9.30.2016

Les anciennes civilisations savaient s'adapter aux changements saisonniers

Les anciennes civilisations, aussi bien en Inde qu'en Chine, connaissaient les changements saisonniers; aussi, elles comprenaient et utilisaient le paysage en conséquence. C'est ce que rapportent des géo-archéologues qui ont mené une étude dans les deux pays.

Au cours d'une conférence, sur l'adaptation homme/environnement à Alamgirpur, un site archéologique préhistorique dans l'ouest de l'Uttar Pradesh, et sur des sites préhistoriques sur les rives du Fleuve Jaune en Chine, deux jeunes géo-archéologues ont dit avoir des preuves que des civilisations préhistoriques s'étaient adaptées aux inondations, aux périodes de sécheresse ainsi qu'aux moussons.
Le Fleuve Jaune en Chine.

Sayantani Neogi, associé de recherche postdoctoral au Murray Edwards College, Université de Cambridge, rapporte que tous les sites préhistoriques autour d'Alamgirpur, considérée comme la limite la plus à l'est de la civilisation Harappéenne, étaient situés dans les plaines inondables d'un ancien affluent de la rivière Yamuna.


"Situés sur les digues"


 "Les analyses de sédiments nous ont apporté la preuve que ces sites étaient situés sur des digues (ou talus naturels des rivières). Ces peuples préhistoriques étaient suffisamment intelligents pour s'installer sur une digue afin de profiter des bénéfices des inondations de la rivière. En même temps, le site lui-même n'était pas affecté par les inondations." a expliqué Ms Neogi lors de la conférence à l'Indian Museum.

Lors de son discours mené avec Yijie Zuhang, maître de conférence au Chinese Archaeology, Institute of Archaeology, University College, Ms Neogi a précisé que l'étude géo-archéologique du sol du site a montré l'apparition d'une phase sèche puis d'une phase humide, révélant la présence de mousson.

A partir d'études de cas en Chine, Yijie Zhuang a supposé la présence d'ingénierie pré-hydraulique utilisée dans la construction de barrages comme l'ont révélé de récentes fouilles.


Se protéger contre les inondations


Se référant aux sites archéologiques le long du Fleuve Jaune, Yijie Zhuang rapporte que depuis l'âge du bronze, les gens ont fait des tentatives pour se protéger des inondations. "Lorsque les inondations arrivaient, les gens se retiraient et revenaient lorsque les inondations reculaient." dit-il, ajoutant que "la géo-archéologie a contribué a améliorer la compréhension de l'adaptation humaine"

Bien que la géo-archéologie soit utilisée régulièrement dans les recherches archéologiques occidentales, c'est un champ de recherche relativement nouveau en Asie.


Source:

9.28.2016

Le nom de la déesse Uni découvert sur une pierre gravée étrusque


Les archéologues ont traduit une inscription rarissime sur une ancienne pierre étrusque provenant d'un temple. Ils y ont découvert le nom de la déesse Uni.

La découverte indique qu'Uni, une divinité de la fertilité et probablement une déesse mère, à cet endroit particulier était la divinité titulaire vénérée du sanctuaire de Poggio Colla. Il s'agissait d'un lieu de peuplement clé en Italie pour l'ancienne civilisation étrusque.

La mention fait partie d'un texte sacré qui est probablement la plus longue inscription étrusque jamais découverte sur une pierre, d'après l'archéologue Gregory Warden, professeur à l'Université Méthodiste du Sud, Dallas qui finance les fouilles archéologiques.

Le nom de la déesse Uni découvert sur une pierre gravée étrusque
L'inscription sur la stèle a révélé la mention de la déesse Uni ainsi qu'une référence au dieu Tina, dieu suprême des étrusques. Image: Mugello Valley Project

Un culte de la fertilité


Les scientifiques ont découvert que l'ancienne pierre était intégrée dans le mur d'un temple de Poggio Colla; les fouilles ont aussi révélé d'autres objets étrusques, comme des fragments de céramique dont l'un représentant le plus ancien accouchement dans l'art européen (voir l'article à ce sujet: La représentation antique d'un accouchement découvert sur un site Etrusque).

Ces objets renforcent l'interprétation d'un culte de la fertilité à Poggio Colla, selon Warden.


Les experts de la langue étrusque étudient le bloc de près de 200kg pour traduire le texte. Il est très rare de pouvoir identifier le dieu ou la déesse vénéré dans un sanctuaire étrusque. "Le lieu de cette découverte, un endroit où de prestigieuses offrandes étaient faites, et la présence possible dans l'inscription du nom d'Uni, ainsi que la prise en charge du texte qui laisse supposer que c'est le travail d'un sculpteur sur pierre qui suit fidèlement un modèle transmis par un scribe prudent et instruit, suggèrent que le document avait un caractère dédicatoire" rapporte Adriano Maggiani, ancien professeur à l'Université de Venise et l'un des érudits travaillant à déchiffrer l'inscription.

"Il est aussi possible que cela exprime les lois du sanctuaire, c'est-à-dire une série de prescriptions liées aux cérémonies qui devaient avoir lieu ici, peut-être en lien avec un autel ou un autre espace sacré" continue Warden, co-directeur et principal investigateur du Mugello Valley Archaeological Project.


De nouveaux mots


D'après Warden, il sera plus facile de parler avec certitude une fois que les archéologues auront complètement reconstruit le texte, qui comprend 120 caractères ou plus. Lorsque les archéologues auront compris comment fonctionne la grammaire étrusque, et qu'ils auront appris certains de ses mots et son alphabet, ils s'attendent à découvrir de nouveaux termes jamais vus jusqu'à présent, d'autant plus que cette découverte diffère des autres en ce sens que ce n'est pas un texte funéraire.

Les archéologues de la Vallée Mugello ont annoncé la découverte de la déesse Uni lors d'une exposition à Florence en août dernier: "Scrittura e culto a Poggio Colla, un santuario etrusco nel Mugello".

Le texte pourrait spécifier le rituel religieux pour les cérémonies dédiées à la déesse. On s'attend à ce que cela révèle les premières croyances d'une culture perdue mais fondamentale aux traditions occidentales.

La dalle de grès, qui date du 6ème siècle avant l'Ere Commune, et qui mesure près de 1.2 m sur 60cm, a été découverte au cours des dernières étapes de deux décennies de fouilles dans la Vallée de Mugello qui se situe au nord-est de Florence dans le nord de l'Italie.

La stèle partiellement nettoyé porte l'une des plus longues inscriptions étrusque jamais trouvé jusqu'ici, énonçant peut-être des rituels religieux. Image: Mugello Valley Project

Les inscriptions étrusques permanentes sont très rares

Les étrusques ont gouverné Rome, influençant la civilisation dans tous les domaines, de la religion et du gouvernement à l'art et l'architecture. Peuple d'une grande culture, les étrusques étaient aussi très religieux et leur système de croyance imprégnait tous les aspects de leur vie et de leur culture.

L'inscription pourrait révéler des données permettant de comprendre leurs concepts et rituels, ainsi que leur écriture et langage.  Des inscriptions étrusques permanentes sont très rares, car ils utilisaient généralement des livres en tissu de lin ou des tablettes de cire.

Les textes qui ont été préservés sont plutôt courts et proviennent de tombes et sont donc de nature funéraires. "Nous pouvons, à ce stade, affirmer que cette découverte est l'une des plus importantes découverte étrusque de ces dernières décennies" ajoute Warden, "c'est une découverte qui nous apporte non seulement des informations sur la nature des pratiques sacrées à Poggio Colla, mais aussi des données fondamentales pour la compréhension des concepts et rituels des étrusques, ainsi que leur écriture et peut-être leur langue".

En plus d'être probablement la plus longue inscription étrusque sur une pierre, c'est aussi l'un des trois plus longs textes sacrés à ce jour. Une partie de celui-ci fait référence à "tina ?", Tina est le nom de la divinité suprême des étrusques. Il est l'équivalent du dieu grec Zeus ou Jupiter chez les romains.                          

Un symbole imposant et monumental de l'autorité en son temps.


La dalle a été découverte intégrée aux fondations d'un temple monumental où elle fut enfouie pendant plus de 2500 ans. A son époque, elle devait être exposée comme un symbole imposant et monumental de l'autorité, selon Warden.

Le texte est en train d'être étudié par deux experts de la langue étrusque, Maggiani qui est épigraphe et Rex Wallace, professeur d'études classiques à l'Université Amherst du Massachusetts et linguiste comparatif.

Un hologramme de la stèle sera montré à l'exposition de Florence, car la stèle est en cours de restauration dans les laboratoires de conservation de la superintendance archéologique de Florence.

Des documents numériques sont aussi en cours de réalisation par les experts du département d'architecture de l'Université de Florence.  La pierre en grès est très abrasée et ébréchée, aussi le nettoyage devrait permettre aux scientifiques de lire l'inscription.

D'autres objets mis au jour aux cours des vingt dernières années ont apporté de nombreuses informations sur le culte étrusque et les cadeaux aux divinités, sur la vie quotidienne des élites et de la population, dont les ateliers, les fours, les poteries et les maisons.

Tous ces matériaux ont permis de documenter l'activité rituelle du 7ème siècle au 2nd siècle avant l'Ere Commune.


Source:

Derniers articles sur les Etrusques:

9.21.2016

Les cuisines restaurées de Pompéi nous montrent comment cuisinaient les romains

Avant d'être enfouies par l'éruption volcanique en 79 après JC, les cuisines de la Fullonica di Stephanus de Pompéi fournissaient de la nourriture pour les domestiques de cette laverie sur trois étages.

La Fullonica était l'endroit où les riches patriciens romains envoyaient leurs toges afin d'être lavées dans d'immenses bains d'argile et d'urine. Les vêtements étaient ensuite rincés, séchés et mis dans des presses spéciales pour assurer leur retour à leurs nobles propriétaires sans avoir de pli.

Les cuisines de la Fullonica di Stephanus. Photo: Archaeological Superintendency of Pompeii

Grâce à une remise en état récemment terminée, les cuisines à l'intérieur de la Fullonica apparaissent aujourd’hui comme elles étaient il y a 2000 ans, avec ses grils en métal, ses pots, casseroles et vaisselles en terre cuite.

Cela fourni un aperçu intéressant sur les pratiques culinaires romaines. Ainsi, les romains cuisinaient leur nourriture au-dessus de fosses spécialement conçues, dans lesquelles reposaient des lits de charbon de bois en flamme.
De gros morceaux de viande, du poisson et des légumes étaient alors mis sur les grils directement sur les charbons. Pendant ce temps, les soupes et ragouts mijotaient plus loin dans des pots et casseroles qui reposaient sur des trépieds spéciaux pour les élever au-dessus des braises brûlantes.

Tout l'équipement pour la cuisine, qui est aujourd'hui exposé, a été trouvé dans et autour des cuisines au cours des premières fouilles faites par le Superintendant de Pompéi, Vittorio Spinazzola en 1912. Initialement, Spinazzola laissa tous les objets dans la cuisine, mais ses successeurs les empaquetèrent pour les stocker ailleurs ou les placer dans des vitrines d'exposition dans différentes zones du site.

"Nous sommes ravis que les différentes pièces aient été finalement remises où elles avaient été trouvées et nous sommes certains qu'elles seront appréciées par les touristes modernes, désireux d'apprendre comment les gens vivaient dans l'antiquité" rapporte Massimo Osanna, Superintendant archéologique actuel de Pompéi.

 Morceau de pain carbonisé.

Dans le cadre de la même initiative, d'autres exemples de pratiques culinaires des anciens romains ont aussi été mis en exposition permanente. Les visiteurs peuvent désormais admirer un morceau de pain carbonisé vieux de deux millénaires et admirer un pot en métal contenant les restes fossilisés d'une soupe de haricots fèves et de légumes.
 
Relecture par Digitarium.fr
Source:


Derniers articles sur la civilisation romaine:

9.16.2016

Un palais illyrien de plus de 2000 ans découvert au Monténégro

Le village de Risan au Monténégro fut la capitale de la Reine Teuta, dont les actions engendrèrent la première guerre d'Illyrie en 229 avant JC.

Des chercheurs de l'Antiquity of Southeastern Europe Research Center de l'Université de Varsovie y ont entamé des fouilles en 2000. Jusqu'ici, leur travail a permis, entre autre, de réviser les approches historiques sur l'ordre du règne des souverains illyriens. Ainsi, le règne du Roi Ballaios a été déplacé d'un siècle en arrière: il n'était pas le successeur de la Reine Teuta mais son prédécesseur.

Vue générale de la zone de fouilles. Photo by P. Dyczek

Récemment, des travaux se sont concentrés sur la section représentant la cité, qui est aussi la zone la plus élevée. Les archéologues ont ainsi découvert des constructions monumentales remontant au 3ème siècle avant JC.

Le premier complexe a été construit avant 260 avant JC, le second après 250 avant JC. "Toutes les données que nous avons obtenues indiquent que nous avons découvert le complexe d'un palais hellénistique des dirigeants de Risan. Ce sont les premières structures de ce type découvertes dans la région d'Illyrie, et elles ont pu appartenir au Roi Ballaios et à la Reine Teuta. Jusqu'à présent, nous ne savions même pas que de telles structures existaient" rapporte le Professeur Dyczek, "la situation des bâtiments, leur échelle, leur plan, et les techniques de constructions utilisées sont tout à fait inhabituels et uniques lorsqu'on les compare avec d'autres exemples d'architecture illyrienne, dont les structures ont déjà été découvertes à Risan. Nous avons mis au jour ce lieu à partir de sources de l'antiquité. C'est rarissime en archéologie."

Le chercheur note qu'il y a seulement un petit nombre de palais appartenant aux dirigeants Hellénistiques, même  s'ils furent construits pour de grandes et célèbres dynasties. Il y a aussi des exemples individuels de palais plus petits, mais pas dans la région d'Illyrie. "Il semble que nous avons découvert un complexe palatial appartenant à au moins deux rois différents" ajoute Dyczek.

Les archéologues ont décrit les fragments des restes du premier palais ainsi: il y avait une grand pièce sous la forme d'un mégaron avec une cheminée au centre.  Au cœur du foyer, les scientifiques ont trouvé une offrande de 30 pièces. Sur l'axe du foyer, des deux cotés, il y avait des colonnes en marbre. Dans la pièce se trouvaient des fragments de vaisselle de table de luxe hellénistiques.

 Le foyer dans le mégaron. Photo by P. Dyczek

Près du mégaron, il y avait des pièces de stockage à amphores, et devant le mégaron se trouvait une cour pavée et une portion de route.

D'après le professeur Dyczek, le bâtiment fut entièrement brûlé au cours d'une violente attaque. Dans les ruines, les archéologues ont découvert des projectiles de fronde en plomb, ce qui supporte leur théorie.

Un nouveau palais fut construit sur les ruines du premier. L'ancien mégaron fut converti en cuisine ou en salle de banquet dans le nouveau complexe. Les murs furent construits en grandes pierres calcaires soigneusement conçues et selon la technique grecque d'anathyrose. Un bossage décorait la face du mur, et les bords des pierres étaient sculptés.

Le professeur Dyczek pense que les constructeurs ont attaché une grande importance à l'aspect esthétique du bâtiment. L'intérieur était divisé en au moins trois zones. Le sol fut d'abord fait en dalles de calcaire, mais plus tard, le sol de l'une des pièces fut refait avec des cailloux fins formant un sol en mosaïque.

Coin du palais plus récent. Photo by P. Dyczek

Le bâtiment avait de larges entrées fermées par des portes en bois. Les archéologues ont aussi découvert des fragments de deux grands heurtoirs. L'une des entrées était décorée avec des cadres en mortier dans lesquels étaient moulées des demi-colonnes.

Le palais fut malheureusement détruit et pillé et il ne restait que murs qui furent rasés au début du 20ème siècle lors de la construction d'une scierie à Risan.


Source:

9.13.2016

Les preuves d'une inondation légendaire découvertes en Chine

Selon la légende, "une inondation catastrophique à l'aube de la civilisation chinoise aurait balayé les villages, l'eau était montée si haut qu'elle débordait des collines, des montagnes et même du ciel"... Le roi Yu qui maitrisa les eaux en creusant des canaux aurait ainsi gagné un mandat pour gouverner et jeter les bases de la première dynastie de la Chine, les Xia.

Les chercheurs on déduit qu'il y a 4000 ans, suite à un tremblement de terre et à un glissement de terrain, environ 15 trillions de litres d'eau se sont amassés derrière un barrage de pierres et de sédiments près des gorges de Jishi (ci-dessus). Lorsque le barrage s'est rompu, les eaux ont submergé les plaines du nord de la Chine considérées comme le berceau de la civilisation chinoise. (Wu Qinglong) 

Mais jusqu'à présent, les scientifiques n'avaient pu trouver la preuve que l'inondation, ou Yu, ou même que la Dynastie Xia ait existé en dehors des mythes transmis à travers les millénaires.

Aujourd'hui, une équipe de chercheurs menée par Wu Qianlong, un ancien séismologue de l'Université de Pékin, rapporte, dans une étude publiée dans le journal Science, avoir trouvé les preuves qu'une inondation a submergé une vaste portion du territoire il y a à peu près 4000 ans.

Cela pourrait renforcer la théorie, bien qu'encore controversée, selon laquelle la dynastie Xia a existé en tant que premier État unifié de la Chine. "Aucune preuve scientifique n'avait été trouvé auparavant" sur cette inondation légendaire, rapporte Wu.

Les chercheurs ont déterminé la date du tremblement de terre en datant au radiocarbone les squelettes d'enfants dans un groupe de 14 victimes découvertes broyées en aval, apparemment lorsque leur maison s'est effondrée. (Cai Linhai)

15 trillions de litres d'eau

A l'aide de la datation au radiocarbone d'ossements et d'échantillons de sol le long du fleuve Jaune, l'équipe de Wu a pu établir qu'un tremblement de terre a déclenché un énorme glissement de terrain endiguant les voies navigables en 1920 avant JC.

Les chercheurs ont pu faire la datation chimiquement à partir des squelettes d'enfants provenant d'un groupe de 14 victimes découvertes broyées en aval, apparemment lorsque leur maison s'était effondrée au cours du tremblement de terre.

Les chercheurs en ont déduit que pendant six à neuf mois, environ 15 trillions de litres d'eau se sont accumulés derrière un mur de roche et de boue près des gorges de Jishi dans la province de Qinghai.

Lorsque la digue s'est rompue, les eaux se sont déversées dans la gorge avec un débit 500 fois supérieur au débit moyen du Fleuve Jaune, submergeant les plaines du nord de la Chine que l'on considère comme le berceau de la civilisation chinoise.

L'inondation, sur le troisième plus long fleuve d'Asie, a dû être parmi les pires qu'il y ait eu n'importe où ailleurs dans le monde au cours des 10000 dernières années et cela corrobore les histoires d'une "Grande Inondation" qui a marqué le commencement de la civilisation chinoise avec la Dynastie Xia.



L'inondation a précédé de plusieurs siècles les premiers documents écrits sur des os d'oracle

Des textes historiques remontant à environ 1000 avant JC mentionnent un dirigeant Xia légendaire, Yu, qui avait mis au point un système de dragues pour contrôler une importante inondation qui a duré des générations. On rapporte qu'elle provenait des environs des gorges de Jishi, d'après divers textes. Sa capacité à lutter contre les catastrophes naturelles lui permit de régner et de servir de modèle pour des générations de dirigeants chinois ultérieurs.

Sa légende fut immortalisée plus tard dans des textes parmi les plus connus dans l'antiquité chinoise, comme les Annales de Bambou en 300 avant JC et les Mémoires du Grand Historien écrites par un historien de la cour Sima Qian sous la Dynastie Han en 94 avant JC.

Mais la légende est vivement débattue à notre époque. Au cours du siècle dernier, des érudits chinois ont douté de l'existence de Xia, ou alors, au lieu d'être un état unifié expansif n'était-ce pas plutôt de nombreux petits états qui ont été mélangés par d'anciens penseurs politiques chinois pour justifier une tradition de pouvoir centralisé.

Les preuves d'une inondation massive vont dans le même sens que la légende et "confortent l'idée que la dynastie Xia pourrait vraiment avoir existé" ajoute David Cohen de l'Université Nationale de Taïwan, l'un des auteurs de l'article.

Dans les années 1980, des archéologues avaient découvert des constructions et des restes en bronze dans le village d'Erlitou dans la province du Henan. Les datations au radiocarbone ont donné la date de 1900 avant JC. De nombreux scientifiques estiment que le village, qui devait avoir une population de 30000 habitants, était l'ancienne capitale Xia.

Relecture par Digitarium.fr
Sources:

Dernier article à propos de la Dynastie Xia:

9.08.2016

Des tablettes de malédiction romaines découvertes en Serbie

Des archéologues rapportent avoir découvert des tablettes de malédiction (ou tablettes de défixion), faites en or et en argent, dans des tombes romaines.

Elles ont été trouvées sur le site archéologique de Viminacium en Serbie, lieu de l'ancienne capitale de la province romaine de la Mésie supérieure.

L'une des tablettes de malédiction en or. " Institute of Archaeology, Belgrade

Les romains les utilisaient pour maudire leurs voisins, proches ou amours contrariés. L'une des inscriptions de l'un des objets, que l'on appelle "tabella defixionis" en latin, commence ainsi: "Que toutes les forces et démons aident à..."

Certaines tablettes sont écrites en grec, mais elles comprennent également un langage et des symboles incompréhensibles. Les experts estiment que cela a probablement été inventé par les personnes qui ont fait les tablettes, afin que le message ne puisse être compris que des dieux et démons.

Cependant, la découverte est considérée comme importante car jusqu'ici les précédents exemplaires de tablettes étaient gravés dans le plomb, une matière beaucoup moins précieuse.

"C'est une découverte archéologique très importante car cela nous montre à quel point la vie à Viminacium était luxueuse, ou bien à quel point ils mettaient de l'espoir dans leurs tablettes de malédiction en utilisant des métaux précieux" rapporte Miomir Korac, archéologue en chef du site de Viminacium, "d'après mes connaissances, de telles tablettes en or n'ont jamais été trouvées ailleurs. Dans les habitudes romaines, l'or n'était jamais introduit dans les tombes."

Korac fait remarquer que les gens qui vivent dans cette partie de la Serbie aujourd'hui sont connus pour leurs superstitions.

Il ajoute aussi: "des divinités opposées apparaissent sur ces tablettes, comme si on invoquait à la fois le Christ et l'Antéchrist aujourd'hui, ou le Christ et des dieux païens, ce qui est étrange. Cela nous montre que le processus de conversion au christianisme a été lent".

Carte montrant la localisation du site archéologique de Viminatium en Serbie

Les scientifiques pensent que Viminacium approchait les 40000 habitants au 4ème siècle après JC (la période où furent fabriquées les tablettes). Cette ville était ainsi plus grande d'un tiers que Pompeii.

De plus, c'était une ville abritant des gens de différentes nations. "Nous avons trouvé que les païens et chrétiens étaient enterrés ensemble, et nous pouvons en conclure que, à l'époque, ils vivaient dans l'harmonie et la tolérance."

Cependant, en une centaine d'années, la ville fut détruite par les vagues des envahisseurs Huns, qui ont fait suite à l'invasion des slaves au 6ème siècle après JC.
Relecture par Marion Juglin
Source:

Derniers articles sur la civilisation romaine:

9.04.2016

Les chasseurs-cueilleurs se sont entrainés à l'agriculture en Turquie avant de migrer vers l'Europe

Des groupes de chasseurs-cueilleurs ont passé une grande partie de la fin de l'âge de pierre à travailler les bases de l'agriculture, sur les terres fertiles de ce qui est aujourd'hui la Turquie, avant d'exporter leurs connaissances vers l'Europe.

Dans une analyse d'anciens génomes publiée au début du mois d'août dans la revue scientifique américaine Current Biology, des chercheurs de l'Université de Stockholm et d'Uppsala en Suède et de l'Université Technique du Moyen Orient en Turquie, rapportent qu'au moins deux vagues d'anciens colons européens appartenaient au même groupe génétique de fermiers du centre de la Turquie (une généalogie qui remonte jusqu'aux premiers hommes qui ont cultivé en dehors de la Mésopotamie).

  Outils du site de Tepecik-Ciftlik en Anatolie. Credit: Tepecik-Ciftlik Archive

Pour clarifier l'évolution de l'agriculture à l'Ouest, les chercheurs ont comparé les informations génétiques d'européens vivant au cours de la période du néolithique (-10000 à -4000 ans: la chronologie variant entre l'Europe et le Moyen Orient) avec celles de neufs individus mis au jour dans deux anciennes implantations en Anatolie.

Les séquences génétiques les plus anciennes ont été prises sur 4 individus de la communauté Boncuklu qui vivaient il y a 10300 à 9500 ans. Les Boncuklu étaient un groupe de fourrageurs qui venait de passer à une agriculture à petite échelle.

Les autres exemples (datant de 9500 à 7800 ans) viennent de villageois de Tepecik-Çiftlik qui avaient des pratiques agricoles plus sophistiquées.

"A Boncuklu, nous avons trouvé des niveaux de diversité plus proches des chasseurs-cueilleurs contemporains, ce qui est n'est pas surprenant car eux-mêmes étaient des fourrageurs quelques siècles auparavant" rapporte le co-auteur Mehmet Somel, biologiste évolutionnaire à l'Université Technique du Moyen Orient, "En fait, c'étaient des proto-agriculteurs. Les Boncuklu n'avaient pas d'animaux domestiques et la cueillette était importante pour le village."

 "Même 1000 ans plus tard, dans des villages comme Tepecik-Ciftlik et Catlhoyuk, nous avons découvert que la chasse et la cueillette étaient encore importantes dans leur culture; ainsi, le mode de vie néolithique a mis du temps à se mettre en place, non seulement culturellement, mais aussi démographiquement" ajoute Anders Gotherstrom, archéologue à l'université de Stockholm, "ce qui s'est passé ici est très probablement  une augmentation de la population, avec une fécondité plus élevée, et des niveaux plus élevés de mobilité et de flux génétiques, entrainant avec le temps le développement de villages néolithique du proche orient plus cosmopolitains, et cela a pu finir par déclencher l'expansion vers l'Europe."

Bien qu'un gros travail archéologique a été fait sur ces sites, c'est la première étude à examiner les propriétés génétiques des restes humains.

Ce type d'analyse était impossible jusqu'à récemment en raison de la dégradation de l'ADN retiré de l'intérieur des ossements des défunts. Somel a aidé à l'acquisition du matériel génétique et Gotherstrom et son collègue Mattias Jakobsson de l'Université d'Uppsala ont séquencé le génome.

L'article permet de confirmer les spéculations concernant la façon dont l'agriculture s'est répandue vers l'Ouest, mais "ce qui s'est passé dans l'Est reste un chapitre où beaucoup reste encore à faire" précise Gotherstrom.

Les révolutions agricoles ont eu lieu dans d'autres parties du monde, et ce type d'analyse pourrait aider à comprendre comment elles se sont répandues.
.
Somel s'intéresse à l'exploration des mouvements des individus et sur la façon dont les connexions génétiques et culturelles se chevauchent dans l'histoire humaine.

L'article de l'étude: The Demographic Development of the First Farmers in Anatolia


Source:

Derniers articles sur l 'agriculture:

8.30.2016

Un chercheur veut confirmer la probable découverte d'un broch de l'âge du fer par la première femme archéologue d'Ecosse

Le Dr Murray Cook a lancé une campagne de financement participatif  (avec succès) afin de pouvoir déterminer si la première femme archéologue d'Ecosse, Christian Maclagan, avait bien raison au sujet de Stirling. En effet, elle affirmait que la ville avait son propre broch (construction en forme de tour ronde et creuse) de l'âge du fer.

Broch de Dun Telve près de Glenelg. Image: Wojsyl (CC BY-SA 3.0)

Sa découverte faite en 1870, et potentiellement importante, fut ignorée en son temps; le site qu'elle avait identifié ne fit pas l'objet de fouilles et fut finalement oublié... tout cela parce qu'elle était une femme.

En effet, le sexisme de l'époque était tel que son premier article clé a été lu seulement après avoir été transcrit par un homme, et on lui refusa le droit d'être membre à part entière de la Société des Antiquaires d'Ecosse (Society of Antiquaries of Scotland). Comme l'explique le Dr Cook "elle ne pouvait pas devenir un membre car elle n'était pas un homme".


La localisation du site

Après avoir étudié les archives de Maclagan entreposées au British Museum, le Dr Cook pense avoir identifié la localisation du site.

Un chercheur veut confirmer la probable découverte d'un broch de l'âge du fer par la première femme archéologue d'Ecosse
Intérieur d'un broch. source: digventures.

Sur l'un des deux endroits possibles, Cook a découvert qu'il était associé à une meule rotative non achevée, datant de la fin de l'âge du fer. De plus, un récent glissement de terrain a révélé une grande partie d'une maçonnerie horizontale en pierre sèche.

Le Dr Cook et son équipe ont donc lancé une campagne de financement participatif afin de pouvoir mener des fouilles sur 4 jours. Ils espèrent ainsi confirmer la présence du broch.

Broch Mousa dans les Shetland. Image: Otter (CC BY-SA 3.0)

Un Broch ?

Les brochs sont des structures écossaises en forme de tour vieilles d'environ 2000 ans. Bien qu'on les trouve à travers tout le pays, elles se concentraient à l'origine le long de la côte atlantique écossaise; ce sont tous des bâtiments à double parois avec parfois plusieurs étages, pièces et galeries.


En savoir plus sur le projet en cours:
Relecture par Marion Juglin

Source:

Derniers articles sur l'Ecosse:

A lire: