11.20.2025

Un cannibalisme sélectif visait des femmes et des enfants néandertaliens à Goyet en Belgique

La Troisième grotte de Goyet a livré le plus important ensemble de restes néandertaliens d'Europe du Nord, présentant des preuves évidentes de modifications anthropiques. Cependant, la fragmentation des squelettes a longtemps limité les études morphologiques et comportementales détaillées de cet ensemble. 

Dans une récente étude, des chercheurs ont intégré des analyses paléogénétiques, isotopiques, morphométriques et structurales des os longs afin d'évaluer les profils biologiques des Néandertaliens de Goyet et d'explorer s'ils présentent des particularités susceptibles d'éclairer la formation de cet ensemble unique, marqué par le cannibalisme. 

Un cannibalisme sélectif visait des femmes et des enfants néandertaliens à Goyet en Belgique 
Restes humains néandertaliens de la Troisième caverne de Goyet (Belgique). Les os, fortement fragmentés, présentent des traces caractéristiques de fracturation et de percussion sur os frais, témoignant d’un traitement intentionnel des corps. Les individus (GNx, pour « Goyet Neandertal » x), au nombre minimal de six, ont été identifiés par analyses génétiques : XX indique un sexe féminin et XY un sexe masculin. Photo: © Institut royal des Sciences naturelles de Belgique/Scientific Reports
 

Ils ont identifié au moins six individus, dont quatre femelles adultes ou adolescentes. Comparées aux Homo sapiens et aux Néandertaliens (y compris les spécimens régionaux), les femelles de Goyet présentent une petite taille et une robustesse diaphysaire réduite au niveau de leurs os longs. Elles ne présentent pas de marqueurs squelettiques associés à une grande mobilité, malgré des indices isotopiques suggérant une origine non locale. 

La surreprésentation de femelles non locales, petites et morphologiquement graciles, ainsi que de deux individus immatures, suggère un fort biais de sélection parmi les individus présents sur le site. 

Datés entre 41 000 et 45 000 ans, une période marquée par la diversité culturelle des Néandertaliens, leur déclin biologique et l’arrivée d’Homo sapiens en Europe du Nord, les spécimens de femelles et de jeunes Néandertaliens cannibalisés de Goyet indiquent un exocannibalisme, possiblement lié à des conflits intergroupes, à la territorialité et/ou à un traitement spécifique des étrangers. Cette forme de cannibalisme dirigée contre des individus extérieurs particuliers pourrait refléter l’existence de tensions territoriales entre groupes, qui précèdent la disparition des Néandertaliens dans la région.

L'étude publiée dans Scientific Reports, a été menée par une équipe de recherche internationale et impliquant des chercheurs du CNRS2, de l’Université de Bordeaux et de l’Université d’Aix-Marseille. 

Lien vers l'étude: 

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