10.10.2020

Les origines de l'acier inoxydable remontent à près de 1000 ans plus tôt que nous ne le pensions

L'histoire de l'industrie actuelle de l'acier inoxydable remonte au début du 19e siècle, lorsque les scientifiques ont remarqué que les alliages fer-chrome résistaient à la corrosion de certains acides. De nouvelles recherches, cependant, suggèrent qu'un alliage similaire était en cours de développement bien, bien avant cela, il y a près de mille ans.
 
 
 Scories au creuset. (Rahil Alipour / UCL)
 
 
Les archéologues ont trouvé ce qu'ils pensent être la preuve d'un acier au creuset à faible teneur en chrome au 11ème siècle, dans ce qui est aujourd'hui le village de  Chahak en Iran, bien loin de la révolution industrielle européenne.


Le métal aurait été utilisé pour fabriquer des armures et des armes, dont des épées et des poignards. 


L'acier inoxydable est également connu sous le nom d'acier au chrome, car c'est le chrome dans le mélange qui arrête la rouille. Et bien que cet ancien alliage métallique ne soit pas une correspondance exacte, il montre des preuves de mélange de chrome avec de la fonte brute dans un alliage connu sous le nom d'acier au creuset.

"Cette étude ne révèle pas seulement la plus ancienne trace connue pour la production d'acier chromé remontant au début du 11ème siècle de notre ère, mais elle fournit aussi un traceur chimique qui pourrait aider à identifier les objets en acier au creuset dans les musées ou les collections archéologiques jusqu'à leur origine à Chahak," rapporte l'archéologue Rahil Alipour de l'Université College de Londres, "C'est la première fois que nous voyons une «production intentionnelle d'un acier à faible teneur en chrome», expliquent les chercheurs dans leur article, ce qui signifie que l'acier inoxydable a eu une histoire beaucoup plus longue et plus variée que ce que pensaient les experts jusqu'à présent."

Bien que Chahak ne soit aujourd'hui qu'un petit village, de nombreux manuscrits anciens le désignent comme un important centre de fabrication de l'acier à l'époque perse. En fait c'est le seul endroit connu dans la région où l'acier au creuset était fabriqué à l'époque.


C'est l'un de ces manuscrits qui a conduit les chercheurs à leur nouvelle découverte. 


Il mentionnait en effet un composé mystérieux appelé rusakhtaj (que l'on peut traduire par «le brûlé»), qui, selon l'équipe, était en fait un sable de chromite.

"Le processus d'identification peut être assez long et compliqué et cela pour plusieurs raisons", explique l'archéologue Marcos Martinon-Torres de l'Université de Cambridge, "premièrement, le langage et les termes utilisés pour enregistrer les processus ou les matériaux technologiques peuvent ne plus être utilisés, ou leur signification et leur attribution peuvent être différentes de celles utilisées dans la science moderne. En outre, l'écriture était réservée aux élites sociales plutôt qu'à l'individu qui a effectivement exécuté le travail, ce qui peut avoir entraîné des erreurs ou des omissions dans le texte."

Grâce à la datation au radiocarbone et à l'analyse par microscopie électronique à balayage, l'équipe a pu identifier de petites quantités de chromite dans les déchets de charbon de bois laissés par la fabrication des métaux entre les 10e et 12e siècles. Cet ajout de chrome aurait rendu les outils et les armes produits par le mélange plus durs et plus résistants.

Les métallurgistes de l'époque ajoutaient également du phosphore, ce qui aurait rendu l'alliage fini plus facile à mélanger mais plus fragile; c'est pourquoi les armes fabriquées à partir de ce matériau ont rapidement perdu de leur valeur sur le marché.

Des outils et des armes en acier au creuset persan sont exposés dans les musées du monde entier, et nous avons maintenant un nouvel aperçu fascinant de la façon dont ils ont été assemblés, grâce à un processus qui sera ensuite repris et amélioré dans les années 1800.

"Le chrome en tant qu'ingrédient essentiel de la production d'acier au creuset à Chahak n'a été identifié dans aucune autre industrie de l'acier au creusets connue jusqu'à présent", a déclaré Alipour, "C'est très important, car nous pouvons désormais rechercher cet élément dans des objets en acier au creuset et les retracer jusqu'à leur centre ou méthode de production."

