10.20.2016

D'anciennes pièces romaines trouvées dans les ruines d'un château japonais

Lorsque l'archéologue Hiroyuki Miyagi a appris qu'un certain nombre de pièces de monnaie antiques romaines et ottomanes avaient été mise au jour dans les ruines d'un ancien château à Okinawa, il a d'abord cru à un canular.

"je ne pouvais pas croire qu'ils avaient trouvé des pièces provenant de l'empire romain dans le château de Kasturen" a dit Miyagi, qui travaille à l'Université Internationale d'Okinawa, "je pensais que c'était des répliques laissées là par des touristes".

Vue aérienne du site de fouilles du château de Kasturen.
Vue aérienne du site de fouilles du château de Kasturen.

Une découverte fortuite


Depuis 2013, une équipe d'archéologues du conseil local d'éducation de la ville d'Uruma fouille le château de Kasturen, patrimoine mondial de l'UNESCO. Il est situé dans la préfecture d'Okinawa.

Pourtant, ces anciennes pièces de monnaie, dix au total, n'ont été découvertes que récemment lorsque Toshio Tsukamoto, chercheur du département des biens culturel du temple Gangoji, les a repérées lors d'un voyage au château: "je venais analyser des artéfacts dont une armure japonaise de samouraï lorsque j'ai vu les pièces. J'ai été sur des sites de fouilles en Egypte et en Italie et vu de nombreuses pièces romaines, aussi, je les ai reconnues immédiatement".

Les pièces ont été montrées plus tard à Miyagi qui les a examinées aux rayons X. "On peut voir les gravures sur les pièces plus clairement avec les rayons X" explique-t-il. L'archéologue a découvert que la pièce ottomane avait des inscriptions qui permettaient de la dater à 1687, tandis que les pièces romaines sont bien plus anciennes, entre 300 et 400 après JC.

L'une des pièces romaines découvertes sur le site du château de Kasturen.
L'une des pièces romaines découvertes sur le site du château de Kasturen.

De mystérieuses origines.


Pour, Masaki Yokou, porte-parole du conseil d'éducation de la ville d'Uruma, il est difficile de dire précisément d'où viennent ces pièces. Qualifiant ceci de "découvert étrange et intéressante", Yokou a expliqué que le château de Kasturen était connu pour avoir des relations commerciales avec la Chine et d'autres voisins asiatiques au 14 et 15ème siècle. "Nous ne pensons pas qu'il y ait un lien direct entre l'empire romain et le château de Kasturen, mais la découverte confirme que cette région avait des relations commerciales avec le reste de l'Asie." a ajouté Yokou.

Yokou et Tsukamoto supposent que les pièces ont fini au Japon après avoir suivi différentes routes commerciales reliant l'Occident à l'Asie. Miyagi qui a qualifié la découverte de "remarquable" ajoute que la prochaine étape était d'essayer de savoir comme précisément ces pièces sont arrivées au Japon.

D'autres artéfacts découverts sur le site de fouille au château de Kasturen comprennent des céramiques japonaises, des objets utilisés par les habitants du château, mais aussi des pièces et céramiques chinoises qui proviennent très certainement du commerce avec la Chine.

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10.14.2016

Chine: la célèbre armée de terre cuite aurait été faite avec l'aide des grecs

Des explorateurs occidentaux se sont implantés en Chine plus de 1500 ans plus tôt que ce qu'avaient estimé les spécialistes ! C'est ce que révèle une nouvelle étude après que des archéologues aient découvert que les guerriers en terre cuite auraient pu être fabriqués avec l'aide des grecs.

L'armée de terre cuite découverte en 1974 près de Xi'an. Getty Images 

Les 8000 statues, qui gardent le mausolée du Premier Empereur, semblent avoir été faite sous la direction d'un sculpteur européen qui travaillait avec les locaux sur le site et qui puisa son influence dans la Grèce antique.

Une étude extensive des sites dans la province du Xinjiang a révélé de l'ADN mitochondrial  spécifiquement européen, suggérant que des voyageurs occidentaux y ont vécu pendant la période du Premier Empereur.


La découverte a été saluée comme 'la plus importante de toute au cours des quarante dernières années", surpassant la découverte de l'Armée en terre cuite elle-même en importance.


Ce serait le premier contact documenté entre l'Occident et la civilisation chinoise jamais enregistré à ce jour, et découvert par les archéologues du mausolée lors de fouilles sur le site.

