10.05.2017

Un manuscrit médiéval caché dans la reliure d'un ancien livre

Au milieu du 16ème siècle, un relieur a pris un parchemin, qui avait déjà des centaines d'années, et l'a utilisé pour relier un livre de poésie.

Ce parchemin est resté illisible pendant presque 500 ans, jusqu'à aujourd'hui, où grâce à des techniques d'imagerie de pointe, l'on peut lire à nouveau ses mots.

Marc Walton, devant le livre étudié. Photo: Northwestern

L'analyse du texte du sixième siècle a révélé que c'était un extrait du code de loi romain. Celui qui a relié le livre de poésie a probablement considéré le texte comme obsolète, car à ce moment-là, la société utilisait le code de l'église plutôt que les lois romaines, ont indiqué les chercheurs.


La découverte est remarquable,  car elle peut être utilisée pour aider à déchiffrer des textes sur d'autres parchemins utilisés comme matériaux de reliure.


Entre le 15ème et 18ème siècle, les relieurs recyclaient de façon routinière des parchemins médiévaux afin de les utiliser comme reliure pour des livres neufs et imprimés.

Les spécialistes connaissent depuis longtemps cette pratique, mais bien qu'ils étaient intéressés par les textes écrits sur ces vieux parchemins, ils étaient incapables de les lire.

"Pendant des générations, les érudits pensaient que cette information était inaccessible, aussi ils pensaient "à quoi bon s'ennuyer ?" rapporte Marc Walton, scientifique au Centre pour les Etudes Scientifiques dans les Arts à l'Université Northwestern de Chicago (NU-ACCESS), "mais maintenant l'avancée de l'imagerie informatique et du traitement du signal apporte une toute nouvelle façon de lire ces textes".

Le livre lui-même est une copie de 1537  de "Les travaux et les jours" du poète grec Hésiode, un écrivain qui a probablement vécu pendant la même période qu'Homère.

L'Université de Northwestern a acheté le livre en 1870, et la copie est actuellement la seule impression avec sa liaison parcheminée originale.

Au début, seule la reliure a attiré l'attention des chercheurs. Ensuite, ils ont commencé à se poser des questions sur le texte écrit sur le parchemin dans la reliure. Mais une inspection plus approfondie a montré que le relieur avait tenté d'enlever le texte, probablement par lavage ou grattage du parchemin.

Heureusement, deux colonnes d'écriture fantôme sont restées, ainsi que des commentaires en marge. "L'encre est sous le parchemin dégradé, on peut donc commencer à voir l'écriture" rapporte la chercheuse principale Emeline Pouyet de L'université Northwestern, "c'est par là que l'étude analytique a commencé".


Plusieurs techniques essayées avant de trouver la bonne.


Walton et Pouyet ont essayé une technique d'imagerie hyperspectrale à lumière visible, une méthode qui identifie la gamme spectrale pour chaque pixel d'une image, pour faire ressortir les mots; mais cela n'a fait que rendre le texte que légèrement plus clair, car le parchemin avait des irrégularités dégradées.

Ils ont donc essayé l'imagerie par fluorescence à rayons X, une technique qui fournit des données sur la composition de l'encre; mais cela n'a pas rendu le texte plus lisible.


Enfin, l'équipe a envoyé le livre au Cornell High Energy Synchrotron Source (CHESS) à Ithaca, New-York, où de puissants rayons-X ont complètement révélé le texte et les commentaires en marge.

Lorsque les chercheurs ont envoyé les résultats pour étude au chercheur Richard Kieckhefer, professeur de religion et d'histoire à l'Université Northwestern, ce dernier a annoncé que c'était un code de loi romain avec des notes référençant la loi canonique de l'église.

Il est possible que ce parchemin était à l'origine utilisé dans un cadre universitaire où les élèves étudiaient la loi romaine comme base pour la compréhension de la loi canonique, une pratique courante au moyen âge.


Les prochaines étapes.


On ne peut envoyer cependant tous les livres rares hors site pour une analyse au CHESS. Aussi, en utilisant une machine apprenant l'algorithme, les chercheurs, aidés des professeurs Aggelos Katsaggelos et Oliver Cossairt de l'Electrical Engineering and Computer Science de l'Université de Northwestern, ont trouvé une meilleure façon d'imager les parchemins comme celui-ci.

Plutôt que d'utiliser une seule technique, c'est une combinaison de deux (l'imagerie hyperspectrale visible et la fluorescence à rayons X) qui a donné les meilleurs résultats. "En combinant les deux modalités, nous avions les avantages de chacune des deux" explique Katsaggelos, "nous avons pu lire avec succès ce qu'il y avait à l'intérieur de la couverture du livre".

L'équipe cherche maintenant à déchiffrer un autre parchemin. "Nous avons développé les techniques" dit Walton, "maintenant, nous pouvons aller dans les collections des musées et étudier beaucoup plus de ces manuscrits recyclés et révéler l'écriture cachée à l'intérieur."

L'étude a été publiée dans le journal Analytica Chimica Acta: "Revealing the biography of a hidden medieval manuscript using synchrotron and conventional imaging techniques"


Relecture par Digitarium.fr
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10.03.2017

Un ancien cimetière découvert sous une nécropole visigoth en Espagne

Des archéologues espagnols fouillant une nécropole visigoth à Sena dans le nord-est de la province de Huesca, ont découvert un site funéraire datant du 10ème siècle avant l'ère commune qui faisait partie de la culture des champs d'urnes de l'âge de bronze tardif.

Un ancien cimetière découvert sous une nécropole visigoth en Espagne
Une urne révèle l'existence d'un cimetière remontant à plus de 2000 ans.

Deux urnes et un couvercle ont été découverts dans le cimetière.

Hugo Chautón, l'archéologue qui supervise les fouilles, explique que la civilisation des champs d'urnes s'est répandue depuis l'Europe Centrale vers le nord-est de l'Espagne aux alentours de 1000 avant l'ère commune.

Le nom de la culture d'urnes funéraires vient de la coutume d'incinérer les morts et de placer leurs cendres dans des urnes. qui étaient ensuite enfouies. "Cette culture représente la transition de l'âge du bronze vers l'âge du fer" rapporte Chautón, "et cela nous fournit des informations précieuses sur les pratiques funéraires, en particulier le passage de l'enterrement des morts à leur incinération "
Un ancien cimetière découvert sous une nécropole visigoth en Espagne
 Les archéologues travaillent sur le site funéraire visigoth à Sena

L'équipe a fouillé un cimetière wisigoth datant du cinquième siècle de l'ère commune; Les visigoths ont envahi la péninsule ibérique à la suite de l'effondrement de l'empire romain. "Nous avions des indications qu'il y avait une sorte d'implantation antérieure à proximité et cette année, nous avons pu voir que c'était juste sous la nécropole wisigoth" a ajouté Chautón



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9.28.2017

Deux anciennes églises portugaises mises au jour à Zanzibar

Une équipe d'archéologues de l'Université de Bristol et de l'Université de Zayed (Emirats arabes) a découvert les fondations de deux églises portugaises du 17ème siècle sur l'île de Zanzibar près des côtes de l'Afrique de l'Est.

Les portugais controlaient la côte est de l'Afrique entre 1500 et 1698. Les informations concernant les activités des missionnaires portugais dans cette région du monde sont limitées, et ces découvertes permettront de comprendre la longue période de conflit entre chrétiens et musulmans dans l'Océan Indien occidental au cours de cette période.

Les trouvailles ont été faites à l'intérieur d'un fort arabe du 18ème siècle situé au cœur du vieux quartier de "Stone town" dans Zanzibar. Ce fort, qui aujourd'hui est un centre culturel, contient à l'intérieur de ses murs des restes de plusieurs anciennes constructions.

Deux anciennes églisese portugaises mise au jour à Zanzibar
Le site de fouilles près du fort arabe. Photo: Professor Mark Horton 

Un espion portugais rapportait en 1710 que les arabes avaient construits un "fort ridiculement petit" en réutilisant les murs de l'église missionnaire portugaise.


Les archéologues ont localisé cette église qui remonte aux alentours de 1610 et qui fut fondée par une mission de moines augustins.