L'étude a été publiée dans le Journal of Archeological Science: "Chromium crucible steel was first made in Persia"

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9.29.2020

Une ancienne implantation découverte à Sheki en Azerbaïdjan


Les restes d'un bâtiment ont été découvert lors de fouilles menées par l'expédition archéologique internationale azerbaïdjanaise et kazakhe dans la municipalité de Tepebashi. Les archéologues ont ainsi découvert des artéfacts confirmant les traces d'une ancienne implantation.

Pour la première fois lors des fouilles au village de Fazil, les archéologues sont tombés sur d'anciens bâtiments de ferme.

Photo: azernews

De plus, un four de potier vieux de 2000 ans et un ancien cimetière ont également été découverts lors des fouilles. Les tombes contenaient de nombreux objets matériels et culturels de la période antique, comme des céramiques, des objets en bronze, des armes en fer, des perles en céramique, ainsi que des restes de personnes et d'animaux.

Les fouilles ont été documentées par photographie aérienne, et les matériaux découverts ont été récupérés sur place et inclus dans l'inventaire.

 Photo: azernews

 Photo: azernews

Photo: azernews

Un catalogue et une explication des résultats paraitront dans des publications internationales. Lors des fouilles archéologiques en 2020 du monument Tepebashi, étudié depuis 1984 et encore connu sous le nom de nécropole, des bâtiments de ferme ont été découverts pour la première fois.

Appelée à juste titre la réserve architecturale du pays, Sheki abrite plusieurs sites historiques, dont des caravansérails, d'anciennes mosquées et bien plus encore. C'était l'une des plus grandes villes des États albanais au 1er siècle. Le temple principal des anciens Albanais s'y trouvait.

En outre, la forteresse Gelersen-Gorersen, Sheki Juma, les mosquées Omar Efendi, Narin Gala, le palais de Sheki Khans font partie des sites historiques les plus populaires de la ville.


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9.17.2020

Des archéologues découvrent les vestiges d'un pub du XVIIIe siècle en Slovaquie

Les premiers habitants de Spišské Vlachy, une petite ville dans l'est de la Slovaquie, sont arrivés au 4ème siècle après JC.

Les archéologues ont découvert une pièce de monnaie romaine et des vestiges d'un ancien pub lors de la rénovation de cette extension de l'église de la Vierge Marie de l'Assomption, connue sous le nom de vieil hôtel de ville, dans la ville slovaque de Spišské Vlachy. (photo domaine public via Wikimedia Commons)

De récentes découvertes archéologiques suggèrent que dans les siècles qui ont suivi la fondation du village, les voyageurs se sont peut-être rassemblés dans un pub près de son centre.


Une équipe d'archéologues travaillant sous l'ancien hôtel de ville a récemment découvert des preuves d'une implantation vieille de 1600 ans et d'un pub du XVIIIe siècle.


"Nous avons fait deux sondages", a déclaré Mária Hudáková, directrice des recherches archéologiques, "Le premier a révélé un objet datant de l'époque romaine. Le deuxième sondage a montré des découvertes liées à la construction et à la reconstruction du bâtiment."

L'objet le plus ancien découvert sur place était une pièce de monnaie romaine rarissime représentant Constance II, qui a régné entre 337 et 361 après JC.

Pièce de monnaie de l'empereur Constance II. Photo: ville de Spišské Vlachy

D'après l'archéologue Matúš Hudák la pièce a peut-être été placée dans le bâtiment en tant que «sacrifice de construction», une pratique courante destinée à protéger le bien contre les dommages.


La présence de la monnaie romaine suggère que des gens vivent à Spišské Vlachy depuis l'époque de la Grande Migration, qui a eu lieu au milieu du déclin prolongé de l'empire.


La pièce indique également que le peuple slave qui s'est installé dans la région a fait du commerce avec Rome. "Il est intéressant que les pièces de monnaie soient arrivées de l'ouest à Spiš", a ajouté Hudák, "comment pouvaient-ils faire du commerce sur de telles distances et utiliser des pièces comme monnaie?"

En plus d'artéfacts de l'époque romaine, l'équipe a découvert les traces d'un pub ou d'une auberge probablement utilisé au 18ème siècle. Les découvertes comprennent des parties de parquet, des fragments de céramique et une cave où la bière et le vin étaient stockés.

Les tessons de poterie découverts par les archéologues. Photo: ville de Spišské Vlachy

Les archéologues ont également découvert des pièces de monnaie frappées en Pologne et en Hongrie, témoignant peut-être de voyageurs réservant des chambres ou achetant des repas sur place. Les pièces portent des gravures faisant référence au monarque polonais Sigismond III et à l'empereur du Saint-Empire romain François II, aidant l'équipe à dater la monnaie entre le 17e et le 19e siècle.

"Nous supposons qu'il y avait une sorte de pub", explique Hudák. Il note que le site contient des graffitis muraux, dont certains représentent une potence et une épée. Les archéologues ont également identifié ce qui pourrait être un ancien four ou un fourneau utilisé pour chauffer le bâtiment.

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8.30.2020

Les courbes de datation au radiocarbone recalibrées pour améliorer la précision archéologique


Après sept ans de travail et l'utilisation de 15 000 échantillons provenant de diverses sources, de nouvelles courbes d'étalonnage plus précises ont été dessinées afin de permettre une datation plus fine d'objets vieux de 55 000 ans.

Les courbes de datation au radiocarbone recalibrées pour améliorer la précision archéologique
Les mesures au radiocarbone des cernes des arbres fournissent des données importantes à une résolution annuelle pour certaines des courbes d'étalonnage IntCal20. Photo Ronny Friedrich

Développée pour la première fois par le prix Nobel Willard Libby en 1949, la datation au radiocarbone est l'un des outils les plus puissants pour les archéologues et les géoscientifiques, leur permettant de dater directement des objets vieux de dizaines de milliers d'années.

La technique est basée sur le fait que l'atmosphère terrestre est constamment bombardée par des rayons cosmiques, dont certains entrent en collision avec des atomes d'azote et les convertissent en isotope radioactif carbone-14. En plus d'être radioactif, le carbone-14 est exactement le même que l'isotope beaucoup plus commun et stable qu'est le carbone-12, et est absorbé presque exactement de la même manière par les plantes et les animaux vivants.

Cela signifie, théoriquement, que le rapport entre les deux isotopes reste constant. Lorsqu'une plante ou un animal meurt, il cesse d'absorber le carbone et le rapport entre le carbone 12 et le carbone 14 commence à changer lentement.

Comme tous les éléments radioactifs, le carbone 14 se désintègre à un taux constant avec une demi-vie d'environ 5 730 ans. Donc tous les 5 730 ans, il y aura deux fois moins de carbone 14 dans les restes qu'au moment où la plante ou l'animal est mort.

Cela signifie que si l'on peut mesurer ce changement dans le rapport, cela peut agir comme une horloge radioactive, révélant l'âge d'un objet qui a été fabriqué à partir de ces restes.

Au fil des décennies, la technique a été affinée en introduisant des éléments tels que la concentration isotopique, la spectrométrie de masse et la datation par accélérateur de particules, ce qui permet aux scientifiques de dater des échantillons qui sont passés de 15 g  à quelques milligrammes et qui ont des milliers d'années.


Cependant, le rapport du carbone 14 au carbone 12 n'est pas constant dans toute l'atmosphère ni dans le temps.


Les changements dans l'activité solaire modifient la génération de carbone-14 en modifiant le nombre de rayons cosmiques qui atteignent la Terre; de plus, les volcans peuvent rejeter de grandes quantités de carbone-12 dans l'atmosphère, et les plantes absorbent les isotopes différemment dans la photosynthèse.
Enfin, la révolution industrielle a mis plus de carbone fossile dans l'environnement, et, entre les années 40 et 80, les essais d'armes nucléaires atmosphériques ont augmenté les niveaux de carbone 14.

En raison de ces facteurs, ainsi que d'autres, les niveaux d'isotopes varient entre les hémisphères nord et sud et dans les niveaux peu profonds des océans, ainsi que dans le temps.

Pour compenser cela, les scientifiques ont utilisé un certain nombre de méthodes de datation différentes pour produire des courbes d'étalonnage.

La première a été de comparer les dates au radiocarbone des tombes égyptiennes avec les règnes des pharaons, qui ont été soigneusement enregistrés.

Ensuite, la dendrochronologie ou la datation des anneaux des troncs d'arbre a été utilisée pour compter les anneaux de croissance dans des blocs de bois d'un certain âge. Une chronologie flottante permet de remonter à des milliers d'années lorsque les motifs d'anneaux sont mis en correspondance avec différents objets.

Lorsqu'il a été découvert que les cernes des arbres cessaient d'absorber du carbone lorsque les arbres arrêtaient de pousser, les scientifiques avaient un échantillon auto-étalonné qui pouvait être réduit à une seule année grâce à la possibilité d'utiliser de très petits échantillons.

Cela rendait la datation au radiocarbone pratique, mais cela laissait encore une large marge d'erreur qui pouvait positionner des dates dans une marge de quelques siècles.

Pour corriger cela, une équipe internationale comprenant des scientifiques des universités de Belfast, Sheffield, Bristol, Glasgow, Oxford, St.Andrews et Historic England a non seulement examiné 15000 échantillons de chronologies de cernes flottantes, mais également des sédiments lacustres et marins, des dépôts dans des grottes comme les stalagmites combinés avec la datation uranium / thorium, et les coraux. LE but étant de créer des courbes d'étalonnage plus précises pour les deux hémisphères ainsi que pour les environnements marins peu profonds.
Enfin, une analyse statistique a été utilisée pour affiner les courbes.


Appelé IntCal, le projet de sept ans a produit trois courbes de datation au radiocarbone recalibrées: une pour l'hémisphère nord, une pour le sud et une pour le milieu marin.


Chacune remonte à 55 000 ans avec un seul écart type au cours des époques successives. Celles-ci sont conçues pour aider non seulement les archéologues, mais aussi les géoscientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) à en savoir plus sur les événements climatiques passés et pour les personnes chargées de la préservation et de la restauration des sites historiques.

«Une datation au radiocarbone de haute précision permet au public de profiter de l'environnement historique et permet une meilleure préservation et protection», a déclaré le professeur Alex Bayliss, responsable des rencontres scientifiques à Historic England, «Les nouvelles courbes ont des implications internationales importantes pour la méthodologie archéologique, et pour les pratiques de conservation et de compréhension du patrimoine bâti en bois. "

La recherche a été publiée dans Radiocarbon: "THE INTCAL20 NORTHERN HEMISPHERE RADIOCARBON AGE CALIBRATION CURVE (0–55 CAL kBP)"



Source:

8.21.2020

Sauver la Mary Rose des dégradations du bois

Le navire amiral d'Henry VIII a coulé dans le Solent le 19 juillet 1545, où il est resté pendant 400 ans jusqu'à ce que la coque soit soulevée du fond marin en 1982.

L'épave récupérée a été aspergée d'eau froide et a reçu une série de traitements au polyéthylène glycol pour empêcher le bois de se dessécher, de rétrécir et de s'effondrer.

L'épave de la Mary Rose

Le dernier de ces traitements s'est terminé en avril 2013, et la coque a ensuite été laissée à sécher dans des conditions contrôlées.

La récupération du Mary Rose a été une réalisation importante, offrant une vue sans précédent sur la vie des Tudor. Cependant, le déplacement des restes du navire reposant dans des conditions anoxiques (sans oxygène) sur le fond marin vers un environnement contenant de l'oxygène sur terre posait certains problèmes.


L'une des principales menaces étaient les composés à base de soufre générateurs d'acide, qui se forment dans la structure du bois et peuvent le dégrader.


Des recherches antérieures menées pour déterminer les meilleures méthodes de conservation du Mary Rose suggéraient que l'exposition à un environnement où l'oxygène était présent pouvait entraîner le développement de près de deux tonnes d'acide sulfurique dans le bois.

Cependant, aucune de ces études ne s'est concentrée spécifiquement sur les composés à base de soufre qui sont produits à mesure que le bois sèche et sur la façon dont ils affectent sa dégradation.

Un échantillon de bois prélevé sur le Mary Rose. Photo: Diamond Light Source

Une nouvelle étude, publiée dans la revue ChemPlusChem, a prélevé des échantillons à six endroits autour de la coque, puis a utilisé une combinaison de techniques pour identifier les espèces de soufre acide présentes et évaluer l'état du bois lui-même. 

Cette recherche a déterminé que des gisements de soufre oxydé, de fer et de zinc se trouvaient tous ensemble dans les zones présentant les niveaux de dégradation les plus élevés, démontrant qu'ils peuvent jouer un rôle dans la détérioration du bois gorgé d'eau.  

Cette nouvelle compréhension des composés acides à base de soufre dans le bois archéologique marin et de leur évolution au cours du processus de séchage peut maintenant être utilisée pour aider à développer des stratégies pour protéger la Mary Rose contre d'autres dommages.

Le lien vers l'étude:

Source:

8.17.2020

Un U-boat de la Première Guerre mondiale coulé par la Royal Navy étudié pour la première fois

Un sous-marin de la Première Guerre Mondiale coulé en 1917 a été étudié pour la première fois à l'aide de scanner et de vidéo sous-marine.

Les scientifiques ont utilisé des techniques de numérisation sophistiquées et des séquences vidéo sous-marines pour analyser l'épave d'un UC-47, à environ 20 miles nautiques au large de la côte du Yorkshire en mer du Nord.

À l'aide de la technologie de sonar multifaisceaux, l'équipe a réalisé cette image 3D haute résolution du U-boat UC47 sur le fond marin au large du Yorkshire.

L'équipe en charge de l'étude rapporte que l'UC-47 serait à l'origine du naufrage de plus de 50 navires au cours de sa carrière d'à peine douze mois et qu'il avait la réputation d'être un navire chanceux au sein de la marine impériale allemande.

Mais le 18 novembre 1917, le patrouilleur de la Royal Navy HMS P-57 le surprend à la surface.Il éperonne puis coule le sous-marin qui sombre avec tous les hommes à bord.

Dirigé par l'expert en archéologie des eaux profondes, le Dr Rodrigo Pacheco-Ruiz, de l'Université de Southampton, en collaboration avec les sociétés de prospection offshore MMT et Reach Subsea, l'équipe a enquêté sur l'épave pendant des opérations offshore visant à préparer la pose d'un nouveau pipeline en mer du Nord.

Les hélices du sous-marin allemand de la Première Guerre mondiale qui a été inspecté pour la première fois depuis sa perte en 1917. Photo: © MMT / Reach Subsea

À l'aide d'une robotique de pointe et d'un équipement géophysique à haute résolution, l'épave, qui se trouve à 50 mètres sous la surface, a été cartographiée et inspectée en détail et a montré un niveau de conservation «étonnant», a ajouté l'équipe.

Les archéologues ont déclaré que les restes de la coque principale, qui était intacte sur toute sa longueur, étaient visibles au-dessus du fond marin et que les dommages qu'elle avait subis lors de son naufrage étaient clairement visibles. Un grand trou du côté bâbord de la coque indiquait une explosion et dispersés autour du site de l'épave se trouvaient des parties du navire, dont l'un des tubes lance-torpilles.

Le Dr Pacheco-Ruiz, co-directeur du projet de recherche archéologique offshore (OAR) du Centre d'archéologie maritime, a déclaré: "Aujourd'hui, le navire n'est indiqué sur les cartes de navigation que comme une épave et jusqu'à présent, on en savait très peu sur l'état du sous-marin. Ce fut un privilège de pouvoir explorer une épave en si bon état et d'avoir l'opportunité d'en savoir plus sur son passé."

Les archéologues espèrent qu'il sera possible de retourner sur le site de l'épave dans le futur pour recueillir davantage d'éléments sur son passé et aider à former des étudiants en archéologie maritime.

D'après, l'historien maritime Stephen Fisher "Le lendemain de sa perte, l'UC-47 est réputé avoir été visité par des plongeurs de la Royal Navy qui ont récupéré des renseignements précieux, notamment des livres de codes et des graphiques. Une étude plus approfondie sur les sources historiques combinée à l'imagerie détaillée de l'épave, pourrait nous permettre de déterminer si elle a effectivement été visitée en novembre 1917."




Source:
Science Focus: "WWI U-boat sunk by Royal Navy surveyed for the first time"
 

8.12.2020

Au Proche-Orient, la crémation est apparue dès le 7e millénaire avant notre ère

Le défunt retrouvé dans une tombe-bûcher à Beisamoun en Israël, était celui d'un jeune adulte, mais on ignore s'il s'agit d'une femme ou d'un homme.

Au Proche-Orient, la crémation est apparue dès le 7e millénaire avant notre ère
Une partie du site de fouilles de Beisamoun (Israël). La fosse visible est le bûcher-tombe. Photo: mission Beisamoun

Il avait été blessé par une flèche à l'épaule quelques mois avant sa mort survenue au printemps il y a près de 9000 ans.


Cette tombe offre la plus ancienne preuve de crémation directe au Proche-Orient.


Il s'agit d'une crémation directe dans le sens où  la dépouille a directement été brûlée, contrairement à certaines pratiques impliquant un traitement par le feu d’ossements secs exhumés.
 
Le bûcher, préservé car enterré, ainsi que les restes osseux qui s’y trouvaient, ont été mis au jour et étudiés par une équipe internationale dirigée par Fanny Bocquentin, archéo-anthropologue du CNRS,  entourée de la doctorante Marie Anton et de plusieurs spécialistes des restes animaux, végétaux et minéraux.

Les 355 fragments d’os humain, certains calcinés, témoignent de températures atteignant 700°C, ce qui a été confirmé par l’analyse de l’enduit argileux recouvrant les parois de la fosse.

 Le bûcher-tombe en cours de fouille. Photo: mission Beisamoun

La disposition des os et la persistance de certaines articulations semblent indiquer que la dépouille a été placée assise sur le bûcher, et que celle-ci n’a pas été remuée au cours de la crémation ou par la suite.

Des restes siliceux de plantes révèlent notamment la présence d’herbes en fleurs: bien que l'on ne connaisse par leur rôle (combustible, ornemental, odorant), elles témoignent de la saison du décès.

 Pointe de silex fichée dans une omoplate carbonisée. Photo: mission Beisamoun

Outre cette exceptionnelle tombe-bûcher, les restes incinérés de cinq autres adultes ont été découverts sur le site, contemporains d’inhumations dans des ruines de maisons abandonnées.

L’émergence de la crémation révèle l’évolution du rapport aux morts dans la région : alors que prévalaient le culte des ancêtres et des pratiques funéraires au long cours, le temps funéraire semble se contracter. Une période de transition ?
Deux à trois siècles plus tard, les morts ne sont plus inhumés dans ou à proximité des villages et les archéologues ont bien du mal à en trouver la trace. Cette étude résulte d’une fouille archéologique conjointe du CNRS, du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français, ainsi que de l’Office des Antiquités israéliennes, menée de 2007 à 2016.

L'étude est publiée dans PLOS ONE:

Source:
  • CNRS: "Au Proche-Orient, la crémation est apparue dès le 7e millénaire avant notre ère"

8.05.2020

Convergence culturelle: le flûtage préhistorique amérindien retrouvé sur des sites en Arabie


Des pointes en pierre flûtées, vieilles de 8 000 à 7 000 ans, ont été découvertes dans les sites archéologiques de Manayzah au Yémen et d’Ad-Dahariz au Sultanat d’Oman.

Ces pointes de projectiles ont une forme sophistiquée et particulière. Elles incluent des pointes de lances et de flèches.

Or, le flûtage est une technique préhistorique qui jusqu’à présent n'a été constaté que sur des sites amérindiens vieux de 13 000 à 10 000 ans.


Le flûtage est une technique spécifique qui implique l'extraction d'un éclat sur la longueur d'une pointe de projectile, laissant une rainure ou une dépression distincte à la base de la pointe de lance ou de flèche. Photo: Rémy Crassard, CNRS

Selon l’étude menée par une collaboration internationale d’archéologues, comprenant des scientifiques du CNRS1, de l’Inrap, d’Ohio State University et du Max Planck Institute for the Science of Human History, les différences entre les datations et les zones géographiques impliquent qu’il n’existe aucune connexion entre les populations qui ont conçu ces pointes.

Il s’agit donc d’un exemple de convergence culturelle, pour une technique nécessitant un haut niveau de savoir-faire.

Bien que les procédures de flûtage soient similaires entre l’Amérique et l’Arabie, la finalité des pointes était différente : les pointes américaines étaient flûtées pour faciliter l’emmanchement, permettant d’attacher la pointe au reste de la flèche, alors que le flûtage en Arabie était lié à la démonstration d’une capacité à concevoir mentalement des outils en pierre.

L'étude a été publiée dans PLOS ONE: "Fluted-point technology in Neolithic Arabia: An independent invention far from the Americas"

Source: