6.25.2012

Découverte du plus ancien artéfact juif dans la péninsule ibérique


Les archéologues de la Friedrich-Schiller-Universität Jena (Allemagne) ont constaté certaines des plus anciennes preuves archéologiques de la culture juive dans la péninsule ibérique sur un site de fouilles au sud du Portugal, à proximité de la ville de Silves (Algarve).

 (Credit: Photo: Dennis Graen/FSU)

Sur une plaque de marbre (photo ci-dessus), mesurant 40 par 60 centimètres, le nom de "Yehiel" peut y être lu, suivi d'autres lettres qui n'ont pas encore été déchiffrées. Les archéologues d'Iéna pensent qu'il pourrait s'agir d'une dalle funéraire.
Des cornes trouvées dans les décombres très près de la dalle funéraire ont permis de donner un indice sur la détermination de l'âge: "la matière organique des bois a pu être datée par analyse au radiocarbone avec certitude à environ 390 Après JC," rapporte le Dr Dennis Graen de l'Université d'Iéna et directeur des fouilles, "par conséquent, nous avons ce que l'on appelle un «terminus ante quem*» pour l'inscription, car elle a du être créée avant de se mêler avec les décombres et les bois."

Jusqu'ici, la première preuve archéologique d'habitants juifs dans la région de ce qui est aujourd'hui le Portugal était aussi une dalle funéraire avec une inscription en latin et l'image d'une menorah - un chandelier à sept branches - datant de 482 après JC.
Quant aux premières inscriptions connues en hébreu, elles dataient du 6ème ou 7ème siècle après JC.

Pendant trois ans, l'équipe de l'Université d'Iéna a fouillé une villa romaine au Portugal, découverte quelques années plus tôt par Jorge Correia, archéologue de Silves. Le projet visait à comprendre comment et de quoi vivaient les habitants de l'arrière-pays de la province romaine de Lusitanie.

Cette nouvelle découverte pose de nouvelles énigmes: "nous nous attendions réellement à une inscription en latin lorsque nous avons retourné la dalle funéraire," explique Henning Wabersich, un membre des rapports de fouilles. Après, aucune autre inscription n'a été trouvée jusqu'à présent et on ne sait rien sur l'identité des habitants de l'enceinte.
C'est seulement après de longues recherches que les archéologues ont découvert la langue utilisée, car l'inscription n'avait pas été tracée avec un soin particulier. "Alors que nous étions à la recherche d'experts qui pourraient aider à déchiffrer l'inscription entre Iéna et Jérusalem, l'indice crucial est venu d'Espagne" explique Dennis Graen, "Jordi Casanovas Miró du Museu Nacional d'Art de Catalunya à Barcelone, un expert bien connu pour les inscriptions en hébreu dans la péninsule ibérique, était sûr que l'on pouvait lire le nom juif "Yehiel ", un nom mentionné dans la Bible."


Ainsi, non seulement la date précoce est exceptionnelle, mais aussi le lieu de la découverte: jamais auparavant de découverte juive n'a été faite dans une villa romaine. 

Dans l'Empire romain les Juifs écrivaient normalement en latin, car ils craignaient des mesures répressives. L'hébreu, découvert sur la plaque de marbre, n'a été réutilisé qu'après le déclin de la suprématie romaine, vers le 6ème ou 7ème siècle.
"Nous avons été également très surpris de trouver des traces de Romains ( Lusitaniens romanisés dans ce cas) et de Juifs vivant ensemble dans une zone rurale", explique Dennis Graen, "nous avions supposé qu'une telle chose était beaucoup plus susceptible de se produire dans une ville."

Les informations concernant la population juive dans la région en général passaient la plupart du temps par l'écriture. "Au cours du conseil ecclésiastique dans la ville espagnole d'Elvira environ 300 règles de conduite entre juifs et chrétiens ont été émises, ce qui indique qu'à cette époque il devait y avoir déjà un nombre relativement important de Juifs dans la péninsule ibérique" ajoute Dennis Graen; mais les preuves archéologiques avaient disparu jusqu'à ce jour. "Nous savions qu'il y avait une communauté juive au Moyen Age, non loin de notre site de fouilles dans la ville de Silves. Elle existait jusqu'à l'expulsion des Juifs en 1497."

En été, les archéologues d'Iéna reprendront leur travail. Jusqu'à présent, ils ont creusé 160 mètres carrés de la villa, mais après avoir vérifié le sol, il est déjà devenu clair que la plus grande partie de l'enceinte est encore à découvrir. "

Source:

*Terminus ante quem: date avant laquelle l'évément s'est déroulé.

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