Un géoradar a donné aux archéologues une bonne idée de ses dimensions: environ 35m de long sur 16m de large, avec deux transepts.

Les documents portugais rappellent que la communauté chrétienne fut massacrée en 1651, dont le vicaire, Père Manoel de Nazareth, et la plus grande partie de l'église fut détruite.

Les chercheurs ont été surpris de trouver une seconde église plus petite, construite parmi les ruines de la première église et attenante à une construction datant de 1652 environ, lorsque l'île fut récupérée. Ce bâtiment fait seulement 20m sur 8m, et semble avoir été une simple grange.

La seconde église contient de nombreuses tombes chrétiennes sous son plancher, qui pourraient être des victimes du massacre ainsi que des chrétiens qui ont vécu plus tard à Zanzibar au XVIIe siècle.

Un des squelette découvert dans une tombe. Photo: Professor Mark Horton 

L'une des tombe est celle d'une femme, probablement une religieuse, avec un médaillon du Sacré-Cœur autour de son cou. Le Sacré-Cœur est devenu particulièrement populaire après 1675.

Une autre tombe contenait un crucifix en bronze, et au moins l'une des tombes contenait un squelette ayant des traces de blessures par balle de fusil.

Le crucifix et le sacré-cœur.Photo: Professor Mark Horton 

La communauté portugaise de Zanzibar s'est effondrée avec le meurtre du vicaire de Zanzibar, Manoel de Conceiçao en 1694. Le contrôle portugais de l'Afrique de l'Est s'est terminé avec la chute du fort Jesus à Monbasa prit par les arabes d'Oman en 1698.


Les ruines de l'église ont été récupérées pour bâtir un fort, qui fut le centre de l'expansion des arabes d'Oman vers les côtes de l'Afrique de l'Est depuis l'Arabie.


 Le professeur Mark Horton, du département d'archéologie et d'anthropologie de l'Université de Bristol a mené les recherches: "les fouilles montrent aussi que les portugais n'étaient pas les premiers à s'implanter dans cette partie de l'île. Sous le niveau des églises portugaises, il y avait plus de 2 mètres de dépôts archéologiques datant du 11ème au 16ème siècle."

Les historiens ont longtemps soutenu que le quartier "stone town" de Zanzibar n'était âgé que de 300 ans; ces nouvelles découvertes archéologiques montrent que son histoire remonte à un millier d'année.

Les recherches reprendront en 2018 afin de terminer les fouilles et dans le but de créer un musée et une zone archéologique sur le site.

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9.21.2017

A-t-on découvert la tombe du premier historien des Amériques ?

Alors qu'un groupe d'hommes travaillait sur le site d'un d'une construction religieuse vieille de plusieurs centaines d'années, par hasard, en retirant une couche de terre, ils ont découvert une crypte, enfouie sous les décombres.

L'histoire remonte à l'année 1992, lorsque des travaux étaient en cours pour transférer le panthéon où Christophe Colomb était inhumé depuis la cathédrale de Saint-Domingue, la capitale de la République Dominicaine. Le projet faisait partie des nombreux évènements organisés cette année là pour commémorer l'arrivée du marin dans les Amériques cinq siècles plus tôt.

A-t-on découvert la tombe du premier historien des Amériques ?
 Le site de ce que l'on pense être le tombeau de Gonzalo Fernández de Oviedo, dans la cathédrale de Santo Domingo. Photo: Victor Siladi

Mais, de manière tout à fait inattendue, une autre tombe fut découverte.

A quelques mètres sous le mausolée du marin italien, il y avait une crypte avec une voûte en brique endommagée mesurant 8.46m sur 3.80m.


Qui était donc la personne, incontestablement illustre, enterrée dans un endroit aussi précieux ?


Esteban Prieto Vicioso, conservateur à la cathédrale Notre-Dame de l'Incarnation, rapporte que les éléments font poindre vers Gonzalo Fernández de Oviedo, un nom négligé et pourtant important.

On lui attribut l'écrit du premier rapport sur les Amériques, à la demande de Charles V. Jusqu'à sa mort, à 80 ans, Fernández de Oviedo a écrit sur le premier voyage vers les Amériques de Christophe Colomb en 1492, et jusqu'à la rébellion de Pizzaro en 1549. Il a aussi détaillé la géographie, les plantes, les animaux et habitants du continent.

"Nous savons que jusqu'au milieu du 16ème siècle il y avait un autel dédié à Sainte Lucie construit sur les instructions d'Oviedo, et, juste en dessous, il a ordonné la construction d'une voûte, où il fut enterré" rapporte Prieto Vicioso, "il n'y a pas de preuve documentaire que son corps a été déplacé d'ici".

Gonzalo Fernández de Oviedo
Portrait de Gonzalo Fernández de Oviedo

L'équipe de restauration de la cathédrale, la première à être bâtie dans les Amériques, essaye d'amasser des fonds pour fouiller la crypte, ce qui devrait permettre, espèrent-ils, d'identifier Oviedo. Ils pensent qu'ils trouveront une clé en fer dans la tombeau qui serait celle de la forteresse de Saint Domingue, dont Oviedo fut le gouverneur au cours des 25 dernières années de sa vie.

Enfin, un détail particulier devrait définitivement établir si la tombe est celle d'Oviedo; ce serait une marque sur le crâne: il reçu lors d'une bagarre avec un autre espagnol, un coup de couteau à Darién Gap, dans ce qui est aujourd'hui Panama.


Un rôle important dans la conquête du Nouveau Monde.


Bien qu'il ait été largement oublié par les historiens, Gonzalo Fernández Oviedo a joué un rôle clé dans la conquête des Amériques, ainsi que dans la reconquête de l'Espagne: il accompagna les monarques catholiques quand ils sont entrés à Grenade le 6 janvier 1492 après la défaite du dernier royaume maure en Espagne.

Il fut aussi présent les années suivantes lorsque Christophe Colomb rencontra les dirigeants Isabelle et Ferdinand au retour de son premier voyages aux Amériques.

Il partit en Italie, où il rencontra Léonard de Vinci et des membres influents de la famille Borgia. Plus tard, il devient secrétaire de Gonzalo Fernández de Córdoba, un important navigateur.

Il fait son premier voyage aux Amériques en 1514, avec une expédition menée par Pedrarias Dávila. Il fut le témoin de l'ancienne rivalité avec Vasco Núñez de Balboa, le premier européen a atteindre le Pacifique via les Amériques, et qui aurait été exécuté par Dávila en 1519.

Oviedo est retourné en Espagne en 1526, où il publie La Natural historia de las Indias qui connut un succès immédiat et fut traduit en anglais, français et italien, et il est encore lu par les étudiants de nos jours.

En 1532, Charles V le nomma chroniqueur officiel des Indes et gouverneur de la forteresse de Saint Domingue. Il passa le reste de sa vie à Saint Domingue dans une petite maison remplie de livres sur les rives de la rivières Ozama, qui traverse la capitale. Il écrivit aux gouverneurs et serviteurs de la couronne sur le vaste empire américain d'Espagne et les rencontra lorsqu'ils étaient de passage sur l'île.

Ses recherches ont été répertoriées dans La General y natural historia de las Indias, dont la première partie fut publiée en 1535, alors que les deux volumes restants ne sont sortis qu'au milieu du 19ème siècle..

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9.20.2017

Cycle de conférences "Archéologie de la guerre: de la fouille à l’écriture de l’Histoire"


La Bibliothèque nationale de France (BnF) propose un cycle de conférences centré sur l'apport de l'archéologie française ou d'archéologues français à l'Histoire.

Ces conférences envisage de traiter différents aspects de l’archéologie de la Guerre, au sens large (étude d’objets, fouille, archéologie des textes...). 

Co-organisé par la Bibliothèque nationale de France et la direction desétudes de l’Ecole française d’Athènes, l’idée est de montrer à travers l’exposé de travaux récents comment archéologie, matériel archéologique ou épigraphie dialoguent pour créer un discours historique.


Mercredi 11 octobre 2017 18h30-20h00
L’archéologie de la Grande Guerre
Par Gilles Prilaux, ingénieur de recherche à l’INRAP


Mercredi 22 novembre 2017 18h30-20h00
Les fouilles de fortins du désert oriental en Egypte
Par Bérengère Redon, spécialiste de l’Egypte, CNRS


Mercredi 20 décembre 2017 18h30-20h00
Archéologie de la bataille de Sellasie (222 av. J.-C.) : entre sources antiques et réalités du terrain
Par Jean-Christophe Couvenhnes, université Paris IV



Lieu:
François-Mitterrand – Salle 70 Quai François-Mauriac - Paris 13e
Entrée libre 

Source:

9.18.2017

La célèbre tombe d'un guerrier Viking était celui d'une guerrière

La guerre n'était pas une activité exclusivement masculine dans le monde Viking. Une nouvelle étude menée par des chercheurs des universités de Stockholm et d'Uppsala a révélé que les femmes pouvaient avoir des rangs hauts placé sur les champs de bataille.

Charlotte Hedenstierna-Jonson, qui a conduit l'étude, explique que "ce que nous avons étudié n'était pas une Valkyrie des romans mais une réelle cheffe militaire".

La célèbre tombe d'un guerrier Viking était celui d'une guerrière
llustration par Evald Hansen basée sur le plan original de la tombe Bj 581; publiée en 1889

L'étude a été menée sur l'une des tombes les plus emblématiques de l'Âge Viking. Elle contient les restes d'un guerrier entouré d'armes, dont une épée, des flèches perce-armure et deux chevaux. Il y avait aussi un ensemble complet de pièces de jeu et un plateau de jeu. "Le jeu indique qu'elle était officier" rapporte Charlotte, "quelqu'un qui travaillait la tactique et la stratégie et qui pouvait mener les troupes dans une bataille".

La guerrière a été inhumée dans la ville Viking de Birka au milieu du 10ème siècle.

Les analyses isotopiques confirment un mode de vie itinérant, bien en phase avec la société martiale qui dominait le nord de l'Europe du 8ème au 10ème siècle.

Anna Kjellström, qui a aussi participé à l'étude, s'était intéressée à à la tombe auparavant. "La morphologie de certains traits squelettiques suggèrent que c'était une femme, mais comme c'était (officiellement) le spécimen type d'un guerrier Viking pendant plus d'un siècle, nous avions besoin de confirmer le sexe de quelque façon que ce soit". Et c'est pourquoi les archéologues se sont tournés vers les génétique pour récupérer une identification sexuelle moléculaire basée sur les chromosomes X et Y.

De telles analyses peuvent être utiles d'après Maja Krezwinska: "utiliser l'ancien ADN pour l'identification sexuelle est utile lorsque nous travaillons sur des enfants par exemple, mais cela peut aussi nous aider à résoudre des cas controversés comme celui-ci." Elle a donc pu confirmer l'identification morphologique du sexe avec la présence de chromosomes X et le manque de chromosome Y.

Le dessin est une reconstruction de ce à quoi devait ressembler la tombe à l'origine. Illustration de Þórhallur Þráinsson (© Neil Price).

Jan Storå, qui a aussi participé à l'étude, réfléchit sur l'histoire du matériel: "cette tombe a été fouillée dans les années 1880 et a servi depuis de modèle pour un guerrier Viking professionnel. Surtout, ce sont les biens de la tombe qui ont cimenté cette interprétation depuis plus d'un siècle." On a supposé qu'elle était un homme pendant toutes ces années.

"L'utilisation de nouvelles techniques, méthodes, mais aussi des perspectives critiques renouvelées, montrent le potentiel de la recherche et la valeur scientifique des collections de nos musées".

L'étude a été faite à partir du projet ATLAS, qui est un effort conjoint des universités de Stockholm et d'Uppsala financées par Riksbankens Jubileumsfond (fondation suédoise pour les sciences sociales et humaines) et Vetenskapsrådet (conseil de recherche suédois), afin d'étudier l'histoire génétique de la Scandinavie.

L'article "A female Viking warrior confirmed by genomics" a été publié dans l'American Journal of Physical Anthropology: http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ajpa.23308/full

Merci à Quentin pour l'info !


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9.14.2017

Un sceau en plomb résout un mystère du 13ème siècle en Russie

Des fouilles archéologiques de sauvetage menées dans le centre de la ville russe de Yaroslavl avant l'installation d'un nouveau système d’égouts ont mis au jour un ancien sceau en plomb du début du 13ème siècle.

Un sceau en plomb résout un mystère du 13ème siècle en Russie

 Le sceau après restauration. photo: Institute of archaeology Academy of Sciences

Il avait appartenu à l'épouse de Vladimir Sviatoslavitch (ou Vladimir Le Grand) et mère de Iaroslav le Sage.

Grâce à cette découverte, on connait maintenant le nom de la Grande Duchesse qui était Maria.

"Dans la Russie médiévale, tous ceux qui avaient une position d'autorité (grands princes et princesses, et les hauts rangs du clergé) avaient leur propre sceau, qui était apposé sur tous les documents officiels et décrets. Nous avons plusieurs milliers de tels sceaux datant de l'ère pré-mongole, mais en trouver un ayant appartenu à une femme est cependant très remarquable" précise le Dr Pyotr Gaidukov, directeur adjoint de l'Institut d'Archéologie.

Le Dr Gaidukov fait autorité sur les timbres et les sceaux de la Rus' de Kiev, et est responsable de cette récente découverte. Le sceau a été trouvé dans Yaroslavl lors des travaux préliminaires pour la mise en place d'un nouveau système d'assainissement au Mitropolichy Palat (Chambre Métropolitaine des Évêques), la plus ancienne structure de la ville.

Le centre de Yaroslavl a récemment marqué son millième anniversaire; c'est un site du patrimoine fédéral qui relève également de la protection du patrimoine de l'UNESCO. Ce statut spécial signifie que tout travail de construction dans le centre ville doit avant tout faire l"objet d'une inspection archéologique (l'équivalent des fouilles préventives en France).


Une découverte de grande importance.


La Dr. Asya Engovatova qui a dirigé les fouilles a aussi trouvé de nombreux fragments de récipients en verre importés, et même les restes d'une construction en bois qui devait être très grande pour les 12ème et 13ème siècle.

Ces découvertes donnent aux archéologues des raisons de croire que près de la Chambre Métropolitaine, qui date du 17ème siècle, devait se tenir la célèbre cour du Prince Vsevolod. Il avait été tué en 1238 au cours de la légendaire bataille contre le chef de guerre mongol Batu-Khan sur les rives de la rivière Sit.

Le sceau en plomb a été trouvé en bon état, près des fondations de la structure en bois; il porte les images de Saint Contantine et Marie. Il a été mise au jour dans une couche culturelle datant du tournant du XIIIe siècle.

Le Dr Gaidukov a expliqué que les sceaux royaux au 12ème et 13ème siècles en Russie portaient généralement les images des saints patrons du propriétaire, d'après lesquels les dirigeants tiraient leur prénom.

Le fait que ce sceau montre à la fois un saint homme et femme signifie qu'il a appartenu à une princesse royale, puisque l'image de l'autre saint se référait à son mari. "La datation exacte de ce sceau, ainsi que de son lieu de découverte, nous donne des raisons de croire qu'il appartenait à la femme de Vladimir Le Grand (1186-1218)" rapporte le chercheur.

Le nom de sa femme était inconnu jusqu'à présent. Tout ce que l'on savait sur elle était que, après la mort de son mari, elle avait pris le voile sous le nouveau nom d'Agafya (Agatha).
"Cependant, l'image de Sainte Marie sur le sceau prouve que son nom de baptême était Marie. Enfin, la princesse mystérieuse a repris son nom." ajoute le Dr Gaidukov, "ce type de sceau en plomb était essentiel pour un dirigeant, il donnait autorité à tous les documents légaux, comme ceux qui confirmaient la propriété des terres. Une duchesse qui avait son propre sceau avait automatiquement le droit d'accorder des droits de propriété en son nom propre".

Le Dr Gaidukov conclu en soulignant que la découverte d'un sceau d'une telle important met en lumière le statut juridique de la femme dans la Russie pré-mongole.


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9.09.2017

A-t-on trouvé la clé pour déchiffrer le manuscrit de Voynich ?

Cela fait plus d'un siècle que des cryptographes, linguistes et autres chercheurs tentent de déchiffrer les textes du célèbre manuscrit de Voynich.

Le document, vieux de 600 ans, est décrit comme "le texte médiéval le plus mystérieux au monde". Il est rempli d'illustrations de plantes exotiques, d'étoiles et de mystérieuses figures humaines, ainsi que de nombreuses pages manuscrites dans une langue inconnue.

Un universitaire britannique vient de déclarer que ce document est en fait un manuel de santé pour les femmes.


Nicholas Gibbs, qui est un expert en manuscrits médicaux médiévaux, rapporte qu'il en est arrivé à cette conclusion après avoir découvert que le texte était écrit en ligatures latines qui décrivent les remèdes à partir d'informations médicales standard.

Les ligatures latines ont été développées comme des raccourcis d'écriture et ont été utilisées depuis l'époque grecque et romaine. Par exemple l'esperluette classique ("&") a été développée à partir d'une ligature provenant de la combinaisons des lettres latines "e" et "t".

Gibbs a publié un article dans le Times Literary Supplement (Voynich manuscript: the solution). Il y écrit qu'en étudiant le latin médiéval "il est devenu évident que chaque caractère dans le manuscrit de Voynich représentait un mot abrégé et non une lettre".

Il a ainsi découvert que les mêmes "mots dominants" apparaissaient dans les documents médicaux et le manuscrit de Voynich. De nombreux raccourcis semblent avoir été empruntés dans d'autres traités médicaux, rapporte-t-il.

Les images de femmes dénudées et de plantes médicinales suggèrent aussi que cela se réfère à l'aromathérapie, pratiquée par le guérisseur grec Hippocrate et le naturaliste romain Pline l'Ancien. Gibbs pense que les illustrations des remèdes végétaux, les cartes zodiacales et les instructions sur les bains thermaux indiquent que celui qui a écrit le document avait une bonne compréhension de la médecine médiévale.

Les bains pratiqués par les grecs, les romains et aussi à travers le Moyen Âge étaient une forme de santé et de guérison. Guérir les maux gynécologiques et autres maladies féminines impliquaient souvent de "prendre les eaux", que ce soit en se baignant ou en ingérant.


L'index manquant


Gibbs a aussi noté les cylindres percés (image ci-dessous), utilisés au moyen âge pour faire des infusions. Cette image correspond à celle d'un poêle dans un manuel écrit par le chirurgien et botaniste Hieronyus Brunschwygk (1450-1512).


Cependant, il n'est toujours pas capable de traduire entièrement les recettes. Le problème principal, dit-il, est qu'il manque les index du manuscrit. "Pour des raisons de brièvetés" écrit Gibbs, "le nom de la plante et du malaise étaient superflus dans le texte et pouvaient être trouvés dans les index correspondant à un numéro de page".

Le manuscrit est très réputé parmi les cryptographes et la datation au radiocarbone suggère qu'il a été écrit au début du 15ème siècle.

Le document qui appartient aujourd'hui à la Bibliothèque Beinecke de l'Université de Yale,  a eu plusieurs propriétaires avant qu'il ne se soit retrouvé entre les mains d'un libraire londonien appelé Wilfrid Voynich en 1912.

D'après Gibbs, Voynich était persuadé que le manuscrit avait été écrit par Roger Bacon. Bacon était un frère et un philosophe du 13ème siècle qui masquait ses œuvres avec un code afin que l'église ne puisse pas déchiffrer ce qu'il avait écrit.
Mais cette théorie a été écartée lorsque le manuscrit a été daté au radiocarbone entre l'année 1404 et 1438.  

Gibbs explique que comme personne n'a reconnu l'écriture, on a supposé que c'était un code. "Le problème est qu'aucun des cryptographes n'était historien; aucun ne connaissait de manuscrits médiévaux" rapporte-t-il. Il estime que le manuscrit montre une série d'ingrédients pour des recettes avec les quantités requises.

Si Gibbs a bien trouvé la clé, il ne reste plus qu'aux cryptographes et linguistes de se mettre à la tâche pour traduire l'ouvrage.

Merci à Eric pour l'info !

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