4.05.2017

De superbes mosaïques apportent de la lumière sur l'énigmatique cité romaine d'Ucetia

Les archéologues ont mis au jour une partie d'une ancienne cité romaine, appelée Ucetia. Jusqu'à ce jour, on ne connaissait le lieu que de nom; il s'agit de la première fois que certains de ses bâtiments sont révélés.

Les fouilles ont débuté en Octobre 2016 à la demande de l'état, après que les autorités locales aient acheté les terres près de la ville actuelle d'Uzès, afin d'y faire construire un internat et une cantine.

L'équipe, menée par Philippe Cayn de l'INRAP, a fouillé les 4000m² du site afin d'être sûre que les travaux de construction ne détruisent aucun artéfact majeur.

De superbes mosaïques apportent de la lumière sur l'énigmatique cité romaine d'UCetia
Photo: Denis Gliksman-Inrap

Les chercheurs ont ainsi apporté de la lumière sur le mystérieux passé de la cité romaine d'Ucetia.


"Avant notre travail, nous savions qu'il y avait eu une cité romaine appelée Ucetia, uniquement parce qu'elle était mentionnée sur une stèle à Nîmes, parmi 11 autres noms de cités romaines dans la région. C'était probablement une ville secondaire, sous l'autorité de Nîmes. Aucun artéfact n'a été trouvé si ce n'est quelques fragments isolés de mosaïque" explique Cayn

Les archéologues ont noté que le site a été occupé du premier siècle avant JC jusqu'à la fin de l'Antiquité (7ème siècle après JC), avec une interruption entre le 3ème et 4ème siècle qui n'a pu être expliquée. Ils ont aussi identifié des restes de constructions du Moyen Âge.

L'équipe a découvert un grand mur et de nombreuses structures datant de juste avant la conquête romaine. Cela comprend une pièce avec un four à pain, remplacé plus tard par un dolium (une énorme jarre en céramique). Ces structures devaient se trouver à l'intérieur des murs de l'ancienne cité d'Ucetia.

Le complexe du réseau routier et l'organisation des constructions suggèrent que c'était le centre de cette ville romaine.


Une mosaïque unique.


Mais la trouvaille la plus impressionnante jusqu'à présent reste cette superbe mosaïque sur le sol d'une pièce à l'intérieur d'une construction à colonnade de 250m². Elle remonte aux premières étapes de l'urbanisation de la zone (le bâtiment aurait été utilisé jusqu'à la fin du 1er siècle après JC).

Les archéologues ont identifié deux grandes mosaïques décorées de motifs géométriques traditionnels encadrant deux médaillons centraux composés de couronnes, de rayons et de chevrons. L'un des médaillons et entouré d'animaux polychromes: un hibou, un canard, un aigle, un faon.

"Cette mosaïque est très impressionnante en raison de sa grande taille, de son bon état de conservation et des motifs combinant des formes géométriques classiques avec des animaux. Ce type de parterre de mosaïque élaboré se retrouve souvent dans le monde romain des premier et deuxième siècles, mais celui-ci remontant à environ 200 avant, ce qui est surprenant" fait remarquer Cayn.


Le type de bâtiment abritant les mosaïques non identifié


La colonnade pourrait faire pencher en faveur d'un bâtiment public, cependant les archéologues n'ont pas encore écarté la possibilité qu'il s'agisse d'un habitat privé.

"Certes, peu de gens auraient pu vivre dans un si grand bâtiment. Mais il est possible que le propriétaire de ces mosaïques était assez riche. Il a pu les placer dans une pièce de réception, pour impressionner ses visiteurs et montrer l'étendue de sa richesse." estime Cayn.

Les fouilles doivent continuer en Août 2017.

Merci à Audric pour l'info !
Relecture par Digitarium.fr

Source:

Derniers articles sur la civilisation romaine:







4.01.2017

Un bateau des Croisés découvert au large des côtes d'Israël

Des archéologues ont découvert l'épave d'un bateau appartenant aux Croisés et remontant à leur expulsion de la ville d'Acre au 13ème siècle de l'Ere Commune, au large des côtes nord d'Israël.

Le bastion des Croisés fut détruit en 1291 de l'Ere Commune, lorsque le Sultanat Mamelouk le captura.

Un bateau des croisés découvert au larges des côtes d'Israël
Un archéologue marin découvrant une ancre près d'Acre. (Photo: Ehud Galili)

Des pièces d'or datant de cette époque ont été trouvées le long de l'épave, ce qui a permis de déterminer plus facilement quand le navire a coulé en partant d'Acre.

La prise d'Acre fut une victoire majeure pour les Mamelouks, car les forces européennes chrétiennes utilisaient ce site depuis longtemps comme un point d'arrivée pour d'innombrables chevaliers et soldats.

Lorsque les Croisés perdirent Jérusalem qui fut capturée par Saladin en 1187, Acre devint la nouvelle capitale des Croisés dans la région.

Des archéologues marins de l'Université d'Haifa, le professeur Michal Artzy et le Dr Ehud Galili, ont mené les investigations sur l'épave des Croisés. Le navire a subi des dommages lorsque le port moderne d'Acre a été dragué pendant sa construction; ce qui reste de l'épave sont des planches en bois recouvertes de ballast, le bâtiment du navire et quelques sections de sa coque.

La datation carbone a révélé que le bois utilisé pour construire la coque date entre 1062 et 1250 de l'Ere Commune, ce qui cadre avec les activités des Croisés dans la région.

En plus des pièces d'or trouvées près de l'épave, les archéologues marins ont aussi découvert des bols et jarres en céramique importés du sud de l'Italie, de Syrie et de Chypre. A ces trouvailles s'ajoutent des morceaux de fer corrodés, principalement des clous et des ancres.

La découverte la plus importante cependant, reste les pièces d'or trouvées avec l'épave. Au total, ce sont 30 florins qui ont été découverts, d'après Robert Kool expert en pièces de monnaie de l'Autorité des antiquités d'Israël.  Les florins ont été frappés à partir de 1252 dans la république italienne de Florence (d'où les monnaies tirent leur nom).

Un bateau des croisés découvert au larges des côtes d'Israël
Des florins en or des Croisés trouvés dans le port d'Acre par les archéologues marins. Photo: Israel Antiquities Authority

Les spéculations sur la façon dont le navire, et les florins, ont terminé au fond du port d'Acre sont étroitement liées au siège de la ville. En effet, des témoins oculaires de l'événement ont rapporté des nobles et des marchands fuyant par bateau de la forteresse assiégée, souvent après avoir soudoyé les propriétaires de ces bateaux avec des objets de valeur. Mais beaucoup ne sont jamais sortis du port et auraient coulés avec leurs richesses, alors que les défenseurs chrétiens cherchaient à leur acheter un peu de temps pour s'échapper.

La forteresse des Croisés tomba le 18 Mai 1291, après plus de 100 ans de domination franque. Les derniers défenseurs, un contingent de Chevaliers du Temple, refusèrent d'abandonner leurs positions. Aussi, lorsque les sapeurs Mamelouks affaiblirent les murs de la forteresse des templiers, l'édifice s'écroula entièrement, tuant les derniers défenseurs, ainsi qu'une centaine des soldats du sultan.

La chute d'Acre fut le dernier évènement marquant des croisades chrétiennes lors de la période médiévale. Une fois la forteresse prise par les Mamelouks et sommairement détruite, l'église catholique et la noblesse européenne qui la supportait abandonnèrent leur quête visant à libérer ce qu'ils considéraient comme leur terre sainte.

Merci à Daniel pour l'info !
Relecture par Digitarium.fr
Sources:

Derniers articles sur Israël:

Lecture:

3.29.2017

Une importante découverte archéologique de l'âge des Vikings au Danemark

Une découverte archéologique majeure a été faite au Danemark, et elle est déjà décrite comme l'une des plus frappantes et remarquables découvertes de ses derniers temps dans le pays.

Les chercheurs ont ainsi mis au jour plusieurs chambres funéraires dans la péninsule de Jutland, la partie continentale au nord du Danemark qui divise la mer du Nord et la mer Baltique.

Une importante découverte archéologiqe de l'âge des Vikings au Danemark
Un aperçu du chantier de fouilles. Photo: http://www.vikingfregerslev.dk

Ce nouveau site archéologique a été découvert dans le hameau de Hørning dans le centre-est du Jutland, près de Skanderborg où avait été trouvée "une armée sacrifiée dans une tourbière" il y a quelques années.

Ce qui rend cet ensemble de tombes si particulier est le fait que l'une des chambres funéraires découverte par les archéologues contient un trésor de l'âge des Vikings.


Surnommé le tombeau du Viking de Fregerslev, la tombe contient les restes d'un individu de haut rang ainsi que plusieurs bien funéraires précieux. La qualité de ces objets confirme le statut élevé de la personne qui a été enterrée à leurs côtés.
D'après le chef de projet Merethe Schifter Bagge, une archéologue du Musée de Skanderborg, les artéfacts mis au jour dans la chambre funéraire comprennent des raccords de bride de cheval ornés et soigneusement dorés à l'or.

La chercheuse ajoute que ce type particulier de bride n'avait pas dû être mis à la disposition de n'importe qui; sa présence indique que le Viking de Fregerslev était une personne d'une très grande importance et que la bride devait être un cadeau du roi après avoir forgé une importante alliance.

Les chercheurs ont daté ces accessoires aux environs de 950 de l'Ere Commune, ce qui place le Viking de Fregerslev au cours du règne de Gorm l'Ancien, le roi danois qui régna entre 940 et 958.

Harald, fils de Gorm et son successeur en tant que roi des danois, était connu sous le nom d'Harald à la dent bleue (qui donnera son nom à la technologie bluetooth).

Une importante découverte archéologiqe de l'âge des Vikings au Danemark
L'un des accessoires finement dorés. Photo: Museum of Skanderborg

Le Viking enterré dans la chambre funéraire a pu être un homme de confiance de Gorm l'Ancien, suppose Schifter Bagge, ou peut-être même un puissant rival.

Cette nouvelle découverte est considérée comme la plus spectaculaire du pays depuis 1983. En fait, les chercheurs la comparent déjà à celle de la fille d'Egtved, les restes d'une jeune fille de l'âge du bronze découverte dans les années 1920, et à l'homme de Tollund, un corps naturellement momifié incroyablement bien préservé datant du 4ème siècle avant l'Ere Commune et découvert dans les années 1950.

Comme pour le Viking de Fregerslev, ces deux anciennes découvertes avaient eu lieu dans le Jutland.

Ces chambres funéraires de Hørningot ont été trouvées en 2012, mais jusqu'à présent, seule une petite zone a été examinée.

Les chercheurs prévoient de continuer les fouilles à partir de ce mois d'avril, selon Ejvind Hertz, directeur d'archéologie du Musée de Skanderborg. Il espère grandement que les restes des biens du tombeau du Viking seront alors mis au jour.

Un site est consacré au Viking de Fregerslev et aux fouilles sur le site: http://www.vikingfregerslev.dk/
Relecture par Digitarium.fr
Source:

Derniers articles sur le Danemark:

3.23.2017

Une momie de crocodile pleine de surprises....

Un "crocodile géant" momifié de trois mètres de long, l'une des plus belles momies d'animaux du Musée National des Antiquité Hollandais (Rijksmuseum van Oudheden), s'est révélé être littéralement rempli de surprises...

Des examens détaillés de nouvelles images 3D en tomodensitométrie ont mené à la conclusion qu'à l'intérieur des emballages, en plus des deux crocodiles qui avaient déjà été repérés, la momie contenait aussi des dizaines de bébés crocodiles emballés individuellement.

Il s'agit d'une découverte exceptionnelle: on ne connait que très peu de crocodiles momifiés de la sorte dans le monde.

Une momie de crocodile pleine de surprises
La momie du crocodile en cours de scan. Photo: Mike Bink 

En 1996, un CT-scan avait révélé qu'il y avait deux jeunes crocodiles dans la momie donnant l'impression d'un seul grand crocodile.


Ce que révèle une application 3D, conçue pour les visiteurs du musée...


Un nouveau scanner de la momie du grand crocodile, vielle de 3000 ans, a été récemment mené au Centre Médical Académique (AMC) d'Amsterdam. La société suédoise Interspectral, spécialisée dans les visualisations interactives 3D high-tech, a convertie les résultats du nouveau scanner en une spectaculaire application 3D, ce qui a permis de détecter les dizaines de bébés crocodiles.

Ainsi, depuis quelques mois les visiteurs du musée peuvent mener une autopsie virtuelle interactive sur la momie du crocodile ainsi que sur celle d'un prêtre égyptien. Sur un grand écran tactile, ils peuvent examiner les momies couche par couche, apprenant des informations sur leur âge, leurs caractéristiques physiques, et les procédés de momification.


Une momie de crocodile pleine de surprises....
Les résultats du scanner de la momie avec les bébés crocodiles. Photo: Interspectral et Rijksmuseum van Oudheden/National Museum of Antiquities. 

Les égyptologues du musée pensent que les crocodiles, d'âges différents, ont été momifiés ensemble, en référence à l'ancienne croyance égyptienne sur le rajeunissement et une nouvelle vie après la mort.

Une autre possibilité est qu'il n'y avait pas de grand crocodile disponible à l'époque où ils en avaient besoin comme offrande aux dieux. On a ainsi donné à la momie la forme d'un grand crocodile en utilisant différents types d'emballages: morceaux de bois, tampons de lin, tiges de plante et corde.

Les anciens égyptiens momifiaient toutes sortes d'animaux, généralement pour rendre hommage à une déité particulière qui pouvait se manifester sous une forme animale. Ainsi, les crocodiles étaient offerts au dieu Sobek (qui symbolisait la force des pharaons égyptiens).

Le conservateur du musée était exalté par cette remarquable découverte: "Ce qui était à l'origine un outil pour les visiteurs du musée, a apporté de nouvelles connaissances scientifiques. Lorsque nous avons travaillé sur ce projet, nous ne nous attendions pas à une quelconque découverte. Après tout, la momie avait déjà était scannée. Cela a été une grande surprise que tant de bébés crocodiles aient pu être détectés avec ces scanners 3D high-tech et cette visualisation interactive."


Relecture par Digitarium.fr
Source:

Derniers articles sur les momies: 

Lecture:

3.20.2017

Une exceptionnelle découverte d'art rupestre vieux de 14000 ans en Bretagne

Vous avez été plusieurs à me signaler cette découverte exceptionnelle d'art rupestre faite près de Plougastel-Daoulas en Bretagne et qui a fait l'objet d'un article dans la revue scientifique Plos One: "Divergence in the evolution of Paleolithic symbolic and technological systems: The shining bull and engraved tablets of Rocher de l'Impératrice")

En 1987, suite à une tempête, des vestiges archéologiques sont découverts au Rocher de l'Impératrice. Les fouilles vont révéler un abri-sous-roche, puis, en 2013, une équipe d'archéologues exhume des silex travaillés en pointes de flèches, des couteaux et des outils. Ils trouveront aussi des plaquettes de schiste de 15 à 30cm de long portant des gravures de chevaux et d'aurochs. Le tout datant de 14000 ans !

Une exceptionnelle découverte d'art rupestre vieux de 14000 ans en Bretagne
Fragment 317 avec une décoration bifaciale: côté A) tête d'auroch entouré de lignes rayonnantes; côté B) Tête d'auroch (photos N. Naudinot; sketch C. Bourdier).

Le développement de l'Azilien en Europe de l'Ouest il y a 14000 ans est considéré comme une "révolution" en archéologie du paléolithique supérieur. L'un des éléments de cette rapide restructuration sociale est l'abandon de l'art figuratif naturaliste sur des pièces portables ou les murs des grottes au cours du Magdalénien en faveur du expression abstraite sur de petits cailloux.

De récents travaux montrent que la transformation des sociétés humaines entre le Magdalénien et l'Azilien a été plus graduel. La découverte de ce nouveau site de l'Azilien ancien avec des pierres décorées accrédite cette hypothèse.

Alors que de grands changement dans la technologie de la pierre taillée, entre le Magdalénien et l'Azilien, marquent clairement d'importants changement adaptatifs, la découverte des 45 tablettes de schiste gravées, provenant de couches archéologiques du Rocher de l’Impératrice, atteste de la continuité iconographique avec une valorisation particulière des aurochs, comme le montre celle représentant un auroch "rayonnant".

Cet élément suggère que certaines caractéristiques culturelles, comme l'iconographie, ont pu survenir bien après les changements technologiques.

Les auteurs soutiennent également que le changement éventuel de l'expression symbolique, qui comprend la disparition ultérieure de l'art figuratif, donne une nouvelle idée de la restructuration probable des sociétés.
Une exceptionnelle découverte d'art rupestre vieux de 14000 ans en Bretagne
Tablet 741 avec une décoration bifaciale: côtée A) cheval complet; côté B) composition spéciale avec deux chevaux en symétrie axiale, l'un complet et l'autre que la tête; il y a aussi un cheval tout petit entre les pattes d'un grand (photos N. Naudinot; sketch C. Bourdier).

Les fouilles sur le terrain


Le Rocher de l’Impératrice est fouillé depuis 2013, tous les étés, et les investigations sont toujours en cours. C'est un petit abri-sous-roche d'environ 10m de long, 3m de profondeur et 2m de haut situé près de Plougastel-Daoulas à l'extrémité ouest de la Bretagne.

En raison de la position du site au pied d'une falaise de quartzite au milieu d'une forêt, aucun équipement mécanique n'est utilisé pour l'excavation du site.

Jusqu'à présent ce sont 45 morceaux de pierres décorées qui ont été trouvés sur le site. A une exception près, ils semblent tous être de petits fragments minces provenant d'anciennes plaques plus grandes. 43 morceaux font moins de 10cm, 29 moins de 5cm.

Compte tenu de l'état de fragmentation, les ébauches sélectionnées semblent provenir de grandes pierres, comme le montre la seule pièce complète de près de 30 cm de long

Une grande tablette représente quatre des cinq chevaux reportés. Trois sujets sont regroupés d'un côté: deux sont visibles en miroir dans une composition inhabituelle. Ils remplissent l'espace et semblent utiliser les bords comme lignes de fond. Ils sont représentés en pleine longueur comme l'animal isolé de l'autre côté. Entre les jambes d'un des grands chevaux apparait la tête d'un quatrième cheval. Cette position et la dissemblance de taille donnent l'impression d'un jeune poulain entre les jambes d'un adulte, son aspect juvénile est renforcé par son design simplifié. Les trois autres animaux présentent un rendu très semblable caractérisé par une forte tendance naturaliste. Les corps sont complets, bien proportionnés et bien faits.


