.2016

Xunantunich: découverte du plus grand tombeau maya du Belize

La tombe d'un dirigeant maya exceptionnellement bien préservée a été découverte au Belize. Trouvée sur le site archéologique de Xunantunic, la chambre funéraire est la plus grande et la plus élaborée jusqu'ici au Belize.

Temple Maya à.Xunantunich. Photo:WPA Pool /Getty Images

Les mayas étaient au sommet de leur puissance au sixième siècle après JC. Cependant, il reste des mystères sur ce qui a causé la fin de cette grande civilisation. La plupart des cités en pierre mayas ont été abandonnées en 900 après JC et jusqu'à présent les archéologues n'ont pu expliquer avec certitude la disparition de cette culture riche et puissante.

Des travaux archéologiques avancés ont commencé il y a des dizaines d'années au Belize, mais ce n'est que récemment que de grandes découvertes ont conduit les archéologues à considérer le pays comme le centre de la civilisation maya.

Le projet Belize Valley Archaeological Reconnaissance (BVAR) dirigé par l'archéologue Jaime Awe, de la Northern Arizona University, cherche à étudier les restes de la culture maya dans le pays. Cela inclus les travaux de fouille à Xunantunich, ses palais et ses temples, pour mieux comprendre la fin de l'apogée de cette grande ville maya.

La découverte de la tombe royale à l'intérieur d'un grand tertre, au centre du site, fait partie de ces recherches en cours sur le passé maya du Belize.

 Le tertre où a été trouvé la tombe. Photo: The San Pedro Sun

Un squelette avec des restes d'animaux

La découverte est d'autant plus remarquable que le site fait l'objet de fouilles depuis les années 1890 ! Mais personne n'avait trouvé la chambre funéraire jusqu'ici.

Awe a expliqué que la tombe, qui est profonde de 5 à 8 mètres, est la première découverte à Xunantunich et la plus grande du Belize. La taille de la structure suggère que les gens devaient probablement vénérer la personne inhumée.

Les archéologues ont découvert le squelette reposant au fond de la tombe. L'analyse des ossements suggère que les restes appartiennent à un homme en raison de la grande taille des fémurs. Les dents semblent indiquer qu'il avait entre 20 et 30 ans lorsqu'il est mort.

Il a été enterré avec des perles de jade et des poteries ainsi qu'avec des restes d'animaux (probablement de jaguar ou de cerf).

Tous ces éléments, ainsi que la taille de la tombe, indiquent que l'homme avait un statut très important et était probablement un seigneur local.

Les archéologues espèrent que cette découverte permettra d'améliorer la compréhension de la culture maya, comment elle s'est établie au Belize et comment étaient menés les rites funéraires.

Ils prévoient maintenant d'analyser les écritures hiéroglyphiques mayas découvertes sur des stèles près de la tombe. Ils espèrent obtenir des indices sur l'identité du squelette.


Source:

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7.22.2016

Les anciens mayas auraient eu un profond impact sur l'environnement

Il y a quelques mois, je publiais un article sur Les forêts nourricières: clés du succès de la civilisation Maya, où selon l'archéologue Anabel Ford, les anciens mayas savaient très bien gérer l'environnement de leur forêt tropicale à leur avantage... Voici aujourd'hui une théorie pratiquement opposée mise en avant par des chercheurs américains.


Des indices relevés dans les terres basses tropicales d'Amérique Centrale montreraient comment l'activité maya, il y a plus de 2000 ans, n'a pas seulement contribué au déclin de leur environnement mais continue d'influencer les conditions environnementales actuelles, d'après des chercheurs de l'Université du Texas à Austin.

Synthétisant d'anciennes et nouvelles données, les chercheurs ont été les premiers à montrer la pleine mesure du "Mayacène" comme microcosme du début de l'anthropocène, une période ou l'activité humaine a commencé à affecter considérablement les conditions environnementales.

Transects topographiques des basses terres mayas.

"La plupart des sources populaires parlent de l'anthropocène et des impacts humains sur le climat depuis la révolution industrielle, mais nous nous penchons plus profondément dans l'histoire" explique l'auteur principal, Tim Beach, professeur de géographie et d'Environnement au C.B. Smith Sr. Centennial, "Bien qu'il n'y ait pas de doute que cela ce soit accéléré au cours des derniers siècles, l'impact humain sur l'environnement dure depuis bien plus longtemps".

En regardant les impacts mayas sur le climat, la végétation, l'hydrologie et la lithosphère, il y a entre 3000 et 1000 ans, les chercheurs estiment que l'urbanisation avancée des mayas et l'infrastructure rurale ont altéré les écosystèmes dans les forêts tropicales à l'échelle mondiale. Les chercheurs ont identifié six marqueurs stratigraphiques qui indiquent une période de changement à grande échelle, comprenant: des rochers "d'argile maya", des séquences spécifiques du sol, des rapports isotopiques du carbone, de l'enrichissement chimique généralisé, des restes de constructions et des modifications du paysage, et des signes de changement climatique induit par les mayas.

"Ces marqueurs nous ont donné un aperçu sur la façon dont les mayas interagissaient avec leur environnement, ainsi que sur la portée de leur activité" ajoute Sheryl Luzzadder-Beach, co-auteur et présidente du Département de Géographie et de l'Environnement.

L'argile maya et les séquences de sol ont révélé de l'érosion, des changements dans l'utilisation des terres par l'homme et des périodes d'instabilité.

Les profils du sol près des zones humides ont montré des taux élevés d'isotopes de carbone dus à l'agriculture et à la production de maïs. Les chercheurs ont noté trois à quatre fois plus de phosphore dans les sédiments de l'ère maya.

Cependant, l'indication la plus visible de l'impact humain a été trouvée dans les restes de matériel de construction et dans les modifications du paysage. Les chercheurs pensent que ces indices révèlent comment les mayas utilisaient la gestion de l'eau pour s'adapter au changement climatique.

"En étudiant les systèmes de zones humides, nous avons été surpris de trouver une combinaison de contributions humaines et naturelles" explique Luzzadder-Beach, "les changements géochimiques indiquent que certaines zones humides étaient naturelles, alors que d'autres ont été construites pour faire pousser les cultures loin de l'importante population".

Les changements sont à la fois bons et mauvais, disent les chercheurs. "Historiquement, il est fréquent de dire ce qui est arrivé de négatif suite aux changements environnementaux passés, comme l'érosion et le changement climatique suite à la déforestation" dit Beach, "mais nous pouvons apprendre beaucoup sur la façon dont les mayas ont altéré leur environnement pour créer de vastes systèmes de champs pour avoir plus de récoltes et répondre à la hausse du niveau des mers".

Alors que certaines études suggèrent que la déforestation et d'autres utilisations des terres ont contribué au réchauffement et assèchement du climat régional lors de la Période Classique (il y a 1700 à 1100 ans), de nombreuses forêts existantes sont toujours influencées par les activités mayas, avec de nombreuses structures, des terrasses et zones humides qui existent encore de nos jours.

"Ce travail parle de l'histoire profonde et de la complexité des interactions humaines avec la nature, et ce, dans une partie du monde où nous avons encore peu de connaissances sur l'environnement naturel" continue Beach.

L'étude "Ancient Maya impacts on the Earth's surface: An Early Anthropocene analog?" était une collaboration entre des chercheurs en anthropologie, en environnement et en géographie.

Relecture par Marion Juglin
Source:

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5.08.2016

Une cité Maya aurait été découverte par un jeune québecois à partir de sa théorie des constellations

Mise à jour03/05/17
William Gadoury, un adolescent québecois aurait découvert une nouvelle cité Maya dans le Yucatan.

Partant de l'hypothèse que les villes mayas se positionnaient en fonction des constellations, il a analysé 22 d'entre elles (décrites dans le Codex Tro-Cortesianus ou Codex de Madrid) et a pu y faire correspondre 117 cités mayas.

Une cité Maya aurait été découverte par un jeune québecois à partir de sa théorie des constellations
William Gadoury, auteur de la théorie et de la découverte. Photo Le Journal de Montréal, Martin Chevalier

C'est en étudiant une 23ème constellation de trois étoiles qu'il s'est aperçu que seulement deux villes mayas correspondaient.

Gadoury a donc analysé des images satellites pour déterminer la position d'une 118ème cité maya: K’ÀAK’ CHI’ ("Bouche de feu"). Le Dr Armand Larocque, géographe à l'université de Brunswick et spécialiste en télédétection a pu confirmer que l'on distinguait une pyramide et une trentaine de bâtiments: "l’utilisation d’images satellites, ainsi que l’apport du traitement d’images numériques ont permis de faire ressortir ces structures et de confirmer leur possible existence".


Structure identifiée par le Le Dr Armand Larocque


Il reste maintenant à aller voir sur place pour confirmer cette découverte. Sa théorie, si elle est confirmée, pourrait en outre apporter un éclairage nouveau sur la civilisation Maya.

Merci à Audric pour cette info !
Source:

Mise à jour du 20/05/16: voici une actualisation des articles au sujet de cette affaire dans l'ordre Chronologique

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4.06.2016

Les forêts nourricières: clés du succès de la civilisation Maya

Cela fait des années que l'archéologue Anabel Ford soutient que les anciens mayas savaient très bien gérer l'environnement de leur forêt tropicale à leur avantage. Ils arrivaient à nourrir d'importantes populations même après la période où de nombreux archéologues ont suggéré le déclin Maya au cours des 8ème et 9ème siècle après JC.

Un jardin forestier Maya. Courtesy BRASS/El Pilar

Elle remet en question les théories populaires, longtemps soutenues par de nombreux scientifiques, selon lesquelles les mayas ont commencé à décliner en raison de la surpopulation et de la déforestation pour augmenter la production agricole, aggravant ainsi la sécheresse et le changement climatique.

"A l'époque, il n'y avait pas de déforestation extensive" affirme Ford. Son raisonnement repose sur des années de recherches sur les anciennes pratiques de culture de "jardins forestiers", une méthode d'agroforesterie durable utilisant la technique agricole "Milpa". Il s'agit d'un paysage biodiversifié et polycultivé, dominé par les arbres, et géré par de petits agriculteurs dispersés. Ils emploient des cycles naturels et maximisent l'utilité de la flore et faune native.

Ses racines remontent avant l'apparition de la période Maya Préclassique, et cela fonctionnait en transformant une zone d'une forêt canopée en un champ ouvert. Une fois nettoyé, il était dominé par des cultures annuelles, transformant l'endroit en un jardin verger entretenu; puis retour à une forêt à canopée fermée, et le circuit recommence. "Contrairement aux systèmes agricoles européens qui se sont développés à peu près à la même période, ces champs n'étaient jamais laissés à l'abandon, même lorsqu'ils étaient boisés" explique Ford, "Ainsi, il y avait une rotation de plantes annuelles succédant à des étapes de vivaces forestiers que l'homme gérait avec attention tout au long de ces phases".

Elle explique le processus et ses implications en détail dans son livre, Maya Forest Garden: Eight Millennia of Sustainable Cultivation of the Tropical Woodlands, co-écrit avec Ronald Nig, professeur au Centro Investigaciones y Estudios Superiores en Antropología Social (CIESAS) au Chiapas, Mexique.

Le livre résume des années de recherche évaluant des données archéologiques, paléoenvironnementales, agricoles, botaniques, écologiques et ethnographiques au Guatemala, Mexique et Belize. Elle se penche aussi sur le grand centre Maya d'El Pilar (voir à ce sujet: Les archéologues découvrent une mystérieuse citadelle Maya)

"La recherche écologique, agricole et botanique sur la forêt Maya démontre que c'est en fait un jardin bariolé dominé par des plantes à valeur économique, et donc fortement dépendantes des interactions humaines" ajoute Ford. Ainsi, "la co-création, des mayas et de leur environnement forestier, était basé sur une stratégie de gestion des ressources donnant ce que l'on appelle le jardin-forêt Maya".

Le cycle de Milpa, depuis les champs de maïs aux plantes vivaces puis retour à la forêt. Courtesy BRASS/El Pilar

De plus, Ford souligne que le cycle Milpa est à l'origine de la forêt qui est une création et un "monument" du peuple Maya. "La forêt Maya, que l'on pensait être une jungle vierge et sauvage, est en réalité le résultat des activités humaines préhistoriques, coloniales et récentes" écrivent Ford et Nigh dans leur livre.


En d'autres mots, la gestion et mise en forme des éléments du paysage forestier, avec le cycle de Milpa, en un environnement humain, a été bénéfique en termes de nourriture, d'abris, de plantes médicinales et autres besoins pour une population ne cessant d'augmenter. Les mayas sont devenus les créateurs de leur environnement tropical, et de la jungle elle-même.

Plus important encore, en raison de ses techniques durables et de renouvellement, le cycle de Milpa est devenu la clé de la longévité de la civilisation Maya longtemps après "l'effondrement" de la période Classique.

Ford et Nigh concluent: "Lorsque les crises politiques frappèrent la société Maya au cours de la période Classique, la population s'est en grande partie retirée dans les jardins forestiers, abandonnant les grands centres et leurs élites".


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3.04.2016

Cerén: Les découvertes archéologiques racontent une histoire différente sur les Mayas

Pendant des décennies les scientifiques pensaient que l'élite maya, afin de maintenir un empire puissant et prospère sur les territoires qui sont aujourd'hui situés au Salvador, Honduras, Guatemala, Belize et sud-ouest du Mexique, exerçait un contrôle strict sur la population, les coutumes et l'économie.

Mais de nouveaux indices trouvés à Cerén, un site archéologique situé à environ 35km à l'ouest de San Salvador, racontent une histoire très différente sur cette civilisation qui a émergé vers 1000 avant JC avant de se développer puis de s'effondrer au 16ème siècle.

Les restes archéologiques de Cerén, surnommé "La Pompéi des Amériques", ont été découverts en 1976 par Payson Sheets, un anthropologue de l'Université du Colorado à Boulder.

Les ruines reposaient sous une couche de 5 mètres de cendres provenant de l'éruption du volcan Loma Caldera il y a environ 1400 ans.

Presque 40 ans après la découverte, une équipe d'archéologues et anthropologues américains et salvadoriens, menée par Sheets, ont fouillé la citadelle et trouvé des centaines d'objets de la vie quotidienne très bien préservés grâce à la couche protectrice de cendre.

Sheets et son équipe ont fouillé au total 12 bâtiments, dont cette maison. Credit: Colorado University.

Les scientifiques pensent que l'éruption du volcan était si forte que les gens ont dû abandonner la ville, en laissant tous leurs biens derrière eux. "Cela fait de Cerén l'un des sites archéologiques les plus riches de la région" estime Sheets.

Les données recueillies sur le site racontent l'histoire d'une communauté qui semblait avoir beaucoup de liberté pour prendre des décisions cruciales concernant l'organisation familiale, la religion et les cultures vivrières.

Parmi les découvertes les plus significatives, il y a une petite route (ou sacbé), la seule rue Maya connue au Salvador à ce jour. Elle reliait un champ de yucca avec la zone urbaine comprenant des maisons et des édifices publics.

Situées entre les champs et la cité, les chercheurs ont aussi trouvé d'autres cultures divisées en parcelles. "Ces petites plantations ne suivent pas un processus standardisé: certaines cultures étaient mieux entretenues que d'autres, ou bien avaient une orientation différente. Cela signifie qu'il y avait différents propriétaires, et cela n'était possible que si les habitants de Cerén étaient socialement indépendants" explique Roberto Gallardo, archéologue d'El Salvador’s Dr. David J. Guzmán National Anthropology Museum, et collaborateur dans cette étude.

Cette photo montre la route proche de Cerén, une voie faite de pierres levées appelée sacbé. Les petits monticules en arrière-plan sont des plantations de maïs. Credit: Colorado University.

Cependant, comme il n'y avait qu'une seule route, il devait y avoir une autorité locale, quelqu'un avait dû décider où la placer, selon Rocío Herrera, chercheur du Département d'Archéologie au Ministère de la Culture du Salvador et co-auteur de l'étude: "Nous pensons que les personnes âgées avaient un rôle important sur la façon dont certaines décisions devaient être prises, comme la construction de la route. Mais, à côté de cela, tout semble indiquer qu'ils n'étaient pas dominés par une élite autoritaire".

Sheets et son équipe ont aussi fouillé les bâtiments publics dans un secteur couvrant 4000 mètres carrés. Parmi les constructions, il y avait des ateliers, des cuisines communautaires et un sauna. L'architecture de ces bâtiments, construits avec des techniques et des matériaux différents, ainsi que le manque de planification urbaine attentive (pourtant un signe caractéristique distinctif de la culture Maya), montrent aussi la liberté dont jouissaient les habitants de Cerén pour prendre des décisions sociales sans la stricte approbation d'une caste supérieure.

Mais les chercheurs sont particulièrement attirés par l'interaction économique que les citoyens de Cerén avaient avec l'élite maya.

De nombreuses céramiques découvertes dans les maisons et constructions étaient trop élaborées pour être produites avec les moyens dont disposaient cette communauté.

Dans les bâtiments de Cerén, les chercheurs ont trouvé des céramiques élaborées, signe que les habitants pouvaient commercer avec les élites mayas.   Credit: Colorado University

Les archéologues ont aussi trouvé des haches en jade, très appréciées pour les travaux agricoles. "Les céramiques et jades raffinées étaient des objets qui provenaient des communautés de l'élite. Comment ces produits sont arrivés à Cerén ? Ils avaient accès à ces objets délicats, mais pourtant ne faisaient pas parti d'une grande cité" ajoute Herrera,"Le fait que le habitants de Cerén, des gens ordinaires, aient eu accès à ces objets, nous fait dire que l'élite connaissait leur existence et menait cependant des échanges avec eux, ce qui leur donnait un certain degré d'indépendance."

Les archéologues pensent que l'élite envoyait leurs marchandises par un intermédiaire afin de commercer avec ces gens. "Si les citoyens de Cerén pensaient que ces objets étaient trop chers, [les marchands] n'étaient pas obligés de rester, et ils pouvaient amener leurs marchandises au marché suivant pour espérer faire de meilleures affaires" explique Gallardo.


Les informations trouvées à Cerén contredisent donc l'hypothèse selon laquelle les élites mayas contrôlaient chaque aspect de la société, comprenant l'économie, les politiques, la religion, les arts et les sciences, au cours de la Période Classique (considérée comme l'une des plus productives de l'ère pré-hispanique, entre 250 et 900 après JC).

Les chercheurs estiment qu'il reste beaucoup à découvrir à Cerén.
"Il est possible qu'il y ait d'autres communautés enterrées sous les cendres sur les flancs du volcan. Nous attendons les fonds pour une nouvelle phase du projet où nous prévoyons de suivre la route vers ses extrémités, au nord et au sud, afin de voir ce que nous trouverons. Nous savons qu'il y a une cité appelée San Andres, plein sud, où se trouve le centre religieux maya le plus proche de Cerén." ajoute Sheets.

Relecture par Marion juglin
Source:

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10.26.2015

La pyramide Maya de Tonina est bien plus grande qu'on ne le pensait

Avec ses 75m de haut, l'acropole de Tonina dans le Chiapas au sud du Mexique, a 208 marches en pierre menant de sa base à son sommet. Cela la place dans la même lignée que la célèbre Pyramide du Soleil de Teotihuacan, large de 225m et haute de 65 ou 70m (les scientifiques ne sont pas encore d'accord sur ce point).

Tonina, Chiapas ... Voici ce à quoi devait ressembler le temple. Source: Supplied

De récentes fouilles ont montré que la ville Maya de Tonina était deux fois plus grande que ce que l'on croyait. De plus, elle est décrite comme étant unique car la ville a sept districts clairement définis au sein de sa limite de 10-12ha; chacun est dédié à un but différent: celui des palais, des temples, des habitats, de l'administration....

Avec plus de 300 textes hiéroglyphiques identifiés jusqu’ici, le site a été classé comme l'un des plus importants du Mexique.

Auparavant, on pensait que le temple de Tonina avait était construit sur une colline. "C'est une grande surprise de voir que la pyramide a été faite presque entièrement par les architectes et qu'elle est plus artificielle que naturelle" rapporte Emiliano Gallaga, directeur de la zone archéologique.

Ce que l'on considérait autrefois comme une colline est en fait l'une des plus grandes pyramides de la civilisation Maya.

Un sarcophage en pierre a été trouvé sur le site plus tôt cette année et a été daté à 840-900 après JC. A l'intérieur ont été trouvés des restes d'ossements et de poterie. L'identification n'a pas encore été établie.

Cependant, un texte hiéroglyphique trouvé sur un mur il y a quelques mois a donné le nom complet et le portrait d'un chef Maya qui avait construit la plus grande maison fortifiée de la ville: K’inich B’aaknal Chaahk.
Il fut le 6ème dirigeant sur les 14 connus à avoir régné sur la ville. "Ce mur est fondamental pour comprendre le chapitre de l'histoire de Tonina entre 680 et 715 après JC, lorsque le 6ème seigneur apparait dans la lignée dynastique du site" explique l'archéologue Carlos Pallan Gayol, "jusqu'à présent, on sait que K’inich B’aaknal Chaahk était un dirigeant avec un grand pouvoir politique et hégémonique à Tonina."

La cité s'appelait Po’ en son temps (Blanc en langue Mixe-Zoque). "Derrière le mur a été trouvé un trône et des inscriptions contenant la date de Mars et Juin 708. On espère que les traductions d'autres hiéroglyphes aideront à comprendre pourquoi la civilisation Maya s'est effondrée."

Relecture par Marion Juglin
Source:

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8.24.2015

Une rivière souterraine découverte sous la pyramide de Kukulkan à Chichen Itza

Des chercheurs ont découvert une énorme cavité sous le temple de Kukulkan vieux de 1000 ans, aussi appelé El Castillo. Il domine la cité Maya de Chichen Itza dans le nord-est de la péninsule du Yucatan au Mexique.

Ils craignent d'ailleurs que cette grotte souterraine, ou cénote, qui est traversée par une rivière, entraine l'effondrement de la pyramide si sa voûte s'effondre.

Le temple de Kukulkan sous lequel a été découverte la cavité à Chicen Itza. Source: Daily Mail

Les chercheurs pensent qu'elle a pu être construite délibérément au-dessus de la grotte pour des raisons religieuses. L'immense cavité avait probablement une signification spéciale pour les Mayas et, de plus, serait reliée à d'autres cénotes qui entourent la pyramide, par des rivières souterraines.

Elle pourrait aussi être reliée à un autre lieu appelé la "Tombe du Grand Prêtre", ou "l'ossuaire", une petite pyramide, avec un sanctuaire au centre, qui était utilisée comme fosse commune.

L'université qui a mené les recherches, estime que les Mayas ont construit le Temple de Kukulkan il y a 900 à 1100 ans au-dessus de la grotte en raison de leurs croyances religieuses. Kukulkan est un dieu serpent Maya, ou serpent à plumes, qui a grandi dans une grotte avant d'en émerger après un tremblement de terre.

Le Dr Tejero-Andrade pense que la pyramide a pu être élevée pour symboliser le monde souterrain, la création et l'eau: "il semble qu'El Castillo est dédié à cet élément et l'on parle d'une eau Kukulkan, un serpent se mouvant dans l'eau". Le cénote sous le temple mesure 25 mètres sur 35 mètres et a une profondeur de 20 mètres.

Les chercheurs ont fait cette découverte en utilisant une technique appelée sondage de résistance électrique. Des sondes en métal sont insérées dans le sol pour obtenir une grille de lecture de la résistance du flux électrique à travers le sol. Lorsqu'il y a de l'eau, la résistance diffère de celle de la pierre. Le vide a une grande résistance car le courant ne peut le traverser contrairement à l'eau qu'il traverse aisément.

La tomographie électrique a révélé une large cavité sous la pyramide comme le montre le graphique ci-dessus.

Les chercheurs ont ainsi découvert qu'il y avait une fine couche de calcaire (environ 5 mètres) au-dessus du cénote, où se trouve la pyramide.

Le Dr Rene Chavez Segura, géologiste à L'université Nationale Autonome du Mexique, explique que l'humidité importante dans la grotte ainsi que l'eau courante pourraient ébranler la pyramide: "De telles structures changent avec le temps, car l'eau érode les murs et la cavité s'agrandit. A un moment donné, si l'épaisseur de la roche sous la pyramide est trop fine, il peut y avoir un problème de stabilité et El Castillo s'effondrera". Cependant, ajoute-t-il, cela ne devrait pas arriver avant  de nombreuses générations...

Dans certaines régions du Mexique, les cénotes étaient utilisés comme puits naturels ou réserves d'eau par les anciennes civilisations. Le nom de Chichen Itza signifie d'ailleurs "à l'embouchure du puits d'Itza" (Itza était le groupe ethnique Maya qui régnait dans la région).

Relecture par Marion Juglin
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8.01.2015

Tikal: comment la cité Maya s'est effondrée...

Une équipe internationale de chercheurs estime que la raison de l'effondrement de l'ancienne cité Maya, Tikal, au cours du 9ème siècle de l'Ere Commune, était probablement due à une combinaison de deux facteurs.

Il y aurait d'un côté, les épisodes récurrents de sécheresse, et d'un autre côté, les pratiques mêmes utilisées par les Mayas pour créer un système, efficace pendant certain temps, pour supporter sa population urbaine grandissante.

Ruines de la ville Maya, Tikal; Photo: David L. Lentz.

La forêt a été étudiée, à l'aide d'imagerie satellite, de fouilles, de carottages, mais aussi par l'examen du bois, des plantes et la collecte d'échantillons de terre dans les environs de Tikal.
La cité a été habitée au cours de la période Maya Classique Tardive (600 à 850 de l'Ere Commune).

A partir de là, David L. Lentz, de l'Université de Cincinnati, et ses collègues d'autres institutions, ont pu étudier les pratiques agro-forestières et l'utilisation des terres agricoles par les Mayas, ainsi que les indice de changement environnementaux.
Il ont alors construit ce qu'ils considèrent comme étant le scénario probable de la chute du régime politique de Tikal.

Situé dans le Bassin de Petén, aujourd'hui au nord du Guatemala, Tikal était le centre politique de l'un des royaumes Mayas les plus puissants.

Avec ses constructions monumentales datant du 4ème siècle avant JC, la ville a atteint son apogée pendant la Période Classique (de 200 à 900 après JC).


Déclin et abandon

Les investigations archéologiques on montré qu'après la fin de la période Classique Tardive les constructions monumentales se sont arrêtées, et les structures de l'élite ont été brûlées. Cela coïncide avec un déclin significatif de la population, aboutissant à l'abandon du site.

Mais Tikal n'a pas était le seul centre Maya à vivre un tel déclin à cette époque. C'est d'ailleurs l'un des grands mystères des anciens Mayas qui fait l'objet d'un vif débat scientifique: quelles sont les raisons de l'effondrement d'une si grande partie de l'ancien monde Maya à la fin de leur plus grand épanouissement au cours de la Période Classique ?

La sécheresse, les pratiques agricoles non durables, les conflits et la surpopulation font partie des facteurs qui ont été cités comme causes possibles.


Cette dernière étude se concentre sur l'examen des preuves liées aux facteurs agricoles et environnementaux.

Les données et leur analyse ont montré que les habitants de Tikal pratiquaient des formes intensives d'agriculture, avec irrigation, terrasses et agriculture sur brûlis; tout cela était combiné avec une agroforesterie soigneusement contrôlée et des techniques de conservation de l'eau.

"Ces preuves empiriques démontrent que ce système anthropique géré assidûment de la période Maya Classique était un paysage optimisé de façon à subvenir aux besoins d'une population relativement importante dans une communauté urbaine de faible densité et pré-industrielle" écrivent Lentz et ses collègues, "l'optimisation de la productivité de ce paysage, cependant, a eu un coût élevé dans la réduction de la résilience environnementale et engendré une dépendance complète à la pluviométrie annuelle."

Les auteurs du rapport se sont appuyés sur les découvertes faites dans leur collecte et analyse des dépôts minéraux dans les grottes de la région pour montrer des épisodes persistants de précipitations anormalement basses au cours de la moitié du 9ème siècle. Cela coïncide avec les preuves archéologiques de l'abandon de Tikal lors de cette même période.

De plus, supposent les chercheurs, la sécheresse a probablement été renforcée par les habitants de Tikal même. "Alors qu'il y a de plus en plus de preuves montrant un défrichement de la forêt, même partiel, cela a eu un impact négatif sur le cycle hydrologique. La construction de vastes chaussées combinée avec la déforestation n'a fait qu'exacerber les tendances à l'assèchement. Aussi, à la moitié du 9ème siècle, l'approvisionnement en eau et nourriture était devenu insuffisant (...)"

En conséquence, selon Lentz et ses collègues, la structure sociale de Tikal s'est finalement effondrée et le cœur de la ville a été abandonné, "laissant seulement une petite partie de la population blottie autour des quelques trous d'eau qui ne s'étaient pas asséchés".

Les chercheurs suggèrent que des scénarios similaires ont eu lieu dans la plupart des cités Mayas des Basses-Terres au cours de cette même période, et cela pourrait expliquer le grand "effondrement Maya" à la fin de la Période Classique.


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7.23.2015

Des panneaux hiéroglyphiques Mayas découverts à La Corona et El Achiotal

Dans le cadre du Projet Archéologique Régional La Corona, au Guatemala, des archéologues ont découvert des panneaux hiéroglyphiques.

Ils ont aussi mis au jour une stèle Maya bien préservée datant du 5ème Après JC sur le site archéologique d'El Achiotal (il se situe à environ 20km à l'est du site La Corona).

Marcello Canuto (à gauche) avec Auld-Thomas, qui a découvert la stèle Maya datée du 5ème siècle après JC. Image: Tulane University

"Cette stèle dépeint un ancien roi au cours de l'une des périodes les plus mal comprises de l'ancienne histoire Maya" rapporte Marcello A. Canuto, directeur de l'Institut de Recherche d'Amérique Centrale à l'Université de Tulane, et co-directeur des fouilles à El Achiotal avec Tomás Barrientos de l'Université Del Valle du Guatemala.

Luke Auld-Thomas, étudiant diplômé de l'Université de Tulane, a découvert un sanctuaire contenant des fragment de la stèle brisée. Les anciens Mayas avaient construit ce site pour préserver la stèle.

L'épigraphe David Stuart, de l'Université de Texas à Austin, estime qu'elle date du 22 Novembre 418 après JC, une période de grand bouleversement politique dans la région centrale Maya.

L'équipe de La Corona a aussi trouvé deux autres panneaux hiéroglyphiques dans un état presque parfait. "Ils ont une grande partie de la peinture d'origine rouge éclatant encore présente" rapporte Canuto.

Le panneau hiéroglyphique en état presque parfait trouvé lors des fouilles au palais de La Corona. Image: Tulane University

L'étudiant diplômé de Tulane, Maxime Lamoureux St-Hilaire a découvert les panneaux lorsqu'il fouillait le plais de La Corona. Ces panneaux n'ont pas été trouvés pas les pilleurs car ils étaient installés dans une discrète petite chambre d'angle du palais.

Les inscriptions des panneaux parlent des rituels de l'accession au trône.

Merci à Quentin pour l'info !
 
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6.30.2015

Les archéologues découvrent une mystérieuse citadelle Maya

Cela fait trente ans que l'archéologue Anabel Ford explore et étudie l'ancien site Maya d'El Pilar.

Et c'est la première fois qu'elle trouve quelque chose ressemblant à une "citadelle": "nous avons découvert un composant complètement nouveau dans ce grand site qui ne correspond pas aux attentes habituelles" dit-elle, "cela n'a rien en commun avec les centres Mayas de la période Classique: pas de place ouverte, pas d'orientation de la structure sur les points cardinaux, et, curieusement, pas de lien évident avec le grand site de la période Classique d'El Pilar, à un peu plus de 600 mètres de là."

Image LiDAR montrant la "Citadelle" récemment découverte à l'Est des principaux temples d'El Pilar. Image: BRASS/El PilarEl Pilar.

Ce que Ford décrit est une construction invisible, ou ensemble de constructions d'un complexe, qui a récemment été trouvé à l'aide de la télédétection par laser, le LiDAR; dans ce cas le laser était utilisé depuis un hélicoptère pour pénétrer l'épaisse végétation. C'est une façon de voir "à  travers" la forêt  les choses invisibles à l’œil nu.

Le LiDAR a permis de produire une remarquable carte d'El Pilar, révélant une architecture Maya non visible ainsi que d'autres éléments de constructions.

Ce nouvel ensemble de structures, cependant, est quelque chose de nouveau. Il a été qualifié de "Citadelle", en raison de sa localisation, au sommet d'une crête, et de ce qui ressemble à des fortifications. Il contient des terrasses concentriques ainsi que quatre "temples", chacun haut de trois à quatre mètres.

Image LiDAR montrant la zone centrale d'El Pilar (tout à droite la "Citadelle). Image: BRASS/El Pilar

Contrairement aux autres ensembles de structures, cela semble, par son emplacement, avoir été isolé du reste d'El Pilar. "Le complexe s'étire du sud vers le nord sur presque un kilomètre de terrain (...)" ajoute Ford, "cet énorme complexe est un mystère. Quelle est son origine ? Quand a-t-il été construit ? Comment était-il utilisé ? Pourquoi était-il isolé ?"


Un retour sur le terrain pour trouver des réponses.

Dans sa quête de réponses, Ford retournera sur le site cette année, cette fois pour faire des fouilles et vérifications sur le terrain. Cela comprendra des fouilles préliminaires pour rassembler des informations sur la nature et l'utilisation des constructions et des terrasses.
"Beaucoup de questionnements peuvent être résolu dans le contexte en identifiant les dates de construction" dit Ford, "mais cela requiert l'identification  des étapes de la construction, le rassemblement d'artéfacts en céramique pour diagnostic contextuel, et des datations d'échantillons au carbone 14".

Ford suppose que la Citadelle, si c'est un site de la période Classique, a pu être construite et utilisée pour des objectifs séparés du site El Pilar non loin de là. Mais elle suggère deux autres possibilités: cela peut être un site plus ancien, Préclassique (antérieur à 250 avant l'Ere Commune), avant que l'organisation des constructions sur des places ne devienne un standard au cours de la période Classique.
Ou bien, il peut s'agir d'une construction plus tardive, de la période Postclassique (après 1200 de l'Ere Commune) lorsque les positions défensives étaient habituelles.

Cela pourrait expliquer l'importance des terrasses et la hauteur, sur une crête. "Ces hypothèses peuvent être testées en une seule saison de fouilles et nous pourrons avoir l'essentiel des datations. La fonction du site et de ses terrasses et temples associés ne pourra pas être clarifiée en une seule saison; cependant, il ne fait aucun doute que nous aurons une meilleur compréhension du site après ces investigations," estime Ford.

Réparti sur une ligne imaginaire entre l'ouest du Belize et le nord-est du Guatemala, El Pilar est considéré comme étant le plus grand site dans la région de la rivière Belize, avec plus de 25 places et des centaines d'autres structures, le tout couvrant environ 48 hectares.

Les constructions monumentales à El Pilar ont commencé au Préclassique Moyen, aux alentours de 800 avant l'Ere Commune, et à son apogée, des siècles plus tard, la cité comptait plus de 20,000 habitants.

Comme ci-dessus, la plupart des structures d'El Pilar sont restées en l'état; c'est une stratégie pour conserver ses restes. Photo: BRASS/El Pilar Program 

Ford, qui est directrice du programme Brass/El Pilar au Centre de Recherche Mésoaméricain de l'Université de Californie, Santa Barbara, a choisi une approche non invasive pour étudier le site. La plupart des structures d'El Pilar sont ainsi restées en l'état.

Relecture par Marion Juglin
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10.23.2014

Deux cités Mayas découvertes dans la jungle Mexicaine

Une équipe d'archéologues slovaques a découvert deux cités Mayas dans les jungles du Mexique.

Les deux cités, Tamchén et Lagunita, se situent dans la Réserve de Biosphère de Calakmul. C'est la plus grande réserve de forêt tropicale au Mexique et c'est aussi là où se situent de nombreuses ruines et sites archéologiques Mayas.

Un portail en pierre zoomorphe trouvé sur le site redécouvert de lagunita (source photo: Research Center of the Slovenian Academy of Sciences and Arts)   

La jungle dans cette région est particulièrement dense et difficile à traverser; les chercheurs ont donc fait des relevés aériens, utilisé des guides locaux et la géodésie pour localiser les ruines des cités.

En réalité, Lagunita avait déjà été découverte par des chercheurs auparavant. En 1970, un Américain, Eric von Euw, avait visité le site et dessiné certains de ses éléments. Mais il n'avait jamais publié ses travaux, ni noté l'emplacement du site. Ses documents sont aujourd'hui au Peabody Museum of Archaeology and Ethnology à Harvard.

"Nous avons trouvé le site grâce aux photographies aériennes" explique Ivan Šprajc, "mais nous n'avons identifié Lagunita seulement lorsque nous avons vu les façades des monuments et que nous les avons comparées avec les dessins de Von Euw, que l'expert renommé en culture Maya, Karl Herbert Mayer, nous avait mis à disposition".

Ivan Šprajc, directeur de l'équipe slovaque, avait découvert une autre cité Maya dans la même région l'année passée.

Tamchén et Lagunita sont deux grands sites, avec des temples en forme de pyramide, des stèles,  des places et d'autres structures.

Modèle 3D de Tamchén, vers le Nord (Aleš Marsetič / source photo: Research Center of the Slovenian Academy of Sciences and Arts)

Le nom de "Lagunita" avait été donné au site par Von Euw. Le nom du second site, Tamchén, signifie "puits profond" dans le dialecte local, et fait références aux plus de 30 chultuns (de larges trous, comme des puits, en forme de bouteille, utilisés pour collecter les eaux de pluie) trouvés dans la cité.

Tamchén était probablement plus ancienne que Lagunita, avec des caractéristiques indiquant qu'elle a dû être construite vers 250 après JC.

Comme d'autres sites dans la région, ces deux cités ont été abandonnées aux alentours de 1000 après JC, pour des raisons que les archéologues essayent toujours de comprendre.

Relecture par Marion Juglin

Sources: 



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8.22.2014

D'anciennes sculptures et des autels Mayas découverts au Guatemala

Une équipe d'archéologues au Guatemala a découvert une maison du conseil vieille de 700 ans, avec des autels, des brûleurs d'encens et des images sculptées d'animaux .

Située sur le site de Nixtun-Ch'ich' dans le Petén, la maison a "deux salles à colonnades construites côte à côte. Les salles étaient décorées d'images sculptées de "reptile", perroquet et tortue," écrit Timothy Pugh, professeur au Queens College in New York.

Le brûleur d'encens, montrant la tête d'Itzamna, chaman des dieux Mayas. Credit: Photo by Don Rice
 

Un groupe Maya, appelé Chakan Itza, aurait utilisé cette maison du conseil comme lieu pour tenir des réunions, des cultes aux dieux, faire des alliances et officier des cérémonies de mariage.

"Fondamentalement, presque tous les évènements religieux et politiques devaient avoir lieu en cet endroit" ajoute Pugh.

Les dirigeants qui se rassemblaient ici devaient exercer un pouvoir dans la communauté et peut-être dans la région. Parmi les artéfacts, il y a un brûleur d'encens montrant la tête d'Itzamna qui était le "chaman des dieux" selon Pugh.

 Les sculptures de reptile et de perroquet ornaient autrefois les murs du couloir, alors qu'une tortue sculptée ornait deux autels. Parmi les brûleurs d'encens, certains semblent avoir une forme de plant de Ceiba, qui avait une grande importance aux yeux des Mayas; et aujourd'hui encore il s'agit de l'arbre national du Guatemala.


Le centre de la communauté.

La maison du conseil de Nixtun-Ch'ich' fait environ 50m sur 50m et devait faire parti d'une colonie florissante.

 Les expéditions précédentes d'archéologues avaient trouvé un énorme terrain de jeu de balle sur le site, le second plus grand du monde Maya. Le plus grand est celui de Chichen Itza, une cité depuis laquelle on pense que les ancêtres des Chaken Itza avaient migré.

La maison du conseil semble avoir été utilisée entre 1300 et 1500 après JC, et probablement encore quelques temps après.

La maison du conseil Maya avait deux autels, chacun d'entre eux avait à l'origine une tortue sculptée dessus. Credit: Photo by Timothy Pugh

Selon Pugh, vers cette époque, les Chakan Itza ont décidé de détruire la maison du conseil et ont déplacé le siège du pouvoir; chose qu'ils semblaient faire régulièrement.
"Les Mayas accordaient une grande attention au temps et aux calendriers" ajoute le professeur, "après un certain cycle de temps, ils déplaçaient le siège du pouvoir dans un nouvel emplacement." Afin de détruire la maison du conseil, "ils ont mené un rituel qui effaçait le pouvoir de cet espace. Ils ont détruit les autels et recouvert le bâtiment" avec une grande quantité de boue.


Un héritage vivant.

Les espagnols ont conquis la région de Petén au Guatemale à la fin du 17ème siècle. Le peuple Itza a subi de nombreuses pertes suite à la conquête et aux maladies européennes contre lesquelles ils n'étaient pas immunisés.

Cependant, les Itza, ainsi que d'autre peuples Mayas, ont persisté et continuent de vivre aujourd'hui.
De nombreux Itza parlent espagnol, bien que la langue Itza soit encore parlée par un petit nombre d'individus.


Source:

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