7.20.2013

Un cimetière de vampires mis au jour en Pologne ?


Les archéologues de Gliwice, au Sud de la Pologne, ont découvert un cimetière où les morts ont été inhumés conformément aux pratiques adoptées face à de présumés vampires.

Squelettes sur le site de Gliwice. Photo: matériaux de presse du conservateur régional des monuments. 

Quatre squelettes ont été retrouvés sur le site, où des fouilles préventives ont été menées avant la construction d'une rocade.

Dans chaque cas, le corps avait été enterré avec la tête entre les jambes.

Selon les croyances populaires, cela empêchait un potentiel vampire de retrouver son chemin vers le monde des vivants.

Il n'y avait aucune trace dans le cimetière de biens terrestres, tels que des bijoux, des ceintures ou des boucles. "Il est très difficile de dire à quel moment ces sépultures ont été effectuées," explique l'archéologue Dr Jacek Pierzak.
Cependant, on pense qu'ils ont eu lieu au cours de l'époque moderne. Des tests doivent être faits afin de déterminer les dates exactes.

Les archéologues pensent que les inhumations ont pu être faites afin de protéger les habitants contre les attaques de vampires.

Selon une autre théorie, les squelettes auraient été les victimes d'une épidémie de choléra.

Le dernier cas connu d'un enterrement de vampire dans les frontières polonaises actuelles était dans le village de Stare Mierzwice, Mazovie, en 1914.
Un cadavre avait été déterré dans le village, et la tête coupée et placée entre les jambes de la personne.


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7.17.2013

Découverte d'une inscription antérieure de 1400 ans à la plus ancienne langue écrite chinoise

Des inscriptions primitives, datant d'environ 5000 ans, ont été découvertes à Shanghai. Elles sont supposées être plus vieilles de 1400 ans que la plus ancienne langue écrite chinoise.

Une hache de pierre trouvée près du site de Zhuangqiao, dans l'est de la Chine, montre une forme primitive d'écriture, selon les archéologues. Photographie: AP


Les chercheurs chinois sont divisés au sujet des marques trouvées sur ces objets provenant du site de Zhuangqiao, au sud de la ville moderne.
Est-ce que ce sont des mots ou quelque chose de plus simple ?

Cependant, ils estiment que la découverte fera la lumière sur les origines de la langue et la culture chinoise.

La plus ancienne écriture au monde est censée être celle de Mésopotamie (aujourd'hui l'Irak), et elle remonte à un peu plus de 5000 ans.

On suppose que les caractères chinois se sont développés de façon indépendante. Des inscriptions chinoises avaient été retrouvées sur plus de 200 pièces mises au jours sur le site Néolithique de Liangzhu. Les pièces faisaient parti de milliers de fragments de céramique, de pierre, de jade, de bois, d'ivoire et d'os trouvés sur le site entre 2003 et 2006, a déclaré Xu Xinmin, l'archéologue principal.

Les spécialistes chinois, en archéologie et en écriture ancienne, se sont rencontrés dans la province du Zhejiang pour discuter de cette découverte. Ils pensent que ces inscriptions ne représentent pas un système d'écriture développé.

Mais Xu a dit qu'il y avait des preuves de mots sur deux morceaux de haches en pierre. L'une des pièces a six formes de mots comme enchaînés et ressemble à une courte phrase. "Ils sont différents des symboles que nous avons vu dans le passé sur des objets", estime-t-il, "les formes et le fait qu'ils sont dans une configuration ressemblant à une phrase, indiquent qu'ils sont l'expression d'un sens."

Les six caractères sont agencés en une ligne, et trois ressemblent au caractère chinois moderne pour "êtres humains". Chaque forme a de deux à cinq traits.
"Si cinq à six d'entre eux sont enchaînés comme une phrase, ils ne sont plus des symboles, mais des mots", a expliqué Cao Jinyan, un spécialiste de l'écriture ancienne à l'Université de Zhejiang. Il pense que ces marques doivent être considérées comme des hiéroglyphes.

Il a dit qu'il y avait aussi des formes autonomes avec plus de traits. "Si vous regardez la composition, vous verrez qu'ils sont plus que des symboles."

Mais pour Liu Zhao, un archéologue à l'Université de Fudan, à Shanghai, il n'y a pas suffisamment d'éléments pour que ce soit concluant: "Je ne pense pas qu'ils doivent être considérés comme une écriture au sens strict. Nous n'avons pas assez de matériel pour cerner le stade de ces marques dans l'histoire des écritures anciennes."

Pour l'instant, les chercheurs chinois qualifient ces marques d'écriture primitive, un terme vague qui suggère qu'elles se situent quelque part entre les symboles et les mots.

A ce jour, la plus ancienne écriture chinoise connue a été trouvée sur des ossements d'animaux (connus sous le nom d'ossements d'oracle). Elle remonte à 3600 ans, à l'époque de la dynastie des Shang.


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7.15.2013

Découverte d'un puits romain pratiquement intact en Angleterre

Les archéologues de l'Université d'York ont découvert un puits pratiquement intact du romain tardif, près de Heslington.
Il pourrait avoir une signification dans les cycles agricoles locaux et les pratiques de fertilité de l'époque.



Le puits, qui a probablement été utilisé pendant plusieurs décennies à la fin du 4e et début du 5e siècle, a été déterré lors de fouilles archéologiques sur le site du campus de l'Université, en cours d’agrandissement.


Une conception soignée

Depuis au moins l'âge du Bronze ancien, une variété de méthodes ont été utilisées pour accéder aux sources naturelles, incluant les points d'eau et les puits primitifs.

En revanche, cette construction du romain tardif a été soigneusement conçue: le puits a été placé en haut d'une colline et il a été utilisé de la maçonnerie de bonne qualité.

L'étude explique que la structure principale du puits se compose de pierres apparentes, grossièrement équarries, provenant de blocs extraits de carrières calcaires oolithiques, probablement depuis une source près de Malton, à 30km au nord-est.

La tête du puits. (Image: University of York)

Courbés sur leur surface extérieure, les pierres ont été soigneusement posées. La base du puits est en forme de cuvette et composée de dalles de calcaire triangulaires posées directement sur l'argile naturelle. L'ingénierie employée suggère une compréhension intime du sous-sol.

Il devait y avoir à l'origine un toit, mais il a du être enlevé pour être réutilisé. L'équipe de fouilles du Département d'Archéologie à l'Université York pense que son recyclage est plus symbolique qu'opportuniste.


Des objets familiers 

Le puits contenait plus de 1000 pièces de poterie romano-britannique, dont deux pots de type Huntcliff presque complets, et un nombre similaire de fragments d'os d'animaux.
Les moutons en vedette, les bovins, les chevaux, les cerfs et même un jeune chien. Une grande partie des os montraient des signes de boucherie, mais sans être fragmentés, contrairement à ceux de la poubelle domestique, trouvée plus loin sur le reste du site.

Un des membres de l'équipe de fouille nettoie un des pots de type Huntcliff intact. Image: University of York

Steve Roskams, Maître de conférences, a dit qu'il: "est frappant de constater que tout le matériel trouvé dans notre puits ait été familier à ceux qui habitaient ce paysage. Sa construction intègre un fleuron qui, selon nous, est probablement venu du démantèlement d'une structure à proximité, de bonne qualité. Les jarres étaient très communes ici, celle de type Huntcliff devait servir à la consommation d'eau."


Un emplacement délibéré.

"En même temps, il y a suffisamment de preuves pour indiquer que certains de ces artéfacts assez ordinaires ont été délibérément placés dans le puits pour une raison symbolique. Lors de l'interprétation de telles pratiques, les archéologues se préoccupent souvent de savoir si elles appartiennent aux traditions «romaines» ou à celle de «l'âge du fer». 
Toutefois, si nous voulons comprendre pleinement ces formes de rituels routiniers, nous ferions mieux de regarder les cycles agricoles locaux et les pratiques de fécondité, qu'elles soient annuelles, générationnelles ou sur des transitions à plus long terme. Les pressions économiques et les tensions sociales étaient beaucoup plus importantes pour ces communautés alors qu'elles cherchaient à établir et à renforcer leurs propres identités du moment".

Source:
  • Past Horizons: "Virtually intact Late Roman well discovered"

Plus d'informations et d'images au sujet de cette découverte (en anglais):


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7.12.2013

L'ancienne culture Kofun du Japon étudiée avec les nouvelles technologies

Les Kofun sont des tertres funéraires japonais qui ont été construits entre le 3ème et 7ème siècle après JC.

Le professeur Izumi Niiro, archéologue à l'Université d'Okayama au Japon, étudie la «topographie» de cette culture qui a laissé son empreinte dans le paysage, des tumulus jusqu'aux artéfacts. Pour cela il utilise un puissant logiciel de traitement des données géographiques pour les étudier avec précision.

Image 3D image du Kofun de Tsukuriyama, Okayama-shi, Prefecture d'Okayama.
Visuel créé à partir des données numériques du Département d'Archéologie, de l'université d'Okayama.

"J'ai d'abord pris conscience des systèmes d'information géographique au cours d'une année sabbatique à l'Université de Southampton en 1991", explique le professeur Niiro, "j'ai décidé d'expérimenter cette technologie pour la topographie archéologique quand je suis retourné au Japon. Elle me permet de visualiser et d'analyser de nombreux types d'informations géographiques telles que les détails topographiques des cartes".

Au commencement, le professeur Niiro a utilisé le logiciel IDRISI (système de traitement d'image / information géographique en mode image développée) de l'Université Clark. Aujourd'hui, il utilise le puissant logiciel  open source de système d'information géographique, GRASS (Geographic Resources Analysis Support System).

Le professeur Niiro confie qu'il y a très peu d'archéologues au Japon qui produisent leurs propres programmes pour analyser l'information géographique.

Les découvertes du professeur Niiro comprennent la visualisation d'un miroir en bronze du début de la période Kofun, au troisième siècle (photos ci-dessous). Il explique: "J'ai écrit mon propre logiciel pour visualiser la surface du miroir basé sur des données de numérisation 3D, les résultats montrent clairement un miroir à bords triangulaires est décoré avec des divinités et des bêtes".

 Première photo: le miroir en bronze décoré de divinités et bêtes. Deuxième photo: détail du miroir, d'un dieu et d'une bête, visualisé à partir de données scanner 3D. 
Le miroir provient de Gongen-Yama, tombe 51, Tasuno-Shi, Prefecture de Yogo.


Les tertres funéraires 

Le Japon possède de nombreux sites Kofun comme le montre la distribution des tumulus en forme de "trou de serrure" dans la préfecture d'Okayama.

 Les tumulus en forme de serrure dans la préfecture d'Okayama.


Le plus grand site d"Okayama ,et le quatrième au Japon, est le Kofun de Tsukuriyama. Il s'agit du tertre funéraire du roi de Kibi terminé au cinquième siècle.
Le tombeau se compose du principal tumulus Tsukuriyama et de six petites structures au sud. Le Kofun de Tsukuriyama mesure 350m de long, le "trou de serrure" fait 200m de diamètre, 31m de haut et 215m de long.

"Notre analyse montre qu'il a été construit avec des procédures très précises utilisant les unités de longueur chinoise shaku.", explique le professeur Niiro," un shaku fait 232 mm".


Les effets des catastrophes.

Récemment, le professeur Niiro a étendu ses activités à rechercher l'effet des catastrophes sur la culture et la civilisation. "Les éruptions volcaniques ont eu des effets considérables sur l'environnement et la culture humaine", explique-t-il, "en particulier, le sixième siècle a vu des changements sans précédent dans l'environnement. Au Japon, l'empereur de l'époque a ordonné le stockage du riz dans le nord de Kyushu pour aider les personnes en Corée qui étaient touchées par les désastres provoqués par les changements climatiques mondiaux. Des effets désastreux similaires des changements climatiques se sont produits en Irlande. "

Le récent tremblement de terre et le tsunami à Tohoku ont conduit à la montée d'une «archéologie des catastrophes».
La période Kofun a pris fin en 600 après JC probablement due au changement climatique. Cela a conduit à l'introduction du bouddhisme au Japon. Les archéologues ont encore beaucoup à faire.

Source:
  • Past Horizons: "Japan’s ancient Kofun culture explored with new technology"

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7.10.2013

Le lidar révèle qu'Angkor était quatre fois plus grand qu'on ne le pensait précédemment


Plus d'un million de personnes visitent les célèbres temples autour de Siem Reap chaque année.
Mais il a fallu une enquête utilisant la télédétection au laser pour découvrir les traces d'un vaste réseau urbain environnant les ensembles de temples d'Angkor et de Koh Ker.

Une ville antique jusque-là inconnue a également été découverte aux environs de Phnom Kulen.

En utilisant un scanner laser fixé à un hélicoptère, les chercheurs ont pu pénétrer la végétation qui masquait le terrain.
Les résultats de cette étude aérienne, menée en avril 2012, et le travail de terrain qui a suivi,  pourraient bien changer l'histoire que nous connaissons.

 «Nous étions bouche-bée», a déclaré Damian Evans de l'Université de Sydney. Il dirige le partenariat de huit organisations qui ont mené l'étude, dont l'APSARA (Autorité pour la Protection du Site et l'Aménagement de la Région d’Angkor / Siem Reap) du gouvernement cambodgien.

"Elle révèle très clairement que le centre formalisé, urbain de la ville d'Angkor s'étend sur au moins 35 kilomètres carrés, plutôt que les quelques 9 km² conventionnellement reconnus dans les murs d'Angkor Thom," explique-t-il.

Vue oblique d'Angkor Wat et de ses environs immédiats. Au-dessus: une mosaïque d'orthophotos numérique, avec les élévations dérivées du lidar qui a modélisé la surface avec 1m de résolution. Au-dessous: modélisation du terrain selon les données du lidar, avec une résolution de 0.5m et une exagération verticale x2. Les lignes rouges indiquent les voies modernes: routes et canaux.

L'enquête, la première du genre en Asie, a montré que les monticules et les dépressions qui apparaissent en motif par rapport au sol forment en fait les restes de réseaux très structurés de la ville, des routes, des barrages et des canaux.

Selon le document, les données ont montré que l'intensité de l'utilisation des terres et l'étendue de l'espace urbain et agricole ont tous deux été considérablement sous-estimés dans la région d'Angkor jusqu'à aujourd'hui.

Ces résultats suggèrent qu'au 12ème siècle, la région contenait une "très grande population" soutenue par des importations agricoles régulières de la campagne.

D'ailleurs, d'après les chercheurs, la dépendance à l'égard des excédents agricoles et des grands systèmes de gestion de l'eau montrent que les sécheresses ont pu contribuer à l'effondrement éventuel de cette civilisation.

Attirant l'attention sur un monticule près des murs croulants du temple Beng Mealea, Evans a expliqué que "ce fut la fondation d'un bloc de structures en bois".
Ces structures ont depuis longtemps disparu dans la jungle, ne laissant que de légères buttes ou creux qui échappent facilement au regard au milieu des arbres et des broussailles, et elles sont éclipsées par les ruines moussues du temple.

Chaque monticule a un diamètre de quelques mètres et ne ressemble, aux yeux des profanes, à rien de plus que des ondulations naturelles du paysage.

Les archéologues, cependant, savent depuis longtemps que cela voulait en dire plus.


Un autre type d'archéologie 

Siem Reap est une plaine inondable naturellement plate, de sorte que même ces petites bigarrures sont la preuve d'une occupation humaine, pour Evans.
Bien que n'ayant aucun moyen de voir à travers le feuillage des arbres, les chercheurs avaient déjà pu se renseigner sur la forme et l'étendue de ce lieu d'occupation en se frayant laborieusement un chemin à la main à travers la végétation.

Le choix de l'équipe d'utiliser la télédétection par laser, ou «lidar», est beaucoup plus efficace, bien que beaucoup plus chère. Le lidar, aéroporté, envoie des millions de faisceaux laser au sol, puis il mesure le temps qu'ils prennent pour rebondir et revenir à la source. Ces infimes différences de temps permettent de calculer les variations d'altitude.

Le Projet Angkor, qui est la plus vaste étude archéologique jamais réalisée au lidar, a utilisé une concentration particulièrement élevée de rayons pour s'assurer qu'ils traversent les arbres jusqu'au sol, puis qu'ils reviennent vers la machine.
Ensuite, après qu'un ordinateur ait analysé les résultats réfléchis par la végétation, les données ont révélé ( avec une résolution de quelques centimètres) les images de "chaque petite digue, chaque ancienne route", a déclaré Jean-Baptiste Chevance, directeur du Archaeological and Development Foundation, un autre groupe impliqué dans le projet.


Des réseaux urbains particulièrement denses

Les résultats, pour l'archéologue Michael Coe, sont "absolument ahurissant. C'est le plus grand progrès dans notre connaissance d'Angkor telle qu'elle était il y a quelques siècles".
Coe, il y a 60 ans, avait déjà suggéré d'utiliser le laser pour cartographier les anciennes civilisations des forêts.

Jusqu'à présent, la plupart des spécialistes pensaient qu'Angkor était urbanisée selon un "shéma urbain dispersé", avec des petites populations dispersées autour de pôles tels que des canaux, des routes et des étangs familiaux entretenus.

"Ce que les images du lidar révèlent est quelque chose que nous n'avions pas imaginé: une ville densément occupée avec des rues et des avenues disposées en une grille alignée sur les directions cardinales", explique Evans, et Autour d'Angkor, "l'imagerie au lidar montre que l'ensemble est très précisément organisé en îlots urbains de tailles très spécifiques. Chacun des blocs de la ville dispose de quatre monticules élevés et d'un étang, et il devait y avoir des structures en bois sur chacun de ces monticules. Cela devait être grouillant de vie."

David Chandler, historien du Cambodge, a qualifié ces découvertes de "passionnants développements. Le lidar a montré des rues et des canaux qui nécessitaient évidemment une planification et coordination centralisée".

En outre, Evans a ajouté que les données du lidar ont montré que les réseaux de routes et d'implantations continuaient hors des douves et des murs des complexes de temples, dont on pensait qu'ils étaient les limites extérieures des implantations humaines. "Il n'y a pas de porte où les routes se croisent", dit-t-il, "donc ce qui s'est passé, c'est qu'il devait y avait une sorte de réseau urbain préexistant dans cette zone, et ce temple et son enceinte se sont retrouvés coincés au milieu de tout cela."

D'après Coe, les résultats de l'étude à Angkor signifient que les chercheurs vont devoir réviser leurs estimations de la population de la ville à son apogée. D'après les relevés radar et ceux faits au sol, les chercheurs, ces dernières années, avaient avancé un chiffre de 750.000 habitants. "En 1979," ajoute-t-il, "le regretté Bernard-Philippe Groslier, avait basé sa thèse selon laquelle Angkor était une «ville hydraulique» qui utilisait les grands barays ou réservoirs, pour irriguer les champs de riz, et il proposait un chiffre de 1,9 million de personnes. Il semble maintenant que Groslier avait raison".

Evans s'est montré plus prudent sur les implications de l'étude pour les chiffres de la population, soulignant que le sujet nécessitait beaucoup plus d'analyse.
Les chercheurs espèrent pouvoir faire correspondre les données du lidar avec celles du terrain et des comptes rendus écrits afin de pouvoir faire une estimation des chiffres de la population.
Mais les fréquentes reconstructions et relocalisations des centres angkoriens sur une période de 1000 ans, avec de nombreux sites construits les uns au-dessus des autres, rend la détermination d'une population à un moment donné plus difficile, explique Evans.

En fin de compte, l'équipe espère qu'ils arriveront à mieux comprendre une question essentielle:  


Qu'est-il arrivé à cette civilisation ?

Sceptique à propos des explications qui attribuent le déclin du grand empire khmer à l'invasion par les Thaïlandais, l'équipe soupçonne une source plus progressive du déclin: la dépendance insoutenable de la civilisation à l'égard des systèmes de gestion de l'eau à grande échelle.

Les données du lidar  ont apporté la preuve de grands barrages et de canaux, ce qui démontre l'importance de la gestion de l'eau, non seulement pour Angkor, mais pour toutes les villes Khmer de l'époque. Le lidar montre, par exemple, qu'une bande surélevée longue de cinq kilomètres près de Koh Ker, que l'on pensait être une route, avait une élévation constante malgré les reliefs du paysage. Cela montre que c'était en fait un barrage.

Ces résultats apportent un soutien à la théorie que les habitants d'Angkor s'en sont sortis avec d'importants système de gestion de l'eau, mais que l'empire a fini par disparaître en raison de grandes sécheresses. Des preuves environnementales, comme les anneaux des arbres, en apportent la confirmation.

"Les nouvelles données donnent davantage de poids à un consensus selon lequel le développement artificiel du vaste paysage d'Angkor sur plusieurs siècles était fondamentalement insoutenable", écrivent les chercheurs, "les technologies de plus en plus sophistiquées de gestion de l'eau ont peut-être bénéficié d'une certaine résilience à l'échelle annuelle en assurant la sécurité alimentaire et en eau pour une population toujours plus grande et de plus en plus urbanisée, paradoxalement, cependant, ces mêmes systèmes auraient également créé une vulnérabilité systémique pour des variations climatiques à long terme".

La carte ci-dessus permet de situer Phnom Kulen par rapport à Angkor... (Source: Phnom Penh Post)

Un coût élevé mais une grande précision...

L'étude au lidar menée par l'équipe a duré 20 heures et couvert 370 kilomètres carrés, pour un coût d'environ un quart de million de dollars.
Généralement les archéologues, trouvant ces coûts prohibitifs, utilisent seulement les données pertinentes qu'ils peuvent glaner à partir d'études menées au lidar à des fins non archéologiques, comme des relevés topographiques nationaux moins détaillées.

L'étude d'Angkor était seulement la deuxième jamais réalisée sur une aussi grande surface spécifique pour la recherche archéologique.

En 2009, la première étude de ce type avait réussi à pénétrer la végétation pour cartographier l'ancienne cité maya de Caracol au Belize.

Trouver des ressources adéquates pour le Projet Angkor a nécessité la collaboration et le financement de huit organismes différents, y compris l'Autorité APSARA du gouvernement cambodgien et l'Ecole Française d'Extrême-Orient.

Les archéologues sont en train d'explorer sur le terrain les caractéristiques détectées par voie aérienne, en téléchargeant les données du lidar dans des unités GPS.
Evans a expliqué le processus au Phnom Penh Post à Beng Mealea le mois dernier, en montrant comment les monticules apparemment aléatoires autour du temple pouvaient correspondre, sur la carte lidar, avec une grille topographique régulière.

En ramassant un morceau de céramique de couleur rouille se trouvant sur un monticule, il l'a identifié comme faisant partie d'une toiture ancienne d'une des structures en bois qui se trouvait autrefois à cet endroit.
Les briques et céramiques éparses ont tendance à être les principales traces de ces habitats structurés qui restent pour les chercheurs de terrain, a déclaré Evans.

Mais il y a eu des découvertes plus importantes. Une équipe dirigée par Stéphane De Greef de l'Archaeology and Development Foundation, à la montagne sacrée de Phnom Kulen au nord-ouest d'Angkor a confirmé, à travers le travail de terrain, 28 nouveaux temples détectés par le lidar et a trouvé des dizaines de sculptures dans un lit de rivière.


Un candidat au patrimoine mondial.

Ces découvertes ont donné l'espoir à des experts du patrimoine que l'étude permettra d'élargir la reconnaissance internationale et la protection accordée jusqu'ici au site d'Angkor, patrimoine mondial de l'UNESCO, à Phnom Kulen, qui a longtemps été criblé de mines, relativement difficile d'accès, et manquant de temples aussi emblématique qu'Angkor Wat .

Avec les résultats de l'étude et la découvert de ces nouveaux temples et d'une ville entière, les services du patrimoine estiment que Kulen a "un patrimoine culturel et naturel d'une valeur universelle exceptionnelle".

"Ce paysage urbain nouvellement découvert", rapporte l'étude, "correspond  à la ville de Mahendraparvata du 8ème-9ème siècle, l'une des premières capitales de l'Empire khmer, qui n'était connue, jusque là, que par des inscriptions écrites; mais il était communément admis qu'elle se situait dans la région de Kulen ".

La cité perdue de Mahendraparvata révélée sur une carte en relief sous la végétation dans la zone de Phnom Kulen. En vert, les caractéristiques archéologiques documentés précédemment, les zones en rouge révèlent les nouvelles découvertes.

Chandler a qualifié les restes de la ville d' "hallucinant, ce qui suggère que, dans les premières années d'Angkor, du début à la moitié du 9ème siècle, peut-être plus tôt, les populations devaient déjà être relativement denses et avoir un niveau de planification urbaine assez sophistiqué."

Anne LeMaistre, directrice nationale de l'UNESCO au Cambodge a déclaré que "Phnom Kulen est vraiment la source symbolique d'Angkor. A Phnom Kulen, le roi Jayavarman en 802 s'est autoproclamé roi des rois. Il a unifié tous les petits royaumes et les a intégré dans l'Empire angkorien. Il est donc logique d'inclure Kulen dans le périmètre d'Angkor."

Mais, lorsqu'Angkor avait été inscrit comme site du patrimoine mondial en 1992, les Khmers rouges occupait encore Phnom Kulen, aussi, l'inclure dans le site du patrimoine mondial n'était pas possible, a précisé LeMaistre. Depuis, l'intégration de Phnom Kulen "a longtemps été dans l'esprit de l'APSARA et de l'UNESCO", a-t-elle ajouté.

Chevance espére que l'extension du site du patrimoine mondial encourage la protection à la fois archéologique et environnementale. Mais il a noté, qu'en dépit de l'aide internationale, le gouvernement cambodgien, en tant que gestionnaire souverain du site du patrimoine actuel autour d'Angkor, a toujours lutté pour assurer une protection adéquate et surveiller le site contre les bûcherons et les touristes imprudents. Cependant, "la certification et l'enregistrement de Phnom Kulen comme un site du patrimoine mondial devraient apporter un meilleur niveau de protection. Parce que vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez dans un site du patrimoine mondial. "


Un seconde étude en préparation.

Les résultats du Lidar ont apporté des informations importantes pour des recherches plus poussées et la gestion de ces sites, non seulement sur Phnom Kulen, mais aussi sur l'ensemble de l'ancien empire khmer, explique Im Sokrithy, l'un des chercheurs et porte-parole de l'APSARA.  "L'APSARA va utiliser les données pour, avant tout, la gestion de l'utilisation des terres dans la région. Il sera utile de faire une carte précise de l'utilisation des terres ", a-t-il dit.

Les données aideront également le gouvernement à mettre une priorité aux zones à préserver et à "développer les infrastructures publiques et touristiques dans le parc sans impact sur les sites historiques", a-t-il ajouté.

L'équipe d'Evans espère, en 2014, mener une deuxième enquête lidar, qui couvrirait un plus grand éventail de sites qu'Avril 2013.
Le projet concernerait une plus grande étendue de Phnom Kulen mais aussi l'ancienne «ville industrielle» de Preah Khan (à ne pas confondre avec le temple d'Angkor du même nom). «Dans la région de Phnom Kulen, tout ce que nous avons fait, c'est juste couvrir un petit secteur. C'est tout aussi vrai pour Angkor », a dit Evans, "mais nous savons maintenant où trouver les endroits intéressants."

Dans certaines zones, des traces de réseaux urbains s'étendent jusqu'à la fin des cartes du lidar, et les chercheurs souhaitent savoir jusqu'où cela continu.

Evans est actuellement à la recherche de fonds pour cette deuxième étude. Avec 500.000 $, elle coûterait deux fois plus que la première, mais il a expliqué que le travail de terrain pour la première étude, et son succès, a contribué à ouvrir la voie.

Pendant ce temps, certaines caractéristiques récoltées par le lidar restent encore mystérieuses. C'est la cas d' "une série de digues rectilignes en forme de bobine dont la fonction est indéterminée", juste au sud de la douve d'Angkor Wat. "Cela ne colle pas aux idées conventionnelles de ce à quoi ressemble le paysage angkorien", a déclaré Evans, "Elles ne correspondent à aucun art angkorien, et il n'y a pas de parallèle que l'on puisse faire à des choses dans d'autres parties du monde. Cela ne fait pas vraiment sens en termes d'agriculture ou de gestion de l'eau".

Mais de nouvelles recherches pourraient finalement révéler leur fonction, "il y a toujours une explication rationnelle," conclu Evans.

Un article est paru dans le PNAS au sujet de cette éude: "Uncovering archaeological landscapes at Angkor using lidar".

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Merci à Christophe Pottier, de l'EFEO, qui m'a suggéré la source de cet article !


Source:

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7.05.2013

L'agriculture est apparue dans plusieurs endroits différents du croissant fertile

L'agriculture a provoqué un énorme changement dans la façon dont nos ancêtres ont vécu. Les populations humaines sont soudainement devenues sédentaires, alors qu'elles étaient nomades. Cela a ouvert la voie à la formation de villages et peut-être de villes.

Depuis des décennies, les archéologues ont tenté de trouver l'origine de l'agriculture... Ils viennent de découvrir, qu'elle est apparue dans plusieurs endroits en même temps !

 Pendant des décennies, les archéologues ont tenté de trouvé l'origine de l'agriculture. Mais, elle aurait émergé dans différents endroits au même moment. (Photo : Flickr/Wisconsin Department of Natural Resources) 

De précédentes études archéologiques avaient montré que la domestication des plantes avait eu lieu dans l'ouest et le nord du Croissant Fertile.

Dans cette dernière étude, cependant, les chercheurs se sont penchés sur le site acéramique de Chogha Golan.
Les archéologues y ont documenté des dépôts épais de 8 mètres, et exclusivement du Néolithique Acéramique, datant de 11.700 à  9800 années.

Les fouilles ont fourni une multitude de vestiges, notamment des outils de pierre, des représentations d'hommes et d'animaux, des outils en os, des restes calcinés d'os d'animaux et de plantes.


Cependant, ce sont ces restes végétaux qui ont vraiment intrigué les chercheurs.

En utilisant des échantillons du site, les scientifiques ont analysé 30.000 restes de plantes couvrant une période de plus de 2.000 ans.

Les chercheurs ont trouvé des traces d'orge sauvage, d'herbe d'avoine et de lentilles: soit, tous les ancêtres sauvages des cultures modernes.

Après examen de ces vestiges, les chercheurs ont pu conclure que les origines de l'agriculture au Moyen Orient ne viennent pas d'un seul et même endroit. Au contraire, elle provient de plusieurs centres en même temps.

Les restes de plantes de Chogha Golan représentent un témoignage unique de la culture d'espèces végétales sauvages dans l'est du Croissant Fertile.

Sur une période de deux millénaires, l'économie du site s'est orientée vers les espèces domestiquées. Elles ont servi de base à la prospérité du village et, probablement, de civilisations entières.

Ces découvertes archéologiques révèlent non seulement que l'agriculture a existé dans cette région, mais aussi qu'il n'y avait pas qu'une seule «origine» de la domestication des plantes.

Alors que les sociétés de chasseurs-cueilleurs ont lentement commencé à s'installer et à cultiver, ils ont ouvert la voie à l'apparition de de la civilisation moderne.

Source:
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6.30.2013

Un bain rituel vieux de 2000 ans trouvé à Jérusalem

Les archéologues de Jérusalem ont trouvé un bain rituel vieux de 2.000 ans avec un système sophistiqué pour garder l'eau pure...

Vue aérienne du bain rituel / Israel Antiquities Authority

Le bain, appelé aussi Miqwe ou mikvé, a été trouvé au sud-ouest de Jérusalem sur un site du quartier de Kiryat Menachem.


Le bain avait un système d'adduction d'eau unique. 

Le Miqwe récupérait l'eau de pluie à partir de trois bassins, découpés dans le toit du bain, et l'envoyait dans une chambre d'immersion souterraine par des canaux, a expliqué Benyamin Storchan, le directeur des fouilles.

Storchan a déclaré que ce système est plus complexe que celui des autres bains de la même période. C'est généralement une petite piscine, taillée dans la roche à proximité des eaux de pluie, qui approvisionne la chambre souterraine.
"Il est intéressant de noter que le bain est conforme à toutes les lois de la cacheroute (ensemble des lois alimentaires juives), comme la collecte de l'eau de manière naturelle, sans contact humain, et de s'assurer que l'eau ne s'infiltre pas dans le sol; c'est pourquoi le bain a été traité avec un type particulier de plâtre" a ajouté l'archéologue.

Le bain était associée à une zone d'habitat de la période du Second Temple, et il a apparemment connu une nouvelle vie comme carrière après son abandon.

Pas plus tard que le 20ème siècle, une ouverture a été pratiquée dans le plafond de la chambre d'immersion et elle a été utilisée comme une citerne.

Les fouilles sur le site ont eu lieu avant la construction d'une nouvelle route.


Les projets de développement en Israël exposent souvent les vestiges de la riche histoire de la région. 

Avant la construction d'une nouvelle ligne de chemin de fer israélien dans la ville de Carmiel, les chercheurs ont récemment découvert la sculpture d'un pénis vieille de 6.000 ans.

Par ailleurs, des figurines humaines et animales, dont certaines avaient plus de 9.000 ans, ont été trouvés à Tel Motza, un site en cours de fouille pour faire place à l'extension d'une route reliant Jérusalem et Tel Aviv.

Selon l'archéologue du district de Jérusalem, Amit Re'em, la communauté espère conserver le Miqwe, et l'Israel's Antiquities Authority (IAA) et les développeurs travaillent à rendre le site accessible au public.


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6.29.2013

Un squelette décapité découvert près du tombeau de la Princesse Saka

Souvenez-vous, il y a quelques semaines je publiais un article sur la découverte du tombeau d'une princesse Scythe au Kazakhstan.

Les fouilles ont continué et un autre squelette a été mis au jour...

Un célèbre restaurateur, Krym Altynbekov, était arrivé sur le site archéologique afin de préparer les restes pour le transport vers un laboratoire à Almaty. Le but étant de pouvoir procéder à une étude plus approfondie, et notamment de dater le site d'enfouissement avec plus de précision.

Krym Altynbekov, artiste et restaurateur. Photo by Daniyar Bozov©

Les archéologues ont annoncé la découverte d'un autre tombeau près de la tombe de la jeune femme. Il contenait un squelette humain décapité et sans la main droite.

Les experts ont estimé que cela pouvait être un lieu de sacrifice mais ils ont souligné que ce n'était qu'une supposition.
En outre, ils ont précisé que le deuxième corps avait été enterré assez négligemment et simplement recouvert de roches.

Il est tout à fait possible que cela avait été fait intentionnellement pour tromper les pilleurs de tombes potentiels.

Les dalles de pierre qui recouvraient la tombe. Photo by Daniyar Bozov©

Selon les experts, l'inhumation daterait autour du 3-4ème siècle avant JC.

Les restes de la «princesse» étaient seulement à quelques mètres d'une route locale en reconstruction.

La découverte est précieuse, pour les archéologues, car les restes sont bien conservés et le tombeau intact est en très bon état.
Elle a été appelé la "Princesse Saka" en raison d'un Saukele (un chapeau traditionnel) découvert à l'intérieur.

Les travaux de nettoyage du tombeau sont réalisés par l'Institut d'Archéologie Alkei Margulan.

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