L' «auroch rayonnant»: une valorisation symbolique particulière des aurochs ?


Même s'ils sont dépassés en nombre par les gravures de chevaux dans l'assemblage, la représentation des aurochs semble avoir un accent particulier. Deux aurochs restreints aux têtes sont en opposition sur les côtés opposés du fragment 317. Les gravures sont larges et profondes avec la recherche d'un effet de champlevé. Un côté porte une composition spéciale avec la tête d'un taureau dont le profil gauche est entouré par des rayons profonds créant un effet visuel en surbrillance. Aucun «animal rayonnant» équivalent n'a été trouvé dans l'iconographie paléolithique européenne à ce jour.
L'étude technologique de cette pièce montre une organisation intentionnelle des gestes afin de souligner la place centrale des aurochs.

Une exceptionnelle découverte d'art rupestre vieux de 14000 ans en Bretagne
Sélection de pierres gravées du Rocher de l'Impératrice (photos N. Naudinot; sketch C. Bourdier).

Un modèle très semblable de rayons grands et profonds se retrouve sur un autre petit fragment, suggérant que d'autres figures rayonnantes ont pu être représentées. L' «auroch rayonnant» pourrait ne pas être le seul.

Les 45 fragments de pierre gravée du Rocher de l'Impératrice sont les plus anciens restes graphiques en Bretagne et se révèlent exceptionnels pour l'Azilien Ancien. En France, moins d'une douzaine de sites ont livré des objets décorés liés à ce techno-complexe, la plupart provenant de contextes incertains. Parmi elles, seules trois collections d'art mobile peuvent être clairement attribuées à cette culture: les 82 artefacts lithiques gravés du Murat, les cinq éclats gravés de Le Closeau, un caillou gravé de Bois-Ragot.

Merci à Steven Plet, Patrice Le Monnier et Quentin pour l'info !

Sources et plus d'informations:

3.16.2017

Un statue colossale représentant probablement Ramsès II découverte au Caire

Des archéologues égyptiens et allemands ont découvert une statue haute de huit mètres en quartzite submergée dans les eaux souterraines d'un quartier pauvre du Caire. Elle représenterait le pharaon Ramsès II, qui régna en Egypte il y a plus de 3000 ans.

La découverte, saluée par le Ministère des Antiquités comme l'une des plus importantes à ce jour, a été faite près des ruines du tempe de Ramsès II dans l'ancienne cité d'Héliopolis, située à l'est de la ville moderne du Caire.

Un statue colossale représentant probablement Ramsès II découverte au Caire
Photo:  REUTERS/Mohamed Abd El Ghany

Le dirigeant le plus puissant et célèbre de l'ancienne Egypte, appelé aussi Ramsès le Grand, était le troisième de la 19ème Dynastie d'Egypte et régna de 1279 à 1213 avant l'Ere Commune.

Il a mené plusieurs expéditions militaires et étendu l'empire égyptien jusqu'à la Syrie vers l'est et à la Nubie vers le sud. Ses successeurs l'appelaient le "Grand Ancêtre".

"Nous avons découvert le buste de la statue et la partie inférieure de la tête, et maintenant nous avons enlevé la tête et avons trouvé la couronne, l'oreille droite et un fragment de l'œil droit" précise Khaled al-Anani, Ministre des Antiquités.

L'expédition conjointe egypto-allemande a aussi mise au jour la partie supérieure d'une statue en calcaire de taille humaine du Pharaon Seti II, petit-fils de Ramsès II, longue de 80cm.

Le temple du soleil à Héliopolis fut fondé par Ramsès II, ce qui renforce la probabilité que la statue est de lui. C'était l'un des plus grands temples en Egypte, il faisait presque deux fois la taille de Karnak à Louxor, mais fut détruit à l'époque gréco-romaine. De plus, de nombreux obélisques ont été déplacés vers Alexandrie ou emportés en Europe et les pierres du site furent pillées pour être utilisées dans la construction avec le développement de la ville du Caire.


Les spécialistes vont maintenant essayer d'extraire les pièces restantes des deux statues avant de les restaurer.


S'ils y parviennent et que le colosse s'avère bien représenter Ramsès II, il sera placé à l'entrée du Grand Musée égyptien qui doit ouvrir en 2018.

La découverte a été faite dans le quartier de la classe ouvrière d'el-Matariya, parmi des constructions en cours et des routes boueuses.

Un statue colossale représentant probablement Ramsès II découverte au Caire
Photo:  REUTERS/Mohamed Abd El Ghany

Dietrich Raue, chef de l'expédition de l'équipe allemande, a rapporté que les anciens égyptiens croyaient qu'Héliopolis était l'endroit où vivait le dieu du soleil, ce qui signifie qu'elle était hors des limites pour les résidences royales.

"Le dieu du soleil a créé le monde à Héliopolis, a El-Matariya. C'est ce que j'ai toujours dit au gens lorsqu'ils demandent s'il y a quelque chose d'important par ici. Selon la croyance pharaonique, le monde a été créé à el-Matariya" dit Raue, "Cela signifie que tout devait être construit ici. Statues, temples, obélisques, tout. Cependant, le roi n'a jamais vécu à el-Matariya, car c'était l'endroit où vivait le dieu du soleil."

Cette découverte pourrait être une aubain pour l'industrie du tourisme en Egypte, qui a souffert de nombreux revers depuis le soulèvement qui a renversé l'autocrate Hosni Moubarak en 2011, mais qui reste une source vitale de devises étrangères. Le nombre de touristes visitant l'Egypte est tombé à 9.8 millions en 2011, loin des 14.7 millions en 2010. La chute a continué: au premier trimestre 2016, il n'y avait plus que 1,2 million de touristes contre 2,2 millions un an plus tôt.

Merci à Philippe Boquis pour l'info !

Source:

Derniers articles sur l'Egypte:

3.12.2017

La société Hopewell ou comment la culture peut rendre l'homme moins violent

Les hommes sont-ils violents de façon intrinsèque, ou bien cette violence est-elle le fruit de la culture dans laquelle ils ont grandi ?

La société Hopewell ou comment la culture peut rendre l'homme moins violent
Culture Hopewell: Le Mound City Group à Chillicothe, dans l'Ohio. Source: Wikipédia

Une équipe de biologistes espagnols menée par Jose Maria Gomez, de l'Université de Grenade, ont étudié les racines évolutives de la violence mortelle humaine et publié leurs résultats dans le journal Nature.

Gomez et ses co-auteurs ont examiné les niveaux de violence létale de 1024 espèces de mammifères et parmi plus de 600 populations humaines, d'il y a 50000 ans à nos jours.

L'équipe défini la violence létale comme "la probabilité de mourir suite à la violence de la même espèce comparé à toutes les autres causes". Elle a calculé que la fréquence moyenne de violence mortelle chez les mammifères était de 0.3%. Chez les hommes ont avoisine les 2%...

Les chercheurs ont découvert que les niveaux de violence létale dans les tribus et groupes préhistoriques ne diffèrent pas de manière significative de ce qu'ils ont trouvé parmi les animaux mammifères qui étaient, comme nous, sociaux et territoriaux. Ce serait une preuve que les hommes ont "hérité de leur propension à la violence".

Les chefferies, qui sont des sociétés avec une structure sociale hiérarchique généralement soutenue par une agriculture intensive, étaient, cependant, plus violentes que ce à quoi on s'attendait. Gomez et ses co-auteurs suggèrent que ces hauts niveaux de violence ont été causés par une combinaison de facteurs tels que "les disputes territoriales, la pression des ressources et de la population, et la compétition pour les statuts politiques".

Ce que nous savons des anciennes cultures de l'Ohio, confirme en général les conclusions de Gomez et son équipe.

Robert Mensforth, anthropologue biologiste à l'Université d'Etat de Cleveland, a documenté des preuves de violence létale parmi les bandes et tribus qui vivaient dans l'Ohio et les états environnants, il y a entre 3000 et 5000 ans. Ces preuves comprennent des pointes de flèches fichées dans des squelettes et des traces d'entailles sur les crânes indiquant que la personne avait été scalpée.


Une baisse notable de la violence létale sous la culture Hopewell


Cependant quelque chose d'inattendu s'est passé dans le sud de l'Ohio vers le 1er siècle après JC et ce pendant quelques siècles. Au cours de cette période, la culture Hopewell a créé des extraordinaires édifices en terre et de fabuleuses œuvres d'art; et elle a maintenu un réseau social et religieux qui a couvert la moitié du continent.

Réseau d'échange de la culture Hopewell
Réseau d'échange de la culture Hopewell. source: Wikipédia

Ce qui est remarquable est, qu'au cours de cette période, il y a très peu de traces de violence mortelle.
Les Hopewell ne vivaient pas dans des chefferies,  mais il ne semble pas non plus qu'ils auraient pu réaliser ce qu'ils ont fait si leurs sociétés n'étaient organisées qu'au niveau des bandes et des tribus.

Après la culture Hopewell et l'apparition des chefferies, il y a eu une augmentation marquée de la violence létale, aussi observée dans le monde entier par Gomez et ses collègues.
Les gens se rassemblaient de plus en plus dans de grands villages défendus par des palissades. Nombre d'habitants enterrés dans ces villages avaient des blessures traumatiques, comme des pointes de flèches dans leur squelette.

Pipe en os, culture Hopewell
Pipe en os. Source: Wikipédia

La culture Hopewell nous montre que, bien que nous ayons hérité d'une tendance génétique à la violence létale, notre culture, incluant nos choix collectifs sur la façon dont nous devons nous comporter envers l'autre, nous montre qu'elle peut aussi nous rendre moins violent que nos cousins mammifères. Bien sûr, comme le montrent de nombreux exemples, la culture peut aussi nous rendre plus violent...

La culture Hopewell a ainsi encore beaucoup à nous apprendre...


Source:

Derniers articles sur les amérindiens:

3.08.2017

Arroyo Seco: étude d'un campement pré-Clovis en Argentine

Depuis plus d'une décennie, les preuves s'accumulent sur le fait que les hommes ont colonisé les Amériques des milliers d'années avant la Culture Clovis. Les Clovis, qui sont les plus anciens ancêtres des actuels Natifs Américains, ont laissé de nombreuses traces de leur vie sous formes d'outils et de tombes.

Cependant, les mystérieux hommes pré-Clovis, qui sont probablement arrivés il y a entre 17000 et 15000 ans, n'ont laissé que quelques dizaines d'éléments de preuve de leur existence à travers les Amériques, principalement à travers des campements où ils dépeçaient les animaux lors des périodes de chasse.

Arroyo Seco: étude d'un campement pré-Clovis en Argentine
Les hommes vivant en Argentine il y a 14000 ans chassaient des tatous géants. Illustration: Heinrich Harder

Une halte de chasseurs vieille de 14000 ans


Aujourd'hui, un nouvel examen de l'un de ces campements, une halte de chasseurs vieille de 14000 ans à l'extérieur de la ville de Tres Arroyos en Argentine, nous donne une nouvelle compréhension sur la façon dont le peuple pré-Clovis a pu vivre.

Les archéologues ne savent toujours pas précisément comment sont arrivés les hommes pré-Clovis dans les Amériques. Ils sont arrivés après la fin de l'âge de glace mais à une période où les glaciers et un environnement glacial et stérile devaient encore bloquer l'entrée vers les Amériques par le nord du Canada.

Aussi il est très improbable qu'ils aient marché sur un pont terrestre de la Sibérie vers les Amériques jusqu'au milieu du continent. Au contraire, ils ont probablement dû venir d'Asie en suivant une route côtière. Cela expliquerait pourquoi les sites pré-Clovis sont près des côtes, sur des îles, ou près des rivières rencontrant les océans.

Ces anciens colons étaient des chasseurs-cueilleurs utilisant des outils en pierre dans la plupart de leurs activités, comme la chasse, le dépeçage, le grattage des peaux, la préparation de la nourriture, et la fabrication d'autres outils en os et en bois.

De nombreux outils en pierre des pré-Clovis semblent assez simples et ont été faits en utilisant une pierre pour en tailler une autre aux bords coupants.

Arroyo Seco: étude d'un campement pré-Clovis en Argentine
Outils trouvés sur le site d'Arroyo Seco 2 en Argentine: (a) grattoir latéral, quartzite; (b) éclat retravaillé, quartzite; (c) éclat retravaillé, quartzite; (d-e) racloirs faits sur des cailloux arrondis côtiers; (f) pavé bipolaire.

Arroyo Seco 2: un campement saisonnier visité pendant des milliers d'années


Sur le site en Argentine, connu sous le nom de site Arroyo Seco 2, les archéologues ont trouvé plus de 50 de ces outils faits à partir de matériaux comme le chert et le quartzite. Ils étaient dispersés sur une zone qui était autrefois un monticule herbeux au-dessus d'un lac profond. Ils y ont trouvé des milliers de fragments d'ossements d'animaux dont les datations au carbone remontent à 14.000 ans.
Il y a même une douzaine de sépultures humaines sur le site, datant d'une période plus tardive commençant approximativement il y a 9000 ans.

L'endroit a l'aspect caractéristique d'un camp de chasseurs, utilisé pour le traitement des animaux, et  a été revisité de façon saisonnière pendant des milliers d'années.

Dans le journal PLoS One, les chercheurs décrivent un certain nombre de raisons pour lesquelles un tas de pierres à arêtes vives et des ossements brisés d'animaux indiquent qu'il s'agit de l'emplacement d'une occupation humaine vieux de 14.000 ans en Argentine.

Tout d'abord, il y a bien trop d'ossements d'animaux de différentes espèces regroupés sur un même lieu pour que ce soit accidentel. Bien sûr, il existe des pièges naturels où l'on a pu trouver un nombre important d'ossements préhistoriques, mais c'est presque toujours dans des trous ou des dépressions; or, ici, cette zone était sur une colline assez élevée pendant le pléistocène.

Ensuite, les pierres dont les tranchants suggèrent l'écaillement, montrent aussi des signes d'usure par grattage de peau. "Une grande majorité des bords effilés ont été utilisés transversalement sur la peau sèche" écrivent les chercheurs, "en conséquence, il est probable que les peaux ont été amenées sur le site dans un état de traitement intermédiaire".


Le régime alimentaire du pléistocène.


Une question reste cependant: comment peut-on être sûr que les outils trouvés sur le site sont réellement vieux de 14000 ans ?

Les archéologues en ont déduit pour une partie à partir des datations au carbone des ossements d'animaux, qui ont été testés par plusieurs laboratoires dans le monde.

Le problème est que la stratigraphie du site, ou l'histoire des couches, sont difficiles à lire en raison de l'érosion du site. Ainsi, même si un outil apparait juste à côté d'un os dans une couche donnée, il peut très bien provenir d'une couche plus tardive et avoir été déplacé par l'eau et le vent.

Cela dit, il y a des traces indiquant que certains des anciens ossements ont été brisés par des outils en pierre.

Un os vieux de 14000 ans d'Equus neogeus, un cheval américain éteint, porte des marques distinctes d'un marteau en pierre. "Cet os a été intentionnellement brisé alors qu'il était encore frais" notent les chercheurs.
Arroyo Seco: étude d'un campement pré-Clovis en Argentine
Un paresseux géant, dont les os ont été trouvés sur le site Arroyo Seco. Illustration: Robert Horsfall

Avec un lien ferme entre les outils humains et les ossements d'animaux trouvés à Arroyo Seco, nous pouvons commencer à reconstituer ce à quoi devait ressembler la vie de tous les jours pour ces individus, du moins à l'heure des repas.

L'analyse de plus de 600 fragments d'ossements parmi des milliers trouvés sur le site ont révélé qu'une grande quantité de la viande consommée par ces hommes provenait d'animaux qui n'existent plus. Plusieurs espèces éteintes de chevaux constituaient une grande partie de leur régime alimentaire, tout comme d'autres mammifères éteints comme les paresseux géants, les chameaux, les mammouths et les tatous géants.

Lorsque les pré-Clovis sont arrivés en Amérique du Sud, ils ont trouvé des terres qui n'avaient jamais été colonisées par l'homme. Aussi, beaucoup de ces espèces étaient des proies faciles pour des bandes de chasseurs bien organisées, ayant un langage sophistiqué, des outils et des tactiques.

Pour certains paléontologues, l'hypothèse que ces animaux aient disparu en partie à cause des hommes, ainsi que le campement d'Arroyo Seco, prouvent que ces animaux ont fait partie du régime alimentaire des pré-Clovis pendant des millénaires.

Ceci dit, Arroyo Seco contient bien plus d'ossements de guanacos (un camélidé) et de rongeurs que de ces animaux disparus.


Chasser la mégafaune.


L'absence de certains ossements peut aussi nous donner des informations sur le mode de vie de ces gens.

Bien qu'il y ait des os provenant de la mégafaune comme le Mégatherium (paresseux géant), il n'y a pas d'ossements de leur crâne, poitrine ou pelvis. Les chercheurs supposent que c'est parce que les chasseurs auraient fait un premier dépeçage sur le site où ils ont tué l'animal, puis transporté des parties de celui-ci pour les préparer au camp: étant donné la masse corporelle de ces espèces (entre 4 et 5 tonnes), cela aurait été très difficile de transporter la carcasse entière, voire même des quartiers entiers pesant entre 600 et 750kg. Prenant en compte ces valeurs, la meilleure hypothèse est que le Mégatherium était chassé aux alentours du site, puis le squelette était dépecé en plus petites parts, qui étaient ensuite transportées sur le site actuel. Les os plus grands étaient transportés avec des portions de viande déjà enlevées, et ont pu être utilisés à d'autres fins, comme outil pour creuser par exemple.

Concernant les mammifères éteints que les hommes ont dépecés à Arroyo Seco, le plus courant semble être le cheval. Lorsque les hommes sont arrivés dans les Amériques, il y avait au moins deux espèces éteintes de chevaux. Mais à l'époque des Incas et d'autres grandes civilisations d'Amérique du Sud, ces animaux avaient disparu depuis longtemps. Ce n'est qu'avec l'arrivée des européens sur leurs coursiers que le continent a été repeuplé de chevaux.


Au bord d'un lac aujourd'hui presque disparu, sur une butte, ces gens nourrissaient leurs familles, fabriquaient des outils et avaient des stratégies pour chasser des animaux plus grands que tous ceux existants dans notre monde moderne. Ils y sont retournés année après année pendant des siècles.

Finalement, ils ont enterré leurs morts là parmi les ossements d'animaux laissés par leurs ancêtres.

Relecture par Digitarium.fr
Source: