Affichage des articles dont le libellé est Poverty Point. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Poverty Point. Afficher tous les articles

5.24.2013

Poverty Point: de grands monticules construits en moins de 90 jours par les amérindiens


Le site de Poverty Point, en Louisiane, a été nominé en ce début d'année pour figurer sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESO.

Il est décrit comme l’un des plus grands exploits de construction, au monde, par une civilisation archaïque de chasseurs-cueilleurs.

De nouvelles recherches ont apporté des preuves irréfutables que l’un des massifs monticules de terre de Poverty Point a été construit en moins de 90 jours, voir peut-être en seulement 30 jours.

Il s'agit d'un accomplissement incroyable pour ce que l’on croyait être une société mal organisée, composée de petites bandes dispersées d'amérindiens...

Les co-auteurs de l'étude, Anthony Ortmann (debout) et T.R. Kidder (au centre) évaluent les fouilles du tertre A à Poverty Point. Photo: WUSTL


"Ce qui est extraordinaire dans cette étude c'est qu’elle montre que les premiers chasseurs-cueilleurs américains n’étaient pas aussi simplistes que nous avons tendance à l'imaginer", explique le co-auteur TR Kidder, professeur et directeur de l’Anthropologie des Arts et des Sciences à l’Université Washington à St. Louis, "nos résultats vont à l’encontre de ce qui a longtemps été considéré comme le consensus académique sur les sociétés de chasseurs-cueilleurs, à savoir qu’ils n’ont pas l’organisation politique nécessaire pour rassembler autant de gens afin de réaliser un projet de main-d’œuvre dans un délai aussi court. ”

Co-écrit par Anthony Ortmann, professeur adjoint des sciences de la terre à Murray State University, l’étude propose une analyse détaillée de la façon dont l'énorme monticule a été construit il y a quelques 3200 ans le long d’un bayou du Mississippi.

Sur la base de plus d’une décennie de fouilles, de carottages et d'analyses sédimentaires sophistiquées, l’apport clé de l’étude est que le monticule A de Poverty Point a été construit en un temps très court.
En effet, un examen exhaustif ne révèle aucun signe de pluie ou d’érosion au cours de sa construction.

"Nous parlons d’une région du nord de Louisiane qui a tendance à être très pluvieuse", explique Kidder. "Même dans une année très sèche, il semble très peu probable que cette situation puisse durer plus de 90 jours sans recevoir un certain niveau significatif de précipitations. Pourtant, le sol de ces monticules ne montre aucun signe d’érosion ayant eu lieu pendant la période de construction. De plus, rien n'indique une sécheresse dans la région à ce moment là."


Une partie de Poverty Point, le monticule A, est considéré comme la touche finale de ce site tentaculaire de 283 hectares.


Le site comprend cinq tertres plus petits et une série de six formes concentriques, comme des digues en forme de C, qui s’élèvent en formation parallèle autour d’une petite place le long de la rivière.

Au moment de sa construction, Poverty Point était un des plus grands chantiers de terrassement en Amérique du Nord.

Construit sur le bord ouest du complexe, le Monticule A couvre environ 50.000 mètres carrés à sa base et s’élève à 22 mètres au-dessus de la rivière. Sa construction a nécessité 238.500 mètres cubes (environ huit millions de paniers boisseau) de terre rapportée de différents endroits à proximité du site.

Il faudrait aujourd'hui, un gros camion benne et 31.217 chargements pour déplacer le même volume. "Les monticules de Poverty Point ont été construits par des gens qui n’avaient pas d'animaux de trait, ni de brouettes ou outils sophistiqués pour déplacer la terre", explique Kidder, "Il est probable que ces monticules ont été construits en utilisant le système de chaîne humaine, avec des milliers de gens se passant la terre mise dans une certaine forme de conteneur brut, comme un panier tressé, un sac de cuir ou un plateau en bois."

Pour compléter cette tâche en 90 jours, l’étude estime qu’il a du falloir l'équivalent de quelque 3.000 travailleurs.
En supposant que chacun d'entre eux été accompagné d’au moins deux autres membres de sa famille, une femme et un enfant, la communauté rassemblée pour la construction devait comprendre presque 9.000 personnes, suggère l’étude.

"Étant donné qu'une bande de 25-30 personnes est considérée comme très importante pour la plupart des chasseurs-cueilleurs, il est vraiment étonnant que cette ancienne société puisse avoir réuni un groupe de près de 10.000 personnes, tout en trouvant un moyen de les nourrir et de construire ce monticule en quelques mois", a dit Kidder.


Les tests confirment que le site a d’abord été défriché pour la construction par la combustion et rapidement recouvert d’une fine couche de limon argileux.
Un mélange de terres plus lourdes a ensuite été amené et déchargé en petits tas adjacents, construisant peu à peu le monticule couche après couche.

Comme le fait remarquer Kidder, les théories antérieures sur la construction de la plupart des monticules de terre dans le monde antique ont laissé entendre qu’ils ont été montés lentement sur une période de plusieurs centaines d’années. Cela impliquait de petites contributions de différentes personnes d'une société sur plusieurs générations.

Bien que cela puisse être le cas pour d’autres structures en terre, à Poverty Point, l'étude du Monticule A contredit cette théorie.

Kidder explique qu'à Saint-Louis, juste en face de la rivière Mississippi, repose l’une des anciennes structures de terre les plus connues d'Amérique, le tumulus des Moines à Cahokia.
Il note que le monticule a été construit de nombreux siècles après ceux de Poverty point par une civilisation qui était davantage tributaire de l’agriculture, bien loin du groupe de chasseurs-cueilleurs qui a construit Poverty Point.

Et pourtant, le Monticule A est beaucoup plus grand que n’importe quel autre tertre trouvé en Amérique du Nord. Seul le tumulus des Moines le dépasse.

«Nous avons pris conscience que le tissu social de ces sociétés devait être beaucoup plus fort et plus complexe que nous ne le supposions. Ces résultats contredisent la croyance populaire selon laquelle les personnes pré-agricoles étaient socialement, politiquement et économiquement simples et incapables de s’organiser en grands groupes pour créer une architecture complexe ou se livrer à ce qu’on appelle un comportement social complexe», explique Kidder, «le modèle dominant du chasseur-cueilleur ayant une vie désagréable, brutale et courte est en contradiction avec notre travail. Ces personnes pratiquaient un rituel ou une religion sophistiquée qui impliquait la construction de ces monticules monumentaux».


Source:


Derniers articles sur les Etats-Unis: