5.14.2015

Angleterre: le premier cercle de pierres à être découvert dans le Dartmoor depuis plus de 100 ans

Le plus haut cercle de pierres dans le sud de l'Angleterre a été découvert sur une partie des landes ayant subit des intempéries dans le Devon.
Situé à 525 mètres au-dessus du niveau de la mer, l'ancien site est le premier cercle de pierres à être trouvé dans le Dartmoor depuis plus d'un siècle.

Le cercle de pierre offre une excellente occasion d'appliquer des méthodes scientifiques modernes à un cercle non examiné précédemment. Photo: parc national de Dartmoor

Le cercle est le second plus grand des landes et les archéologues pensent qu'il faisait probablement partie d'un "arc sacré" de cercles autour de la lisière nord-est.

Sa découverte ajoute du poids à la théorie selon laquelle il y avait une sorte de planification et de liaison entre les communautés vivants dans le Dartmoor à la fin du Néolithique et début de l'Âge du Bronze, il y a 4000 à 5000 ans.

Beaucoup de cercles de pierres ont été sondés à l'époque Victorienne et avant, aussi, il s'agit cette fois d'une opportunité: appliquer des méthodes scientifiques modernes sur un site jamais étudié jusqu'à présent.

Jane Marchand, archéologue au parc national de Dartmoor explique que "la découverte nous donne l'occasion d'étudier avec les dernières méthodes archéologiques scientifiques afin d'apporter des indications très attendues dans la chronologie, la construction et le but de ces monuments préhistoriques du Dartmoor emblématiques et insaisissables."

   Guardian graphic.  Source: Dartmoorwalks.org

Avec un diamètre de 34 mètres, le cercle se compose de 30 pierres couchées, et une autre couchée dans un fossé à l'extérieur du cercle (elle est aujourd'hui incorporée à un mur d'enceinte non terminé).

Les pierres proviennent probablement du site Sittaford Tor à proximité et sont d'une taille assez uniforme ce qui suggère qu'elles ont été choisies avec soin. Les pierres de remblais visibles autour des bases de certaines d'entre elles indiquent qu'elles étaient dressées à l'origine.

Lorsqu'il était debout, le cercle devait être impressionnant, dominant le paysage environnant et ressemblant en apparence au double cercle de pierres Grey Wethers qui se situe à environ 800 mètres près de la forêt Fernworthy.

Les premières pierres ont été identifiées par l'expert de Dartmoor et artiste vitrailliste Alan Endacott il y a quelques années.

La première étape de l'exploration archéologique vient juste d'être terminée. Selon Marchand: "certaines datations préliminaires au radiocarbone ont déjà été faites sur des échantillons de terre provenant directement de sous deux pierres. Ce sont les premières déterminations au radiocarbone sur un cercle de pierres du Dartmoor. Les dates trouvées sont très similaires: la fin du troisième millénaire avant JC (il y a 4000 ans)."

Cela indique la date à laquelle les pierres sont tombées. Bien que les conclusions des relevés géophysiques ne soient pas encore parvenus, les résultats préliminaires ont révélé un large fossé linéaire juste à l'extérieur du cercle côté est.

Une étude plus approfondie est prévue cet été...


Source:

The Guardian: "Highest stone circle in southern England found on Dartmoor"



5.11.2015

Le changement climatique et la croissance de la population auraient contribué au déclin de l'Empire Assyrien

Des éléments archéologiques, historiques et paléoclimatiques suggèrent que des facteurs climatiques et la croissance de la population ont contribué à l'effondrement de l'Empire Assyrien, ainsi que les guerres civiles et les troubles politiques.

C'est ce que déclarent Adam Schneider, de l'Université de Californie-San Diego, et Selim Adali du Centre de Recherche pour les Civilisations Anatoliennes en Turquie, dans un rapport publié dans le journal Climatic Change.



Le déclin, un mystère...

Au 9ème siècle avant JC, l'Empire Assyrien (au nord de l'Irak actuel) avait commencé à s'étendre dans la plus grande partie du Proche Orient.
Il atteint son apogée au début du 7ème siècle avant JC, devenant le plus grand empire du Proche Orient à cette époque.

Le rapide déclin qui s'en est suivi à la fin du 7ème siècle avant JC a déconcerté les spécialistes jusqu'à aujourd'hui.

La plupart l’attribuait aux guerres civiles, à des troubles politiques et à la destruction de la capitale Assyrienne, Ninive, par une coalition de forces Babyloniennes et Mèdes en 612 avant JC.

Néanmoins, le mystère demeurait concernant l'état Assyrien, la superpuissance militaire de l'époque, qui succomba si soudainement et si rapidement.


Des conditions d'aridité et de croissance de la population

Schneider et Adali estiment que des facteurs comme l'augmentation de la population et des sécheresses ont aussi contribué à la chute de l'Empire Assyrien.

Des données paléoclimatiques montrent que le Proche Orient est devenu plus aride au cours de la fin de la moitié du 7ème siècle avant JC.
A cette époque, la région a aussi connu une hausse significative de la population lorsque les habitants des terres conquises y ont été réinstallés de force.

Les auteurs soutiennent que cela a considérablement réduit la capacité de l'état à faire face à une importante sécheresse comme celle qui a touché la région du Proche Orient en 657 avant JC.

Ils expliquent aussi qu'en 5 ans de sécheresse, la stabilité politique et économique de l'état Assyrien s'est érodé, engendrant une série de guerres civiles qui l'ont sérieusement affaibli. "Ce que nous proposons est que ces facteurs démographiques et climatiques ont joué un rôle, indirect soit, mais important dans la chute de l'Empire Assyrien" estime Schneider.


Source:

5.07.2015

Les gladiateurs Romains avaient un régime végétarien et buvaient un tonique à base de cendre

Les gladiateurs romains avaient un régime principalement végétarien et buvaient des cendres après leur entrainement comme tonique. C'est ce que révèle des investigations anthropologiques menées sur des ossements de guerriers trouvés au cours de fouilles dans l'ancienne cité d'Ephèse.

Des sources historiques rapportent que les gladiateurs avaient leur propre régime. Cela comprenait des haricots graines et des céréales. Les rapports contemporains se réfèrent à eux en parlant de "hordearii" ("mangeurs d'orge").

 Credit: OEAI, Pietsch

Dans une étude du Département de Médecine Légale du MedUni Vienna en coopération avec les Département d'Anthropologie de l'Insitut de Médecine Légale de l'Université de Berne, les ossements examinés proviennent d'un cimetière de gladiateurs découvert en 1993 et remontant au 2ème ou 3ème siècle avant JC, dans ce qui était alors la cité Romaine d'Ephèse (qui se situe aujourd'hui en Turquie).

A l'époque, Ephèse était la capitale de la province Romaine d'Asie et abritait plus de 200,000 habitants.

A l'aide de la spectroscopie, les ratios des isotopes stables (carbone, nitrogène et sulfure) ont été étudiés dans le collagène des os, ainsi que le rapport du strontium au calcium dans le minéral osseux.

Les résultats ont montré que les gladiateurs mangeaient végétarien la plupart du temps. Il n'y avait quasiment pas de différences, en termes de nutrition, avec la population locale.
Les repas se composaient avant tout de céréales et de collations sans viande. le mot "mangeur d'orge" fasait probablement référence au fait que les gladiateurs se voyaient attribuer des céréales de moindre qualité.


Des boissons de renforcement après l'effort physique.

La différence entre les gladiateurs et la population normale est particulièrement visible en termes de quantité de strontium mesuré dans leurs os. Cela mène à la conclusion que les gladiateurs avaient un apport plus élevé en minéraux à partir d'une source de calcium riche en strontium. La boisson de cendres citée dans la littérature devait donc probablement exister

"Les cendres de plantes ont été évidemment consommées pour fortifier leur corps après l'effort physique et pour permettre une meilleur cicatrisation osseuse" explique le chef de l'étude, Fabian Kanz, du Département de Médecine Légale du MedUni Vienna, "les choses étaient similaires à ce que nous faisons aujourd'hui: nous prenons du magnésium et et du calcium (sous forme de tablettes effervescentes, par exemple) après l'effort physique".

Un prochain projet de recherche doit s'intéresser à la migration des gladiateurs, qui provenaient souvent de différentes parties de l'Empire Romain pour aller à Ephèse.


Source:

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5.04.2015

Une hache en os découverte en Chine

Des chercheurs ont identifiés le premier exemple d'un os, non une pierre, qui a servi à faire une hache par d'anciens artisans d'Asie Orientale.

Les fabricants de l'outil incurvé l'ont probablement utilisé pour déterrer des racines comestibles dans une partie du sud de la Chine où la végétation était dense il y a environ 170,000 ans, rapporte le paléontologue Guangbiao Wei, du Musée des Trois Gorges à Chongqing, et ses collègues.

Cette hache longue de 24 centimètres, vue sous trois angles différentes, est la plus ancienne hache osseuse connue de l'Asie orientale. Les anciens hommes ont utilisé une partie d'une mâchoire de stégodon pour faire cet outil vieux de 170 000 ans.

Une partie de la mâchoire inférieure d'un stégodon, un pachyderme aujourd'hui disparu, a fourni la matière première pour l'outil.

La mâchoire comprends un large et épais morceau d'os incurvé avec une échancrure pour une bonne prise en main sur sa partie intérieure, rapportent les scientifiques.

Les fouilles d'une grotte chinoise en 2002 avaient mis au jour cette hache, ainsi que des ossements de stégodons et d'autres grands animaux.

Jusqu'à présent, l'âge de l'artéfact était inconnu. l'équipe de Wei a pu dater l'objet en mesurant le taux de désintégration des formes d'uranium et de thorium dans l'os fossilisé.

Les haches en os sont rares, même hors de l'Asie du l'Est. Seule une poignée de ces outils ont été trouvés en Afrique, Europe et Asie de l'Ouest. Ils étaient faits  à partir d'os des membres, des côtes et des défenses d'animaux comme les mammouths.

Les haches en pierre, qui se préservent beaucoup mieux que les objets en os, sont beaucoup plus nombreuses et remontent à 800,000 ans dans le sud de la Chine.


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4.30.2015

La civilisation de l'Île de Pâques n'aurait pas connu un simple effondrement

Les scientifiques semblent s'approcher un peu plus près de la vérité concernant ce qui est arrivé aux habitants de l'Ile de Pâques, dans le sud-est du Pacifique.

Jusqu'ici, des chercheurs ont théorisé qu'une civilisation entière (les Rapa Nui) s'est effondrée soit en raison d'une forte augmentation de la population, soit d'une mauvaise gestion des terres, soit du rat polynésien, ou encore en raison d'une combinaison de ces trois éléments.

D'autres chercheurs ont fait remarquer que la population a pu aussi être décimée par la variole, la syphilis et la tuberculose introduites pas les européens au 18ème siècle.

Les mystérieuses statues Moaï érigées par les Rapa Nui de la préhistoire sur l'ïle de Pâques. Gallor Doval, Wikimedia Commons.

Mais, d'après Christopher Stevenson, de la Virginia Commonwealth University, et ses collègues, ce qui s'est passé pourrait être encore plus complexe et subtil. Ils suggèrent que "le concept "d'effondrement" est une caractérisation trompeuse des dynamiques de la population préhistorique" sur l'île.

Ils ont analysé un outil d'obsidienne et des échantillons d'éclats d'artéfacts provenant de sites situés dans des zones distinctes de l'île. Ils ont ensuite reconstruit une chronologie reflétant l'utilisation des terres de la région en tenant compte des variations pluviométriques et de la qualité du sol dans les zones d'habitat des Rapa Nui.

"Nous avons distingué des utilisation des terres différentes selon les régions, dans six zones Rapa Nui. Nous nous sommes concentrés sur trois d'entre elles pour lesquelles nous avions l'information sur le climat, les sols et l'utilisation des terres d'après de nombreuses datations par hydratation de l'obsidienne" ont écrit Stevenson et son équipe.

Globalement, les résultats indiquent, avant le contact de la population avec les européens, un déclin de la productivité dans certaines zones à proximité du littoral et de la montagne, et des hausses et baisses post-contact dans d'autres zones.

Les résultats, d'après leur étude, "plaident contre la notion d'un effondrement de toute l'ile avant contact, mais il y a bien eu un déclin de l'utilisation des terres qui fut probablement associé à un déclin de la production de nourriture".

Un jardin de pierres Rapa Nui Rock, avec le volcan Poike en arrière plan. Image courtesy of Christopher M. Stevenson.

Les Rapa Nui sont un peuple Polynésien qui représente actuellement 60% de la population de l'île de Pâques.
Leurs ancêtres préhistoriques auraient habité l'île entre 300 et 1200 de l'Ere Commune. De nombreux chercheurs suggèrent que les Rapa Nui ont eu d'anciens contacts avec l'Amérique du Sud entre 1200 et 1300 de l'Ere Commune, d'après la présence de la patate douce et de la calebasse sur l'île.

Jacon Roggeveen, un ancien explorateur Hollandais du 18ème siècle, fut le premier Européen à entrer en contact avec les Rapa Nui lorsqu'il arriva sur l'île le 5 Avril 1722.

Relecture par Marion Juglin
Source:

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4.27.2015

Teotihuacan: du mercure liquide découvert sous la pyramide du serpent à plumes


J'ai déjà publié plusieurs articles depuis la découverte sur ce qui se passe à Teotihuacan: tout d'abord en 2011, on découvrait un tunnel sous la pyramide du serpent à plumes, puis en 2013 un mini-robot trouvait des chambres sous la pyramide, et, quelques semaines plus tard de mystérieuses sphères étaient découvertes dans le tunnel... Du coup l'année dernière, on se demandait s'il n'y avait pas d'anciennes tombes à découvrir...

Et bien ce n'est pas encore le cas, mais il se pourrait que l'on s'en rapproche. En effet, le chercheur mexicain Sergio Gómez a annoncé la découverte de "grandes quantités" de mercure liquide dans une chambre sous la Pyramide du Serpent à Plumes, la troisième plus grande pyramide de Teotihuacan, la fameuse cité en ruines dans le centre du Mexique.

Image montrant le tunnel qui menerait à une tombe royale. National Institute of Anthropology and History handout file picture. (Reuters)


Gómez a passé six ans à fouiller minutieusement le tunnel, qui a été rouvert après 1800 ans. En novembre 2014, il annonçait avec son équipe la découverte de trois chambres au bout de 91 mètres de tunnel, à presque 20 mètres sous le temple.

Près de l'entrée des chambres, ils avaient trouvé un trésor d'objets singuliers: des statues en jade, les restes d'un jaguar, une boite remplie de coquillages sculptés et de balles en caoutchouc.

Après avoir avancé lentement, au fur et à mesure de leurs fouilles, dans les profondeurs du corridor sous la pyramide, luttant contre l'humidité et, à présent, portant des vêtements de protection contre les dangers de l'empoisonnement au mercure, l'équipe de Gómez explore méticuleusement les trois chambres.

Le mercure est toxique et a des effets néfastes sur le corps humain en cas d'exposition prolongée. Le mercure liquide n'avait apparemment pas de but pratique pour les anciens Mésoaméricains, bien que l'on en ait découvert sur d'autres sites. Rosemary Joyce, professeur d'anthropologue à l'Université de Californie, Berkeley, rapporte que des archéologues ont découvert du mercure sur trois autres sites en Amérique Centrale.

Gómez suppose que le mercure pourrait être un signe que son équipe est tout proche de la découverte de la première tombe royale jamais trouvée à Teotihuacan après des décennies de fouilles et des siècles de mystère entourant ses dirigeants.

Le mercure a pu symboliser une rivière du monde souterrain ou un lac, pense Gómez; une idée partagée par Annabeth Headrick, professeur à l'Université de Denver et auteur de travaux sur l'art Teotihuacan et Mésoaméricain.
Les propriétés réfléchissante du mercure liquide ressemblait peut-être "à une rivière du monde souterrain un peu comme le Styx" a ajouté Headrick, "les miroirs étaient considérés comme une façon de voir le monde surnaturel, ils étaient un moyen de deviner ce qui arriverait dans le futur. Ce devait être une sorte de rivière, même si elle est assez spectaculaire."

 Les archéologues travaillant dans le tunnel. Photograph: Handout/Reuters

Les archéologues savent que la scintillation fascinait les peuples anciens en général, et que le mercure liquide a pu être considéré comme  "quelque chose de magique... pouvant servir à des fins rituelles ou symboliques" a ajouté Joyce.

Headrick précise que le mercure n'était pas le seul objet de fascination: "beaucoup d'objets rituels étaient fait avec du mica réfléchissant", un minéral brillant qui était importé dans la région.

En 2013, les archéologues avaient découvert des sphères métalliques qu'ils avaient surnommées "boules de disco" dans une portion du tunnel près de miroirs en pyrites. "J'aimerai pouvoir comprendre toutes les choses que ces gars ont trouvé là-bas" ajoute Headrick, "mais cela est unique, et c'est pourquoi c'est difficile".

L'eau aussi était précieuse pour beaucoup de mésoaméricains. Ils connaissaient les réseaux hydrauliques et lacs souterrains qui étaient accessibles par les grottes. Teotihuacan a eu aussi des sources, bien qu’asséchées aujourd'hui.

Joyce explique que les anciens mésoaméricains pouvaient produire du mercure liquide en chauffant le minerai de mercure, qu'on appelle cinabre, et qu'ils utilisaient aussi comme pigment rouge-sang.

Les Mayas utilisaient le cinabre pour décorer les objets en jade et les emblèmes de la royauté. Le peuple de Teotihuacan, pour lequel les archéologues ne se sont pas mis d'accord sur un nom, n'a pas laissé de restes royaux à étudier.

Ainsi, la découverte d'une tombe pourrait aider à résoudre l'énigme sur la façon dont Teotihuacan a été dirigée. La concentration d'artéfacts hors des chambres du tunnel pourrait être associée à un tombeau ou un ensemble de chambres rituelles.

Une tombe royale pourrait accréditer la théorie selon laquelle la cité, qui a prospéré entre 100 et 700 après JC, était dirigée par des dynasties comme les Mayas, avec cependant une autoglorification beaucoup moins prononcée.

Gomez espère que les fouilles des chambres seront terminées en octobre, et Headrick a ajouté que les archéologues sont entrain de considérer la cité sous de nouveaux angles. Certains essayent de déchiffrer les peintures et hiéroglyphes autour de la ville, d'autres essayent d'analyser ce qui pourrait être un système d'écriture sans verbe ni syntaxe.
De plus, il y a des milliers d'artéfacts, certains uniques et étranges, que Gomez et ses compagnons exhument de sous la pyramide.

"Tout cela reste un mystère" conclu Headrick

Relecture par Marion Juglin
Source:

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Une ancienne amulette avec un étrange palindrome découverte à Chypre

Une ancienne amulette a été découverte à Chypre; elle porte une inscription de 59 lettres qui peut se lire dans les deux sens.

Credit: Photo by Marcin Iwan, artifact from the excavations of Jagiellonian University in Krakow at Paphos Agora

Les archéologues ont découvert cette amulette, vieille d'environ 1500 ans, dans l'ancienne cité de Nea Paphos dans le sud-ouest de Chypre.

Un côté de l'amulette porte plusieurs images, dont une momie (qui semble représenter le dieu Egyptien Osiris) allongée sur un bateau et l'image d'Harpocrate, le dieu enfant, assis sur un tabouret et la main droite devant ses lèvres.

Curieusement, l'amulette montre aussi une créature mythique à tête de chien, un cynocéphale, tenant une patte devant ses lèvres, comme s'il mimait le geste d'Harpocrate.

Sur l'autre côté de l'amulette, il y a une inscription écrite en grec. Elle se lit dans les deux sens, ce qui en fait un palindrome:

ΙΑΕW 
ΒΑΦΡΕΝΕΜ 
ΟΥΝΟΘΙΛΑΡΙ 
ΚΝΙΦΙΑΕΥΕ 
ΑΙΦΙΝΚΙΡΑΛ 
ΙΘΟΝΥΟΜΕ 
ΝΕΡΦΑΒW 
ΕΑΙ 


Cela se traduit ainsi: "Iahweh (un dieu) est le porteur du nom secret, le lion de Ré en sécurité dans son sanctuaire".

Ce n'est pas la première fois que les chercheurs trouvent des palindromes dans les textes antiques.

Joachim Sliwa, professeur à l'Institut d'Archéologie à l'Université Jagiellonian à Cracovie en Pologne, a publié récemment un article dans la revue Studies in Ancient Art and Civilization.  
Sliwa fait remarquer que le scribe a fait deux petites erreurs en écrivant deux fois la lettre "ρ" au lieu de "v".

L'amulette a été découverte en été 2011 par les archéologues du projet Paphos Agora. Dirigée par le professeur Ewdoksia Papuci-Wladyka de l'Université Jagiellonian, l'équipe fouillait une ancienne agora (les agoras servaient de lieux de rassemblement dans le monde antique) à Nea Paphos lorsqu'elle a mis au jour cette amulette.
Les amulettes comme celle-ci étaient faites pour protéger leur porteur des dangers et préjudices.


Chrétiens et païens 

Au cours des 5ème et 6ème siècles, Chypre faisait partie de l'Empire Romain d'Orient. L'Empire Romain s'est scindé en deux au cours du 4ème siècle, et Chypre est tombée sous contrôle oriental.

Lorsque l'Empire Romain Occidental s'est effondré au cours du 5ème siècle, l'Empire Romain Oriental a continué de prospérer et est devenu ce que l'on appelle parfois l'Empire Byzantin.

Pendant le 5ème siècle, le Christianisme était la religion officielle de l'Empire Romain d'Orient, et, alors que le temps passait, les pratiques traditionnelles polythéistes (surnommées païennes) ont subi de strictes restrictions et interdictions. Cependant, certaines personnes continuaient de pratiquer les anciennes croyances, adorant les dieux traditionnels.

Cette amulette montre à l'évidence que les pratiques traditionnelles polythéistes ont persisté à Chypre sur une longue période de temps.

Papuci-Wladyka rapporte qu'une structure, appelée Villa de Thésée, a une mosaïque avec des éléments païens qui a probablement été réparée au 7ème siècle après JC. "Il semble plutôt que les religions chrétiennes et païennes ont coexisté à Paphos à l'époque où l'amulette était utilisée" suppose Papuci-Wladyka.

Credit: Photo by Marcin Iwan, artifact from the excavations of Jagiellonian University in Krakow at Paphos Agora

Une iconographie étrange.

Malgré cette coexistence, l'amulette comporte plusieurs caractéristiques qui suggèrent que son créateur ne comprenait pas totalement les personnages mythologiques dépeints. "Il faut dire que la représentation est assez inexpérimentée et schématique. C'est basé iconographiquement sur des sources égyptiennes, mais ces sources n'ont pas été entièrement comprises par le créateur de l'amulette" explique Sliwa.

Ainsi, plutôt que d'être assis sur un tabouret, Harpocrate devrait être assis sur une fleur de lotus. De plus, le cynocéphale ne devrait pas imiter Harpocrate. Dans "la version classique, le cynocéphale fait face à Harpocrate avec les pattes levées en adoration" écrit Sliwa,"nous n'avons pas trouvé de justification pour le geste du cynocéphale, levant sa patte droite devant ses lèvres d'une manière similaire à Harpocrate".

Encore plus étrange, le fait que Harpocrates et le cynocéphale aient des lignes croisées sur leur corps, ce qui suggèrent que l'artiste pensait que ces personnages devaient être momifiés comme Osiris....

Relecture par Marion Juglin
Source:

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