4.02.2016

Ce que mangeaient les constructeurs de Stonehenge...

Une équipe d'archéologues de l'Université d'York a révélé de nouvelles connaissances sur les choix culinaires et les habitudes alimentaires à Durrington Walls, un monument du néolithique et site d'implantation, dont on pense qu'il abritait les constructeurs de Stonehenge tout près de là au cours du 25ème siècle avant JC.

Durrington Walls vu depuis le sud. Image: Midnightblueowl 

Avec des chercheurs de l'Université de Sheffield, ils ont découvert, suite à l'analyse de poteries et d'ossements d'animaux, des traces de festins mettant en avant des cuissons de style barbecue et un schéma inattendu dans la façon dont les aliments étaient distribués et partagés sur le site.


Les pots avaient différentes utilisations

L'analyse chimique des résidus de nourriture prélevés sur plusieurs centaines de fragments de poterie a révélé des différences dans l'utilisation des pots.

Ceux trouvés dans les zones habitées étaient utilisés pour cuire des produits d'origine animale comme le porc et le bœuf, et les produits laitiers; tandis que les poteries dans les espaces cérémoniels étaient utilisées essentiellement pour les produits laitiers.

Une telle structuration spatiale pourrait signifier que le lait, les yaourts et les fromages étaient perçus comme des aliments assez exclusifs, consommés uniquement par quelques privilégiés, ou bien, que les produit laitiers étaient utilisés dans des cérémonies publiques.

Curieusement, il y avait peu de traces de préparation de nourriture végétale dans tous les secteurs du site.

Les principaux éléments recueillis mettent en avant une importante consommation de viande animale, et en particulier des cochons. Des analyses d'ossements d'animaux menées à l'Université de Scheffield ont montré que de nombreux porcs avaient été tués avant d'atteindre leur poids maximum. Ce sont de fortes preuves d'abattages planifiés pendant les automnes et hivers, et de consommations lors de festins.

Les principales méthodes de cuisson de la viande semblaient être de façon bouillie et rôtie dans des pots, probablement autour de foyers intérieurs (on a pu voir des traces de brûlures distinctives sur les ossements).

Durrington Walls, vu depuis Woodhenge. Image: Psychostevouk (CC BY-SA 3.0)

Du bétail se promenait sur le site

Des os provenant de toutes les parties du squelette de l'animal ont été trouvés, ce qui indique que le bétail vivait sur le site et non pas qu'il arrivait en morceaux de viande.

L'analyse isotopique a indiqué que le bétail provenait de différents lieux dont certains assez éloignés du site. Ceci est important car cela devait demander l'organisation d'un grand nombre de volontaires susceptibles de se rendre loin.

Les schémas observés de ces festins ne correspondent pas avec une société basée sur l'esclavage où le travail est forcé et coercitif, comme cela a pu être suggéré.

D'après le Dr Oliver Craig, directeur de thèse en science archéologique à l'Université d'York et auteur principal de l'article de cette étude: "des preuves de partage des aliments et d'activités par zone à Durrington Walls montrent un plus grand degré d'organisation culinaire que ce que l'on attendait pour cette période de la préhistoire britannique. Les habitants et de nombreux visiteurs de ce site possédaient une compréhension commune sur la façon dont les aliments devaient être préparés, consommés et disposés. Ceci, mis avec les preuves de festins, suggère que Durrington Walls était une communauté de travail bien organisée."  

Pour le professeur Mike Parker Pearson, professeur à l'UCL (University College London) et directeur du Feedings Stonehenge Project: "Cette nouvelle recherche nous a donné un aperçu fantastique de l'organisation de festins à grande échelle parmi les gens qui ont construit Stonehenge. Les animaux étaient apportés de toute la Grande-Bretagne pour être cuits au barbecue et cuisinés lors de rassemblements de masse en plein air et pour être mangés lors de repas privés plus organisés à l'intérieur des nombreuses maisons à Durrington Walls. Le placement spécifique des pots à lait sur les grandes constructions cérémonielles révèle que certains produits avaient une signification rituelle au-delà de l'aspect nutritif. Le partage de la nourriture avait des connotations aussi bien sociales que religieuses pour promouvoir l'unité parmi ces communautés agricoles préhistoriques dispersées en Grande-Bretagne".

Le Dr Lisa-Marie Shillito, qui a analysé les échantillons de poterie et qui a récemment rejoint l'Université de Newcastle, a ajouté que: "la combinaison de l'analyse des poteries et de l'étude des ossements d'animaux est très efficace, et montre comment ces différents types d'évidences peuvent être rassemblés pour donner une image détaillée de la nourriture et de la cuisine dans le passé."
Relecture par Marion Juglin

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