11.19.2015

Des structures en pierre découvertes dans les Carpates

Une telle découverte était inattendue car les archéologues étudient le site archéologique de Maszkowice depuis le début du vingtième siècle. Les fouilles ont permis de mettre au jour principalement les restes d'une implantation habitée de 1000 à 50 avant JC.

Les archéologues de l'université Jagiellonian, menés par le DR Marcin S. Przybyla, sont arrivés à Maszkowice en 2010.

Des mesures faites à l'endroit où de grands blocs de pierre du mur extérieur ont basculé et glissé vers le bas de la pente.Photo by M.S. Przybyła.

Sous les restes du village de l'âge du bronze tardif et de l'âge du fer, ce fut la surprise. Il s'est avéré qu'il y avait des restes d'une implantation plus ancienne d'au moins 500 ans.

"Ses habitants n'étaient pas des autochtones, vivant en Petite-Pologne depuis la fin de l'âge de pierre, mais un petit groupe d'une douzaine de personnes venant du sud, aujourd'hui la Hongrie" rapporte le Dr Przybył.

D'autres sites archéologiques, de ce que l'on appelle la culture Otomani, ont été découverts dans les Carpates polonaises. Le site le plus connu est le village fortifié de Trzcinica près de Jaslo, mais il est très différent de celui découvert à Maszkowice.

Dessins pour documenter les grands blocs de pierre formant la face extérieure du mur. Photo by M.S. Przybyła

A l'époque, les remblais n'étaient pas faits de pierres, mais de terre et de bois. "Dans l'ensemble de l'Europe Centrale, il y a seulement une dizaine de sites aussi anciens avec des fortifications en pierre plus ou moins bien conservées" ajoute l'archéologue, "A cette époque, l'utilisation de pierres comme matériau de construction était typique des zones Méditerranéennes. Dans les régions tempérées d'Europe jusqu'au Moyen Âge, les fortifications étaient faites de bois et d'argile".

Les scientifiques ont été surpris par la taille de la structure réalisée par les bâtisseurs préhistoriques. Le sommet de la colline a été aplati, créant un plateau de 0.5 hectare. Des tonnes d'argile provenant de la colline ont servi à la construction d'une terrasse sur les versants est et nord, ce qui a permis d'agrandir la zone d'habitat.

Le mur est fait de grands blocs de pierre en grès d'un demi-mètre assemblés avec de l'argile. "D'après des recherches géophysiques, nous savons que le mur faisait environ 120 à 140 mètres de long, entourant tout le village depuis l'est et le nord. Sans aucun doute, en plus de servir de mur de soutènement, il entravait également l'accès à de potentiels agresseurs." ajoute le Dr. Przybyła.

La découverte de la face externe du mur de soutènement a fait grande impression sur les archéologues. Contrairement à la paroi intérieure, cela n'a pas été fait en blocs de grès aux formes irrégulières, mais avec des blocs de pavage, atteignant souvent un mètre de long. Certains d'entre eux ont une forme régulière d'hexagone. A ce jour, 4 à 5 couches de pierres étroitement adjacentes sont conservées.


Vue de l'endroit où ont lieu les fouilles archéologiques sur la Colline de Zyndram. En arrière-plan,vue de Łącko. Il est facile de voir l'aplatissement artificiel du sommet de la colline . Photo by A. Maślak.

D'après la hauteur de la terrasse et le nombre de pierres qui sont tombées du mur, la hauteur originelle de la façade de la fortification devait atteindre 2.7m.

Sur le versant, à environ 5m en face du mur, la structure de défense a été renforcée par une tranchée étroite d'environ 1.5m de profondeur.

La chance a souri aux archéologues qui ont pu mettre au jour les restes de la porte d'entrée. Elle a une forme étroite, avec un corridor de 1.5m, traversant le mur et menant à travers le remblai d'argile jusqu'à l'intérieur de l'enceinte. Les murs de ce passage ont été renforcés avec de grandes pierres en grès "ancrées" dans les couches de pierres plus basses, formant un mur  de soutènement.

Les archéologues estiment que l'âge de l'enceinte remonte entre 1750 et 1690 avant JC d'après des analyses au radiocarbone (sur des restes organiques accompagnant les structures).

D'après le Dr Przybyła, en raison de la taille de l'ensemble de la structure et des blocs de pierre utilisés pour sa construction, c'est un chef d’œuvre qui se rapproche plus de ce que l'on trouve dans les civilisations de l'âge du bronze en Méditerranée que dans les traditions des cultures d'Europe Centrale et de l'Ouest.

Les archéologues pensent qu'il est possible que le savoir-faire utilisé vienne donc de là. "L'origine de ces contacts d'au moins une partie des habitants préhistoriques de la Colline de Zyndram était déjà suggérée lors de la découverte d'un fragment d'une figurine stylisée, appelée "l'idole au violon". De telles statuettes étaient produites en grande quantités en Grèce Mycénienne et dans le nord des Balkans" a ajouté  le Dr Przybyła .

Il pense que les découvertes de cette expédition sont aussi importantes pour la popularisation de l'archéologie polonaise. En effet, les chercheurs estiment que le problème principal lorsque l'on parle d'archéologie dans la région est le fait que les traces d'anciennes implantations sont souvent difficiles à voir.
Or ici, à Maszkowice , cela est différent: "Nous pouvons situer l'emplacement des maisons, montrer la taille de la palissade en bois... Sur la Colline de Zyndram les fortifications existent encore: le mur et la porte de l'âge du bronze sont toujours là. Leurs fonctions sont claires et ne demandent pas d'explications supplémentaires pour les touristes et résidents locaux"

Les archéologues ont sécurisé et ré-enterré les restes découverts de l'enceinte. De nouvelles fouilles sont prévues l'année prochaine.

Relecture par Mario Juglin

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