Des scientifiques de l'ANSTO (Australian Nuclear Science and Technology Organisation), membres du Centre australien de diffusion des neutrons (CEN), ont fait partie d'une équipe interdisciplinaire dirigée par l'Université de Sydney. Ils ont examiné six épées ouest-africaines du XIXe siècle, utilisant une approche multiméthodologique non invasive pour révéler la composition et l'histoire de la fabrication de ces outils en fer.
Ces remarquables objets patrimoniaux, fabriqués dans le royaume ouest-africain du Dahomey (aujourd'hui partie de la République du Bénin), pourraient avoir été fabriqués à partir de fer fondu localement, ce qui contredit les hypothèses des rares rapports historiques existants.
L'étude, publiée dans Heritage, met en lumière l'expertise de l'ANSTO dans l'examen des matériaux du patrimoine culturel.
Les épées sont associées à la force combattante féminine unique du Dahomey, qui perdure aujourd'hui chez les femmes soldats et les gardes du palais contemporains.
Les résultats de la tomographie neutronique réalisée avec l'instrument Dingo, de la diffraction des poudres réalisée avec l'instrument Wombat et des mesures de contraintes résiduelles par diffraction réalisées avec l'instrument Kowari ont confirmé que les épées ont été fabriquées par des forgerons africains et non importées d'Europe.
La tomographie neutronique a suggéré un forgeage pour les six épées. Les coupes transversales reconstituées par tomographie ont révélé des différences de porosité entre les métaux utilisés.
La géométrie, la taille, l'orientation, l'emplacement et le type de connectivité des pores sont directement liés aux procédés de forgeage et de soudage du métal.
Trois des six épées, bien que similaires par leurs caractéristiques stylistiques, présentent des différences de structure interne.
"Il est important de noter que la combinaison d'images de tomographie neutronique et d'analyses de diffraction neutronique apporte de nouvelles informations sur la fabrication des épées africaines. Elle jette notamment un nouvel éclairage sur l'artisanat et la sophistication technologique africains", explique le Dr Floriana Salvemini, experte en métallurgie historique.
L'analyse des contraintes résiduelles par diffraction neutronique réalisée sur cinq lames dahoméennes a révélé des variations considérables dans leur mode de fabrication. Il semble que les lames aient été produites selon des pratiques, des étapes de fabrication et des traitements différents, ce qui a entraîné des distributions de contraintes distinctes dans les métaux.
L'analyse des données de diffraction neutronique a montré une nette différence quantitative entre les épées et trois groupes distincts ont pu être isolés selon la composition des phases, suggérant également des pratiques de travail des métaux différentes.
Bien que l'analyse n'ait pas clairement validé la provenance du métal au Dahomey, sa composition suggère que les sources possibles de fer étaient Bassar (aujourd'hui le Togo), la Suède, la vallée de la Ruhr, voire le Brésil (via les esclaves).
Les archéologues ayant contribué aux recherches ont rapporté que les épées étaient des objets rituels, possiblement liés à des rites et pratiques magico-religieuses, et que le fer local était peut-être privilégié à ces fins.
Les preuves suggèrent qu'elles ont toutes été créées de main de maître par des forgerons locaux, la moitié d'entre eux utilisant une technique de forgeage distinctive qui semble dahoméenne.
Lien vers l'étude: