6.23.2015

Sibérie: qui a construit Por-Bajin et pourquoi ?

MAJ 04/06/17
A première vue, avec son emplacement sur une île et ses murs d'enceinte imposants, cela ressemble à une ancienne forteresse pour se protéger des ennemis.

D'autres estiment que cette structure vieille de 1300 ans dans la Sibérie rurale avait surtout des propriétés mystiques et fut peut-être un palais d'été, un monastère ou encore un observatoire astronomique.

Quoique ce soit, plus d'un siècle après sa première exploration, les archéologues ne sont pas plus avancés dans la découverte des secrets de Por-Bajin. Qui l'a construit et pourquoi ?

La structure vieille de 1,300 ans pourrait être une forteresse, un plais d'été, un monastère ou même un observatoire astronomique. Photo: gdehorosho.ru

Probablement édifié en 787 après JC, le complexe fascine les experts depuis sa découverte, au milieu du lac Tere-Khol dans le Touva, à la fin du 19ème siècle. Exploré tout d'abord en 1891, des petits travaux de fouilles ont été menés plus tard entre 1957 et 1963. Ce n'est qu'en 2007 qu'a lieu une recherche plus approfondie sur le site.

Les archéologues ont trouvé des dessins colorés ternis sur le plâtre des murs, des portes géantes et des fragments de charbons de bois.

Cependant, rien jusqu'à présent n'a apporté de réponse définitive sur la raison pour laquelle cette structure a été construite

"Por-Bajin est considéré comme l'un des monuments archéologiques les plus mystérieux de Russie" rapporte le site officiel du complexe situé à 3800km de Moscou. Apparemment il a été construit au cours de la période de l'empire nomade Khaganat ouïghour (744-840 après JC), mais l'on ne sait pas pourquoi ils auraient bâti une forteresse sur un lieu aussi isolé, loin des grandes cités et des routes commerciales.


L'architecture apporte aussi son lot de question et rappelle les modèles chinois des cités-palais.

Por-Bajin (Por-Bazhyn), qui se traduit par "maison en argile" en langage Touvan, se trouve dans l'Eurasie centrale près de la frontière avec la Mongolie. Il est sur une petite île dans le lac qui se trouve en altitude dans les montagnes entre les monts Sayan et Altaï, à environ 8km à l'ouest du village de Kungurtuk.

La cartographie laser du site avant la première grande fouille de 2007 a aidé les experts à construire un modèle 3D de ce à quoi devait ressembler l'ensemble.


Malgré son âge, des parties de la structure étaient encore bien préservées lorsque les archéologues sont arrivés pour examiner les 3.5 hectares du site, avec des murs parfaitement visibles. Les murs extérieurs, hauts de 10 mètres et épais de 12 mètres, forment un rectangle (211m x 158m).

Une porte principale a été découverte, ouvrant sur deux cours successives reliées par une autre porte.
Les murs intérieurs étaient plus petits, environ un mètre de haut, et formaient les contours des bâtiments. Une grande construction se trouvait au centre du site.

Certains murs et parois étaient recouverts de chaux et peints avec des traits rouges horizontaux.

Le bâtiment principal dans la cour intérieure avait une structure centrale en deux parties, l'une derrière l'autre, reliées par un passage couvert. Il avait un toit en tuiles qui reposait sur 36 colonnes en bois reposant sur une base en pierre.

Les matériaux de construction et la façon dont le site est aménagé montrent que cela a été construit selon la tradition architecturale chinoise, très probablement au cours de la deuxième moitié du 8ème siècle. "La construction était certainement faite de poutres et poteaux caractéristiques de l'architecture chinoise de la Dynastie Tang", écrit l'archéologue en chef, Irina Arzhantseva dans un rapport, "la découverte de fragment de bois brûlés indiquent l'utilisation de la technique chinoise typique d'emboitements de supports en bois, appelée dougong."

Alors que le débat est toujours en cours sur l'utilisation de Por-Bajin, il y a de fortes chances que ce fut une communauté ou un complexe de palais comme le Paradis Bouddhiste que l'on retrouve dans les peintures Tang.

Des livres de la région décrivent aussi l'existence de villes Ouïghours, des activités de constructions extensives et une transition d'un style de vie nomade à sédentaire. De plus, il y aurait eu jusqu'à 15 de ces implantations rien qu'à Tuva, toutes étaient des enceintes de formes rectangulaires entourées de murs avec une porte principale.

Ce qui déconcerte les experts, cependant, est l'absence de systèmes de chauffage rudimentaire, car Por-Bajin est à 2300m d'altitude où règne un climat sibérien. S'il n'y a rien, cela suggère que le complexe n'a été occupé que sur une courte période de temps, ou bien qu'il fut utilisé comme logement saisonnier lors des mois les plus chauds

Certains spécialistes on dit que le climat, ou d'autres phénomènes naturels dans la région, ont écourté l'occupation du site vers la fin du 9ème siècle.


Un site menacé par le dégel.

Por-Bajin se trouve sur une couche de pergélisol, et, la fonte de cette glace (résultant de températures plus chaudes au cours du siècle dernier), a causé non seulement la destruction des murs, mais aussi une importante augmentation des eaux du lac.

Dans son rapport, Irina Arzhantseva écrit: "Cette situation a créé une double menace à long terme pour la survie du site. Le thermokarst (la fonte du pergélisol) semble ébranler la stabilité des structures du site, conduisant à son effondrement et désintégration; des fissures dues au gel engendrent une érosion constante des rives de l'ile, à tel point que l'on estime que les parois vont commencer à s'effondrer dans le lac d'ici 80 ans".

Les travaux archéologiques et géomorphologiques ont révélé des traces d'au moins deux tremblements de terre qui ont accéléré le processus naturel de détérioration. Le premier semble avoir eu lieu lors de la construction même de la "forteresse" au 8ème siècle.

On ne sait pas encore très bien combien de temps les bâtiments ont survécu après leur abandon au 9ème siècle, mais quelque temps après il y a eu un autre tremblement de terre qui a entrainé des incendies, l'effondrement des murs d'enceinte sud et est et détruit le bastion dans le coin nord-ouest.

Alors que le débat sur ses origines continuera sans nul doute pendant de nombreuses années, ceux qui ont vu Por-Bajin sont cependant tous d'accord sur sa beauté.

Relecture par Marion Juglin
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6.18.2015

Mise au jour des restes d'un prieuré médiéval en Angleterre

Les restes de ce qui serait un prieuré médiéval ont été mis au jour par des villageois du comté de Northumberland en Angleterre.


Les 12 membres de l'équipe d'Holystone n'ont eu que cinq jours pour effectuer les fouilles près de l'église du village St Mary.

Il s'agissait de la dernière tentative par les villageois, sur ces dernières années, pour trouver le prieuré qui avait été bâti au 12ème siècle avant d'être ciblé par la dissolution des monastères en 1539 sous Henry VIII.


Cette fois, cependant, les villageois ont été aidés par un géoradar.

Les découvertes faites par un radar à pénétration de sol ont guidé les fouilleurs vers la zone la plus prometteuse.
Le prieuré, qui était dirigé par des religieuses, se situait près de Lady's Well, une source naturelle coulant dans un réservoir en pierre probablement d'origine romaine et qui est aujourd'hui un monument classé et pris en charge par le National Trust.

Les membres du groupe Holystone History & Archaeology ont eu la permission de l'église, du propriétaire et des locataires, pour ces 5 jours de fouilles. L'opération, menée par les villageois Jan Frazer et Richard Carlton, a rapidement révélé des restes médiévaux significatifs.


Il y avait un mur avec ses fondations épaisses de 2 mètres; on pense que c'était une partie du prieuré de l'église ou des cloîtres.  D'après le secrétaire du groupe, Jan Frazer: "C'est vraiment incroyable d'avoir finalement localisé l'endroit où se trouvait le prieuré et de mettre au jour des murs qui n'ont pas été vus depuis 1539. Grâce au radar nous avons pu fouiller au bon endroit. Nous avons 12 personnes travaillant sur le site guidées par un expert et c'est une formidable expérience pour tous les villageois participants."

"Tout le monde est impressionné par ce qui a été trouvé et qui était sous nos pieds depuis tout ce temps" rapporte l'archéologue Richard Carlton, "ce groupe a travaillé sur cet objectif depuis des années, aussi c'est formidable que les fouilles aient été productives en si peu de temps (les 5 jours qui ont été accordés)".

Le prieuré d'Holystone, à son apogée, était un lieu très connu dans la vallée de Coquetdale, c'est donc une découverte archéologie d'importance qui a été faite. Le prieuré devait être la principale institution du village, une source d'emploi et une attraction pour les visiteurs. Peut-être même était-il à l'origine de la fondation du village...

On pense que le couvent a été mis en place par les Umfravilles qui étaient les lords de Redesdale. Il aurait ensuite souffert de la guerre anglo-écossaise et, en 1432, il ne restait que huit nonnes.

D'après Richard: "Les découvertes faites au cours des fouilles suggèrent que les restes appartiennent à un bâtiment plus grand que prévu; il y a dû avoir une institution plus grande à une certaine époque".

Relecture par Marion Juglin
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6.15.2015

De nouveaux outils pour explorer l'ancienne vie des momies de la culture Paracas

Des momies qui ont été mise au jour il y a presque cent ans fournissent de nouvelles informations sur les anciens mode de vie grâce au travail mené par le Laboratoire de Chimie Archéologique à L'université d'état d'Arizona.

A l'aide de nouvelles techniques en bioarchéologie et en biogéochimie, une équipe de bioarchéologues et d'archéologues a pu étudier les régimes alimentaires de 14 individus vieux de presque 2000 ans.

Momie Paracas. Source: NewHistorian

Les momies avaient été trouvées dans l'un des célèbres sites du Pérou: La Nécropole de Paracas de Wari Kayan, deux ensembles de sépultures au large de la côte sud.

La région a une histoire archéologique riche avec, notamment, des textiles complexes et d'énormes géoglyphes.

Avec le soutien du National Science Foundation, le professeur agrégé de l'Université d'Etat d'Arizona, Kelly Knudson, et ses collègues, tentent d'investir un domaine qui avait été négligé par la recherche bioarchéologique.
En plus de Knudson, l'équipe comprenait Ann H. Peters, Du musée d'archéologie et d'anthropologie de l'Université de Pennsylvanie, et d'Elsa Tomasto, de l'Université Catholique Pontificale du Pérou.

Les chercheurs ont utilisé des échantillons de cheveux, entre deux et dix échantillons pour chaque momie, en plus de deux artéfacts en rapport avec les cheveux, afin d'étudier les régimes alimentaires des anciens Paracas.

 Ils se sont concentrés sur les isotopes de carbone et d'azote dans l'analyse de la kératine afin de déterminer ce que mangeaient ces individus à la fin de leur vie.

Le régime alimentaire ne donne pas qu'un aperçu sur la santé, mais il indique aussi où les gens vivaient et voyageaient. Ce sont aussi des indices sur leur vie quotidienne en montrant si leur nourriture venait de l'agriculture, de la pêche, la chasse ou la cueillette

Ainsi, au cours des derniers mois de leur vie, les Paracas mangeaient principalement des produits marins et des plantes en C3 et C4 comme le maïs et les haricots.

De plus, ils étaient plutôt stables géographiquement, ou alors, s'ils voyageaient entre les hautes terres intérieures et les régions côtières, ils continuaient à consommer des produits marins.

"Ce que je trouve passionnant dans cette recherche, c'est que nous utilisons de nouvelles techniques scientifiques pour en apprendre plus sur des momies qui ont été mise au jour il y a presque cent ans. C'est l'application d'une nouvelle science sur d'anciennes collections muséographiques" rapporte Knudson, "en utilisant de petits échantillons des cheveux de ces momies, nous pouvons apprendre ce qu'ils mangeaient dans les mois avant leur mort, ce qui nous donne un regard très intime sur leur passé."

Schéma d'une tombe d'un homme illustrant les pratiques mortuaires des Paracas.Schema of comple. Source: Paracas Archaeology Research Resources

Lorsqu'elles ont été découvertes en 1927 par l'archéologue péruvien, Julio Tello, les momies étaient liées en position assise. Elles avaient été trouvées avec des objets funéraires, comme des paniers ou des armes et étaient enveloppées dans un ensemble de textiles en forme de cône, comprenant des vêtements finement brodés.

De plus amples informations sur la Nécropole de Wari Kayan peuvent être trouvées sur le site Paracas Archaeology Research Resources

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6.11.2015

Un cimetière vieux de 1700 ans mis au jour sur la Route de la Soie

Un cimetière vieux d'environ 1700 ans a été découvert le long de la Route de la Soie, un ensemble d'anciennes routes commerciales qui reliaient autrefois la Chine à l'Empire Romain.

Le cimetière a été découvert dans la ville de Kucha, dans le nord-ouest de la Chine moderne. Dix tombes ont été fouillées et sept d'entre elles étaient de grandes structures en briques.

Une partir du cimetière face au nord. Credit: Chinese Cultural Relics

Une des tombes, surnommée "M3", contenait des gravures de plusieurs créatures mythiques, dont quatre représentant les différentes saisons et les différentes parties des cieux: le Tigre Blanc de l'Ouest, l'Oiseau Vermillon du Sud, la Tortue Noire du Nord et le Dragon Azur de l'Est.

La tombe "M3" est "un tertre funéraire avec une rampe, une porte scellée, une entrée, des cloisons, un passage, une chambre funéraire et une chambre annexe" écrivent les chercheurs dans un rapport.

Le cimetière avait été découvert en juillet 2007 et fouillé par l'institut d'archéologie et des reliques culturelle de Xinjiang, avec l'assistance de autorités locales.


Qui a été enterré ici ?

L'identité des gens enterrés dans le cimetière est un mystère. Il a été pillé dans le passé et aucun écrit, pouvant donné des indications sur les noms ou la position sociale des défunts, n'a été trouvé.

Les sept grandes tombes en briques semblent avoir été construites pour des gens aisés. Mais, lorsque les restes des squelettes ont été analysés, les chercheurs ont découvert que les tombes avaient été réutilisées plusieurs fois. Certaines des tombes contiennent plus de 10 occupants, et "le nombre répétés d'inhumation demande une étude plus approfondie" écrivent les chercheurs.


Une ville sur la Route de la Soie.

Les chercheurs pensent que le cimetière a environ 1700 ans, une période où Kucha était vitale dans le contrôle des frontières occidentales de la Chine.
Comme les routes commerciales de la Route de la Soie passaient par ces frontières occidentales, le contrôle de cette région clé était important pour les dirigeants chinois.

"Dans les temps anciens, Kucha était appelé Qiuci dans la littérature chinoise. C'était une cité-état puissante dans l'oasis des frontières de l'ouest" selon les chercheurs.

Pour les dynasties qui ont prospéré en Chine il y a 1700 ans "la conquête et la gouvernance efficace de Kucha leur permettait de contrôler toutes les oasis de cité-états des frontières de l'ouest".
En fait, un ancien dicton dit ceci: "Si tu as Kucha, seulement un pour cent des états dans les frontières occidentales restent insoumis".

Source:

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6.10.2015

La mission archéologique franco-marocaine d’Igîlîz reçoit le Grand Prix d’Archéologie 2015


La Fondation Simone et Cino del Duca, créée en 1975,  œuvre en France et à l’étranger dans le domaine des arts, des lettres et des sciences par le moyen de subventions et de Prix attribués chaque année sur proposition des Académies.

Ainsi, cette année, Le Grand Prix d’Archéologie 2015 a été décerné à la mission archéologique franco-marocaine d’Igîlîz (Maroc), dirigée par Jean-Pierre Van Staëvel (Orient et Méditerranée, textes - archéologie – histoire, UMR8167, CNRS / Université Paris-Sorbonne Paris IV / Université Panthéon-Sorbonne Paris 1, École Pratique des Hautes Études / Collège de France), Ahmed S. Ettahiri (Institut National des Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine) et Abdallah Fili (Université d’El Jadida), pour l'ensemble des travaux réalisés sur le site d'Igîlîz (Maroc).

Vue générale des vestiges de l’ensemble résidentiel de la Mhadra (XIIe siècle).  Igîlîz, Jbel central. Source: Casa de Velazquez

Le site d'Igîlîz a été découvert en 2004 par A. Fili et J.-P. Van Staëvel. C'est un haut-lieu de l’histoire du Maroc médiéval. En 1120, un grand mouvement religieux et tribal y voit le jour: la réforme Almohade. La révolte embrasera tout le sud du pays et aboutira à la constitution de l'Empire Almohade, le plus grand qu'ait connu le Maghreb.

La mission archéologique a ainsi cherché à étudier les débuts du mouvement almohade sur la montagne d'Igîlîz.

Les fouilles faites en 2009 ont mis au jour un grand ensemble architectural avec, au sein d'un puissant système défensif, une résidence d'aristocrate, deux mosquées, des lieux de pèlerinage et plusieurs quartiers d'habitation.

Leur étude, a permis de mieux comprendre le quotidien des dévots, paysans et guerriers au XIIème siècle.


Le programme archéologique La montagne d’Igîlîz

Depuis 2009, il est mené dans un cadre coopératif franco-marocain, sous les tutelles de la Casa de Velázquez à Madrid et de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine à Rabat.

Il bénéficie d’une allocation du Ministère des Affaires Étrangères et Européennes, ainsi que de financements des laboratoires de recherche suivants:
  • Orient et Méditerranée (UMR 8167, CNRS / Université Paris-Sorbonne Paris IV / Université Panthéon-Sorbonne Paris 1, École Pratique des Hautes Études / Collège de France),  
  • Archéozoologie, archéobotanique : Sociétés, pratiques et environnements (UMR 7209, CNRS / MNHN) 
  • Histoire, Archéologie, Littératures des mondes chrétiens et musulmans médiévaux (UMR 5648, CNRS / Université Lyon 2 / EHESS / ENS de Lyon / Université d’Avignon et des pays du Vaucluse / Université Jean Moulin Lyon 3). 

Le programme est aussi étroitement associé aux activités scientifiques du Laboratoire d’excellence Religions et Sociétés dans le Monde Méditerranéen (Labex RESMED), de l’Université Chouaib Doukkali à El Jadida, du Centre Jacques Berque à Rabat et de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP).

Source:

Plus d'informations sur la mission archéologique:

6.08.2015

Une ancienne épée indienne magistralement conçue

Credit: Dr. Alan Williams/Wallace Collection

La maitrise de l'artisanat des épées indiennes a été mise en évidence par les scientifiques et conservateurs d'Italie et de Grande-Bretagne.
Ils ont étudié une épée courbe à un seul tranchant que l'on appelle "shamshir".

L'étude, menée par Eliza Barzagli de l'Institut des Systèmes Complexes et l'Université de Florence en Italie, a été publié dans le journal Springer: "Applied Physics A - Materials Science & Processing. The 75-centimeter-longe sword from the Wallace Collection in London was made in India in the late eighteenth or early nineteenth century."

La conception, d'origine Perse, s'est répandue à travers l'Asie et a probablement donné naissance à une famille d'armes similaires appelées cimeterres. Ils étaient forgés dans plusieurs régions de l'Asie du Sud-Est.

Deux différentes approches ont été utilisées pour examiner le shamshir: l'une classique (la métallographie) et une autre technique non-destructrice (la diffraction de neutrons). Cela a permis aux chercheurs de tester les différences et complémentarités de ces deux techniques.

L'épée en question a d'abord subie les tests métallographiques dans les laboratoires du musée londonien Wallace Collection afin de déterminer sa composition. Les échantillons pour le microscope ont été prélevés sur les sections déjà endommagées de l'arme.

L'épée a ensuite été envoyée au Rutherford Appleton Laboratory (RAL) à la source de neutrons pulsés et de muons ISIS (cela permet aux scientifiques d'étudier la matière à l'échelle atomique.).

Deux techniques non-invasives de diffraction de neutron ont été utilisées afin d'en apprendre plus sur les procédés et matériaux utilisés pour la fabrication de l'arme.

"Les anciens objets sont rares, et les plus intéressants sont habituellement dans un excellent état de conservation. Comme il est impossible d'utiliser une approche destructrice, la technique de diffraction de neutron est une solution idéale pour étudier les spécimens archéologiques faits en métal." rapporte Barzagli

Il a ainsi été établi que l'acier utilisé était pur. Sa haute teneur en carbone, d'au moins un pour cent, montre que la lame a été faite en wootz, un acier indien autrefois utilisé pour la fabrication de lames de sabre.
Ce type d'acier au creuset était utilisé historiquement en Inde et en Asie Centrale pour faire des épées de grandes qualités et d'autres objets prestigieux.

Son style en forme de bande est dû à un mélange de fer et de carbone cristallisant en cémentite. Cela s'est formé lorsque les artisans ont rafraichi les pièces en métal très lentement avant de les forger délicatement à de basses températures.

L'équipe de Barzagli estime que les artisans de cette épée particulière ont refroidi la lame à l'air libre plutôt que de la plonger dans un liquide.

Les résultats expliquant la composition de l'objet ont mené l'équipe à supposer que l'épée a probablement était utilisée pour le combat.

Les artisans amélioraient souvent la technique de "soie moirée" du wootz en faisant des micro-gravures sur la surface.

Barzagli explique qu'à cause du sur-nettoyage, certaines des surfaces moirées ont été assombries ou complètement enlevées: "une méthode non invasive permet d'identifier lesquelles de ces surfaces brillantes sont en wootz et donc de les traiter de façon appropriée"


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6.06.2015

Un immense bassin Romain découvert à Rome

Des archéologues italiens ont mis au jour le plus grand bassin Romain jamais trouvé, en plein cœur de Rome.

Découvert à 20 mètres de la basilique Saint-Jean-de-Latran, lors de travaux pour le nouveau métro, l'immense bassin mesure 35 mètres sur 70 mètres. "C'est tellement grand que cela va au-delà du périmètre de la zone de travaux consacrée au métro" rapporte Rossella Rea, directrice des fouilles.


Le bassin découvert lors de la construction de la ligne C du métro.  Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

Rea, qui dirige une équipe d'archéologues entièrement féminine, a noté que le bassin avait été doublé avec du plâtre hydraulique et qu'il s'étend probablement au-delà du site vers les anciens murs de la ville.

"D'après la taille que nous avons pu déterminer jusqu'à présent, il pouvait contenir plus de 4 millions de litres d'eau" ajoute Rea.

Dans cette reconstruction numérique, la taille du bassin est impressionnante. Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

Ce bassin massif faisait partie d'une ferme datant du troisième siècle avant JC.
Au premier siècle après JC, le bassin a été ajouté à des structures existantes, comme des roues à aubes, utilisées pour distribuer l'eau dans des canaux. "Il est fort probable qu'il servait de réservoir d'eau pour l'agriculture et en même temps pour faire face aux débordements occasionnels de la rivière à proximité" suppose Rea

 Une route menant à la ferme. Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

 L'emplacement exact où se trouvait une roue à aubes. Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

 Les amphores recyclées en conduite d'eau. Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

Elle pense que le bassin s'étendait vers l'autre ligne de métro actuellement existante (ligne A), bien qu'une grande partie de la structure ait certainement été détruite.

Les fouilles, menées par les archéologues Francesca Montella et Simona Morretta, ont aussi révélé divers objets liés à l'agriculture, comme une fourche en fer à trois branches et des restes de paniers de stockage faits en branches de saule tressées.

 La fourche qui a été découverte. Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

Des amphores alignées, avec leurs fonds coupés, avaient été recyclées en conduites d'eau.
Des tuiles usagées avaient aussi été utilisées pour faire les canaux. Des initiales encerclées, "TL", étaient inscrites dessus; cela indique que la ferme appartenait à un seul propriétaire.

Des noyaux de pêche montrent que la plante vedette cultivée était le pêcher, importé du Moyen Orient.

La ferme a été arrêtée à la fin du premier siècle après JC, et ses structures, comprenant le bassin, avaient été démolies et enterrées.

Certaines des découvertes seront exposées dans la station de métro St John et d'autres artéfacts iront dans les musées de la ville.

Relecture par Marion Juglin
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