9.09.2017

A-t-on trouvé la clé pour déchiffrer le manuscrit de Voynich ?

Cela fait plus d'un siècle que des cryptographes, linguistes et autres chercheurs tentent de déchiffrer les textes du célèbre manuscrit de Voynich.

Le document, vieux de 600 ans, est décrit comme "le texte médiéval le plus mystérieux au monde". Il est rempli d'illustrations de plantes exotiques, d'étoiles et de mystérieuses figures humaines, ainsi que de nombreuses pages manuscrites dans une langue inconnue.

Un universitaire britannique vient de déclarer que ce document est en fait un manuel de santé pour les femmes.


Nicholas Gibbs, qui est un expert en manuscrits médicaux médiévaux, rapporte qu'il en est arrivé à cette conclusion après avoir découvert que le texte était écrit en ligatures latines qui décrivent les remèdes à partir d'informations médicales standard.

Les ligatures latines ont été développées comme des raccourcis d'écriture et ont été utilisées depuis l'époque grecque et romaine. Par exemple l'esperluette classique ("&") a été développée à partir d'une ligature provenant de la combinaisons des lettres latines "e" et "t".

Gibbs a publié un article dans le Times Literary Supplement (Voynich manuscript: the solution). Il y écrit qu'en étudiant le latin médiéval "il est devenu évident que chaque caractère dans le manuscrit de Voynich représentait un mot abrégé et non une lettre".

Il a ainsi découvert que les mêmes "mots dominants" apparaissaient dans les documents médicaux et le manuscrit de Voynich. De nombreux raccourcis semblent avoir été empruntés dans d'autres traités médicaux, rapporte-t-il.

Les images de femmes dénudées et de plantes médicinales suggèrent aussi que cela se réfère à l'aromathérapie, pratiquée par le guérisseur grec Hippocrate et le naturaliste romain Pline l'Ancien. Gibbs pense que les illustrations des remèdes végétaux, les cartes zodiacales et les instructions sur les bains thermaux indiquent que celui qui a écrit le document avait une bonne compréhension de la médecine médiévale.

Les bains pratiqués par les grecs, les romains et aussi à travers le Moyen Âge étaient une forme de santé et de guérison. Guérir les maux gynécologiques et autres maladies féminines impliquaient souvent de "prendre les eaux", que ce soit en se baignant ou en ingérant.


L'index manquant


Gibbs a aussi noté les cylindres percés (image ci-dessous), utilisés au moyen âge pour faire des infusions. Cette image correspond à celle d'un poêle dans un manuel écrit par le chirurgien et botaniste Hieronyus Brunschwygk (1450-1512).


Cependant, il n'est toujours pas capable de traduire entièrement les recettes. Le problème principal, dit-il, est qu'il manque les index du manuscrit. "Pour des raisons de brièvetés" écrit Gibbs, "le nom de la plante et du malaise étaient superflus dans le texte et pouvaient être trouvés dans les index correspondant à un numéro de page".

Le manuscrit est très réputé parmi les cryptographes et la datation au radiocarbone suggère qu'il a été écrit au début du 15ème siècle.

Le document qui appartient aujourd'hui à la Bibliothèque Beinecke de l'Université de Yale,  a eu plusieurs propriétaires avant qu'il ne se soit retrouvé entre les mains d'un libraire londonien appelé Wilfrid Voynich en 1912.

D'après Gibbs, Voynich était persuadé que le manuscrit avait été écrit par Roger Bacon. Bacon était un frère et un philosophe du 13ème siècle qui masquait ses œuvres avec un code afin que l'église ne puisse pas déchiffrer ce qu'il avait écrit.
Mais cette théorie a été écartée lorsque le manuscrit a été daté au radiocarbone entre l'année 1404 et 1438.  

Gibbs explique que comme personne n'a reconnu l'écriture, on a supposé que c'était un code. "Le problème est qu'aucun des cryptographes n'était historien; aucun ne connaissait de manuscrits médiévaux" rapporte-t-il. Il estime que le manuscrit montre une série d'ingrédients pour des recettes avec les quantités requises.

Si Gibbs a bien trouvé la clé, il ne reste plus qu'aux cryptographes et linguistes de se mettre à la tâche pour traduire l'ouvrage.

Merci à Eric pour l'info !

Source:

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3 commentaires:

Unknown a dit…

je vous invite à aller visionner la vidéo de Linguisticae sur le sujet, cela vous permettra de juger du peu de sérieux de l'article de Gibbs & des controverses qu'il a soulevé dans le milieu des savants qui étudient le manuscrit de Voynich
https://www.youtube.com/watch?v=wnv8GWB7Zr4

Unknown a dit…

Merci mil fois

Fran a dit…

Gibbs : "il est devenu évident que chaque caractère dans le manuscrit de Voynich représente un mot abrégé et non une lettre".
C'est tout à fait plausible, puisqu'on sait que les scribes du Moyen-âge se servaient déjà de la sténo (hé oui !) pour prendre des notes.
Cette forme d'écriture rapide paraît être une langue étrangère écrite pour qui ne connaît pas... et d'autres l'utilisent pour que, justement, le premier venu ne puisse pas comprendre...
De plus, l'esperluette (&) [https://fr.wikipedia.org/wiki/Esperluette] voire l'arobase (@) [https://fr.wikipedia.org/wiki/Arobase] faisaient déjà partie des caractères typographiques connus et utilisés au Moyen-âge.
Quant à savoir pourquoi l'auteur aurait écrit son manuscrit en "sténo"... On peut supposer qu'ils (l'auteur et son manuscrit) s'adressaient à une certaine élite et par conséquent, les propos devaient être tenus à l'abri des regards indiscrets... Qui sait ?