4.19.2016

Des particules pour comprendre comment ont été construites les pyramides

Une équipe internationale de chercheurs va analyser des particules cosmiques recueillies à l'intérieur de la pyramide courbée (ou rhomboïdale) en Egypte.

Elle recherche des indices sur la façon dont elle fut construite et veut en apprendre plus sur cette structure vieille de 4600 ans.

 La pyramide rhomboïdale de Dashour. (AP Photo/Coralie Carlson, File)

Mehdi Tayoubi, président de l'Heritage Innovation Preservation Institute, a dit que des plaques mises à l'intérieur de la pyramide ont permis de recueillir des données sur des particules radiographiques, appelées muons, qui traversent l'atmosphère terrestre.

Les particules passent à travers les espaces vides, mais sont absorbées ou déviées par des surfaces dures.
En étudiant l'accumulation des particules, les scientifiques pourraient en apprendre d'avantage sur la construction de la pyramide, construite par le pharaon Snefrou. "Concernant la construction des pyramides, il n'y a pas de théorie unique prouvée ou vérifiée à 100%; ce sont toutes des théories et hypothèses" rapporte Hany Helal, Vice-Président de l'institut, "Ce que nous essayons de faire avec cette nouvelle technologie, est de pouvoir confirmer, modifier ou mettre à jour les hypothèses que nous avons sur la façon dont les pyramides furent construites".

La pyramide rhomboïdale de Dashour, juste à l'extérieur du Caire, se distingue par la pente courbée de ses faces. On suppose que ce fut la première tentative des anciens égyptiens de construire une pyramide à face lisse.

Le Projet Scan Pyramids, qui a annoncé en novembre dernier des anomalies thermiques dans la grande pyramide de Gizeh (voir l'article: Pyramides de Gizeh: découverte de mystérieuses anomalies thermiques), couple la technologie thermique avec l'analyse des muons pour tenter de percer les secrets de la construction de plusieurs anciennes pyramides égyptiennes.

D'après Tayoubi, l'équipe est sur le point de commencer les préparations pour les tests aux muons dans la plus grande des trois pyramides de Gizeh, la pyramide de Khéops: "Même si nous trouvons un seul mètre carré vide quelque part, cela nous apportera de nouvelles questions et hypothèses et peut-être que l'on pourra résoudre certaines questions de manière définitive".

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4.15.2016

Des chercheurs trouvent le site exact des pendaisons suite aux procès des sorcières de Salem

Une équipe de chercheurs, s'appuyant sur des documents historiques et des techniques de pointe archéologiques, a pu confirmer le lieu où 19 personnes innocentes furent pendues lors des procès des sorcières de Salem, il y a un peu plus de 300 ans.

Une vue de Proctor's Ledge

Le site, connu sous le nom de Proctor’s Ledge, est un petit terrain appartenant à la ville niché entre deux rues résidentielles et derrière une pharmacie, a rapporté le professeur Emerson “Tad” Baker de l'université d'état de Salem. Il fait partie de l'équipe des sept chercheurs.

L'historien Sidney Perley avait déjà désigné Proctor’s Ledge, il y a presque un siècle, comme étant le site des pendaisons, grâce aux documents historiques. Mais ses découvertes furent oubliées avec le temps, et, les mythes, idées fausses et autres théories du complot avaient reprit leur place.

"Nous sommes heureux de pouvoir clore des années de débat. Notre analyse s'est fondée sur plusieurs axes de recherche afin de confirmer le lieu des exécutions" a dit Baker.

Les représentants de la ville ont confirmé que l'équipe de chercheurs a utilisé la technologie des systèmes sonar ainsi que des témoignages oculaires provenant de documents datant des procès des sorcières de Salem, il y a plusieurs centaines d'années.

Cette étude, connue sous le nom de Gallows Hill Project, est en train de corriger les mauvaises informations qu'ont beaucoup de gens sur  l'un des épisodes les plus tragiques de l'histoire Américaine.

Le Professeur Tad Baker sur le site de Proctor’s Ledge où furent pendues les accusées. Photo: Ken Yuszkus - http://www.salemnews.com

"C'est plus une histoire de guérison qu'une découverte" ajoute Baker. En effet, vingt personnes suspectées de sorcellerie furent tuées à Salem en 1692, lors d'une frénésie alimentée par la superstition, la peur de la maladie et des étrangers, et des jalousies mesquines.

Dix-neuf furent pendues, et un homme fut écrasé à mort par des blocs de pierres. "Les procès des sorcières a jeté une ombre sur l'histoire de Salem" continu Baker

Le sommet de Gallows Hill avait longtemps été considéré comme le site des pendaisons, mais il n'y avait aucun élément qui permettait de le confirmer. Proctor’s Ledge se situe au pied de Gallows Hill.

Afin de déterminer l'endroit, l'équipe a cherché les témoignages oculaires des pendaisons, puis ils ont utilisé la photographie aérienne actuelle ainsi que la radar à pénétration de sol qui n'existait pas il y a un siècle.


Les chercheurs ont fait d'autres découvertes intéressantes.

Ils ont pu déterminer qu'il n'y a probablement jamais eu de potence sur le site. Il est plus que probable que les bourreaux ont jeté une corde sur un grand arbre.  
Baker a aussi souligné qu'il n'y aucune preuve que les victimes aient été enterrées à Proctor’s Ledge: c'est trop rocailleux et le sol est trop peu profond.

"Je pense que connaître l'endroit exact où les exécutions ont eu lieu est important car nous voulons une histoire juste" a rapporté le maire Kim Driscoll, "c'est aussi une opportunité de se réunir et de reconnaître l'injustice et la tragédie."

Pour Baker, un mémorial sur le site est important: "Nous devons marquer précisément ce lieu afin que cela ne soit jamais perdu à nouveau".


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4.13.2016

Crête: la cité de Knossos était trois plus grande que ce que l'on croyait

Entourée par des eaux turquoises sous le soleil de méditerranée, la Crête, située dans le sud de la mer Egée, est la plus grande île au large de la Grèce.

Des chercheurs de l'université de Cincinnati et le Knossos Urban Landscape Project (de l'UCL) ont constaté, lors de fouilles d'anciennes maisons et cimetières, que Knossos était trois fois plus grand que ce qui avait été estimé auparavant.

Knossos était la capite de la Crête Minoenne et le coeur de la civilisation minoenne. Image credit: Bernard Gagnon / CC BY-SA 3.0.

Dans un communiqué sur les découvertes, ils ont écrit que les tombes s'étalaient sur une plus grande surface que prévu, avec un énorme trésor de céramiques, de bijoux, d'objets en bronze et autres effets personnels.

Tous ces objets avaient été importés, ce qui suggère que la cité commerçait avec la Grèce, Chypre, le Proche Orient, l'Egypte, l'Italie et toute la Méditerranée.

Knossos est considérée comme étant la plus ancienne cité d'Europe, une métropole de l'âge du bronze qui a surgit grâce aux Minoens, la première civilisation avancée d'Europe.

Sir Arthur Evans, l'archéologue britannique qui découvrit le plus célèbre monument archéologique de Crète, le Palais de Cnossos, nomma cette ancienne civilisation d'après le Roi Minos. Ce personnage mythologique qui, selon la légende, ordonna la construction du labyrinthe abritant le minotaure.

La culture minoenne sur l'île de Crête se termina aux alentours du 15ème siècle avant JC, et la plupart des travaux archéologiques s'étaient concentrés sur la découverte de vestiges qu'ils avaient laissé derrière eux.

Cependant, le récent projet s'est penché sur l'examen d'artéfacts plus récents. Il a été découvert que la cité s'était remise de l'effondrement de son système socio-politique aux alentours de 1200 avant JC et qu'elle prospéra pendant l'âge du fer qui suivit l'âge du bronze.

Les artéfacts qu'ils ont trouvé suggèrent que Knossos est devenu un centre commercial dynamique, échangeant des biens avec les régions des alentours.

La réputation actuelle de la Crète, qui est un paradis pour les touristes qui veulent profiter des plages de l'île et des hôtels haut de gamme, inquiète les archéologues, surtout à la lumière de leurs récentes découvertes.

Ils espèrent travailler avec les habitants locaux pour préserver les sites qui pourraient contenir des restes précieux de Knossos.


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4.09.2016

Ce qu'ont révélé les sondages archéologiques autour de la Basilique Saint Sernin à Toulouse


Voici en images, un aperçu de ce qui se trouve sous terre autour de la place Saint-Sernin.

 L'actuelle place Saint-Sernin (Photo: La Dépêche du Midi)

 Ce qu'il y avait aux abords de Saint-Sernin

L'épitaphe de Jean Dominique, notaire à Toulouse mort en 1283 a été retrouvée dans un mur du 19e siècle. © J. Hocine, mairie de Toulouse.

 
 Deux chapiteaux du XIIIe siècle qui ont été exhumés.

 Squelette retrouvé lors des fouilles de la place Saint-Sernin, à Toulouse - Photo: Mairie de Toulouse

 Vestiges retrouvés lors des fouilles de Saint-Sernin, à Toulouse, été 2015. - Photo: Mairie de Toulouse


Vous trouverez de nombreuses photos sur le site du Musée Saint Raymond qui a suivi ces sondages à travers des chroniques hebdomadaires:

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4.06.2016

Les forêts nourricières: clés du succès de la civilisation Maya

Cela fait des années que l'archéologue Anabel Ford soutient que les anciens mayas savaient très bien gérer l'environnement de leur forêt tropicale à leur avantage. Ils arrivaient à nourrir d'importantes populations même après la période où de nombreux archéologues ont suggéré le déclin Maya au cours des 8ème et 9ème siècle après JC.

Un jardin forestier Maya. Courtesy BRASS/El Pilar

Elle remet en question les théories populaires, longtemps soutenues par de nombreux scientifiques, selon lesquelles les mayas ont commencé à décliner en raison de la surpopulation et de la déforestation pour augmenter la production agricole, aggravant ainsi la sécheresse et le changement climatique.

"A l'époque, il n'y avait pas de déforestation extensive" affirme Ford. Son raisonnement repose sur des années de recherches sur les anciennes pratiques de culture de "jardins forestiers", une méthode d'agroforesterie durable utilisant la technique agricole "Milpa". Il s'agit d'un paysage biodiversifié et polycultivé, dominé par les arbres, et géré par de petits agriculteurs dispersés. Ils emploient des cycles naturels et maximisent l'utilité de la flore et faune native.

Ses racines remontent avant l'apparition de la période Maya Préclassique, et cela fonctionnait en transformant une zone d'une forêt canopée en un champ ouvert. Une fois nettoyé, il était dominé par des cultures annuelles, transformant l'endroit en un jardin verger entretenu; puis retour à une forêt à canopée fermée, et le circuit recommence. "Contrairement aux systèmes agricoles européens qui se sont développés à peu près à la même période, ces champs n'étaient jamais laissés à l'abandon, même lorsqu'ils étaient boisés" explique Ford, "Ainsi, il y avait une rotation de plantes annuelles succédant à des étapes de vivaces forestiers que l'homme gérait avec attention tout au long de ces phases".

Elle explique le processus et ses implications en détail dans son livre, Maya Forest Garden: Eight Millennia of Sustainable Cultivation of the Tropical Woodlands, co-écrit avec Ronald Nig, professeur au Centro Investigaciones y Estudios Superiores en Antropología Social (CIESAS) au Chiapas, Mexique.

Le livre résume des années de recherche évaluant des données archéologiques, paléoenvironnementales, agricoles, botaniques, écologiques et ethnographiques au Guatemala, Mexique et Belize. Elle se penche aussi sur le grand centre Maya d'El Pilar (voir à ce sujet: Les archéologues découvrent une mystérieuse citadelle Maya)

"La recherche écologique, agricole et botanique sur la forêt Maya démontre que c'est en fait un jardin bariolé dominé par des plantes à valeur économique, et donc fortement dépendantes des interactions humaines" ajoute Ford. Ainsi, "la co-création, des mayas et de leur environnement forestier, était basé sur une stratégie de gestion des ressources donnant ce que l'on appelle le jardin-forêt Maya".

Le cycle de Milpa, depuis les champs de maïs aux plantes vivaces puis retour à la forêt. Courtesy BRASS/El Pilar

De plus, Ford souligne que le cycle Milpa est à l'origine de la forêt qui est une création et un "monument" du peuple Maya. "La forêt Maya, que l'on pensait être une jungle vierge et sauvage, est en réalité le résultat des activités humaines préhistoriques, coloniales et récentes" écrivent Ford et Nigh dans leur livre.


En d'autres mots, la gestion et mise en forme des éléments du paysage forestier, avec le cycle de Milpa, en un environnement humain, a été bénéfique en termes de nourriture, d'abris, de plantes médicinales et autres besoins pour une population ne cessant d'augmenter. Les mayas sont devenus les créateurs de leur environnement tropical, et de la jungle elle-même.

Plus important encore, en raison de ses techniques durables et de renouvellement, le cycle de Milpa est devenu la clé de la longévité de la civilisation Maya longtemps après "l'effondrement" de la période Classique.

Ford et Nigh concluent: "Lorsque les crises politiques frappèrent la société Maya au cours de la période Classique, la population s'est en grande partie retirée dans les jardins forestiers, abandonnant les grands centres et leurs élites".


Source:

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4.04.2016

De nouveaux outils numériques pour accélérer les travaux sur le patrimoine culturel

Predictive digitization, restoration and degradation assessment of cultural heritage objects
PRESIOUS
Le Projet Presious financé par l'Union Européenne a développé des outils logiciels qui pourront aider à améliorer l'efficacité du travail des archéologues européens dans une période où les financements sont restreints.

Ce projet montrera aussi que la simulation assistée par ordinateur peut jouer un rôle clé en aidant les chercheurs de diverses disciplines, dont la préservation des artéfacts du patrimoine culturel.

Une fois que le projet sera complété, ces outils seront mis gratuitement à disposition des archéologues qui pourront les télécharger. "Nous avons cherché à répondre à certains des défis auxquels les archéologues sont confrontés dans leur travail quotidien" explique le coordinateur du projet, le Professeur Theoharis Theoharis de l'Université Norvégienne des Sciences et de la Technologie, "afin de mieux comprendre, par exemple, à quoi un monument pourrait ressembler sous certaines conditions érosives, nous construisons un logiciel de simulation qui permet à un archéologue de scanner un objet en pierre et d'estimer des modèles d'érosion sous différentes conditions"

Un deuxième objectif a été de développer un logiciel de simulation pour aider les archéologues à rassembler des découvertes fragmentées, comme pour résoudre une puzzle 3D. "Lors d'une fouille, les archéologues se retrouvent souvent avec des milliers de fragments" ajoute Theoharis, "les rassembler implique une complexité quadratique, que les scientifiques en informatique comprennent bien".

Ce second outil développé par l'équipe du projet propose automatiquement des ajustements éventuels basés sur les fragments numérisés.
 
Artéfact original: Photo: http://www.presious.eu/

 Numérisation prédictive - http://www.presious.eu/

 Prédiction de dégradation - http://www.presious.eu/

Réparation d'objet - http://www.presious.eu/




La troisième solution concernait le développement d'un logiciel capable de combler les lacunes des objets archéologiques symétriques. Une fois que les fragments ont été minutieusement reconstruits, les artéfacts ont souvent des pièces manquantes. Ce nouveau logiciel fait le travail en reconnaissant les symétries et les motifs géométriques de l'artéfact, et à partir de cette information, propose des suggestions logiques pour remplir les trous et ainsi aider à optimiser la restauration.

"Mais pour pouvoir développer ces technologies, nous avons dû faire face à un obstacle principal: l'importance de la main d’œuvre et le coût de la numérisation" ajoute Theoharis, "nous avons vu qu'il fallait un opérateur qualifié pendant deux heures et demie pour scanner un seul fragment. Aussi, la quatrième chose que nous avons fait a été d'accélérer le processus de numérisation avec notre partenaire industriel". Cela a pu être mené à bien par le développement de la numérisation prédictive, qui utilise des prédictions basées sur des objets 3D provenant de répertoires d'artéfacts déjà numérisés afin d'accélérer le processus de numérisation

Cette technique est utile pour des applications où la réduction des coûts est impérative et où la précision de la numérisation n'est pas la finalité recherchée. "Nous avons discuté la possibilité de la commercialisation de notre logiciel, mais les partenaires académiques du projet ont compris que nos utilisateurs finaux, les archéologues, travaillent dans le cadre de contraintes financières sévères" explique Theoharis, "aussi, ces outils seront libres une fois le projet terminé (fin janvier 2016). De plus, nous avons beaucoup de données et de résultats de recherche que nous avons l'intention de mettre à disposition en ligne."

Les retours de la communauté archéologiques lors de conférences et séminaires ont été très positifs; et Theoharis est sûr que les outils PRESIOUS contribueront directement à la préservation du patrimoine culturel européen.

Le site du Projet Presious: http://www.presious.eu/



Source:

4.02.2016

Ce que mangeaient les constructeurs de Stonehenge...

Une équipe d'archéologues de l'Université d'York a révélé de nouvelles connaissances sur les choix culinaires et les habitudes alimentaires à Durrington Walls, un monument du néolithique et site d'implantation, dont on pense qu'il abritait les constructeurs de Stonehenge tout près de là au cours du 25ème siècle avant JC.

Durrington Walls vu depuis le sud. Image: Midnightblueowl 

Avec des chercheurs de l'Université de Sheffield, ils ont découvert, suite à l'analyse de poteries et d'ossements d'animaux, des traces de festins mettant en avant des cuissons de style barbecue et un schéma inattendu dans la façon dont les aliments étaient distribués et partagés sur le site.


Les pots avaient différentes utilisations

L'analyse chimique des résidus de nourriture prélevés sur plusieurs centaines de fragments de poterie a révélé des différences dans l'utilisation des pots.

Ceux trouvés dans les zones habitées étaient utilisés pour cuire des produits d'origine animale comme le porc et le bœuf, et les produits laitiers; tandis que les poteries dans les espaces cérémoniels étaient utilisées essentiellement pour les produits laitiers.

Une telle structuration spatiale pourrait signifier que le lait, les yaourts et les fromages étaient perçus comme des aliments assez exclusifs, consommés uniquement par quelques privilégiés, ou bien, que les produit laitiers étaient utilisés dans des cérémonies publiques.

Curieusement, il y avait peu de traces de préparation de nourriture végétale dans tous les secteurs du site.

Les principaux éléments recueillis mettent en avant une importante consommation de viande animale, et en particulier des cochons. Des analyses d'ossements d'animaux menées à l'Université de Scheffield ont montré que de nombreux porcs avaient été tués avant d'atteindre leur poids maximum. Ce sont de fortes preuves d'abattages planifiés pendant les automnes et hivers, et de consommations lors de festins.

Les principales méthodes de cuisson de la viande semblaient être de façon bouillie et rôtie dans des pots, probablement autour de foyers intérieurs (on a pu voir des traces de brûlures distinctives sur les ossements).

Durrington Walls, vu depuis Woodhenge. Image: Psychostevouk (CC BY-SA 3.0)

Du bétail se promenait sur le site

Des os provenant de toutes les parties du squelette de l'animal ont été trouvés, ce qui indique que le bétail vivait sur le site et non pas qu'il arrivait en morceaux de viande.

L'analyse isotopique a indiqué que le bétail provenait de différents lieux dont certains assez éloignés du site. Ceci est important car cela devait demander l'organisation d'un grand nombre de volontaires susceptibles de se rendre loin.

Les schémas observés de ces festins ne correspondent pas avec une société basée sur l'esclavage où le travail est forcé et coercitif, comme cela a pu être suggéré.

D'après le Dr Oliver Craig, directeur de thèse en science archéologique à l'Université d'York et auteur principal de l'article de cette étude: "des preuves de partage des aliments et d'activités par zone à Durrington Walls montrent un plus grand degré d'organisation culinaire que ce que l'on attendait pour cette période de la préhistoire britannique. Les habitants et de nombreux visiteurs de ce site possédaient une compréhension commune sur la façon dont les aliments devaient être préparés, consommés et disposés. Ceci, mis avec les preuves de festins, suggère que Durrington Walls était une communauté de travail bien organisée."  

Pour le professeur Mike Parker Pearson, professeur à l'UCL (University College London) et directeur du Feedings Stonehenge Project: "Cette nouvelle recherche nous a donné un aperçu fantastique de l'organisation de festins à grande échelle parmi les gens qui ont construit Stonehenge. Les animaux étaient apportés de toute la Grande-Bretagne pour être cuits au barbecue et cuisinés lors de rassemblements de masse en plein air et pour être mangés lors de repas privés plus organisés à l'intérieur des nombreuses maisons à Durrington Walls. Le placement spécifique des pots à lait sur les grandes constructions cérémonielles révèle que certains produits avaient une signification rituelle au-delà de l'aspect nutritif. Le partage de la nourriture avait des connotations aussi bien sociales que religieuses pour promouvoir l'unité parmi ces communautés agricoles préhistoriques dispersées en Grande-Bretagne".

Le Dr Lisa-Marie Shillito, qui a analysé les échantillons de poterie et qui a récemment rejoint l'Université de Newcastle, a ajouté que: "la combinaison de l'analyse des poteries et de l'étude des ossements d'animaux est très efficace, et montre comment ces différents types d'évidences peuvent être rassemblés pour donner une image détaillée de la nourriture et de la cuisine dans le passé."
Relecture par Marion Juglin

Sources:
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3.30.2016

Les gènes de Néandertal ont amélioré l'immunité de l'Homme Moderne

Le croisement des hommes modernes et des néandertaliens en Europe il y a des milliers d'années, a donné aux hommes des variations génétiques qui ont augmenté la capacité de ceux qui les portent à lutter contre les infections.

Cet héritage de l'Homme de Néandertal aurait aussi laissé certaines personnes plus sujettes aux allergies.

Ces découvertes, rapportées dans deux études indépendantes dans l'American Journal of Human Genetics en janvier dernier montrent le rôle important des relations interspécifiques dans l'évolution humaine et plus spécifiquement dans le système immunitaire inné, qui sert de première ligne de défense de l'organisme contre l'infection.

Une représentation d'artiste de l'Homme de Néandertal au Rheinisches Landesmuseum Bonn, Germany. Celldex, Wikimedia Commons

"Nous avons découvert que le croisement avec les hommes archaïques, les Néandertaliens et Dénisoviens, a influencé la diversité génétique dans les génomes actuels, dont trois gènes de l'immunité innée appartenant à la famille des récepteurs de type Toll." rapporte Janet Kelso de L'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste à Leipzig en Allemagne.

"Ces gènes d'immunité innée, et d'autres, présentent des niveaux plus élevés d'ascendance de Néandertal que le reste du codage du génome", ajoute Lluis Quintana-Murci de l'Institut Pasteur et du CNRS à Paris, "cela souligne l'importance que les événements d'introgression  (le mouvement des gènes entre les espèces) ont pu avoir dans l'évolution du système immunitaire inné de l'homme".

De précédentes études avaient montré qu'un à six pourcent des génomes d'eurasiens modernes étaient hérités d'anciens hominidés, comme les néandertaliens ou dénisoviens.

Quintana-Murci et ses collègues sont partis à la découverte de l'évolution du système immunitaire inné dans le temps. Ils ont eu à disposition de vastes quantités de données disponibles à partir des individus d'aujourd'hui, grâce au Projet 1000 Génomes, ainsi que les séquences du génome d'anciens hominidés.

L'équipe de Quintana-Murci s'est concentrée sur une liste de 1500 gènes, connus pour jouer un rôle dans le système immunitaire inné. Ils ont alors examiné  les modèles de variation génétique et l'évolution des changements dans ces régions relatives au reste du génome à un niveau de détail sans précédent.

Finalement, ils ont estimé le moment du changement dans le système immunitaire et dans quelle mesure la variation de ces gènes a été transmis par les néandertaliens.

Ces investigations ont révélé peu de changements sur de longues périodes de temps pour certains gènes immunitaires innés, en raison de fortes contraintes. D'autres gènes ont subi des balayages sélectifs dans lesquels une nouvelle variante a rapidement augmenté jusqu'à proéminence, peut-être en raison d'un changement dans l'environnement ou bien suite à une maladie épidémique.

Cette carte du monde montre les fréquences d'ADN de type TLR néandertalien dans la base 1000 Génomes. La taille de chaque point est proportionnelle au nombre d'individus dans une population. Credit: Dannemann et al./American Journal of Human Genetics 2016

La plupart des adaptations dans les gènes codant des protéines se sont produits dans les derniers 6000 à 13000 ans, alors que les populations humaines passaient de la chasse et de la cueillette à l'agriculture.

Cependant, Quintana-Murci précise que la plus grande surprise pour eux "a été de trouver que le groupe TLR1-6-10 est parmi les gènes ayant des ancêtres de Néandertal les plus élevés à la fois chez les européens et les asiatiques."

Dans la seconde étude, Kelso et ses collègues sont arrivés à la même conclusion, mais ils n'ont pas cherché à étudier le système immunitaire. Leur intérêt était de comprendre l'importance fonctionnelle des gènes hérités des hommes archaïques de façon plus générale.
Ils ont analysé les génomes humains actuels pour trouver des groupes ayant de grandes similarités avec les génomes des néandertaliens et des dénisoviens. Ils ont alors examiné la prévalence de ces groupes dans les hommes actuels de différentes parties du monde.

Ces analyses les ont conduit aux mêmes trois gènes TLR. Deux de ces variantes génétiques sont plus similaires au génome de Néandertal, alors que la troisième est plus similaire au génome du Dénisovien, rapporte le groupe de Kelso.


Bien que cette plus grande sensitivité puisse protéger d'une infection, cela peut aussi augmenter la sensibilité des gens actuels aux allergies.

"Ce qui a émergé de notre étude comme dans d'autres travaux sur l'introgression est que le croisement avec les hommes archaïques a en effet des implications fonctionnelles pour l'homme moderne, et que les conséquences les plus évidentes ont été dans l'élaboration de notre adaptation à notre environnement, améliorant la façon dont nous résistons aux pathogènes et métabolisons les nouveaux aliments." explique Kelso.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, cela a beaucoup de sens, estime-t-elle. Néandertal, par exemple, a vécu en Europe et dans l'ouest de l'Asie pendant environ 200000 ans avant l'arrivée de l'homme moderne. Ils étaient donc probablement bien adaptés au climat local, aux aliments et aux pathogènes. Aussi, le croisement avec les hommes archaïques, nous a apporté ces adaptations avantageuses.

Relecture par Marion Juglin

Source:

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