6.11.2015

Un cimetière vieux de 1700 ans mis au jour sur la Route de la Soie

Un cimetière vieux d'environ 1700 ans a été découvert le long de la Route de la Soie, un ensemble d'anciennes routes commerciales qui reliaient autrefois la Chine à l'Empire Romain.

Le cimetière a été découvert dans la ville de Kucha, dans le nord-ouest de la Chine moderne. Dix tombes ont été fouillées et sept d'entre elles étaient de grandes structures en briques.

Une partir du cimetière face au nord. Credit: Chinese Cultural Relics

Une des tombes, surnommée "M3", contenait des gravures de plusieurs créatures mythiques, dont quatre représentant les différentes saisons et les différentes parties des cieux: le Tigre Blanc de l'Ouest, l'Oiseau Vermillon du Sud, la Tortue Noire du Nord et le Dragon Azur de l'Est.

La tombe "M3" est "un tertre funéraire avec une rampe, une porte scellée, une entrée, des cloisons, un passage, une chambre funéraire et une chambre annexe" écrivent les chercheurs dans un rapport.

Le cimetière avait été découvert en juillet 2007 et fouillé par l'institut d'archéologie et des reliques culturelle de Xinjiang, avec l'assistance de autorités locales.


Qui a été enterré ici ?

L'identité des gens enterrés dans le cimetière est un mystère. Il a été pillé dans le passé et aucun écrit, pouvant donné des indications sur les noms ou la position sociale des défunts, n'a été trouvé.

Les sept grandes tombes en briques semblent avoir été construites pour des gens aisés. Mais, lorsque les restes des squelettes ont été analysés, les chercheurs ont découvert que les tombes avaient été réutilisées plusieurs fois. Certaines des tombes contiennent plus de 10 occupants, et "le nombre répétés d'inhumation demande une étude plus approfondie" écrivent les chercheurs.


Une ville sur la Route de la Soie.

Les chercheurs pensent que le cimetière a environ 1700 ans, une période où Kucha était vitale dans le contrôle des frontières occidentales de la Chine.
Comme les routes commerciales de la Route de la Soie passaient par ces frontières occidentales, le contrôle de cette région clé était important pour les dirigeants chinois.

"Dans les temps anciens, Kucha était appelé Qiuci dans la littérature chinoise. C'était une cité-état puissante dans l'oasis des frontières de l'ouest" selon les chercheurs.

Pour les dynasties qui ont prospéré en Chine il y a 1700 ans "la conquête et la gouvernance efficace de Kucha leur permettait de contrôler toutes les oasis de cité-états des frontières de l'ouest".
En fait, un ancien dicton dit ceci: "Si tu as Kucha, seulement un pour cent des états dans les frontières occidentales restent insoumis".

Source:

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6.10.2015

La mission archéologique franco-marocaine d’Igîlîz reçoit le Grand Prix d’Archéologie 2015


La Fondation Simone et Cino del Duca, créée en 1975,  œuvre en France et à l’étranger dans le domaine des arts, des lettres et des sciences par le moyen de subventions et de Prix attribués chaque année sur proposition des Académies.

Ainsi, cette année, Le Grand Prix d’Archéologie 2015 a été décerné à la mission archéologique franco-marocaine d’Igîlîz (Maroc), dirigée par Jean-Pierre Van Staëvel (Orient et Méditerranée, textes - archéologie – histoire, UMR8167, CNRS / Université Paris-Sorbonne Paris IV / Université Panthéon-Sorbonne Paris 1, École Pratique des Hautes Études / Collège de France), Ahmed S. Ettahiri (Institut National des Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine) et Abdallah Fili (Université d’El Jadida), pour l'ensemble des travaux réalisés sur le site d'Igîlîz (Maroc).

Vue générale des vestiges de l’ensemble résidentiel de la Mhadra (XIIe siècle).  Igîlîz, Jbel central. Source: Casa de Velazquez

Le site d'Igîlîz a été découvert en 2004 par A. Fili et J.-P. Van Staëvel. C'est un haut-lieu de l’histoire du Maroc médiéval. En 1120, un grand mouvement religieux et tribal y voit le jour: la réforme Almohade. La révolte embrasera tout le sud du pays et aboutira à la constitution de l'Empire Almohade, le plus grand qu'ait connu le Maghreb.

La mission archéologique a ainsi cherché à étudier les débuts du mouvement almohade sur la montagne d'Igîlîz.

Les fouilles faites en 2009 ont mis au jour un grand ensemble architectural avec, au sein d'un puissant système défensif, une résidence d'aristocrate, deux mosquées, des lieux de pèlerinage et plusieurs quartiers d'habitation.

Leur étude, a permis de mieux comprendre le quotidien des dévots, paysans et guerriers au XIIème siècle.


Le programme archéologique La montagne d’Igîlîz

Depuis 2009, il est mené dans un cadre coopératif franco-marocain, sous les tutelles de la Casa de Velázquez à Madrid et de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine à Rabat.

Il bénéficie d’une allocation du Ministère des Affaires Étrangères et Européennes, ainsi que de financements des laboratoires de recherche suivants:
  • Orient et Méditerranée (UMR 8167, CNRS / Université Paris-Sorbonne Paris IV / Université Panthéon-Sorbonne Paris 1, École Pratique des Hautes Études / Collège de France),  
  • Archéozoologie, archéobotanique : Sociétés, pratiques et environnements (UMR 7209, CNRS / MNHN) 
  • Histoire, Archéologie, Littératures des mondes chrétiens et musulmans médiévaux (UMR 5648, CNRS / Université Lyon 2 / EHESS / ENS de Lyon / Université d’Avignon et des pays du Vaucluse / Université Jean Moulin Lyon 3). 

Le programme est aussi étroitement associé aux activités scientifiques du Laboratoire d’excellence Religions et Sociétés dans le Monde Méditerranéen (Labex RESMED), de l’Université Chouaib Doukkali à El Jadida, du Centre Jacques Berque à Rabat et de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP).

Source:

Plus d'informations sur la mission archéologique:

6.08.2015

Une ancienne épée indienne magistralement conçue

Credit: Dr. Alan Williams/Wallace Collection

La maitrise de l'artisanat des épées indiennes a été mise en évidence par les scientifiques et conservateurs d'Italie et de Grande-Bretagne.
Ils ont étudié une épée courbe à un seul tranchant que l'on appelle "shamshir".

L'étude, menée par Eliza Barzagli de l'Institut des Systèmes Complexes et l'Université de Florence en Italie, a été publié dans le journal Springer: "Applied Physics A - Materials Science & Processing. The 75-centimeter-longe sword from the Wallace Collection in London was made in India in the late eighteenth or early nineteenth century."

La conception, d'origine Perse, s'est répandue à travers l'Asie et a probablement donné naissance à une famille d'armes similaires appelées cimeterres. Ils étaient forgés dans plusieurs régions de l'Asie du Sud-Est.

Deux différentes approches ont été utilisées pour examiner le shamshir: l'une classique (la métallographie) et une autre technique non-destructrice (la diffraction de neutrons). Cela a permis aux chercheurs de tester les différences et complémentarités de ces deux techniques.

L'épée en question a d'abord subie les tests métallographiques dans les laboratoires du musée londonien Wallace Collection afin de déterminer sa composition. Les échantillons pour le microscope ont été prélevés sur les sections déjà endommagées de l'arme.

L'épée a ensuite été envoyée au Rutherford Appleton Laboratory (RAL) à la source de neutrons pulsés et de muons ISIS (cela permet aux scientifiques d'étudier la matière à l'échelle atomique.).

Deux techniques non-invasives de diffraction de neutron ont été utilisées afin d'en apprendre plus sur les procédés et matériaux utilisés pour la fabrication de l'arme.

"Les anciens objets sont rares, et les plus intéressants sont habituellement dans un excellent état de conservation. Comme il est impossible d'utiliser une approche destructrice, la technique de diffraction de neutron est une solution idéale pour étudier les spécimens archéologiques faits en métal." rapporte Barzagli

Il a ainsi été établi que l'acier utilisé était pur. Sa haute teneur en carbone, d'au moins un pour cent, montre que la lame a été faite en wootz, un acier indien autrefois utilisé pour la fabrication de lames de sabre.
Ce type d'acier au creuset était utilisé historiquement en Inde et en Asie Centrale pour faire des épées de grandes qualités et d'autres objets prestigieux.

Son style en forme de bande est dû à un mélange de fer et de carbone cristallisant en cémentite. Cela s'est formé lorsque les artisans ont rafraichi les pièces en métal très lentement avant de les forger délicatement à de basses températures.

L'équipe de Barzagli estime que les artisans de cette épée particulière ont refroidi la lame à l'air libre plutôt que de la plonger dans un liquide.

Les résultats expliquant la composition de l'objet ont mené l'équipe à supposer que l'épée a probablement était utilisée pour le combat.

Les artisans amélioraient souvent la technique de "soie moirée" du wootz en faisant des micro-gravures sur la surface.

Barzagli explique qu'à cause du sur-nettoyage, certaines des surfaces moirées ont été assombries ou complètement enlevées: "une méthode non invasive permet d'identifier lesquelles de ces surfaces brillantes sont en wootz et donc de les traiter de façon appropriée"


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6.06.2015

Un immense bassin Romain découvert à Rome

Des archéologues italiens ont mis au jour le plus grand bassin Romain jamais trouvé, en plein cœur de Rome.

Découvert à 20 mètres de la basilique Saint-Jean-de-Latran, lors de travaux pour le nouveau métro, l'immense bassin mesure 35 mètres sur 70 mètres. "C'est tellement grand que cela va au-delà du périmètre de la zone de travaux consacrée au métro" rapporte Rossella Rea, directrice des fouilles.


Le bassin découvert lors de la construction de la ligne C du métro.  Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

Rea, qui dirige une équipe d'archéologues entièrement féminine, a noté que le bassin avait été doublé avec du plâtre hydraulique et qu'il s'étend probablement au-delà du site vers les anciens murs de la ville.

"D'après la taille que nous avons pu déterminer jusqu'à présent, il pouvait contenir plus de 4 millions de litres d'eau" ajoute Rea.

Dans cette reconstruction numérique, la taille du bassin est impressionnante. Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

Ce bassin massif faisait partie d'une ferme datant du troisième siècle avant JC.
Au premier siècle après JC, le bassin a été ajouté à des structures existantes, comme des roues à aubes, utilisées pour distribuer l'eau dans des canaux. "Il est fort probable qu'il servait de réservoir d'eau pour l'agriculture et en même temps pour faire face aux débordements occasionnels de la rivière à proximité" suppose Rea

 Une route menant à la ferme. Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

 L'emplacement exact où se trouvait une roue à aubes. Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

 Les amphores recyclées en conduite d'eau. Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

Elle pense que le bassin s'étendait vers l'autre ligne de métro actuellement existante (ligne A), bien qu'une grande partie de la structure ait certainement été détruite.

Les fouilles, menées par les archéologues Francesca Montella et Simona Morretta, ont aussi révélé divers objets liés à l'agriculture, comme une fourche en fer à trois branches et des restes de paniers de stockage faits en branches de saule tressées.

 La fourche qui a été découverte. Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

Des amphores alignées, avec leurs fonds coupés, avaient été recyclées en conduites d'eau.
Des tuiles usagées avaient aussi été utilisées pour faire les canaux. Des initiales encerclées, "TL", étaient inscrites dessus; cela indique que la ferme appartenait à un seul propriétaire.

Des noyaux de pêche montrent que la plante vedette cultivée était le pêcher, importé du Moyen Orient.

La ferme a été arrêtée à la fin du premier siècle après JC, et ses structures, comprenant le bassin, avaient été démolies et enterrées.

Certaines des découvertes seront exposées dans la station de métro St John et d'autres artéfacts iront dans les musées de la ville.

Relecture par Marion Juglin
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6.04.2015

Une ancienne technique sibérienne de chirurgie du cerveau recréée par des scientifiques

Des scientifiques ont révélé les détails sur les techniques de chirurgie du cerveau utilisées par les anciens sibériens il y a 2300 ans.

Des neurochirurgiens ont travaillé avec des anthropologues et archéologues l'année dernière suite à la découverte de trous dans les crânes de trois ensembles de restes humains dans les montagnes de l'Altaï.

Vue générale des traces de trépanation sur le crâne mâle Bike-III. Photo: Aleksei Krivoshapkin

Ces caractéristiques suggèrent que ce sont des exemples de trépanation, la plus ancienne forme de neurochirurgie. On suppose que les anciens nomades avaient appris ces techniques délicates dans d'anciens centres médicaux, ou bien les ont découvertes en même temps que d'éminents médecins en Grèce et au Moyen Orient.

Après une série de tests pour récréer ces anciennes techniques de chirurgie, les experts en ont appris d'avantage sur la méthode et ont finalement compris comment ces anciens médecins effectuaient leur travail.

Parmi les découvertes faites par l'Institut d'Archéologie et d'Ethnographie dans la branche sibérienne de l'Académie des Sciences Russe, il apparait que les chirurgiens étaient très habiles dans les opérations menées avec un seul outil primitif de curetage sur le crâne.

De plus, il était clair que les anciens médecins adhéraient au Corpus hippocratique.

D'après Aleksei Krivoshapkin, chirurgien de Novosibirsk qui a examiné les crânes: "Honnêtement, je suis impressionné. Nous pensons maintenant qu'à l'époque d'Hippocrate, les habitants de l'Altaï étaient capables de faire un diagnostic précis et de mener des trépanations et autres chirurgies du cerveau."

Les crânes appartenaient à deux hommes et une femme et ont été trouvés dans les montagnes de l'AltaÏ. Ils remontent de 2300 à 2500 ans.

 Vue générale des traces de trépanation sur le crâne mâle Kyzyl-Dzar-5. Photo: Aleksei Krivoshapkin

Leur analyse, l'année dernière, a montré que l'un des hommes, âgé de 40 à 45 ans, avait souffert d'un traumatisme crânien et avait développé un caillot de sang qui devait lui donner des maux de tête, des nausées et des problèmes de coordination de ses mouvements.

On suppose que la trépanation avait été faite pour enlever l'hématome. Le fait que les os aient continué à grandir indique que l'homme avait survécu à l'opération et vécu des années après celle-ci.

Le deuxième homme n'avait pas de traces visibles de traumatisme , mais il semblait avoir une déformation crânienne congénitale que les anciens chirurgiens avaient essayé de guérir.

Dans les deux cas, un trou relativement petit a été fait dans le crâne pour permettre aux chirurgiens d'accéder au cerveau à partir d'une zone où les dommages aux articulations et à la membrane étaient minimisés

Et, alors que la technique et les instruments utilisés ont pu varier de ceux recommandés dans la Grèce antique, il est clair que l'attention portée au patient et la localisation du trou montraient des considérations éthiques similaires.


Les restes ont d'abord été analysés au microscope à l'Institut d'Archéologie et d'Ethnographie afin de trouver des marques indiquant qu'il y avait eu une opération chirurgicale. Aucune trace de la façon dont les médecins avaient enlevé la peau n'a été trouvée, et, d'après le bon état de préservation des crânes, on peut supposer que cela avait été fait avec une grande précision.

Ils ont découvert que la trépanation avait été faite en deux étapes. Tout d'abord, un outil tranchant a été utilisé pour enlever la première couche à la surface de l'os, délicatement, sans perforer le crâne. Ensuite avec des mouvements brefs et répétés, un trou a été découpé dans le crâne.

D'après le Professeur Krivoshapkin: "les trois trépanations ont été effectuées par curetage. D'après les traces sur la surface des crânes étudiés, on peut voir la séquence d'action des chirurgiens pendant les opérations. On voit clairement que les anciens chirurgiens étaient très précis et sûrs de leurs gestes, car il n'y a aucune trace de "dérapage"."

Les archéologues n'ont pas encore mis au jour d'outils médicaux spécifiques, mais, dans presque toutes les tombes de cette époque, selon le statut social, des couteaux en bronze ont été trouvés. 

L'examen des crânes a montré qu'un seul outil a été utilisé et l'on suppose qu'il puisse s'agir d'un couteau en bronze. Le professeur Krivoshapkin a essayé d'utiliser une lame typique de la culture Tagar, empruntée au musée de Minusinsk, sur un crâne, mais cela s'est révélé inadapté à la chirurgie.

Une réplique d'un couteau en bronze de l'époque a été faite avec des éléments modernes par l'archéologue Andrei Borodovsky, docteur des sciences historiques à l'Institut: "j'ai choisi un alliage de laiton en cuivre, étain et zinc après l'échec avec le couteau de Tagarsky, qui s'était révélé trop mou pour une chirurgie de ce type. La lame a parfaitement tournoyé. Notre copie moderne en alliage de laiton a parfaitement fonctionné. Je pense qu'il est important de se rappeler qu'ici, au 5ème siècle avant JC, l'Altaï était un grand centre de production de découpe d'ossements. Les gens étaient très habiles dans la fabrication d'objets en os d'animaux. En travaillant les os d'animaux, ils ont compris les bases pour le travail d'un tel matériau, et plus tard, cela les a aidé à réaliser des opérations de chirurgie complexes."

La réplique du couteau faite par Andrey Borodovsky. Photo: Andrey Borodovsky, Tatyana Chikisheva

L'étape finale de la recherche consistait à recréer la procédure chirurgicale sur un crâne moderne.
En copiant les mêmes techniques supposées avoir été utilisées par les chirurgiens de l'Altaï, le professeur Krivoshapkin a mis 28 minutes à réaliser la tâche.

Bien qu'il ait dit que cela demande "un effort considérable", le trou dans le crâne était parfaitement ressemblant à ceux des anciens patients.

 Crâne moderne après "l'opération" menée par Alexei Krivoshapkin en copiant les anciennes techniques. Photo: Alexei Krivoshapkin

Il reste cependant une dernière question non résolue pour les scientifiques: quel anesthésique ou analgésique utilisaient les médecins ?
Certains supposent que c'était du cannabis... mais on ne le saura jamais.

Relecture par Marion Juglin
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6.01.2015

Le mystère s'épaissit sur une pierre tombale romaine découverte en début d'année en Angleterre


Une nouvelle étude a révélé qu'il n'y avait aucun lien entre une pierre tombale romaine découverte en début d'année en Angleterre et le squelette reposant en-dessous.

La pierre gravée a été découverte lors des travaux de construction d'un parking à Cirencester.

L'inscription latine commémorant la mort d'une femme âgée de 27 ans.  Credit: Cotswold Archaeology

Faite (an) en calcaire provenant de Cotswold, elle avait été trouvée couchée sur sa face avant sur une tombe, au-dessus d'un squelette adulte.

Lorsqu'elle a été retournée, la pierre couleur miel portait de fines décorations et cinq lignes écrites en latin: "D.M. BODICACIA CONIUNX VIXIT ANNO S XXVII". Cela pourrait signifier: "Aux ombres du monde souterrain, Bodicacia, épouse, a vécu 27 ans".

La découverte avait été qualifiée d'unique étant donné que ce serait la seule pierre tombale de la Grande-Bretagne Romaine à désigner la personne se trouvant en-dessous. Cependant, alors que la dédicace de la pierre tombale concerne une femme, le squelette en-dessous était celui d'un homme.

De plus, la pierre tombale et le squelette appartiennent à deux époques différentes: la pierre gravée date du 2ème siècle après JC, alors que l'individu a été enterré au 4ème siècle après JC.

"Nous pensons que la pierre tombale a été réutilisée, peut-être comme couvercle de tombe, 200 ans après sa première pose," explique Ed McSloy, spécialiste des découvertes archéologiques de Costwold.

Martin Henig et Roger Tomlin, d'éminents experts en sculpture et inscriptions romaines à l'université d'Oxford, notent que l'arrière de la pierre est très grossièrement travaillé, quasiment non terminé, ce qui contraste fortement avec l'avant finement sculpté.


A qui appartient la tombe, cela reste un mystère...

"En lisant les lettres, l'interprétation la plus plausible du nom est Bodicacia, un nom celte inconnu auparavant" ajoute McSloy. En effet, le nom apparait être une variante du nom celte avec la même racine, Boudicca. C'était une reine rebelle Iceni (ou Icène), une tribu brittonique qui a tenté en vain de vaincre les romains.

Le fronton (la portion triangulaire décorée en haut de la pierre) montre le dieu Romain Oceanus. Personnification divine de la mer dans le monde classique, Oceanus était représenté avec une longue moustache, une longue chevelure stylisée et des pinces de crabe au-dessus de la tête.

Cette image, d'après McSloy, est aussi inconnue jusqu'ici dans la sculpture funéraire.

Il est fort probable que Bodicacia ait été privée de sa pierre tombale au 4ème siècle, lorsque la pierre fut ensevelie dans une tombe. A cette même époque, ou avant, Oceanus avait été oublié.

La pierre tombale doit être exposée, de façon permanente, au musée Corinium de Cirencester.

Relecture par Marion Juglin
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5.28.2015

Découverte du système hydraulique d'une mine d'or Romaine en Espagne

Las Médulas dans la province de León, au nord-ouest de l'Espagne, est la plus grande mine d'or à ciel ouvert de l'Empire Romain. La recherche de ce métal s'est étendue sur plusieurs kilomètres jusque dans le sud-est de la vallée de la rivière Eria.

Vue panoramique de Las Médulas. Image: Rafael Ibáñez Fernández - Wikimedia CC BY-SA 3.0

Grâce à un LiDAR (télédétection par laser) aéroporté, les anciens travaux miniers de la région et le complexe hydraulique, utilisés par les Romains au 1er siècle avant JC pour extraire l'or, ont été découverts.

Les caractéristiques identifiées comprennent des canaux, des réservoirs et une double rivière de dérivation.  "Le volume de terre exploité est bien plus grand que ce que l'on pensait auparavant et les travaux effectués sont impressionnants, comme les captures de la rivière. Cette vallée est très importante dans le contexte de l'exploitation minière Romaine au nord-est de la Péninsule Ibérique" explique Javier Fernández Lozano, géologue à l'université de Salamanque, et co-auteur de l'étude publiée dans le Journal of Archaeological Science.


Des technologies copiées sur l'Egypte.

Les spécialistes considèrent que les systèmes pour le transport et le stockage de l'eau ont été copiés sur ceux existant déjà au nord de l'Afrique, où les Egyptiens les utilisaient depuis des siècles.

Certains détails dans la méthodologie utilisée apparaissent dans les textes comme ceux de Pline l'Ancien, alors Procurateur Romain en charge de la supervision de l'exploitation minière en Hispanie.

"Nous avons établi que le travail qui entrait dans l'extraction de la ressource jusqu'à son épuisement était si intense qu'après avoir extrait l'or des sédiments, les opérations continuaient jusqu'à atteindre les rochers avec les veines de quartz aurifères en-dessous" ajoute Fernández Lozano.

Le chercheur souligne que le véritable découvreur a été la technologie LiDAR: "contrairement à la traditionnelle photographie aérienne, ce système de détection laser aéroporté permet de visualiser les restes sous la végétation ou dans les zones intensément labourées".

Depuis un avion ou un drone, le LiDAR est doté d'un capteur laser qui scanne le sol avec des références géographiques fournies par les stations terrestres GPS. Les données obtenues sont représentées pas un nuage de points, qui est traité avec un logiciel pour construire un modèle cartographique où les formes sont identifiées, comme les réservoirs ou les canaux.

Les anciennes mines d'or dans la vallée de la rivière Eria, avec les canaux et les réservoirs pour l'exploitation. A gauche, le modèle généré à partir des données LiDAR permet de localiser les structures sur des photos aériennes, à droite. Image; J. Fernández Lozano et al

Cette technologie a été développée par la Nasa dans les années 60 afin d'analyser le retrait des glaces dans l’Arctique et la composition des océans. Depuis, son usage s'est étendu à la topographie,  la cartographie cadastrale, la géologie et l'archéologie.

 Selon les auteurs, l'étude de l'exploitation minière Romaine dans la vallée Eria est le premier exemple de "géo-archéologie" mené avec un LiDAR en Espagne.

"Nous pensons à continuer de travailler avec cette technique afin d'en apprendre plus sur l'exploitation de minerai dans l'Empire Romain et éclaircir ses mystères comme la raison pour laquelle les Romains ont abandonné une ressource aussi précieuse que l'or" conclu le chercheur.

Relecture par Marion Juglin
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