4.24.2019

Grâce aux restes de porcs, les scientifiques découvrent une mobilité humaine importante autour des sites proches de Stonehenge

Des analyses multi-isotopiques de restes de cochons, trouvés autour de plusieurs  henges près de Stonehenge, ont révélé l'étendue des mouvements des communautés humaines en Grande-Bretagne au Néolithique supérieur.

Grâce aux restes de porcins, les scientifiques découvrent une mobilité humaine importante autour des sites proches de Stonehenge
Pesée du collagène de porcs du néolithique pour l'analyse isotopique. Photo: Cardiff University

Les découvertes "montrent un niveau d’interaction et de complexité sociale mal apprécié jusqu'ici" disent les auteurs, et elles apportent des éléments sur plus d'un siècle de débat autour des origines des personnes et des animaux dans le paysage de Stonehenge.

Les complexes de henge néolithiques, situés dans le sud de la Grande-Bretagne, sont étudiés depuis longtemps pour leur rôle en tant que centre cérémoniel.

Des fêtes sans précédent à l’époque avaient lieu dans ces endroits. Les experts ont émis l’hypothèse selon laquelle ces événements ont amené de nombreuses personnes au-delà de la zone environnante des sites du henge, mais on ignorait tout de l’ampleur des déplacements entourant ces fêtes.

Les porcs étaient le met le plus apprécié lors de ces événements. Afin de tirer parti de la manière dont les analyses isotopiques peuvent fournir des informations sur les origines des porcs et ainsi servir de bon indicateur des déplacements humains, Richard Madgwick et ses collègues ont entrepris une approche multi-isotopique sur 131 restes de porc provenant de quatre sites de henge du néolithique tardif dans le centre-sud de l'Angleterre.

Les auteurs ont introduit des données concernant la géologie (strontium), le climat (oxygène) et la proximité des côtes (sulfure), tout en tenant compte de l'impact du régime alimentaire sur ces valeurs.

Les valeurs isotopiques étaient très variées, en particulier dans les trois isotopes les plus applicables à la mobilité. Certaines valeurs couvraient toutes les biosphères de Grande-Bretagne.

Les 45 échantillons de porc étudiés ont montré des traces d'influence marine, ce qui est remarquable d'après les auteurs étant donné que ces sites sont situés à plus de 50 kilomètres de la côte la plus proche.

D'autres données ont également montré un large éventail, indiquant que les animaux ont été élevés dans divers paysages. Madgwick et al. disent que leurs résultats sont fortement révélateurs d'un mouvement important de personnes et de leurs porcs au cours de cette période



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4.17.2019

La découverte d'une épave égyptienne prouve que l'historien grec Hérodote avait raison il y a près de 2500 ans

Des archéologues ont récemment découvert une ancienne épave prouvant que l'historien grec Hérodote avait entièrement raison concernant des observations qu'il avait faites il y a près de 25 siècles.

La découverte d'une épave égyptienne prouve que l'historien grec Hérodote avait raison il y a près de 2500 ans
Un archéologue inspecte la quille d'une épave découverte près de la ville portuaire submergée de Thonis-Héracléion. Photo: Christoph Gerigk/Franck Goddio/Hilti Foundation

L'épave, trouvée au large des côtes méditerranéennes d'Egypte, près de l'ancienne cité de Thonis-Héracléion, aujourd'hui sous les eaux, était un bateau appelé "baris" (un bateau à fond plat dont on se servait sur le Nil pour le transport des marchandises).

C'est exactement le type de navire décrit en grand détail par Hérodote dans son livre "Histoires" (ἹΣΤΟΡΙΑΙ) après une visite qu'il avait faite dans le port de la cité de Thonis-Héracléion en Egypte.


Hérodote était intrigué par la façon dont les gens construisaient le bateau, qui était utilisé pour naviguer sur le Nil


Pendant des siècles, les spécialistes et archéologues pensaient que ce type de bateau décrit par l'historien n'avait jamais réellement existé, car il n'en avait jamais été découvert.

Cette théorie a récemment été mise à mal lorsqu'un groupe d'archéologues a trouvé une épave bien préservée au large des côtes égyptiennes dans le delta du Nil.

Ce que les scientifiques ont vu lorsqu'ils ont plongé était exactement le type de navire qu'Hérodote avait parfaitement décrit dans son livre il y a près de 2500 ans.

La bateau long de 28 mètres était l'un des premiers navires utilisés par les égyptiens pour le commerce dans l'antiquité. Les navires décrits par Hérodote dans son livre devaient être exactement le même type de bateau, mais ils étaient juste légèrement plus petits.

Le Dr Damian Robinson, directeur du Centre pour l'Archéologie Marine de l'Université d'Oxford, explique que "là où les planches sont jointes pour former la coque, elles sont généralement reliées par des joints à mortaise et à tenon qui fixent une planche à la suivante. Or, nous avons ici une forme de construction tout à fait unique, qui ne se voit nulle part ailleurs"


Une description qui correspond à l'épave au mot près


Très probablement, cette construction unique a dû être la raison pour laquelle Hérodote a été si étonné lorsqu'il a vu ce type de navire. L’historien de renom s’étonnait également des essences de bois particulières qu’ils utilisaient pour construire ces bateaux, ce qui lui était totalement inconnu.

Les archéologues estiment que ce que l'historien a vu aurait pu être construit dans le même chantier naval que le navire qu’ils ont découvert, puisqu’une analyse mot à mot du texte d’Hérodote correspond exactement à l’aspect du navire.

Hérodote est un historien grec qui fut le premier écrivain à avoir traité des sujets historiques à l'aide d'une méthode d'investigation systématique, ce qui l'a conduit à être universellement considéré comme le «père de l'histoire».

 Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)
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4.09.2019

Corse: découverte d'une tombe étrusque dans un hypogée à Aléria

A quelques centaines de mètres de la cité antique, les fouilles de la nécropole, entourée de voies de circulation, s'étendent sur tout un hectare.

L'état de préservation de ces anciennes inhumations est remarquable malgré l'acidité du sol corse, qui d'ordinaire détruit les ossements.

Corse: découverte d'une tombe étrusque dans un hypogée à Aléria
Les archéologues fouillent divers types de sépulture. Photo: Pascal Druelle

Plusieurs pratiques funéraires sont ici représentées: des inhumation dans des fosses, des cercueils en maçonnerie, des cercueils de bois cloutés, des bûchers funéraires, etc.
Des artéfacts prestigieux sont associés à ces tombes (ornements, vases, etc): plus de deux cent objets ont été enregistrés, dont une centaine de vases complets datés du 3ème siècle avant JC au 3ème siècle de notre ère.


Un hypogée


Au sein de ce groupe funéraire, parmi l'enchevêtrement de sépultures, les archéologues de l'INRAP ont mis au jour une tombe étrusque dans un hypogée. Ce type de tombe est une chambre funéraire souterraine réservée habituellement pour les individus de haut rang.

Au centre de la nécropole d'Aléria, une tombe à fosse recoupe le couloir de l’hypogée visible grâce à la couleur plus orangée du sédiment. Photo:  Roland Haurillon

Un escalier mène à un corridor long de six mètres jusqu'à une chambre funéraire. A plus de deux mètres de profondeur, cette pièce, qui avait été scellée avec une masse d'argile, de tessons, de roches et de charbon de bois, est toujours intacte,

Les archéologues pensent que cet endroit scellé a été ouvert et rempli à plusieurs reprises pour déposer de nouveaux objets funéraires, et peut-être de nouveaux individus décédés, dans la chambre.

En raison de la position de l'hypogée dans la nécropole, il a été nécessaire de commencer à fouiller les sépultures contiguës.L'effondrement naturel du plafond et le remplissage de la chambre au fil du temps ont obligé les archéologues à procéder à son excavation par le haut. Les fouilles de ce tombeau rectangulaire de 1m² ont révélé plusieurs artéfacts, dont trois gobelets vernis noirs et le manche d’un probable oenochoé (pichet à vin).
Deux skyphoi, un type de gobelet à grandes poignées, ont été découverts près du crâne d’un individu.

Tous ces vestiges se trouvaient au-dessus du sol de l'escalier. D'après ces objets, cette tombe pourrait remonter au 4ème siècle avant JC, mais l'avancée des fouilles et les analyses devraient apporter de la lumière sur des questions encore sans réponse.

Il s'agit de la première découverte en France, en plus de quarante ans, de ce type de structure funéraire inhabituel


Un centre historique.


Aléria est un site de référence pour l'histoire de la Corse ancienne et de l'ouest méditerranéen.

La recherche menée par Jean et Laurence Jehasse dans les années  1960 sur la butte de Masselone à Aléria avait permis la découverte de la cité romaine entourant un forum et un amphithéâtre.

Plus au sud, l'exceptionnelle nécropole étrusque Casabianda (entre 500 et 259 avant JC) a été listée comme monument historique. C'est l'un des sites funéraires étrusques les plus riches connus hors d'Italie. Certains des artéfacts remarquables récoltés sur le site (4510 objets, dont 345 vases Attica, de l'équipement militaire étrusque, etc.) sont exposés au musée du site d'Aléria.

Après plusieurs années d'interruption, de nouveaux programmes de recherche sont entrepris sous l’égide de la DRAC et de la Collectivité de Corse, tels que le développement d'un nouveau projet de recherche collaboratif sur Aleria et sa région, comprenant plus de 70 chercheurs (universités, CNRS, Ministère de la Culture, Inrap, etc.)


La présence étrusque en Corse.


En raison de sa position centrale dans la Mer tyrrhénienne, le long des routes maritimes entre la Ligurie et le sud de la France, la Corse a fait l'objet d'intérêts commerciaux pour les grecs, les étrusques et les carthaginois. Vers 540 avant JC, la bataille d'Alalia (le nom grec pour Aleria), a radicalement changé les relations politiques dans la Méditerranée occidentale. Le commerce maritime partagé entre les étrusques, les phocéens et les carthaginois s'est cantonnait à l'intérieur de zones exclusives, alors réglementées.

D'après des sources historiques, la façade orientale de la Corse serait tombée sous l'influence étrusque. Entre 500 avant JC et la conquête romaine de l'île (259 avant JC), Aleria atteste non seulement de ses relations privilégiées avec l'Étrurie, mais également de la présence stable d'une population étrusque.

Le site d'Aleria contient des traces archéologiques exceptionnelles de ces évènements dans sa nécropole.


L'archéologie préventive en Corse.


Le patrimoine représenté dans les archives archéologiques de Corse sont très emblématiques et vulnérables. Leur étude et leur préservation justifient les mesures de conservation adaptées mises en œuvre depuis de nombreuses années.

Les ressources financières et humaines actuellement consacrées à ce travail sont sans précédent. Elles contribuent aussi à renouveler notre connaissance de l'île depuis son passé lointain jusqu’à l'ère moderne.

Sous la responsabilité de la DRAC, l'archéologie préventive en Corse, en association avec le développement régional, est comparable à celle de certaines régions métropolitaines.

Cela apporte de nouveaux éléments à notre connaissance de l'histoire de l'île et à leur transmission au public via ses quatre musées d'archéologie répertoriés parmi les Musées de France.


 Merci à Audric pour l'info !





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3.20.2019

Modification crânienne et formation de l'identité dans le Pérou précolombien

Avant l’expansion de l'empire inca, l'époque intermédiaire tardive a été marquée par un bouleversement politique et l'émergence de nouvelles pratiques culturelles.

Modification crânienne et formation de l'identité dans le Pérou précolombien
Crâne modifié du Pérou. Photo: Didier Descouens, Wikimedia Commons 

Dans l'article: "Ethnogenesis and Social Difference in the Andean Late Intermediate Period (AD 1100-1450): A Bioarchaeological Study of Cranial Modification in the Colca Valley, Peru" (Ethnogenèse et différence sociale dans la période intermédiaire andine tardive (1100-1450 après J.-C.): étude bioarchéologique de la modification crânienne dans la vallée de Colca, au Pérou), paru dans Current Anthropology, Matthew C. Velasco examine comment la prévalence et l’évolution des pratiques de modification crânienne à la fin de la période intermédiaire ont influencé la formation de l’identité ethnique dans la vallée de Colca au Pérou.


Dans l'étude, Velasco explore la façon dont les pratiques de modelage de la tête peuvent avoir permis la solidarité politique et aggravé les inégalités sociales dans la région.


Des recherches ethnogénétiques ont été faites pour déterminer les processus historiques responsables de la formation et de l'incarnation de nouvelles identités de groupe au cours de cette période.

La modification crânienne est un marqueur d'identité délibéré, permanent et très visible qui est mis en œuvre lors de la petite enfance. La forme de la tête a pu servir d'indicateur d'affiliation ethnique, de catégorisation dans la parenté, où d'origine géographique.

Les données archéologiques et ethnohistoriques donnent un aperçu des pratiques de façonnage de la tête de deux groupes ethniques majeurs dans la vallée de Colca, les Collaguas et les Cavanas.

Les Collaguas ont utilisé des méthodes pour que leurs têtes prennent une forme plus longue et plus étroite, tandis que les Cavanas cherchaient à élargir leur tête.

Afin d'analyser l'évolution de la fréquence et de l'importance de la modification crânienne au fil du temps, des échantillons de squelette ont été prélevés dans deux sites de la morgue de la région de Collagua et soumis à une datation au radiocarbone. Les crânes ont été classés en cinq catégories en fonction du type de modification. 

En utilisant des datations au radiocarbone récemment recalibrées, les échantillons ont été divisés en deux groupes représentant le début de la période intermédiaire tardive (1150-1300 de notre ère) et la fin de la période intermédiaire tardive (1300-1450 de notre ère).

Les données bioarchéologiques et radiométriques présentent une augmentation signifiante dans la prévalence des pratiques de modification crânienne.


Pendant le début de la période intermédiaire tardive, 39.2% des individus présentaient des modifications. Ce pourcentage monte  jusqu'à 73.7% à la fin de la période intermédiaire tardive.


L'étude montre aussi un changement significatif das la distribution des types de modification au cours du temps.

Au départ, il existe une répartition égale des individus entre quatre types de modifications: tabulaire, dressé, oblique et léger. Cependant, les résultats indiquent que, vers la fin de la période intermédiaire tardive, la modification oblique - semblable à la forme allongée de la tête du Collaguas - est devenue le style prédominant de la modification crânienne.

L’homogénéité accrue des formes crâniennes à la fin de la période intermédiaire tardive suggère que les pratiques de modification ont contribué à la création d’une nouvelle identité collective.

Alors que la modification crânienne consolide les frontières sociales antérieures, l’auteur affirme que la normalisation de ces pratiques a peut-être exacerbé les nouvelles différences sociales.

En tant que signifiant de l'affiliation, la forme de la tête peut avoir encouragé l'unité parmi les élites et favorisé une coopération accrue en politique. La participation à des questions politiques et sociales peut, à son tour, avoir élevé le statut d’individus modifiés et leur a conféré des privilèges distincts qui n’étaient pas accessibles aux individus non modifiés.

Les preuves bioarchaologiques suggèrent également que les pratiques de modification renforçaient les structures d'inégalité privilégiant les femmes modifiées. Comparées aux femmes non modifiées, les femmes modifiées avaient davantage accès à diverses options alimentaires et étaient moins susceptibles de faire face à la violence.

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3.11.2019

Une imposante pyramide, une cité perdue et d'anciens sacrifices humains découverts en Chine

Une cité vieille de 4300 ans, ainsi qu'une imposante pyramide à degrés haute de 70 mètres et recouvrant 24 hectares, ont été mises au jour en Chine.

Une imposante pyramide, une cité perdue et d'anciens sacrifices humains découverts en Chine
Cette photo montre des images de la pyramide à degrés. a) une partie des contreforts en pierre des deuxième et troisième marches de la pyramide; b) symboles des yeux qui décorent la pyramide c) une vue des contreforts en cours de fouille; d) une vue générale de la pyramide avant les fouilles. Photo: Zhouyong Sun et Jing Shao

La pyramide était décorée avec des symboles oculaires et des visages anthropomorphes. Ces représentations "pourraient avoir doté la pyramide à degrés d'un pouvoir religieux spécial et renforcé l'impression visuelle générale sur son vaste auditoire", ont écrit les archéologues.


Pendant cinq siècles, une cité a prospéré autour de la pyramide.


À une époque, la ville couvrait une superficie de 400 hectares, ce qui en faisait l’une des plus vastes du monde. Aujourd'hui, les ruines de la cité sont appelées "Shimao", mais le nom originel est inconnu.

La pyramide a 11 degrés, dont chacun est bordé de pierres. Sur le dernier étage, il y avait de vastes palais construits en pisé, avec des piliers en bois et des tuiles, un gigantesque réservoir d’eau et des vestiges domestiques liés à la vie quotidienne.

Les dirigeants de la cité vivaient dans ces palais, et la production d'art et d'artisanat était effectuée à proximité. "Jusqu'à présent, les preuves suggèrent que le complexe pyramidal fonctionnait non seulement comme un espace résidentiel pour les élites dirigeantes de Shimao, mais également comme un espace pour la production artisanale ou industrielle." ont écrit les archéologues.

 Des murs en pierre, des remparts et des portes ont été construits autour de la pyramide et de la cité. "A l'entrée de la pyramide à degrés, il y avait des fortifications sophistiquées dont la conception suggère qu'elles étaient destinés à fournir à la fois une défense et un accès très restreint," ont rapporté les archéologues.


Les restes de nombreux sacrifices humains ont été découverts à Shimao.


 À la porte extérieure de l'entrée orientale, rien que sur le rempart extérieur, six fosses contenant des têtes humaines décapitées ont été trouvées. Certaines des victimes provenaient probablement d'un autre site archéologique appelé Zhukaigou, situé au nord de Shimao. Il se peut que les habitants de Shimao aient conquis les environs.

"Des analyses morphologiques des restes humains suggèrent que les victimes étaient liées aux habitants de Zhukaigou, ce qui pourrait en outre suggérer qu'ils ont été emmenés à Shimao en tant que captifs pendant  la politique d'expansion de Shimao" ont ajouté les scientifiques.

Une imposante pyramide, une cité perdue et d'anciens sacrifices humains découverts en Chine
Une fosse sacrificielle de crânes humains découverte à Shimao. Les personnes sacrifiées ont peut-être été capturées au cours d'une guerre. Photo: Zhouyong Sun et Jing Shao

En outre, des artéfacts en jade ont été insérés dans les espaces entre les blocs dans toutes les structures de Shimao.

Bien que les archéologues connaissent Shimao depuis de nombreuses années, on pensait autrefois qu'elle faisait partie de la Grande Muraille de Chine, dont une section est située non loin. Ce n’est que lorsque les fouilles ont été effectuées ces dernières années que les archéologues ont compris que Shimao était bien plus ancienne que la Grande Muraille qui fut bâti entre 2700 ans et 400 ans.

L'équipe d'archéologues ayant écrit l'article comprend li Jaang, professeur à l'Ecole d'Histoire de l'Université de Zhengzhou, Zhouyong Sun et Jing Shao, tous deux archéologues l'Institut d'Archéologie de la Province de Shaanxi, et Min Li, professeur d'anthropologie à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA).

 Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)
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3.07.2019

Un incroyable trésor archéologique découvert dans une grotte sous Chichen Itza au Mexique

Alors qu'ils exploraient une grotte située sous la cité Maya de Chichén Itzá, des archéologues sont tombés sur une chambre sacrificielle, probablement visitée la dernière fois il y a des milliers d'années.

Selon la mythologie maya, les grottes et les cénotes étaient des portes vers le monde souterrain Xibalba. Ce lieu dont le nom se traduit par "lieu effrayant", était aussi une source importante d'eau douce pour les mayas qui ont dominé le plateau calcaire de la péninsule du Yucatán de 2000 avant notre ère à 1600 de notre ère.

Un incroyable trésor archéologique découvert dans une grotte sous Chichen Itza au Mexique
Temple de Kukulcán à Chichén Itzá

La région du nord du Yucatan est un désert saisonnier, avec une saison sèche hivernale prononcée. Les fortes pluies d'été tendent à dissoudre le substrat rocheux calcaire, formant ainsi des grottes karstiques.

En 1966, des locaux ont montré l'entrée d'une grotte située sous la cité maya de Chichén Itzá à l'archéologue Víctor Segovia Pinto. Cependant, à l'époque, il n'a pas exploré le passage étroit et l'a simplement scellé.

Cinquante ans plus tard, une équipe de recherche associée au Grand Projet Maya Aquifère (projet qui a permis aussi la découverte de la plus longue grotte au monde dans la péninsule du Yucatan l'année dernière) est entré dans la grotte de Balamkú, explorant le réseau souterrain de passages et de chambres.

Dans une chambre située au bout d'un long passage de près de 400 mètres, les archéologues ont découvert plus de 155 artéfacts. Ces objets, pour la plupart des récipients cérémoniels décorés de déités associées à la pluie, de figurines de jaguar sacré ou simplement d'outils d'usage quotidien, ont apparemment été brisés lors de rituels sacrificiels.

Vase cérémonial avec le visage du dieu de la pluie toltèque, Tláloc, recouvert de dépôts. Photo: Ortega, K.

La plupart sont recouvert d'une fine couche de carbonate, déposée par les eaux souterraines aux cours des siècles.

D'après le style artistique des récipients sacrificiels et des figurines, les archéologues ont daté ces artéfacts entre le 7ème et 10ème siècle de notre ère.

Au milieu des années 1990, les chercheurs ont commencé à supposer qu'un climat particulièrement sec, entre 800 et 1000 de notre ère, causant une sécheresse aggravée et un manque d'eau dans la péninsule du Yucatan, a été la principale cause de l'effondrement des principaux centres mayas.

Les découvertes archéologiques dans la grotte de Balamkú pourraient confirmer ce scénario. Apparemment, aux alentours de 700 à 1000 de notre ère, les habitants de Chichén Itzá ont à plusieurs reprises rampé dans le passage étroit pour atteindre la chambre sacrificielle et y déposer des artéfacts dédiés au dieu de la pluie Tláloc. Cela faisait peut-être partie d'un rituel pour apaiser les divinités et demander le retour de la pluie.
Merci à Fannie et Frédéric pour l'info !

 Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)


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2.28.2019

L'explosion d'une météorite aurait anéanti des communautés proches de la mer Morte il y a 3 700 ans

Une météorite qui a explosé dans les airs près de la mer Morte il y a 3 700 ans a probablement anéanti des communautés, tuant des dizaines de milliers de personnes.

La zone se situe dans l'actuelle Jordanie, dans une plaine circulaire appelée Middle Ghor. La plupart des indices sur cet évènement provient de données archéologiques du site de fouille de l'âge du bronze, Tall el-Hammam. Certains érudits rapportent d'ailleurs que ce serait la ville de Sodome décrite dans la Bible.

L'exploision d'une météorite aurait anéanti des communautés proches de la mer Morte il y a 3 700 ans
 Vue de Tall el Hammam. Photo: Tall el-Hammam Excavation Project

Les archéologues fouillent le site de Tall el-Hammam depuis 13 ans et ils ont mis au jour des preuves assez convaincantes supportant l'idée d'une explosion dans les airs.


Ces découvertes ont été présentées en novembre dernier à la rencontre annuelle de l'American Schools of Oriental Research, par l'archéologue Phillip Silvia de l'Université Trinity Southwest. Elles ont aussi été publiées dans un article par Silvia et l'archéologue, co-auteur, Steven Collins sous le titre: "The Civilization-Ending 3.7KYrBP Event: Archaeological Data, Sample Analyses, and Biblical Implication"

Tall el-Hammam était une cité-état en plein essor occupant le Middle Ghor. La civilisation a occupé la région pendant 2500 ans. La ville elle-même était le centre administratif du royaume et était protégée par un mur d'enceinte d'une épaisseur jusqu'à 30 m et d'une hauteur allant jusqu'à 15 m, pour une longueur de plus de 2,5 km (Voir l'article à ce sujet publié en 2012: De nouvelles découvertes à Tall El-Hammam). Le mur avait de multiples portes, tours et probablement d'autres caractéristiques défensives.

Fouilles sur le site de Tall el Hammam. Photo: Tall el-Hammam Excavation Project

Mais tout a été balayé lorsque la météorite a percé l'atmosphère et a explosé au-dessus de la région. Les preuves rassemblées sur le site de Tall el Hammam racontent l'histoire de l'événement.

Lorsque la météorite a explosé, il y a eu une onde de choc extrêmement chaude et puissante. Elle a détruit toutes les implantations de la région et rasé une superficie de 500 km2. Suite à cela, la région est restée inhabitée pendant près de 700 ans.


Plusieurs sources d'indices soutiennent la probabilité de cet événement.


Silvia et Collins disent dans leur article que la destruction et les dégâts causés aux murs et autres structures de la ville sont directionnels, ce qui conforte l’idée d’une onde de choc.

Par le passé, les archéologues s'étaient demandés si un tremblement de terre n'était pas à l'origine de l'effondrement de la région, mais cela n’aurait pas causé le type de dommage directionnel présenté par les structures et les fortifications restantes.

Les archéologues s'étaient également demandés si un tremblement de terre ayant provoqué de brûlantes éruptions pétrochimiques aurait pu causer la destruction. Ce brûlage aurait expliqué les épaisses couches de cendres à Tall el-Hammam, mais n'explique pas "l'absence à grande échelle de briques crues qui seraient typiques des dégâts causés par un tremblement de terre", selon l'article.

Les archéologues étudient la région depuis 13 ans afin de trouver d'avantage de preuves pour expliquer cet événement soudain.

D'après Silvia et Collins, ils l'ont trouvé: un éclat de poterie a été découvert dans la ville dont un côté s'était vitrifié. Seule une chaleur extrême peut faire cela.

L’examen a révélé la présence de cristaux de zircon à l’intérieur d’une bulle dans le verre qui n’a pu se former qu’à des températures supérieures à 4 000 degrés Celsius. De plus, la couche d'argile fondue qui s'est transformée en verre ne représente qu'un mm, non pas toute la profondeur du tesson.
Cela indique seulement une brève bouffée de chaleur intense, plutôt qu'une longue exposition causée par des éruptions pétrochimiques enflammées.


L'équipe de recherche a conclu que le tesson a été exposé à une température entre 8000°C et 12000°C pendant à peine quelques millisecondes. Cela confirme l'idée d'une explosion dans les airs.


Sur le site, les chercheurs ont aussi trouvé ce que l'on appelle  une "roche fondue" de 600 grammes. C'est une agglomération de trois différentes pierres fondues ensemble par une température extrême et vitrifiées. Il y a aussi la présence de cristaux de zirconium, et des analyses plus avancées ont conclu que la roche a été exposée à une température de 12000°C pendant quelques secondes.

La dernière preuve concerne ce qui s'est passé dans les environs de Tall el-Hammam après la destruction. Cette zone est considérée comme la région agricole la mieux arrosée de la région. Or, après la destruction de la cité-État de Tall el-Hammam, cette région est restée inoccupée pendant environ 700 ans.

Qu'est-ce qui aurait pu causer cela si la chaleur extrême n'a duré que quelques secondes ?

La réponse se trouve dans le sol, d'après les scientifiques. Six échantillons prélevés au-dessus, à travers et sous la couche de sol à partir du moment de l'événement ont été analysés géochimiquement.
Les résultats ont montré "des niveaux de sel et sulfate supérieurs à 6% (60000ppm) dans les couches de cendre et supérieurs à 5% (50000ppm) dans les couches de sol juste au-dessus et dessous la couche de cendre" d'après l'article.

La source de ces contaminants devait être la mer Morte, qui borde la région du Middle Ghor. Les deux scientifiques rapportent que l'onde de choc massive et la vague de chaleur ont non seulement détruit les colonies, mais l'onde de choc a aussi déposé une couche de sel sur le sol, le détruisant et le rendant inapte à l'agriculture pendant des centaines d'années.

Il faut seulement 12 800 ppm de sel pour empêcher le blé de germer et 17 900 ppm de sel pour empêcher la croissance de l'orge. Ces seuils ont été largement dépassés.


Il y a d'autres indices laissant penser à une explosion au-dessus de Tall el-Hammam


Les sites de météorites comme Chelyabinsk et Tunguska ont les mêmes caractéristiques que Tall el-Hammam. Il y a des niveaux élevés de platine, un taux élevé de sphérules magnétiques, et aussi un taux élevé de ce qu'on appelle des objets de type scorie.

Les chercheurs ont conclu qu’une explosion équivalente à une tête nucléaire de 10 mégatonnes s’est produite à environ 1 km au-dessus du nord-est de la mer Morte. Cela expliquerait de manière adéquate toutes les preuves rassemblées à Tall el-Hammam.

Cette photo montre des arbres abattus dans une puissante explosion aérienne d'une météorite. Elle a été prise lors de l'expédition de 1929 de Leonid Kulik sur le site d'impact de Tunguska en Sibérie en 1908.. Les sites de Tunguska, de Tcheliabinsk et de Tall el Hammam montrent tous la même preuve d'une explosion de météorite Photo: Kulik Expedition.

Certains érudits pensent que Tall el-Hammam est la ville de Sodome citée dans la Bible. Le fait est que cela se situe au bon endroit, et qu'une explosion de météorite expliquerait certainement ce passage: "Alors le Seigneur répandit du soufre brûlant sur Sodome et Gomorrhe - du Seigneur qu'il vint du ciel. 25 Ainsi, il renversa ces villes et la plaine entière, détruisant tous ceux qui vivaient dans les villes - ainsi que la végétation du pays."

Il est intéressant de noter que la citation mentionne spécifiquement le soufre, car une couche de sulfates et de sel s'est déposée sur la région à la suite de l'événement, détruisant la végétation sur le sol.

Cependant, tous les scientifiques ne sont pas d'accord. Certains spécialistes pensent que la géographie n'est pas correcte. D'autres que la chronologie ne correspond pas.

Mais avec cette nouvelle étude, les deux parties devront reconsidérer toute la question. La Bible est intéressante d’un point de vue historique, car elle entremêle parfois des événements réels de l’histoire et la mythologie chrétienne.
 Merci à Quentin pour l'info !

 Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)

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2.13.2019

Des lieux de sépultures aborigènes confirmés dans la péninsule du Cap York en Australie

Les origines des monticules de sable dans et aux alentours de Mapoon (ville du comté aborigène de Mapoon) dans le Queesnland ont longtemps été débattues par les chercheurs. Certains pensent qu'ils sont des formations naturelles ou qu'ils ont été créés par les oiseaux, alors que d'autres suggèrent qu'ils sont d'origine humaine.

Des lieux de sépultures aborigènes confirmés dans la péninsule du Cap York en Australie
Ces paysages en terres sont bien des tertres funéraires après des années de débats sur leurs origines et leurs fonctions.

Tante* Diane Nicholls rapporte que son peuple a toujours dit que ce sont des tertres funéraires contenant les restes de leurs ancêtres. "C'est important, pour notre identité et notre patrimoine, de savoir que nos ancêtres vivaient ici et avaient des rituels et des pratiques cérémonielles" rapporte-t-elle, "les ainés ont toujours su, lorsqu'ils grandissaient (...), que des tombes se trouvaient ici."
Cela est aujourd'hui confirmé par la science


La technologie radar fournit un aperçu des anciennes coutumes funéraires


Le Western Cape York Communities Trust a financé un consultant archéologique, Veritas Heritage, pour étudier le site en concertation avec les groupes familiaux aborigènes.

Des relevés initiaux avec un radar avec pénétration de sol sur 11 monticules ont montré de nombreux cas d’inhumation. L'archéologue principale, Dr Mary-Jean Sutton, a rapporté que les premières observations suggèrent que certains remontent à environ 6000 ans. "Nous pensons à l'époque holocène" dit-elle, "c'est à peu près au même moment que les pyramides en Egypte et le néolithique en Grande-Bretagne, mais nous ne savons pas quand exactement; cela peut être plus ancien ou plus récent".

Les chercheurs ont utilisé le radar à pénétration de sol et un magnétomètre pour cartographier le contenu intérieur des monticules sans les déranger. Les images ont donné un aperçu des anciennes pratiques funéraires et des changements dans les pratiques culturelles au fil du temps.

Selon le Dr Sutton, le radar a identifié des couches dans les monticules et des objets dans les tombes, notamment du corail, des fleurs et des lances, utilisés pour décorer ces anciens lieux de repos. "Ce n'est pas du corail présent naturellement. Un géomorphologue a examiné le corail et il ne pense pas que ce soit naturel. Il a été récolté et mis délibérément sur les monticules" rapporte le Dr Sutton, "Cela indique que les pratiques funéraires des autochtones à Mapoon sont très anciennes. Nous n'avons jamais mesuré la complexité du lien culturel à Mapoon."


Cette découverte incite à mieux protéger les lieux de sépulture aborigènes


On estime qu'il y a des centaines de tertres funéraires similaires dispersés dans la communauté Mapoon et à travers Western Cape. Les archéologues disent que les tumulus funéraires présumés nécessitent un complément d’analyse, tandis que les propriétaires traditionnels réclament une protection accrue de leur patrimoine.

Plus de 250 buttes terrestres ont été cartographiées le long d'une côte de 60 kilomètres dans la région de Mapoon.

"On sait maintenant que ces monticules sont là, et ce depuis des années et des années, aussi, alors que l'exploitation minière est en cours, il doit y avoir une protection et une loi pour ces choses," dit Aunty Diane.

Malgré les inquiétudes de la communauté, le groupe minier international Rio Tinto a assuré aux habitants de Mapoon qu'un processus clair était déjà en place pour s'assurer que la mine travaille avec les propriétaires traditionnels pour identifier et gérer le patrimoine culturel.

*"Tante" ou "oncle", sont des mots utilisés par les aborigènes pour s'adresser aux personnes plus âgées avec lesquels le locuteur n'est pas nécessairement lié.

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