Ces découvertes clés comprennent les preuves que les trésors dans la tombe du Premier Empereur ont été créés avec l'aide des occidentaux, en s'inspirant de statues de la Grèce antique.

Le complexe funéraire lui-même s'est révélé être "bien plus grand qu'on ne le pensait", avec 61km², il est 200 fois plus grand que la Vallée des Rois en Egypte. Deux routes sortant du complexe ont été identifiées grâce aux drones.

Curieusement, la construction de sculptures grandeur nature ont été arrêtée après la mort du Premier Empereur de Chine. La dynastie qui lui succéda, les Han, créa au contraire des personnages, animaux et objets miniatures (photo ci-dessus).

Les scientifiques sont particulièrement excités pas la découverte d'ADN suggérant que des occidentaux vivaient dans la région au temps de Qin Shi Huang, entre 259 et 210 avant JC.

Selon le Dr Li Xiuzhen, archéologue principal au Musée du site du mausolée de l'Empereur Qin Shi Huang: "Nous avons maintenant la preuve que des contacts étroits existaient entre le Premier Empereur de Chine et l'Occident avant l'ouverture officielle de la Route de la Soie. C'est donc bien plus tôt qu'on ne le pensait auparavant."


La tombe du Premier Empereur fut influencée par l'arrivée de statues grecques en Asie Centrale


Des preuves de ce contact, estiment les experts, peuvent être trouvées dans le style des guerriers en terre cuite, alors "qu'aucune tradition de construction de statues de taille humaine" n'a été identifié en Chine auparavant.

Le Professeur Lukas Nickel, président de l'Histoire de l'Art Asiatique à l'Université de Vienne, pense que la tombe du Premier Empereur fut influencée par l'arrivée de statues grecques en Asie Centrale au cours du siècle suivant Alexandre le Grand: "J'imagine qu'un sculpteur grec était sur le site pour former les locaux".

"Nous pensons maintenant que l'Armée de terre cuite, les acrobates et les sculptures en bronze trouvés sur le site ont été inspirés par les sculptures et l'art grec" a jouté le Dr Xiuzhen.

Pour le Professeur Zhang Weixing, archéologue en chef sur le site du tombeau, "le travail archéologique mené ici est le plus important au cours de ces 40 dernières années. En examinant minutieusement la tombe principale du Premier Empereur et les enterrements subsidiaires, nous avons découvert quelque chose de plus important même que l'armée de terre cuite".

D'autres découvertes faites sur le site comprennent les ossements mutilés d'une jeune femme, qu'on estime être une concubine de haut rang, enterrée avec des bijoux précieux faits en perles et en or.

Le crâne d'un jeune homme, dont on pense qu'il serait celui du Prince Fu Su, le fils ainée du Premier Empereur, a été trouvé enfiché d'un carreau d'arbalète

Un reportage paraitra au sujet de cette découverte sur la BBC le 16 octobre prochain: The Greatest Tomb on Earth: Secrets of Ancient China

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10.12.2016

De nouveaux fossiles éclairent l'origine des Hobbits de l'île de Florès

Des chercheurs de l'Université de Griffith font partie de l'équipe internationale de scientifiques qui a annoncé la découverte des ancêtres de l'Homo Floresiensis, la mystérieuse espèce humaine ressemblant à des pygmées et découverte il y a plus de dix ans sur l'île indonésiennes de Florès.

 De nouveaux fossiles éclairent l'origine des Hobbits de l'île de Florès
Mandibule MM4 de Mata Menge. Photo Van den Bergh et al. 2016.

En septembre 2003, le squelette partiel d'une femme adulte primitive avait été mise au jour à Liang Bua, une grotte calcaire à l'ouest de Florès.

Connu sous l’appellation LB1, ce squelette est le plus curieux à avoir été découvert jusqu'ici. Étonnamment petit, seulement un mètre de haut, et avec un cerveau plus petit que celui d'un chimpanzé, ce minuscule individu vécut et mourut il y a environ 70000 ans....


Aujourd'hui, des restes fossilisés d'hominidés similaires en taille mais qui sont au moins dix fois plus vieux, ont été trouvés à Mata Menge, un site à ciel ouvert dans les prairies à 70km à l'est de Liang Bua, en Indonésie.

