3.17.2016

De l'ADN ancien étudié pour éclaircir le mystère du Machu Picchu

Perché sur la crête d'une montagne des Andes péruviennes à plus de 2400m de haut, le Machu Picchu est une merveille visuelle et un chef-d'œuvre technique. "C'est à couper le souffle" rapporte Brenda Bradley, professeur agrégé en anthropologie à Georges Washington University.

Machu Picchu se situe dans les Andes au Pérou. Il a été construit au 15ème siècle et abandonné plus tard. (Photo credit: Sophie Muir)

Les incas ont bâti ce site du 15ème siècle sans mortier, assemblant les blocs de pierre si étroitement que l'on ne peut faire insérer une feuille de papier entre eux.

La conception du site comprend des terrasses de culture pour augmenter l'espace de plantation et protéger des inondations.

Mais, en dépit du fait que c'est l'un des plus importants sites archéologiques au monde, les origines de Machu Picchu demeurent un mystère.

Les incas n'ont laissé aucune données sur la raison pour laquelle ils ont bâti le site où sur la façon dont ils l'ont utilisé avant de l'abandonner au début du 16ème siècle.

"Il y a un vieux débat concernant la fonction du Machu Picchu, car le site est unique et très inhabituel pour un site inca" rapporte le Dr Bradley, "c'est trop grand pour être une implantation locale. Et c'est trop petit et pas la bonne structure pour être un centre administratif de l'Empire Inca".

Aussi, le Dr Bradley et une équipe de recherche vont analyser pour la première fois les génomes de restes squelettiques de plus de 170 individus enterrés sur le site. Parmi les autres membres de l'équipe, il y a Lars Fehren-Schmitz de l'Université de Californie à Santa Cruz, Richard Burger et Lucy Salazar de l'Université de Yale.

En séquençant l'ancien ADN des squelettes, les chercheurs espèrent mieux comprendre le rôle fonctionnel de Machu Picchu et ses résidents, ainsi que les modèles de la diversité, de la migration et de la diaspora du travail dans l'Empire Inca (le plus grand dans l'Amérique précolombienne).

L'explorateur de Yale, Hiram Bingham, avait lancé une étude sur "la cité perdue des incas" au cours de l'été 1911. Son travail comprenait les fouilles du Machu Picchu et la collecte d'ossements humains et autres objets, comme les céramiques et les bijoux, pour les ramener aux Etats-Unis.

Les artéfacts sont restés au Musée Peabody de Yale jusqu'en 2012, lorsque, après des années de négociation, les ossements et reliques furent rendues au Pérou.

Le Centre International Pérou-Université de Yale pour l'Etude de Machu Picchu et de la Culture Inca abrite dorénavant ces ossements et reliques. Le musée, à Cusco, est à environ 70km de Machu Picchu et expose plus de 360 objets provenant des fouilles originales du Dr Bingham.

Avant de retourner les squelettes dans leur pays d'origine, le Dr Bradley et ses collègues se sont hâtés de recueillir les échantillons d'ADN des anciens ossements. Ensuite, les chercheurs utiliseront des méthodes de pointe pour séquencer l'ADN nucléaire, mitochondrial et le chromosome Y dans les échantillons.

Le Dr Fehren-Schmitz mènera les analyse préliminaires, et le Dr Bradley tentera de reproduire les résultats dans son laboratoire. "Avec de l'ancien ADN humain, il faut toujours faire attention à la contamination" ajoute Bradley, "si l'on reproduit l'expérience dans un laboratoire différent avec des chercheurs différents, et que l'on trouve le même résultat," alors c'est parfait.

Les chercheurs compareront alors les résultats de l'analyse génétique avec d'anciennes données de Machu Picchu afin d'apporter une meilleure compréhension du site.

L'hypothèse qui prévaut parmi les chercheurs est que le Machu Picchu était une sorte de "retraite royale", où ce serait rendu l'empereur inca Pachacuti et où il aurait tenu des réunions diplomatiques.

L'archéologue indique que les gens qui résidaient sur le site étaient des artisans spécialisés provenant de différentes régions de l'empire. "Ce devait être des gens très qualifiés venant de loin pour jouer des rôles spécifiques. C'est ce que nous estimons" ajoute le Dr Bradley, "nous allons pouvoir maintenant regarder l'ADN pour voir si cela est vrai".

"Les analyses génétiques permettront de tester cette hypothèse en montrant les relations entre ces gens, s'ils étaient de la même lignée ancestrale et s'ils venaient des mêmes lieux" rapporte le Dr Fehren-Schmitz qui a analysé les génomes de nombreuses populations différentes en Amérique du Sud.

Ces informations permettront aussi d'aider à placer le site de Machu Picchu dans le contexte plus large de l'Empire Inca. "Je suis intéressé par les processus locaux et sur la façon dont augmente la diversité génétique avec la complexité et le changement social" ajoute-t-il, "l'une des choses qui rend Machu Picchu si intéressant est l'idée que les gens qui y sont enterrés ne reflètent pas la population locale".

Pour les chercheurs, la richesse des données génomiques qu'ils prévoient de collecter devrait aussi apporter une vision intéressante sur la façon dont le colonialisme a affecté les gens vivant dans les Andes. En effet, les squelettes de Machu Picchu représentent une population d'avant la conquête espagnole qu'ils pourront comparer aux gênes d'ADN post-coloniaux. "Le colonialisme a introduit la maladie et a probablement anéanti beaucoup de diversité génétique" dit le Dr Bradley, "c'est là une opportunité de pouvoir observer la diversité génétique avant que cela ne soit arrivé".


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3.15.2016

Le millet serait le chaînon manquant de la transition entre les chasseurs-cueilleurs et les fermiers


Une nouvelle étude a montré qu'une céréale, connue de nos jours comme graine pour oiseaux, a été transportée à travers l'Eurasie par les anciens bergers et éleveurs. Ils ont ainsi jeté les bases, en combinaison avec les nouvelles cultures rencontrées, de l'agriculture diversifiée et de l'apparition des sociétés sédentaires.

La domestication des petites graines de céréales du millet dans le nord de la Chine il y a environ 10000 ans a créé la culture parfaite pour combler le fossé entre les cueilleurs-chasseurs nomades et les sociétés agricoles organisées dans l'Eurasie néolithique.

Cela pourrait aussi apporter des solutions à la sécurité alimentaire moderne, d'après cette nouvelle recherche.

Chercheurs sur le site néolithique de Mogou, ouest de la Chine, où les céréales de l'est et de l'ouest se sont rencontrées. Courtesy Martin Jones

Cette céréale oubliée aujourd'hui à l'ouest, si ce n'est pour donner aux oiseaux, était idéale pour les anciens bergers et éleveurs qui l'ont transportée à travers l'Eurasie, et mélangée avec d'autres céréales comme le blé et l'orge.

Selon les archéologues, cela a donné naissance aux cultures diversifiées, ouvrant la voie à l'apparition des sociétés urbaines complexes.

Une équipe des Etats-Unis, d'Angleterre et de Chine a suivi la propagation du grain domestiqué depuis le nord de la Chine et la Mongolie Intérieure vers l'Europe à travers le "couloir vallonné" le long des contreforts d'Eurasie.

Le millet privilégie les terrains en pente, ne demande pas beaucoup d'eau et a une courte saison de croissance: il peut être récolté seulement 45 jours après avoir été semé, là où il faut compter 100 jours pour le riz. Cela a permis une forme de culture très mobile.

 Les tribus nomades ont pu combiner la culture du millet avec la chasse et la cueillette alors qu'ils voyageaient à travers le continent entre 2500 et 1600 avant JC.
Le millet a pu être mélangé avec d'autres céréales de ces populations émergentes afin de créer des cultures diversifiées, ce qui a rallongé les saisons de croissance et apporté à nos ancêtres la sécurité alimentaire.

 Agriculteur de millet à Chifeng en Mongolie Intérieure. Martin Jones

Le besoin de mélanger différentes céréales dans différentes lieux, et les ressources en eau nécessaires, dépendaient de contrats sociaux élaborés et de l'apparition de sociétés sédentaires, de communautés stratifiées et probablement de sociétés "urbaines" complexes.

Les chercheurs estiment que l'on doit apprendre de ces anciens fermiers lorsque l'on se penche sur l'alimentation des populations de nos jours, et le millet pourrait avoir un rôle à jouer dans la protection contre les mauvaises récoltes et famines modernes. "Le millet aujourd'hui est en déclin et attire peu l'attention des scientifiques, mais c'était l'une des céréales les plus expansives en termes géographiques. Nous avons pu suivre le millet loin dans l'histoire, depuis ses origines en Chine jusqu'à son expansion à travers l'Europe et l'Inde" dit le professeur Martin Jones du University of Cambridge's Department of Archaeology and Anthropology, "ces découvertes ont transformé notre compréhension de l'agriculture et des sociétés anciennes.  Il avait été supposé que l'agriculture antique s'était concentrée dans les vallées des rivières où l'accès en eau est abondant. Cependant, les restes de millet montrent que les premières cultures se sont plutôt concentrées sur les contreforts, traçant cette première voie vers l'ouest pour ces graines "exotiques" de l'est."

Les chercheurs ont réalisé des datations au radiocarbone et des analyses des isotopes sur des grains de millet carbonisés provenant de sites archéologiques à travers la Chine et la Mongolie Intérieure, ainsi que des analyses génétiques de variétés de millet moderne, pour révéler le processus de domestication qui a eu lieu pendant des milliers d'années dans le nord de la Chine et produit l'ancêtre de tout le millet blanc moderne (j'ai traduit "broomcorn millet" par "millet blanc" mais je n'en suis pas certain) dans le monde.

  Harriet Hunt faisant pousser du millet en branche dans les serres à Colworth Science Park. Courtesy Martin Jones

"Nous voyons que le millet du nord de la Chine se situait dans l'un des plus anciens centre de domestication de céréale, se produisant sur la même échelle de temps que la domestication du riz dans le sud de la Chine et du blé et de l'orge dans l'est de la Chine" explique Jones. "La domestication est extrêmement importante dans le développement de l'agriculture antique; les hommes ont sélectionné des plantes avec des grains qui ne tombent pas naturellement et qui peuvent être récoltés; ainsi sur plusieurs milliers d'années cela a créé des plantes dépendantes des fermiers pour leur reproduction" ajoute-t-il, "cela veut dire aussi que la constitution génétique de ces cultures a changé en réponse aux changements dans leur environnement; dans le cas du millet, nous pouvons voir que certains gènes ont été "éteints" lorsqu'ils furent emmené par les fermiers loin de leur lieu d'origine."

Alors que le réseau de fermiers, bergers et éleveurs s'intensifiait le long du couloir eurasien, ils ont partagé les céréales et les techniques de culture avec d'autres fermiers, et c'est là, explique Jones, qu'a émergé l'idée de cultures diversifiées. "Les premiers fermiers pionniers voulaient cultiver en amont afin d'avoir plus de contrôle sur leur ressources en eau et être moins dépendants des variations climatiques saisonnières ou des potentiels voisins en amont." ajoute-t-il. "Mais lorsque les céréales "exotiques" sont apparues en plus de celles de la région, alors on a commencé à avoir différentes céréales poussant dans différentes zones et à différentes périodes de l'année. C'est un énorme avantage en termes de consolidation des communautés contre de possibles mauvaises récoltes, et cela a permis d'étendre la saison de croissance pour produire pus de nourriture voire des surplus."

Cependant, cela a aussi introduit un besoin plus pressant de coopération, et les débuts des sociétés stratifiées. Avec des gens faisant pousser des céréales en amont et d'autres cultivant en aval, on a besoin d'un système de gestion de l'eau, et cela n'est pas possible, tout autant que la rotation saisonnière des céréales, sans un contrat social élaboré.

Vers la fin du second et premier millénaire avant JC, de grandes implantations humaines, soutenues par l'agriculture diversifiée, ont commencé à se développer. Les plus anciens exemples de texte, comme les tablettes d'argile sumériennes de Mésopotamie, et les os d'oracle de Chine, font allusion à l'agriculture diversifiée et aux rotations saisonnières.

  Martin Jones avec du millet dans le nord de la Chine. Courtesy Martin Jones

 Mais la signification du millet n'est pas une simple transformation de notre compréhension de notre passé préhistorique.
Jones estime que le millet, ainsi que d'autres céréales à petites graines, pourraient avoir un rôle à jouer pour assurer la sécurité alimentaire dans le futur. "L'objectif lorsque l'on se penche sur la sécurité alimentaire aujourd'hui sont les cultures à haut rendement comme le riz, le maïs et le blé qui fournissent 50% de la chaine alimentaire humaine. Cependant, ce ne sont que 3 types de céréales sur plus de 50 existantes, dont la majorité sont des céréales à petites graines ou "millets". Il pourrait être temps de se demander si les millets peuvent avoir un rôle à jouer comme réponse diversifiée à l'échec des cultures et à la famine" estime Jones, "nous avons besoin d'en savoir plus sur le millet et sur la façon dont il peut faire partie de la solution concernant la sécurité alimentaire globale; nous avons encore beaucoup à apprendre de nos prédécesseurs du néolithique".


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3.11.2016

Un ensemble exceptionnel d'armes en bronze mis au jour dans le Sultanat d'Oman

Suite à de fouilles menées par la mission archéologique française en Oman central, des vestiges ont été découverts à même le sol, dans un bâtiment appartenant à un complexe semble-t-il cultuel.
 Modèle 3D du bâtiment principal de Mudhmar Est (la salle où les armes ont été retrouvées se situe à gauche au milieu du bâtiment). © Raphaël Hautefort / Mission archéologique française en Oman central.

Il y avait en particulier deux carquois complets et des armes métalliques, dont cinq arcs. Ce sont des objets pour la plupart non fonctionnels et inédits en Arabie.

La poursuite des recherches archéologiques, débutées en 2011 dans cette zone, permettra de mieux connaître le système politique, les pratiques sociales et les rituels existant en Arabie à cette époque.

Dirigées par Guillaume Gernez du laboratoire Archéologies et sciences de l'Antiquité (UMR 7041), ces fouilles ont également impliqué le laboratoire Archéorient (UMR 5133).

La région d'Adam se situe à la frontière des oasis et des espaces désertiques d'Oman. Elle était totalement inexplorée du point de vue archéologique avant que la mission archéologique française en Oman central, dirigée depuis 2011 par Guillaume Gernez, n'y effectue ses premières prospections en 2007.

 Mudhmar Est – Arcs, flèches, poignards et haches dispersés sur un sol
© Guillaume Gernez / Mission archéologique française en Oman central.

Découvert en 2009, le site dénommé Mudhmar Est est constitué de deux bâtiments principaux et de quelques aménagements annexes. Il est localisé au pied du Jabal Mudhmar, à proximité de l'une des plus grandes vallées omanaises et au carrefour stratégique de plusieurs routes commerciales.

Long de 15 mètres, le plus grand des deux bâtiments, qui repose sur le flanc du Jabal Mudhmar, est constitué de blocs en grès taillés et de briques faites de terre. C'est au sein de cet édifice, dans une petite salle apparemment dépourvue de porte, que l'équipe vient de mettre au jour cet ensemble exceptionnel d'armes en bronze.

Datés de l'âge du fer II (900-600 av. J.-C.), ces objets semblent être tombés des meubles ou des étagères qui les supportaient. Selon une autre hypothèse, ils étaient accrochés aux murs de la pièce.

Au sein de cet ensemble, deux groupes particulièrement remarquables se distinguent.

Le premier est formé de deux petits carquois intégralement en bronze, y compris les six flèches contenues à l'intérieur de chacun d'eux. D'après leurs dimensions (35 cm), il s'agit de modèles réduits imitant des originaux en matériau périssable (cuir), qui ne sont habituellement pas retrouvés lors de fouilles archéologiques. Le fait qu'ils soient ici en métal sous-entend qu’ils n'étaient pas fonctionnels. De tels carquois n'ont jamais été retrouvés en Arabie et sont rarissimes ailleurs.

 Mudhmar Est – Deux carquois en cuivre/bronze, en cours de fouille
© Guillaume Gernez / Mission archéologique française en Oman central.

Le deuxième groupe comprend des armes métalliques, pour la plupart non utilitaires (d'après leurs dimensions légèrement réduites, la matière qui les compose, et/ou leur absence de finition). Il s'agit de cinq haches de combat, de cinq poignards à pommeau en forme de croissant caractéristiques de l'âge du fer II, d'une cinquantaine de pointes de flèches et de cinq arcs complets.
Ces derniers sont formés d'une branche courbée plate, infléchie au niveau des deux extrémités, entre lesquelles est tendue une corde en bronze. La dimension de ces arcs (70 cm en moyenne) et surtout la matière utilisée indiquent qu'il s'agit d'imitations d'arcs en matériaux périssables (bois, tendons).

 Mudhmar Est – Hache non finie en cuivre/bronze
© Guillaume Gernez / Mission archéologique française en Oman central.

De tels objets sont totalement inédits : aucun arc en métal n'était connu en Arabie ou au Moyen-Orient jusqu'à présent. Cette découverte exceptionnelle apporte de nouvelles informations sur l'armement pendant l'âge du Fer en Arabie orientale et sur les pratiques sociales à l'époque.

Le caractère non utilitaire de la plupart des armes pourrait indiquer qu'elles ont été conçues pour être offertes à une divinité guerrière, et/ou comme élément-clé de pratiques sociales que les archéologues ignorent encore. La première hypothèse est confortée par la présence, dans le deuxième bâtiment du site, de quelques fragments d'encensoirs en céramique et de petits serpents en bronze, autant d'éléments souvent associés à des pratiques rituelles à cette période. Les fouilles à venir devraient permettre de mieux cerner la fonction du complexe, qui intrigue les archéologues.

 Mudhmar Est – Arc non utilitaire, intégralement en cuivre/bronze
© Guillaume Gernez / Mission archéologique française en Oman central.

Cet ensemble d'armes a été constitué au cours d'une période d'intensification de la production métallurgique observée en Arabie orientale à l'âge du Fer. Cette évolution économique et technique s'est accompagnée d'une complexification sociale attestée par la multiplication des sites fortifiés et de l'architecture monumentale.

Cependant, au sein de cette société sans écriture, connaître le système politique et la structure sociale demeure une tâche ardue. La poursuite de l'exploration archéologique de ce site et de son environnement immédiat, ainsi que de la région centrale d'Oman s'avère ainsi essentielle pour reconstruire l'aube de l'Histoire en Arabie.

Ces travaux ont été effectués avec le soutien notamment du ministère français des Affaires étrangères et du ministère omanais du Patrimoine et de la Culture, du CNRS, de l'ambassade de France en Oman, du Centre français d'archéologie et de sciences sociales au Koweït, de l'Institut des déserts et des steppes à Paris et de la société d'imagerie DIAG à Dubaï.

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3.09.2016

Polémique: qui a transporté les pierres bleues de Stonehenge ? L'homme où les glaciers ?

Voici une énigme archéologique qu'une équipe d'experts estime avoir résolu: si et comment les "pierres bleues" de Stonehenge ont été excavées et transportées du Pembrokeshire par les ancêtres préhistoriques.

L'équipe d'archéologues et de géologues, ont dirigé des universitaires du University College, London, et confirmé avec certitude deux sites dans les collines de Preseli, Carn Goedog et Craig Rhos-y-felin, d'où ont été extraits deux types de pierre.

Fouilles sur le site de de Carn Goedog. Photo: Wales Online

Il avait été suggéré que les pierres avaient d'abord été utilisées dans un monument local, quelque part près des carrières, avant d'être démantelées et traînées vers le Wiltshire.

Mais les affirmations sur la façon dont les pierres ont été enlevées et transportées, avec apparemment des soi-disant traces d'ingénierie, ont été qualifiées de "toutes fausses" par une autre équipe de géo-scientifiques, dans un rapport conflictuel.

Dans un document examiné par des pairs et publié dans le journal Archaeology in Wales, le Dr Brian John, le Dr Dyfed Elis-Gruffyd et John Downes, estiment qu'il "n'y a pas de traces d'intervention humaine dans aucune des caractéristiques qui rendent les archéologues aussi excités."

Le groupe n'accepte pas l'idée d'une carrière néolithique dans les collines de Preseli et disent que les signes supposés "d'exploitation" par les hommes à Craig Rhos-y-Felin sont en fait entièrement naturels.

Ils pensent aussi que les archéologues qui ont fait le rapport ont pu par inadvertance avoir créé certaines de ces fonctionnalités au cours des cinq années "d'enlèvement très sélectifs des sédiments".

"Ce site a été décrit par l'archéologue en chef, le Professeur Mike Parker Pearson, comme "la Pompéi des carrières de pierre de la préhistoire" et a engendré un grand enthousiasme dans les cercles archéologiques" explique le rapport, "la sélection de cette paroi rocheuse près du village de Brynberian pour des fouilles entre 2011 et 2015 a été déclenchée par la découverte des géologues Ricgard Bevis et Rob Ixer, car certains fragments de pierre dans le sol de Stonehenge correspondaient exactement à un type inhabituel de rhyolite feuilletée présente dans la paroi rocheuse. Cela a conduit les archéologues à conclure qu'il devait s'agir d'une carrière néolithique utilisée dans le but spécifique de découper des monolithes correspondant aux pierres bleues de Stonehenge."

Mais le Dr John est de plus en plus convaincu que les débris de rhyolite de Stonehenge proviennent de blocs erratiques provenant de la paroi rocheuse Rhosyfelin. Cela serait arrivé il y a près d'un demi-million d'années avec l'énorme glacier de la mer d'Irlande qui les a transporté vers la plaine de Salisbury.

Fouilles sur le site de Craig Rhos-y-felin. Photo: UCL - University College London

 Dans son article écrit avec le Dr Dyfed Elis-Gruffyd et John Downes, il dit qu': "il est suggéré, sur la base d'examens minutieux du site, que certaines des "caractéristiques faites par l'homme" ont été créées en fait par les archéologues eux-mêmes à travers un processus d'enlèvement sélectif des sédiments et des clastes (fragments de cristaux, fossiles ou roches). Une attente ou une conviction que des "traces d’ingénierie" allaient être trouvées a peut-être conduit au façonnage inconscient d'artifices archéologiques.
Bien qu'il semble n'y avoir aucune preuve dans la forme du relief, la mécanique des roches ou les sédiments que c'était une carrière néolithique dévouée à l'extraction des pierres bleues orthostates destinées à Stonehenge, ou tout autre but, nous acceptons la possibilité qu'il y a pu avoir ici des campements temporaires au mésolithique, néolithique ou plus tard sur une très longue période de temps, comme dans beaucoup d'autres lieux boisés et abrités dans le nord du Pembrokeshire."

Le Dr Brian John, a ajouté que:"Le nouveau travail géologique à Rhosyfelin et Stonehenge est une recherche intéressante sur la provenance d'une roche, mais cela ne nous dit rien du tout sur la façon dont les monolithes ou les fragments de roches sont arrivés à Stonehenge depuis l'ouest du Pays de Galle. Nous sommes sûrs que les archéologues se sont convaincus que le transport glaciaire des erratiques était impossible. Nous ne savons pas d'où ils tiennent cette idée. Au contraire, il existe des preuves substantielles en faveur du transport glaciaire et aucune supportant la théorie du transport par l'homme. Nous acceptons qu'il y ait pu avoir un campement à Rhosyfelin, utilisé de façon intermittente par les chasseurs sur plusieurs millénaires. Mais il n'y a pas de carrière. Nous pensons que les archéologues avaient tellement envie de raconter une belle histoire ici qu'ils ont ignoré ou mal interprété les éléments de preuve devant eux. Cela est très négligent. Ils doivent maintenant procéder à une réévaluation complète du matériel qu'ils ont recueilli."

De nouvelles fouilles sont prévues cette année.

Relecture par Marion Juglin

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3.04.2016

Cerén: Les découvertes archéologiques racontent une histoire différente sur les Mayas

Pendant des décennies les scientifiques pensaient que l'élite maya, afin de maintenir un empire puissant et prospère sur les territoires qui sont aujourd'hui situés au Salvador, Honduras, Guatemala, Belize et sud-ouest du Mexique, exerçait un contrôle strict sur la population, les coutumes et l'économie.

Mais de nouveaux indices trouvés à Cerén, un site archéologique situé à environ 35km à l'ouest de San Salvador, racontent une histoire très différente sur cette civilisation qui a émergé vers 1000 avant JC avant de se développer puis de s'effondrer au 16ème siècle.

Les restes archéologiques de Cerén, surnommé "La Pompéi des Amériques", ont été découverts en 1976 par Payson Sheets, un anthropologue de l'Université du Colorado à Boulder.

Les ruines reposaient sous une couche de 5 mètres de cendres provenant de l'éruption du volcan Loma Caldera il y a environ 1400 ans.

Presque 40 ans après la découverte, une équipe d'archéologues et anthropologues américains et salvadoriens, menée par Sheets, ont fouillé la citadelle et trouvé des centaines d'objets de la vie quotidienne très bien préservés grâce à la couche protectrice de cendre.

Sheets et son équipe ont fouillé au total 12 bâtiments, dont cette maison. Credit: Colorado University.

Les scientifiques pensent que l'éruption du volcan était si forte que les gens ont dû abandonner la ville, en laissant tous leurs biens derrière eux. "Cela fait de Cerén l'un des sites archéologiques les plus riches de la région" estime Sheets.

Les données recueillies sur le site racontent l'histoire d'une communauté qui semblait avoir beaucoup de liberté pour prendre des décisions cruciales concernant l'organisation familiale, la religion et les cultures vivrières.

Parmi les découvertes les plus significatives, il y a une petite route (ou sacbé), la seule rue Maya connue au Salvador à ce jour. Elle reliait un champ de yucca avec la zone urbaine comprenant des maisons et des édifices publics.

Situées entre les champs et la cité, les chercheurs ont aussi trouvé d'autres cultures divisées en parcelles. "Ces petites plantations ne suivent pas un processus standardisé: certaines cultures étaient mieux entretenues que d'autres, ou bien avaient une orientation différente. Cela signifie qu'il y avait différents propriétaires, et cela n'était possible que si les habitants de Cerén étaient socialement indépendants" explique Roberto Gallardo, archéologue d'El Salvador’s Dr. David J. Guzmán National Anthropology Museum, et collaborateur dans cette étude.

Cette photo montre la route proche de Cerén, une voie faite de pierres levées appelée sacbé. Les petits monticules en arrière-plan sont des plantations de maïs. Credit: Colorado University.

Cependant, comme il n'y avait qu'une seule route, il devait y avoir une autorité locale, quelqu'un avait dû décider où la placer, selon Rocío Herrera, chercheur du Département d'Archéologie au Ministère de la Culture du Salvador et co-auteur de l'étude: "Nous pensons que les personnes âgées avaient un rôle important sur la façon dont certaines décisions devaient être prises, comme la construction de la route. Mais, à côté de cela, tout semble indiquer qu'ils n'étaient pas dominés par une élite autoritaire".

Sheets et son équipe ont aussi fouillé les bâtiments publics dans un secteur couvrant 4000 mètres carrés. Parmi les constructions, il y avait des ateliers, des cuisines communautaires et un sauna. L'architecture de ces bâtiments, construits avec des techniques et des matériaux différents, ainsi que le manque de planification urbaine attentive (pourtant un signe caractéristique distinctif de la culture Maya), montrent aussi la liberté dont jouissaient les habitants de Cerén pour prendre des décisions sociales sans la stricte approbation d'une caste supérieure.

Mais les chercheurs sont particulièrement attirés par l'interaction économique que les citoyens de Cerén avaient avec l'élite maya.

De nombreuses céramiques découvertes dans les maisons et constructions étaient trop élaborées pour être produites avec les moyens dont disposaient cette communauté.

Dans les bâtiments de Cerén, les chercheurs ont trouvé des céramiques élaborées, signe que les habitants pouvaient commercer avec les élites mayas.   Credit: Colorado University

Les archéologues ont aussi trouvé des haches en jade, très appréciées pour les travaux agricoles. "Les céramiques et jades raffinées étaient des objets qui provenaient des communautés de l'élite. Comment ces produits sont arrivés à Cerén ? Ils avaient accès à ces objets délicats, mais pourtant ne faisaient pas parti d'une grande cité" ajoute Herrera,"Le fait que le habitants de Cerén, des gens ordinaires, aient eu accès à ces objets, nous fait dire que l'élite connaissait leur existence et menait cependant des échanges avec eux, ce qui leur donnait un certain degré d'indépendance."

Les archéologues pensent que l'élite envoyait leurs marchandises par un intermédiaire afin de commercer avec ces gens. "Si les citoyens de Cerén pensaient que ces objets étaient trop chers, [les marchands] n'étaient pas obligés de rester, et ils pouvaient amener leurs marchandises au marché suivant pour espérer faire de meilleures affaires" explique Gallardo.


Les informations trouvées à Cerén contredisent donc l'hypothèse selon laquelle les élites mayas contrôlaient chaque aspect de la société, comprenant l'économie, les politiques, la religion, les arts et les sciences, au cours de la Période Classique (considérée comme l'une des plus productives de l'ère pré-hispanique, entre 250 et 900 après JC).

Les chercheurs estiment qu'il reste beaucoup à découvrir à Cerén.
"Il est possible qu'il y ait d'autres communautés enterrées sous les cendres sur les flancs du volcan. Nous attendons les fonds pour une nouvelle phase du projet où nous prévoyons de suivre la route vers ses extrémités, au nord et au sud, afin de voir ce que nous trouverons. Nous savons qu'il y a une cité appelée San Andres, plein sud, où se trouve le centre religieux maya le plus proche de Cerén." ajoute Sheets.

Relecture par Marion juglin
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2.29.2016

La complexité géopolitique sous l'empire aztèque mise en avant

De nouvelles découvertes faites par une équipe internationale d'archéologues ont révélé la complexité géopolitique dans la région mésoaméricaine aztèque. Elles illustrent comment les relations entre ces anciens états se sont étendues au-delà des guerres et de la diplomatie pour les questions concernant le commerce et la circulation de marchandise.

Une vue de l'ouest depuis les hauteurs de Tlaxcallan. Le volcan actif, Popocatepetl, est visible en arrière plan. Photo: Lane Fargher

L'étude a été faite par des chercheurs de l'Université d'État de Caroline du Nord (NC State University), le CINVESTAV (Centro de Investigación y de Estudios Avanzados del Instituto Politécnico Nacional), El Colegio de Michoacán et Purdue University.

Ils se sont focalisés sur une république indépendante, appelée Tlaxcallan, dans ce qui est aujourd'hui le centre du Mexique, à environ 120km de la ville de Mexico.
Tlaxcallan a été fondée au milieu du 13ème siècle et, jusqu'en 1500, était entourée par l'empire aztèque, sans jamais perdre son indépendance.

En fait, cet état soutenait Cortès et joua un rôle important dans la conquête espagnole du Mexique au 16ème siècle.

Cette nouvelle étude s'est concentrée sur la façon dont les habitants de Tlaxcallan obtenaient leur obsidienne au cours du siècle précédent l'arrivée de Cortès.

L'obsidienne est un verre volcanique qui était très utilisé dans beaucoup de domaines, depuis les outils domestiques et les armes jusqu'aux bijoux et objets religieux. Or, Tlaxcallan n'avait pas de gisement d'obsidienne sur son territoire; aussi, où s'approvisionnaient-ils ?

"Il s'avère que Tlaxcallan se servait d'une source inattendue, appelée El Paredón" rapporte le Dr John Millhauser, professeur assistant en anthropologie à NC State et auteur principal de la rédaction de l'étude, "Presque personne d'autre n'utilisait El Paredón à l'époque, et il se situait à la périphérie de l'empire aztèque. Aussi, pourquoi les aztèques, qui étaient hostiles à Tlaxcallan, n'intervenaient-ils pas ?".


Une explication possible serait que les Aztèques n'intervenaient pas car cela aurait demandé trop d'efforts. "L'obsidienne était largement disponible et était un bien quotidien. Cela ne valait sans doute pas le temps et les dépenses nécessaires pour essayer d'empêcher Tlaxcallan de s'approvisionner à El Paredón, car d'autres sources étaient disponibles" suppose Millhauser.

Cette découverte montre à quel point les relations internationales étaient complexes sous le règne de l'empire Aztèque. "Le fait qu'ils avaient autant d'obsidiennes à disposition si près de l'empire Aztèque me fait interroger sur la portée d'un conflit à l'époque" ajoute Millhauser, "Tlaxcallan était capable d'accéder à une source de biens d'équipement ménager et militaire à partir d'une source qui demandait à se rendre juste après la frontière en territoire ennemi".

En même temps, les chercheurs ont montré clairement qu'il y avait un fossé économique entre Tlaxcallan et les aztèques. De précédentes recherches ont montré que 90% de l'obsidienne aztèque provenait d'une source appelée Pachuca, plus au nord. Mais cette nouvelle étude a montré que seulement 14% de l'obsidienne de Tlaxcallan provenait de Pachuca, la plupart provenant d'El Paredón.

Pour ces travaux de recherches, les scientifiques ont récolté systématiquement les artéfacts des surfaces des terrasses en murs de pierres sur le site précolombien de la cité de Tlaxcallan. Un nombre représentatif de ces artéfacts ont alors été analysés par fluorescence des rayons X (XRF). Ces informations ont ensuite été comparées avec des échantillons provenant de sources connues d'obsidienne dans la région afin de déterminer d'où provenaient les artéfacts en obsidienne.

"Tout cela nous amène au fait que la géopolitique importait pour ces économies des anciens états" selon Millhauser, '"Les positions politiques et les frontières politiques influençaient chaque jour les comportements, vers le bas pour l'écoulement des produits de base comme l'obsidienne. La conception populaire de l'empire aztèque tout puissant avant l'arrivée de Cortès est exagérée. La région était un endroit compliqué politiquement et culturellement."

Relecture par Marion Juglin
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2.23.2016

Des cœurs embaumés depuis 400 ans découverts dans un couvent à Rennes

400 ans après avoir été enterrés dans des urnes en plomb en forme de cœur, cinq cœurs humains embaumés ont été découverts dans un cimetière du nord ouest de la France.

Cette urne en plomb en forme de cœur porte une inscription identifiant le contenu comme étant le cœur de Toussaint Perrien, chevalier de Brefeillac. Credit: Rozenn Colleter, Ph.D./INRAP

Les scientifiques ont été en mesure de voir à l'intérieur de ces organes grâce aux techniques modernes d'imagerie médicale; ils ont ainsi pu observer les cavités des cœurs, les valves et artères, dont certains portaient des marques de maladies.

Ces cœurs ont été trouvés sous le sol du Couvent des Jacobins à Rennes, où les archéologues de l'INRAP font des fouilles depuis plusieurs années, avant le lancement d'un plan de construction pour un centre de conférence sur le site.

Jusqu'à présent, les archéologues ont mis au jour des centaines de sépultures remontant à la fin du 16ème et début 17ème siècle. Ils ont en outre découvert le corps bien préservé d'une veuve nommée Louise de Quengo, Dame de Brefeillac, morte en 1656. Son corps avait été scellé dans un cercueil en plomb, et lorsqu'il fut ouvert pour autopsie, ses habits (une cape, une chemise de lin, des jambières en laine et des chaussures à semelle de liège) étaient remarquablement intacts. A l'intérieur de son cercueil, les archéologues ont aussi trouvé un coffret en plomb contenant le cœur de son mari, Toussaint Perrien, Chevalier de Brefeillac.

"Il n'était pas rare à cette époque d'être enterré avec le cœur de son mari ou de sa femme" précise le Dr Fatima-Zohra Mokrane, radiologiste à l'Hôpital de Rangueil à Toulouse, et qui a mené cette nouvelle étude, "c'est un aspect très romantique de ces sépultures".

Ces urnes en plomb en forme de cœur ont été mises au jour dans un cimetière du nord ouest de la France. Credit: Rozenn Colleter, Ph.D./INRAP

Quatre autres urnes en forme de cœur ont été découvertes dans les caveaux funéraires de familles de classes de l'élite au Couvent des Jacobins.
Dans un effort pour en apprendre plus sur la santé de ces cœurs vieux de 400 ans, Mokrane et une équipe de scientifiques ont nettoyé les organes et enlevé le matériel d’embaumement afin de pouvoir les scanner avec un IRM (imagerie par résonance magnétique) et faire une tomodensitométrie (CT-scan). "Étant donné que quatre des cinq cœurs sont très bien préservés, nous avons pu voir des signes de maladies cardiaques actuelles, comme l'athérosclérose et la plaque" ajoute-t-elle. Un des cœurs ne montrait pas de signe de maladie, mais trois autres ont une accumulation de plaques dans les artères coronaires, ce qui peut provoquer son l'arrêt de l'organe..

Ce n'est pas la première fois que des scientifiques étudient des cœurs bien préservés dans les données archéologiques. Lorsque le Roi Richard Ier d'Angleterre, appelé "Richard cœur de Lion", mourut en 1199, son cœur fut embaumé séparément de con corps et déposé dans l'église de Notre-Dame à Rouen.

Une étude publiée en 2013 avait montré que le cœur du roi avait été traité avec de la myrte, de la marguerite, de la menthe, de l'encens, de la créosote et du mercure; des substances qui ont probablement plus été inspirées par les textes bibliques que par les nécessités de la conservation.


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2.18.2016

Les géoglyphes du Moyen Orient seraient préhistoriques

Depuis l'article publié en 2011 (Moyen Orient: comme à Nazca, des centaines de géoglyphes visibles du ciel), les milliers de structures en pierre représentant des formes géométriques, au Moyen Orient, commencent à être mieux comprises. Des archéologues ont en effet trouvé deux motifs en forme de roue remontant à 8500 ans.


Ces "roues" sont ainsi plus anciennes que les célèbres géoglyphes de Nazca au Pérou.

De plus certaines de ces formes géantes, situées dans l'oasis d'Azraq en Jordanie, semblent avoir une signification astronomique car elles ont été construites dans l'alignement du lever du soleil lors du solstice d'hiver.

Ce ne sont que quelques-unes des découvertes d'une nouvelle étude sur ces lignes du Moyen Orient qui avaient été trouvées par des pilotes au cours de la Première Guerre Mondiale
Le lieutenant Percy Maitland de la RAF avait publié un rapport à ce sujet en 1927 dans la revue Antiquity, précisant que les bédouins appelaient ces structures "ouvrages des vieux hommes", un nom encore utilisé par certains chercheurs modernes.

Ces ouvrages comprennent des roues, qui ont souvent des rayons partant du centre, des kites (structures en pierre qui étaient utilisées pour canaliser et tuer les animaux), des lustres (lignes ou cairns en pierre) et des murs sinueux..

Ce sont des "formes géométriques spécifiques qui font de quelques dizaines de mètres jusqu'à plusieurs kilomètres, évoquant les formes géométriques bien connues des lignes de Nazca au Pérou" écrit l'un des archéologues de l'équipe.

On les retrouve dans toute la région d'Arabie, depuis la Syrie, en Jordanie et Arabie Saoudite jusqu'au Yémen. "Le plus surprenant à propos de ces 'ouvrages' est qu'ils sont difficiles à identifier au niveau du sol. Cela contraste avec leur apparente visibilité depuis les airs" écrivent les chercheurs.


Une datation préhistorique

Les tests ont indiqué que certaines des roues ont aux alentours de 8500 ans, une période préhistorique où le climat était plus humide dans certaines parties du Moyen Orient.
A l'aide d'une technique appelée datation par luminescence (optically stimulated luminescence (OSL)), les archéologues ont pu dater deux roues à Wadi Wisad dans le Désert Noir de Jordanie. L'une des roues  remonte à 8500 ans, alors que l'autre est un mélange de dates suggérant sa construction il y a environ 8500 ans et un remodelage ou réparation il y a environ 5500 ans.

A l'époque où ces roues ont été construites, le climat dans le Désert Noir était plus hospitalier, et Wadi Wisad était habité. " Des charbons de bois de chêne à feuilles caduques et de tamarinier (un arbuste) ont été trouvés dans deux foyers dans une construction remontant à environ 6500 avant JC" écrivent les chercheurs.


Des alignements solaires ?

L'analyse spatiale des roues a révélé qu'un ensemble de roues, situé dans l'Oasis d'Azraq, a des rayons orientés sud-est/nord-ouest ce qui pourrait être un alignement avec le lever du soleil lors du solstice d'hiver. "La majorité des rayons des roues dans cet ensemble sont orientés pour une raison quelconque sur l’alignement sud-est/nord-ouest". On ne sait pas si cet alignement était intentionnel. "Quant aux autres roues, elles ne semblent pas contenir d'informations archéoastronomiques".


Quelle était leur utilité ?

Les deux roues datées "sont simples dans leur forme et plutôt grossières d'après les standards géométriques" rapporte Gary Rollefson, professeur au Whitman College à Walla Walla, Washington, "elles contrastent fortement avec d'autres roues qui semblent avoir été conçues avec une plus grande attention aux détails comme on le retrouve dans les lignes de Nazca. Il est possible que des roues différentes aient eu une utilisation différente."

Dans le cas des deux roues datées, "la présence de cairns suggère un lien avec des inhumations, étant donné que c'était souvent la façon de faire lorsque quelqu'un décédait" ajoute Rollefson qui souligne "qu'il y a d'autres roues où les cairns sont totalement absents, ce qui suggère une utilisation différente".

Rollefson est co-directeur de l'Eastern Badia Archaeological Project. Son équipe espère fouiller quelques-uns des cairns, qui sont situés à l'intérieur des roues, dans les prochaines années.


Visibles depuis le ciel.

La raison pour laquelle les hommes de la préhistoire ont construit ces structures en forme de roue que l'on ne peut voir du sol reste un mystère. Il n'y avait ni ballon, ni planeur à cette époque. De plus, les chercheurs ajoutent que le fait de grimper sur une hauteur pour les voir n'était pas possible, du moins dans la majorité des cas.

Bien que les roues sont souvent difficiles à faire ressortir sur le terrain, elles ne sont pas non plus invisibles. "Certes, on ne peut pas voir le produit fini debout au niveau du sol, mais on peut encore percevoir une configuration géométrique générale" précise Rollefson. Pour créer la forme d'une roue avec le plus de précision, les constructeurs avaient dû utiliser un pieu et une longue corde.


 Les roues d'Arabie Saoudite

Les roues situées en Arabie Saoudite et au Yémen sont différentes de celles trouvées plus au nord. Elles ont été découvertes par une équipe avec l'Aerial Photographic Archive for Archaeology in the Middle East (APAAME). Ils ont étudié les roues et autres "ouvrages des vieux hommes" en utilisant l'imagerie satellite fournie par Google Earth et Bing. Ils ont aussi utilisé des photographies aériennes d'archive prises en Arabie Saoudite et au Yémen au cours du 20ème siècle.

Les cercles tendent à être plus petits et ont seulement une ou deux barres au lieu des rayons, dit David Kennedy, de la University of Western Australia, qui co-dirige le projet. Certaines des "roues" ont en fait la forme de carrés, rectangles ou triangles... Un type de structure ressemble même à un œil de bœuf...

Trois triangles pointent vers la roue œil de bœuf, et il y a de petites piles de pierres qui mènent des trois triangles vers la roue. Kennedy l'a appelé "une tombe à œil de bœuf avec, dans ce cas, trois triangles avec une partie de ligne les reliant au cercle". Pour le moment, les archéologues ne peuvent pas mener des fouilles ou faire de l'imagerie aérienne (avec planeur ou hélicoptère) en Arabie Saoudite ou au Yémen.



Les portails du désert

Une autre forme d' "ouvrage des vieux hommes" que Kennedy et son équipe ont trouvé en Arabie Saoudite est composée de structures qu'il appelle "portails". Jusqu'ici, 332 portes ont été trouvées en Arabie Saoudite (aucune n'est connue plus au nord). Les portails "consistent en deux cours murs épais ou  tas de pierre, entre lesquels s'étirent un ou plusieurs murs de liaison" écrivent les chercheurs

Ils ont noté que "d'en haut, ces structures ressemblent à un ancien portail barré posé à plat." La plus longue porte fait plus de 500m, mais la plupart sont bien plus petites. Les scientifiques ne savent pas à quand remontent ces portails, ni quel était leur but. "J'ai inventé le terme de 'portails' pour la simple raison que j'avais besoin d'une étiquette pratique pour les décrire et je me suis souvenu de sortes de portes de champs que je voyais partout autour de moi au cours de mon enfance à la campagne en Ecosse" explique Kennedy.

Les chercheurs ont remarqué que ces portes ne se situent pas en général près des kites (utilisés pour la chasse). En effet, certains des portails ont été construits dans des endroits, comme des pentes volcaniques arides, où il ne pouvait y avoir de grands troupeaux d'animaux. Les archéologues ont trouvé cinq portails sur les pentes extérieures de la cuvette du volcan Jabal al-Abyad en Arabie Saoudite

Kennedy précise que son équipe est en train de terminer ses recherches sur ces portails et qu'ils vont publier un nouvel article décrivant leurs découvertes en détail.
Relecture par Marion Juglin
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