8.31.2018

Les perles du chapelet de la cathédrale St Albans restent un mystère

Les restes avaient été mis au jour lors de travaux de fouilles à la cathédrale St Albans au nord de Londres.

D'après les spécialistes, les perles du chapelet suggèrent une inhumation catholique dans ce qui semblait être un cimetière de l'Église d'Angleterre.

Les perles du chapelet de la cathédrale St Albans restent un mystère
Photo: St Albans Cathedral 

Le directeur du site, Ross Lane, rapporte que cela est très inhabituel et que c'est la seule, parmi les 80 tombes mises au jour, à avoir des "artéfacts" qui lui sont associés. "Cela suggère que l'individu était catholique dans un cimetière majoritairement protestant" dit-il.

Des tests doivent être menés afin de savoir pourquoi cette tombe se trouvait en ce lieu.

La société archéologique de Canterbury a mené les fouilles sur le site pendant trois mois avant la construction d'un nouveau centre d'accueil.

Les données suggèrent que les restes de 170 personnes ont été enterrés dans la cour de l'église qui remonte aux années 1750 à 1850.


Des analyses scientifiques pour en savoir plus


Lane ajoute que les perles étaient "enveloppées" autour de la main droite d'un "jeune individu" et retombait sur ses jambes: "Ce serait une façon de faire catholique ... et c'est un mystère".

Les perles du chapelet de la cathédrale St Albans restent un mystère
Photo: St Albans Cathedral

Il pourrait y avoir plusieurs raisons pour cela: ce pourrait être une inhumation plus ancienne, ou bien un visiteur à St Albans venu de plus loin  pris dans une épidémie et enterré...

La cathédrale de St Albans remonte à l'époque normande et est le plus ancien lieu de culte chrétien continu dans le pays.

Elle se trouve sur le site où le premier saint britannique, St Alban, citoyen de Verulamium, a été martyrisé par les Romains. Verulamium était la troisième plus grande ville britto-romaine de la province romaine de Bretagne.
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8.21.2018

Une tombe intacte d'une ancienne femme noble mise au jour sur l'île de Sikinos dans les Cyclades

Des archéologues ont fait une découverte passionnante sur le site de fouilles d'Episkopi dans l'île de Sikinos en Grèce.

Une tombe intacte d'une ancienne femme noble mise au jour sur l'île de Sikinos dans les Cyclades

Ils ont en effet trouvé la tombe intacte d'une femme ornée de trésors et de bijoux. La découverte a été faite lors des travaux de restauration du monument d'Episkopi que le Ministère de la Culture et des Sports effectue depuis 2017 avec le Cyclades Ephorate of Antiquities: "La richesse des bijoux portés par la femme montre qu’elle était une figure importante de la société Sikinos Dans la tombe ont été trouvés des bracelets en or, des bagues, un collier, une broche en relief avec des vases en verre et en métal; d'autres plus petites trouvailles, ainsi que des fragments organiques du costume des morts, se trouvaient autour de la tombe".

La tombe en forme de boîte était située dans une partie cachée du site souterrain d'Episkopi, apparemment pour éviter les pilleurs de tombes.

Une tombe intacte d'une ancienne femme noble mise au jour sur l'île de Sikinos dans les Cyclades

Une tombe intacte d'une ancienne femme noble mise au jour sur l'île de Sikinos dans les Cyclades

D'après une estimation, le bâtiment, datant de l’antiquité tardive et qui a servi par la suite d’église chrétienne à l’ère byzantine, devait être un impressionnant mausolée bâtie pour cette femme.

Une inscription funéraire découverte sur le monument cite le nom de "NeikO", épelé Νεικώ, en grec.
.
Le monument en lui-même ressemble à un temple, et, en raison de sa hauteur, il est considéré comme unique dans le monde grec.

Un village a été construit autour du monument au cours des siècles suivants, ainsi qu'un monastère et des chapelles.


Merci à Audric pour l'info !

Source:
Tornos news: "Untouched grave of ancient noblewoman comes to light in island of Sikinos"


8.20.2018

Une boucle d'oreille en or rarissime découverte à Jérusalem

L'Autorité des antiquités d'Israël (IAA) et les archéologues de l’Université de Tel Aviv ont découvert une boucle d'oreille en or vieille de 2000 ans. Elle a été trouvée au cours des fouilles d'un parking dans le parc national de la Cité de David qui entoure les murs de la vieille ville de Jérusalem.

Une boucle d'oreille en or rarissime découverte à Jérusalem

Une boucle d'oreille en or rarissime découverte à Jérusalem
Photos de la boucle d'oreille qui porte la tête d'un animal à cornes avec de grands yeux, une bouche et d'autres traits du visage. (Israel Antiquities Authority)

La boucle d'oreille magnifiquement conçue a un animal à cornes au sommet. C'est la première découverte de ce genre concernant une époque où la vie juive était centrée autour du temple.

L'équipe a daté la boucle d'oreille au deuxième ou troisième siècle avant JC, lors de la période hellénistique.


C'est une découverte enthousiasmante car elle aide à comprendre l’influence de la culture grecque à Jérusalem à cette époque.

"Le bijou a été trouvé à l'intérieur d'une construction qui a été mise au jour pendant les fouilles; elle remontait au début de la période hellénistique, une époque fascinante sur laquelle nous en savons très peu de chose à Jérusalem" ont déclaré le professeur Yuval Gadot de l'Université de Tel Aviv, et l'archéologue de l'IAA, le Dr Yiftah Shalev, co-directeur des fouilles.

"On ne sait  pas si la boucle d'oreille était portée par un homme ou une femme, nous ne connaissons pas non plus leur identité culturelle ou religieuse, mais nous pouvons dire avec certitude que celle ou celui qui portait cette boucle d'oreille appartenait définitivement à la classe supérieure de Jérusalem" ajoutent-ils.
Une boucle d'oreille en or rarissime découverte à Jérusalem
La boucle d'oreille a été découverte dans le parc national de la cité de David encerclant les anciens remparts de la ville. (Israel Antiquities Authority)

Des boucles d'oreille comme celle-ci ont été découvertes en Grèce et dans d'autres régions du bassin méditerranéen, mais les archéologues israéliens ont en trouvé très peu, comme celle-ci, et la plupart sur la côte.

Ce qui rend cette boucle d'oreille unique est le fait qu'elle a été trouvée dans Jérusalem.

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8.09.2018

La carte interactive des forts romains du Mur d'Hadrien

La carte intéractive des forts romains du Mur d'Hadrien

Le Mur d'Hadrien (Vallum Hadriani) était une fortification défensive construite par l'empire romain afin de séparer la province de Britannie des terres du nord de la Caledonie (Ecosse).

La construction a commencé en 122 après JC au cours du règne de l'empereur Hadrien et allait de la rivière Tyne près de la Mer du Nord jusqu'au golfe de Solway dans la mer d'Irlande.




Pour la version en plein écran, Cliquez ici
 
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Les articles paru sur ce blog concernant le Mur d'Hadrien:

8.07.2018

Des bijoux en or découverts dans un tertre funéraire situé dans les montagnes du Kazakhstan

Près de 3000 objets précieux et en or ont été mis au jour par des archéologues fouillant un tertre funéraire dans les montagnes reculées de Tarbagataiau au Kazakhstan.
Le trésor, décrit comme princier, aurait appartenu à des membres de l'élite ou de la royauté du peuple Saka qui a régné en Asie centrale huit siècles avant notre ère.

Des bijoux en or découverts dans un tertre funéraire situé dans les montagnes du Kazakhstan
Une partie du trésor découvert par les archéologues dans un tumulus dans les montagnes reculées de Tarbagata. Photo: Oleg Belyalov-east2west news

Parmi les découvertes, vieilles de 2800 ans, se trouvent des boucles d'oreille en forme de cloche, des plaques en or avec des rivets, des chaines et un collier incrusté de pierres précieuses.

Des perles d'or décorant les vêtements ont été réalisées à l'aide de techniques sophistiquées de micro-soudure, ce qui indique un niveau exceptionnel de compétences en création de bijoux pour cette période.
La complexité des bijoux témoigne d'un artisanat sophistiqué il y a 2 800 ans. Photo: East-Kazakhstan region/east2west news

 Photo: East-Kazakhstan region/east2west news

 Les petites plaques en or avec des rivets. Photo: East-Kazakhstan region/east2west news

Photo: East-Kazakhstan region/east2west news

Les archéologues s'attendent à trouver les restes d'un couple prestigieux, les propriétaires du trésor, mais ils n'ont pas encore accédé aux tombes.

Le Professeur Zainolla Samashey, en charge des fouilles rapporte qu'un "grand nombre de trouvailles de valeur dans ce tumulus nous laisse penser qu'un homme et une femme sont enterrés ici, des personnes régnantes ou des gens ayant appartenu à l'élite de la société Saka".

Pour Danial Akhmetov, responsable de la région de l'Est-Kazakhstan: "cette découverte nous donne une vision totalement différente de l'histoire de notre peuple".  Les anciens avaient manifestement des compétences exceptionnelles dans le domaine de l’extraction, de la vente et de la fabrication de bijoux, a-t-il déclaré.

Il y a quelque 200 tertres funéraires sur le plateau d'Eleke Sazy où ces trésors ont été découverts, mais de nombreux autres ont été pillés en des temps reculés. Le plateau aux riches pâturages était considéré comme un "paradis" par les rois Saka.

 Photo: East-Kazakhstan region/east2west news

Photo: East-Kazakhstan region/east2west news

Les premiers bijoux ont été extraits ici il y a deux ans, même si, à l'époque du dirigeant russe Pierre le Grand, des trésors ont été retirés. Malgré cela, les experts espèrent trouver davantage de vestiges avec des artéfacts en or du peuple Saka. "Il y a beaucoup de tumulus ici et les perspectives sont très grandes," rapporte l'archéologue en chef kazakh, Yerben Oralbai.

Le peuple Saka était une branche des scythes, une civilisation nomade avancée en Asie centrale s'étendant jusqu'à la Sibérie.

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8.01.2018

Le dernier repas d'Otzi comprenait du gras, de la viande de gibier, et des céréales

D'après des scientifiques, Ötzi, l'Homme des Glaces, s'est rempli l'estomac de gras, avant de se lancer dans un voyage de chasse qui s'est terminé par sa mort sanglante sur un glacier dans les Alpes orientales il y a 5 300 ans.

La première analyse approfondie du contenu de l'estomac du chasseur a révélé que la moitié de son repas se composait de graisse animale, principalement d'une espèce de chèvre sauvage connue sous le nom de bouquetin des Alpes.

Les scientifiques prélèvent des échantillons de l'estomac d'Ötzi l'homme des glaces, mort dans les Alpes orientales il y a 5 300 ans. Photo: M.Samadelli/urac/Southtyrolarchaeologymuseum 

Alors que les chercheurs avaient déjà étudié les restes de nourriture dans les intestins d'Ötzi, un aperçu plus complet de son dernier festin avait été retardé parce qu'ils ne parvenaient pas à trouver son estomac. Il a finalement été localisé à l'aide d'un scanner, retroussé sous sa cage thoracique près de ses poumons rétrécis.


Un repas riche en graisse


"C'était surprenant de voir ce régime extraordinairement riche en graisses" rapporte Frank Maixner de l'Institut de Recherche Eurac pour l'Etude des Momies à Bolzano en Italie, "il savait clairement que la graisse était une source d'énergie importante et il a vraiment composé son régime alimentaire pour survivre à haute altitude." Le dernier repas d'Ötzi pourrait l'avoir fortifié pour un voyage de chasse qui a duré plusieurs jours dans les Alpes, mais cela n'a probablement pas été un festin des plus agréables.

Maixner a essayé le bouquetin. Il rapporte que la viande n'est pas trop mauvaise, mais n'a pas trouvé de mot pour décrire l'expérience consistant à manger la graisse sous-cutanée de l'animal: "Le goût est vraiment..., bon, c'est horrible. Et ils n'avaient pas de sel à l'époque".

A: Ötzi et le contenu de son estomac. B: fibres de viande de son estomac. C: restes de végétaux.  Photo: Frank Maixner/Eurac Research/Institute for Mummy Studies 

Des touristes allemands avaient découvert le corps de l'âge du cuivre en 1991 alors qu'ils randonnaient à 3200 mètres dans les Alpes de l'Ötztal près de la frontière entre l'Autriche et l'Italie. Ils croyaient que le corps, qui allait être plus tard surnommé Ötzi, était celui d'un alpiniste moderne. Mais, suite aux fouilles, les restes bien conservés ont été estimés à plus de 5000 ans d'âge.

Le chasseur, qui devait avoir 45 ans lorsqu'il est mort, était vêtu d'un manteau tissé et il portait des jambières et des chaussures en cuir. Il était recouvert de tatouages simples et portait une hache de cuivre, un couteau et des flèches à pointe de silex.


Des traces de fougère toxique dans son estomac


Le corps d'Ötzi est entreposé à -6 ° C pour s'assurer que les restes ne se détériorent pas. Aussi, pour analyser son contenu stomacal, Maixner, membre d'une équipe internationale de scientifiques, a dû décongeler partiellement le cadavre pour recueillir des échantillons afin de vérifier les restes de son dernier repas.

Grâce à une combinaison de méthodes comprenant des correspondances ADN et des inspections microscopiques, les chercheurs ont trouvé des traces de viande de cerf rouge et de bouquetin, du blé ancien et beaucoup de graisse de bouquetin.
Ils ont également découvert de multiples traces de fougères toxiques, ce qui a rendu les scientifiques perplexes.

Les chercheurs spéculent, dans Current Biology, sur le fait qu'Otzi mangeait de la fougère toxique pour se débarrasser des parasites responsables de la trichocéphalose, et qui avait été découvert dans ses intestins précédemment.

Mais Maixner préfère d'autres explications. Ötzi a pu manger les fougères comme supplément alimentaire, une pratique connue parmi certains groupes indigènes. "Une autre possibilité est qu'il avait enveloppé sa viande séchée dans des feuilles de fougère; une partie est  ainsi entrée dans son intestin involontairement," ajoute-t-il. En attendant, la plante ne lui a pas été fatale.

La découverte, en 2001, qu'une pointe de flèche avait brisé l'omoplate d'Ötzi, amène à penser que les événements ont mal tourné ce jour-là. "La théorie actuelle est qu'il a saigné et est mort sur le glacier" ajoute Maixner.

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7.29.2018

Un fermier découvre des objets en or préhistoriques à Donegal, en Irlande

Un agriculteur du Comté de Donegal en Irlande, a découvert des objets en or  qui seraient vieux de plusieurs milliers d'années. Norman Witherow a trouvé ces artéfacts alors qu'il creusait une tranchée pour poser un drain dans un champ, près de Convoy.

Les objets sont restés dans un coffre jusqu'à ce qu'un ami, bijoutier, lui dise qu'il fallait le signaler.

Un fermier découvre des objets en or préhistoriques à Donegal, en Irlande
Les quatre objets en or trouvés à Co Donegal.

Les observations initiales faites par l'équipe du Musée National d’Irlande ont permis de dater l'or de la période de l'âge du bronze, voire plus tôt. Chaque pièce mesure environ 10cm de diamètre et ensemble, ils pèsent environ 30 grammes.

"Je ne pouvais pas savoir de quoi il s'agissait, ils étaient recouverts d'argile et nous ne savions pas s'ils étaient en or ou même en cuivre. Nous n'avions aucune idée de la valeur et nous n'avons certainement pas apprécié leur importance quand nous les avons découverts", rapporte M. Witherow

Maeve Sikora, conservateur de la collection antiquités irlandaises du Musée National, est arrivé de Dublin pour récupérer les objets. La trouvaille a été initialement remise au Donegal County Museum, qui a ensuite rapporté la découverte en raison de son importance archéologique.

Caroline Carr, assistante conservatrice au Donegal County Museum, a félicité M. Witherow pour l'avoir alertée: "Norman a contacté les autorités compétentes et a suivi toutes les procédures, puis je suis allée, en tant que représentante du musée national, vérifier le site et m'assurer que tout était légal, avant d'envoyer Maeve récupérer les objets pour une analyse complète."

L'endroit où les artéfacts en or ont été découverts. Photo: Margaret McLaughlin

"C'est une découverte unique dans notre comté et nous sommes absolument ravis" ajoute Carr. Elle ne pense pas que les artéfacts sont des bracelets mais peut-être une sorte de monnaie. Il est espéré que les articles retourneront au Donegal County Museum à une date ultérieure une fois que les analyses seront connues.

Le musée devra faire une demande pour leur retour, mais Carr dit "suivre l'affaire" et ajoute que les résultats sont une priorité et ils devraient arriver sous peu.

M. Witherow souhaite également visiter ses découvertes au musée de Dublin. "Bien sûr, nous allons voyager pour voir l'exposition, mais heureusement, ils devraient être de retour à Letterkenny assez rapidement."

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7.24.2018

Le commerce par les nomades était-il crucial à la naissance des villes ?

Il y a environ 4000 ans, dans le palais royal de la cité mésopotamienne de Mari, le roi Zimri-Lim se réveillait d'un cauchemar dans lequel des nomades du désert environnant avaient capturé sa femme. Les archéologues ont longtemps pensé que cette peur de Zimri-Lim, décrite dans un texte cunéiforme, reflétait le rôle clé que jouaient les nomades dans les débuts de la vie urbaine.

Voyageant sur des centaines de kilomètres pour chercher des pâturages, les éleveurs ont longtemps été perçus comme les architectes des réseaux de commerce longue distance qui aurait aidé à stimuler la montée de la première civilisation du monde, vers 3000 avant l'ère commune, dans ce qui est aujourd'hui l'Irak.

Le commerce par les nomades était-il crucial à la naissance des villes ?
Des bergers comme ci-dessus  surveillant des moutons et des chèvres en Azerbaïdjan ont longtemps été considérés comme ayant joué un rôle crucial dans le commerce qui a stimulé les villes les plus anciennes du monde. Emily Hammer

Comme les traces physiques de ces anciens éleveurs sont souvent presque invisibles, les chercheurs se sont jusqu'ici largement appuyés sur des études comparatives des nomades du Moyen-Orient du 20ème siècle pour construire cette image.


Mais aujourd'hui les archéologues utilisent de plus en plus de nouvelles méthodes pour lire les faibles indices laissés par les anciens nomades.


Armés de données provenant de déjections animales, d'ossements, de tartres dentaires et de restes végétaux, ces chercheurs suggèrent que les éleveurs sont restés principalement près des zones urbaines spécifiques et répondaient à leurs besoins, plutôt que de se déplacer entre des villes éloignées.

"Ils ne voyageaient pas sur de longues distances, donc ils ne sont pas le conduit naturel du commerce" rapporte Emily Hammer, archéologue à l'Université de Pennsylvanie. Ce propos, qu'elle a exposé, avec Ben Arbuckle, de l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, sont exposés dans un article paru dans le Journal of Archaeological Research.

Cette conclusion a déclenché un intense débat sur les débuts de la vie urbaine.

Pour Abbas Alizadeh, de l'Université de Chicago en Illinois, qui a aussi passé des décennies à étudier les éleveurs comme les Bakhtiari dans le sud-ouest de l'Iran, Hammer et Arbuckle "ont tout faux. Je parie qu'ils n'ont jamais vu un nomade au cours de leur vie".

Les archéologues s'accordent généralement à dire que peu de temps après que les hommes aient commencé à cultiver au Proche-Orient il y a environ 10 000 ans, les éleveurs ont commencé à prendre soin des moutons, chèvres et bovins nouvellement domestiqués.

Cependant, les chercheurs ne débattent que sur le moment où ces groupes ont commencé à parcourir de longues distances dans un cycle saisonnier pour chercher des pâturages plus verts.

Alizadeh et d'autres archéologues estiment que les éleveurs sur les franges de la Mésopotamie ont migré sur des centaines de kilomètres il y a 7000 ans avant l'ère commune. Leur hypothèse repose sur les déplacements des éleveurs modernes qui mènent des troupeaux de moutons et de chèvres dans les vallées escarpées des monts Zagros en Irak et en Iran.

Les chercheurs  soulignent également les fouilles des villages saisonniers et des tombes qui suggèrent une vie itinérante préhistorique.

Lorsque les premières zones urbaines sont apparues, les pierres précieuses, les métaux et le bois d'Afghanistan, d'Iran et d'Anatolie ont afflué dans le sud de la Mésopotamie. En 2000 avant notre ère, un système de commerce organisé fournissait des matériaux d'aussi loin que la civilisation de l'Indus à l'est et aussi loin vers l'ouest que le Levant, avec la richissime cité-état d'Ur.
 
L'archéologue Emily ​Hammer examine des fondations en pierre, un marqueur de l'ancienne vie d'éleveur, sur un site turc où les éleveurs modernes continuent de dresser leurs tentes.

Bien que les archéologues aient longtemps pensé que les éleveurs nomades étaient un conduit clé, peu d'anciens textes mentionnent ceux qui transportaient ces marchandises. "Le commerce est textuellement presque invisible" dit Piotr Michalowski, spécialiste cunéiforme à l'Université de Michigan à Ann Arbor, "Nous ne savons pas comment ils géraient leurs affaires."


Les animaux se nourrissaient dans le voisinage plutôt que dans des prairies éloignées.


Les nouvelles techniques suggèrent qu'avant 1000 avant notre ère, les éleveurs de Jordanie, Syrie, Turquie et Iran restaient trop près de leur foyer pour avoir servi d'intermédiaires internationaux.

Sur un site à Amman, par exemple, Cheryl Makarewicz, archéologue à l'Université allemande de Kiel, a analysé l'émail des dents de mouton et de chèvre daté d'environ 7000 avant l’ère commune pour les rapports des isotopes de carbone et d'oxygène. Comme ces isotopes peuvent refléter le sol et l'eau locale, ils peuvent fournir une empreinte géographique de l'endroit où un animal a pâturé.
Elle a ainsi découvert que les animaux se nourrissaient dans le voisinage plutôt que dans des prairies éloignées.

Dans la ville de Çatalhöyük en Turquie, datant de 7000 avant l'ère commune, une autre équipe a analysé des isotopes de carbone et d'azote à partir de l'émail des dents de moutons et de chèvres; elle a vu, là aussi, que les animaux pâturaient dans les environs. Leur bouse a également révélé qu'ils mangeaient plus de fourrage que de l'herbe sauvage, signe que les animaux vivaient principalement dans des enclos plutôt que d'errer sur de longues distances.

Plus tard, lorsque les villes ont commencé à émerger, Hammer et Arbuckle, ainsi que l'archéologue Dan Potts de l'Université de New-York, soutiennent que les éleveurs sont restés en grande partie dans la périphérie pour répondre à la demande urbaine de viande et de lait, ainsi que pour la laine qui a contribué à l'industrie textile mésopotamienne.

"Ce sont des centres de traitement du bétail", note Hammer, "vous ne pouvez donc amener les animaux trop loin".


Les marchandises circulaient par le biais des réseaux sociaux


Si les nomades n'étaient pas les commerçants à longue distance du monde antique, la plupart des marchandises ont dû être déplacées par d'autres moyens, et des découvertes au cours de la dernière décennie suggèrent une possibilité.

Les archéologues ont en effet remarqué que les cités et villes étaient bien plus courantes dans le moyen orient de l'âge du bronze qu'on ne le pensait. Cela aurait permis au commerce d'être soutenu par les réseaux sociaux, tels que les mariages royaux et des marchands voyageurs plutôt que des nomades, explique Potts.

Des textes datant de 1900 avant l'ère commune, trouvés dans la ville anatolienne de Kanesh, décrivent comment des familles marchandes ont organisé des caravanes d'ânes qui ont traversé 1000 kilomètres pour atteindre Assur, une ville au sud de Mossoul en Irak. "Ce sont des citadins, et il n'y a pas de raison de penser que cela ne se passait pas en 3000 avant notre ère ou même 3500 avant notre ère", ajoute-t-il.

Michalowski est d'accord: "Il y avait beaucoup d'entrepreneurs, et le commerce semble avoir été principalement entre des mains privées. On n'a pas besoin d'invoquer des éleveurs mobiles.". Ce n'est que lorsque les dromadaires ont été domestiqués au premier millénaire avant notre ère que les nomades ont commencé de longues randonnées saisonnières, disent Hammer, Arbuckle et Potts.

"Nous ne nions pas l'existence des éleveurs" explique Hammer, "mais seulement le fait qu'ils voyageaient sur de longues distances et vivaient dans des tentes. Nous avons les ossements, les campements et la paléobotanique qui le montrent".

Beaucoup de leurs collègues n'en sont pas persuadés. "Si cela est vrai, alors c'est révolutionnaire" ajoute Guillermo Algaze, un archéologue de l'Université de Californie San Diego. Mais il pense toujours que les éleveurs nomades étaient le ciment qui entretenaient des réseaux commerciaux étendus dans les sociétés urbaines anciennes.

Steve Rosen, archéologue à l'Université Ben Gourion du Néguev à Beersheba, en Israël, loue l'approche de Hammer et Arbuckle. Mais il a trouvé une série de sites archéologiques dans le désert du Néguev indiquant, qu'au moins ici, les éleveurs utilisaient des ânes pour traverser plus de 100 kilomètres de terrain accidenté dès 3000 av. J.-C.

De nouvelles données de Mésopotamie, telles que les analyses d'ossements et de bouses d'animaux provenant des fouilles renouvelées à Ur, où Hammer a récemment travaillé, pourraient aider à clore le débat.

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