6.02.2014

Un ancien camp militaire romain mis au jour en Allemagne

Les archéologues ont confirmé la présence d'un camp romain, perdu depuis longtemps dans l'est de l'Allemagne. Le site de 18 hectares, trouvé près de la ville d'Hachelbich en Thuringe, aurait pu contenir une légion romaine jusqu'à 5000 soldats.

Sa localisation dans une large vallée avec peu d'obstacles suggère que c'était une escale sur la route pour envahir les territoires de l'est.

Des clous de bottes et d'autres objets ont été trouvés sur le site d'Hachelbich; on peut aussi voir les marques au sol laissées par les tranchées. TLDA

"Cela fait 200 ans que l'on recherche des traces de romains dans cette partie de l'Allemagne" explique le leader de l'équipe, Mario Kuessner, archéologue de l'état de Thuringe, "cela a pris un long moment avant que l'on réalise ce que nous avions trouvé, et on voulait en être sûr".

Après une cuisante défaite en 9 EC, Rome a abandonné l'espoir de conquérir les tribus germaniques au nord du Rhin.

Des sources écrites suggèrent que les romains menaient des campagnes occasionnelles en Germanie, probablement pour punir les tribus germaniques pour leurs raids en territoire Romain. Jusqu'à récemment, ces rapports ont été rejetés par la communauté scientifique...

Mais le site d'Hachelbich, ainsi qu'un champ de bataille découvert près de Hanovre en 2008, montrent que ces rapports n'étaient pas infondés, et que les romains étaient prêts à traverser leur frontière pour des raisons politiques ou militaires.

 Le campement a été découvert en 2010, au cours de fouilles de routine pour le projet de construction d'une route.

Dans les années qui ont suivi, Kuessner et ses collaborateurs ont fouillé plus de deux hectares. Ils ont aussi fait des relevés géomagnétiques pour analyser les perturbations dans le sol sur dix hectares afin de délimiter les contours du camp.

Un rectangle grossier avec des coins arrondis: le camp suit la norme militaire des romains.

Où qu'elles se trouvaient, les légions en déplacement montaient des petites forteresses à la fin de chaque jour de marche.

A Hachelbich, le mètre de profondeur des tranchées creusées autour du camp était la caractéristique la plus facile à repérer dans le sol. Deux périmètres de tranchées ont été trouvés, de 400m de long chacune.

Au bord du camp nord, les soldats avaient construit une porte protégée par une autre tranchée dépassant du périmètre. "Cela est typiquement romain. Les germains ne faisaient pas de telles choses" ajoute Kuessner.

Les tranchées faisaient partie d'un périmètre de défense de fortune simple mais efficace: un muret de terre reposait le long de la tranchée, surmonté de longs pieux, afin de créer une barrière défensive d'environ 3m de large et 3m de haut.

L'érosion a fait disparaitre le mur depuis longtemps, mais il reste des décolorations dans le sol à l'endroit où furent creusées les tranchées.

Il existe d'autres indices de cet ancien campement à travers les traces de huit fours à pain de fortune pas très loin du périmètre du camp et une poignée d'objets comprenant quatre clous de bottes romaines, une pièce d'harnachement et un morceau de fourreau.
Le style de ces artéfacts, en plus de quelques datations au radiocarbone, situe le camp quelque part au début du deuxième siècle EC. C'est une date trop imprécise pour pouvoir la lier à un événement spécifique connu dans l'histoire romaine.

Michael Meyer, archéologue à l'Université Libre de Berlin, qui n'a pas participé aux fouilles, a dit qu'aucun des éléments, pris séparément, n'était convaincants; mais pris ensemble, la découverte est convaincante: "maintenant, nous avons le premier camp qui est clairement plus qu'une excursion d'une journée hors de l'empire." Ce n'est pas un poste frontière isolé, car il est des centaines de km plus profond dans les territoires germains.

Le lieu exact du site est gardé secret afin de le protéger des détectoristes.

Lorsque les champs de blé et de canola qui recouvrent le site seront récoltés à l'automne, les fouilles se poursuivront.

"L'idéal serait de pouvoir trouver des pièces ou quelque chose portant le N° de la légion" espère Kuessner, "cela nous aiderait à fixer une date".

Relecture par Marion Juglin
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