Un fragment de mâchoire inférieure d'un hominidé et plusieurs dents isolées ont été trouvés dans une couche de grès déposée par un ruisseau de bord de lac il y a près de 700000 ans.

Le Dr Adam Brumm du Centre de Recherche sur l'Evolution Humaine de l'Université de Griffith  rapporte que cette nouvelle découverte est une percée encore plus étonnante dans notre compréhension de l'origine des "Hobbits".

"Nous avons déterré des fossiles d'au moins trois individus, dont deux enfants, ainsi que des outils en pierre qui sont presque identiques à ceux faits par le plus jeune Homo Floresiensis" dit le Dr Brumm, archéologue qui a commencé les fouilles à Mata Menge en 2004 avec ses collègues du Geology Museum and Geological Survey Institute in Bandung en Indonésie, "Il y a une similarité frappante dans la taille et la forme entre les hominidés de Mata Menge et le hobbit de Liang Bua, ce qui est surprenant étant donné que les premiers sont plus vieux de plusieurs centaines de milliers d'années."
Les fossiles d’hominidés découverts à Mata Menge comprennent 6 dents et un fragment de mâchoire inférieure. Image: S. Hayes

Cela suggère que les individus de Mata Menge appartenaient à une population d'anciens hominidés ressemblant aux hobbits et qu'ils furent à l'origine de l'Homo Floresiensis.

Il pourrait même y avoir eu une très ancienne forme de hobbits, ce qui voudrait dire que ces espèces ont existé beaucoup plus longtemps qu'on ne le supposait.

Depuis que les premiers ossements du hobbit ont été trouvés, les scientifiques ont du mal à classer l'espèce Homo Floresiensis précédemment inconnue dans l'arbre des hominidés. On suppose que ces créatures ont évolué à partir d'une branche archaïque d'hominidés qui exista bien avant l'émergence de notre propre espèce en Afrique il y a quelques 200000 ans.


Deux hypothèses sur l'origine d'Homo Floresiensis.


Cependant, les experts étaient divisés sur le membre du groupe d'hominidés qui a engendré l'Homme de Florès. L'anatomie particulière d'Homo Floresiensis avait ainsi conduit à deux hypothèses étonnantes.

La première des hypothèses est que les hobbits descendent de l'Homo Erectus asiatique, ou Homme de Java, un ancien hominidé qui a atteint l'île de Java à l'ouest de Florès il y a environ 1,5 million d'années, et qui est similaire en hauteur aux hommes modernes. Un petit groupe de ces hominidés aurait alors échoué à Florès et diminué en taille avec le temps.

Ce serait un cas unique d'hominidés se conformant à la "Loi de l'Île", selon laquelle des mammifères isolés sur un île, limités en nourriture et sans prédateur, deviennent plus petits s'ils étaient grands (nanisme) ou plus grand s'ils étaient petit (gigantisme).

La seconde théorie estime que l'Homo Floresiensis est une branche d'un précurseur plus ancien, comme Homo Habilis ou même d'un australopithèque simiesque, précurseur des hominidés primitifs et actuellement connu d'après des données d'anciens fossiles trouvés en Afrique.


Toutes ces spéculations concernant l'origine d'Homo Floresiensis étaient dans l'impasse jusqu'à la découverte de ces derniers fossiles.


"Alors que seulement une poignées de fossiles ont été trouvés à Mata Menge jusqu'ici, les caractéristiques des dents impliquent fortement une parenté avec l'Homo Erectus" ajoute le Dr Brumm, "cela donne du poids à la théorie selon laquelle le Hobbit était une version naine de l'Homme de Java, qui finit en quelques sorte abandonné sur l'île."

Le fait qu'ils ont été trouvés avec des fossiles d'éléphants pygmées disparus (stegodon) et de rats géants, supporte aussi l'idée d'un groupe isolé d'Homo Erectus subissant un important changement d'évolution en raison de la Loi de l'Île (ou loi de Foster).

En attendant que des fossiles d'hominidés plus complets soient trouvés, le Dr Brumm estime que le mystère de l'apparition des hobbits n'est toujours pas résolu de façon convaincante. "Nous nous attendions à une réponse simple" ajoute-t-il, "nous ne l'avons pas eue: personne ne pensait que l'ancêtre du hobbit ressemblerait lui-même à un hobbit. Je ne pense pas qu'Homo Floresiensis était un Homo Erectus nain, mais pour identifier le bon ancêtre ils nous faut plus de données fossiles".

