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11.05.2024

Des chercheurs ont découvert que des motifs sur d'anciens cylindres de pierre correspondaient à l'origine de l'écriture en Mésopotamie

Les origines de l'écriture en Mésopotamie se trouveraient dans les images imprimées par d'anciens sceaux cylindriques sur des tablettes d'argile et d'autres objets. 

Un groupe de recherche de l'Université de Bologne a identifié une série de corrélations entre les motifs gravés sur ces cylindres, datant d'environ six mille ans, et certains des signes de l'écriture proto-cunéiforme qui a émergé dans la ville d'Uruk, située dans ce qui est aujourd'hui le sud de l'Irak, vers 3000 avant J.-C.

Des chercheurs ont découvert que des motifs sur d'anciens cylindres de pierre correspondaient à l'origine de l'écriture en Mésopotamie 
Exemple de sceau-cylindre (à gauche) et de son dessin imprimé sur l'argile (à droite). Crédit : Franck Raux 2001 GrandPalaisRmn (Musée du Louvre)


L'étude, publiée dans Antiquity ("Sceaux et signes : retracer les origines de l'écriture dans l'Asie du Sud-Ouest ancienne"), ouvre de nouvelles perspectives pour comprendre la naissance de l'écriture et pourrait aider les chercheurs non seulement à mieux comprendre la signification des motifs sur les sceaux cylindriques, mais aussi à déchiffrer de nombreux signes encore inconnus en proto-cunéiforme.

"Le saut conceptuel du symbolisme pré-écriture à l'écriture est une avancée significative dans les technologies cognitives humaines", explique Silvia Ferrara, professeure au département de philologie classique et d'études italiennes de l'université de Bologne et chercheuse principale. "L'invention de l'écriture marque la transition entre la préhistoire et l'histoire, et les résultats de cette étude comblent ce fossé en illustrant comment certaines images préhistoriques tardives ont été incorporées dans l'un des premiers systèmes d'écriture inventés."

Uruk, l'une des premières villes à avoir émergé en Mésopotamie, était un centre d'une importance capitale tout au long du quatrième millénaire avant notre ère, exerçant une influence sur une vaste région s'étendant du sud-ouest de l'Iran au sud-est de la Turquie.

Dans cette région, des sceaux cylindriques ont été créés. Généralement fabriqués en pierre et gravés d'une série de motifs, ces cylindres étaient roulés sur des tablettes d'argile, laissant une empreinte estampée du motif.

À partir du milieu du quatrième millénaire avant notre ère, les sceaux cylindriques ont été utilisés dans le cadre d'un système comptable pour suivre la production, le stockage et le transport de divers biens de consommation, notamment les produits agricoles et textiles.

 
Diagrammes de signes proto-cunéiformes et de leurs précurseurs issus de sceaux pré-alphabétiques. Crédit : CDLI - Cuneiform Digital Library Initiative

C'est dans ce contexte qu'est apparu le proto-cunéiforme : une forme d'écriture archaïque composée de centaines de signes pictographiques, dont plus de la moitié restent indéchiffrés à ce jour. Comme les sceaux cylindriques, le proto-cunéiforme était utilisé à des fins comptables, bien que son utilisation soit principalement documentée dans le sud de l'Irak.

"La relation étroite entre les sceaux antiques et l'invention de l'écriture en Asie du Sud-Ouest est reconnue depuis longtemps, mais la relation entre des images de sceaux spécifiques et des formes de signes n'a guère été explorée", explique Ferrara. "C'était notre question de départ : l'imagerie des sceaux a-t-elle contribué de manière significative à l'invention des signes dans la première écriture de la région ?"

Pour trouver une réponse, les chercheurs ont systématiquement comparé les motifs des cylindres avec les signes proto-cunéiformes, à la recherche de corrélations susceptibles de révéler des relations directes à la fois dans la forme graphique et dans le sens.

"Nous nous sommes concentrés sur l'imagerie des sceaux qui est née avant l'invention de l'écriture, tout en continuant à se développer au cours de la période proto-alphabète", ajoutent Kathryn Kelley et Mattia Cartolano, tous deux chercheurs à l'Université de Bologne et co-auteurs de l'étude. "Cette approche nous a permis d'identifier une série de dessins liés au transport de textiles et de poteries, qui ont ensuite évolué vers des signes proto-cunéiformes correspondants."

Cette découverte révèle, pour la première fois, un lien direct entre le système des sceaux cylindriques et l'invention de l'écriture, offrant de nouvelles perspectives pour étudier l'évolution des systèmes symboliques et d'écriture.

"Nos résultats démontrent que les dessins gravés sur les sceaux cylindriques sont directement liés au développement du proto-cunéiforme dans le sud de l'Irak", confirme Silvia Ferrara. "Ils montrent également comment la signification initialement associée à ces dessins a été intégrée dans un système d'écriture."

Liens vers l'étude: 


1.31.2014

D'après une ancienne tablette d'argile, l'arche Mésopotamienne était un coracle...

Le mythe de l'arche se retrouve dans différentes cultures et religions. Il s'agissait d'un bateau qui devait sauver les animaux et quelques hommes d'une inondation catastrophique.

Un éminent universitaire a récemment déclaré qu'une tablette vieille de 4000 ans, de l'ancienne Mésopotamie, a été déchiffrée. Elle révèle de nouveaux détails sur les racines de l'histoire de Noé.

La tablette d'argile vieille de 4000 ans contenant l'histoire de l'arche et du déluge est exposée au British Museum à Londres 

Elle raconte une histoire similaire, avec les instructions détaillées pour la construction d'un navire rond géant, ou coracle,  ainsi que l'instruction clé selon laquelle les animaux devraient entrer «deux par deux».

La tablette est aujourd'hui exposée au British Museum, et bientôt, des ingénieurs vont suivre ces anciennes instructions pour voir si le navire pouvait effectivement naviguer.

Elle fait également l'objet d'un nouveau livre, "L'Arche avant Noé" (The Ark Before Noah: Decoding the Story of the Flood) écrit par Irving Finkel, gardien adjoint de la section Moyen-Orient du musée. Il est aussi l'auteur de la traduction de la tablette.

Irving Finkel, conservateur en charge des tablettes d'argile cunéiformes au British Museum, pose avec l'ancienne tablette d'argile. 


Finkel l'obtint il y a quelques années, lorsqu'un homme donna une tablette endommagée à son père. Il l'avait acquis au Moyen-Orient après la Seconde Guerre mondiale.

Elle est brun clair, a la taille d'un téléphone mobile, et est couverte de l'écriture cunéiforme des anciens Mésopotamiens.

"Ce fut vraiment un moment à couper le souffle, la découverte que le bateau devait être rond", dit Finkel, qui arbore une longue barbe grise, une queue de cheval et un enthousiasme sans bornes pour son sujet, "c'était une vraie surprise".

Un coracle indien de nos jours. Source: Wikipédia

Finkel pense qu'un bateau rond est plausible. Les coracles ont été largement utilisés comme taxis fluviaux dans l'Irak antique et étaient parfaitement conçus pour flotter sur les eaux torrentielles en crues.
"C'est une chose parfaite", explique-t-il,  "il ne coule pas et il est léger à transporter."

Elizabeth Stone, experte sur ​​les antiquités de l'ancienne Mésopotamie à l'Université Stony Brook de New York, a déclaré qu'il était logique que les anciens Mésopotamiens dépeignaient leur arche mythologique sous cette forme.

La tablette donne les instructions d'un dieu mésopotamien pour la construction d'un navire géant, les deux tiers de la taille d'un terrain de football, en corde, renforcé par des cadres en bois et recouvert de bitume.
Finkel précise que sur le papier (ou pierre) les ordres de construction du bateau semblent solides, mais il ne sait pas encore s'il a pu flotter.

Un documentaire télévisé doit être diffusé plus tard dans l'année pour suivre la tentative de construction de l'arche selon cet ancien "manuel".

L'histoire du déluge se retrouve dans les écrits ultérieurs de Mésopotamie, dont l'Épopée de Gilgamesh. Cependant, ces versions n'ont pas les instructions techniques, coupées selon Finkel, car elles devaient être transmises oralement.

Finkel n'a aucun doute: "je suis sûr que l'histoire du déluge et d'un bateau pour sauver la vie est une invention de Babylone".

Mais il ne pense pas que la tablette prouve que l'arche décrite dans la Bible existait. Il estime plus probable qu'une véritable inondation dévastatrice a fait son chemin dans la mémoire populaire, et y est resté depuis.
"L'idée que les inondations sont causées par le péché est toujours vivante aujourd'hui...", il rapporte ainsi qu'un conseiller local en Angleterre a fait récemment l'actualité en ayant affirmé que les récentes tempêtes de Grande-Bretagne avaient été causées par la légalisation du mariage homosexuel. "Si j'avais su, il serait allé dans la préface du livre," s'est exclamé Finkel.


Merci à Thierry Lamblin pour la suggestion de cet article.

Source: