Une récente étude publiée dans Nature explore les interactions complexes entre les Avars, un peuple nomade d'origine asiatique, et les populations locales de la région des Carpates au premier millénaire. En s'appuyant sur des analyses génétiques avancées et une approche interdisciplinaire combinant archéologie, histoire et génétique, les chercheurs révèlent des barrières reproductives marquées malgré des échanges culturels significatifs.
Une méthodologie novatrice
L'équipe a analysé des données génétiques provenant de 143 individus issus de sites funéraires couvrant une période de plus de deux siècles (du VIe au IXe siècle). En couplant ces données à des informations archéologiques et isotopiques, ils ont pu reconstituer les dynamiques sociales, démographiques et génétiques de la région au cours de l’installation des Avars dans le bassin des Carpates.
Les résultats montrent une nette distinction génétique entre les Avars, aux origines principalement centrasiatiques, et les populations locales européennes. Cette divergence génétique s’est maintenue tout au long de la période étudiée, malgré la présence de biens culturels et pratiques funéraires indiquant un certain degré de métissage culturel.
Une barrière reproductrice persistante
L'un des résultats les plus frappants de l'étude est l'absence notable de mélange génétique entre ces deux groupes. Cette séparation pourrait s'expliquer par plusieurs facteurs, notamment des différences linguistiques, sociales et politiques, ou encore une volonté consciente de maintenir des identités distinctes au sein du khaganat avar.
En revanche, l'homogénéisation culturelle observée dans les pratiques funéraires suggère que les Avars et les populations locales ont partagé des interactions sociales étroites, notamment dans des contextes rituels et économiques. Ces résultats soulignent un paradoxe entre une coexistence culturelle et une séparation biologique.
Une contribution majeure à l'étude des migrations historiques
Cette étude offre des perspectives nouvelles sur les interactions entre les peuples nomades et sédentaires en Europe centrale durant le haut Moyen Âge. En mettant en évidence comment des groupes culturellement intégrés pouvaient maintenir des frontières reproductives strictes, elle enrichit notre compréhension des processus sociaux, démographiques et politiques de l’époque.
Ces résultats apportent également des éclairages sur la façon dont les identités collectives étaient construites et maintenues, même au sein d’environnements où la coexistence quotidienne semblait harmonieuse.
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