La présence de fossiles provenant de plusieurs individus à Mate Menge, cependant, suggère que d'autres restes de squelettes peuvent être trouvés, et l'équipe recherche maintenant des fonds pour élargir le champ des fouilles sur le site mais aussi à d'autres lieux à fossiles sur l'île.

"Mate Menge est une mise d'or" dit le Dr Brumm, "je m'attends à ce que de prochaines fouilles de ce site finissent par donner un crâne d’hominidé, ce qui nous permettra finalement de mettre un visage et un nom à l'ancêtre du hobbit. Nous saurons alors comment cette expérimentation dans l'évolution humaine a commencé."


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10.08.2016

Les scientifiques percent le secret des habits d'Otzi, l'Homme des Glaces

Il y a environ 5300 ans, mourrait l'homme que l'on connait sous le nom d'Ötzi. Personne ne sait comment se sont enchainées les choses, mais il finit avec une flèche dans l'épaule, une blessure à la tête et une coupure, probablement une blessure défensive, à l'une des mains.

reconstruction de l'Homme des Glaces
Encart: La momie Ötzi. Arrière-plan: reconstruction de l'Homme des Glaces. Credit: Wikimedia Commons

Après avoir rendu son dernier souffle, Ötzi fut enseveli et préservé dans un glacier de la région alpine d'Ötzal près de la frontière entre l'Autriche et l'Italie. Il y reposa jusqu'à ce que des randonneurs le découvrent en 1991 suite à la fonte des glaces.


Ötzi, aussi connu sous le nom de l'Homme des Glaces, a été l'objet de fascination et d'études depuis lors. Tout, depuis ses habits, son carquois, ses marques de tatouage sur sa peau desséchée jusqu'au contenu de son estomac (cerf et bouquetin semblent avoir été son dernier repas) a été préservé et donne un aperçu rarissime sur la vie des hommes à l'âge de glace.


Cependant, ses habits sont restés un mystère. De toute évidence ils étaient faits d'une sorte de cuir, mais ils sont un patchwork de différentes peaux cousues ensemble et à différents moments. Cela suggère qu'il y a eu de réguliers réassemblages au fur et à mesure que des morceaux s'usaient.

Certains des restes trouvés sur l'Homme des Glaces.
Certains des restes trouvés sur l'Homme des Glaces. Institute for Mummies and the Ice Man

Quelles peaux d'animaux a utilisé Ötzi ?


Ce que les chercheurs n'ont pu trouver jusqu'à ce jour, c'était les espèces d'animaux qui ont perdu leur peau pour tenir Ötzi au chaud.

Aujourd'hui, des chercheurs ont, avec ingéniosité, trouvé la réponse qu'ils ont publiée dans Nature.

Il y a de nombreuses choses qui rendent ardue l'étude des anciens cuirs. Tout d'abord, même les échantillons les mieux préservés sont fortement dégradés, rendant méconnaissable la texture de la peau qui pourrait permettre d'identifier l'animal.

Et, alors que l'ADN peut survivre des millénaires dans un profond gel glaciaire, le processus même de fabrication du cuir (raclage, chauffage, traitement de la peau avec des acides), détruit le matériel génétique. Ainsi, l'ADN qui est identifiable provient souvent des hommes qui ont effectué le tannage.

Mais, alors que l'ADN nucléaire (celui qui se trouve dans le noyau de la cellule) est détruit, l'ADN trouvé dans les mitochondries de production d'énergie de la cellule peut survivre, et il ne reste qu'à en récupérer suffisamment.


La technique de l'enrichissement mitochondrial


Pour ce faire, dans le cas d'Ötzi, un équipe dirigée par l'archéologue Niall J. O'Sullivan de la University College Dublin (UCD) a utilisé la technique de l'enrichissement mitochondrial. Comme le suggère le nom, cette méthode implique la récolte de l'ADN mitochondrial qui est disponible et utilise des réactifs et des enzymes afin de le concentrer et de l'amplifier.

O'Sullivan est ses collègues ont ainsi récolté de l'ADN mitochondrial du manteau d'Ötzi, de ses jambières, son chapeau, ses lacets, son carquois et son pagne (ce qui se rapproche le plus d'un sous-vêtement à l'époque de l'âge du cuivre).

Ils ont ainsi pu enrichir l'ADN disponible de 4 à 620 fois, selon l'échantillon. Le séquençage génétique ultérieur a révélé qu'Ötzi s'était vêtu à partir d'une grande variété de créatures.

Ses jambières provenaient de chèvres, son pagne était en peau de mouton et son manteau en peau de ces deux espèces. "Les matériaux dérivés des moutons et des chèvres provenaient de nombreuses bêtes" écrivent les chercheurs, "il y avait au moins quatre moutons et deux chèvres utilisés dans la production".

Les lacets de l'Homme de Glace, cependant, provenaient de bovins (ils sont semblables aux lacets en cuir des bottes de randonnée modernes) et le carquois était fait avec du chevreuil. Enfin le chapeau était l'objet qui avait dû demander le plus de temps de travail: il provenait d'un ours brun, ce qui suggère qu'Ötzi et ses compagnons n'avaient pas peur d'affronter de grands carnivores s'ils n'avaient pas le choix.

Les génomes des bovins, des moutons et des chèvres sont compatibles avec les animaux d'aujourd'hui à travers la plupart de l'Europe. De même, le chevreuil et l'ours brun ont des descendants contemporains dans la région Alpine.

La façon dont est mort Ötzi reste une affaire de spéculation: un crime passionnel, un combat pour des biens, un sacrifice rituel ou une autre fin peu agréable... Par contre, sa façon de vivre, et celle de sa communauté de l'âge de cuivre, est aujourd'hui un peu plus claire.

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10.03.2016

D'anciens squelettes chinois découverts à Londres pourraient réécrire l'histoire romaine

Des scientifiques examinant des squelettes mis au jour dans un ancien cimetière romain de Londres suggèrent qu'il y a 2000 ans la capitale britannique attirait déjà des visiteurs provenant de Chine.

L'équipe de recherche a découvert que cinq des corps enfouis provenaient de Méditerranée et quatre d'Afrique, dont une adolescente trouvée avec un couteau pliant en ivoire en forme de léopard, semblable à ceux de Carthage. L'émail dentaire de la jeune fille suggère qu'elle a grandi en Afrique du Nord et qu'elle fut amenée à Londinium après son enfance, peut-être comme esclave capturée au cours de l'une des guerres entre l'Empire Romain et Carthage.

Mais, le plus étonnant fut la découverte de deux corps inhumés dans le cimetière romain semblant avoir des origines asiatiques, très probablement chinoises.

Parties d'un squelette découvert dans le même cimetière à Southwark. (Credit: Museum of London)

Une seule fois auparavant, sur le site de Vagnari en Italie, une personne de probable ascendance chinoise a été mise au jour sur un ancien site romain. "C'est absolument phénoménal" s'enthousiasme Rebecca Redfern, conservatrice d'ostéologie humaine au Museum of London et co-auteure de l'article paru dans le Journal of Archaeological Science, "C'est la première fois en Grande-Bretagne romaine que nous identifions des individus d'ascendance asiatique".

Si cela est confirmé, cette découverte suggère que la communauté immigrante de Londinium fut plus importante qu'on ne le pensait auparavant.

 "L'expansion de l'Empire Romain à travers l'Europe de l'Ouest et la Méditerranée a conduit à l'assimilation et le déplacement de nombreuses communautés, géographiquement et ethniquement variées." écrit l'équipe de recherche dans l'article, "De nombreux individus ont voyagé, souvent sur de grandes distances, pour commercer ou en raison de leur profession, comme militaire, ou de leur statut social, comme ceux réduits en esclavage par exemple."


Des liens commerciaux entre Empire Romain et Chine Impériale plus profonds qu'on ne le pensait

Ces découvertes signifient aussi que les liens commerciaux entre l'Empire Romain et la Chine Impériale ont été plus profonds qu'on ne le pensait. A l'époque de ces sépultures, l'Empire Romain était à son apogée et la Dynastie Han vivait une période culturelle et technologique prolifique.

On sait déjà que ces deux anciennes puissances faisaient beaucoup de commerce le long de la Route de la Soie, après que les romains aient conquis l’Égypte en 30 avant JC, ainsi que la région autour de la mer Méditerranée. Cependant, la présence de personnes chinoises à Londinium suggère que les voies commerciales se sont étendues jusqu'aux limites de l'Empire Romain.

Un autre squelette découvert dans le même cimetière à Southwark. (Credit: Museum of London)

Comment et pourquoi ces hommes venus de Chine ont fini à Londinium ? Cela reste un mystère. Comme le fait remarquer Redfern "à cette époque, la Grande-Bretagne est sur les limites de l'Empire Romain. Ce n'était pas un endroit très passionnant que les gens voulaient visiter, aussi essayer de comprendre pourquoi ils sont venus n'est pas facile."

L'équipe de recherche a proposé des théories sur ce qui a pu mener ces hommes chinois à finir en Grande-Bretagne romaine. "Ils ont pu avoir été des membres de l'armée. Ils ont pu être des marchands. Ils ont pu aussi être des migrants économiques ou encore avoir été réduits en l'esclavage." propose Redfern.

On espère que des tests ADN plus poussés sur les squelettes apporteront plus d'informations afin de permettre aux scientifiques de répondre à quelques-unes des questions en suspens.

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9.30.2016

Les anciennes civilisations savaient s'adapter aux changements saisonniers

Les anciennes civilisations, aussi bien en Inde qu'en Chine, connaissaient les changements saisonniers; aussi, elles comprenaient et utilisaient le paysage en conséquence. C'est ce que rapportent des géo-archéologues qui ont mené une étude dans les deux pays.

Au cours d'une conférence, sur l'adaptation homme/environnement à Alamgirpur, un site archéologique préhistorique dans l'ouest de l'Uttar Pradesh, et sur des sites préhistoriques sur les rives du Fleuve Jaune en Chine, deux jeunes géo-archéologues ont dit avoir des preuves que des civilisations préhistoriques s'étaient adaptées aux inondations, aux périodes de sécheresse ainsi qu'aux moussons.
Le Fleuve Jaune en Chine.

Sayantani Neogi, associé de recherche postdoctoral au Murray Edwards College, Université de Cambridge, rapporte que tous les sites préhistoriques autour d'Alamgirpur, considérée comme la limite la plus à l'est de la civilisation Harappéenne, étaient situés dans les plaines inondables d'un ancien affluent de la rivière Yamuna.


"Situés sur les digues"


 "Les analyses de sédiments nous ont apporté la preuve que ces sites étaient situés sur des digues (ou talus naturels des rivières). Ces peuples préhistoriques étaient suffisamment intelligents pour s'installer sur une digue afin de profiter des bénéfices des inondations de la rivière. En même temps, le site lui-même n'était pas affecté par les inondations." a expliqué Ms Neogi lors de la conférence à l'Indian Museum.

Lors de son discours mené avec Yijie Zuhang, maître de conférence au Chinese Archaeology, Institute of Archaeology, University College, Ms Neogi a précisé que l'étude géo-archéologique du sol du site a montré l'apparition d'une phase sèche puis d'une phase humide, révélant la présence de mousson.

A partir d'études de cas en Chine, Yijie Zhuang a supposé la présence d'ingénierie pré-hydraulique utilisée dans la construction de barrages comme l'ont révélé de récentes fouilles.


Se protéger contre les inondations


Se référant aux sites archéologiques le long du Fleuve Jaune, Yijie Zhuang rapporte que depuis l'âge du bronze, les gens ont fait des tentatives pour se protéger des inondations. "Lorsque les inondations arrivaient, les gens se retiraient et revenaient lorsque les inondations reculaient." dit-il, ajoutant que "la géo-archéologie a contribué a améliorer la compréhension de l'adaptation humaine"

Bien que la géo-archéologie soit utilisée régulièrement dans les recherches archéologiques occidentales, c'est un champ de recherche relativement nouveau en Asie.


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9.28.2016

Le nom de la déesse Uni découvert sur une pierre gravée étrusque


Les archéologues ont traduit une inscription rarissime sur une ancienne pierre étrusque provenant d'un temple. Ils y ont découvert le nom de la déesse Uni.

La découverte indique qu'Uni, une divinité de la fertilité et probablement une déesse mère, à cet endroit particulier était la divinité titulaire vénérée du sanctuaire de Poggio Colla. Il s'agissait d'un lieu de peuplement clé en Italie pour l'ancienne civilisation étrusque.

La mention fait partie d'un texte sacré qui est probablement la plus longue inscription étrusque jamais découverte sur une pierre, d'après l'archéologue Gregory Warden, professeur à l'Université Méthodiste du Sud, Dallas qui finance les fouilles archéologiques.

Le nom de la déesse Uni découvert sur une pierre gravée étrusque
L'inscription sur la stèle a révélé la mention de la déesse Uni ainsi qu'une référence au dieu Tina, dieu suprême des étrusques. Image: Mugello Valley Project

Un culte de la fertilité


Les scientifiques ont découvert que l'ancienne pierre était intégrée dans le mur d'un temple de Poggio Colla; les fouilles ont aussi révélé d'autres objets étrusques, comme des fragments de céramique dont l'un représentant le plus ancien accouchement dans l'art européen (voir l'article à ce sujet: La représentation antique d'un accouchement découvert sur un site Etrusque).

Ces objets renforcent l'interprétation d'un culte de la fertilité à Poggio Colla, selon Warden.


Les experts de la langue étrusque étudient le bloc de près de 200kg pour traduire le texte. Il est très rare de pouvoir identifier le dieu ou la déesse vénéré dans un sanctuaire étrusque. "Le lieu de cette découverte, un endroit où de prestigieuses offrandes étaient faites, et la présence possible dans l'inscription du nom d'Uni, ainsi que la prise en charge du texte qui laisse supposer que c'est le travail d'un sculpteur sur pierre qui suit fidèlement un modèle transmis par un scribe prudent et instruit, suggèrent que le document avait un caractère dédicatoire" rapporte Adriano Maggiani, ancien professeur à l'Université de Venise et l'un des érudits travaillant à déchiffrer l'inscription.

"Il est aussi possible que cela exprime les lois du sanctuaire, c'est-à-dire une série de prescriptions liées aux cérémonies qui devaient avoir lieu ici, peut-être en lien avec un autel ou un autre espace sacré" continue Warden, co-directeur et principal investigateur du Mugello Valley Archaeological Project.


De nouveaux mots


D'après Warden, il sera plus facile de parler avec certitude une fois que les archéologues auront complètement reconstruit le texte, qui comprend 120 caractères ou plus. Lorsque les archéologues auront compris comment fonctionne la grammaire étrusque, et qu'ils auront appris certains de ses mots et son alphabet, ils s'attendent à découvrir de nouveaux termes jamais vus jusqu'à présent, d'autant plus que cette découverte diffère des autres en ce sens que ce n'est pas un texte funéraire.

Les archéologues de la Vallée Mugello ont annoncé la découverte de la déesse Uni lors d'une exposition à Florence en août dernier: "Scrittura e culto a Poggio Colla, un santuario etrusco nel Mugello".

Le texte pourrait spécifier le rituel religieux pour les cérémonies dédiées à la déesse. On s'attend à ce que cela révèle les premières croyances d'une culture perdue mais fondamentale aux traditions occidentales.

La dalle de grès, qui date du 6ème siècle avant l'Ere Commune, et qui mesure près de 1.2 m sur 60cm, a été découverte au cours des dernières étapes de deux décennies de fouilles dans la Vallée de Mugello qui se situe au nord-est de Florence dans le nord de l'Italie.

La stèle partiellement nettoyé porte l'une des plus longues inscriptions étrusque jamais trouvé jusqu'ici, énonçant peut-être des rituels religieux. Image: Mugello Valley Project

Les inscriptions étrusques permanentes sont très rares

Les étrusques ont gouverné Rome, influençant la civilisation dans tous les domaines, de la religion et du gouvernement à l'art et l'architecture. Peuple d'une grande culture, les étrusques étaient aussi très religieux et leur système de croyance imprégnait tous les aspects de leur vie et de leur culture.

L'inscription pourrait révéler des données permettant de comprendre leurs concepts et rituels, ainsi que leur écriture et langage.  Des inscriptions étrusques permanentes sont très rares, car ils utilisaient généralement des livres en tissu de lin ou des tablettes de cire.

Les textes qui ont été préservés sont plutôt courts et proviennent de tombes et sont donc de nature funéraires. "Nous pouvons, à ce stade, affirmer que cette découverte est l'une des plus importantes découverte étrusque de ces dernières décennies" ajoute Warden, "c'est une découverte qui nous apporte non seulement des informations sur la nature des pratiques sacrées à Poggio Colla, mais aussi des données fondamentales pour la compréhension des concepts et rituels des étrusques, ainsi que leur écriture et peut-être leur langue".

En plus d'être probablement la plus longue inscription étrusque sur une pierre, c'est aussi l'un des trois plus longs textes sacrés à ce jour. Une partie de celui-ci fait référence à "tina ?", Tina est le nom de la divinité suprême des étrusques. Il est l'équivalent du dieu grec Zeus ou Jupiter chez les romains.                          

Un symbole imposant et monumental de l'autorité en son temps.


La dalle a été découverte intégrée aux fondations d'un temple monumental où elle fut enfouie pendant plus de 2500 ans. A son époque, elle devait être exposée comme un symbole imposant et monumental de l'autorité, selon Warden.

Le texte est en train d'être étudié par deux experts de la langue étrusque, Maggiani qui est épigraphe et Rex Wallace, professeur d'études classiques à l'Université Amherst du Massachusetts et linguiste comparatif.

Un hologramme de la stèle sera montré à l'exposition de Florence, car la stèle est en cours de restauration dans les laboratoires de conservation de la superintendance archéologique de Florence.

Des documents numériques sont aussi en cours de réalisation par les experts du département d'architecture de l'Université de Florence.  La pierre en grès est très abrasée et ébréchée, aussi le nettoyage devrait permettre aux scientifiques de lire l'inscription.

D'autres objets mis au jour aux cours des vingt dernières années ont apporté de nombreuses informations sur le culte étrusque et les cadeaux aux divinités, sur la vie quotidienne des élites et de la population, dont les ateliers, les fours, les poteries et les maisons.

Tous ces matériaux ont permis de documenter l'activité rituelle du 7ème siècle au 2nd siècle avant l'Ere Commune.


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9.21.2016

Les cuisines restaurées de Pompéi nous montrent comment cuisinaient les romains

Avant d'être enfouies par l'éruption volcanique en 79 après JC, les cuisines de la Fullonica di Stephanus de Pompéi fournissaient de la nourriture pour les domestiques de cette laverie sur trois étages.

La Fullonica était l'endroit où les riches patriciens romains envoyaient leurs toges afin d'être lavées dans d'immenses bains d'argile et d'urine. Les vêtements étaient ensuite rincés, séchés et mis dans des presses spéciales pour assurer leur retour à leurs nobles propriétaires sans avoir de pli.

Les cuisines de la Fullonica di Stephanus. Photo: Archaeological Superintendency of Pompeii

Grâce à une remise en état récemment terminée, les cuisines à l'intérieur de la Fullonica apparaissent aujourd’hui comme elles étaient il y a 2000 ans, avec ses grils en métal, ses pots, casseroles et vaisselles en terre cuite.

Cela fourni un aperçu intéressant sur les pratiques culinaires romaines. Ainsi, les romains cuisinaient leur nourriture au-dessus de fosses spécialement conçues, dans lesquelles reposaient des lits de charbon de bois en flamme.
De gros morceaux de viande, du poisson et des légumes étaient alors mis sur les grils directement sur les charbons. Pendant ce temps, les soupes et ragouts mijotaient plus loin dans des pots et casseroles qui reposaient sur des trépieds spéciaux pour les élever au-dessus des braises brûlantes.

Tout l'équipement pour la cuisine, qui est aujourd'hui exposé, a été trouvé dans et autour des cuisines au cours des premières fouilles faites par le Superintendant de Pompéi, Vittorio Spinazzola en 1912. Initialement, Spinazzola laissa tous les objets dans la cuisine, mais ses successeurs les empaquetèrent pour les stocker ailleurs ou les placer dans des vitrines d'exposition dans différentes zones du site.

"Nous sommes ravis que les différentes pièces aient été finalement remises où elles avaient été trouvées et nous sommes certains qu'elles seront appréciées par les touristes modernes, désireux d'apprendre comment les gens vivaient dans l'antiquité" rapporte Massimo Osanna, Superintendant archéologique actuel de Pompéi.

 Morceau de pain carbonisé.

Dans le cadre de la même initiative, d'autres exemples de pratiques culinaires des anciens romains ont aussi été mis en exposition permanente. Les visiteurs peuvent désormais admirer un morceau de pain carbonisé vieux de deux millénaires et admirer un pot en métal contenant les restes fossilisés d'une soupe de haricots fèves et de légumes.
 
Relecture par Digitarium.fr
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