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6.18.2024

De nouvelles découvertes sur Cahokia

Cahokia était la plus grande agglomération urbaine de la culture mississippienne, une civilisation précolombienne bâtissant des monticules qui a émergé dans le Midwest, l'est et le sud-est des États-Unis.

De nouvelles découvertes sur Cahokia 
Cahokia - Image Credit : Alamy

Des preuves archéologiques suggèrent que la ville a été fondée vers 1050 après JC le long des rives du fleuve Mississippi, près de la ville actuelle Saint-Louis, dans le Missouri.

La cité couvrait une superficie comprise entre 15 et 23 km² (notamment plus grande que de nombreuses villes européennes contemporaines telles que Londres) et abritait jusqu'à 20 000 habitants à son apogée.

Suivant la tradition de la culture mississippienne, les habitants de Cahokia ont construit de grands monticules de terre (allant de plates-formes surélevées à des conceptions coniques et au sommet d'une crête) impliquant le déplacement de 1,5 millions de mètres cubes de terre sur une période qui a duré plusieurs décennies.

Le plus grand monticule est connu sous le nom de Tumulus des Moines, du nom d'un groupe de moines trappistes, qui culmine à 290 mètres et était autrefois le plus haut bâtiment d'Amérique du Nord.

Des archéologues et des étudiants de l'Université de Saint Louis (SLU) ont récemment mené une série de fouilles sur la périphérie ouest des tumulus de Cahokia.

L'équipe a mis au jour des céramiques, des microforêts, des structures et des tranchées murales vieilles de 900 ans, datant d'environ 1100 à 1200 après JC, au cours de la phase Sterling de la période mississippienne. 

Selon les archéologues, les découvertes offrent de nouveaux aperçus sur une période cruciale du développement de la chefferie, coïncidant avec la croissance rapide de la population de Cahokia.

Les fouilles font suite à une étude aérienne menée par l'Université de Saint Louis et l'Agence nationale de renseignement géospatial utilisant des systèmes aériens sans pilote (UAS). Cela a permis d'effectuer une détection et une télémétrie par lumière (LiDAR) pour déterminer si d’autres monticules ou éléments archéologiques se trouvent dans les épaisses forêts et terres marécageuses à proximité du complexe principal du site.

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3.30.2023

L'histoire du cheval des plaines américaines revisitée à travers une recherche interdisciplinaire et interculturelle

Une équipe internationale réunissant 87 scientifiques de 66 institutions à travers le monde et dirigée par des scientifiques du Centre d'anthropobiologie et de génomique de Toulouse (CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier) commence à affiner l'histoire du cheval américain. 

Ce travail, qui intègre une recherche interdisciplinaire et interculturelle entre la science occidentale et la science indigène traditionnelle, est publié ce 30 mars 2023 dans la revue Science

"Les chevaux font partie de nous depuis bien avant que d'autres cultures ne viennent sur nos terres, et nous faisons partie d'eux", estime le chef Joe American Horse, chef de l'Oglala Lakota Oyate, gardien des savoirs traditionnels, et coauteur de l'étude. 

L'histoire du cheval des plaines américaines à travers une recherche interdisciplinaire et interculturelle 
Ludovic Orlando et Yvette Running Horse discutent de l’image de la fracture ressoudée du cheval de Blacks Fork. Photo: © Northern Vision Productions
 

En 2018, sur les conseils de ses aînés gardiens du savoir et chefs traditionnels, Yvette Running Horse Collin a pris contact avec Ludovic Orlando, scientifique du CNRS. Elle venait de terminer son doctorat, qui portait sur la déconstruction de l'histoire des chevaux dans les Amériques. Jusqu'alors, le domaine était dominé par des universitaires occidentaux et les voix des peuples indigènes avaient été largement ignorées. Son but était de développer un programme de recherche dans lequel les sciences indigènes traditionnelles pourraient être mises en avant et seraient considérées sur un pied d'égalité avec la science occidentale. 

Pour les Lakota, l'étude scientifique de l'histoire du cheval dans les Amériques fournissait le point de départ idéal, car elle mettrait en évidence les points d’accord et de désaccord entre approches occidentales et indigènes. 

Les anciens étaient clairs : travailler sur le cheval permettrait d'apprendre à combiner la puissance de tous les systèmes scientifiques, traditionnels et occidentaux. Dans l’espoir de trouver à terme, de nouvelles solutions aux nombreux défis qui affectent les populations, les communautés et la biodiversité dans le monde entier. 

Pour l’heure, comme ses ancêtres avant elle, Yvette Running Horse Collin allait donc suivre la voie tracée par la nation des chevaux. Une partie du programme consistait à tester un récit qui figure dans presque tous les manuels sur l'histoire des Amériques : il s'agissait de déterminer si les documents historiques européens rendaient fidèlement compte de l'histoire des peuples indigènes et des chevaux dans les Grandes Plaines et les Rocheuses. Ce récit reflète les chroniques les plus connues établis par les Européens lors de leurs premiers contacts avec les groupes indigènes. Elles prétendent que les chevaux ont été adoptés récemment, à la suite de la révolte des Pueblos de 1680. 

La science archéologique est un outil puissant pour comprendre le passé qui, si elle est pratiquée en collaboration, offre un cadre technique robuste pour contrer les préjugés intégrés dans les récits historiques. 

Au cours de la dernière décennie, Ludovic Orlando et son équipe de généticiens ont extrait les molécules d'ADN ancien encore préservées dans les vestiges archéologiques afin de réécrire l'histoire du cheval domestique. Ils ont séquencé les génomes de plusieurs centaines de chevaux ayant vécu sur la planète il y a des milliers d'années, et même jusqu’à 700 000 ans. Ils pouvaient donc raisonnablement s'attendre à ce que cette technologie révèle le patrimoine génétique des chevaux qui vivaient dans les Grandes Plaines et les Rocheuses après le contact avec les Européens. 

Pour répondre à cette question, William Taylor, professeur adjoint à l'université du Colorado, et une vaste équipe de partenaires comprenant des archéologues de l'université du Nouveau-Mexique et de l'université de l'Oklahoma, ont entrepris, avec leurs collaborateurs Lakota, Comanche, Pawnee et Pueblo, de retrouver des ossements archéologiques de chevaux dans tout l'Ouest américain. 

En combinant des méthodologies éprouvées et innovantes dans le domaine des sciences archéologiques, l'équipe a identifié les vestiges de chevaux qui étaient élevés, nourris, soignés et montés par les peuples indigènes. 

La datation précoce obtenue pour un spécimen de cheval provenant de Paa'ko Pueblo, au Nouveau-Mexique, prouve que les indigènes contrôlaient les chevaux au début du XVIIe siècle, et peut-être même avant. 

La datation directe au carbone 14 de découvertes allant du sud de l'Idaho au sud-ouest du Wyoming et au nord du Kansas a aussi fourni la preuve que les chevaux étaient présents dans une grande partie des Grandes Plaines et des Rocheuses dès le début du XVIIe siècle, et sans aucun doute, avant la révolte des Pueblos de 1680. 

 

Le récit le plus courant sur l'origine du cheval américain doit donc désormais être corrigé. 

Les données génomiques ont démontré que les chevaux historiques les plus vieux analysés dans cette étude étaient principalement d’ascendance ibérique, mais n’étaient pas directement reliés aux chevaux qui ont habité les Amériques au pléistocène supérieur il y a plus de 12 000 ans. Ils n'étaient pas non plus les descendants des chevaux vikings, bien que ces derniers aient établi des colonies sur le continent américain en 1021. 

Les données archéologiques montrent que ces chevaux domestiques n'étaient plus sous le contrôle exclusif des Espagnols au moins au début des années 1600 mais qu'ils étaient déjà bel et bien intégrés dans les modes de vie indigènes. Ceci valide de nombreux récits traditionnels, relatant l'origine du cheval, comme ceux des Comanches et des Pawnees, tous deux parties prenantes de l’étude. 

Ainsi, Jimmy Arterberry, historien comanche et coauteur de l'étude, rapporte que: "Ces découvertes confirment la tradition orale comanche. Les traces archéologiques décrites sont des témoins inestimables qui revisitent la chronologie de l'histoire de l'Amérique du Nord, et sont tout autant importantes pour la survie des cultures indigènes. Elles constituent un patrimoine qui mérite d'être honoré et protégé. Ce patrimoine est sacré pour les Comanches."

D'autres travaux impliquant de nouvelles fouilles archéologiques sur des sites datant du XVIe siècle ou même antérieurs, ainsi qu'un séquençage supplémentaire, permettront à l’avenir d'éclairer d'autres chapitres de l'histoire de l'homme et du cheval dans les Amériques. 

Carlton Shield Chief Gover, archéologue Pawnee et coauteur de l'étude, estime que : "La science archéologique présentée dans notre recherche illustre tous les bienfaits qu’il y a à développer des partenariats de collaboration sincères et équitables avec les communautés indigènes."

Les analyses du génome n’ont pas seulement porté sur le développement de la relation homme-cheval au sein des Premières nations au cours des premières étapes de la colonisation américaine. Elles ont démontré que l’ascendance Ibérique, jadis dominante, s'est diluée au fil du temps pour s'enrichir d’une ascendance britannique. 

 

C’est toute l'évolution du paysage de l'Amérique coloniale qui a été enregistrée dans le génome du cheval 

D'abord principalement à partir de sources espagnoles, puis principalement à partir de colons britanniques. 

À l'avenir, l’équipe constituée pour cette étude s'est engagée à poursuivre son travail sur l'histoire de la nation du cheval dans les Amériques en continuant de faire place aux méthodologies scientifiques inhérentes aux systèmes scientifiques indigènes, pour par exemple retracer l’histoire des migrations et les effets des changements climatiques anciens. 

L’étude parue ce jour a ouvert la porte à ce programme ambitieux puisqu’elle a engagé un dialogue et des échanges authentiques entre scientifiques du monde occidental et des nations indigènes. Les défis auxquels notre monde moderne est confronté sont immenses. En ces temps de crise de la biodiversité et de réchauffement climatique, l'avenir de la planète est menacé. Les peuples autochtones ont survécu au chaos et à la destruction engendrés par la colonisation, les politiques d'assimilation et le génocide, et sont porteurs de connaissances et d'approches scientifiques importantes axées sur la durabilité. Plus que jamais, il est temps de réparer l'histoire et de créer des conditions plus inclusives pour la co-conception de stratégies pour un avenir plus durable. Il est important de noter que cette étude a donné lieu à une collaboration entre des scientifiques occidentaux et de nombreuses nations autochtones des États-Unis, des Pueblo aux Pawnee, Wichita, Comanche et Lakota.

Nous espérons que de nombreuses autres nations nous rejoindront bientôt. "Les chevaux font partie de notre famille et nous ont toujours rassemblés. Ils continueront à le faire. Nos sociétés sont organisées et prêtes pour cela. Notre collaboration scientifique est vouée à se développer encore plus : nous invitons tous les peuples cavaliers à se joindre à nous. Nous les appelons à nous." (Antonia Loretta Afraid of Bear-Cook, gardienne du savoir traditionnel des Oglala Lakota, coauteure de l'étude). 

Ce travail a été soutenu par la National Science Foundation Collaborative Research Award, les actions Marie Sklodowska Curie (programmes HOPE et MethylRIDE), le CNRS et l'Université Toulouse III - Paul Sabatier (Programme international de recherche AnimalFarm), l'Investissement d'avenir France Génomique (ANR-10-INBS-09), et le Conseil européen de la recherche (PEGASUS). 

Tous les protocoles de transmission des connaissances sacrées et traditionnelles ont été respectés, et les activités et résultats de la recherche ont été approuvés par un comité d'examen interne composé de dix gardiens des connaissances Lakota, qui font désormais partie du conseil d'administration de Taku Škaŋ Škaŋ Wasakliyapi : Global Institute for Traditional Sciences (GIFTS).

Source:

  • CNRS: "L'histoire inofficielle du cheval des plaines américaines, un nouvel avenir pour le monde"

10.22.2019

Le site archéologique de Cooper’s Ferry, vieux de 15 000 ans, parmi les plus anciens des Amériques

L'un des plus anciens sites archéologiques des Amériques a été découvert dans l'Idaho. Les datations au radiocarbone ont montré que des personnes ont créé des outils et abattu des animaux à Cooper’s Ferry, il y a 15000 à 16000 ans.

Un site archéologique de l’Idaho, vieux de 15 000 ans, parmi les plus anciens des Amériques
Vue d'ensemble de Cooper's Ferry. Photo: Loren Davis.

Cela fait de Cooper’s Ferry un ajout rare et important à la poignée de sites archéologiques qui bousculent la théorie traditionnelle du peuplement des Amériques.

Jusqu'à il y a environ une décennie, les outils de pierre de la culture Clovis, vieille de 13000 ans,   étaient considérés comme étant la première technologie des Amériques.

Dans le cadre de l’hypothèse «Clovis-First» (Clovis d'abord), la plupart des chercheurs pensaient que les créateurs de ces outils étaient arrivés d’Asie vers l'Amérique du Nord en franchissant la Béringie, le territoire qui reliait autrefois la Sibérie à l’Alaska, puis en descendant une couloir qui s’est libéré lorsque d’immenses couches de glace recouvrant l’intérieur de l’Amérique du Nord ont commencé à se retirer il y a environ 14 000 ans.


C’est ainsi que les choses s'étaient passées, du moins le pensait-on, jusqu’à ce que les chercheurs commencent à trouver des artéfacts plus anciens que Clovis à travers les Amériques.


Bien que des dizaines de sites prétendent être ce que les archéologues appellent des sites «pré-Clovis», Donald Grayson, archéologue et professeur émérite à l'Université de Washington, estime que seuls quelques-uns sont datés avec précision. Cela comprend Monte Verde au Chili (vieux d'environ 14500 ans), les sites Friedkin et Gault au Texas (respectivement 15500 et 16000 ans) et les grottes Paisley dans l'Oregon (environ 14000 ans).

Cependant, même Grayson, qui admet qu'il avait une vision relativement "sévère", inclurait maintenant le site de Cooper's Ferry dans sa courte liste: "Cooper's Ferry, pour moi, est un site pré-Clovis totalement convaincant".

Todd Braje, archéologue à l'Université d'Etat de San Diego, qui a lu l'article paru dans Science, estime aussi que ce site est une preuve supplémentaire montrant que "le modèle Clovis-first n’est plus viable".


Toujours de plus en plus vieux


Au fond d'un canyon près d'un coude de la rivière Salmon, Cooper's Ferry est un endroit idyllique avec des étés chauds et des hivers froids. Le peuple autochtone Niimíipuu (Nez Perce) a qualifié ce site d'ancien village appelé Nipéhe.

L'archéologue Loren Davis, professeur à l'Oregon State University de Corvallis et auteur principal du rapport paru dans Science, a fait les premières fouilles à Cooper's Ferry en 1997 dans le cadre de sa thèse de doctorat.

Il avait trouvé une cache contenant des pointes de pierre, connues sous le nom de pointes à tige occidentale, qui auraient pu être fixées au manche d'une lance ou d'une autre arme ou outil. Les datations au radiocarbone des ossements et du charbon qui ont été enterrés dans la même petite fosse ont suggéré que ces outils avaient jusqu'à 13 300 ans.

Loren Davis à Cooper's Ferry. Photo: Loren Davis. 

David y est retourné environ 10 ans plus tard pour y mener une exploration plus approfondie, car il avait encore des questions en suspens. Davis voulait ainsi savoir si les outils qu'il avait trouvés dans les années 1990 étaient plus anciens que ceux de la culture Clovis. Au cours de la dernière décennie de fouilles, Davis et son équipe ont trouvé des traces de fissures dues à la chaleur provenant d'anciens feux de camp, d'espaces de travail pour la fabrication et la réparation d'outils, de sites d'abattage et de fragments d'ossements d'animaux.

L'année dernière, son l'équipe a envoyé un échantillon de charbon de bois d'un foyer pour une analyse au radiocarbone. A sa surprise, il a été daté dans la tranche d'âge de 14 000 ans. Pour confirmer ces résultats, d’autres échantillons de matériel provenant de Cooper’s Ferry ont été testés. "Nos résultats n'arrêtent pas d'arriver avec une datation de plus en plus ancienne" dit-il.

La couche la plus profonde de sédiment rempli d'artéfacts sur le site avait une tranche d'âge d'environ 15 000 à 16 000 ans: "Je n'aurai jamais pensé que le site puisse être aussi vieux"


Une "bretelle" vers les Amériques.


L'ancienneté de Cooper's Ferry est une autre preuve que des gens se trouvaient déjà au sud des couches de glace qui recouvraient autrefois l’Amérique du Nord avant qu’un corridor libre de glace vers la partie inférieure du continent ne se soit ouvert il y a environ 14 000 ans.

Davis et ses collègues pensent que leurs découvertes confirment une théorie qui gagne en popularité parmi les archéologues: à savoir que les premiers à avoir vu le continent américain étaient des marins qui se sont dirigés vers la côte du Pacifique.

"L'explication la plus parcimonieuse à notre avis est que les gens sont venus le long de la côte du Pacifique et, lorsqu'ils ont rencontré l'embouchure du fleuve Columbia, ils ont essentiellement trouvé une voie de sortie de cette migration côtière et ont également trouvé leur premier itinéraire intérieur viable vers les régions qui sont au sud de la calotte glaciaire ", a explique Davis.
L'ancienne route possible de migration le long des côtes. Carte de Teresa Hall, Oregon State University. 

Les pointes d'origine occidentale trouvées à Cooper's Ferry sont peut-être parmi les plus anciennes d'Amérique, et elles pourraient être la preuve que cette technologie de fabrication d'outils s'est développée avant Clovis. "Ces nouvelles découvertes cimentent le fait que la technologie de pointe en forme de tige représente la technologie la plus ancienne des Amériques", a déclaré Charlotte Beck, professeure émérite d'archéologie au Hamilton College de New York.

Dans l’étude, Davis et ses collègues ont relevé des similitudes entre les outils qu’ils ont découverts et les artéfacts fabriqués au Japon il y a 16 000 à 13 000 ans. Cela pourrait indiquer une origine pour ce type de pointes.

Grayson, cependant, évite de faire de telles connexions. "Les similitudes dans les artéfacts, à moins qu'ils ne soient vraiment complexes, ne nous parlent pas vraiment", dit-il. Braje, au contraire, trouve ces connexions "intrigantes" bien qu'il admette qu'elles sont encore très timides.

"Le défi consiste maintenant à relier Cooper's Ferry à une poignée d'autres sites anciens en Amérique du Nord et dans le monde", a dit Braje.


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5.07.2018

Les premiers américains et la théorie de la migration côtière

Jon Erlandson pense que c'est l'eau, et non pas la glace, qui a ouvert la porte aux premiers hommes qui sont venus s'installer dans les Amériques.

Erlandson, professeur à l'Université de l'Oregon, et autorité internationalement reconnue sur l'archéologie des cultures maritimes et côtières, est à l'avant-garde d'un changement radical dans la pensée entourant l'arrivée des premiers hommes qui se sont installés sur le continent.

Ce changement, et ce que cela implique pour les futures recherches, est le sujet de l'article "Finding the first Americans," paru dans la revue Science Magazine.

Les premiers américains et la théorie de la migration côtière
De récentes découvertes archéologiques montrent que les populations pré-Clovis sont arrivées dans les Amériques il y a plus de 13500 ans, probablement par une route côtière.

L'étude est co-écrite par Erlandson, Tom Dillehay de l'Université Vanderbilt, Richard Klein de l'Université de Stanford, Todd Braje de l'Université d'Etat de Californie à San Diego et Torben Rick de la Smithsonian Institution.

L'article ré-examine l'idée que les premiers américains étaient des chasseurs de gros gibiers arrivés il y a environ 13500 ans par une route terrestre de Sibérie, sur un pont terrestre aujourd'hui submergé dans le détroit de Béring.

Les chasseurs se seraient finalement dirigés vers les Grandes Plaines du sud par un corridor terrestre étroit qui s'est ouvert lorsque deux vastes étendues glaciaires canadiennes se sont retirées.

Appelée culture Clovis en raison d'une technologie d'outil distincte d'abord découverte sur un site près de Clovis dans le Nouveau Mexique, ces explorateurs, pendant de nombreuses décennies, ont été perçus comme les premiers à coloniser le Nouveau Monde.


La fin du modèle Clovis-first et le début de la "route du varech"


Mais les auteurs notent, qu'à la fin des années 1980 le modèle Clovis-first a commencé à s'éroder lorsque Dillehay a rapporté des découvertes du site Monte Verde sur la côte sud du Chili. Il y avait mis au jour des traces d'occupation humaines datant d'environ 14500 ans, soit un millier d'années avant l'apparition du peuple Clovis en Amérique du Nord. "Avec Monte Verde, le modèle Clovis-first a commencé à battre de l'aile. Aujourd'hui il est mort" ajoute Erlandson.

Erlandson, directeur exécutif au Museum d'Histoire Naturelle et Culturelle de l'Université de l'Oregon, est connu pour son hypothèse "la route du varech", qui s'inspire de ses années de recherche sur des sites des îles du Détroit de Californie et ailleurs le long de la côte du Pacifique.
Elle met en évidence que les premiers américains ont voyagé par l'eau de l'Asie du nord-est suivant  les écosystèmes de forêts de varech le long des côtes du Pacifique. "Les forêts de varech du Japon jusqu'à la Basse Californie auraient facilité la migration des peuples maritimes le long d'une route côtière de l'Asie vers les Amériques bien avant l'ouverture d'un couloir sans glace à l'intérieur de l'Amérique du Nord." dit-il.

Les peuples marins devaient aussi explorer et coloniser le long des principales rivières riches en saumon. Ces cours d'eau étaient autant de couloirs s'enfonçant profondément dans les terres nord-américaines et peuvent les avoir transportés dans les vastes zones humides du Grand Bassin du Nord, une région qui chevauche le sud-est de l'Oregon, le sud de l'Idaho et le nord du Nevada.

Dennis Jenkins, archéologue au Museum of Natural and Cultural History, a aidé à mettre l'Oregon et le Grand Bassin du Nord sur la carte pré-Clovis en 2002 lorsqu'il a découvert les excréments d'un homme vieux de 14000 ans, dans les grottes de Paisley dans le centre-sud de l'Oregon.

Ces coprolithes restent à ce jour les plus anciens restes d'humains en Amérique du Nord. "Paisley a comblé une lacune importante dans la théorie de la migration côtière et a fait de l'Oregon le centre de l'étude des premiers Américains," dit Erlandson.

Mais même si les chercheurs se concentrent de plus en plus sur la migration côtière comme scénario probable pour le peuplement des Amériques, Erlandson et ses co-auteurs notent que le renversement du vieux paradigme de Clovis-first a créé un vide.

Cela a amené certaines revendications alternatives extraordinaires, dont celles d'une étude publiée l'année dernière dans la revue Nature l'année dernière qui prétend avoir découvert des traces d'occupation humaines vieille de 130000 ans sur le site de Cerutti Mastodon dans le sud de la Californie. "Les implications que suggéreraient un site archéologique nord-américain de cet âge seraient stupéfiantes," rapporte Erlandson, "car ces revendications sont en désaccord total avec les preuves archéologiques, paléoécologiques et génétiques à ce jour."

En plus d'un aperçu des idées passées et actuelles sur le peuplement des Amériques, l'article de Science apporte une perspective sur les directions clés des futures recherches.


Repérer les sites paléo-côtiers submergés


"Le principal défi auquel nous sommes confrontés pour tester l'hypothèse de la route du varech, est que la plupart des preuves d'occupation pré-Clovis des côtes sont aujourd'hui submergées par l'océan" ajoute Erlandson, "et plus ces occupations ont pu être anciennes, plus il faut s'éloigner des rivages actuels pour en trouver les traces."

Ce qu'il faut maintenant, notent les auteurs, c'est une étude de terrain interdisciplinaire axée sur la localisation de sites archéologiques submergés. "Si les preuves existent, c'est là que nous les trouverons" dit-il.

Erlandson travaille actuellement sur un projet du Bureau de gestion de l'énergie offshore qui  implique des partenaires tribaux, des géologues, des biologistes et des archéologues de plusieurs universités dans le but de cartographier des sections du fond marin au large des côtes de la Californie et de l'Oregon.

Le projet consiste à reconstruire des paysages submergés en utilisant des sites archéologiques terrestres comme modèles. "Ces sites paléo-côtiers sont souvent associés à des caractéristiques géographiques telles que des grottes, des sources, des affleurements de pierres à outils et des surplombs naturels avec des vues stratégiques. Nous recherchons des reliefs similaires sous l'eau." ajoute Erlandson, "c'est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Nous essayons de rendre l'aiguille plus grosse et la botte de foin plus petite."


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3.12.2017

La société Hopewell ou comment la culture peut rendre l'homme moins violent

Les hommes sont-ils violents de façon intrinsèque, ou bien cette violence est-elle le fruit de la culture dans laquelle ils ont grandi ?

La société Hopewell ou comment la culture peut rendre l'homme moins violent
Culture Hopewell: Le Mound City Group à Chillicothe, dans l'Ohio. Source: Wikipédia

Une équipe de biologistes espagnols menée par Jose Maria Gomez, de l'Université de Grenade, ont étudié les racines évolutives de la violence mortelle humaine et publié leurs résultats dans le journal Nature.

Gomez et ses co-auteurs ont examiné les niveaux de violence létale de 1024 espèces de mammifères et parmi plus de 600 populations humaines, d'il y a 50000 ans à nos jours.

L'équipe défini la violence létale comme "la probabilité de mourir suite à la violence de la même espèce comparé à toutes les autres causes". Elle a calculé que la fréquence moyenne de violence mortelle chez les mammifères était de 0.3%. Chez les hommes ont avoisine les 2%...

Les chercheurs ont découvert que les niveaux de violence létale dans les tribus et groupes préhistoriques ne diffèrent pas de manière significative de ce qu'ils ont trouvé parmi les animaux mammifères qui étaient, comme nous, sociaux et territoriaux. Ce serait une preuve que les hommes ont "hérité de leur propension à la violence".

Les chefferies, qui sont des sociétés avec une structure sociale hiérarchique généralement soutenue par une agriculture intensive, étaient, cependant, plus violentes que ce à quoi on s'attendait. Gomez et ses co-auteurs suggèrent que ces hauts niveaux de violence ont été causés par une combinaison de facteurs tels que "les disputes territoriales, la pression des ressources et de la population, et la compétition pour les statuts politiques".

Ce que nous savons des anciennes cultures de l'Ohio, confirme en général les conclusions de Gomez et son équipe.

Robert Mensforth, anthropologue biologiste à l'Université d'Etat de Cleveland, a documenté des preuves de violence létale parmi les bandes et tribus qui vivaient dans l'Ohio et les états environnants, il y a entre 3000 et 5000 ans. Ces preuves comprennent des pointes de flèches fichées dans des squelettes et des traces d'entailles sur les crânes indiquant que la personne avait été scalpée.


Une baisse notable de la violence létale sous la culture Hopewell


Cependant quelque chose d'inattendu s'est passé dans le sud de l'Ohio vers le 1er siècle après JC et ce pendant quelques siècles. Au cours de cette période, la culture Hopewell a créé des extraordinaires édifices en terre et de fabuleuses œuvres d'art; et elle a maintenu un réseau social et religieux qui a couvert la moitié du continent.

Réseau d'échange de la culture Hopewell
Réseau d'échange de la culture Hopewell. source: Wikipédia

Ce qui est remarquable est, qu'au cours de cette période, il y a très peu de traces de violence mortelle.
Les Hopewell ne vivaient pas dans des chefferies,  mais il ne semble pas non plus qu'ils auraient pu réaliser ce qu'ils ont fait si leurs sociétés n'étaient organisées qu'au niveau des bandes et des tribus.

Après la culture Hopewell et l'apparition des chefferies, il y a eu une augmentation marquée de la violence létale, aussi observée dans le monde entier par Gomez et ses collègues.
Les gens se rassemblaient de plus en plus dans de grands villages défendus par des palissades. Nombre d'habitants enterrés dans ces villages avaient des blessures traumatiques, comme des pointes de flèches dans leur squelette.

Pipe en os, culture Hopewell
Pipe en os. Source: Wikipédia

La culture Hopewell nous montre que, bien que nous ayons hérité d'une tendance génétique à la violence létale, notre culture, incluant nos choix collectifs sur la façon dont nous devons nous comporter envers l'autre, nous montre qu'elle peut aussi nous rendre moins violent que nos cousins mammifères. Bien sûr, comme le montrent de nombreux exemples, la culture peut aussi nous rendre plus violent...

La culture Hopewell a ainsi encore beaucoup à nous apprendre...


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4.15.2016

Des chercheurs trouvent le site exact des pendaisons suite aux procès des sorcières de Salem

Une équipe de chercheurs, s'appuyant sur des documents historiques et des techniques de pointe archéologiques, a pu confirmer le lieu où 19 personnes innocentes furent pendues lors des procès des sorcières de Salem, il y a un peu plus de 300 ans.

Une vue de Proctor's Ledge

Le site, connu sous le nom de Proctor’s Ledge, est un petit terrain appartenant à la ville niché entre deux rues résidentielles et derrière une pharmacie, a rapporté le professeur Emerson “Tad” Baker de l'université d'état de Salem. Il fait partie de l'équipe des sept chercheurs.

L'historien Sidney Perley avait déjà désigné Proctor’s Ledge, il y a presque un siècle, comme étant le site des pendaisons, grâce aux documents historiques. Mais ses découvertes furent oubliées avec le temps, et, les mythes, idées fausses et autres théories du complot avaient reprit leur place.

"Nous sommes heureux de pouvoir clore des années de débat. Notre analyse s'est fondée sur plusieurs axes de recherche afin de confirmer le lieu des exécutions" a dit Baker.

Les représentants de la ville ont confirmé que l'équipe de chercheurs a utilisé la technologie des systèmes sonar ainsi que des témoignages oculaires provenant de documents datant des procès des sorcières de Salem, il y a plusieurs centaines d'années.

Cette étude, connue sous le nom de Gallows Hill Project, est en train de corriger les mauvaises informations qu'ont beaucoup de gens sur  l'un des épisodes les plus tragiques de l'histoire Américaine.

Le Professeur Tad Baker sur le site de Proctor’s Ledge où furent pendues les accusées. Photo: Ken Yuszkus - http://www.salemnews.com

"C'est plus une histoire de guérison qu'une découverte" ajoute Baker. En effet, vingt personnes suspectées de sorcellerie furent tuées à Salem en 1692, lors d'une frénésie alimentée par la superstition, la peur de la maladie et des étrangers, et des jalousies mesquines.

Dix-neuf furent pendues, et un homme fut écrasé à mort par des blocs de pierres. "Les procès des sorcières a jeté une ombre sur l'histoire de Salem" continu Baker

Le sommet de Gallows Hill avait longtemps été considéré comme le site des pendaisons, mais il n'y avait aucun élément qui permettait de le confirmer. Proctor’s Ledge se situe au pied de Gallows Hill.

Afin de déterminer l'endroit, l'équipe a cherché les témoignages oculaires des pendaisons, puis ils ont utilisé la photographie aérienne actuelle ainsi que la radar à pénétration de sol qui n'existait pas il y a un siècle.


Les chercheurs ont fait d'autres découvertes intéressantes.

Ils ont pu déterminer qu'il n'y a probablement jamais eu de potence sur le site. Il est plus que probable que les bourreaux ont jeté une corde sur un grand arbre.  
Baker a aussi souligné qu'il n'y aucune preuve que les victimes aient été enterrées à Proctor’s Ledge: c'est trop rocailleux et le sol est trop peu profond.

"Je pense que connaître l'endroit exact où les exécutions ont eu lieu est important car nous voulons une histoire juste" a rapporté le maire Kim Driscoll, "c'est aussi une opportunité de se réunir et de reconnaître l'injustice et la tragédie."

Pour Baker, un mémorial sur le site est important: "Nous devons marquer précisément ce lieu afin que cela ne soit jamais perdu à nouveau".


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3.25.2016

Le Tumulus des Moines de Cahokia aurait été construit en seulement 20 ans

Il faisait dix étages de haut et sa base était plus grande que celle de l'Empire State Building. Il y a presque un millier d'années, c'était la pièce maîtresse de la plus grande cité du continent au nord du Mexique.

Vue aérienne du Tumulus des Moines


Aujourd'hui, une étude pour déterminer comment les ingénieurs natifs ont construit le Tumulus des Moines, la plus grande structure en terre préhistorique d'Amérique du Nord, a révélé de nouveaux indices d'une importance cruciale: les graines et spores des anciennes plantes.

Les chercheurs étudiant la plate-forme géante du tumulus au cœur de la cité de Cahokia ont observé sa structure interne de très près. Leurs nouvelles découvertes suggèrent que cette énorme structure en terre a été construite étonnamment vite. "Le Tumulus des Moines est une architecture en terre incroyablement complexe" rapporte le Dr Timothy Schilling, co-auteur de l'étude, "Que l'on appelle cela de l’ingénierie ou non, les constructeurs maîtrisaient particulièrement bien leurs matériels. Nous avons observé d'importantes réparations effectuées sur le monticule, et celles-ci ont été refaites de manière très efficace."

A son apogée, entre 1050 et 1100 de l'Ere Commune, Cahokia abritait quelque 15000 personnes, et le Tumulus des Moines fut construit en son centre symbolique: une imposante série de terrasses rectangulaires, surmontées d'un grand bâtiment public, peut-être un temple.

Vue d'artiste du centre de Cahokia à son apogée (Peinture de L. K. Townsend/Cahokia Mounds State Historic Site)


Des investigations sur la façon dont le tumulus a été construit avaient été faites dans les années 60, lorsque des chercheurs forèrent neuf carottes et, se basant sur les couches observées, supposèrent qu'il fut construit en 14 étapes sur une période de 250 ans. Cela semblait plausible à l'époque, vu que le monticule avait été bâti entièrement à la main. On pensait que les ouvriers avaient chargé des paniers de terre, provenant de bancs d'emprunt, pour former une pyramide à sommet plat, haute de 30 mètres; tout cela sans roues, ni outils en métaux, ni bêtes de somme.


Mais, lorsque les pentes du Tumulus des Moines ont commencé à s'effondrer en 2005, Schilling et le Dr Neal Lopinot du Missouri State University, qui ont mené la nouvelle étude, ont profité des réparations à effectuer pour collecter 22 échantillons d'une face exposée de l'intérieur du monticule.

Leur objectif était d'étudier les sédiments utilisés pour construire l'ouvrage provenant de la plaine inondable environnante. Ces échantillons étaient remplis de minuscules plantes qui pouvaient révéler d'où provenait la boue, et combien de temps s'était écoulé avant qu'elle ne soit emmenée pour la construction.

"Nous avons décidé de chercher du matériel végétal, car des informations peuvent être obtenues à partir des sédiments, en particulier sur l'environnement" explique Schilling, "nous espérions comprendre la source des sédiments du tumulus".

A l'aide de microscopes électroniques et optiques, Lopinot a étudié les échantillons et découvert des restes de végétaux suggérant que la terre du Tumulus des Moines n'était pas restée non perturbée pendant très longtemps. Ainsi, à l'exception des plantes utilisées comme nourriture, toutes les graines découvertes étaient des plantes annuelles (des plantes qui ne vivent qu'un an), y compris les espèces des zones humides comme l'isoète et l'éléocharide.

L'absence de plantes vivaces, qui vivent deux ans ou plus, suggère que les bancs d'emprunt utilisés pour la construction étaient fréquemment perturbés. "S'il y avait eu un laps de temps considérable entre les différentes utilisations des bancs d'emprunt, nous aurions un profil environnemental différent, avec plus de plantes vivaces plutôt que des plantes annuelles" rapporte Schilling, "en conséquence, nous pensons que l'activité dans les bancs d'emprunt ne s'est jamais arrêtée suffisamment longtemps pour que les plantes vivaces puissent s'y établir. La construction a été relativement continue sans de longues interruptions"

Ces informations supportent l'hypothèse selon laquelle le Tumulus des Moines a été construit sur une période de temps relativement courte, c'est-à-dire quelques dizaines d'années, et non par intermittence sur 250 ans comme on le pensait auparavant.

En outre, les graines qui ont été trouvées étaient toutes non carbonisées, ou non brûlées; cela aussi pourrait suggérer que la terre enlevée a été rapidement mise en place. Dans les endroits où la terre n'est pas perturbée, les archéologues trouvent souvent des végétaux brûlés, signe d'activité humaine (comme les foyers ou la nourriture cuite). "Les archéobotanistes cherchent les restes de végétaux carbonisés sur les sites archéologiques, car il y a un grand degré de certitude que ces restes soient associés à des activités humaines" ajoute Schilling.

Travaux de réparation menés sur une face inclinée du tumulus en 2007. (Courtesy Washington University)

En plus de ces découvertes, les chercheurs ont trouvé un autre aspect frappant sur la construction du Tumulus des Moines: des parties semblent avoir été construites avec des blocs entiers de tourbe, plutôt que des paniers de terre: "Ils ont découpé des blocs de tourbe qu'ils ont renversé et empilé comme des briques" rapporte Lopinot.

Tous ces éléments pris ensemble suggèrent que le Tumulus des Moines a été construit rapidement et avec efficacité. Plutôt que de prendre deux siècles ou plus, la plus grande construction en terre du continent a été bâtie en un dixième de ce temps. Tout en mettant en garde que leur recherche ne fournit pas l' "âge absolu" de la construction du monticule, Schilling note que "les données ne contredisent pas une chronologie très courte. A mon avis, 20 ans est bon chiffre".

Les indices microscopiques révélés par leur recherche pourraient ainsi mener à une nouvelle compréhension de l'un des monuments préhistoriques les plus impressionnants d'Amérique.

Alors que la construction du Tumulus des Moines a dû être bien plus rapide que ce que l'on croyait, cela reste un effort herculéen qui éclipse les réparations d'urgence high-tech dont les scientifiques ont été témoins en 2005. "Bien que nous ayons fait la meilleure réparation possible, cela semble tenir encore aujourd'hui, les mississippiens ont pu réparer le tumulus et le faire tenir pendant 1000 ans".

Relecture par Marion Juglin

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9.04.2015

L'étude des céramiques révèle l'importance des réseaux sociaux en temps de crise

Les chercheurs de l'Ecole d’Anthropologie de l'Université d'Arizona ont étudié les réseaux sociaux à la fin de la période pré-hispanique dans le sud-ouest des Etats-Unis. Ils se sont rendus compte que les communautés qui avaient le plus de liens avec leurs voisins avaient de meilleurs chances de gérer les crises avec succès.

"Dans de nombreuses recherches modernes en gestion de crise, on regarde comment les communautés mobilisent les réseaux sociaux pour surmonter des crises environnementales traumatiques, comme se fut le cas avec l'ouragan Katrina" explique Lewis Borck, auteur principal de l'étude et doctorant à l'UA School of Anthropology du College of Social and Behavioural Sciences, "nous savions depuis longtemps que les gens comptent sur les réseaux sociaux en tant de crise. Ce que nous ne savions pas, ou du moins ce que nous n'avions pas été en mesure de démontrer, c'est ce qui se passait exactement dans les réseaux sociaux à une échelle régionale lorsque les gens commençaient à s'appuyer dessus, ou comment les gens modifiaient et changeaient leurs réseaux en réaction aux crises sociales et environnementales. Cette étude a pu nous en donner un aperçu".

Bol polychrome Pinedale des ruines de Bailey, 1275-1325 après JC. Ce type de récipient était fabriqué pendant la méga-sécheresse qui sévit dans le sud-ouest entre 1276 et 1299 après JC. La distribution de cette variété hors de la région de production était une façon pour les gens de rester en contact pendant et après la sécheresse.Image: Barbara Mills/University of Arizona

Etude de la période 1200-1400 après JC

Borck et les co-auteurs de l'étude se sont focalisés spécifiquement sur la période 1200 à 1400 après JC, qui inclue la méga-sécheresse de 1276-1299 dans la région qui est aujourd'hui le sud-ouest des Etats-Unis.

Pour comprendre comment les différentes communautés interagissaient entre elles au cours de cette période, les chercheurs ont examiné les données rassemblées par le National Science Foundation qui a financé le projet Southwest Social Networks.

Le projet repose sur une base de données de millions d'artéfacts en céramique et obsidienne, compilée par Mills et des collaborateurs de l'Archaeology Southwest.

Lorsque des mêmes types de céramiques sont trouvées en proportions identiques dans les différentes communautés, cela indique que des relations existaient entre ces communautés. Borck et ses collaborateurs ont étudié les relations de 22 différentes sous-zones dans le sud-ouest, en se basant sur l'analyse de 800,000 céramiques peintes provenant de plus de 700 sites archéologiques.


Quand les relations se renforcent

Ils ont découvert qu'au cours des 23 ans de sécheresse, les relations entre de nombreux groupes s'étaient renforcées, les gens se tournant vers leurs voisins pour du soutien et des ressources, comme la nourriture et l'information. Les gens mobilisaient leurs ressources et renforçaient leur variété, en augmentant les interactions avec d'avantages de personnes éloignées.

Le peuple Hopi, toujours présent dans ce qui est aujourd'hui l'Arizona, est un exemple de population qui a employé ce type de gestion de crise.
En général, les communautés ayant de grands réseaux sociaux avaient de meilleures chances de résister à la sécheresse sans avoir à migrer, et sur une période plus longue, contrairement aux groupes plus isolés.

"La plupart des groupes qui interagissaient uniquement avec d'autres communautés de leur groupe ne restaient pas longtemps sur place. Ils partaient tous ailleurs." ajoute Borck.


Une exception cependant...

Il y a eu une exception: le peuple Zuni, qui, sans avoir de réseau social extérieur développé, est resté dans l'ouest du Nouveau Mexique jusqu'à ce jour. Leur succès est probablement dû la taille importante de leur population et à la diversité des ressources disponibles dans la région qu'ils occupaient.


Le stock social

Mills rapporte que l'étude fournit un soutien empirique pour l'importance des réseaux sociaux en temps de crise et sur leurs bénéfices à long terme: "Beaucoup de gens ont supposé que le fait d'avoir des réseaux sociaux plus étendus est une sorte de stratégie de sauvegarde pour les communautés. Mais c'est l'une des premières fois que nous sommes capables de le démontrer sur une grande échelle. Cela renforces les hypothèses concernant le "stockage social" qui se révèle aussi important que le véritable stockage d'éléments réels. Le revers de la médaille est le fait que, si vous êtes très isolés, protectionniste et n’interagissaient pas avec de nombreux voisins, vous devenez fragiles".

Social Networks and Population Density in the Late Precontact Southwest (Vidéo):

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8.17.2015

La colonie perdue de Roanoke: a-t-on résolu le mystère ?

MAJ 04/06/17
Au 16ème siècle, un groupe de 115 pionniers avait été envoyé dans le Nouveau Monde avec pour mission de fonder la première ville et étendre l'empire de leur reine.

Cependant, six ans plus tard, leur camp était désert: 90 hommes, 17 femmes et 11 enfants avaient tous disparu.

Il avait été suggéré qu'ils avaient pu être abattus par une tribu de Natifs Américains, mais, curieusement, il n'y avait aucun signe de lutte ou de bataille...

La carte dessinée par le Gouverneur White en 1585, en grand. Image: British Museum

Aujourd'hui, une carte vieille de plusieurs siècles pourrait finalement apporter aux historiens les réponses tant désirées.

En 1584, la Reine Elisabeth espérait agrandir l'Empire Britannique en colonisant le "Nouveau Monde", qui deviendra les Etats-Unis.

La colonie de Roanoke était une tentative des britanniques pour établir une implantation permanente dans ce qui est aujourd'hui le Comté de Dare, en Caroline du Nord, sur la côte est des Etats-Unis.
Ils espéraient l'utiliser comme rampe de lancement pour des raids contre les bateaux espagnols, qui étaient en guerre avec les britanniques à cette époque.

Après deux missions de reconnaissance, un troisième groupe de 115 volontaires fut envoyé pour établir une colonie en 1587. Il avait à sa tête le gouverneur John White.

 "Ce voyage fut le premier à inclure des familles et des outils agricoles, leur mission était d'installer de façon permanente ‘Cittie of Raleigh’ et, bien sûr, ajouter de la richesse dans les coffres de la reine. Les premiers explorateurs avaient parlé d'or, de cuivre et autres ressources plus loin dans les terres" rapporte Alastair Macdonald, officier et archéologue pour la Fondation de la Première Colonie.

Mais, après que leurs relations avec les Natifs Américains aient tourné cours, le Gouverneur White fut persuadé de retourner en Angleterre, dans une tentative désespérée de ramener des fournitures, des ressources et de l'aide. "Les premiers explorateurs n'étaient pas très diplomates dans leur communication avec les indiens natifs de la région", ajoute Macdonald


Les colons disparaissent sans laisser de trace.

En raison de la guerre Anglo-Espagnole, cela prit trois ans au Gouverneur White pour revenir. A cette époque quelque chose dans la "Cittie of Raleigh" a dû mal se passer, et lorsque White accosta en 1590, il trouva le camp désert. Les colons avaient disparu. On n'entendra plus jamais parler d'eux.

Il y avait cependant un indice qui suggérait qu'ils avaient pu se déplacer vers l'île Croatan non loin de là. En effet, le mot "Croatan" avait été trouvé gravé sur un poteau ainsi que "Cro" gravé sur arbre à côté.
Cela pouvait suggérer que la colonie avait été capturée par ces insulaires.

Cependant, le mauvais temps a forcé le Gouverneur White à reprendre la mer et à retourner en Angleterre. Il ne reviendra jamais.

Des théories avaient suggéré que les colons disparus avaient dû avoir des difficultés avec une tribu amérindienne et furent sauvagement abattus.


Un indice caché dans une carte vielle de 400 ans.

Les chercheurs ont découvert un indice convaincant qui pourrait apporter une réponse à ce qui a pu se passer et qui suggère que les colons de Roanoke sont devenus "natifs".

Vue rapprochée de l'indice caché qui a mené les chercheurs sur une piste pour expliquer ce mystère. Picture: British Museum Source: Supplied 

En 2012, la Fondation de la Première Colonie demanda au British Museum d'étudier de plus près une carte du 16ème siècle dessinée par le Gouverneur White.
En utilisant des techniques d'imagerie actuelles, ils ont découvert des marques cachées, apparemment dessinées à l'encre invisible et révélant une "image ressemblant à un fort" caché dans la carte.

Cela ressemblait à un fort à l'intérieur des terres où les colons ont pu se reloger après avoir abandonné la côte. L'endroit se situe aujourd'hui à Albermale Sound, à 96km de l'Île de Roanoke. "Cela avait attiré la curiosité d'un de nos membres du conseil d’administration, Brett Lane, qui se demandait ce qu'étaient ces "patchs". Personne n'avait jamais abordé cette question ni examiné la carte. Les historiens pensaient juste que White était précautionneux dans sa cartographie, que s'il y avait la moindre tâche, il l'aurait redessiné..." rapporte Macdonald.

Une image ressemblant à un "fort" est visible sur la carte sous un patch après être rétroéclairé. Image: British Museum Source: Supplied

La découverte mène à des fouilles archéologiques sur le "Site X"

Cette découverte a entrainé des fouilles dans un lieu appelé "Site X". Pendant trois ans, Nicholas M. Luccketti et une équipe d'archéologues, comprenant Macdonald, ont fouillé de petites étendues de terre, trouvant des artéfacts ayant pu être utilisés par les colons après avoir fui la colonie.

Ce sont ces objets qui pourraient apporter des réponses à ce mystère vieux de plusieurs siècles. "Nous avons des preuves claires, sur ce site, qui indiquent qu'il y avait des colons Roanoke ici." précise Mr Luccketti.

Rien que dans une petite zone, un peu moins d'un hectare, de nombreux artéfacts élisabéthains ont été découverts: un pot de conservation à aliments (que l'on appelait un balustre) qui aurait été fabriqué dans l'ouest de l'Angleterre, des fragments de poteries fabriqués au sud de Londres et un crochet en métal.

Les chercheurs, qui se refusent à en tirer des conclusions pour le moment, pensent que ces objets ont été laissés par les colons lorsqu'ils sont partis dans les terres pour vivre avec les Amérindiens.

 Photo des fouilles faites en 2012 sur le Site X. Source: Supplied

Pourquoi ces découvertes sont-elles significatives ?

"Les artéfacts élisabéthains n'apparaissent pas comme ça sur les sites" explique Mr Macdonald, "les artéfacts élisabéthains apparaissent sur très peu d'autres sites en Caroline. Il n'y en a pratiquement aucun... les concentrations de ces objets élisabéthains se trouvent sur l'Ile de Roanoke, le site du village Croatan et notre site. Il est aussi intéressant de voir qu'il y avait des artéfacts venant de plusieurs pots, ce n'était pas juste un objet brisé. Cela suggère qu'il y a eu une certain continuité sur ce site pendant une certaine période de temps".


Est-ce que les archéologues ont résolu le mystère ?

"Pas si vite," tempère Mr Luccketti, "moins d'une dizaine de colons étaient présents pour une durée de temps indéterminée."

"Cela est spéculatif bien sûr, mais il a tenu à souligner qu'il n'y a pas eu une migration de l'ensemble du groupe de colons," précise Mr Macdonald, "il se peut qu'en fin de compte ils aient vécu avec les villageois. Nous pensons que certains ont rejoint la tribu Croatan (une petite tribu amérindienne vivant non loin), mais c'est comme s'il y avait eu une fracture dans la colonie..."


Qu'elle est la prochaine étape ?

"Quelque chose s'est passé entre 1587 et 1590. Nous savons qu'ils étaient là en 1587 et nous savons qu'ils étaient partis en 1590. Certains ont dû rejoindre le village Croatan (une île au large de la côte de la Caroline du Nord), mais nous pensons que la zone n'était pas assez grande pour supporter tous les villageois" estime Macdonald, "nous ne pouvons quitter le site sans faire de recherches plus approfondies. Nous avons, en fait, des fonds affectés à des fouilles supplémentaires cet automne. Le site est traité comme prioritaire."

Relecture par Marion Juglin
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8.12.2015

Un pétroglyphe Quileute confirme des liens avec des histoires orales

Un pétroglyphe Quileute pré-contact (avec les Européens) est considéré par les officiels Quileutes comme la découverte archéologique la plus importante à ce jour.

Il dépeint K’wati ou le "Transformer’s", tuant un monstre terrorisant le peuple Quileute.


Le pétroglyphe pré-contact. Photo: (Quileute Nation) 

"Un colon a détruit le village Quileute en y mettant le feu en 1889, et la plupart des objets de la tribu furent perdus" rapporte la secrétaire du conseil de la Nation Quileute, Cathy Salazar, "c'est pourquoi cette découverte est importante pour notre tribu. C'est un lien direct avec notre passé et notre histoire."

Le pétroglyphe pré-contact, qui est gravé dans la pierre, confirme aussi l'ancienneté d'une importante histoire qui s'est transmise oralement de génération en génération. "Culturellement et spirituellement, cela confirme notre connexion avec nos légendes et l'ancienne histoire de notre peuple" ajoute le président Charles Woodruff, "nous sommes très fier de nos ancêtres qui ont gravé cette pierre. C'était fort de voir la réaction des experts décrivant les détails de la fabrication de cette œuvre d'art."

Le rocher métamorphique pèse 370kg et a été découvert en décembre 2013 par un pêcheur. En retirant la mousse, il a vu d'autres gravures et réalisé qu'il avait probablement trouvé un pétroglyphe Quileute. Il prit en photos les marques, laissant le rocher sur place, et contacta le Quileute Nation and state Department of Archaeology and Historic Preservation.

Le pétroglyphe a été étudié par l'archéologue Lee Stilson du département des ressources naturelles, son collègue Maurice Major et l'anthropologue et linguiste Jay Powell.

Afin de garder le pétroglyphe sauf, il a été décidé de déplacer le rocher dans la réserve Quileute.

Les détails du pétroglyphe qui ont été identifiés; il dépeint K'Wati qui tua le monstre en forme de lézard, terreur du peuple Quileute. Photo:  (Quileute Nation)



Selon une première analyse le pétroglyphe serait préhistorique.

Les gravures couvrent toutes les surfaces exposées du rocher. Le pétroglyphe dépeint K'wati avec une couronne ou une crête rouge. Une langue rouge sort de sa bouche où sont représentées trois dents.
Les langues sont souvent un symbole de pouvoir et de domination dans l'art natif de la côte nord-ouest.
La langue s'étend jusqu'à la tête d'Xq'lax, décrit historiquement comme un lézard rouge gros comme un monstre. La représentation d'Xq'lax le montre avec trois molaires et trois canines en formes de cône.

"A l'endroit le plus proche des rivières Sol Duc et Calawah, il y avait un chemin reliant les deux rivières il y a très longtemps" précise Rio Jaime, membre du Conseil du Quileute Nation, "mais un étrange monstre lézard rouge, appelé Xq'lax, construisit son repère le long de ce chemin et les gens arrêtèrent de l'utiliser. K'wati tua le lézard ainsi que d'autres monstres au Temps du Commencement".

Le rocher a été découvert à 200m en aval du lieu où l'histoire situe le lieu de la tanière du lézard rouge.

Powell s'est demandé pourquoi les anthropologues qui sont allés voir les Quileutes au début des années 1900 n'ont pas rapporté cette histoire. "Je pense que la raison vient peut-être de ce que les vieilles personnes évitaient de parler de ce genre de chose à la fois très spirituelle et mauvaise."

Relecture par Marion Juglin
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8.06.2015

Les restes de quatre anciennes personnalités de la colonie découverts à Jamestown

Les archéologues ont découvert les restes humains de quatre des plus anciens leaders de la colonie anglaise dans ce qui allait devenir l'Amérique.

Ils ont été enterrés, il y a plus de 400 ans près de l'autel de ce qui fut la première église Protestante d'Amérique à Jamestown en Virginie.

Le chœur de l'église anglicane était réservé aux personnes ayant un statut important dans la colonie. Photo: http://historicjamestowne.org/

Il s'agit de la même église où la célèbre Pocahontas s'était mariée avec l'Anglais John Rolfe, apportant la paix entre les indiens Powhatan et les colons de cette première implantation en Amérique (voir "Les plus grandes découvertes archéologiques de l'année 2010").

En plus des restes humains, les archéologues ont trouvé des artéfacts enterrés avec ces anciens figures de la colonie, dont un mystérieux container catholique pour reliques.


Une redécouverte de Jamestown.

L'équipe archéologique a révélé sa découverte au Musée National d'Histoire Naturelle du Smithsonian, qui a aidé à l'étude et l'identification des personnes enterrées dans l'église.

Les tombes avaient été découvertes en novembre 2013, mais l'équipe scientifique voulait tracer et identifier ces restes avec certitude avant d'annoncer leur découverte.

Les archéologues étudient ce site depuis 1994, lorsque le Fort James d'origine, que l'on a longtemps pensé perdu et submergé dans la rivière James, avait été redécouvert. L'église du site était quasiment intacte et n'a pas été fouillée avant sa découverte en 2010.

L'équipe a identifié les restes du Révérend Robert Hunt, premier ministre anglican de Jamestown connu comme pacificateur entre les leaders rivaux: le Capitaine Gabriel Archer, némésis de l'ancien leader de la colonie John Smith, Sir Ferdinando Wainman, probablement le premier chevalier enterré en Amérique, et le Capitaine William West, mort en combattant les indiens Powhatan.

Les trois autres hommes sont vraisemblablement mort suites à de brèves maladies. Il sont été enterrés entre 1608 et 1610.

"Ce que nous avons découvert ici, dans la plus ancienne église anglaise d'Amérique, sont quatre leaders d'Amérique" note l'historien James Horn, président de la Fondation de la Redécouverte de Jamestown, "il n'y a rien de tel nulle part ailleurs dans ce pays".

Horn a comparé cette découverte a celle de 2012 en Angleterre, avec la mise au jour de la tombe perdue du Roi Richard III.

Il y a deux ans, l'équipe de Jamestown avait aussi trouvé des preuves de cannibalisme dans la colonie.


Jamestown et la religion.

Les artéfacts enterrés avec les corps sont presque tout aussi intéressants. Les objets funéraires étaient rares dans la culture anglaise à cette époque. Or, dans les restes du cercueil d'Archer, les archéologues ont trouvé un objet de la vie militaire du capitaine comme symbole de son statut.
Les données historiques indiquent qu'Archer avait aidé à mener certaines des plus anciennes expéditions à Jamestown. Il est mort à l'âge de 34 ans au cours d'une période de six mois, appelée "Le temps de la faim" lorsque nombre de colons moururent de maladie, de famine et dans les combats avec les indiens.

La petite boite en argent trouvée dans la tombe. Photo: http://historicjamestowne.org/

Mystérieusement, une petite boite en argent reposant au sommet du cercueil d'Archer semble être un reliquaire Catholique contenant des fragments d'os et un récipient d'eau bénite. Les parents d'Archer étaient Catholiques dans une Angleterre Protestante, ce qui était illégal.
Aussi la découverte pose la question de savoir si Archer faisait partie d'une organisation Catholique, ou même s'il était un espion Catholique à la solde de l'Espagne...

Des reliques Catholiques ont déjà été trouvées sur le site archéologique de Jamestown, mais l'emplacement de ce reliquaire semble particulièrement symbolique pour les historiens. Ils ont utilisé un CT scan (tomodensitomètre) pour voir à l'intérieur de la boite scellée sans l'endommager, chose qui aurait été impossible il y a 10 ans...

L'intérieure de la boite après le CT Scan. Photo: http://historicjamestowne.org/

Une théorie alternative propose que cette pièce religieuse avait été simplement réutilisée par l'église Anglicane comme une survivance venant de la tradition Catholique. Les historiens précisent que de plus amples recherches sont cependant nécessaires.

Pour William Kelso, directeur archéologique de Jamestown, "la religion était quelque chose d'important ici, cela a été trop souvent négligé. Tout le monde pense que les gens sont venus à Jamestown pour trouver de l'or et retourner chez eux pour vivre heureux".

L'Eglise d'Angleterre a eu un rôle important dans la création d'une Amérique Anglaise, avec l'église Protestante agissant comme un rempart contre les colonies Catholiques d'Espagne plus au sud.

Dans la parcelle funéraire de West, les archéologues ont trouvé des restes d'une ceinture militaire bordée en argent dans un bloc de terre. Le matériau, en soie, était trop délicat pour être extrait de la terre, aussi les spécialistes ont enlevé le bloc entièrement pour préservation.

Les scientifiques continueront de chercher sur le site de l'église et s'attendent à trouver la tombe de Sir Thomas West, un ancien gouverneur de Virginie qui avait mené une mission de secours pour sauver Jamestown lorsque la ville périclitait.

West connu en tant que Lord De La Warr, était l'homonyme de la colonie Delaware.

Wainman et William West étaient tous deux de puissants barons. Parmi ces nouvelles figures historiques découvertes, seuls Wainman et Hunt ont eu des enfants. Leur lignée familiale pourrait permettre de faire des comparaisons ADN après quelques recherches généalogiques.


Le Smithsonian a créé un scanner 3D des fouilles du site, des ossements et des artéfacts afin de donner au public un aperçu de cette découverte en ligne: http://3d.si.edu/

Merci à Audric pour l'info !

Source:
  • Daily Democrat: "Remains of 4 early colonial leaders discovered at Jamestown"
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