1.04.2012

Découverte de l'origine précise de certaines pierres de Stonehenge

 MAJ 06/06/14
Les scientifiques ont réussi à localiser la source exacte de certaines des pierres qui auraient été utilisées il y a 5000 ans pour créer le cercle des premières pierres à Stonehenge.

L'éperon rocheux de 70 mètres de long appelé Craig Rhos-y-Felin

En comparant des fragments de pierre trouvés dans et autour de Stonehenge avec des roches du sud-ouest du Pays de Galles, ils ont été capables d'identifier l'affleurement rocheux d'origine de certains de ces blocs de pierre de Stonehenge.

Les travaux, réalisés par les géologues Robert Ixer de l'Université de Leicester et Bevins Richard du Musée National du Pays de Galles, ont permis d'identifier un éperon rocheux de 70 mètres de long appelé Craig Rhos-y-Felin, près de Pont Saeson dans le nord du Pembrokeshire.

C'est la première fois qu'une source précise a été trouvée pour l'un de ces ensemble de pierres ayant servi à la construction de Stonehenge.

Cette découverte a ainsi relancé un des plus longs débat du milieu universitaire, à savoir si les plus petits menhirs de Stonehenge ont été exploités et apportés du Pembrokeshire par les hommes préhistoriques ou bien s'ils ont été arrachés à d'anciens affleurements rocheux et qu'ils ont été transportés, sur la totalité ou une partie du chemin vers le Wiltshire, par des glaciers il y a des centaines de milliers d'années.
Les archéologues ont tendance à souscrire à la théorie du "transport par des êtres humains", alors que certains géomorphologues sont plutôt en faveur de la théorie du "transport par des glaciers".

Le débat porte uniquement sur les pierres levées de Stonehenge les plus petites, appelées aussi les "pierres bleues", et ne concerne pas les plus grandes (la plupart sont des «sarsens») qui ont été incorporées au monument plusieurs siècles plus tard.

L'Université de Leicester et le Musée national du pays de Galles ne résolvent pas le mystère sur la façon dont les pierres de Stonehenge d'origine galloise ont fini en Angleterre; cependant, ils ouvrent la possibilité d'identifier des preuves archéologiques d'activités d'exploitation de carrière qui pourraient faire pencher pour un transport humain plutôt qu'une explication glaciaire. A l'inverse, toute absence de preuve conduirait les chercheurs vers la théorie opposée.


Des milliers de fragments de roches à Stonehenge

Comme les recherches géologiques continuent, il est probable que de nombreux affleurements rocheux dans différentes parties du Pembrokeshire seront positivement identifiés comme sources d'autres pierres utilisées pour construire les premières versions de Stonehenge.
Au cours des dernières décennies, la zone approximative d'où elles proviennent a été identifiée, et les recherches en cours devraient permettre de localiser d'autres sources exactes.




Au premier plan ci-contre: les fameuses pierres bleues 
qui seraient originaire du  Pembrokeshire





Mais, bien que les fragments de pierre de Stonehenge devraient permettre aux scientifiques de traquer l'origine du matériau, ces mêmes fragments sont aussi source de mystère.
En effet, des milliers de fragments de roche, provenant quasi-certainement des monolithes utilisés à ou autour de Stonehenge, ont, au fil des ans, été trouvés près du monument de renommée mondiale.
Ces fragments (généralement moins de 50 grammes chacun) semblent avoir été délibérément extraits des monolithes à un certain moment dans l'Antiquité, pour beaucoup d'entre eux probablement dans le néolithique. Cependant, la plupart des fragments examinés jusqu'ici sont des types de roche particuliers qui ont été utilisés pour moins de 10% des monolithes de Stonehenge à ses débuts (c'est à dire pour les pierres galloises).
Ces fragments ne se trouvent pas seulement sur le site mais aussi ailleurs dans le paysage de Stonehenge: ils ont tendance à avoir des caractéristiques géologiques différentes de la grande majorité des anciennes pierres levées de Stonehenge (qui proviennent principalement d'une partie de la région du Pembrokeshire).
En effet, le type de roche de Craig Rhos-y-Felin (qui  vient tout juste d'être mis en évidence par les dernières recherches scientifiques) a probablement été utilisé pour seulement l'un des monolithes de Stonehenge (une pierre aujourd'hui enterrée, vu la dernière fois dans les années 1950).
Cela suggère qu'il a pu exister d'autres cercles de pierres ou d'autres «pierres levées» dans le paysage, qui ont aujourd'hui disparu.

Un autre mystère non résolu est la raison pour laquelle les hommes préhistoriques ont extraits autant de fragments de probables monolithes. C'est possible qu'ils aient écaillé afin de donner une meilleure forme aux monolithes. D'un autre coté, il se peut que des monolithes ou rochers aient été cassés et recyclés en haches en pierre par exemple.


Un travail de géolocalisation très complexe

Le travail de détective, que l'Université de Leicester et le Musée national du pays de Galles ont dû effectuer pour localiser la source exacte de plusieurs de ces fragments dans le Pembrokeshire, est extrêmement complexe.
Tout d'abord les géologues ont du trier des milliers de minuscules fragments de roche trouvés par les archéologues à Stonehenge et aux alentours au cours des 70 dernières années et originaires du Pembrokeshire.
Puis, les deux scientifiques ont commencé à regarder avec une attention particulière environ 700 d'entre eux qui sont faits d'un type de roche spécifique provenant d'activité volcanique (datant de 460 millions d'années géologiquement) connue sous le nom de "rhyolite feuilletées".
Ils ont ensuite réussi à localiser la zone approximative du nord du Pembrokeshire d'où ces 700 fragments provenaient.
Ce fut ensuite confirmé en comparant la signature chimique de minuscules cristaux (cinq centièmes de millimètre de diamètre chacun) dans les fragments de roches similaires à Stonehenge avec ceux dans le nord du Pembrokeshire.
Enfin, en examinant en détail l'inter-relation entre les minéraux à partir d'échantillons provenant de Stonehenge et du nord du Pembrokeshire, ils ont réussi à localiser l'affleurement rocheux en question.

Si les pierres ont été portées à Stonehenge du Pembrokeshire grâce à l'effort humain, l'emplacement de la source nouvellement découverte (Craig Rhos-y-Felin) a des implications intéressantes.
En effet, la zone est à environ 8 kilomètres d'un autre secteur déjà connu pour avoir été la source de certains des autres monolithes de Stonehenge.
Si les hommes étaient responsables des carrières et du transport des pierres du Pembrokeshire, cela suggère que les concepteurs du néolithique de Stonehenge étaient extrêmement exigeants sur l'endroit d'où ils obtenaient leurs pierres.

Les recherches de ces dernières années de Tim Darvill de l'Université de Bournemouth, et Geoffrey Wainwright, archéologue en chef  de l'English Heritage, suggéraient que les pierres du Pembrokeshire on pu avoir une signification idéologique ou magique particulière.
Les affleurements rocheux d'où proviennent certaines des pierres pourraient être associés à des sources sacrées et des cercles de pierres galloises des environs.
Il est admis que, par l'importation de ces roches particulières sur 260 kilomètres du Pembrokeshire jusque dans le Wiltshire, les bâtisseurs de Stonehenge pensaient qu'ils prenaient possession de quelque chose de plus important que de simples roches.
Elles peuvent avoir été considérées comme extrêmement importantes et peut-être ont-elles été perçues comme ayant des pouvoirs surnaturels.

Craig Rhos-y-Felin est également important en raison de son emplacement. Il se situe sur un terrain un peu au nord des montagnes de Preseli. Cela a du rendre le transport dans le Wiltshire beaucoup plus difficile que cela aurait pu l'être pour des roches de Stonehenge provenant d'autres endroits du Pembrokeshire. Pour transporter les pierres du Pembrokeshire du Nord par la mer, il aurait fallu naviguer autour de Saint-David, un parcours particulièrement difficile et dangereux pour un bateau du néolithique.
De plus les pierres auraient du être transportées par dessus les montagnes de Preseli à proximité.
Toutefois, si les hommes ont pris des pierres de Stonehenge, il est également possible que les pierres transportées avaient déjà été utilisées pour construire des cercles dans le Pembrokeshire et ont donc été seulement déplacées de ces endroits jusqu'à Stonehenge, plutôt que de provenir des sources originales elles-mêmes.


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