3.20.2019

Modification crânienne et formation de l'identité dans le Pérou précolombien

Avant l’expansion de l'empire inca, l'époque intermédiaire tardive a été marquée par un bouleversement politique et l'émergence de nouvelles pratiques culturelles.

Modification crânienne et formation de l'identité dans le Pérou précolombien
Crâne modifié du Pérou. Photo: Didier Descouens, Wikimedia Commons 

Dans l'article: "Ethnogenesis and Social Difference in the Andean Late Intermediate Period (AD 1100-1450): A Bioarchaeological Study of Cranial Modification in the Colca Valley, Peru" (Ethnogenèse et différence sociale dans la période intermédiaire andine tardive (1100-1450 après J.-C.): étude bioarchéologique de la modification crânienne dans la vallée de Colca, au Pérou), paru dans Current Anthropology, Matthew C. Velasco examine comment la prévalence et l’évolution des pratiques de modification crânienne à la fin de la période intermédiaire ont influencé la formation de l’identité ethnique dans la vallée de Colca au Pérou.


Dans l'étude, Velasco explore la façon dont les pratiques de modelage de la tête peuvent avoir permis la solidarité politique et aggravé les inégalités sociales dans la région.


Des recherches ethnogénétiques ont été faites pour déterminer les processus historiques responsables de la formation et de l'incarnation de nouvelles identités de groupe au cours de cette période.

La modification crânienne est un marqueur d'identité délibéré, permanent et très visible qui est mis en œuvre lors de la petite enfance. La forme de la tête a pu servir d'indicateur d'affiliation ethnique, de catégorisation dans la parenté, où d'origine géographique.

Les données archéologiques et ethnohistoriques donnent un aperçu des pratiques de façonnage de la tête de deux groupes ethniques majeurs dans la vallée de Colca, les Collaguas et les Cavanas.

Les Collaguas ont utilisé des méthodes pour que leurs têtes prennent une forme plus longue et plus étroite, tandis que les Cavanas cherchaient à élargir leur tête.

Afin d'analyser l'évolution de la fréquence et de l'importance de la modification crânienne au fil du temps, des échantillons de squelette ont été prélevés dans deux sites de la morgue de la région de Collagua et soumis à une datation au radiocarbone. Les crânes ont été classés en cinq catégories en fonction du type de modification. 

En utilisant des datations au radiocarbone récemment recalibrées, les échantillons ont été divisés en deux groupes représentant le début de la période intermédiaire tardive (1150-1300 de notre ère) et la fin de la période intermédiaire tardive (1300-1450 de notre ère).

Les données bioarchéologiques et radiométriques présentent une augmentation signifiante dans la prévalence des pratiques de modification crânienne.


Pendant le début de la période intermédiaire tardive, 39.2% des individus présentaient des modifications. Ce pourcentage monte  jusqu'à 73.7% à la fin de la période intermédiaire tardive.


L'étude montre aussi un changement significatif das la distribution des types de modification au cours du temps.

Au départ, il existe une répartition égale des individus entre quatre types de modifications: tabulaire, dressé, oblique et léger. Cependant, les résultats indiquent que, vers la fin de la période intermédiaire tardive, la modification oblique - semblable à la forme allongée de la tête du Collaguas - est devenue le style prédominant de la modification crânienne.

L’homogénéité accrue des formes crâniennes à la fin de la période intermédiaire tardive suggère que les pratiques de modification ont contribué à la création d’une nouvelle identité collective.

Alors que la modification crânienne consolide les frontières sociales antérieures, l’auteur affirme que la normalisation de ces pratiques a peut-être exacerbé les nouvelles différences sociales.

En tant que signifiant de l'affiliation, la forme de la tête peut avoir encouragé l'unité parmi les élites et favorisé une coopération accrue en politique. La participation à des questions politiques et sociales peut, à son tour, avoir élevé le statut d’individus modifiés et leur a conféré des privilèges distincts qui n’étaient pas accessibles aux individus non modifiés.

Les preuves bioarchaologiques suggèrent également que les pratiques de modification renforçaient les structures d'inégalité privilégiant les femmes modifiées. Comparées aux femmes non modifiées, les femmes modifiées avaient davantage accès à diverses options alimentaires et étaient moins susceptibles de faire face à la violence.

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3.11.2019

Une imposante pyramide, une cité perdue et d'anciens sacrifices humains découverts en Chine

Une cité vieille de 4300 ans, ainsi qu'une imposante pyramide à degrés haute de 70 mètres et recouvrant 24 hectares, ont été mises au jour en Chine.

Une imposante pyramide, une cité perdue et d'anciens sacrifices humains découverts en Chine
Cette photo montre des images de la pyramide à degrés. a) une partie des contreforts en pierre des deuxième et troisième marches de la pyramide; b) symboles des yeux qui décorent la pyramide c) une vue des contreforts en cours de fouille; d) une vue générale de la pyramide avant les fouilles. Photo: Zhouyong Sun et Jing Shao

La pyramide était décorée avec des symboles oculaires et des visages anthropomorphes. Ces représentations "pourraient avoir doté la pyramide à degrés d'un pouvoir religieux spécial et renforcé l'impression visuelle générale sur son vaste auditoire", ont écrit les archéologues.


Pendant cinq siècles, une cité a prospéré autour de la pyramide.


À une époque, la ville couvrait une superficie de 400 hectares, ce qui en faisait l’une des plus vastes du monde. Aujourd'hui, les ruines de la cité sont appelées "Shimao", mais le nom originel est inconnu.

La pyramide a 11 degrés, dont chacun est bordé de pierres. Sur le dernier étage, il y avait de vastes palais construits en pisé, avec des piliers en bois et des tuiles, un gigantesque réservoir d’eau et des vestiges domestiques liés à la vie quotidienne.

Les dirigeants de la cité vivaient dans ces palais, et la production d'art et d'artisanat était effectuée à proximité. "Jusqu'à présent, les preuves suggèrent que le complexe pyramidal fonctionnait non seulement comme un espace résidentiel pour les élites dirigeantes de Shimao, mais également comme un espace pour la production artisanale ou industrielle." ont écrit les archéologues.

 Des murs en pierre, des remparts et des portes ont été construits autour de la pyramide et de la cité. "A l'entrée de la pyramide à degrés, il y avait des fortifications sophistiquées dont la conception suggère qu'elles étaient destinés à fournir à la fois une défense et un accès très restreint," ont rapporté les archéologues.


Les restes de nombreux sacrifices humains ont été découverts à Shimao.


 À la porte extérieure de l'entrée orientale, rien que sur le rempart extérieur, six fosses contenant des têtes humaines décapitées ont été trouvées. Certaines des victimes provenaient probablement d'un autre site archéologique appelé Zhukaigou, situé au nord de Shimao. Il se peut que les habitants de Shimao aient conquis les environs.

"Des analyses morphologiques des restes humains suggèrent que les victimes étaient liées aux habitants de Zhukaigou, ce qui pourrait en outre suggérer qu'ils ont été emmenés à Shimao en tant que captifs pendant  la politique d'expansion de Shimao" ont ajouté les scientifiques.

Une imposante pyramide, une cité perdue et d'anciens sacrifices humains découverts en Chine
Une fosse sacrificielle de crânes humains découverte à Shimao. Les personnes sacrifiées ont peut-être été capturées au cours d'une guerre. Photo: Zhouyong Sun et Jing Shao

En outre, des artéfacts en jade ont été insérés dans les espaces entre les blocs dans toutes les structures de Shimao.

Bien que les archéologues connaissent Shimao depuis de nombreuses années, on pensait autrefois qu'elle faisait partie de la Grande Muraille de Chine, dont une section est située non loin. Ce n’est que lorsque les fouilles ont été effectuées ces dernières années que les archéologues ont compris que Shimao était bien plus ancienne que la Grande Muraille qui fut bâti entre 2700 ans et 400 ans.

L'équipe d'archéologues ayant écrit l'article comprend li Jaang, professeur à l'Ecole d'Histoire de l'Université de Zhengzhou, Zhouyong Sun et Jing Shao, tous deux archéologues l'Institut d'Archéologie de la Province de Shaanxi, et Min Li, professeur d'anthropologie à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA).

 Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)
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3.07.2019

Un incroyable trésor archéologique découvert dans une grotte sous Chichen Itza au Mexique

Alors qu'ils exploraient une grotte située sous la cité Maya de Chichén Itzá, des archéologues sont tombés sur une chambre sacrificielle, probablement visitée la dernière fois il y a des milliers d'années.

Selon la mythologie maya, les grottes et les cénotes étaient des portes vers le monde souterrain Xibalba. Ce lieu dont le nom se traduit par "lieu effrayant", était aussi une source importante d'eau douce pour les mayas qui ont dominé le plateau calcaire de la péninsule du Yucatán de 2000 avant notre ère à 1600 de notre ère.

Un incroyable trésor archéologique découvert dans une grotte sous Chichen Itza au Mexique
Temple de Kukulcán à Chichén Itzá

La région du nord du Yucatan est un désert saisonnier, avec une saison sèche hivernale prononcée. Les fortes pluies d'été tendent à dissoudre le substrat rocheux calcaire, formant ainsi des grottes karstiques.

En 1966, des locaux ont montré l'entrée d'une grotte située sous la cité maya de Chichén Itzá à l'archéologue Víctor Segovia Pinto. Cependant, à l'époque, il n'a pas exploré le passage étroit et l'a simplement scellé.

Cinquante ans plus tard, une équipe de recherche associée au Grand Projet Maya Aquifère (projet qui a permis aussi la découverte de la plus longue grotte au monde dans la péninsule du Yucatan l'année dernière) est entré dans la grotte de Balamkú, explorant le réseau souterrain de passages et de chambres.

Dans une chambre située au bout d'un long passage de près de 400 mètres, les archéologues ont découvert plus de 155 artéfacts. Ces objets, pour la plupart des récipients cérémoniels décorés de déités associées à la pluie, de figurines de jaguar sacré ou simplement d'outils d'usage quotidien, ont apparemment été brisés lors de rituels sacrificiels.

Vase cérémonial avec le visage du dieu de la pluie toltèque, Tláloc, recouvert de dépôts. Photo: Ortega, K.

La plupart sont recouvert d'une fine couche de carbonate, déposée par les eaux souterraines aux cours des siècles.

D'après le style artistique des récipients sacrificiels et des figurines, les archéologues ont daté ces artéfacts entre le 7ème et 10ème siècle de notre ère.

Au milieu des années 1990, les chercheurs ont commencé à supposer qu'un climat particulièrement sec, entre 800 et 1000 de notre ère, causant une sécheresse aggravée et un manque d'eau dans la péninsule du Yucatan, a été la principale cause de l'effondrement des principaux centres mayas.

Les découvertes archéologiques dans la grotte de Balamkú pourraient confirmer ce scénario. Apparemment, aux alentours de 700 à 1000 de notre ère, les habitants de Chichén Itzá ont à plusieurs reprises rampé dans le passage étroit pour atteindre la chambre sacrificielle et y déposer des artéfacts dédiés au dieu de la pluie Tláloc. Cela faisait peut-être partie d'un rituel pour apaiser les divinités et demander le retour de la pluie.
Merci à Fannie et Frédéric pour l'info !

 Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)


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2.28.2019

L'explosion d'une météorite aurait anéanti des communautés proches de la mer Morte il y a 3 700 ans

Une météorite qui a explosé dans les airs près de la mer Morte il y a 3 700 ans a probablement anéanti des communautés, tuant des dizaines de milliers de personnes.

La zone se situe dans l'actuelle Jordanie, dans une plaine circulaire appelée Middle Ghor. La plupart des indices sur cet évènement provient de données archéologiques du site de fouille de l'âge du bronze, Tall el-Hammam. Certains érudits rapportent d'ailleurs que ce serait la ville de Sodome décrite dans la Bible.

L'exploision d'une météorite aurait anéanti des communautés proches de la mer Morte il y a 3 700 ans
 Vue de Tall el Hammam. Photo: Tall el-Hammam Excavation Project

Les archéologues fouillent le site de Tall el-Hammam depuis 13 ans et ils ont mis au jour des preuves assez convaincantes supportant l'idée d'une explosion dans les airs.


Ces découvertes ont été présentées en novembre dernier à la rencontre annuelle de l'American Schools of Oriental Research, par l'archéologue Phillip Silvia de l'Université Trinity Southwest. Elles ont aussi été publiées dans un article par Silvia et l'archéologue, co-auteur, Steven Collins sous le titre: "The Civilization-Ending 3.7KYrBP Event: Archaeological Data, Sample Analyses, and Biblical Implication"

Tall el-Hammam était une cité-état en plein essor occupant le Middle Ghor. La civilisation a occupé la région pendant 2500 ans. La ville elle-même était le centre administratif du royaume et était protégée par un mur d'enceinte d'une épaisseur jusqu'à 30 m et d'une hauteur allant jusqu'à 15 m, pour une longueur de plus de 2,5 km (Voir l'article à ce sujet publié en 2012: De nouvelles découvertes à Tall El-Hammam). Le mur avait de multiples portes, tours et probablement d'autres caractéristiques défensives.

Fouilles sur le site de Tall el Hammam. Photo: Tall el-Hammam Excavation Project

Mais tout a été balayé lorsque la météorite a percé l'atmosphère et a explosé au-dessus de la région. Les preuves rassemblées sur le site de Tall el Hammam racontent l'histoire de l'événement.

Lorsque la météorite a explosé, il y a eu une onde de choc extrêmement chaude et puissante. Elle a détruit toutes les implantations de la région et rasé une superficie de 500 km2. Suite à cela, la région est restée inhabitée pendant près de 700 ans.


Plusieurs sources d'indices soutiennent la probabilité de cet événement.


Silvia et Collins disent dans leur article que la destruction et les dégâts causés aux murs et autres structures de la ville sont directionnels, ce qui conforte l’idée d’une onde de choc.

Par le passé, les archéologues s'étaient demandés si un tremblement de terre n'était pas à l'origine de l'effondrement de la région, mais cela n’aurait pas causé le type de dommage directionnel présenté par les structures et les fortifications restantes.

Les archéologues s'étaient également demandés si un tremblement de terre ayant provoqué de brûlantes éruptions pétrochimiques aurait pu causer la destruction. Ce brûlage aurait expliqué les épaisses couches de cendres à Tall el-Hammam, mais n'explique pas "l'absence à grande échelle de briques crues qui seraient typiques des dégâts causés par un tremblement de terre", selon l'article.

Les archéologues étudient la région depuis 13 ans afin de trouver d'avantage de preuves pour expliquer cet événement soudain.

D'après Silvia et Collins, ils l'ont trouvé: un éclat de poterie a été découvert dans la ville dont un côté s'était vitrifié. Seule une chaleur extrême peut faire cela.

L’examen a révélé la présence de cristaux de zircon à l’intérieur d’une bulle dans le verre qui n’a pu se former qu’à des températures supérieures à 4 000 degrés Celsius. De plus, la couche d'argile fondue qui s'est transformée en verre ne représente qu'un mm, non pas toute la profondeur du tesson.
Cela indique seulement une brève bouffée de chaleur intense, plutôt qu'une longue exposition causée par des éruptions pétrochimiques enflammées.


L'équipe de recherche a conclu que le tesson a été exposé à une température entre 8000°C et 12000°C pendant à peine quelques millisecondes. Cela confirme l'idée d'une explosion dans les airs.


Sur le site, les chercheurs ont aussi trouvé ce que l'on appelle  une "roche fondue" de 600 grammes. C'est une agglomération de trois différentes pierres fondues ensemble par une température extrême et vitrifiées. Il y a aussi la présence de cristaux de zirconium, et des analyses plus avancées ont conclu que la roche a été exposée à une température de 12000°C pendant quelques secondes.

La dernière preuve concerne ce qui s'est passé dans les environs de Tall el-Hammam après la destruction. Cette zone est considérée comme la région agricole la mieux arrosée de la région. Or, après la destruction de la cité-État de Tall el-Hammam, cette région est restée inoccupée pendant environ 700 ans.

Qu'est-ce qui aurait pu causer cela si la chaleur extrême n'a duré que quelques secondes ?

La réponse se trouve dans le sol, d'après les scientifiques. Six échantillons prélevés au-dessus, à travers et sous la couche de sol à partir du moment de l'événement ont été analysés géochimiquement.
Les résultats ont montré "des niveaux de sel et sulfate supérieurs à 6% (60000ppm) dans les couches de cendre et supérieurs à 5% (50000ppm) dans les couches de sol juste au-dessus et dessous la couche de cendre" d'après l'article.

La source de ces contaminants devait être la mer Morte, qui borde la région du Middle Ghor. Les deux scientifiques rapportent que l'onde de choc massive et la vague de chaleur ont non seulement détruit les colonies, mais l'onde de choc a aussi déposé une couche de sel sur le sol, le détruisant et le rendant inapte à l'agriculture pendant des centaines d'années.

Il faut seulement 12 800 ppm de sel pour empêcher le blé de germer et 17 900 ppm de sel pour empêcher la croissance de l'orge. Ces seuils ont été largement dépassés.


Il y a d'autres indices laissant penser à une explosion au-dessus de Tall el-Hammam


Les sites de météorites comme Chelyabinsk et Tunguska ont les mêmes caractéristiques que Tall el-Hammam. Il y a des niveaux élevés de platine, un taux élevé de sphérules magnétiques, et aussi un taux élevé de ce qu'on appelle des objets de type scorie.

Les chercheurs ont conclu qu’une explosion équivalente à une tête nucléaire de 10 mégatonnes s’est produite à environ 1 km au-dessus du nord-est de la mer Morte. Cela expliquerait de manière adéquate toutes les preuves rassemblées à Tall el-Hammam.

Cette photo montre des arbres abattus dans une puissante explosion aérienne d'une météorite. Elle a été prise lors de l'expédition de 1929 de Leonid Kulik sur le site d'impact de Tunguska en Sibérie en 1908.. Les sites de Tunguska, de Tcheliabinsk et de Tall el Hammam montrent tous la même preuve d'une explosion de météorite Photo: Kulik Expedition.

Certains érudits pensent que Tall el-Hammam est la ville de Sodome citée dans la Bible. Le fait est que cela se situe au bon endroit, et qu'une explosion de météorite expliquerait certainement ce passage: "Alors le Seigneur répandit du soufre brûlant sur Sodome et Gomorrhe - du Seigneur qu'il vint du ciel. 25 Ainsi, il renversa ces villes et la plaine entière, détruisant tous ceux qui vivaient dans les villes - ainsi que la végétation du pays."

Il est intéressant de noter que la citation mentionne spécifiquement le soufre, car une couche de sulfates et de sel s'est déposée sur la région à la suite de l'événement, détruisant la végétation sur le sol.

Cependant, tous les scientifiques ne sont pas d'accord. Certains spécialistes pensent que la géographie n'est pas correcte. D'autres que la chronologie ne correspond pas.

Mais avec cette nouvelle étude, les deux parties devront reconsidérer toute la question. La Bible est intéressante d’un point de vue historique, car elle entremêle parfois des événements réels de l’histoire et la mythologie chrétienne.
 Merci à Quentin pour l'info !

 Relecture par Marion Juglin (Archeow.fr)

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2.13.2019

Des lieux de sépultures aborigènes confirmés dans la péninsule du Cap York en Australie

Les origines des monticules de sable dans et aux alentours de Mapoon (ville du comté aborigène de Mapoon) dans le Queesnland ont longtemps été débattues par les chercheurs. Certains pensent qu'ils sont des formations naturelles ou qu'ils ont été créés par les oiseaux, alors que d'autres suggèrent qu'ils sont d'origine humaine.

Des lieux de sépultures aborigènes confirmés dans la péninsule du Cap York en Australie
Ces paysages en terres sont bien des tertres funéraires après des années de débats sur leurs origines et leurs fonctions.

Tante* Diane Nicholls rapporte que son peuple a toujours dit que ce sont des tertres funéraires contenant les restes de leurs ancêtres. "C'est important, pour notre identité et notre patrimoine, de savoir que nos ancêtres vivaient ici et avaient des rituels et des pratiques cérémonielles" rapporte-t-elle, "les ainés ont toujours su, lorsqu'ils grandissaient (...), que des tombes se trouvaient ici."
Cela est aujourd'hui confirmé par la science


La technologie radar fournit un aperçu des anciennes coutumes funéraires


Le Western Cape York Communities Trust a financé un consultant archéologique, Veritas Heritage, pour étudier le site en concertation avec les groupes familiaux aborigènes.

Des relevés initiaux avec un radar avec pénétration de sol sur 11 monticules ont montré de nombreux cas d’inhumation. L'archéologue principale, Dr Mary-Jean Sutton, a rapporté que les premières observations suggèrent que certains remontent à environ 6000 ans. "Nous pensons à l'époque holocène" dit-elle, "c'est à peu près au même moment que les pyramides en Egypte et le néolithique en Grande-Bretagne, mais nous ne savons pas quand exactement; cela peut être plus ancien ou plus récent".

Les chercheurs ont utilisé le radar à pénétration de sol et un magnétomètre pour cartographier le contenu intérieur des monticules sans les déranger. Les images ont donné un aperçu des anciennes pratiques funéraires et des changements dans les pratiques culturelles au fil du temps.

Selon le Dr Sutton, le radar a identifié des couches dans les monticules et des objets dans les tombes, notamment du corail, des fleurs et des lances, utilisés pour décorer ces anciens lieux de repos. "Ce n'est pas du corail présent naturellement. Un géomorphologue a examiné le corail et il ne pense pas que ce soit naturel. Il a été récolté et mis délibérément sur les monticules" rapporte le Dr Sutton, "Cela indique que les pratiques funéraires des autochtones à Mapoon sont très anciennes. Nous n'avons jamais mesuré la complexité du lien culturel à Mapoon."


Cette découverte incite à mieux protéger les lieux de sépulture aborigènes


On estime qu'il y a des centaines de tertres funéraires similaires dispersés dans la communauté Mapoon et à travers Western Cape. Les archéologues disent que les tumulus funéraires présumés nécessitent un complément d’analyse, tandis que les propriétaires traditionnels réclament une protection accrue de leur patrimoine.

Plus de 250 buttes terrestres ont été cartographiées le long d'une côte de 60 kilomètres dans la région de Mapoon.

"On sait maintenant que ces monticules sont là, et ce depuis des années et des années, aussi, alors que l'exploitation minière est en cours, il doit y avoir une protection et une loi pour ces choses," dit Aunty Diane.

Malgré les inquiétudes de la communauté, le groupe minier international Rio Tinto a assuré aux habitants de Mapoon qu'un processus clair était déjà en place pour s'assurer que la mine travaille avec les propriétaires traditionnels pour identifier et gérer le patrimoine culturel.

*"Tante" ou "oncle", sont des mots utilisés par les aborigènes pour s'adresser aux personnes plus âgées avec lesquels le locuteur n'est pas nécessairement lié.

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2.06.2019

D'anciens pépins de raisin révèlent le commerce entre le Sri Lanka et le monde romain

Si vous visitez Manthai, nichée dans une baie au nord-ouest du Sri Lanka, vous ne verrez aujourd'hui qu’un temple hindou solitaire surplombant la mer. Mais il y a 1500 ans, c'était un port animé où les marchands échangeaient les biens les plus précieux de leur époque.

Une étude d'anciens restes de plantes a révélé que des marchands du monde entier, dont l'Empire Romain, auraient visité ce lieu ou y auraient même vécu.

D'anciens pépins de raisin pourraient relier un port de commerce sri lankais au monde romain
Manthai vu du ciel aujourd'hui. Les anciens fossés construits pour défendre le site peuvent être vu en vert foncé. L'implantation principale était à l'intérieur de ces défenses. Crédit: Google Maps

Manthai était une plaque tournante des anciens réseaux commerciaux qui sillonnaient l’océan Indien et reliait les coins les plus reculés de l’Asie, de l’Afrique, de l’Europe et du Moyen-Orient. La ville portuaire a prospéré entre 200 avant l'ère commune et 850 de notre ère. Au cours de cette époque, cela devait été un lieu pour le commerce des épices, qui transportait des clous de girofle indonésiens et des grains de poivre indiens vers les cuisines du Moyen-Orient et romaines.


Ce site important dans le monde antique reste difficile à étudier pour les archéologues. 


Après des fouilles au début des années 1980, les recherches ont été stoppées en 1984 à cause de la guerre civile sri lankaise. "Manthai était en plein dans la zone rouge" dit Robin Coninghal, archéologue étudiant l'Asie du Sud à l'Université Durham au Royaume-Uni. Ce n’est qu’après la fin des combats en 2009 qu’une équipe, dirigée par le Département d’archéologie du Sri Lanka, a pu retourner sur les lieux pour poursuivre les fouilles.

Eleanor Kingwell-Banham, archéologue à l'Université College de londres, a rejoint l'équipe pour étudier les restes de plantes tamisées sur le site de fouille. Elle a trouvé en abondance des grains de riz cultivés localement, mais aussi des produits plus exotiques, comme du poivre noir carbonisé datant de 600-700 après l'ère commune et un clou de girofle de 900-1100 de l'ère commune. C'est une découverte exceptionnelle et rarissime car les anciens faisaient très attention à leurs épices.

"Les épices étant si précieux que les gens faisaient très attention de ne pas les perdre ou de les brûler" rapporte Kingwell-Banham, "ils avaient plus de valeur que l'or". Le clou de girofle, en particulier, avait dû faire tout un voyage, environ 7000 kilomètres depuis son lieu de pousse dans les Moluques en Indonésie.

Quelques grains de poivre découverts à Manthai.

L'équipe a aussi trouvé des restes qui permettent de relier la cité portuaire à l'ancien monde méditerranéen: des grains de blé transformés datés de 100 à 200 avant l'ère commune et des pépins de raisin datés de 650 à 800 avant l'ère commune. Aucune de ces cultures ne peut pousser sous le climat tropical humide du Sri Lanka, il a donc fallu les importer, peut-être depuis l'Arabie ou du monde romain.


Une cuisine cosmopolite


Kingwell-Banham a précisé que son équipe a étudié les isotopes chimiques absorbés par les plantes afin de déterminer où elles avaient été cultivées. Mais quelle que soit leur origine précise, la coexistence du riz et du blé témoigne de la «cuisine cosmopolite» de Manthai , dans laquelle des aliments locaux et étrangers étaient consommés. La découverte de blé et de raisin à Manthai "est totalement nouvelle, et attire l'attention sur les marchandises transportées de l'Asie du Sud vers le monde romain, et de celles qui vont dans l'autre sens" dit Coningham.

Le clou de girofle millénaire découvert à Manthai.

Y avait-il donc des marchands romains vivant à Manthai qui importaient et cuisinaient les aliments de leur patrie ? "C'est certainement une possibilité" d'après Matthew Cobb, historien qui a étudié les anciens réseaux commerciaux de l'océan Indien à l'Université du pays de Galles Trinity Saint David.

Mais personne n'a encore réussi à trouver de céramique romaine. Reste donc à savoir qui, à Manthai, avait le goût de la cuisine méditerranéenne.


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2.01.2019

Du pigment bleu révèle le rôle des femmes dans la création des manuscrits médiévaux

Au cours du moyen âge européen, l'alphabétisation et les textes écrits étaient en grande partie le domaine des institutions religieuses. Des manuscrits richement illustrés étaient créés dans des monastères à l'usage des membres d'institutions religieuses et pour la noblesse.

Certains de ces manuscrits enluminés étaient embellis avec des pigments et des peintures de luxe, dont des feuilles d'or et du bleu outremer, un pigment rarissime et cher fait à partir de la pierre lapis lazuli.
Les fondations de l’église associées à une communauté religieuse de femmes médiévales à Dalheim, en Allemagne. © Christina Warinner

Dans une étude publiée dans Science Advances, une équipe internationale de chercheurs menée par l'Institut Max Plack pour la Science de l'Histoire Humaine et l'Université de York, a révélé le rôle des femmes dans la création de ces manuscrits grâce une surprenante découverte. En effet, les scientifiques on identifié du pigment de lapis lazuli incrusté dans la plaque dentaire calcifiée d'une femme d'âge moyen enterrée dans un petit monastère de femmes en Allemagne vers 1100 après JC.

Leurs analyses suggèrent que cette femme était probablement une peintre de textes religieux richement illuminés.


Un monastère tranquille dans le centre de l'Allemagne.


Dans le cadre d’une étude sur le calcul dentaire (le tartre sur les dents), les chercheurs ont examiné les restes d'individus qui ont été enterrés dans un cimetière médiéval en lien avec un monastère de femmes sur le site de Dalheim en Allemagne.

Peu d'informations subsistent sur ce monastère et sa date précise de construction est inconnue, si ce n'est qu'une communauté de femmes puisse s'y être formée dès le 10ème siècle après JC

Les plus anciennes données écrites de ce monastère remontent à 1244 après JC. On suppose qu'il abritait environ 14 religieuses depuis sa création jusqu'à sa destruction par le feu suite à une série de batailles au 14ème siècle.

Dans le cimetière, une femme avait de nombreuses taches de pigment bleu dans son calcul dentaire. Elle avait entre 45 et 60 ans lorsqu'elle est morte vers 1000 à 1200 après JC. Son squelette n'avait pas de pathologie particulière, ni aucune évidence de traumatisme ou d'infection. Le seul détail remarquable étaient les particules bleues trouvées sur ses dents.

Calcul dentaire sur la mâchoire inférieure d'une femme médiévale contenant du pigment de lapis-lazuli. © Monica Tromp

"Cela a été une surprise totale, en se dissolvant, le calcul a libéré des centaines de minuscules particules bleues," dit la co-auteure principale Anita Radini, de l'Université de York.

Des analyses délicates utilisant différentes méthodes de spectrographie, dont la spectroscopie à rayons X à dispersion d'énergie, analyse EDS (SEM/EDS) et la spectroscopie micro-Raman, ont révélé que les pigments bleus provenaient de lapis lazuli.


Un pigment aussi rare et cher que l'or.


"Nous avons étudiés plusieurs scénarios pour comprendre comment ce minéral a pu s’incruster dans le calcul des dents de cette femme." explique Radini.

"En se basant sur la distribution du pigment dans sa bouche, nous en avons conclu que le scénario le plus probable était qu'elle peignait elle-même avec le pigment et léchait l'extrémité du pinceau en peignant," rapporte Monica Tromp de l'Institut Max Planck pour la Science de l'Histoire Humaine.

L'utilisation de pigment outremer fabriqué à partir de lapis lazuli était réservé, tout comme l'or et l'argent, aux manuscrits les plus luxueux. "Son utilisation était confiée à des scribes et à des peintres d'une habileté exceptionnelle," ajoute Alison Beach de l'Université d'Etat de l'Ohio, historienne sur le projet.

Le calcul dentaire sur la mâchoire inférieure de la femme du moyen âge. © Christina Warinner

La découverte inattendue d'un pigment aussi précieux dans la bouche d'une femme du 11ème siècle en Allemagne rurale est sans précédent. Alors que l'Allemagne est connue pour avoir été un centre actif de production de livres au cours de cette période, le fait d'identifier la contribution des femmes a été particulièrement difficile.

Par humilité, de nombreux scribes et peintres ne signaient pas leur travail, et c'est une pratique qui s'appliquait particulièrement aux femmes.

La faible visibilité de leur travail dans la production des manuscrits a conduit de nombreux chercheurs modernes à présumer qu'elles n'avaient apporté qu'une faible contribution.

Les découvertes de cette étude remettent non seulement en question les croyances de longue date dans ce domaine, mais révèle aussi l'histoire de la vie d'un individu. Les restes de cette femme étaient à l'origine une découverte relativement anodine dans un endroit relativement anodin, à ce qu'il semblait. Mais en utilisant ces techniques, les chercheurs ont pu découvrir une histoire de vie vraiment remarquable.

"Elle était reliée à un vaste réseau commercial mondial qui s'étend des mines d’Afghanistan à sa communauté de l’Allemagne médiévale en passant par les métropoles commerciales de l’Égypte islamique et de la Constantinople Byzantine. L’économie croissante de l’Europe du XIe siècle a suscité la demande d’un pigment précieux qui parcourait des milliers de kilomètres via une caravane et des navires marchands au service de l’ambition créatrice de cette femme artiste." explique l'historien et co-auteur Michael McCormick de l'Université d'Harvard.

"Nous avons ici des preuves directes d’une femme, non seulement en train de peindre, mais de peindre avec un pigment très rare et coûteux, et dans un endroit très isolé." explique Christina Warinner de l'Institut Max Planck pour la Science de l'Histoire Humaine, "l'histoire de cette femme aurait pu rester cachée à jamais sans l'utilisation de ces techniques. Je me demande combien d'autres artistes on pourrait trouver dans des cimetières médiévaux".


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1.23.2019

Des centaines de minuscules guerriers en terre cuite retrouvés sur un site chinois vieux de 2100 ans

C'est dans une fosse que des archéologues ont découvert une sorte d'armée miniature: des chars soigneusement disposés, des mini statues de cavaliers, des tours de guet, des fantassins et des musiciens.

Ils ressemblent à une version miniature de l'armée de terre cuite qui fut construite pour Qin Shi Huang, premier empereur de Chine.

D'après la conception de ces artéfacts, les spécialistes pensent que la fosse a été créée il y a environ 2100 ans, près d'un siècle après la construction de l'armée en terre cuite.

Des centaines de minuscules guerriers en terre cuite retrouvés sur un site chinois vieux de 2100 ans
Une ancienne fosse de 2100 ans contenant une mini armée en argile en Chine. Credit: Photo courtesy Chinese Cultural Relics

La partie sud de la fosse est remplie de formations de cavalerie et de chariots, avec des modèles de tours de guet qui font 140cm de haut. Au centre de la fosse, il y a quelque 300 fantassins en alerte en formation carrée; enfin, dans la partie nord se trouve un modèle de pavillon théâtral abritant de petites sculptures de musiciens.


"La forme et l'échelle de la fosse suggèrent que l'ensemble accompagnait un grand site funéraire" ont écrit les archéologues dans un article paru dans le journal Chinese Cultural Relics, "les véhicules, cavaliers et fantassins en formation carré étaient réservés pour les enterrements des monarques, des fonctionnaires méritants ou des princes."

En se basant sur la datation, la taille et le lieu de la fosse, les archéologues estiment que cette nouvelle armée découverte a été construite pour Liu Hong, un prince de Qi, fils de l'empereur Wu (qui régna de 141 à 87 avant JC). Hong habitait à Linzi, une cité chinoise située non loin de cette fosse. Il est mort en 110 avant JC.

"Des sources textuelles indiquent que Liu Hong fut installé en tant que prince de Qi, alors qu'il était assez jeune, et il est malheureusement décédé tôt, sans héritier," écrivent les archéologues dans l'article..


Ou se trouve le tombeau ?


Si la fosse et son armée de terre cuite étaient destinées à protéger Liu Hong, ou un autre membre de la famille royale, dans l’au-delà, alors une tombe devrait se situer non loin de là supposent les chercheurs. "Il y a peut-être des vestiges architecturaux ou un chemin sortant de la fosse, mais il n'y a aucun moyen d'explorer la chambre funéraire principale" ajoutent-ils, notant que le tombeau lui-même a dû être détruit.

Des centaines de minuscules guerriers en terre cuite retrouvés sur un site chinois vieux de 2100 ans

D'anciens habitants de la région ont rapporté des descriptions d'un important monticule de terre, de 4 mètres de haut, près de la fosse. Quelque part dans les années 1960 ou 1970, des travailleurs ont enlevé la terre et aplati l'endroit afin d'élargir le chemin de fer Jiaonan-Jinan. Cela est corroboré par une photographie aérienne prise en 1938 par les forces aériennes japonaises: elle montre un probable tertre funéraire près de la voie ferrée.


De grandeur nature à une taille miniature.


La fosse de l'armée de terre cuite trouvée près de la tombe du premier empereur de Chine est le seul exemple connu d'une armée de soldats en céramique grandeur nature en Chine. Peu après la mort du premier empereur en 210 avant JC, sa dynastie, connue sous le nom de dynastie Qin, s’est effondrée et une nouvelle dynastie, connue sous le nom de Han, a pris le contrôle du pays.

Certains dirigeants de la dynastie Han ont continué à construire des fosses avec des armées de soldats en céramique pour leur tombeau, mais ils étaient considérablement plus petits. Par exemple, les sculptures d'infanterie dans la récente découverte ne font que 22 et 31cm de haut.


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